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Maladies et civilisations : La peste noire en 1348
Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
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La note est courte, qu'a signée dans Population de juillet 1948 notre collaborateur Yves Renouard. Mais elle pose une masse de problèmes.
La grande peste, dont le 600° anniversaire revient cette année même, a-t-elle détruit la moitié, le tiers ou le quart de la population ? Nous ne le saurons jamais avec certitude. N'oublions pas qu'en 1348 régnaient ce qu'Al. Koyré nomme « les temps de l'à peu près ». Et que les chiffres allégués par les hommes de cette époque sont sans valeur aucune. Boccace parle de 100 000 morts de la peste à Florence en 1348 ; mais la ville comptait-elle plus de 120000 habitants ? Et si Ypres et Gand n'avaient pas beaucoup plus, chacune, de 20 000 habitants, comment Tournai en auraitelle perdu 25 000, comme le veut Gilles le Muisit, alors qu'elle était plus petite et moins peuplée que ces deux capitales ? Etc… La démonstration que les chroniqueurs de l'époque sont incapables de donner des chiffres exacts, même approximativement, n'est plus à faire.
- Type
- L'Éventail des Annales
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1949
References
page 102 note 1. Est-il utile de dire qu'il y a, rien que dans ce fait, la matière d'une recherche critique de première importance ? Il est impossible qu'une telle saignée n'ait pas eu de conséquences pour le comportement ultérieur des Ordres Mendiants, et qu'elle ne soit pas responsable, peut-être, de changements d'orientation à dégager. — Une intéressante étude à conduire.
page 103 note 1. Je transcris simplement la conclusion : « Tout se passe comme si l'exceptionnelle expérience de 1348-50 prouvait qu'une brusque chute démographique, atteignant dans son ensemble la population d'une fraction importante de l'univers, tend à déterminer : la paix entre nations ; d'âpres conflits économiques internes ; des bouleversements dans la structure des sociétés ; l'exaspération des luttes sociales — et un ébranlement psychologique et moral. » Sur cet ébranlement le témoignage de l'art a depuis longtemps été invoqué : et notamment par cet esprit si ingénieux, si peu amateur des sentiers battus a qui tant d'études diverses doivent tant : mon ancien collègue de Strasbourg, Perdrizet, qui ne fut pas seulement l'un de nos plus fins connaisseurs du monde antique, mais un de nos médiévistes les plus remarquables : ses études sur le Calendrier Parisien en ont fourni une dernière preuve, mais je pense surtout ici à sa Vierge de Miséricorde, où il est parlé avec vigueur, comme toujours, de la Grande Peste et de ses conséquences pour l'art médiéval.