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L'Inde coloniale : nationalisme et histoire

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Claude Markovits*
Affiliation:
C.N.R.S

Extract

L'une des conséquences majeures du contact de la pensée indienne avec l'Occident au xixe siècle est l'attention nouvelle portée à la discipline historique, dont on sait qu'elle n'avait guère de place dans la tradition classique. La nouvelle intelligentsia qui sort des établissements d'enseignement fondés par les Anglais a une conscience de l'histoire dont ses prédécesseurs étaient dépourvus. Certes l'enseignement reçu concerne presque exclusivement l'histoire constitutionnelle anglaise, mais les jeunes Indiens instruits ne s'en satisfont pas, et ils vont très vite élargir leur horizon en direction, d'une part de l'histoire européenne moderne, et d'autre part de l'histoire indienne. Pourtant, dans la période qui nous intéresse (1870-1920), la contribution des Indiens à l'histoire de leur propre pays reste, sur le plan scientifique, limitée.

Summary

Summary

This article focuses upon the relationship between historical consciousness and the development of nationalist ideology in India circa 1870-1920. There is first an attempt at tracing the gradual emergence of a coherent version of Indian history in the writings of important nationalist ideologues and politicians. The main themes of nationalist historiography are then explored, and the influence of various European intellectual trends on nationalist historical thought brought to light. The analysis shows how nationalist authors used European ideas and historical models to produce a highly idealized version of Indian history. Yet it is possible to distinguish between two schools in nationalist historical writings. The conclusion lays emphasis on the contribution of nationalist history to the development of some of the basic myths of Indian nationalism, as well as on the long-term consequences produced by the popularisation of these ideological constructs.

Type
L'Inde
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1982

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References

Notes

1. Sur l'absence de tradition historique dans l'Inde ancienne, voir par exemple M. Biardeau. L'hindouisme. Anthropologie d'une civilisation, Paris, 1981. La seule chronique historique ancienne qui nous soit parvenue, est le Ràjataranginï, ou Chronique du Cachemire. Basham, Voir A. L.. « The Kashmir Chronicle », dans Philips, C. H. éd.. Historians of India, Pakistan and Ceylon. Londres. 1961. pp. 5765 Google Scholar.

2. Les principales oeuvres de cette école sont H. C. Raychaudhuri, The Political History of Ancien! India, Calcutta, 1923 ; K. P. Jayaswal, Hindu Polity, Calcutta, 1924 ; R. K. Mookerji, Harsha, Londres, 1926 ; H. C. Ojha, Rajputânâkà-itihâsa, Benarès, 1925-1941. Pour une analyse générale, Thapar, voir R., « Interprétations of Ancient Indian History », dans Ancient Indian Social History. Delhi, 1978, pp. 125 Google Scholar.

3. Mill, James, History of British India, 2e éd., 1820, Londres, vol. II, p. 135 Google Scholar, cité dans Stokes, E., The English Utilitarians and India, Oxford, 1959, p. 53 Google Scholar, dont nous suivons ici les analyses.

4. Mill, History, vol. II, pp. 166-167, cité dans Stokes, The English Utilitarians, p. 54. La traduction, comme celle de tous les autres passages cités dans l'article, est de C. Markovits. On s'étonne que l'ouvrage de Mill n'ait jamais été traduit en français.

5. Sur Sir William Jones, voir S. N. Mukherjee, Sir William Jones. A Study in Eighteenth Century British Attitudes to India, Cambridge, 1968.

6. Sur Smith, voir A. L. Basham, « Modem Historians of Ancient India », dans Philips, Historians of India…, pp. 260-293, en particulier pp. 266-274.

7. Sur la Renaissance au Bengale, voir, parmi d'autres ouvrages, S. Sarkar, Bengal Renaissance and Other Essays, Delhi, 1970, et D. Kopf, British Orienialism and the Bengal Renaissance, Calcutta, 1969.

8. D. Kopf, British Orienialism, op. cit., p. 263.

9. Cité, traduit du bengali en anglais, dans T. W. Clark, « The Rôle of Bankimcandra in the Development of Nationalism », dans Phiups, Historians of India, op. cit., pp. 429-445. 10. Par exemple dans Mrinalini, publié en 1869.

11. Tiré de Speeches of Babu Surendranath Banerjea, 1876-1880, Calcutta, 1880, reproduit dans E. Kedourie éd., Nationalism in Asia and Africa, Londres, 1970, pp. 225-244.

12. Kedourie, p. 226.

13. Sur le problème de la valeur historique des poèmes bardiques, voir C. Von Forerhaimendorf, « The Historical Value of Indian Bardic Littérature », dans Philips, Historians of India, pp. 87-93.

14. Kedourie, p. 230.

15. Ibid., p. 235.

16. Ibid., p. 238.

17. Ibid., p. 241.

18. Bipin Chandra Pal, Writings and Speeches, vol. I, Calcutta, 1958, pp. 37-41.

19. Ibid.. p. 37.

20. Ibid.. p. 37.

21. V. Savarkar, The Indian War of Independence. Londres, 1909.

22. Ibid.. p. 1.

23. Voir J. H. Voigt, « Nationalist Interprétations of Arthasastra in Indian Historical Writing », dans S. N. Mukherjee éd., « The Movement for National Freedom in India », SlAntony's Papers, 18, Oxford. 1966, pp. 46-66.

24. Jayaswal, K. P., « Introduction to Hindu Polity », The Modem Review, Calcutta, vol. 13 (1913), pp. 535541 Google Scholar, 664-668. et vol. 14 (1913), pp. 77-83, 201-206, 288-291. Cités dans Voigt, p. 52. La thèse fut reprise et systématisée dans le livre publié en 1924.

25. A. Besant, A Bird's eye View oflndia's Past as the Foundation for India s Future, Madras, lrc éd., 1915.

26. Lajpat Rai, Young India, New York, 1916, 1er éd. (2e éd. indienne, Delhi, 1965).

27. Annie Besant, op. cit.. p. 4.

28. Lajpat Rai, op. cit., p. 73.

29. K. T. Telang, Select Writings and Speeches, Bombay, 1916, vol. II.

30. Lajpat Rai, op. cit., p. 74.

31. Kedourie, p. 238.

32. Pour une version moderne et érudite du mythe de l'âge d'or, voir A. L. Basham, The Wonder that was India, Londres, 1954, traduit en français sous le titre de La civilisation de l'Inde ancienne, Paris, 1976.

33. B. C. Pal, op. cit., pp. 39-40.

34. Louis Dumont, La civilisation indienne et nous, Paris, 1975, pp. 59-61.

35. Ibid.. pp. 58-59.

36. Congress Presidential Addresses 1885-1935, Madras, 1935, p. 489.

37. B. C. Pal, op. cit., p. 40.

38. Lajpat Rai, op. cit., pp. 77-80.

39. R. C. Dutt, The? Economic History of India under Early British Rule, 1757-1837, vol. I, Londres, 1956, 8e éd. préface à la lre éd., p. xii.

40. Pour une analyse détaillée de la pensée économique des premiers nationalistes et de la théorie du « drain » en particulier, se reporter à B. Chandra, The Rise and Growth of Economie Nationalism in India, Delhi, 1966.

41. A. Besant, op. cit., p. 36.

42. Auteur d'une History of the Mahrattas publiée en 1825.

43. M. G. Ranade, The Rise of the Maratha Power, Bombay, 1900, p. 6.

44. Ibid., p. 7.

45. Lajpat Rai, op. cit., pp. 34-35. Il écrit, p. 36 : « In fact I maintain that fundamentally India has been a nation for the last 2000 years… »

46. Tilak, discours « on the Greatness of Hinduism », prononcé à Bénarès le 3 janvier 1906, et reproduit dans Speeches of Tilak 1889-1918, Madras, s. d., p. 66.

47. B. C. Pal, op. cit., pp. 42-57.

48. Sur Lassen, voir A. L. Basham. « Modem Historians of Ancient India », dans Philips, Historians of India, pp. 261-266.

49. Un passage de Lassen a été traduit en anglais dans un journal savant indien en 1922, ce qui semble indiquer que l'oeuvre avait une certaine diffusion depuis longtemps, de telles traductions des langues étrangères étant fort rares. Signalé par Basham, p. 262.

50. B. C. Pal, « Indian Nationalism : Hindu Stand-Point », dans Speeches and Writings, pp. 65- 90, en particulier pp. 68-69.

51. Gandhi, Hind Swaraj, Ahmedabad, 1938, pp. 48-49.

52. Lajpat Rai, op. cit., p. 184.

53. « La “ communauté de village “ de Munro à Maine », dans La Civilisation indienne et nous, pp. 111-141.

54. Louis Dumont, pp. 121-122.

55. Ibid., p. 122, n° 2.

56. B. C. Pal, op. cit., p. 40.

57. M. G. Ranade, Essays on Indian Economies, Bombay, 1899, pp. 216-243.

58. Nous suivons ici l'analyse de E. Stokes dans The English Utilitarians, p. 313.

59. Telang, « Must Social Reform Précède Political Reform in India ? », dans Select Writings and Speeches, vol. I, pp. 259-268.

60. Nous suivons ici T. W. Clark, dans « Bankimcandra… », p. 435.

61. R. C. Dutt, op. cit., p. viii.

62. R. C. Dutt, A Brief History of Ancient and Modem India, Calcutta. 1907.

63. L'analyse de la pensée historique de Paranjape est empruntée à B. G. Gokhale. « Shivaram Mahadeo Paranjape, Nationalism and the Uses of the Past », dans Journal of Indian History, vol. XLVIII, II, août 1970, pp. 259-274.

64. Dans un discours prononcé à Ahmednagar le Ier juin 1916, Tilak déclara : « It will be seen from the condition of the whole of the world today that England will hâve some day or other to give liberty to the provinces and countries forming parts of the Empire under its controi. This thing is to take place somme day. It must take place. But, if you do not do anything, then only it will not take place. » Traduit du marathi et publié dans Titak's Speeches on Home Rule, Bénarès, 1917, p. 72.

65. Pour deux points de vue différents sur la Révolte de 1857, voir R. C. Majumdar, The Sepoy Mutiny and the Revolt of!857, Calcutta, 1957, et S. N. Sen, Eighteen Fifty-Seven, Delhi. 1957.