Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Voici dix ans qu'est parue l'étude de B. Porchnev, Professeur à l'Université de Moscou, sur les soulèvements populaires en France, de 1628 à 1648. Certains historiens ont pu prendre directement et aussitôt connaissance de ce livre essentiel, dans l'édition originale. D'autres, comme le signataire de ces lignes, ont lu attentivement les excellents et nombreux documents en français qui accompagnent l'édition russe, puis le texte même de notre collègue soviétique dans la traduction allemande parue à Leipzig en, 1954, et qu'il nous a été donné d'obtenir plus ou moins vite.
1. V.-L. Taphê, La France de Louis XIII et de Richelieu, Paris, Arthème Fayard, 1952. Il expose les grandes lignes de la thèse de l'historien soviétique (p. 259 et suiv.).
2. J'avais rédigé ces notes pour l'essentiel, avant que l'article de Roland Mousnier n'ouvre cette confrontation dont nous nous réjouissons : il est bon qu'enfin la discussion méthodologique abandonne les sommets — et les facilités — de la querelle purement théorique,
3. D'autres historiens soviétiques ont travaillé sur cette question des mouvements populaires au XVn8 siècle. B. Porchnev cite notamment : W. W. Bibjukowitsch, Les mouvements populaires en France dans les années 1624-1634 (Travaux de l'Académie Lénine de l'Armée Rouge, vol. 4, 1940, p. 245-254) ; et A.O. Btjkstein, Une particularité de la Fronde à Bordeaux (des influences anglaises dans le mouvement populaire), dissertation non publiée, 1941.
1. B. Porchnev, édition allemande, p. 240.
2. Exemples p. 94, 56, 71, 81, 497 et 500 (toujours de l'édition allemande).
3. Notamment p. 231, 233, 236, 488, 489 et 531.
4. B. Porchnev, p. 225.
5. Dont R. Mousnier a donné des exemples incontestables, tirés des registres parisiens de la correspondance Seguier, conservés à la B.N. (cf. article cité, p. 95).
6. Notamment ceux du Sud-Ouest, publiés autrefois par Tamizey de Larroque et peu utilisés par Porchnev : Bessot, Fontainemarie, etc.
1. Citons, entre tant d'autres, un texte, assez savoureux et peu connu. Il s'agit du Rouergue en 1643 : « Les dits habitants de Ville franche se résolurent aussi de dépputer en cour le sieur de Genvensa, gentilhomme voisin de la dite ville de Villefranche, pour faire très humbles remontrances à Sa Majesté de la part de la ville et du pays, quoyque le dit Sieur de Genvensa aye bien de la peyne de se garantir du crime aussy bien que les Croquans, non pas qu'il y aye esté en personne, mais parce que le mardy second de juin se furent ses justiciables qui commencèrent l'esmotion avec ceux de Najac, Sainot, Salvadou et Marmont. Et que les cavalliers de M. de Boiscommun estans allés pour recognoistre les croquans, de l'ordre de l'yntendant, les dits croquans se retirèrent partie dans le château de Genvensa et partie dans le bourg… (B.N. Mss. fds f», 18 482, 281).
2. Cf. Porchnev, Un marchand d'horoscopes en 1624 dans le Quercy, p. 33.
3. P. 55. En Périgord, en 1636, Athaud de Saint-Astier, parent d'un noble qui a réprimé la révolte de 1597, est malmené sans autre raison apparente que cette lointaine parenté.
1. Porchnev, p. 42.
2. Id.,p. 231.
3. Peut-on risquer une comparaison ? Dans le Centre de la France, l'agitation « fiscale » a été endémique ces dernières années, aussi bien dans les campagnes (routes barrées) que dans les petites villes (manifestations fiscales des petits commerçants c poujadistes »). Qui (sinon les intéressés eux-mêmes) se risquerait sérieusement à imputer ces désordres à la seule fiscalité ?
1. A la suite de Frank Spooner (L'Economie mondiale et les frappes monétaires en France), j'ai déjà avancé cette explication plausible dans l'Histoire de la Civilisation Française, t. 1,1, p. 18. M. Mousnier semble envisager une hypothèse du même genre lorsqu'il écrit (art. cité, p. 112) : « N'y a-t-il pas une possibilité de classer les villes selon le degré de développement qu'y a atteint le capitalisme et d'examiner s'il ne correspondrait pas à chaque degré de constantes dans les révoltes ? »
2. Bien qu'ici et là aient été esquissés des programmes de réformes, voire des t ordonnances » : ainsi en Poitou en 1687 (cf. Porchnev, p. 48).
1. Pages, G., La monarchie d'Ancien Régime en France, Paris, 1928, p. 123–124 Google Scholar. Cf. R. Mousnieb, article cité, p. 109 et 110.
1. Porchnev, p. 471.
2. Notamment p. 231, 233, 236.
3. Cf. p. 454 et suivantes, les longues analyses de l'auteur qui sont particulièrement bien venues.
4. Ces deux citations p. 479 encadrant un long passage traduit et utilisé par M. Mousnieh, p. 90.
1. Il serait opportun ici — mais nous ne pouvons insister — de montrer combien les thèses de B. Porchnev sont assez éloignées de celles proposées, il y a quelques années, dans le Dieu caché par Lucien Goldmann. Citons simplement, pour les mouvements populaires proprement dits, la formule de Goldmann qu'il faut mettre en regard des « fronts de classes » de l'historien soviétique : « Ces révoltes quasi permanentes du peuple constituent une menace virtuelle contre l'ensemble des classes possédantes, menace qui les empêchera de pousser trop loin l'opposition » (Le Dieu caché, p. 120, n. 2).
2. Article cité, p. 112.
3. « Aucun des mouvements que nous avons rencontrés, n'avait de perspective française d'ensemble. En France, seul Paris pouvait mener le jeu. Tant que les soulèvements se sont déroulés à la périphérie et que Paris est resté calme, le gouvernement pouvait s'estimer tranquille. Richelieu le comprit parfaitement… Une révolte éclata à Paris — et ce n'était plus une simple révolte urbaine, c'était la direction qui manquait au pays tout entier. La Fronde commençait » (Porchnev, p. 245).