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Les services symboliques entre dignité et contrainte

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Gerd Althoff
Affiliation:
Universität Münster
Christiane Witthöft
Affiliation:
Universität Münster

Résumé

L’article se fonde sur l’observation selon laquelle les relations de pouvoir et les règles sociales étaient matérialisées par des actions publiques, où devoirs, droits et services des membres de l’élite et de l’administration étaient rendus visibles de manière symbolique. Ce point de vue autorise une nouvelle approche de ce que l’on appelle les « services d’honneur », ceux de cellerier, maréchal, sénéchal, maître d’hôtel, aussi bien que porteur du bouclier ou de l’épée du souverain. En prenant des cas précis, tels qu’il s’en observe dans les chroniques et dans la littérature, il apparaît que le message symbolique de telles actions correspondait à une sujétion autant qu’à une charge honorifique. Des services symboliques ostentatoires étaient jugés nécessaires précisément dans les cas où la volonté de servir pouvait être mise en doute. Les services d’honneur permettaient l’affichage de la sujétion sans pour autant faire perdre la face à celui qui y était soumis.

Abstract

Abstract

This paper starts with the observation that medieval power relations were visualised: ruleship consisted not least of public actions. Both the respective ranks and the rights and duties of members of a polity were made visible in symbolic actions. This viewpoint allows a new assessment of the so-called “honourable services” of cellarer, marshal, seneschal, and chamberlain, as well as shield- and swordbearer. By analyzing individual cases, as they occur numerously in historiography and literature, it will become clear that the symbolic message of such actions was mainly one of the subjection rather than doing honour. Demonstratively symbolic services were considered necessary in precisely those cases where real readiness to serve was in doubt. “Honourable service” allowed the display of subjection without loss of face.

Type
Sacralité et formes du pouvoir (Ve-XIIe siècle)
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2003

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References

1 - Dernièrement paru sur ce sujet : Münkler, Herfried et Bluhm, Harald (éds), Gemeinwohl und Gemeinsinn. Historische Semantiken politischer Leitbegriffe, Berlin, Akademia Verlag, 2001.CrossRefGoogle Scholar

2 - On peut évoquer ici l’importance de la délibération et du consensus pour l’exercice du pouvoir au Moyen Âge ; voir, à ce sujet, Müller, Bernd Schneid, « Konsensuale Herrschaft. Ein Essay über Formen und Konzepte politischer Ordnung im Mittelalter », in Heinig, P.-J. (éd.), Reich, Regionen und Europa in Mittelalter und Neuzeit: Festschrift für Peter Moraw, Berlin, Duncker & Humblot, 2000, pp. 5387.Google Scholar

3 - Sur la délibération au cours des premiers siècles du Moyen Âge, voir Althoff, Gerd, « Colloquium familiare – colloquium secretum – colloquium publicum. Beratung im politischen Leben des früheren Mittelalters », Frühmittelalterliche Studien, 24, Berlin, Walter de Gruyter, 1990, pp. 259282;Google Scholar repris dans ID., Spielregeln der Politik im Mittelalter: Kommunikation in Frieden und Frehde, Darmstadt, Primus Verlag, 1997, pp. 157-184 ; sur la signification et les institutions de la délibération au Moyen Âge, voir Schubert, Ernst, König und Reich. Studien zur spätmittelalterlichen deutschen Verfassungsgeschichte, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1979, ici p. 323 sqq.Google Scholar

4 - On trouvera des indications plus détaillées sur la bibliographie de plus en plus vaste concernant ce sujet dans Althoff, Gerd, « Zur Bedeutung symbolischer Kommunikation für das Verständnis des Mittelalters », Frühmittelalterliche Studien, 31, 1997, pp. 370389 ;Google Scholar Blockmans, Wim et Janse, Antheun (éds), Showing Status. Representations of Social Positions in the Late Middle Ages, Turnhout, Brepols, 1999;CrossRefGoogle Scholar Schmitt, Jean-Claude, « Rites » et Pastoureau, Michel, « Symbole », in Le Goff, J. et Schmitt, J.-C. (éds), Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, Paris, Fayard, 1999, pp. 969983 Google Scholar et 1097-1112 ; Buc, Philippe, The Danger of Rituals. Between Early Medieval Texts and Social Scientific Theory, Princeton, Princeton University Press, 2001;Google Scholar concernant plus précisément le début de l’époque moderne, Muir, Edward, Ritual in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, ici pp. 229268.Google Scholar

5 - Voir à ce sujet JACQUES LE GOFF, « Les gestes symboliques dans la vie sociale. Les gestes de la vassalité », in Simboli e simbologia nell’alto Medioevo, Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, Spolète, 1976, pp. 679-779 ; repris sous le titre «Le rituel symbolique de la vassalité », in ID., Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident, Paris, Gallimard, 1977, pp. 349-420 ; Keller, Hagen, « Die Investitur. Ein Beitrag zum Problem der “Staatssymbolik” im Hochmittelalter », Frühmittelalterliche Studien, 27, 1993, pp. 5186.Google Scholar

6 - Voir sur ce point Fuhrmann, Horst, « Willkommen und Abschied ». Begrübungs- und Abschiedsrituale im Mittelalter, in Hartmann, W. (éd.), Mittelalter. Annäherungen an eine fremde Zeit, Ratisbonne, Universitäts verlag, « Schriftenreihe der Universität Regensburg, Neue Folge-19 », 1993, pp. 111139, ici p. 125 sqq.;Google Scholar repris dans ID.,Überall ist Mittelalter. Von der Gegenwart einer vergangenen Zeit, Munich, C. H. Beck, 1996, pp. 17-39.

7 - Voir Fichtenau, Heinrich, Lebensordnungen des 10. Jahrhunderts. Studien über Denkart und Existenz im einstigen Karolingerreich, Stuttgart, A. Hiersemann, « Monographien zur Geschichte des Mittelalters-30 », 1984,Google Scholar et en particulier le chapitre « Ordnung als Rangordnung », pp. 11-47 ; sur la signification du rang pour l’instauration de l’ordre politique, voir l’intéressant tableau d’ensemble dressé par Stollberg-Rilinger, Barbara, « Zeremoniell als politisches Verfahren. Rangordnung und Rangstreit als Strukturmerkmale des frühneuzeitlichen Reichstages », in Kunisch, J. (éd.), Neue Studien zur frühneuzeitlichen Reichsgeschichte, Berlin, Völker Press, «Zeitschrift für historische Forschung, Beiheft-19 », 1997, pp. 91132.Google Scholar

8 - Voir ici le texte précurseur de GEORGES DUBY, Le dimanche de Bouvines. 27 juillet 1214, Paris, Gallimard, [1973] 1985, qui fournit d’intéressantes preuves de la ritualisation de l’usage de la violence au Moyen Âge dans la société aristocratique.

9 - Voir P. BUC, The Dangers of Rituals…, op. cit. ; sur la question du rôle des rituels dans le cadre de l’exercice du pouvoir médiéval, Althoff, Gerd, Die Macht der Rituale, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2003.Google Scholar

10 - Parmi les nombreuses recherches consacrées actuellement à ce sujet : Paravicini, Werner (éd.), Zeremoniell und Raum, Sigmaringen, Jan Thorbecke Verlag, « Residenzforschung- 6 », 1997;Google Scholar Althoff, Gerd (éd.), Formen und Funktionen öffentlicher Kommunikation im Mittelalter, Stuttgart, Jan Thorbecke Verlag, 2001.Google Scholar

11 - C’est sans doute à Victor Turner que l’on doit l’introduction en médiévistique de l’idée d’une pluralité de significations des signes ; voir à ce propos Koziol, Geoffrey, Begging Pardon and Favor. Ritual and Political Order in Early Medieval France, Ithaca- Londres, Cornell University Press, 1992, p. 307 Google Scholar sqq., qui fait référence à Turner, Victor, The Forest of Symbols. Aspects of Ndembu Ritual, Ithaca, Cornell University Press, 1967, p. 50 Google Scholar sqq. ; sur la question, sans aucun doute très importante pour l’interprétation des rituels, de l’univocité ou de l’équivocité des signes et des symboles employés, voir Althoff, Gerd, « Rituale und ihre Spielregeln im Mittelalter », in Wenzel, H. et alii (éds), Audiovisualität vor und nach Gutenberg. Zur Kulturgeschichte der medialen Umbrüche, Vienne, Kunsthistorisches Museum Verlag, 2001, pp. 5161.Google Scholar

12 - Voir parmi les recherches les plus récentes HAGEN KELLER, « Ritual, Symbolik und Visualisierung in der Kultur des ottonischen Reiches », pp. 23-59, et Althoff, Gerd, « Inszenierung verpflichtet. Zum Verständnis ritueller Akte bei Papst-Kaiser- Begegnungen im 12. Jahrhundert », Frühmittelalterliche Studien, 35, 2001, pp. 6184.CrossRefGoogle Scholar

13 - Voir dernièrement Erkens, Franz-Rainer, Kurfürsten und Königswahl: zu neuen Theorien über den Königswahlparagraphen im Sachsenspiegel und die Entstehung des Kurfürstenkollegiums, Hanovre, Hahn, « MGH-Studien und Texte-30 », 2002, ici p. 87 sqq.,Google Scholar et qui fournit des indications sur l’abondante littérature issue de l’histoire du droit. Le phénomène des « offices d’honneur » est parfaitement observable dans les autres monarchies européennes ; voir notamment, à ce sujet, Schramm, Percy Ernst, Der König von Frankreich. Das Wesen der Monarchie vom 9. zum 16. Jahrhundert, ein Kapitel aus der Geschichte des abendländischen Staates, 2 vols, Weimar, Böhlau Verlag, 1939, 1, ici p. 163 Google Scholar sqq. ; ID., Geschichte des englischen Königtums im Lichte der Krönung,Weimar, Böhlau, 1937, ici p. 67 sqq. ; Luchaire, Achille, Manuel des institutions francaises : période des Capétiens directs, Paris, Hachette et Cie, 1892.Google Scholar

14 - Les documents relatifs à tous ces offices et services sont bien connus depuis le XIXe siècle grâce aux recueils de Waitz, Georg, Deutsche Verfassungsgeschichte, en particulier le vol. 3, 2, Kiel, Homann Verlag, 1883, p. 341 Google Scholar sqq. ; Julius Ficker, Vom Reichsfürstenstande, éd. par Paul Puntschart, vol. 3, 1, Innsbruck, Wagner Verlag, 1911, p. 264 sqq., § 349 ; sur le service du port de l’épée, voir Karl Zeumer, Die Goldene Bulle Kaiser Karls IV, Weimar, Böhlau Verlag, « Quellen und Studien zur Verfassungsgeschichte des Deutschen Reiches in Mittelalter und Neuzeit-II, 1 », 1908, p. 239 sqq., Exkurs 1, « Das Schwertträgeramt bis zur Goldenen Bulle ». Les travaux systématiques plus récents ne manquent pas non plus : voir, par exemple, Latzke, Hildegard, Hofamt, Erzamt und Erbamt im mittelalterlichen deutschen Reich, Francfort-sur-le-Main, Johann Wolfgang Goethe/Universität zu Frankfurt a. M., 1970 ;Google Scholar E. SCHUBERT, König und Reich…, op. cit., p. 309 sqq.; Schlinker, Steffen, Fürstenamt und Rezeption: Reichsfürstenamt und gelehrte Literatur im späten Mittlealter, Cologne, Böhlau Verlag, 1999, ici p. 49 Google Scholar sqq.; Jürgen Petersohn, « Über monarchische Insignien und ihre Funktion im mittelalterlichen Reich », Historische Zeitschrift, 266, 1998, pp. 47-96, ici p. 78 sqq.

15 - Nous renonçons ici à citer les témoignages justificatifs apportés par la littérature sur ce sujet ; chacun pourra se convaincre de la justesse de l’observation en consultant les références bibliographiques fournies pour les exemples qui suivront. L’appréciation différente donnée par Boshof, Egon, « Erstkurrecht und Erzämtertheorie im Sachsen- spiegel », in Schieder, T. (éd.), Beiträge zur Geschichte des mittelalterlichen deutschen Königtums, Munich, R. Oldenbourg Verlag, « Historische Zeitschrift-2 NF», 1973, pp. 84121,Google Scholar ici p. 102 sq., constitue plutôt une exception : « Les évocations de l’accomplissement de ce service [celui du port de l’épée] qui nous sont parvenues depuis l’époque de Otton le Grand peuvent être interprétées de deux façons : lorsque le souverain confie cette tâche à des princes et des puissants allemands, c’est une marque de distinction particulière, mais les rois étrangers qui accomplissent cet acte manifestent aux yeux de tous leur soumission ou leur dépendance vis-à-vis du roi ou de l’empereur allemand : ils portent l’épée signum subjectionis, ainsi que Otto von Freising l’a formulé » (voir infra, n. 36). Voir aussi la vaste bibliographie de l’article « Erzämter » (ADOLF LAUFS), in Ehler, Adalbert et Kaufmann, Ekkehard (éds), Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte, vol. 1, Berlin, Erich Schmidt Verlag, 1971,Google Scholar ici pp. 1011-1015. En effet, on ne peut nier que, au bas Moyen Âge, ces services étaient réclamés comme des privilèges ; voir à ce sujet KARL-FRIEDRICH KRIEGER, « Fürstliche Standesvorrechte im Spätmittelalter », Blätter für deutsche Landesgeschichte, 122, 1986, pp. 91-116, ici p. 100.

16 - Sur cette fête, voir Moraw, Peter, «Die Hoffeste Kaiser Friedrich Barbarossas von 1184 und 1188 », in Schulz, U. (éd.), Das Fest, Munich, C. H. Beck Verlag, 1988, pp. 7083.Google Scholar

17 - Voir GISLEBERT DE MONS, Chronicon Hanoniense, éd. par Léon Vanderkindere, Bruxelles, Kiessling, 1904, chap. 109, p. 156 ; voir à ce sujet H. LATZKE, Hofamt…, op. cit., p. 47 sq.

18 - Voir les Annales Cameracenses, Monumenta Germaniae Historica [MGH-SS], 16, p. 523 : « […] a rege ceterisque totius aulae maioribus prepollentissime cum suis sublimatus adeo fuerat, ut in die nativitatis Iesu Christi coram rege Frederico coronato gladium portaverit. »

19 - Voir Schubert, Ernst, « Die Stellung der Kurfürsten in der spätmittelalterlichen Reichsverfassung », Jahrbuch für westdeutsche Landesgeschichte, 1, 1975, pp. 97128.Google Scholar

20 - Fait caractéristique pour l’état de la recherche, les cas évoqués sont connus depuis G. WAITZ, Deutsche…, op. cit.; J.FICKER, Vom Reichsfürstenstand, op. cit., et ID., Über die Entstehungszeit des Sachsenspiegels und die Ableitung des Schwabenspiegels aus dem Deutschenspiegel. Ein Beitrag zur Geschichte der deutschen Rechtsquellen, Innsbruck, Wagner, 1859, p. 125 sqq., et sans cesse réexaminés ; dernièrement, une approche systématique a été proposée par H. LATZKE, Hofamt…, op. cit.

21 - LIUTPRAND DE CRÉMONE, « Antapodensis », in Liudprandi episcopi Cremonensis opera, éd. par Joseph Becker, MGH-SSrG, 41, Hanovre, Hahn, 1915, pp. 1-158, I, 22, p. 20 : « Cui Berengarius, ut promissionis suae fidem daret, credulitatis arrabonem clipeum portat. »

22 - Voir Richer, Histoire de France, éd. et trad. par Robert Latouche, Paris, Honoré Champion, 1964, III, 85, p. 108 ; voir à ce sujet Fichtenau, Heinrich, Lebensformen im 10. Jahrhundert. Studien zur Denkart und Existenz im einstigen Karolingerreich, Stuttgart, A. Hiersemann, « Monographien zur Geschichte des Mittelalters-30, 5 », 1984, p. 50.Google Scholar

23 - Voir l’analyse détaillée du processus de réintégration d’Henri le Querelleur dans la communauté des souverains, avec les actes rituels caractéristiques qui eurent lieu publiquement, et les négociations secrètes préalables, sur lesquelles les sources ne livrent pas d’information ( Althoff, Gerd, Otto III. (Gestalten des Mittelalters und der Renaissance), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1996, pp. 4753 Google Scholar). Les informations principales sur les événements de Francfort sont tirées des Annales Quedlinburgenses, éd. par Georg Heinrich Pertz, MGH-SS, 3, Hanovre, Hahn, 1839, pp. 22-90, a. 985, p. 67 : « […] humiliavit se iuste, quo poenam evaderet elationis iniustae, regique puerulo, quem orbatum captivaverat, cuius regnum tyrannice invaserat, praesentibus dominis imperialibus, […] humilis habitu, humilis et actu, totius in aspectu populi, ambabus in unum complicatis manibus, militem se et vera ulterius fide militaturum tradere non erubuit, nil paciscendo nisi vitam, nil orando nisi gratiam. » Le « service » du jeune roi par les ducs à Quedlinbourg est rapporté par THIETMAR VON MERSEBURG [Thietmar], Chronicon, éd. par Robert Holtzmann, MGH-SSrG, NS 9, Berlin, Weidmann, 1955, IV, 9, p. 140 : « Celebrata est proxima paschalis sollemnitas in Quidelingeburg a rege, ubi quattuor ministrabant duces, Heinricus ad mensam, Conrad ad cameram, Hecil ad cellarium, Bernhardus equis prefuit. »

24 - Keller, Hagen, « Widukinds Bericht über die Aachener Wahl und Krönung Ottos I », Frühmittelalterliche Studien, 29, 1995, pp. 390453, ici pp. 414 et 420.Google Scholar

25 - Le service des ducs doit sans doute être compris comme l’annonce de l’abandon des liens d’amitié qu’Henri Ier avait entretenus avec le roi et les ducs (GERD ALTHOFF, Amicitiae und pacta. Bündnis, Einung, Politik und Gebetsgedenken im beginnenden 10. Jahrhundert, Hanovre, Hahn, « Schriften der MGH-37 », 1992, ici p. 92 sq.).

26 - Voir dernièrement Weinfurter, Stefan, Heinrich II (1002-1024). Herrscher am Ende der Zeiten, Ratisbonne, Pustet Verlag, 1999, p. 53 Google Scholar sq. ; örntgen, Ludger , «In primis Herimanni ducis assensu. Zur Funktion von D H II. 34 im Konflikt zwischen Heinrich II. und Hermann von Schwaben », Frühmittelalterliche Studien, 34, 2000, pp. 159185, ici p. 166 sqq.Google Scholar

27 - Voir à ce sujet THIETMAR, V, 22, p. 247 : « Post hec Heremannus dux, matris mee avunculi filius, divina, ut predixi, compunctione Kalendis Octobris Brusele regi humiliter presentatur. Misericorditer eius graciam impetravit et, in beneficio et in omnibus iusti desiderii satisfactionem persolvens, […] miles et amicus eius fidus efficitur. » La réconciliation avait été préparée per intercessores fidos (ibid., V, 20). Utrecht, Adalbold Von, Vita Heinrici II imperatoris, éd. par Van Rij, H., Amsterdam, Verloren, « Nederlandse Historische Bronnen-3 », 1983,Google Scholar chap. 13, p. 60, raconte la soumission de façon encore plus détaillée : « Nudis igitur pedibus cum fidis intercessoribus regi se representat, pro male commissis veniam petit, pro bonis suis per regium donum possidendis gratiam querit, pro his impetrandis humo tenus genua flectit. Ilico benigne recipitur et ei, quod querebat cum omni humilitate, conceditur. Tandem cuiusdam conditionis internectitur ratio, quae, quamvis ad presens gravis, in futuro tamen ei erat salubris. Eo enim tenore in gratiam recipitur, ut Argentinensis ecclesia ad pristinum statum ex detrimentis suis per illum reformetur. »

28 - Thietmar, V, 27, p. 253 : « Ibi quoque dux Heremannus humiliter regi famulatur et ab eo caritative, ut talem decuit personam, habetur. »

29 - Telle est l’analyse de L. Körntgen, «In primis… », art. cit., p. 172 : « En fin de compte, et ce fait n’est pas négligeable, le besoin de satisfaction de l’évêque [de Strasbourg] est comblé, […] et son triomphe sur le duc exposé publiquement devant tous les participants à la diète de cour. »

30 - Voir à ce sujet Thietmar, VI, 91 : « In die sancto manibus applicatis miles efficitur et post sacramenta regi ad aecclesiam ornato incedenti armiger habetur. » Dernièrement, voir Görich, Knut, « Eine Wende im Osten. Heinrich II. und Boleslaw Chrobry », in Müller, B. Schneid et Weinfurter, S. (éds), Otto III. – Heinrich II. Eine Wende?, Sigmaringen, Jan Thorbecke Verlag, 1997, pp. 95167,Google Scholar ici p. 159 : comme dans toutes les recherches plus anciennes, cet auteur interprète le service accompli par Boleslaw comme un honneur qui lui est fait ; pour l’interprétation proposée ici, voir Althoff, Gerd, « Symbolische Kommunikation zwischen Piasten und Ottonen », in Borgolte, M. (éd.), Polen und Deutschland vor 1000 Jahren. Die Berliner Tagung über den « Akt von Gnesen », Berlin, Akademia Verlag, 2002, pp. 293308.Google Scholar

31 - WOLFHERE, Vita Godehardi episcopi prior, MGH-SS, 11, chap. 31, p. 190 : « Laicorum sane nullus intererat, excepto Aedelberone Carentinorum duce, qui spatarius imperatoris ei pedetenus assidebat. » Sur le rapport d’Adalbert d’Eppenstein au souverain salique, voir dernièrement Wolfram, Herwig, Konrad II. 990-1039. Kaiser dreier Reiche, Munich, C. H. Beck, 2000, pp. 102106.Google Scholar

32 - Après beaucoup d’études de détail, on consultera à ce propos Gänser, Gerald, « Die Mark als Weg zur Macht am Beispiel der “Eppensteiner” », 2 vols, Zeitschrift des Historischen Vereins für Steiermark, 85, 1994, pp. 73122.Google Scholar La source principale quant à la chute du duc est la lettre d’un ecclésiastique G. à l’évêque de Worms, Azecho ; cf. WALTER BULST, Die ältere Wormser Briefsammlung, éd. par MGH, Weimar, Böhlau Verlag, « Die Briefe der deutschen Kaiserzeit-3 », 1949, no 27, p. 49 sqq., dans laquelle il est question d’une « haine ancienne » de Conrad pour son beau-frère Adalbert, haine qui aurait motivé la déposition du duc.

33 - n trouvera des indications bibliographiques ainsi que des sources relatives à l’adoubement d’Henri IV dans Böhmer, Johann Friedrich (éd.), Regesta Imperii III, Dritte Abt. Die Regesten des Kaiserreiches unter Heinrich IV, nouvelle édition revue par Tilman Struve, Cologne-Vienne, Böhlau Verlag, 1984, no 360, p. 159.Google Scholar Le service du port du bouclier est évoqué dans les Bertholdi Annales, éd. par Georg Heinrich Pertz, MGH-SS, 5, Hanovre, Hahn, 1894, p. 272, a. 1065 : « Et ibidem accinctus est gladio, anno regni sui 9. aetatis autem suae 14, et dux Gotifridus scutarius eius eligebatur. »

34 - Voir à ce sujet les chroniques de Frutolf et Ekkehard et la Chronique impériale anonyme : Franz-Josef Schmale et Irene Schmale-Ott (éds), Frudolfs und Ekkehards Chroniken und die Anonyme Kaiserchronik, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, « Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte des Mittelalters-15 », 1972, pp. 212- 265, ici p. 262 : « In ipsis enim nuptiis convenerant archiepiscopi V, episcopi XXX, duces V, de quibus dux Boemie summus pincerna fuit. » Sur ce document, voir J. FICKER, Vom Reichsfürstenstand, op. cit., p. 269, et H. LATZKE, Hofamt…, op. cit., p. 42.

35 - Sur ces faits, voir les sources et les indications bibliographiques fournies par J. F. Böhmer (éd.), Regesta Imperii III…, op. cit., partie IV, Die Regesten des Kaiserreiches unter Lothar III und Konrad III, Première partie : « Lothar III », édition revue et corrigée par Wolfgang Petke, Cologne-Weimar-Vienne, Böhlau Verlag, 1994, no392, p. 247 sq. On trouve dans de nombreuses sources des évocations de ce service. La subordination du roi de Danemark est évoquée notamment par l’annaliste Saxo, MGH-SS, 6, p. 768 : « Inperator celebravit pascha Halberstad ; ubi rex Danorum Magnus se in potestatem eius tradidit, obsides dedit, iuramentum fecit, se successoresque suos non nisi permissu imperatoris regnum adepturos, atque ipso sancto die pasche regio more coronatus, coram coronato imperatore gladium eius portavit. » Pour l’interprétation des faits, voir aussi Ottonis episcopi Frisingensis chronica, éd. par Adolf Hofmeister, MGH-SSrG, 45, Hanovre, Hahn, 1912, VII, 19 : « Regem quoque Datiae in signum subiectionis ad decorem imperialis reverentiae gladium sibi sub corona deferre fecit […]. »

36 - Ici aussi, l’interprétation de Otto von Freising, Ottonis episcopi…, op. cit., est claire : « Quem tamen non ante dignatus est suo conspectui presentari, quam tributum XII annorum, hoc est D libras ad singulos annos, persolveret et de Pomeranis et Rugis hominium sibi faceret subiectionemque perpetuam sacramento firmavit. »

37 - Voir J. F. Böhmer (éd.), Regesta Imperii III…, op. cit., no 453, p. 287 sqq. Ce sont en particulier les témoignages en provenance de Bohême, dans la Continuatio Wissogradensis des Cosmas von Prag, éd. par Georg Heinrich Pertz, MGH-SS, 9, Hanovre, Hahn, 1851, p. 141 qui montrent que cette rencontre n’était en rien destinée à honorer le duc polonais.

38 - Voir J. F. Böhmer (éd.), Regesta Imperii III…, op. cit., no 454, p. 290 ; avec le rapport des Annales Magdeburgenses, MGH-SS, 16, a. 1135, p. 185 : « [Boleslaw] in Magadaburg propter peticionem imperatoris festiva processione sonantibus campanis suscipitur, quod nullus meminit prius umquam fuisse factum, ut talis persona ibidem susciperetur. »

39 - Bischof Otto von Freising und Rahewin. Die Taten Friedrichs oder richtiger Cronica, Gesta Frederici, éd. par Franz-Josef Schmale, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, « Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte des Mittelalters-17 », 1965, II, 5, p. 290 : « Guuto, relictis sibi quibusdam provinciis, regium nomen per porrectum gladium abdicaret – est enim consuetudo curie, ut regna per gladium, provincie per vexillum a principe tradantur vel recipiantur –, Petrus vero, accepto ab ipsius manu regno, fidelitate et hominio ei obligaretur. Ita corona regni sibi per manum principis imposita, in die sancto pentecostes ipse coronatus gladium regis sub corona incedentis portavit. »

40 - Voir à ce sujet Winkelmann, Eduard, Philipp von Schwaben und Otto IV. von Braunschweig, 2 vols, Leipzig, Duncker & Humblot, 1873-1878, 1, p. 138 Google Scholar sq.

41 - Voir la Chronica regia Coloniensis, éd. par Georg Waitz, MGH-SSrG, 18, Hanovre, Hahn, 1880, a. 1198 : « Ducem quoque Boemie sibi allicit eique, ut favorem eius et opem propensius habeat, nomen regium indulget ; quem et in presentia sua consecratum Bobardie coronari consentit. » Sur le service du port de l’épée, voir Arnoldvon LüBeck, Chronica Slavorum, éd. par Georg Heinrich Pertz, MGH-SSrG, 14, Hanovre, Hahn, 1868, VI, 2, p. 219 : « Boemo etiam maior dignitas accessit, ut, cum antea ducatum teneret, tytulo regio a Philippo sublimatus ibi et ipse procederet coronatus et gladii regis baiulus. »

42 - Voir E. Winkelmann, Philipp von Schwaben…, op. cit., p. 56 sq.

43 - Ibid., p. 148 sqq. avec le récit de la Gesta episcoporum Halberstadensium, éd. par Ludwig Weiland, MGH-SS, 23, p. 113 sq. : « […] Episcopi quoque qui aderant, pontificalibus indumentis ornati, regem et reginam ex utroque latere tam reverenter quam honorabiliter conduxerunt. Bernardus autem dux Saxonie, qui et ensem regium preferebat, ceterique principes assistentes. […] » Sur l’interprétation de cette célébration de Noël en liaison avec les « Reichstöne » de Walther von der Vogelweide, voir Konietzko, Peter, « Darstellung als Deutung: Die Wisen bei König Philipps Magdeburger Weihnacht (1199) », in Cormeau, C. (éd.), Zeitgeschehen und seine Darstellung im Mittelalter, Bonn, Bouvier Verlag, 1995, pp. 136172.Google Scholar

44 - Voir ici l’ouvrage récent, et qui retrace le cours de ce débat, de F.-R. Erkens, Kurfürsten…, op. cit., pp. 11 sqq. et 87 sqq.) ; parmi les positions importantes prises dans le débat, EGON BOSHOF, « Erstkurrecht und Erzämtertheorie im Sachsenspiegel », in T. Schieder (éd.), Beiträge zur Geschichte des mittelalterlichen deutschen Königtums, Munich, Oldenbourg Verlag, « Historische Zeitschrift, Beiheft-2 NF», 1973, pp. 84-121 ; ARMIN WOLF, Die Entstehung des Kurfürstenkollegs, 1198-1298, Idstein, Schulz- Kirchner Verlag, 1998, p. 102 sqq. (extraits de documents tirés des sources) et p. 197 sqq. (principales opinions des chercheurs sur cette question).

45 - Voir J. Ficker, Vom Reichsfürstenstand, op. cit., p. 265, et Heinrich Mitteis, Die deutsche Königswahl und ihre Rechtsgrundlagen bis zur Goldenen Bulle, Brün-Munich-Vienne, Rohrer Verlag, [1938] 1944, ici p. 171 sqq.

46 - Voir notamment, sur le concept de principaliter, les réflexions du pape Innocent III dans la Deliberatio de tribus electis. Regestum Innocenti III papae super negotio Romani imperii, éd. par Friedrich Kempf, Rome, Pontificia università gregoriana, 1947, no 29, pp. 88-90 ; voir également, en sus des ouvrages cités en note 45, Castorph, Bernward, Die Ausbildung des römischen Königswahlrechts. Studien zur Wirkungsgeschichte des Dekretale « Venerabilem », Göttingen, Musterschmidt, 1978.Google Scholars

47 - Voir le Sachsenspiegel : 1, Landrecht ; 2, Lehenrecht, éd. par Karl August Eckhardt, MGH, Fontes iuris, NS 1,1 et 2, Hanovre, 1955-1956, ici Landrecht, III, 57, § 2 ; sur les débats portant sur ce point, voir F.-R. ERKENS, Kurfürsten…, op. cit., p. 3 sqq.

48 - Voir à ce sujet Graus, František, Lebendige Vergangenheit. Überlieferung im Mittelalter und in den Vorstellungen vom Mittelalter, Cologne-Vienne, Böhlau Verlag, 1975;Google Scholar Wunderli, Peter (éd.), Herkunft und Ursprung. Historische und mythische Formen der Legitimation, Sigmaringen, Jan Thorbecke Verlag, 1994;Google Scholar Althoff, Gerd, « Formen und Funktionen von Mythen imMittelalter », in Berding, H. (éd.), Mythos und Nation. Studien zur Entwicklung des kollektiven Bewusstseins in der Neuzeit 3, Francfort, Suhrkamp, 1996, pp. 1133;Google Scholar nous renvoyons aux plus nombreuses références bibliographiques de ces ouvrages.

49 - Sur le concept de « circulation » entre les différents genres, voir Röcke, Werner, « “New Historicism” : Perspektiven einer kulturwissenschaftlichen Mediävistik », in Jäger, L. (dir.), Germanistik: Disziplinäre Identität und kulturelle Leistung. Vorträge des deutschen Germanistentages, 1994, Weinheim, Beltz Athenäum, 1995, pp. 214228.Google Scholar L’ouverture de la médiévistique à d’autres approches interdisciplinaires fait encore et toujours l’objet de débats (voir par exemple Jahrbuch der deutschen Schillergesellschaft, années 1998-1999, de même que la controverse entre Haug, Walter, « Literaturwissenschaft als Kulturwissenschaft? », Deutsche Vierteljahrsschrift für Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte, 73, 1999, pp. 6993,CrossRefGoogle Scholar et Vongraevenitz, Gerhart, « Literaturwissenschaft und Kulturwissenschaft. Eine Erwiderung », Deutsche Vierteljahrsschrift für Literaturwissenschaft und Geistesgeschichte, 73, 1999, pp. 94115;CrossRefGoogle Scholar Walter Haug, « Erwiderung auf die Erwiderung », ibid., pp. 116-121).

50 - Pour une approche littéraire et historique des actes rituels et des mises en scène, voir Müller, Jan-Dirk, « Aufführung » und « Schrift » in Mittelalter und Früher Neuzeit, Stuttgart-Weimar, Metzler, « Germanistische Symposien. Berichtsbände-XVII », 1996,CrossRefGoogle Scholar ainsi que Althoff, Gerd (dir.), Formen und Funktionen öffentlicher Kommunikation im Mittelalter, Stuttgart, Jan Thorbecke Verlag, « Vorträge und Forschungen-LI », 2001.Google Scholars

51 - Sur les rôles joués lors d’actions rituelles, voir Goffmann, Erving, The Presentation of Self in Everyday Life, Garden City, Doubleday, 1959;Google Scholar Turner, Victor, From Ritual to Theatre: The Human Seriousness of Play, New York City, Performing Arts Journal Publications, 1982;Google Scholar Schechner, Richard, Between Theater and Anthropology, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1985.CrossRefGoogle Scholar

52 - Graf Rudolf, éd. par Peter F. Ganz, Berlin, Erich Schmidt Verlag, « Philologische Studien und Quellen-19 », 1964, Db, v. 34 sq. : « die ime daz [svert] vur tragen / daz sin edele vursten./ man saget ioch svene [in dur]ste / so schenke ime ein riche kunic / der ist kreftic unde vrumic, / [der tra]ge von ime die crone./ so dienet man da schone/ den armen [unde den] richen/ harte herlichen. »

53 - Cramer, Thomas, Lohengrin. Edition und Untersuchungen, Munich, W. Fink, 1971,Google Scholar v. 1957 sq. : « legeslîches vürsten sitz im vor ûz was gemezzen. / die verdienten aldâ ir amt. / sie tâten sô, daz sich sîn keiner schamt. / der schenke brâht wîn, dar nâch der truhsaezze ezzen. / Der kameraer gap wazzer vür. » Plus loin dans le texte (v. 7970), le duc de Lorraine offre à Lohengrin de porter son épée.

54 - Wolfdietrich B, dans Ortnit und die Wolfdietriche, éd. par Arthur Amelung et Oskar Jänicke (Deutsches Heldenbuch, 3e partie), Dublin-Zurich, Weidmann, 1968 [réédition à l’identique de l’édition de 187l], pp. 1-77, str. 257, 1-4 : « Dô wart ir marschalc der grâve Wülfin./ dô wart der ritter Jorge kamraere der künigin./ dô wart ir phlegaerinne diu edel marcgraevin./ der wahter und der torwart muosten ouch hêrren sin. »

55 - Wigalois der Ritter mit dem Rade von Wimt von Gravenberc, éd. par Johannes Marie Neele Kapteyn, vol. 1, Bonn, F. Klopp, « Rheinische Beiträge und Hülfsbücher zur germanischen Philologie und Volkskunde-9 », 1926, v. 9369 sq.

56 - Ulrich Von Dem Turlin, Willehalm, éd. par Ernst Martin, Hildesheim, Olms, « Bibliothek der mittelhochdeutschen Literatur in Böhmen-IV », 1968, CCC, 1-7.

57 - L’occurrence la plus connue est certainement le passage de la chanson des Nibelungen où Siegfried accomplit pour Gunther le service d’écuyer et utilise en toute connaissance de cause ce rituel politique pour faire étalage de son statut, comme une mise en scène factice, d’où les complications ultérieures de l’histoire (Das Nibelungenlied. Nach der Ausgabe von Karl Bartsch, édition revue et commentée par Helmut de Boor, Wiesbaden, Brakhaus, « Deutsche Klassiker des Mittelalters-22 », 1996, Nibelungenlied B, 396- 398). De même, dans le Frauendienst de Ulrich von Liechtenstein, éd. par Franz Viktor Spechtler, Göppingen, Kümmerle, « Göppinger Arbeiten zur Germanistik-485 », 1987, str. 770 sq., 773 et 848, où les grands offices font l’objet d’une nouvelle distribution et les services d’honneur sont ostensiblement exécutés par les protagonistes.

58 - Dans le Eckenlied, Dietrich est particulièrement honoré dans la mesure où l’une des reines prend son épée : « das schwerte au®?den henden sein / gab er gar züchtigklichen / einer edlen küngein » (254, 11-13), et Frau Seeburg l’aide elle-même à ôter son armure : « sy entwapnet in selb zuhand, / des gund sy anders nehmen » (255, 7f.) ; Das Eckenlied. Sämtliche Fassungen, éd. par Francis B. Brévart, Tubingen, M. Niemeyer, « Altdeutsche Textbibliothek-111 », 3 vols, 1999.

59 - Dans le Parzival de Wolfram von Eschenbach, Gahmuret connaît cette distinction particulière lorsque Belakane sert elle-même son hôte à table. La reine s’agenouille devant lui et coupe sa viande. Cette suprême distinction lui est désagréable, selon les commentaires apportés par la narration. Wolfram von Eschenbach, Parzival, Studienausgabe, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1998, 1, 33, 9-11 : « Si kniete nider (daz was im leit), / mit ir selber hant si sneit / dem rîter sîner spîse ein teil. / diu frouwe was ir gastes geil. / dô bot si im sîn trinken dar / und phlac sîn wol: ouch nam er war, / wie was gebaerde unde ir wort. » Puis la réaction de Gahmuret : « Ichn hân mi’s niht genietet, / als ir mirz, frouwe, bietet, / mîns leben mit sölhen êren » (I, 33, 21 sq.).

60 - n trouve déjà dans l’Ancien Testament (Esther 6, 7-12) une occurrence du service d’écuyer, qui signe le triomphe de Mardochée, service qui déshonore celui qui doit l’accomplir et honore celui dont le cheval est conduit.

61 - Hauck, Karl, « Haus- und sippengebundene Literatur mittelalterlicher Adelsgeschlechter von Adelssatiren des 11. und 12. Jahrhunderts her erläutert », in Lammers, W. (dir.), Geschichtsdenken und Geschichtsbild im Mittelalter, Darmstadt, Primus Verlag, « Wege der Forschung-21 », 1965, pp. 165199, ici p. 194.Google Scholar

62 - Pour plus de détails, voir Hoyer, Siegfried, « Einleitung », in Trillitzsch, W. (dir.), Ecbasis cuiusdam captivi per tropologiam (Tropologisch). Text und übersetzung, Leipzig, Teubner, 1963, pp. 742,Google Scholar ici p. 12 sq.; Kindermann, Udo, « Ecbasis captivi », Die deutsche Literatur des Mittelalter s. Verfasserlexikon, vol. 2, Berlin, Walter de Gruyter, 1980, pp. 315321 Google Scholar, ici p. 318 sq. ; ainsi que Reinhard DüChting, « Ecbasis cuiusdam captivi per t(r)opologiam », Lexikon des Mittelalters, 3, 1986, p. 1536.

63 - Sur le hérisson dans la littérature, et sa méchanceté proverbiale, voir Voigt, Ernst, Ecbasis Captivi. Das älteste Tierepos des Mittelalters, Strasbourg, Teubner, « Quellen und Forschungen zur Sprach- und Culturgeschichte der germanischen Völker-VIII », 1875, p. 61.Google Scholar

64 - II est à la fois porteur et écuyer du loup (v. 207 sq.), et finalement « aumônier, chambrier, chef cuisinier, conseiller et juge de la grotte, et prêtre placé au-dessus de tous » (v. 263 sq.). Pour plus de détails à ce sujet, ainsi que sur les différentes opinions de la critique sur les traits satiriques du hérisson, voir S. HOYER, « Einleitung », art. cit., pp. 22 et 38 sq.

65 - « Quis tibi vel qualis ? Magni sum gente Catonis ; / Ex atavis longo si ducis stemmata filo, / Disces me natum magnorum sanguine regum, / In me priscorum virtus defluxit avorum » (v. 661-664). Sur le traitement ironique de la fierté tirée du lignage et du statut, voir Peters, Ursula, Dynastengeschichte und Verwandtschaftsbilder. Die Adelsfamilie in der volkssprachigen Literatur des Mittelalters, Tubingen, Niemeyer, « Hermaea. Germa nistische Forschungen. Neue Folge », 1999, p. 270 sq.CrossRefGoogle Scholar

66 - « I puer atque mee citus hune impone coquine ; / Dum tostat verua, scutelle balnea potet. / Potus hic est habilis simili sub more superbis » (v. 695-697).

67 - Voir E. VOIGT, Ecbasis Captivi…, op. cit., p. 48 sqq.; Thomas, Heinz, « Die Ecbasis Cuisdam Captivi eine Trierer Dichtung aus der Zeit Heinrichs IV », Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 20, 1964, pp. 130154, ici p. 135 sq.Google Scholar

68 - Kudrun. Nach der Ausgabe von Karl Bartsch, éd. par Karl Stackmann, Tübingen, Niemeyer, « Altdeutsche Textbibliothek-115 », 2000.

69 - n rencontre en moyenne le verbe dienen (servir), ou des formes apparentées toutes les douze strophes. Voir WERNERHOFFMANN, Kudrun. Ein Beitrag zur Deutung der nachnibelungischen Heldendichtung, Stuttgart, Metzler, « Germanistische Abhandlungen-17 », 1967, p. 278, et SUSAN TUCHEL, « Dienerinnen und Mägde. Adliger Dienst und opus servile im Parzival, im Iwein und in der Kudrun », Mediaevistik, 5, 1991, pp. 139-158.

70 - « Irólt wart kameraere; der degen in ir lant/ muoste komen gaehes. vil schiere man den vant.l Wáte wart trú hsaeze, der helt von Sturmlande. / nâch dem starken Fruoten von Tenemarke man dô [schiere] sande » (str. 1611). « Man hiez in wesen schenke. / (str. 1612, 1). Tous les grands (Hôrant, Wáte, Fruote, Irôlt, Môrunc, Ortwîn) sont des vassaux de Hetel ; la pyramide du pouvoir est décrite en détail dans les strophes 563-572.

71 - Hildegard Graf, Die vier germanischen Hofämter in der deutschen Heldendictfung. Eine philologisch-historische Untersuchung, Fribourg, Albert-Ludwigs-Universität 1963, p. 46, parle à ce sujet de « fonctionnaires de la représentation », susceptibles d’être mutés.

72 - Le statut de Fruote n’est pas tout à fait clair ; on présente ainsi Hôrant comme souverain du Danemark (str. 263, 2 sq.).

73 - Dès le début du deuxième voyage de la fiancée, Fruote oeuvre comme chambrier à la cour de Hetel : « Frú oté der küene / der kamere er dô phlac » (str. 280, 1) ; lors des noces de Hetel et Hilde, il est à nouveau désigné comme chambrier : « dâ was aber kameraere/ von Tenemárké [der wîse] Fruote » (str. 549, 4) ; et, même après avoir officié comme échanson, Fruote est chambrier de Hilde : « von Tenemarke Fruote / was Hilden kameraere » (str. 1686, 3).

74 - « Der helt sprach ir zuo: “Ich leiste ez gerne, frouwe?/ welt ir daz ichz tuo, diu lêhen sult ir lîhen/mit zwelf vanen rîchen sô wirde ich herre in Tenelant”, / des lachte dô frou Hilde minneclîchen » (str. 1612).

75 - II n’existe pas d’étude exhaustive sur les services honorifiques dans la féodalité. Voir à ce sujet ACHIM THOMAS HACK, Das Empfangszeremoniell bei mittelalterlichen Papst- Kaiser-Treffen (Forschungen zur Kaiser-und Papstgeschichte des Mittelalters. Beihefte zu J. P. Böhmer. Regesta Imperii-18), Cologne-Weimar-Vienne, Böhlau Verlag, 1999, p. 535 sq. ; Ganshof, FranÇois-Louis, Was ist das Lehnswesen?, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1961, p. 85;Google Scholar Spieß, Karl-Heinz, « Lehnsdienst », Handwörterbuch. zur deutschen Rechtsgeschichte, 2, 1978, pp. 17041707, ici p. 1706.Google Scholar

76 - Hôrant et Fruote sont à plusieurs reprises évoqués dans des situations de familiarité : ils participent ensemble au voyage de la fiancée (str. 219 sq.) et combattent côte à côte (str. 222 et 1370).

77 - Auparavant déjà, on avait joué avec l’idée du remplacement possible de l’un par l’autre, lorsqu’ils portent à tour de rôle la bannière au cours du combat (str. 1111-1112 ; str. 1467 ; str. 1497, 1).

78 - Les chercheurs ont autrefois vu dans cette scène une allusion directe au roi de Bohême, et ont interprété l’office d’échanson comme une « dignité », ce qu’il faut désormais remettre en question compte tenu de l’exigence d’une contrepartie. Voir schröder, Richard, « Corpus uiris germanici poeticum », Zeitschrift für deutsche Philologie, 1, 1869, pp. 257274,Google Scholar ici p. 259 sq. H. GRAF, Die vier germanischen Hofämter…, thèse citée, p. 142, reprend cette idée. Schröder, Eduard, « “Herzog” und “Furst”. Über Aufkommen und Bedeutung zweier Rechswörter », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte. Germanistische Abteilung, vol. 4, pp. 129,CrossRefGoogle Scholar ici p. 24 sq., s’était déjà élevé contre la tentative de R. Schröder pour faire de Kudrun un texte historique.

79 - Voir Ottokars Österreichische Reimchronik, éd. par Joseph Seemüller, MGH, Deutsche Chroniken und andere Geschichtsbücher des Mittelalters V, 1/2, Hanovre, 1890-1893. v. 12433 sqq. et v. 73447 sq. Un discours fictif de Kunigrunde, la femme du roi de Bohême Ottokar II, met parfaitement en évidence le caractère ambivalent du service d’échanson pour le roi : ibid., v. 14 769 sq.