Ce n'est pas sans quelque inquiétude que j'apporte ma contribution au présent débat. Et pour deux séries de raisons. Tout d'abord, parce que l'expérience m'a appris, ces dernières années, combien ce qui touche à l'Afrique romaine suscite de réactions passionnelles : l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord semble en effet être devenue, à la faveur d'identifications hasardeuses, le champ clos où s'affrontent les partis pris, parfois contradictoires, des nationalismes modernes et les postulats péremptoires de telle ou telle forme du dogmatisme politique. D'où la floraison des malentendus, des mises en garde ironiques ou soupçonneuses, des procès d'intention, qui donnent aux discussions « savantes » sur l'Afrique romaine une tonalité bien peu agréable.