Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Dans quelle mesure les règles formelles d'une organisation monétaire influencent-elles les comportements, et dans quelle mesure la combinaison de ces comportements définit-elle l'organisation ? Ou encore, est-il possible de qualifier les pratiques des agents et des institutions sans faire référence aux règles du jeu, ou de comprendre ces mêmes règles sans être attentif aux pratiques qu'elles génèrent ou à l'autonomie qu'elles accordent ? Cet essai propose quelques éléments de réponse au travers de l'étude des interactions entre la Banque de France et le marché du métal précieux, et de leurs transformations entre 1848 et 1876.
La littérature considérable sur les « règles du jeu » du système monétaire international au cours du 19e siècle (Bloomfield, 1959) procède en général en identifiant des principes de fonctionnement supposés universels qui auraient régi les relations monétaires entre les nations. Par rapport à cet idéal type, les particularités nationales, liées à des provisions légales, à des spécificités techniques, ou à une situation géographique donnée sont alors interprétées au moins comme des curiosités, souvent comme des déviations, plus généralement comme des violations des « règles du jeu ».
In this paper, we study the transformations of the French monetary System 1848-1876. We first discuss the claim that bimetallism until 1873 provided the Bank of France with means to make limited use of the discount rate, and find it largely unfounded, at least for the period 1848-1870. We argue that the Bank of France always favoured informal methods to manage the Paris money market, but that bimetallism did not generally facilitate such techniques. Paradoxically, the emergence of the gold standard, which was introduced in France as a practice more than as a rule, gave to the Bank of France increased autonomy. With bimetallism still legally in force, the Bank of France could give silver écus in payments, and exercise greater control on the Paris gold market.