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Les incendiaires dans la France du XVIIIe siècle: Essai de typologie criminelle

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

André Abbiateci
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L'enquête sur « crimes et criminalité dans la France d'Ancien Régime » inaugurée par notre ami François Billacois (Annales, 1967, pp. 340-349) aboutira à la prochaine publication d'un premier bilan. L'article de M. Abbiateci, qui paraît ici, est extrait de l'une des études qui composent cette publication. Le présent travail, entrepris sous la direction de P. Goubert, s'appuie essentiellement sur les archives criminelles du Parlement de Paris (tribunal d'appel qui a légué des séries continues mais sèches d'arrêts, et des séries charnues mais lacunaires de pièces d'instruction). Faute du loisir de s'enfoncer dans les séries B d'une trentaine de départements, l'auteur n'a consulté en première instance que les fonds du Châtelet. Avec sagesse, il s'est abstenu de donner une géographie ou une chronologie du crime d'incendie. La typologie psychosociale qu'il dresse ici n'épuise cependant pas son analyse du phénomène. Crime redoutable que beaucoup de juristes estiment « cas royal » et passible du bûcher, faute que l'Église punit d'excommunication, arme à portée de tous, l'incendie est, dans une société éminemment « fragile », un « moyen de pression » des isolés, ou, selon l'expression d'E. Hobsbawm une façon de « marchandage collectif ».

Une étude du crime peut-elle fonder une observation sociale ? Peut-on pour l'Ancien Régime, et pour les campagnes en particulier, tenter ce que Louis Chevallier a fait pour le Paris du XIXe siècle ? C'est pour essayer de répondre à cette question que nous avons étudié un crime, l'incendie volontaire, à partir des procès jugés en appel au Parlement de Paris entre 1730 et 1789.

L'incendie, crime de tous les temps, est susceptible d'interprétations variées, et variables. Au Moyen Age, le boutefeu est lié au démon, aux puissances de l'enfer. A l'époque contemporaine, le pyromane passe pour un fou : le crime d'incendie révèle moins des conflits sociaux que des troubles psychiques et sexuels.

Type
Enquêtes en Cours
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 25 , Issue 1 , February 1970 , pp. 229 - 248
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1970

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References

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1. De nos jours, l'incendiaire est quasi toujours un individu isolé, anomique, ou asocial. Constatation à nuancer dans une étude rétrospective, où l'on ne peut suivre totalement Gaston Bachelard : « Comme des porteurs de flambeaux, les hommes de misère transmettent d'âge en âge la contag ion de leurs rêves d'isolés » (Psychanlayse du feu, Gallimard, 1938, p. 35).

2. X 2 b 1028. Arrêt contre Jacques Bellanger et Louis Bréchard, 23 juillet 1762.

3. Cité d'après un document de 1657 dans F. Debouvry, Étude juridique sur le mauvais gré, Lille, 1899, p. 166.

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5. X2a1127 : interrogatoire de F. Riante, 19 juillet 1764.

6. X2b1070 : arrêt du 12 septembre 1782 : J.-Baptiste Scellier.

7. X 2 a 1143 : interrogatoire de Surcy Levert, 12 janvier 1790.

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3. X 2 b 1316 : rapport du médecin, 16 octobre 1782.

4. Muyart de Vouglans, op. cit.. p. 28.

5. X2b1313 : 19 juin 1771, déposition du guichetier contre Laurent Dupont.

6. X 2 b 1 3 1 6 : 13 juillet 1779, déposition du chapelain contre Jacques Diom.

7. X 2 b 1315 : 27 juillet 1722, déposition et rapport contre Jacques Person.

1. X2b1313 : rapport du médecin.

2. X2b1315 : information contre M.-L. Poullet 10 avril 1778.

3. X2b1327 : information François Paradis, 23 juin 1784.

4. X2b1310 : interrogatoire d'Urbaine Richer, 27 septembre 1764.

5. X2b1316 : déjà cité.

6. X2b1210 : information contre Pierre Peneau, 30 août 1766.

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8. M. Foucault n'a trouvé la première mention de soins accordés aux internés (le mot « médicamenté ») que dans un ordre de 1784. Le mot apparaît, en fait déjà dans un arrêt du Parlement daté du 1 e r février 1779 (X 2 b 1063) : la prévenue Marie Ledoux doit être conduite à la Salpêtrière pour « y être traitée et médicamentée comme les autres insensés ».

1. Y 10063. Procès contre Pierre Louvet 14 juin 1738.

2. M. Foucault, op. cit., p. 127.

3. Y 10464, testament de François Gaudron (3 août 1784) et arrêt de la Cour (30 juillet 1784); documents aimablement communiqués par Mlle Nicole Plutarque.

4. X 2 b 1042 : arrêt contre Jean Bossu.

1. Y 10237 : procès contre Nicolas Pereau, billets écrits joints au procès.

2. X 2 a 1 1 1 9 : interrogatoire d'Éloy Dubois, 13 décembre 1754.

3. Arrêt contre Antoine Ravault, 21 mai 1756; X2b1016.

4. Y 10237 : information contre Nicolas Pereau, déposition du deuxième témoin de l'information.

5. Y 10237 : information contre Nicolas Pereau, déposition du quatorzième témoin de l'information.

1. Cahiers de doléances du Baillage d'Amiens, t. IV, p. 351.

2. X 2 b 1081 : arrêt contre Pierre Valentin, 7 mars 1787.

3. X2b1035 : arrêt contre Léonard Narbon, 9 juillet 1766.

4. Ferrière, Dictionnaire de droit et de pratique. Article « Vagabonds », t. II, p. 1060.

1. X 10461 : interrogatoire de Claude Vernier, 13 novembre 1784.

2. Y 10237 : interrogatoire de Nicolas Péreau, déjà cité.

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5. X 2 b 1 0 3 5 ; déjà cité.

6. X2b1081 : arrêt contre Pierre Valentin, 7 mars 1787.

7. X2a1115, 7 octobre 1752 : interrogatoire de Jean Quentin

1. X2b1039 : arrêt du 20 mai 1768 contre Pierre Lorson.

2. Y 10237 : déjà cité.

3. X2a1138 : interrogatoire de Jacques Lone, 3 mai 1774.

4. Interrogatoire de Claude Vernier, 12 novembre 1784. Y 10461.

5. Y 10461 : interrogatoire de Claude Vernier.

1. X2a1119 et X2b1013 : arrêt contre Éloy Dubois, 13 décembre 1754.

2. X2b1032 : arrêt contre J.-B. Nivelon et J. Péra, 4 août 1764.

3. X2a1150 : interrogatoire de Charles Guérin et autres, 8 février 1786.

4. X 2 a 1138 : interrogatoire de J. Lone, du 30 mai 1774.

5. X 2 b 1020 : arrêt contre Pierre Piette, 4 octobre 1758.

6. Y 10237, déjà cité.

7. Edmé de la Poix de Freminville, Dictionnaire ou traité de la police générale des villes, bourgs, paroisses et seigneuries de la campagne. Paris, Gissey, 1758, p. 302.

8. De Ferriere, Dictionnaire de droit et de pratique, t. 2, p. 1060.

9. De Ferriere, Dictionnaire de droit et de pratique, t. 2, p. 1060.

1. A. Poitrineau. La Vie rurale en basse Auvergne au XVIIIe siècle, p. 584.

2. Brissot de Warville, Théorie des Lois criminelles, pp. 82-83.

1. Interrogatoire de J. Boucot du 3 septembre 1761 ; X 2 b 1309.

2. Requête de Nicolas de Montimier, du 1 e r février 1769; X 2 b 1043.

3. Interrogatoire de P. Richer.

4. Cf. X2b1309, 4 décembre 1762 : interrogatoire de Joseph Forestier.

5. X2b1042 : arrêt contre J. Le Roux, 26 juillet 1769.

1. X 2 b 1039 : arrêt contre Hélène Quesnescourt, 14 décembre 1767.

2. X2b1310 : interrogatoire de P. Richer.

3. Information contre P. Darras; déposition du charretier, 22a témoin de l'information X2b1316.

4. X 2 a 1124 : interrogatoire de François Chauveau, 16 juillet 1763.

5. X 2 a 1126 : interrogatoire de Jean Favard, 20 juillet 1779.

6. Y 10398 : interrogatoire de Claude Frotier, mai 1779.

7. X2b1088 : arrêt cité.

8. X 2 b 1049 : sentence contre A. Larue, 29 octobre 1773.

1. Ordonnance du 25 mars 1724. Texte cité dans Boucher D'Argis, Code rural. Paris, Prault, 1749; t. II, pp. 529-530 et 532.

2. X2b1039 : arrêt contre Hélène Quemescourt 14 décembre 1767.

3. Arrêt contre Gervais Bardin, 1 e r octobre 1766; X 2 b 1036.

4. X2 b 1036 : arrêt cité.

1. François Debouvry, Étude juridique sur le mauvais gré. Lille, 1899.

2. Texte cité dans Lefort, La Condition de la propriété dans le nord de la France : le droit de marché, Paris, 1892, p. 75.

3. Texte cité dans Debouvry, p. 45.

4. Arrêt cité; X2b1039.

5. Texte cité dans Lefort, p. 76.

1. Entretien d'une mère et d'une fille sur le bonheur de la campagne, Paris-Amsterdam 1770, p. 4 ; cité par Lefort, p. 75, note 1.

2. X2M039. Arrêt cité.

3. Debouvry, op. cit., p. 211.

4. G. Lefebvre, Les Paysans du Nord, p. 94, note 2.

5. Texte cité dane Debouvry, p. 164.

6. Cahier d'Outrebois, déjà cité.

7. Cahier de Saint-Quentin-des-Prés, in Cahiers des États généraux…, t. II, p. 138.

1. G. Lefebvre, Paysans…, p. 97.

2. Cahier de Seux, in Cahiers…, t. II, p. 134.

1. Un calendrier de fréquence établi sur 23 cas seulement fait apparaître pour les so m meurs et les mendiants un maximum d'hiver, un maximum secondaire de mai-juin (soudure), et une absence de délits des moissons aux vendanges.