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Les forges champenoises de la comtesse de Flandre (1372-1404)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Philippe Braunstein*
Affiliation:
E.H.E.S.S.

Extract

C'est parce qu'on ne trouvait personne qui voulût prendre à bail le revenu du minerai de fer de ses forêts champenoises, que la comtesse de Flandre, d'Artois et de Bourgogne mit en 1372 « ses revenus en sa main » et « fit faire deux grosses forges qui forgent pour elle ». La comtesse et ses conseillers témoignaient là d'un souci de bonne gestion, sans doute plus largement partagé qu'on ne l'a cru par les entrepreneurs domaniaux exploitant les bois, les eaux et les ressources du sous-sol. On a très justement porté au crédit d'organismes centralisés comme les ordres religieux — particulièrement l'ordre cistercien — des projets rationnels de développement économique, dont la réalisation est attestée à la fois par les sources écrites et par les témoignages de l'archéologie. Or ces projets ne sont pas moins présents dans les préoccupations du clergé séculier et des seigneurs laïcs, même s'il faut atteindre un niveau élevé d'écriture et de continuité, et par conséquent de pouvoir, pour que les traces de la décision économique aient été conservées.

Summary

Summary

The countess of Flanders decided, in 1372, to build two huge forges in Champagne in order to make money from the wood in her forests in the Othe area, the heart of a very old metallurgical region. These industries' books, kept over a period of thirty years, allow us to understand the functioning of these production units which were linked to the world of fair-towns. The fluctuations in their market relations, closely tied to those of mines—from the moment of their discovery to their mineral exhaustion—shed light on entrepreneurial groups, social divisions, and intervention thresholds, and thus on the industry's economic level.

Type
Métallurgie Médiévale
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1987

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References

Notes

* Les documents comptables sur lesquels se fonde principalement cette étude sont conservés aux Archives Départementales de la Côte-d'Or (ADCO) à l'exception du compte pour l'année 1387- 1388, conservé à la Bibliothèque Nationale sous la cote F.F. 4490. Ils seront cités par leur cote dans la série B. A la numérotation continue (3849 à 3878) correspond une suite chronologique de comptes entre 1336 et 1404. Cette suite n'est pas sans faille : 14 ans séparent le premier compte considéré (1336) du second (1350-1351), 10 ans le troisième (1351-1352) du quatrième (1362-1363). Plusieurs de ces lacunes correspondent à des changements d'administration, par exemple dans les années où l'on passe de la seigneurie de la comtesse de Flandre à celle, retrouvée, du duc de Bourgogne. Il faut en effet expliquer que les comptes de la terre de Champagne (Villemaur, Maraye, Chaource, Isles et Juilly), conservés dans les archives administratives du duché de Bourgogne, ont été établis pendant plus de 20 ans, et sont conservés entre 1362 et 1378, au nom de la comtesse de Flandre, Marguerite de France, fille du roi Philippe V. Les revenus champenois ont joué un rôle essentiel dans la dotation, puis dans le différend successoral entre les princesses Jeanne de France, duchesse de Bourgogne, et Marguerite de France, comtesse de Flandre. En 1350, le jeune duc de Bourgogne, Philippe de Rouvre, petit-fils de Jeanne de France et beau-fils du roi Jean II, abandonnait à sa grand-tante Marguerite, comtesse douairière de Flandre, 4 000 livres de rentes, assises pour moitié en Champagne sur la châtellenie de Villemaur et le tiers de la seigneurie de Maraye, les deux-tiers restants lui demeurant. Philippe de Rouvre épousa en 1356 sa petite-cousine Marguerite de Flandre. La nouvelle duchesse de Bourgogne reçut en dot de sa grand-mère, la comtesse douairière, la nue-propriété de ces biens de Champagne. Mais à la mort sans héritier du duc en 1361, la comtesse douairière de Flandre réunit à ses revenus champenois les deux-tiers de la seigneurie de Maraye, et son fils, le comte Louis de Maie, lui succéda en 1382 dans ses titres. Cependant, le duc de Bourgogne de la « nouvelle race », Philippe le Hardi, fils du roi Jean II et frère du roi Charles V, avait épousé en 1369 la veuve de Philippe de Rouvre, réunissant ainsi l'expectative de l'ensemble des revenus de la terre de Champagne. Après une longue parenthèse, fermée par la mort de Louis de Maie en 1384, c'est sous l'unique souveraineté du duc de Bourgogne que furent désormais rendus les comptes de la châtellenie.

1. B3856, f. 12'.

2. A. Girardot apporte des preuves de la « stratégie industrielle des Cisterciens », dans « Forges princières et forges monastiques, coup d'oeil sur la sidérurgie lorraine aux xne et xme siècles », Revue d'Histoire des Mines et de la Métallurgie,II, 1970, pp. 3-20, particulièrement p. 16. Cf. aussi L. Karlsson, « Cistercian Iron Production », dans Médiéval Iron in Society, Papers Presented at the Symposium in Norberg,Jernkontoret, Stockholm, 1985, pp. 341-355. Pour se limiter à la région considérée ici, cf. R. Fossier, « L'activité métallurgique d'une abbaye cistercienne : Clairvaux », Revue d'Histoire de la Sidérurgie,1961, pp. 7-13 ; Verna, C., « La sidérurgie cistercienne en Champagne méridionale et en Bourgogne du Nord (xiie-xve siècles) », dans L'économie cistercienne. Géographie. Mutations du Moyen Age aux Temps Modernes, Actes des Troisièmes journées internationales d'histoire du Centre culturel de l'Abbaye de Flaran, Auch, 1983, pp. 207212 Google Scholar ; S. Lauzanne, « L'apport des cartulaires à l'histoire des mines, des carrières et de la métallurgie dans la France du Nord-Est », dans Mines, carrières, métallurgie dans la France médiévale. Actes du colloque Paris I-EHESS,1980, pp. 17-30 ; L. AndrÉ, P. BenoÎT, D. Cailleaux, L'Abbaye de Fontenay, site industriel du XIIe au XIXe siècle,Montbard, 1985 ; P. BenoÎT, « La forge de l'abbaye de Fontenay », Archeologia. Dossiers Histoire et Archéologie, n° 107, 1986, pp. 51-52.

3. L'abondance des documents manoriaux anglais et l'excellence des travaux fondés sur ces sources font regretter que les comptabilités françaises, en particulier les comptes de châtellenies, n'aient pas encore été aussi systématiquement dépouillées. Citons deux études anglaises qui mettent l'accent sur l'esprit d'entreprise et la préoccupation du marché dans le milieu nobiliaire : Blanchard, I., « Seigneurial Entrepreneurship ; the Bishops of Durham and the Weardale Lead Industry, 1406-1529 », Business History, XV, 1973, pp. 97111;Google Scholar Mate, M., «Profit and Productivity ontheEstatesofIsabelladeForz(1260-1292), The Economie History Review, 33, 1980, pp. 326334 Google Scholar.

4. « …Lesquelles il ne peut exploiter ni vendre qu'à vil prix attendu l'éloignement des villes, ports et rivières, et que les habitants des lieux où ils se délivraient ci-devant tirent présentement leur chauffage d'une grande quantité d'arbres qu'ils ont plantés » en sorte que l'exposant estime « qu'il lui serait plus avantageux et même plus utile au public s'il faisait construire une forge à fer », cité par F. Dornic, « L'industrie du fer en Basse-Normandie et au Perche », Annales de Normandie,1982, p. 222.

5. Par exemple, en Dauphiné, où en 1500 les Chartreux de St-Hugon tentent une nouvelle fois de se faire reconnaître l'exemption de tout droit de péage à Allevard sur le fer qu'ils produisent : in qua quidem valle s. Hugonis non sunt nisi nemora et pascua et quaequidem nemora efficerentur inutilia dicto domui nisi esset martinetum… et non conducunt dictam menam causa negotiandi sed solum providendi de necessariis dicto domui…,Archives départementales de l'Isère, 4 H 418 I, cf. Th. Sclafert, L'industrie du fer dans la région d'Allevard au Moyen Age,Grenoble, 1926, p. 96. On ne se laissera pas abuser par l'argument de subsistance.

6. Ph. Braunstein, « Mines et métallurgie dans la France ancienne », Archeologia. Dossiers histoire et archéologie,n° 107, 1986, pp. 18-22.

7. Par exemple, G. A. Wagner, G. Weisgerber, Silber, Blei und Gold aufSifnos, Prâhistorische und antike Metallproduktion, Der Anschnitt, Beiheft 3,Bochum, 1985 ; C. Domergue, T. Martin, Sillière, P., « L'activité de la fonderie gallo-romaine des Martys (Aude) », 93e Congrès national des sociétés savantes (Saint-Étienne, 1973), Paris, 1975, pp. 112142;Google Scholar F. Braemer, « Les gisements de pierres dans l'Antiquité romaine. Problèmes de méthode, état de la question », Les ressources minérales et l'état de leur exploitation,Comité des Travaux historiques et scientifiques, Paris, 1986, pp. 267-285 ; F. Morton, Hallstatt. Kultur und Natur. Eine viertausendfùnfhundertjàhrige Salzstàtte,4 vols, s.l., 1953-1956 ; D. Foy, « Fouilles de la verrerie médiévale de Cadrix (Var) », Annales du 8e congrès de l'Association internationale pour l'histoire du verre (Londres 1979),Liège, 1981, pp. 179-194 ; Amouric, H., DÉMians, G. D'Archimbaud, « Potiers de terre en Provence-Comtat Venaissin au Moyen Age », dans Artistes, artisans et production artistique au Moyen Age, Actes du Colloque international de Rennes, 1983, Paris, 1986, 1, pp. 601623 Google Scholar.

8. Les textes et l'étude de terrain ont apporté leur contribution mutuelle et réciproque à une meilleure connaissance de la mine d'argent, dite « de Jacques Coeur », de Pampailly dans les monts du Lyonnais. Dans la ligne de la publication des procès-verbaux de séquestre et d'adjudication des biens de Jacques Coeur par Mollat, M., Les affaires de Jacques Coeur. Journal du procureur Dauvet, 2 vols, Paris, 1952 Google Scholar, une prospection sur le site minier et des campagnes de fouilles menées entre 1981 et 1984, ainsi que la mise en oeuvre de sources écrites nouvelles ont abouti à des résultats de grande portée. Cf. A. Th. Rendu, « La naissance d'une grande exploitation minière : la mine de Pampailly en Lyonnais (fin xrve-début xve siècles) » et P. Benoit, J. Grandemange, « Archéologie minière à Pampailly », dans Les ressources minérales et l'histoire de leur exploitation…,pp, 181-194 et 195-218, et A. Rendu, Comptes d'exploitation des mines de Pampailly et Joux en Lyonnais. Comptes de Pierre Granier (1454-1457),édition critique de la comptabilité en régie directe, thèse de l'Université de Paris-I, à paraître.

9. F. Boutiot, « Notes sur les anciennes exploitations métallurgiques des contrées formant le département de l'Aube », Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité Impérial des Travaux Historiques, section Archéologie,1867, pp. 57-72 ; Huré, A., « Origine et formation du fer dans le Sénonais », Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 73, 1919, pp. 33106 Google Scholar ; alors que les ferriers de l'Yonne ont fait l'objet d'une intense réexploitation à la fin du xixe siècle, ceux de la forêt d'Othe sont pour l'essentiel demeurés en place.

10. Il paraît difficile de concilier les données d'une exploitation multi-séculaire, d'un épuisement total des ressources superficielles, et d'une persistance toponymique des lieux de travail dans la mémoire collective. Plus précisément, est-ce l'intense exploitation, attestée par les documents des xme et xrve siècles et qui jette ses derniers feux au xve siècle, qui est responsable de la fossilisation des toponymes miniers en forêt d'Othe ? Ou le souvenir de très anciennes minières a-t-il pu traverser à la fois les temps de l'essor industriel au Moyen Age et le temps du déclin, puis de l'abandon qui ont suivi ? Parmi les toponymes évoquant la mine et la métallurgie, citons, en plein bois, les lieux-dits « les Minières », « le Mineroy », « les Fosses », « les Ferrières », « le Four » ou « les Fourneaux », et, dans les vallons, « les Forges », et les « Moulins », souvent attachés à des bâtiments existant sur le site. Tous ces toponymes s'insèrent d'autre part dans un réseau plus large d'exploitation du sous-sol, évoquant perrières, marnières, crayères, sablières, terres à pot et tuileries.

11. Pour ouvrir une minière, il faut d'abord dégager la couverture végétale ; ainsi lorsque le gouverneur de Mortain veut faire ouvrir une minière dans la forêt de Lande Pourrie, il « en a fait bêcher plus de XL sommes de terre mais poinct n'a attainst jusquez a la myne » : Archives départementales du Calvados, E 491, « Pappier de la mynière de Beaumont » (1474/2/XII), cité par M. Arnoux, La mynière de Beaumont (1390-1520),mémoire de maîtrise de l'Université de Paris I, 1983, p. 118. La minière doit être ensuite comblée, même en terrain boisé : l'abbaye de la Trappe concède en 1225 à Geoffroy le Mire six acres de terre où il pourra ouvrir une minière, à condition qu'il la referme en fin d'exploitation, afin que la charrue puisse à nouveau passer sur le sol (que cumfuerit consummata implebit illam ita quod carruca illicpossit curreré) Cartulaire de la Trappe,Charencey éd., Alençon, 1889, p. 186 ; la comtesse Blanche de Champagne autorise des marchands associés à recueillir la mine dans les bois de Naud et de Chantemerle qu'elle leur vend, à condition de remplir les fosses après en avoir retiré le minerai (mai 1226), Gille, B., « Cartulaire de la sidérurgie française », Revue d'Histoire de la Sidérurgie, 4, 1963, p. 32 Google Scholar. Sur le vocabulaire, cf. par exemple : terra que vulgo dicitur myna ad ferrum faciendum,dans H. Coffinet, Cartulaire de l'abbaye d'Orwal,Bruxelles, 1879, n° LV, p. 89, ou ce document, cité par Gille, B., ibid., 3, 1962, p. 252 Google Scholar : Renaud, avoué, vend à l'abbaye de Châtillon tout ce qu'il possède depuis St-Laurent jusqu'au noyer qui sépare les finages de Buzey et de Haudeville et du mont où se trouve « la terre propre à faire le fer », jusqu'à l'Othain (Meuse).

12. Cf. les remarques de Gille, B., « L'organisation de la production du fer au Moyen Age », Revue d'Histoire de la Sidérurgie, 9, 1968, p. 95121 Google Scholar, en particulier p. 112.

13. Ainsi le règlement de la mine de Rancié (7/VIII/1414) précise que les quatre prudhommes, appelés « les préposés du minier, comme il a été de tout temps accoutumé, …marqueront aux ouvriers qui tirent la mine l'endroit où ils travailleront, …examineront si les mines tirées du minier sont bonnes ou mauvaises ; et en cas ils en reconnaîtront ne rien valoir, ils pourront les jeter par la montagne en bas, comme on l'a anciennement pratiqué… », dans R. Barbe, Recueil des titres authentiques concernant la mine de fer de Rancié (Ariège),Toulouse, 1865, p. 45.

14. Cf. l'astérisque, p. 770.

15. Cf. les notices de Roserot, A., Dictionnaire historique de la Champagne méridionale des origines à 1790, Langres, 1945;Google Scholar Id., Des possessions des ducs de Bourgogne dans le département de l'Aube,Arcis-sur-Aube, 1880 ; Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes,1870, repr. Marseille 1977, II, pp. 130-136.

16. Longnon, A., Documents relatifs au comté de Champagne et de Brie (1172-1361), I, Les fiefs, Paris, 1877, p. 323 Google Scholar ss ; II, Le domaine comtal,Paris, 1904, 2. Extenta comitatus Campanie et Brie,p. 22 ss.

17. La comtesse d'Artois et le garde des bois perçoivent, chacun pour sa part, 12 sous sur chaque corde servant à extraire la mine sur le territoire de Séant : il s'agit probablement de treuils, utilisés pour remonter le minerai et le stérile des fosses.

18. A. Longnon, Documents…,II, 2, p. 37 : super plateam juxta forgias ;la comtesse de Flandre achète en 1380 la maison des forges de Villemaur : B. 1269, f. 8.

19. Ibid.,II, 3, p. 186 ss : « Ce sont li bois de Champaigne des demoinnes et graries ».

20. Ibid.,II, 8 et 14, p. 377 ss et p. 480 ss.

21. B 3849 (1336) : c'est dans le cadre de la prévôté de Maraye que le receveur du duc de Bourgogne mentionne l'amoisonnement du « minoroy du bois des usages de Villemaur ».

22. Archives départementales de l'Aube (ADA), G 346, 347, 352, 357, 508, 508 a, 512.

23. Ada, E 152, f. 78 ; A. Roserot, Dictionnaire historique…,article « Palis ».

24. A. Longnon, Documents…,II, 14 : « prisée de la châtellenie de Villemaur et lieux voisins » (1328-1329), p. 390 : « C s t. de rente par an, a value de terre » ; B 3855, f. 9 : « de la vendue du mineroy que Madame a a Maraye, qui souloit valoir C s. t. par an ».

25. B 3852, 1362-1363 : « La value du nouvel mineroy trouvé es usages de Surançon, baillé a ferme de pieça a Jehan le Tisserand et Robin Leureux de Surançon a six années paians à la St. André chaque an 10 sous… » ; 3853, f. 3 (1364-1365), 3854, f. 5’ (1368), 3855, f. 9 (1373-1372), 3856, f. 12‚ (1372-1373) : « néant ».

26. Cf. B. Gille, « L'organisation de la production du fer… », p. 97.

27. Pour une vision européenne de la question, R. Sprandel, Das Eisengewerbe im Mittelalter, Stuttgart, 1968. Sur la Normandie, M. Arnoux, La mynière de Beaumont…,renouvelle le sujet ; en attendant de prochaines publications, il faut continuer à utiliser H. DE Formeville, « Les barons fossiers et les ferrons de Normandie », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie,1852, pp. 556-583 ; sur le travail du fer dans l'Ariège, outre R. Barbe, Recueil de titres authentiques…,H. Rouzaud, La mine de Rancié depuis le Moyen Age jusqu'à la Révolution, Toulouse, 1908, présente les privilèges confirmés aux mineurs de Vicdessos depuis la fin du xme siècle ; en pays wallon, M. Masoin, « Les privilèges des ferons de Namur sous l'ancien régime », Annales de la Société archéologique de Namur,38, 1927 ; en Lorraine, A. Weyhmann, « Geschichte der älteren lothringischen Eisenindustrie », Jahrbuch der Gesellschaft für lothringische Geschichte und Altertumskunde,17, 1905, p. 1 ss, et les travaux de A. Girardot, en particulier, « Forges princière*et forges monastiques… » : sur leplacitum fabrorumde Remiremont, p. 11 ; sur le Dauphiné, Th. Sclafert, L'industrie du fer dans la région d'Allevard au Moyen Age,Grenoble, 1926, et Léon, P., « Un document médiéval : le règlement minier d'Allevard (29 mars 1395) », Revue d'Histoire de la Sidérurgie, 3, 1962, pp. 229240 Google Scholar.

28. Sur les initiatives du comte de Champagne, cf. J. Lononon, « La Champagne », dans Histoire des institutions fançaises au Moyen Age, Lot, F. et Fawtier, R. éds, I, Les institutions seigneuriales, Paris, 1957, pp. 123136 Google Scholar. Sur la métallurgie champenoise, cf. G. Gille, « L'activité métallurgique champenoise », Revue d'Histoire de la Sidérurgie,I, 1960, pp. 13-20 ; A. M. Couvret, « A propos des forges de Wassy aux 12e et 13e siècles », Les Cahiers haut-marnais, 1969, pp. 96-100.

29. R. Fossier, « L'activité métallurgique… » ; on emploie ici le terme « industriel » au sens où l'entend Pelet, P. L., « L'archéologie industrielle, science ou fiction ? », Revue suisse d'Histoire, 31, 1981, p. 35 Google Scholar.

30. Le pays d'Othe est géographiquement limité par quatre fleuves ou cours d'eau inter Secaam(Seine) et Yonam(Yonne) in longitudinem, et inter Vannam fluvium(la Vanne) et Ermanciam (l'Armance) in latitudinem : A.Longnon, Documents…,II, 2, p. 24. G. Gille, « L'activité métallurgique… », p. 15, note « Nous ne savons pour quelle raison deux villages (Maraye et St-Mards) en étaient exclus ». Indiquons à ce propos que Erard de Brienne, sire de Ramerupt, possédait en 1222 la plus grande partie de la seigneurie de Maraye, ainsi que celle de St- Mards, mais n'avait qu'un droit d'usage limité en forêt d'Othe ; qu'il vendit en 1227 ses biens champenois à sa cousine, Helissent de Rethel, et que ces biens n'entrèrent dans le domaine propre du comte de Champagne, puis du roi de France, qu'à la fin du xme siècle. Ces indications sont tirées de la notice consacrée à « Maraye » dans le Dictionnaire historique de la Champagne méridionale de A. Roserot.

31. Le choix de Séant (aujourd'hui Bérulle), excentrique par rapport aux centres du pouvoir du comte de Champagne ou de l'évêque de Troyes (Villemaur, Aix-en-Othe) ne peut s'interpréter que par rapport à l'histoire du peuplement ancien et du défrichement des bois.

32. Hominibus dicentibus se posse dictam petram extrahere et eam et in ea operari pro voluntate sua infra dictam vallem ullojure nobis dato, et de hoc se esse in possessione vel quasi et fuisse temporibus retroactis a tanto tempore citra cuius memoria in contrarium non extabat…; mais, en même temps, ratione dictarum libertatum et concessionum per dictum progenitorem nostrum…: H. Houzaud, La mine de Rancié…,p. 116.

33. C'est ce qu'a parfaitement démontré M. Arnoux dans le mémoire inédit cité note 11.

34. Pour ce qui est du calendrier, les forges de la comtesse se conforment à l'usage : « Pour ce qu'elles n'ouvrent point au mois daoust dedans les sermens que ma dicte dame tient et garde en ses fores d'Othe » (B 3858, f. 72 ; 3860, f. 64’) ; sur les modalités de rétribution du preneur, le receveur s'est enquis de la coutume : « Fut avisie par les gens de Madame que c'estoit le profis de ma dicte dame » (B 3856, f. 71’) ; « pour ce que c'est la coustume des forges de touz temps » (B 3856, f. 72).

35. Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes…,I, p. 453 ; G. Gille, « L'activité métallurgique… », p. 20 : les Templiers amodient au sud de Troyes en 1203 un moulin à un forgeron, qui doit entretenir les marteaux (la force hydraulique serait donc appliquée aux marteaux de la forge… si ce moulin est une forge) ; en 1249, le comte Thibaud IV possède à Nogent-sur-Seine selon Boutiot, à Bar-sur-Seine selon G. Gille, un moulin auquel on a coutume « de moudre ferremens » ; l'expression de « moudre » pourrait faire hésiter sur une mauvaise lecture (froment) du document…

36. Deux études d'ensemble utilisant des sources originales : S. Benoit « La sidérurgie du Châtillonnais après l'avènement du procédé indirect (c. 1480-c. 1570) : matériaux et hypothèses », Mines, carrières, métallurgie dans la France médiévale, Actes du colloque de Paris, juin 1980, édités par P. BenoÎT et Ph. Braunstein, Paris, 1983, pp. 77-116 ; J. F. Belhoste, « The Diffusion of the Blast Furnace Process across Western France in the 15th and 16th Centuries », Médiéval Iron in Society…

37. R. Sprandel, Das Eisengewerbe…,pp. 221-226. Le plus ancien témoignage relatif à une forge « faisant fer par eau » en France se rapporte, semble-t-il, à l'établissement de Moyeuvre en 1323 ; cf. Giixe, B., Histoire de la métallurgie, Paris, 1966, p. 32 Google Scholar, et l'édition des comptes des forges de Moyeuvre (1324-1327) par Collin, H., « Aux origines du bassin sidérurgique de Briey : les forges de la région de Moyeuvre à la fin du xnf et au début du xrve siècle », Actes du 98' congrès national des sociétés savantes (philologie et histoire jusqu'à 1610), Saint-Étienne 1973, Paris, 1975, pp. 6180 Google Scholar.

38. R. Sprandel, « Die Eisenerzeugung im märkischen Sauerland wâhrend des friihen und hohen Mittelalters », Der Marker,1980, pp. 107-114 ; M. SÔNnecken, Forschungen zur spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Eisendarstellung in Kierspe, Màrkischer Kreis. Ein Bericht zur Entwicklungsgeschichte der Eisenhùttenwesens in Westphalen,1977, p. 19 ss.

39. HÀGerman, D.-Ludwig, K.H., Europàisches Montanwesen im Hochmittelalter. Das Trienter Bergrecht 1185-1214, Cologne-Vienne, 1986, p. 19 Google Scholar.

40. Le terme figure déjà en 1157 dans la donation par le comte de Champagne à l'abbaye de Clairvaux d'une forge dans la forêt de Wassy ; cf. H. D'Arbois DE Jubainville, Histoire des ducs et des comtes de Champagne,III, 1861, p. 447.

41. Dom Taillandier, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne,II, Supplément aux preuves de l'histoire de Bretagne, mémoire du vicomte de Rohan contre le comte de Laval pour la préséance aux États en 1479,cité par B. Saunier, « Les forges de la vicomte de Rohan au xve siècle », dans Artistes, artisans et production artistique…,p. 289.

42. ADA, G 508, f. 10 ; Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes…,II, p. 100.

43. Cf. note 18.

44. ADA, G 508, f. 16’ ; G 352, f. 7.

45. B 3657, f. 63’ (1373) : « La forge qui souloit estre a Sorançon qui de nouvel est venue a Maraye… » ; 3863, f. 60 (1386) : « La grosse forge de Maraye qui et a présent a Surançon… ».

46. B 3856, f. 78’ : de la coupe du merrien dans le bois à la remise de la « forge la clef au poing » :

2. livres, alors que trois ans plus tôt, la comtesse a acheté la maison des forges de Villemaur pour

1. livres.

47. B 3868, f. 68 (1392) ; B 3871, f. 119’ (1397) : « Grosse forge nouvelle a Maraye ».

48. Ainsi, le contrat d'amodiation de la forge de Diénay en Bourgogne, appartenant à l'abbaye St-Bénigne de Dijon (1487), dont l'inventaire comporte marteau, fournage, fonderie, affinerie, six soufflets, les arbres, les roues, les écluses, sans parler du matériel et des outils.

49. Cf. notes 2 et 37.

50. Cf. R. RÙBner, « Recherches sur la réorganisation forestière en France (xne et xme siècles), Actes du 88e congrès national des sociétés savantes, Clermont-Ferrand 1963,Paris, 1966, p. 271-279 ; Girardot, A., « Forges et législation forestière : l'exemple de la forêt de Briey au début du xive siècle », Mémoires de la Société pour l'Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays bourguignons, comtois et romands, 41, 1984, pp. 159173 Google Scholar.

51. Dans le compte de recette de fer tenu par Jehan Paris pour le duc de Bourgogne en 1390- 1391, apparaissent les revenus de deux villages, tenus en fief par Gautier d'Anglure, châtelain de Villemaur, « vendus et amoisonnés a fer pour ce que es diz lieux nya chose qui appartienne audit Gauthier excepté les minières et les forges », baillés à Jehanceau le Malotier : B 3866, f. 5 ; pendant plusieurs années, le receveur de la comtesse de Flandre a acheté par acte notarié des forestages de la communauté de Palis, après contrat passé avec le mayeur de la communauté : B 3858, f. 76 (1374-1375), B 3859, f. 80’ (1376-1377), B 3860, f. 66‚ (1377-1378), et cela, afin d'assurer un complément de fourniture de minerai aux grosses forges.

52. Th. Boutiot, Les Templiers et leurs établissements dans la Champagne méridionale, Troyes, 1866.

53. ADA, G 346, f. 1, 8 et 8’ ; 347, f. 6‚ ;352, f. 7 ; 358, f. 8 ; Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes…,II, pp. 100-101. C'est parce qu'on ne trouve pas preneur pour le revenu des minerais qu'on vend les forestages à la corde (2 centiares ou m2) pour 20 sous par an en 1401, et seulement 6 sous 3 deniers en 1425.

54. Cf. A. M. Patault, Hommes et femmes de corps en Champagne méridionale à la fin du Moyen Age,1978, et cette mention d'un partage entre le roi et l'évêque de Troyes en 1375 d'un « troupeau » de 1 236 individus, issus des 549 ménages d'hommes et femmes de corps : Th. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes…,II, p. 238.

55. Sur le chantier de la Chartreuse de Pavie en 1397, cf. Ph. Braunstein, « Les salaires sur les chantiers monumentaux du Milanais à la fin du xive siècle », dans Artistes, artisans et production artistique…,pp, 123-132; sur le chantier du château du Luxembourg, Yante, J.-M., « Emploi et structures salariales sur un chantier luxembourgeois à la fin du xrve siècle », Hémecht. Revue d'Histoire luxembourgeoise, 37, 1985, pp. 493512 Google Scholar.

56. B 3856, f. 72 ; B 3858, f. 75'.

57. P. L. Pelet, « La métallurgie aux champs : le mythe de la ferme-atelier », Revue suisse d'Histoire,35, 1985, p. 162.

58. ADA, G 357, f. 8 ; G 508 a, f. 46'.

59. A. Lononon, Documents…,II, 14, p. 383 ss ; à rapprocher d'une amodiation consentie à une société de marchands parisiens, Gentien Cocatrix et associés, autorisés à produire, faire ouvrer et exporter le fer de mine des bois appartenant à l'abbaye de St-Rémy de Sens et situés à Vareilles dans la gruerie de Champagne (1311/9/V) : Archives Nationales JJ 47, nc 127, f. 87-90, dans Layettes du Trésor des Chartes,sous la direction de R. Fawtier, Paris, 1958, I, n° 1655. Mes remerciements à M. Arnoux, qui m'a signalé ce texte.

60. B 3860, f. 66'.

61. B 3859, f. 80’ ; B 3860, f. 66‚ ; B 3861, f. 59'. Ces mentions semblent indiquer que le contrôle pouvait embrasser deux exercices à la fois. Le receveur ou ses héritiers sont responsables des retards ou livraisons fractionnées en souffrance (caveatur de residud).Le 15 juillet 1379, après audition des derniers comptes, le receveur est prié d'imputer désormais le produit des ventes de fer à la recette du compte ordinaire, et les dépenses liées à chaque exercice des forges, au chapitre des dépenses générales. A la fin du compte, il devra présenter le bilan de la production de fer et des quantités vendues.

62. Les marchés sont passés à Troyes, en présence de personnes dont les noms reviennent régulièrement dans les comptes, soit comme témoins, soit comme fermiers des forges. Étant donné que les contrats, enregistrés dans un « livre des fermes » (B 3861, f. 59’) font référence à la coutume des forges, on peut voir dans les témoins des contrats des gardiens de la tradition du métier des ferons, si les exploitants de forges sont toujours recrutés en son sein, comme c'est, semble-t-il, le cas en Normandie jusqu'à l'avènement du procédé indirect.

63. B3856, f. 71 et 75'.

64. Cf. A. Th. Rendu, « La main-d'oeuvre d'une grande exploitation minière au milieu du xve siècle : la mine de Pampailly en Lyonnais, 1454-1457 », Cahiers d'Histoire,1983, pp. 59-95, p. 83 ss ; Ph. Braunstein, O. Chapelot, « Mine et métallurgie en Bourgogne à la fin du Moyen Age : première esquisse », dans Mines, carrières, métallurgie dans la France médiévale…,pp. 31- 66, 49-50.

65. Cf. les remarques suggestives sur le passage des prestations en nature au fait monétaire de Bichot, J., « Le rôle monétaire de quelques produits agricoles en Dauphiné au xrvc siècle d'après les comptes de châtellenies », dans Économies et sociétés dans le Dauphiné médiéval. Actes du 108e congrès national des sociétés savantes, Grenoble 1983, Paris, 1984, pp. 90104 Google Scholar.

66. B 3852, f. 2’ ; B 3853, f. 3.

67. ADA, G 508, f. 10.

68. B 3869, f. 98’ : « Pour ce qu'il ne la voust plus admoisonner que pour un an seulement, et li demora la dicte forge comme au plus offrant et damier enchérisseur pour ce que Ion ne puet trouver autre qui la veuille admoisonner excepté lui… ».

69. B 3863, f. 60.

70. B 3867,f. 81. La situation était différente en 1385 à la forge de Maraye, que personne ne voulut prendre à bail aussi longtemps que les héritiers du receveur Gilles Formier n'eurent pas rendu en son nom les comptes de l'exercice précédent ; les administrateurs du duc, unanimes, conseillèrent de laisser chômer la forge car « ce neust mie este le proufit de Monseigneur de la faire ouvrer a ses despens » : B 3861, f. 59'.

71. B 3856, f. 75’ ;B 3857, f. 66.

72. Les compétences du « hutman » dans Schwazer Bergbuch 1556,H. Winckelmann éd., Bochum, 1956, pp. 101-104. Pour une grande mine française, cf. A. Th. Rendu, « La maind'oeuvre… ». Dans les mêmes années 1370, c'est un prêtre, « messer Thomas Belle », appartenant à la maison épiscopale d'Aix-en-Othe, qui portait le titre de « gouverneur des forges et forêts de Mont-Erard » : ADA, G 508, f. 13. Titre plus prestigieux, qui correspond à une fonction comparable, toutes proportions gardées, à celle d'un « maître de la montagne ».

73. B 3858, f. 76 ; B 3859, f. 80'. Sa mission est ainsi décrite en 1372 : « Donner garde et estre avec les mineurs, avec les charbonniers, avec ceux qui ont admenez les mines et le charbon des bois jusque aux dites forges » : B 3856, f. 78'.

74. B 3857, f. 63'.

75. B 3858, f. 75'.

76. B 3858, f. 74.

77. Cf. J. F. Belhoste, Histoire des forges d'Allevard des origines à 1970,Grenoble, 1982, p. 55, qui utilise un rapport technique de la fin du xvie siècle.

78. La mesure de Villemaur, par une équivalence datée de 1249, se rattache aisément au setier de Troyes, mais s'applique exclusivement aux grains. Cf. Bourquelot, F., Études sur les foires de Champagne, 1876, II, pp. 8788 Google Scholar. Une synthèse récente, de R. Ed. Zupko, French Weights and Measures before Révolution,Bloomington-Londres, Ind. Univ. Press, 1978, ne cite ni le tombereau, ni le poids, ne donne de la somme que deux équivalents normands pour les grains, et se réfère pour la benée (transport du charbon, de la chaux et du minerai) à E. Baiixy, « Notice sur les anciennes mesures de Bourgogne », Mémoires de la Société d'Histoire, d'Archéologie et de Littérature de Beaune,1904, p. 250, qui ne propose aucune valeur chiffrée pour la capacité du récipient.

79. B 3856, f. 71 : « La masse de mine vaut demi tomberel ; la douzaine de mine vault six tomberelz ; le tomberel douze bichets ; la somme de fer vault six poiz ».

80. Pour l'époque moderne, cf. Houzard, G., « Les grosses forges ont-elles mangé la forêt ? », Annales de Normandie, I, 1980, pp. 245269;Google Scholar Dornic, F., « L'industrie du fer en Basse Normandie et au Perche », Recueil d'études offert en hommage au doyen M. de Botiard, I, Annales de Normandie, 1982, pp. 213228 Google Scholar.

81. B 3856, f. 78’ : « Pour deux fus de bois renforcés achetés à Troyes pour faire deux biches pour les deux forges dessus dites, 12 sous, et pour couvrir tout de fer lesdits biches marchandé à Gauthier le fèvre en tâche, à 46 sous… ».

82. Par exemple, dans le compte de recette de minerai pour la forge de Surançon, B 3856, f. 74 : « De Jehan Bodeau, deux douzaines et neuf biches de mine prises en Vauroise… de Jehan Le Bian, six tumeriaux et une mace pris en Vauroise… ».

83. B3856, f. 71.

84. B 3858, f. 74 : « Et pour ce que par plusieurs fois il fault donner aux marchans une pièce de deux de fer davantage ou il ne marchanderoient pas assez… » ; B 3860, f. 65.

85. Le compte note, jour par jour, les dépenses du receveur et de son clerc : deux jours pour aller à Château-Thierry, deux jours pour en revenir, et deux jours pour vendre le fer. C'est probablement pour caler le chargement de fer, en barres ou en « formes », que l'on achète à Troyes avant le départ des mesures (mines à vin) enfoncées entre les sommes : B 3856, f. 77, B 3857, f. 67'. En 1374, le receveur « envaisselle » 85 sommes de fer en 7 muids à mettre vin : B 3858, f. 76.

86. B 3861, f. 59’ ; 3862, f. 23 ; 3863, f. 31 . 3864, f. 53 ; 3865, f. 56‚ ; 3867, f. 81 (1392) : « A plusieurs maréchaux de Troyes, à 36 sous la somme »… Barthélémy le maréchal a rendu au moins une fois un éminent service à la comtesse : « Pour les despens d'un cheval de Madame appelé Beauvisage venu de Juilly a Troyes en sa maison pour le garir d'une maladie qu'il avoit, pour 24 jours à 4 sous 4 deniers par jour… », B 3861, f. 106'.

87. B 3864, f. 53 (1389) : 6 sommes, à 46 sous ; B 3865, f. 56’ : 4 sommes à 37 sous ; B 3871, f. 119‚ : 6 sommes, à 40 sous ; B 3873, f. 86‚ : 6 sommes à 40 sous ; B 3876, f. 56 (1403) : 6,5 sommes à 40 sous.

88. En 1386, pour la première fois, un preneur de la grosse forge de Maraye, Jehan Freley, faisait préciser dans le bail qu'il « devait avoir bois en la manière de ceux qui avoient tenu avant lui » (B 3863, f. 60) ; en 1397, Jehan Chabouillot et son associé « pourront pranre myne, charbon ou bois es demoine de Monseigneur et en grerie se les fonciers ont vendu et sera toute ladite myne et charbon conduite en ladicte forge et non autrement… » (B 3871, f. 119’). Ces préoccupations pourraient être le signe d'une inquiétude nouvelle sur l'approvisionnement en bois et charbon de bois en forêt d'Othe à l'extrême fin du xive siècle.

89. B3859, f. 79 et 79'.

90. Pour n'en citer qu'un, Felippot Bertin, témoin d'un inventaire de biens meubles à Maraye en 1368 (B 3854, f. 29), qui prend à ferme la prévôté et la moitié du four de Maraye en 1372, achète 128 arpents de bois de Troncy, tient le Buisson de la Pérère des usages de Maraye, dont le droit de Madame, prend à bail du lieutenant du gruyer la tonture et dépouille de 8 arpents du fonds des religieux de Molesmes, et le panage que la comtesse de Flandre a en ses forêts d'Othe (B 3856, f. 12, 12', 13', 15', 19', 20), achète 138 arpents en 1374 (B 3858, f. 15’).

91. B 3858, f. 74.

92. B 3863, f. 60 : « De la grosse forge de Surançon… néant, pour ce que ledict Choyn s'est absenté du pays ».

93. En Châtillonnais, marchands d'Is-sur-Tille, de Villiers-le-Duc, de Jonvelle prennent à ferme des mines, passent contrat de fourniture de fer à un marchand de Dijon, approvisionnent en fer « étranger » (othain ou espagnol) les chantiers ducaux de construction ou de réparation ; cf. Ph. Braunstein, O. Chapelot, « Mine et métallurgie en Bourgogne… », pp. 42 et 46.

94. B 3855, f. 18 (1871).

94. B 3854, f. 4.

96. B 3855, f. 48.

97. Cf. O. Chapelot, « Les ouvriers du métal en Bourgogne à la fin du Moyen Age », Pierre et métal dans le bâtiment au Moyen Age,Études réunies par O. Chapelot et P. BenoÎT, Paris, 1985, pp. 305-318.

98. Pierre ou Périnet Coquèle ou Coquelet, fèvre, originaire de Surançon, travaille au château de Juilly en 1371, (B 3855, f. 47’) ; le receveur lui « baille » deux sommes de fer pour plusieurs ouvrages au même château en 1375 (B 3858, f. 74) ; il achète 6 sommes de fer au receveur en 1378, signe qu'il a terminé sa tâche à Juilly (B 3860, f. 65) ; en 1386, il se voit « délivrer » 9 poids de fer pour faire des gonds et autres travaux au château de Juilly (B 3863, f. 60) ; en 1387, son fils Johannin lui succède à Juilly, ferre des portes, remplace des pièces de fer des moulins (B.N., F.F. 4490, f. 98) ; en 1388, il refait les grilles de l'étang (B 3864, f. 97) ; en 1392, Johannin travaille à nouveau aux huit grilles de l'étang, et remplace les traverses métalliques du pont-levis (B 3868, f. 68) ; en 1395, installé à Juilly avec son fils Perrin, il achète trois sommes de fer au receveur (B 3869, f. 98’).

99. Sur les 34 sommes produites en 1388-1389, Barthélémy le maréchal de Troyes en achète 18 ; le reste est vendu à raison de quelques sommes à des fèvres de Troyes et des villages environnants ; sur les 30 sommes de 1389-1390,12 vont à Barthélémy le maréchal, et le reste se disperse à nouveau (B 3864, f. 53, et B 3864, f. 56’).

100. B 3861, f. 102', B 3863, f. 89.

101. B3855, f. 48'.

102. C'est le but que s'est assigné F. Piponnier à partir de l'analyse de centaines d'inventaires après décès bourguignons du dernier tiers du xrve et du début du xve siècle ; de premiers résultats ont été présentés à la 18e Semaine d'Étude de Prato (1986), sous le titre « Les métaux et leurs emplois d'après les inventaires mobiliers (Bourgogne, xrve-xve siècles) ». Un seul inventaire du meuble figure dans la comptabilité du receveur de Champagne pour l'année 1368 ; il relève dans la demeure d'un habitant de Maraye « un petit pot de métal », « une petite poêle à queue », « un bacin », « un mortier, un pestaul (pilon), une hache, une cognée », « moult viez » et deux tarières. Encore faudrait-il connaître le métal employé pour ces différents objets, même si le fer peut paraître a priori l'emporter en pays d'Othe (B 3854, f. 29).