Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Entre la fin du XVIIe et le milieu du XIXe siècle, les problèmes de subsistances sont une cause fréquente d'agitation populaire en Europe occidentale. La recherche récente s'est attachée à décrire ces événements et en a analysé non sans force les relations avec les réalités politiques et économiques du temps. On connaît moins les types de conflits extrêmement semblables dont la Chine a été le théâtre à la fin de l'ère impériale. En Chine aussi l'on voit des manifestations se former pour exiger des baisses de prix, pour empêcher des chargements de grains de quitter la région, ou pour s'emparer de force des grains dissimulés dans des entrepôts. Il n'y a pas lieu de s'étonner que, dans un cas comme dans l'autre, ces conflits aient souvent éclaté quand de mauvaises récoltes réduisaient les disponibilités alimentaires. Tel est le cas entre 1771 et 1773, dans plusieurs régions de France, l'échec des récoltes provoquant des émeutes de subsistances et marquant le début d'une crise économique générale, qu'un fonctionnaire du Languedoc caractérisera par ces mots : « ni travail, ni pain ».
Two centuries ago, conflicts over the food supply—demands for cheaper grain or bread, blockages of supplies leaving local areas, and seizures of hoarded foodstuffs—broke out in China and Western Europe. These violent events, food riots, shared certain traits ; more over, some of the conditions making them frequent forms of collective action were much the same. The striking similarities lead us to expect a common explanation for the occurrence of food riots. But locating food riots within two quite different political economies of food supplies suggests, on the contrary, distinct sets of reasons for food riots erupting in these two parts of the world. The food riot, therefore, serves as a lens through which parallel and divergent features of China and Western Europe in the 18th century come into focus.
Je tiens à remercier Timothy Brook. Andrew Charlesworth, Barbara Congelosi, Charles Tilly et Louise Tilly pour les critiques pertinentes et les commentaires utiles que leur ont inspiré les premières versions de cet article. Je n'ai malheureusement toujours pu (ni parfois voulu) incorporer toutes leurs suggestions.
1. Les Émeutes de subsistances en Angleterre et en France sont au centre des Études de George Rude sur la contestation populaire. Voir The Crowd in History, 1730-1848, New York, Wiley, 1964 ; et Paris and London in the I8th Cenlury, Londres, Fontana/Collins, 1974. Elles tiennent aussi une grande place dans Charles Tilly, « Food Supply and Public Order in Modem Europe », dans Ch. Tilly Éd., The Formation of National States in Western Europe, Princeton, Princeton Univ. Press, 1975. Pour l'Angleterre, E. P. Thompson aborde le problème avec passion dans «The Moral Economy of the English Crowd in the Eighteenth Century ». Past and Présent, n° 50. pp. 76-136. Pour la France, voir l'importante contribution de Louise Tilly, « La révolte frumentaire, forme de conflit politique », Annales ESC., n° 3, 1972, pp. 731-757. Les Études en langues occidentales sur les Émeutes chinoises sont plus rares ; je reprends ici en partie l'analyse présentée dans mon article : « Food Riots in the Qing Dynasty », Journal ofAsian Studies, XLL n° 4. pp. 767-788.
2. Cité par Kapian, Steven L., Bread, Politics and Political Economy in the Reign of Louis XV, La Haye. Martinus Nijhoff. 1976, vol. 2. p. 565.Google Scholar
3. Zhongguo renmin daxue Qingshi yanjiusuo, et Dang'anxi Zhongguo zhengzhi zhidushi jiaoyanshi (Institut de recherche sur l'histoire des Qing. Université du peuple chinois) Éds, Kangyongqian shiqi chengxiang renmin fankang douzheng ziliao (Matériaux sur les révoltes et les luttes populaires sous les règnes Kangxi, Yongzheng et Qianlong), p. 289 (ci-après KYQ).
4. Rude. Paris and London, p. 23. Les années de récoltes exceptionnellement bonnes ou mauvaises sont souvent mentionnées dans les monographies locales chinoises ; mais celles-ci n'indiquent pas qu'il y ait eu des Émeutes chaque fois que la récolte Était en dessous de la moyenne.
5. Cité par Kapian, op. cit., p. 208. n. 99.
6. Wong, op. cit., pp. 772-774.
7. L'étude fondamentale sur le commerce céréalier au xic siècle se trouve dans Shiba Yoshinobu, Sôdai shôgyôshi kenkyû (Recherches sur le commerce à l'époque des Song), Tokyo, Kazama Shobo, 1968, pp. 142-185 ; traduction anglaise résumée par Mark Elvin, Commerce and Society in Sung China, Ann Arbor, University of Michigan Center for Chinese Studies, 1970, pp. 50-80. Pour le commerce céréalier dans le Nord-Ouest entre le xvc et le xviie siècle, voir Terada Takanobu, Sansei shônin no kenkyû (Recherches sur les marchands du Shanxi), Kyoto. Dôhôsha, 1972, pp. 120-179. L'importance des exportations de riz depuis le Hunan jusque dans le bas Yangzi au XVIIIe siècle a Été analysée par Shigeta Atsushi, Shindai shakai keizai shi kenkyû (Recherches sur l'histoire sociale et Économique de la dynastie des Qing), Tokyo, Iwanami, 1975, pp. 1-65.
8. Pour une analyse du commerce des grains dans la première moitié du xxe siècle, voir Amano Motonosuke, Chûgoku nôgyô no sho mondai (Quelques problèmes de l'agriculture chinoise), Tokyo, Gipôtô, 1953, vol. 2, pp. 217-251. Bien que les ventes à prix réduits et les prêts consentis par les greniers locaux ou les individus riches fussent probablement moins répandus à cette Époque qu'aux siècles antérieurs, l'idée d'entreposer des grains pour aider les paysans pauvres pendant les pénuries saisonnières ou les années de mauvaises récoltes continuait d'avoir des défenseurs. Les efforts de l'état pour constituer des stocks, entre 1934 et 1936, sont examinés province par province dans Neizhengbu Tongjichu Éd., Cangchu tongji (Statistiques sur les réserves des greniers), 1938.
9. Pour un exposé récent, et par un historien Éminent, du développement des cultures commerciales et de l'artisanat, voir Li Wenzhl « Lun Zhongguo dizhu jingjizhi yu nongye zibenzhuyi mengya » (L'économie de la propriété foncière en Chine et les bourgeons du capitalisme dans l'agriculture). Zhongguo shehui kexue, n° 7, 1981, pp. 143-160. Traduction anglaise par Yang Dading dans Social Sciences in China, 1981, I, pp. 68-89.
10. Han-sheng Chuan et Richard Kraus ont noté la contraction apparente du volume des grains descendant le Yangzi entre le début du xvuic et le début du xxc siècle. Voir Mid-Ch “tng Rice Markets and Trade, Cambridge, Harvard University Press, 1975, pp. 77-78. G. William Skinner suggère l'accroissement démographique au Sichuan, au Hubei et au Hunan comme explication du volume décroissant des exportations vers le bas Yangzi entre les années 1720 et 1840. Voir G. William Skinner Éd., The City in Late Impérial China, Stanford, Stanford University Press, 1977, p. 713, n. 30. La capacité décroissante du Guangxi à approvisionner le Guangdong apparaît clairement dans deux rapports dus au gouverneur général de ces deux provinces (Li Hongbin) et à leurs gouverneurs respectifs (Su Cheng'e et Lu Shen), présentés au trône en 1830. Ces rapports se trouvent sous la catégorie « caizheng : cangchu » (Affaires fiscales : stocks des greniers) des « rapports avec rescrit vermillon » (zhupi) conservés aux Archives historiques n° I, à Pékin, et sont datés de Daoguang 10.9.20 et 10.9.21. Pour l'exemple de Qiyang, voir Yongzhou fuzhi, 1867, 5.16b.
11. L'influence des résultats relatifs des récoltes sur le commerce céréalier est examinée au début d'un texte de Yang Xifu, daté de 1748. intitulé « Chenming migui zhi youshu » (Rapport sur les causes de la cherté du riz), Huangchao jingshi wenbian, 39.21a-25b.
12. Deux recueils de documents nous renseignent commodément sur les Émeutes de subsistances survenues à travers la plus grande partie de la Chine : KYQ, vol. 1, pp. 281-309 et vol. 2, pp. 562-593 ; et Wenzhi, Li Éd., Zhongguo jindai nongyeshi ziliao (Matériaux sur l'histoire de l'agriculture chinoise à l'époque moderne), Beijing, Sanlian, 1955, vol. 1, pp. 973–984.Google Scholar
13. Pour une excellente analyse de la famine en Chine et de l'aide dispensée par l'état, voir Pierre-Etienne Wn.l, Bureaucratie et famine en Chine au XVIIIe siècle, Paris, Mouton, E.H.E.S.S., 1980.
14. Chenh ongmou, Peiyuantang oucungao (Fragments manuscrits de la Salle Peiyuan), 1763, 15.20b-2la.
15. KYQ, p. 295.
16. Ainsi des marchands quittant Canton dans le courant de l'été 1741 se virent-ils bloqués par la foule, qui exigeait que les grains restent à l'intérieur de la ville. De même, le trafic entre le Guangxi et le Guangdong est bloqué en plusieurs points du parcours pendant l'été 1742 par des gens qui espéraient acheter ou emprunter les grains en train d'être exportés.
17. Les courtiers qui approvisionnaient les marchands itinérants à Canton, pendant l'été 1741, sont eux aussi attaqués ;en 1751, cinq magasins de riz dans le district de Xiamen. au Fujian, se voient dévalisés de force ; voir KYQ, pp. 307-308, 587-588.
18. Yongzheng zhupi yuzhi (Rescrits vermillon et décrets de l'empereur Yongzheng), 1738, 2.5.64. 19. Pour quelques exemples d'étiquettes appliquées aux Émeutiers, voir KYQ, pp. 281, 284, 285, 294, 299.
20. Ces priorités se traduisent dans les politiques de stockage de l'état ; sur ces dernières, voir W. Plow, State Granaries and Food Supply in Qing China, Édité par James LEE, Pierre-Etienne Will et R. Bin Wong, avec des contributions de Jean C. Oi et Peter C. Perdue, Ann Arbor, University of Michigan, Center for Chinese Studies (à paraître).
21. Han-sheng Chuan et Richard Kraus, op. cit., pp. 1-16. Endymion WU.Kinson, « The Nature of Chinese Grain Price Quotations 1600-1900 », Transactions of the International Conférence of Orientalists in Japan, 14, pp. 54-65.
22. Will, op. cit., pp. 187-194.
23. Wong, op. cit., p. 769.
24. Wong, ibid., pp. 768-769. Analyse détaillée dans W. Piow, op. cit.
25. Par exemple, à Yanshi(Henan), 70 à 80 personnes se rassemblent pour emprunter du grain à un grenier, alors que celui-ci en a déjà prêté en grande quantité pendant le printemps 1747. On les disperse, mais une foule de 150 à 160 manifestants se reforme aussitôt et s'introduit de force dans la résidence officielle pour réclamer des prêts. De même, quand les fonctionnaires du district de Xiangxiang. au Hunan, estiment qu'assez de grains ont Été vendus à prix réduits pour le printemps1752, il y a des gens pour en réclamer davantage. Après une journée de vente supplémentaire, on décide d'arrêter ceux qui continuent de réclamer. Voir KYQ, pp. 567-570.
26. Pour une analyse plus détaillée des trois sphères de circulation céréalière en Chine, voir Wonc, op. cit.
27. Charles Tilly, op. cil.
28. Gras, N. S. B., The Evolution of the English Corn Market from the Twelfth Century to the Eighteenth Century, Cambridge, Harvard Univ. Press, 1915;Google Scholar voir le tableau, p. 200.
29. Alan Everitt, « The Marketing of Agricultural Produce », dans Joan Thirsk Éd., The Agrarian History of England and Wales IV 1540-1640, pp. 466-592, en particulier les pages 516, 530, 531. 549, 566, 567.
30. Gras, op. cit., p. 157 ; Everitt, op. cit., pp. 507, 524.
31. Ibid., p. 564.
32. Ibid., p. 568.
33. Usher, A. P., History ofthe Grain Trade in France, Cambridge, Harvard Univ. Press, 1913, pp. 37–38.Google Scholar
34. Ibid., pp. 39-40.
35. Pour la dépression agricole en Europe du milieu du xviie au milieu du xviiie siècle, voir Wilhelm Abel, Agricultural Fluctuations in Europe from the Thirteenlh to the Twentieth Centuries (trad. Olivier Ordish), Londres, Methuen, 1980. pp. 158-193. Peut-être George Rude se trompe-t-il lorsqu'il affirme (Paris and London, p. 24) que les Émeutes de subsistances en Angleterre commencent peu après que le Parlement ait passé la première Corn Law (loi sur les blés) en 1660. Les Émeutes qui ont lieu entre 1595 et 1598, décrites par R. B. Outhwaite et Andrew Appleby, semblent bien mériter l'étiquette d’ « Émeutes de subsistances ». bien qu'aucun de ces deux auteurs ne se réfère aux travaux de Rude ou de Thompson sur les Émeutes de subsistances en Angleterre. Voir R. B. Outhwaite, « Food Crises in Early Modem England : Patterns of Public Response ». dans Michael Flinn Éd., Proceedings of the Seventh International Economie History Congress, Edinburgh Univ. Press, 1978, vol. 2, pp. 367-374 : Andrew Appleby, Famine in Tudor andStuart England, Stanford Univ. Press. 1978, pp. 142-143.
36. Everitt, op. cit., p. 586.
37. Thompson, op. cit., p. 136.
38. Louise Tilly, op. cit.
39. Kapian, op. cit., vol. 2, pp. 682-687.
40. Appleby, Andrew, «Grain Priées and Subsistence Crises in England and France, 1590- 1740 », Journal of Economie History, XXIX, n° 4. pp. 864–887.Google Scholar
41. Thompson, op. cit., p. 133.
42. ROY Ladurie, Emmanuel LE, Les paysans du Languedoc, Paris, Mouton. 1966, vol. I. pp. 320–326.Google Scholar
43. Thompson, op. cit., pp. 78-79.
44. George Rude, Paris and London, pp. 23-24.
45. Lefebvre, Georges, Lu grande peur de 1789, Paris, Armand Colin, 1970, pp. 27–28.Google Scholar
46. Fu Yiling, « Ming-Qing shidai Fujian de qiangmi fengehao » (Les Émeutes de subsistances au Fujian pendant la période Ming-Qing), Fujian wenhua, I, 2, pp. 7-13. Shigeta Atsushi, op. cit., pp. 45-48 ; Kojima Shinji, « Taihei tenkoku to nômin (Le Royaume céleste des Taiping et les paysans), Shichà (Journal de l'histoire), n° 96, pp. 1-30, et n° 97, pp. 85-102.
47. Dans la périodisation marxiste chinoise, la période qui suit la première guerre de l'opium est caractérisée comme «semi-coloniale et semi-féodale" (ban zhimindi ban fengjian shehui); les spécialistes ont estimé différemment l'importance relative de chacune de ces « moitiés » dans leur façon d'expliquer les développements sociaux et Économiques aux xixe et xxe siècles. Certains auteurs japonais qui, dans les années 1950 et 1960, adoptaient dans leurs travaux une périodisation semblable, ont Évolué dans le sens d'une prise en considération des « caractères spécifiques » (tokuchô) de la société chinoise à l'époque des Ming et des Qing pour expliquer les expériences divergentes de la Chine et de l'Occident ; les traits distinctifs habituellement examinés touchent à lastructure sociale et à l'organisation politique. Les chercheurs occidentaux ont Été moins nombreux à mettre explicitement en parallèle les développements historiques intervenus dans ces deux parties du monde ; ceux qui l'ont fait se divisent grosso modo en deux groupes : d'une part ceux qui mettent l'accent sur l'intégration de la Chine à un « système mondial », et d'autre part ceux qui Étudient les caractéristiques de la société traditionnelle à la lumière des conditions nécessaires à la « modernisation ». Dans la mesure où les Émeutes de subsistances en Chine sont un phénomène antérieur à toute présence occidentale significative, ma comparaison se concentre sur les structures et les procès caractérisant les développements européens et chinois avant que l'approche « mondiale » n'offre un cadre possible d'analyse. J'ai délibérément Évité les catégories de « modernisation », de « société traditionnelle » et de « féodalisme », dont je doute qu'aucune soit utile au type de comparaison que je tente.
48. Yang Xifu, gouverneur du Hunan en 1748, explique la chose en ces termes : « Quand les riches apportent leurs grains sur le marché, ils en veulent un bon prix. Ils refusent de vendre bon marché. Il est en leur pouvoir de contrôler le prix des grains. » Voir Yang Xifu, op. cit.
49. La rotation des fonctionnaires d'une province à l'autre (à l'exclusion de leur province d'origine) limitait le risque de les voir défendre les intérêts locaux aux dépens des priorités définies par le gouvernement central ; pour l'opposition manifestée par le gouvernement central aux restrictions apportées à la circulation des grains par les fonctionnaires du bas de la hiérarchie, voir Lang Qingxiao, Zhongguo minshi shi (Histoire de l'alimentation en Chine), Shanghai, Commercial Press, 1937, pp. 171-173.
50. L'intervention plus grande de l'état chinois en matière d'approvisionnements ressort d'une comparaison rapide des politiques de secours en Chine et en Europe occidentale. Voir R. Bin Wong et Peter C. Perdue, « Famine's Fœs in Ch'ing China », Harvard Journal ofAsiatic Studies (à paraître).
51. Yongzheng zhupi yuzhi, 1.3.36.
52. Les problèmes posés par le tribut en grains au xixe siècle sont traités par Susan Mann Jones et Philip A. Kuhn, « Dynastie Décline and the Roots of Rébellion », dans Fairbank, John K. Éd., The Cambridge History of China, vol. 10, part. 1, pp. 107–162 Google Scholar, et Hinton, Harold, The Grain Tribute System of China (1845-1911), Cambridge, Harvard Univ. Press, 1956.Google Scholar Les difficultés rencontrées par le système de greniers locaux à la même Époque, y compris les effets des réquisitions en grains pour l'armée, sont analysés par W. Plow, op. cit. L'incapacité du gouvernement central à gérer avec quelque efficacité le mouvement des grains à la fin du xixe et au début du xxc siècle apparaît clairement à l'occasion de l'émeute de subsistances de Changsha (Hunan) en 1910. Voir Wong, op. cit., pp. 781-782.
53. Sur les mutations spatiales dans la production céréalière en Europe, voir Wallerstein, Immanuel, The Modem World-System II : Mercantilism and the Consolidation of the European World-Economy, 1600-1750, New York, Académie Press, 1980, pp. 82–83.Google Scholar
54. Les fonctionnaires qui gouvernaient des provinces à gros surplus s'inquiétaient vite lorsque des marchands ou des fonctionnaires venaient d'autres provinces pour acheter des grains. Quant à ceux qui servaient dans les provinces régulièrement nourries par les importations de grains, ils ne juraient que par les vertus du négoce. Pour des exemples du premier type d'attitude, voir Wong, op. cit. ; pour un exemple de l'attitude inverse, voir Chen Zhaolun, « Jin tun wu yi mi gui shu «(Rapport sur la cherté du riz et sur l'inutilité des interdictions contre le stockage), Huangchao jingshi wenbian, 40.18.
55. Hirschman, Albert O., The Passions and the Interests : Political Arguments for Capitalism before ils Triumph, Princeton, Princeton Univ. Press, 1977.Google Scholar
56. Les historiens de la Chine n'ont pas produit d'œuvre comparable aux travaux sur la pensée Économique européenne. Pour la dynastie des Qing, le problème est abordé dans des travaux plus généraux, tels que Zhou Jinsheng, Zhongguo jingji sixiang shi (Histoire de la pensée Économique chinoise), Taibei, vol. 3 ; Hu Jichuang, Zhongguo jingji sixiang shi jianbian (Brève histoire de la pensée Économique chinoise), Beijing, Zhongguo shehui kexue, 1981, pp. 408-448 ; Shichang, Ye, Zhongguo jingji sixiang jianshi (Brève histoire de la pensée Économique chinoise), Shanghai, Renmin, 1980, vol. 2, pp. 1–77.Google Scholar
57. Wong, op. cit., pp. 781 -782 ; sur la réaction de Mao à une Émeute de subsistances qui avait bloqué un chargement appartenant à son père, voir Snow, Edgar, Red Star Over China, New York, Grove Press, 1968, p. 136.Google Scholar