Hostname: page-component-cd9895bd7-gbm5v Total loading time: 0 Render date: 2024-12-23T11:08:10.236Z Has data issue: false hasContentIssue false

Le simple corps de la cité

Les esclaves publicset la question de l’État grec

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Paulin Ismard*
Affiliation:
Université Paris 1 Panthéon SorbonneUMR 8210 ANHIMA

Résumé

L’esclavage public était une institution commune à la majorité des cités grecques de l’époque classique et hellénistique. Qu’ils travaillent sur les grands chantiers de la cité, constituent les « petites mains » de son administration civique ou composent l’essentiel de ses forces armées permanentes (les célèbres archers scythes athéniens), les esclaves publics furent d’une certaine façon les premiers fonctionnaires du monde des cités. En ce sens, leur étude offre un éclairage inédit de la controverse portant sur la nature plus ou moins étatique de la polis grecque. La démocratie, du moins telle que la concevait les Athéniens de l’époque classique, impliquait en effet que l’ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens et non dans un quelconque appareil d’État. La décision de reléguer à des esclaves les tâches relevant de l’administration civique peut dès lors être appréhendée, selon les termes de l’anthropologie de Pierre Clastres, comme une « résistance » de la société civique à l’émergence d’un véritable appareil d’État.

Abstract

Abstract

Public slavery was an institution common to most Greek cities during the classical and Hellenistic periods. Whether they worked on the city's major construction sites, performed minor duties in its civic administration or filled the ranks of its police force (the famous Scythian archers of classical Athens), public slaves may be said to have constituted the first public servants known to Greek cities. Studying them from this perspective can shed new light on the long-running but still lively debate about the degree to which the polis functioned as a state. Direct democracy, in the classical Athenian sense, implied that all political prerogatives be held by the citizens themselves, and not by any kind of state apparatus. The decision to delegate administrative tasks to slaves can thus be understood as a “resistance” (as defined by the French anthropologist Pierre Clastres) on the part of the civic society to the development of a such a state apparatus.

Type
Redéfinir la cité
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2014

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

Footnotes

*

Cet article présente une partie d’un travail portant sur les esclaves publics des cités grecques aux époques classique et hellénistique. L’ouvrage qui en résulte doit paraître en 2015 aux éditions du Seuil. Tous mes remerciements vont à Vincent Azoulay pour sa précieuse relecture. Sauf indications contraires, les textes grecs sont cités dans la Collection des universités de France, Paris, Les Belles Lettres.

References

1 Rosanvallon, Pierre, L’État en France de 1789 à nos jours, Paris, Éd. du Seuil, 1990, p. 916.Google Scholar

2 Sur la conjoncture intellectuelle et politique paradoxale de ce retour à l’État, voir Guery, Alain, « L’historien, la crise et l’État », Annales HSS, 522, 1997, p. 233256.CrossRefGoogle Scholar

3 Fridenson, Patrick, « Pour une histoire de l’État contemporain comme organisation », Les Cahiers du Centre de recherches historiques, 25, 2000,Google Scholar http://ccrh.revues.org/1832.

4 Douki, Caroline, Feldman, David et Rosental, Paul-André, « Pour une histoire relationnelle du ministère du Travail en France, en Italie et au Royaume-Uni dans l’entre-deux-guerres : le transnational, le bilatéral et l’interministériel en matière de politique migratoire », in Chatriot, A., Join-Lambert, O. et Viet, V. (dir.), Les politiques du travail (1906 2006). Acteurs, institutions, réseaux, Rennes, PUR, 2006, p. 143159.Google Scholar

5 Sur la notion de cité-État et ses limites heuristiques, voir Glassner, Jacques, «Du bon usage du concept de cité-État ? », Journal des africanistes, 741/2, 2004, p. 3548.Google Scholar

6 Pour une approche synthétique de ce travail collectif, outre le travail d’inventaire que constitue l’ouvrage de Hansen, Mogens H. et Nielsen, Thomas H. (dir.), An Inventory of Archaic and Classical Poleis, Oxford, Oxford University Press, 2004,Google Scholar voir Hansen, Mogens H., « 95 Theses about the Greek Polis in the Archaic and Classical Periods: A Report on the Results Obtained by the Copenhagen Polis Centre in the Period 1993-2003 », Historia 523, 2003, p. 257282 Google Scholar et Id., Polis et cité-État. Un concept antique et son équivalent moderne, trad. par A. Hasnaoui, Paris, Les Belles Lettres, [1998] 2001. Pour une présentation critique, voir FRÖhlich, Pierre, « L’inventaire du monde des cités grecques. Une somme, une méthode et une conception de l’histoire », Revue historique, 6553, 2010, p. 637677.CrossRefGoogle Scholar

7 M. H.Hansen, Polis et cité-État…, op. cit., p. 108.

8 Ibid., p. 132-133.

9 Berent, Moshe, « Anthropology and the Classics: War, Violence and Stateless Polis », The Classical Quarterly, 501, 2000, p. 257289 ;CrossRefGoogle Scholar Id., « In Search of the Greek State: Rejoinder to M. H. Hansen », Polis: The Journal of the Society for Greek Political Thought, 21-1/2, 2004, p. 107-146.

10 Ismard, Paulin, La cité des réseaux. Athènes et ses associations, VIe-Ier siècles av. J.-C, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010,Google Scholar dans le prolongement des travaux de François de Polignac, notamment « Repenser la ‘cité’ ? Rituels et société en Grèce archaïque », in Hansen, M. H. et Raaflaub, K. (dir.), Studies in the Ancient Greek Polis, Stuttgart, F. Steiner, 1995, p. 719,Google Scholar et de Schmitt Pantel, Pauline, La cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, École française de Rome, 1992.Google Scholar

11 Voir les travaux de Pierre FRÖhlich, notamment Les cités grecques et le contrôle des magistrats (IVe-Ier s. av. J.-C.), Genève, Droz, 2004, et ceux de Rubinstein, Lene, parmi lesquels « Individual and Collective Liabilities of Boards of Officials in the Late Classical and Early Hellenistic Period », in Legras, B. et ThÜr, G. (dir.), Symposion 2011. Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Vienne, Verlag der österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2013, p. 329354.Google Scholar

12 Voir la célèbre définition de Weber, Max, Économie et société, trad. par Freund, J. et al., Paris, Plon, [1921] 1971, p. 97 :Google Scholar « Nous entendons par État une ‘entreprise politique de caractère institutionnel’ lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte légitime. » Or la réflexion de M. Berent est minée par une lecture contestable de M. Weber : ce dernier n’insiste pas sur le monopole effectif mais sur le monopole légitime (Monopollegitimen) – et donc légal – de l’usage de la violence puisque l’État moderne « se caractérise […] par le fait qu’il n’existe de nos jours de violence ‘légitime’ que dans la mesure où l’ordre étatique la permet ou la prescrit ». Tel est bien le cas dans la cité grecque, au sein de laquelle c’est la communauté civique qui dispose en dernière instance d’un pouvoir de contrainte supérieur à celui que peut exercer de facto toute subdivision civique.

13 J’emprunte l’expression à Thomas, Yan, « L’institution civile de la cité », Le Débat, 742, 1993, p. 2344.CrossRefGoogle Scholar À ce titre, Anderson, Greg, « The Personality of the Greek State », Journal of Hellenic Studies, 129, 2009, p. 122,CrossRefGoogle Scholar s’il revendique une categorical kinship entre l’État moderne et la cité grecque, n’examine pas le statut de la cité en droit. Que le dèmos soit une des métaphores de la polis dans son unité ne dit rien de son existence en tant que sujet juridique. Comme l’a montré Y. Thomas, il est par ailleurs capital que les institutions de la cité ne soient pas conçues comme différents « organes » susceptibles de se référer en dernière instance à un État conçu comme une unité les subsumant.

14 Faraguna, Michele, « A proposito degli archivi nel mondo greco : terra e registrazioni fondiarie », Chiron. Mitteilungen der Kommission für Alte Geschichte und Epigraphik des Deutschen Archäologischen Instituts, 30, 2000, p. 65115;Google Scholar Id., « Scrittura e amministrazione nelle città greche : gli archivi pubblici », Quaderni urbinati di cultura classica, 80-2, 2005, p. 61-86 ; PÉbarthe, Christophe, Cité, démocratie et écriture. Histoire de l’alphabétisation d’Athènes à l’époque classique, Paris, De Boccard, 2006;Google Scholar Id., «Les archives de la cité de raison. Démocratie athénienne et pratiques documentaires à l’époque classique », in M. Faraguna (dir.), Archives and Archival Documents in Ancient Societies: Legal Documents in Ancient Societies IV, Trieste, Edizioni Università di Trieste, 2013, p. 107-125.

15 A. GuÉry, « L’historien, la crise… », art. cit., p. 250.

16 P. FRÖhlich, « L’inventaire du monde des cités… », art. cit., p. 670. Cette différence capitale conduisait d’ailleurs Moses FINLEY à décrire la cité comme un État de type non bureaucratique dans L’invention de la politique. Démocratie et politique en Grèce et dans la Rome républicaine, trad. par J. Carlier, Paris, Flammarion, [1983] 1985, p. 30-31.

17 Platon, Le Politique, 290a.

18 Pour une première approche, voir Ismard, Paulin, « Les esclaves publics des cités grecques : qu’est-ce qu’un statut personnel ? », Epetêris tou kentrou ereunês tês istorias tou ellênikou dikaiou, 43, 2011, p. 2741.Google Scholar

19 L’ouvrage d’Oscar Jacob, Les esclaves publics à Athènes, Liège/Paris, H. Vaillant- Carmanne/E. Champion, 1928, qui constitue la seule étude synthétique sur les dèmosioi, demeure, par son érudition, une référence irremplaçable. En dépit de toutes ses qualités, il présente néanmoins deux lacunes. La première est triviale : il va de soi que, depuis 1928, la documentation sur le sujet s’est amplement renouvelée aussi bien grâce à la découverte de nouvelles inscriptions que par la relecture de sources littéraires et épigraphiques bien connues. La seconde, plus décisive, tient à la démarche d’ensemble qui présidait au travail d’O. Jacob. Celui-ci concentrait son propos sur l’Athènes de l’époque classique, en allant même jusqu’à ignorer la Délos hellénistique sous contrôle athénien. Surtout, l’historien n’a guère tenté d’éclairer de manière générale l’étrange dispositif qui expliquerait pourquoi les Athéniens en vinrent à confier ces tâches à des esclaves. Sur les esclaves publics à l’époque impériale, voir Weiss, Alexander, Sklave der Stadt. Untersuchungen zur öffentlichen Sklaverei in den Städten des römischen Reiches, Stuttgart, F. Steiner, 2004.Google Scholar

20 Au sein du champ africaniste, voir Meillassoux, Claude (éd.), L’esclavage en Afrique précoloniale, Paris, F. Maspero, 1975 ;Google Scholar Kopytoff, Igor et Miers, Suzanne (éd.), Slavery in Africa: Historical and Anthropological Perspectives, Madison, University of Wisconsin Press, 1977 ;Google Scholar Willis, John R. (éd.), Slaves and Slavery in Muslim Africa, Londres, F. Cass, 1985 ;Google Scholar Miura, Tora et Philips, John E. (dir.), Slave Elites in the Middle East and Africa: A Comparative Study, Londres, Kegan Paul International, 2000 ;Google Scholar Beswick, Stephanie et Spaulding, Jay (éd.), African Systems of Slavery, Trenton, Africa World Press, 2010 ;Google Scholar Lovejoy, Paul E., Transformations in Slavery: A History of Slavery in Africa, Cambridge, Cambridge University Press, [1983] 2011.CrossRefGoogle Scholar Chez les spécialistes de l’Asie du Sud-Est, voir Reid, Anthony (éd.), Slavery, Bondage, and Dependency in Southeast Asia, St. Lucia, University of Queensland Press, 1983 ;Google Scholar Condominas, Georges (dir.), Formes extrêmes de dépendance. Contributions à l’étude de l’esclavage en Asie du Sud-Est, Paris, Éd. de l’EHESS, 1998 ;Google Scholar Chatterjee, Indrani et Eaton, Richard M. (éd.), Slavery and South Asian History, Bloomington, Indiana University Press, 2006.Google Scholar Dans une perspective généraliste, voir Patterson, Orlando, Slavery and Social Death: A Comparative Study, Cambridge, Harvard University Press, 1982 ;Google Scholar Meillassoux, Claude, Anthropologie de l’esclavage. Le ventre de fer et d’argent, Paris, PUF, 1986 ;Google Scholar Testart, Alain, L’esclave, la dette et le pouvoir. Études de sociologie comparative, Paris, Éd. Errance, 2001.Google Scholar Il faut enfin mentionner deux contributions décisives pour l’étude de l’esclavage public ou royal : Stilwell, Sean A., Paradoxes of Power: The Kano « Mamluks » and Male Royal Slavery in the Sokoto Caliphate, 1804-1903, Portsmouth, Heinemann, 2004 ;Google Scholar M’ Oualdi, hamed, Esclaves et maîtres. Les Mamelouks des beys de Tunis du XVIIe siècle aux années 1880, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011.Google Scholar

21 Voir, en partant de la pratique de la mort d’accompagnement, Alain Testart, La servitude volontaire, t. 1, Les morts d’accompagnement, t. 2, L’origine de l’État, Paris, Éd. Errance, 2004.

22 Voir notamment le processus décrit au sujet de l’histoire du califat de Sokoto (nord du Nigéria) au XIXe siècle par S. Stilwell, Paradoxes of Power…, op. cit., p. 117-166.

23 C.Meillassoux, Anthropologie de l’esclavage…, op. cit., p. 187. Le cas des mamelouks des beys de Tunis, étudié par M. Oualdi, Esclaves et maîtres…, op. cit., montre cependant que l’extension de l’autorité du souverain et sa privatisation, au profit de ses serviteurs, peuvent aller de pair.

24 Voir néanmoins, dans le champ de l’esclavage romain, Scheidel, Walter, «The Comparative Economics of Slavery in the Greco-Roman World », in Dal Lago, E. et Katsari, C. (éd.), Slave Systems: Ancient and Modern, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, p. 105126.Google Scholar

25 Finley, Moses I., Esclavage antique et idéologie moderne, trad. par Fourgous, D., Paris, Éd. de Minuit, [1980] 1981, p. 11,Google Scholar dont le point de vue est repris dans la synthèse de Fisher, Nicolas R. E., Slavery in Classical Greece, Bristol, Bristol Classical Press, 1993, p. 34.Google Scholar

26 À titre d’exemple dans l’historiographie récente : Kleijwegt, Marc (éd.), The Faces of Freedom: The Manumission and Emancipation of Slaves in Old World and New World Slavery, Leyde, Brill, 2006 ;Google Scholar E. Dal Lago et C. Katsari (éd.), Slave Systems…, op. cit. ; Geary, Dick et Vlassopoulos, Kostas (éd.), no spécial « Slavery, Citizenship and the State in Classical Antiquity and the Modern Americas », European Review of History, 163, 2009 ;Google Scholar Hodkinson, Stephen et Geary, Dick (éd.), Slaves and Religions in Graeco- Roman Antiquity and Modern Brazil, Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2012 ;Google Scholar Gonzales, Antonio (éd.), Penser l’esclavage. Modèles antiques, pratiques modernes, problématiques contemporaines, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2012.Google Scholar

27 Pour une estimation haute, voir Descat, Raymond et Andreau, Jean, Esclave en Grèce et à Rome, Paris, Hachette, 2006, p. 72,Google Scholar et Taylor, Timothy, « Believing the Ancients: Quantitative and Qualitative Dimensions of Slavery and the Slave Trade in Later Prehistoric Eurasia », World Archaeology, 331, 2001, p. 2743 ;CrossRefGoogle Scholar pour une estimation basse (entre 15 et 35% de la population), voir N. R. E. Fisher, Slavery…, op. cit., p. 35-36.

28 M. I. Finley, Esclavage antique…, op. cit., p. 85.

29 Orlando Patterson, « Slavery, Gender, and Work in the Pre-Modern World and Early Greece: A Cross-Cultural Analysis », in E. DAL LAGO et C. Katsari (dir.), Slave Systems…, op. cit., p. 32-69, ici p. 33 ; P. Lovejoy, Transformations…, op. cit., p. 24 et 120-123.

30 Lovejoy, Paul, « Slavery in Africa », in Heuman, G. et Burnard, T. (éd.), The Rout ledge History of Slavery, Londres, Routledge, 2011, p. 43.Google Scholar

31 P. Lovejoy, Transformations…, op. cit., p. 24 et 120-123. Voir l’ensemble des cas recensés p. 111-128 et 174-175.

32 O. Jacob, Les esclaves publics…, op. cit.

33 À titre d’exemple, Rhodes, Peter J. et Osborne, Robin, Greek Historical Inscriptions 404-323 BC, Oxford, Oxford University Press, 2003, no 25, l. 3640 :Google Scholar « Afin qu’il y ait un vérificateur au Pirée pour les nauklèroi, les négociants et tous les autres, que le Conseil en désigne un parmi les esclaves publics s’il en existe un ou en achète. » Au milieu du IIIe siècle, les Déliens achètent un esclave pour servir à la palestre du gymnase de la cité : Inscriptions de Délos (ci-après ID), éd. par l’Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, Paris, Honoré Champion, 7 vol., 1926-1972, 290, l. 113. Eschine indique que les archers scythes au début du Ve siècle avaient été achetés par la cité, alors que Xénophon, pour constituer une force servile civique au milieu du IVe siècle, n’imagine pas d’autre moyen que l’achat : Eschine, 2 (Sur l’Ambassade), 173 et Andocide, 3 (Sur la paix avec les Lacédémoniens), 7; XÉnophon, Poroi, 18, qui en procède.

34 Aristote, Politiques, 1299a.

35 Rousset, Denis, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Paris, École française d’Athènes, 2002, no 31, l. 9 et 1112 Google Scholar (102/101 av. J.-C.) ; Fouilles de Delphes, t. III, Épigraphie, fasc. 3, Inscriptions depuis le Trésor des Athéniens jusqu’aux bases de Gélon, éd. par G. Daux et A. Salac, Paris, De Boccard, 1932-1943 (ci-après FD, III, 3), 239, l. 12, ou Pouilloux, Jean (éd.), Choix d’inscriptions grecques, Paris, Les Belles Lettres, 1960, no 12.Google Scholar

36 Ainsi dans le cadre de la fondation d’Archippè de Kymè : Supplementum Epigraphicum Graecum (ci-après SEG), Amsterdam, Gieben, 1983, 33, 1039, l. 68-77.

37 SEG, 33, 1177, l. 19-23.

38 Un fait ne peut manquer de surprendre, au regard de la situation des servi publici de la République romaine : nous ne connaissons aucun citoyen qui soit devenu dèmosios à la suite d’une condamnation. De même, les prisonniers de guerre ne semblent pas avoir été intégrés dans les corps des esclaves publics : Eder, Walter, Servitus publica. Untersuchungen zur Entstehung, Entwicklung und Funktion der öffentlichen Sklaverei in Rom, Wiesbaden, F. Steiner, 1980.Google Scholar

39 O. Jacob, Les esclaves publics…, op. cit., p. 10-11. Remarquons d’ailleurs que dans la cité de Pergame au IIe siècle av. J.-C., on observe une différence entre les esclaves de la cité (dèmosioi) et les esclaves du roi de Pergame (basilikoi). Seuls ces derniers contiennent dans leurs rangs des anciens esclaves confisqués aux dépens des débiteurs publics. Voir Orientis Graeci inscriptiones selectae, éd. parW. Dittenberger, Leipzig, S. Hirzel, 1903-1905, 338, l. 20-30.

40 À Athènes, pour Euclès et Télophilos au IVe siècle : Eleusis, the Inscriptions on Stone: Documents of the Sanctuary of the Two Goddesses and Public Documents of the Deme (ci-après IE), éd. par K. Clinton, Athènes, Archaeological Society of Athens, 2005, vol. 1, 159, l. 60-61 ; IE, 177, l. 12 et 205 ; pour Démétrios au IIIe siècle : Inscriptiones Graecae. Inscriptiones Atticae Euclidis Anno Posteriores (ci-après IG), éd. par J. Kirchner, Berlin, W. de Gruyter, 1913-1940, II2, 839, l. 52-53. À la fin du IIe siècle, Sôpatros est choisi à main levée par les Bouleutes pour travailler auprès de la commission en charge de la refonte d’une partie des offrandes sur l’Acropole : IG II2, 840, l. 35.

41 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, 64, 1 ; 65, 1 et 4 ; 69, 1 ; Plutarque, Vie de Démosthène, 5, 3.

42 SEG, 2, 710, l. 4-6.

43 Varinlioglu, Ender, « Five Inscriptions from Acmonia », Revue des études anciennes, 1081, 2006, p.355373, no 4, l.Google Scholar 38-39 et no 5, l. 13 (64 ap. J.-C.).

44 IG I3, 1390.

45 Ils apparaissent exceptionnellement pour la première fois dans un décret prytanique en 343/342 (Agora, XV, 37, l. 4) puis régulièrement à partir de 303/302 : Agora, XV, 62, col. V, l. 10-18. À partir de 281/280, ils sont répartis en même temps que les prytanes selon les tribus : Agora, XV, 72, col. I, l. 5 ; II, l. 67, 211 ; III, l. 83, 266. Voir Graham J. Oliver, « Honours for a Public Slave at Athens (IG II2 502 + Ag. I 1947 ; 302/1 BC) », in A. Themos et N. Papazarkadas (dir.), Attika Epigraphika. Meletes pros timèn tou Christian Habicht, Athènes, Ellīnikī? Epigrafikī? Etaireía, 2009, p. 111-124, ici p. 123.

46 Pseudo-Aristote, , Constitution des Athéniens, 47, 5 Google Scholar et 48, 1. Sur les esclaves publics des archives, voir Sickinger, James P., Public Records and Archives in Classical Athens, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999, p. 140157.Google Scholar

47 IG II2, 463, l. 28. Voir aussi IG II2, 1492, B, l. 112 : un certain Skylax apporte les documents de comptabilité nécessaires au magistrat à la fin du IVe siècle.

48 J. P. Sickinger, Public Records…, op. cit., p. 145 et 158.

49 DÉMOSTHÈNE, 19 (Sur l’Ambassade), 129.

50 IG II2, 583, l. 4-7.

51 ÖSterreichische Akademie Der Wissenschaften, Die Inschriften von Iasos, éd. par W. Blümel, Bonn, R. Habelt, 1985, 93, l. 3-4. Voir, pour la datation, Pierre FRÖhlich, «Les groupes du gymnase d’Iasos et les presbyteroi dans les cités à l’époque hellénistique », in P. FRÖhlich et P. Hamon (dir.), Groupes et associations dans les cités grecques (IIIe av. J.-C.-IIe ap. J.-C.), Genève, Droz, 2013, p. 59-111.

52 SEG, 33, 1177, l. 10-15.

53 SEG, 33, 1177, l. 18-19.

54 IG II2, 120, l. 12-13 (et trois années plus tard IG II2, 1440a, l. 6-7).

55 IG II2, 1492b, l. 111.

56 IG II2, 839, l. 41-44. Six ans plus tard, le fils probable de ce Démétrios, Démétrios neoteros (IG II2, 1539, l. 9-10), joue, semble-t-il, le même rôle dans le sanctuaire.

57 ID, 1444, Aa, l. 54 et Ba, l. 20 et 49. L’identité servile de Péritas est assurée par ID, 1442, B, l. 75. Les inventaires du temple d’Apollon, à la même époque, mentionnent la présence de dèmosioi au service du sanctuaire : ID, 1450, A, l. 109.

58 Sur ces esclaves des arsenaux (dèmosioi hoi en tois neoriois), voir DÉMOSTHÈNE, 47 (Contre Evergos et Mnesiboulos), 21, 24 et 26, avec les remarques de Jordan, Borimir, The Athenian Navy in the Classical Period: A Study of Athenian Naval Administration and Military Organization in the Fifth and Fourth Centuries BC, Berkeley, University of California Press, 1975.Google Scholar Opsigonos apparaît en IG II2, 1631, B, l. 197 et C, l. 381-382.

59 IE, 177, I, l. 12. Euclès joue le même rôle quelques années plus tôt : IE, 159, l. 60- 61, de 336/335 ou 333/332.

60 DÉMosthÈne, 8 (Sur les Affaires de la Chersonèse), 47, confirmé par le scholiaste de DÉmosthÈne, 2 (Deuxième olynthienne), 19. Sur la foi du discours de DÉMOSTHÈNE, 49 (Contre Timothée), 6-8, O. Jacob croyait pouvoir identifier un certain Autonomos, qui aurait agi aux côtés du tamias Antimachos sous les ordres du stratège Timothée. L’hypothèse est séduisante, d’autant plus qu’Autonomos ne subit pas le châtiment d’Antimachos, ce qui semble témoigner d’une différence de statut. Considéré comme neutre, ce dèmosios, au nom d’ailleurs étonnant, aurait été jugé innocent des fautes commises par le magistrat, O. Jacob, Les esclaves publics…, op. cit., p. 123-124.

61 DÉMOSTHÈNE, 22 (Contre Androtion), 70-71.

62 DÉMOSTHÈNE, 22 (Contre Androtion), 71. Observons d’ailleurs que, le plus souvent, les inscriptions mentionnent par son nom personnel le dèmosios en activité lors de ces actes de comptabilité. Cette mention a sans doute la valeur d’une signature par laquelle l’inventaire ou l’opération comptable acquérait sa valeur légale.

63 P. J. Rhodes et R. Osborne, Greek Historical Inscriptions…, op. cit., no 25. Notons que les Athéniens distinguaient le cas des contrefaçons de celui des imitations confectionnées par des cités étrangères, du même métal, du même poids et du même aloi que les pièces athéniennes. Si le « vérificateur » tombait sur l’une de ces imitations, il avait le devoir de la rendre à son propriétaire, qui était autorisé à l’utiliser. En revanche, si la pièce lui paraissait contrefaite, une mince couche d’argent dissimulant du bronze ou du plomb ou le taux d’argent étant inférieur au standard athénien, le dèmosios devait la cisailler en deux et la consacrer dans le sanctuaire de la Mère des dieux, sur l’Agora. La fonction de dokimastès est encore mentionnée à la fin du IVe siècle : IG II2, 1492, l. 137-138 (305/304). Au sein d’une bibliographie pléthorique, relevons principalement, au sujet de l’esclave dokimastès mentionné par la loi : Martin, Thomas R., « Silver Coins and Public Slaves in the Athenian Law of 375/4 BC», in Metcalf, W. E. (éd.), Mnemata: Papers in Memory of Nancy M. Waggoner, New York, American Numismatic Society, 1991, p. 2148 ;Google Scholar Feyel, Christophe, « À propos de la loi de Nicophon. Remarques sur le sens de », Revue de philologie, de littérature et d’histoire anciennes, 571, 2003, p. 3765.Google Scholar

64 IG II2, 1388, B, l. 61-62. Le même personnage semble mentionné dans une série d’inscriptions datant des premières décennies du IVe siècle : IG II2, 1400, l. 57 ; 1401, l. 44-45 ; 1415, l. 19-20 ; 1424a, l. 311-312 ; 1428, l. 149 et 1443, l. 207-208.

65 Il est fort possible qu’un rôle assez semblable ait été joué par des dèmosioi concernant les arrivées de blé à Athènes. Plusieurs indices laissent en effet penser que c’était un esclave public qui avait la charge de mesurer et d’évaluer les cargaisons de blé débarquées au Pirée. Voir en particulier Dinarque, fragment VII, 2.

66 IG II2, 1013, l. 40-41. Les dèmosioi sont placés sous l’autorité des prytanes pour la Skias, les épimélètes de l’emporion au Pirée, les hiérophantes à Éleusis. La fonction perdure à l’époque impériale si l’on en croit la mention des oiketai tès Tholou (IG II2, 1799, l. 25).

67 Sur la sphragis servile, voir Joseph DÖlger, Franz, Sphragis: eine altchristliche Taufbezeichnung in ihren Beziehungen zur profanen und religiösen Kultur des Altertums, Paderborn, Ferdinand Schöningh, 1911, p. 2331.Google Scholar

68 Le récit de Nymphodore de Syracuse est transmis par ATHÉNÉE, Deipnosophistes, VI, 265d-266e (FGrHist, 572 F4). Voir la lecture approfondie de Forsdyke, Sara, Slaves Tell Tales: And other Episodes in the Politics of Popular Culture in Ancient Greece, Princeton, Princeton University Press, 2012, notamment p. 7889.Google Scholar

69 Bresson, Alain, Recueil des inscriptions de la Pérée rhodienne, Paris, Les Belles Lettres, 1991,Google Scholar no 102, l. 15 (décret de Tymnos réglementant l’usage d’un sanctuaire de Zeus et Héra).

70 Voir notamment les remarques de Robert, Louis, « Inscriptions d’Aphrodisias » [1966], in Robert, L., Opera Minora Selecta. Épigraphie et antiquités grecques, Amsterdam, A. M. Hakkert, 1989, vol. 6, p. 46, n. 7.Google Scholar

71 Les dèmosioi étaient en réalité bien souvent le seul personnel attaché de façon permanente au gymnase. Voir en particulier Die Inschriften von Pergamon, éd. par M. Fränkel, Berlin, W. Spemann, 1890-1895, II, 52 (Pergame, Ier siècle av. J.-C., selon l’hypothèse de M. Fränkel) ; Die Inschriften von Priene, éd. par F. Hiller von Gaertringen, Berlin, G. Reimer, 1906, 112 (Priène, 84 ap. J.-C.), l. 110-112. À Délos, sous le titre de palaistrophulax (ID, 316, l. 117 ; 338, A.ab, l. 67 et 372, A, l. 98-99) ou d’hupèretès eis palaistran (ID, 290, l. 108 ; 440 A, l. 27 et 444 A, l. 27).

72 LYSIAS, 22 (Contre les marchands de blé), 2 et Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, 52.

73 Pour Théramène : XÉnophon, Helléniques, II, 3, 54-55 et Diodore De Sicile, Bibliothèque historique, XIV, 5, 1-4 ; pour Phocion : Plutarque, Vie de Phocion, 35, 1 et 36, 1. Mentionnons aussi leur intervention pour arrêter, en 406, les stratèges athéniens de retour des Arginuses : Diodore De Sicile, Bibliothèque historique, XIII, 102 ; pour Paul : Actes des Apôtres, 16, 23-36.

74 Platon, Phédon, 59c, et Criton, 43a. La délégation d’une telle tâche à des esclaves publics était commune à de nombreuses cités puisqu’au IIe siècle ap. J.-C. Pline le Jeune, gouverneur de Pont-Bithynie, demande à l’empereur Trajan s’il convient de respecter cette coutume : PLINE LE JEUNE, Lettres, X, 19, 1.

75 Eschine, 2 (Sur l’Ambassade), 126, le qualifie bien de dèmosios. Voir l’ensemble des attestations chez O. JACOB, Les esclaves publics…, op. cit., p. 81-82.

76 En 403, les Trente auraient constitué une variante de ce corps en recrutant 300 esclaves porteurs de fouets pour contrôler la ville : Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, 35, 1. Sur le statut exact de ces 300 mastigophoroi, voir Tuci, Paolo A., « Arcieri sciti, esercito e Democrazia nell’Atene del V secolo a.C. », Aevum, 781, 2004, p. 318,Google Scholar ici p. 13-14.

77 La composition ethnique du corps est pourtant plus incertaine qu’il n’y paraît. On ne peut exclure que des Thraces ou des Gètes aient servi au sein de ce corps, que les Athéniens persistaient à présenter comme scythe. Sur le rôle de Speusinios : POLLUX, VIII, 131-132, la Souda et Photius à l’article Toxotai et Scholiaste D’aristophane, Acharniens, 54. Voir aussi Tuci, Paolo A., «Gli arcieri sciti nell’Atene del V Secolo a.C.», in Angeli Bertinelli, M. G. et Donati, A. (éd.), Il cittadino, lo straniero, il barbaro, fra integrazione ed emarginazione nell’Antichità, Rome, Bretschneider, 2005, p. 375389.Google Scholar

78 Voir la discussion serrée chez O. Jacob, Les esclaves publics…, op. cit., p. 64-72, le décompte de P. Tuci, « Gli arcieri… », art. cit., p. 376 et les remarques de synthèse de Couvenhes, Jean-Christophe, « L’introduction des archers scythes, esclaves publics, à Athènes : la date et l’agent d’un transfert culturel », in Legras, B. (dir.), Transferts culturels et droit dans le monde grec et hellénistique, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, p. 99119, ici p. 103.Google Scholar

79 Certains, tel J.-C. Couvenhes, « L’introduction… », art. cit., p. 116, font remonter leur disparition à la fin du Ve siècle. La date de 378/377 a toutefois été majoritairement retenue car elle correspond à l’apparition des syllogeis tou dèmou qui désormais font régner l’ordre, semble-t-il, à l’Assemblée. Hunter, Virginia J., Policing Athens: Social Control in the Attic Lawsuits 420-320 BC, Princeton, Princeton University Press, 1994, p. 148149,Google Scholar est beaucoup plus circonspecte, à mon sens à raison. DÉMOSTHÈNE, 25 (Contre Aristogiton I), 23, évoquant vers 325 la corde qui protège les réunions du Conseil de l’Aréopage et la proclamation de l’hupèretès qui invite tous les spectateurs à quitter le lieu des réunions publiques, pourrait même faire allusion aux archers scythes.

80 Voir le Scholiaste D’ARISTOPHANE, Guêpes, v. 1007 (fragment d’Andocide).

81 FD, III, 3, 233.

82 Julien FOURNIER et Clarisse PRÊTRE, « Un mécène au service d’une déesse thasienne : décret pour Stilbôn », Bulletin de correspondance hellénique, 130-1, 2006, p. 487- 497, l. 9-12.

83 Sur les lithagôgountès dèmosioi : IE, 159, l. 49-50, et sans doute aussi l. 62 (336/335 ou 333/332) ; l’épistate des dèmosioi : IE, 177, l. 62 (329/328) et 159, l. 58 (336/335 ou 333/ 332) ; celui qui rédige la comptabilité : IE, 177, l. 12 (329/328) ; ceux qui assurent la pesée des outils : IE, 157, l. 26-29 (336).

84 IE, 159, l. 44.

85 D. ROUSSET, Le territoire de Delphes…, op. cit., no 31, l. 9 et 11-12 (102/101 av. J.-C.). Dans l’Asie Mineure hellénistique et impériale, il est parfois difficile d’établir une distinction fonctionnelle entre les dèmosioi et les esclaves sacrés des sanctuaires, qualifiés de hierodouloi : dans le sanctuaire de Zeus Labraundos, dépendant de Mylasa, au début de l’époque impériale, esclaves publics et esclaves sacrés sont rémunérés sur les caisses du sanctuaire et sont frappés de la même sanction si jamais ils échouent dans la mission qui leur a été confiée : Jonas Crampa, Labraunda: Swedish Excavations and Researches, vol. III, The Greek Inscriptions, partie 2, 13-133, Stockholm, Swedish Institute in Athens, 1972, no 56, 59, 60, l. 7-8, et 69.

86 Dans la Délos athénienne des IIe et Ier siècles, les dèmosioi jouent un rôle important dans la gestion des cultes des divinités étrangères autour du mont Cynthe : ID, 2232 (107/106) ; 2234 (106/105) ; 2249 (107/106) ; 2250 (108/107) ; 2251 (108/107) ; 2252 (108/ 107) ; 2253 (106/105) et 2628a (108/107). Dans le sanctuaire de Zeus Kynthios et Athena Kynthia, le nom du dèmosios, qui joue un rôle identique, est dans la lacune : ID, 1892 (97/96).

87 ID, 2610, l. 2-3 ; sur l’inscription, voir Laurent BRICAULT, «Les prêtres du Sarapieion C de Délos », Bulletin de correspondance hellénique, 120-2, 1996, p. 597-616.

88 A. Weiss, Sklave der Stadt…, op. cit., p. 186; L.Bricault, « Les prêtres du Sarapieion… », art. cit., est plus prudent. Pour un autre cas, plus mystérieux, à Rhodes : IG XII, 1, 31. Il est possible qu’en l’occurrence les dèmosioi aient pris en charge, sous une forme associative, un culte public en l’honneur de Zeus Atabyrios.

89 ARISTOTE, Politiques, 1299a.

90 Ainsi IE, 177, l. 4-5 et 159, l. 60.

91 Gustave GLOTZ, La cité grecque, Paris, Albin Michel, [1928] 1953, p. 304.

92 Pour une première approche de la question, voir Paulin ISMARD, « Public Slaves, Politics and Expertise in Classical Athens », Center for Hellenic Studies: Research Bulletin, 1-2, 2013, http://wp.chs.harvard.edu/chs-fellows/2013/08/30/public-slavery-politics-andexpertise- in-classical-athens/.

93 Azoulay, Vincent et Ismard, Paulin, « Les lieux du politique dans l’Athènes classique. Entre structures institutionnelles, idéologie civique et pratiques sociales », in Schmitt Pantel, P. et de Polignac, F. (dir.), Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Paris, Albin Michel, 2007, p. 271309.Google Scholar

94 L’expression est le fruit d’une restitution qui ne fait guère de doute puisqu’elle repose sur la mise en relation de deux gravures du même décret : les l. 53-54 de IG II2, 1013, ne peuvent être restituées qu’à la lumière de SEG, 24, 147, l. 5, selon la proposition de Meritt, Benjamin, « Greek Inscriptions », Hesperia, 78, 1938, p. 77160, no 27.CrossRefGoogle Scholar

95 Telle est notamment la traduction proposée par Austin, Michel M., The Hellenistic World from Alexander to the Roman Conquest: A Selection of Ancient Sources in Translation, Cambridge, Cambridge University Press, [1981] 2006, p. 240.CrossRefGoogle Scholar

96 CicÉron, Pro Sestio, 91.

97 Thomas, Yan, « L’indisponibilité de la liberté en droit romain », Hypothèses, 1, 2006, p. 379-389, ici p. 387.Google Scholar

98 Quelques cas empruntés à des contextes très différents : Sunil Kumar, « Service, Status, and Military Slavery in the Delhi Sultanate: Thirteenth and Fourteenth Centuries », in I. Chatterjee et R. M. Eaton (éd.), Slavery and South Asian History…, op. cit., p. 83-114 ; Mounier, Pierre, « La dynamique des interrelations politiques : le cas du sultanat de Zinder (Niger) », Cahiers d’études africaines, 154, 39-2, 1999, p. 367386 ;CrossRefGoogle Scholar Ejiogu, E. C., « State Building in the Niger Basin in the Common Era and Beyond, 1000-mid 1800s: The Case of Yorubaland », Journal of Asian and African Studies, 466, 2011, p. 593614 ;CrossRefGoogle Scholar Tardits, Claude, « Le royaume bamoum», in Tardits, C. (éd.), Princes et serviteurs du royaume. Cinq études de monarchies africaines, Paris, Société d’ethnographie, 1987, p. 107135,Google Scholar ici p. 131-134 ; Jean-Pierre Olivier De Sardan, « Captifs ruraux et esclaves impériaux du Songhay », in C. MEILLASSOUX (éd.), L’esclavage en Afrique…, op. cit., p. 99-134 ; Kentaro, Sato, « Slave Elites and the Saqa? liba in al-Andalus in the Umayyad Period », in Miura, T. et Philips, J. E. (éd.), Slave Elites in the Middle East and Africa: A Comparative Study, Londres, Paul Kegan International, 2000, p. 2540.Google Scholar Pour une approche sensiblement différente, qui ne pense pas le recours à l’institution esclavagiste royale sur fond d’une rupture radicale avec l’ordre lignager, voir Terray, Emmanuel, Une histoire du royaume Abron du Gyaman. Des origines à la conquête coloniale, Paris, Karthala, 1995.Google Scholar

99 Celle-ci peut même passer paradoxalement par l’union entre les esclaves du souverain et les princesses de lignage « royal », comme au sein de la cour ottomane du XVIe siècle. Ces gendres impériaux sont alors choisis, en témoignage de reconnaissance et comme une marque d’honneur, au sein des esclaves kul du sultan et aux dépens des gendres d’origine princière, mais cette union ne leur octroie pas « une réelle place dans les rangs de la famille royale ». Voir Juliette DUMAS, « Les perles de nacre du sultanat. Les princesses ottomanes (mi XVe-mi XVIIIe siècle) », thèse d’histoire, EHESS, 2013, ici p. 121.

100 Claudia de Oliveiragomes, La cité tyrannique. Histoire politique de la Grèce archaïque, Rennes, PUR, 2007, a suggéré de lire l’opposition au modèle tyrannique dans la cité classique en termes de résistance en partant de l’oeuvre de Pierre Clastres. Je doute pour ma part qu’on puisse parler d’une croissance de l’appareil d’État dans les cites tyranniques (voir mon compte rendu dans les Annales HSS, 64-5, 2009, p. 1167-1169) mais la perspective de C. de Oliveira Gomes, qui n’aborde pas la question de l’esclavage public, pointe quelque chose de tout à fait juste au sujet de la cité classique lorsqu’elle évoque notamment l’existence d’« une idéologie étatisée de la société sans État » (p. 148).

101 Pierre Clastres, La société contre l’État. Recherches d’anthropologie politique, Paris, Éd. de Minuit, 1974. Le terme de révolution copernicienne renvoie au premier chapitre de l’ouvrage, « Copernic et les Sauvages », p. 7-24.

102 Clastres, Pierre, Recherches d’anthropologie politique, Paris, Le Seuil, 1980, p. 204206.Google Scholar

103 P. Clastres, La société contre l’État…, op. cit., p. 180, qui ajoute : « Société donc à qui rien n’échappe, qui ne laisse rien sortir hors de soi-même, car toutes les issues sont fermées » (p. 181).

104 Ibid., p. 186, et Id., Recherches…, op. cit., p. 105 et 175-177.

105 Ibid., p. 104 et Id., La société contre l’État…, op. cit., p. 148 et 185.

106 P. Clastres, Recherches…, op. cit., p. 148.

107 Loraux, Nicole, « Notes sur l’un, le deux et le multiple », in Abensour, M. (dir.), L’esprit des lois sauvages. Pierre Clastres ou une nouvelle anthropologie politique, Paris, Le Seuil, 1987, p. 155171, ici p. 157.Google Scholar

108 Loraux, Nicole, La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997.Google Scholar

109 N. Loraux, « Notes sur l’un… », art. cit., p. 164.

110 Ibid., p. 162.

111 Aristote, Politiques, III, 1277b.

112 Aristote, Politiques, IV, 1295b 19-22.

113 Voir Cornelius Castoriadis, Les carrefours du labyrinthe, vol. 4, La montée de l’insignifiance, Paris, Éd. du Seuil, 1996, p. 222 : « Il peut y avoir, il y a eu, et nous espérons qu’il y aura de nouveau, des sociétés sans État, à savoir sans appareil bureaucratique hiérarchiquement organisé, séparé de la société et la dominant. […] Mais une société sans institutions explicites de pouvoir est une absurdité, dans laquelle sont tombés aussi bien Marx que l’anarchisme. »

114 P. Clastres, La société contre l’État…, op. cit., p. 181 et Id., Recherches…, op. cit., p. 109.

115 Vidal-Naquet, Pierre, Le chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, Paris, F. Maspero, 1981, p. 31.Google Scholar