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Le Masha'a et la Question Foncière en Palestine, 1858-1948

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Scott Atran*
Affiliation:
CNRS

Extract

Le système du masha'a qui prévaut dans les plaines de Palestine jusque vers 1930 est un régime agraire communautaire de redistribution périodique de la terre entre les paysans. Quoique, dans la pratique, il varie beaucoup d'un village à un autre et d'une époque à une autre, les études sur la question ont généralement accepté la thèse de l'administration du Mandat britannique : le « village masha'a » est intrinsèquement fragmenté, socialement et économiquement, et de ce fait, il est inadapté à la production intensive et à la coopération nécessaires pour qu'une communauté soit viable dans le monde contemporain. Les pages qui suivent ont pour objet l'analyse de cette thèse et de ses conséquences, c'est-à-dire l'abolition du masha'a au profit des colonies sionistes : la plupart des analyses du masha'a ont lié les difficultés socioéconomiques du démembrement des terres au régime communautaire, alors que la paysannerie cherchait en réalité à maintenir le masha'a comme un mécanisme de défense contre ces difficultés mêmes.

Summary

Summary

This article examines the demise of the masha'a system in Palestine. masha'a, which prevailed in the plains of the Levant through the early twentieth century, was a communal tenure characterized by periodic distribution of agricultural plots among peasant cultivators. The usual claim that masha'a was inimical to economic planning and social management proves unwarranted. masha'a was neither “feudally“ imposed by the Ottoman Empire nor did it constitute a holdover from a nomadic regime of communal pasturage. There is an anlysis of the agricultural routines and social organizations of two villages with masha'a lands in the Plain of Esdaelon. The village with a stronger social fabric was largely able to resist outside intervention and land expropriation. Nevertheless, British Land Settlement, Zionist colonization and the political and economic disarray of Arab notables did conspire to alienate the majority of masha'a lands in the country's relatively fertile plains, thus prompting the revolt of the Arab peasantry.

Type
Histoire Rurale
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1987

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Notes

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20. Dans les deux villages traités dans la deuxième partie de cet article, Zar'in et ‘Uratn el- Fahm, le système d'alternance entre deux champs était courant. Une année, la moitié des champs masha'a faisait l'objet d'une culture de pluies hivernales (shitwi) de blé et d'orge, tandis que l'autre moitié faisait seulement l'objet d'une culture de rosée estivale (selfi) de sésame et de millet indien (dhurra beida, L. Sorghum cornuum). L'année suivante, celle-ci ne faisait l'objet que d'une culture hivernale. Ainsi, toutes les terres étaient laissées en jachère ('ard bour) pendant au moins une saison chaque année.

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40. Une étude assez inégale de Granott (op. cit., chap. 8) établit cependant l'existence d'un lien essentiel entre les modes de vie agricole des collines et des vallées. D'autre part, Amiran, D., « The Pattern of Seulement in Palestine », Israël Exploration Journal, 3, 1953, pp. 192209,Google Scholar examine de façon plus détaillée la disposition physique des villages-souches de la Plaine maritime et de leurs contreparties dans les collines de Samarie. Malheureusement, il surestime le nombre de villages- souches permanents et temporaires de la région, car il ne mentionne les paires de villages colline/ vallée que s'ils sont liés par leur nom (par exemple Jaiyus Khirbat Jaiyus, Kafr Sur, Ghabat Kafr Sur). Ainsi, les deux khirbeh de la ville de Tulkarm, qui figure dans l'étude de Amiran, ne sont pas mentionnés. De même, pour le village de ‘Azzun, qui a sept khirbeh, dont certains ne sont habités que de façon saisonnière, Amiran ne cite que Khirbeh ‘Azzun-Tabsur. Toujours dans le même relevé, on trouve Dannaba (directement à l'est de Tulkarm) qui possède 8 000 de ses 11 691 dunams dans les plaines. Pour cultiver ces terres des vallées éloignées du village, les paysans devaient « descendre » dans une nazla saisonnière qui n'est pas mentionnée.

41. Latron, op. cit., p. 199, et Patai, op. cit., p. 441, donnent à tort 1868 comme date de promulgation du Code foncier ottoman. En fait, l'application du Code ne commence vraiment que vers la fin de la décennie 1860, comme l'indiquent des documents en ma possession datés du 15 Dhual-Hijjah 1285 AH.

42. Voir Poncet, op. cit., pp. 49-50.

43. Pour les paysans marginaux des villages les plus exposés, situés dans les terres basses, la pratique de l'élevage compatible avec le masha'a offre la possibilité du passage à un mode de vie semi-nomade lorsque la situation est difficile. C'est d'ailleurs ce pâturage, pratiqué à plus haute altitude que les terres cultivées, qui aurait contribué à l'érosion des sols des collines. Voir à ce sujet G. Post « Essays on the Sects and Nationalities of Syria and Palestine », Palestine Exploration Fund Quarterly Statement, 1891, pp. 99-147. Il serait toutefois exagéré d'affirmer que « le fléau des moutons et des chèvres a toujours été une malédiction pour l'agriculture » (Granott, op. cit., p. 92). En effet, sans le désherbage et le fumage assurés par ces animaux, « l'utilisation à long terme des sols fertilisés par les alluvions aurait probablement décliné » ( Kolars, J., « Locational Aspects of Cultural Ecology. The Case of the Goat in non-Western Agriculture », Geographical Review, 56, 1966, pp. 577584 CrossRefGoogle Scholar).

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48. Baldensperger, op. cit., p. 193.

49. Post, op. cit., p. 105. Voir Ageron, op. cit., vol. 2, p. 745, pour une remarque similaire sur la situation algérienne au début du siècle.

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53. Baldensperger, op. cit., pp. 193-194, relate l'histoire suivante pour souligner l'importance constante du travail, considéré alors comme capital fixe, au début du siècle. Un homme arriva avec sa famille et un joug de boeufs (feddari) au village de Kbébé. Un villageois qui n'avait pas de boeufs fut obligé de laisser sa maison au nouveau venu : « Naturellement, le villageois évincé protesta, car il avait construit sa maison de ses propres mains, mais le conseil des anciens ne l'entendit pas ainsi et ne céda qu'après qu'il ait promis de devenir un simple agriculteur… sans boeufs et sans toit ».

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61. Le rapport de French, op. cit., p. 12, attribue au Land Seulement le fait que la majorité des terres masha'a (60 %) soit bientôt stabilisée en devenant mafruz. Cependant, le rapport de Hope Simpson (Palestine : Report on Immigration, Land Seulement and Development, Londres, 1930, p. 8) reconnaît que la stabilisation est surtout due au fait que les paysans gelaient eux-mêmesleurs terres masha'a bien avant l'arrivée prévue du Land Seulement Officer (officier du cadastre). Mais il s'agissait de prouver qu'ils cultivaient le même lot sans interruption depuis dix ans et évitaient ainsi l'aliénation.

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69. La plupart des villages ayant de forts hamayil redistribuent périodiquement les terres aux hamayil. Chaque hamula, à son tour, redistribue les parcelles entre les foyers qui la composent, par tirage au sort. A ‘Umm el-Fahm, en revanche, les redistributions périodiques ne se font qu'à l'intérieur de la hamula, et non pas d'abord entre les hamayil. Voir Auhagen, op. cit., p. 50.

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