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Le différend de la sexualité en Turquie

Published online by Cambridge University Press:  11 August 2021

Nicolas Élias*
Affiliation:
Institut national des langues et civilisations [email protected]

Le différend de la sexualité en turquie

Le travail présenté ici porte sur la sexualité comme différend entre sunnites et alévis dans la Turquie contemporaine. Le fort antagonisme entre les tenants de l’islam tel qu’il est sanctionné par l’État et ceux qui y dérogent se structure autour de la discipline et de l’indiscipline sexuelles. Son expression publique la plus violente réside dans une calomnie d’inceste rituel, qui porte sur la liturgie des alévis. Par les mots mum söndü, « la bougie s’est éteinte », les sunnites accusent les alévis de s’adonner, lors de cérémonies nocturnes et secrètes, à des orgies où « père, mère, frère et sœur s’unissent l’un à l’autre ». En retour, ces derniers prônent une plus grande maîtrise des « reins », de même qu’une promiscuité sans trouble des hommes et des femmes. L’analyse de l’institution alévie des musahip, « couples conjoints », et du rituel associé, permet de comprendre comment, en Turquie, la libido et sa maîtrise sont amenées à énoncer la mesure des hommes et des communautés. Partant d’une accusation d’inceste rituel, ce texte explore ainsi la manière dont la sexualité est sollicitée, ou aliénée, pour reproduire une différence confessionnelle.

The dispute over sexuality in turkey

The Dispute over Sexuality in Turkey

This article deals with sexuality as a dispute between Sunnis and Alevis in contemporary Turkey. The strong antagonism between practitioners of the state-sanctioned form of Islam and those who diverge from it is structured around sexual (in)discipline. Its most violent public expression is a slander relating to ritual incest, which focuses on the liturgy of the Alevis. Through the words mum söndü (“the candle went out”), Sunnis accuse the Alevis of indulging in orgies during nightly secret ceremonies where “father, mother, brother, and sister unite one to the other.” In return, the Alevis advocate greater discipline of the “loins” and the untroubled mixing (promiscuité) of men and women. The analysis of the Alevi institution of musahip, or “joint couples,” and its accompanying ritual highlights how, in Turkey, the worth of men and communities is measured in terms of control over the libido. By focusing on a charge of ritual incest, this article explores how sexuality is solicited, or alienated, to reproduce a difference between the confessional communities.

Type
Mondes ottomans et turcs
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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References

1 Peter Brown, Le renoncement à la chair. Virginité, célibat et continence dans le christianisme primitif, trad. par P.-E. Dauzat et C. Jacob, Paris, Gallimard, [1988] 1995, p. 81.

2 Maurice Godelier, La production des grands hommes. Pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée, Paris, Fayard, 1982, p. 354.

3 Pour le christianisme, voir par exemple l’hérésiographe Épiphane de Salamine, The Panarion of Epiphanius of Salamis, vol. 1, Sects 1-46, trad. par F. William, Leyde, Brill, 2009. Pour le cas de l’islam, Matti Moosa, Extremist Shiites: The Ghulat Sects, Syracuse, Syracuse University Press, 1987 consigne un florilège conséquent d’accusations relativement proches de celles évoquées ici, et visant plusieurs groupes initiatiques musulmans du Moyen-Orient.

4 Jean-François Lyotard, Le différend, Paris, Éd. de Minuit, 1983, p. 9 définit le différend de la sorte : « À la différence d’un litige, un différend serait un cas de conflit entre deux parties (au moins) qui ne pourrait pas être tranché équitablement faute d’une règle de jugement applicable aux deux argumentations. Que l’une soit légitime n’impliquerait pas que l’autre ne le soit pas. » Sans reprendre à notre compte cette définition, nous en retiendrons l’impossibilité du règlement (par la mise en échec du droit, par l’absence de tierce partie, par l’absence d’une règle énoncée, etc.). C’est en ce qu’il n’a pas vocation à être tranché que le différend organise durablement la société.

5 La question du voile n’est d’ailleurs pas dissociable de celle de la présence simultanée des hommes et des femmes – d’hommes et de femmes qui seraient des partenaires sexuels potentiels (c’est-à-dire non parents).

6 L’idée d’une promiscuité originelle doit certainement sa fortune à Lewis Henry Morgan, Ancient Society: Or Researches in the Lines of Human Progress from Savagery, through Barbarism to Civilization, New York, Henry Holt and Company, 1877. Dès 1891, Edward Westermark, The History of Human Marriage, Londres, MacMillan and Co., p. 51 réfute longuement « l’hypothèse de la promiscuité », mais l’idée fera long feu sous les formes atténuées du « mariage de groupe » ou du « communisme sexuel » (voir Robert Lowie, Primitive Society, New York, Boni and Liveright, 1920, p. 50).

7 Si alévis et alaouites n’entretiennent aucun lien historique, leur situation minoritaire, leur structure initiatique, la place qu’ils accordent à Ali et la présence d’une communauté alaouite dans le sud de la Turquie nommée, par facilité, « alévis arabes » nourrissent les amalgames et les associations.

8 Sur le rôle de la guerre de Syrie sur la polarisation en Turquie, voir Ceren Lord, « Sectarianized Securitization in the Wake of the 2011 Arab Uprisings », The Middle East Journal, 73-1, 2019, p. 51-72.

9 Élise Massicard, L’autre Turquie. Le mouvement aléviste et ses territoires, Paris, PUF, 2005 ; Markus Dressler, « Religio-Secular Metamorphoses: The Re-Making of Turkish Alevism », Journal of the American Academy of Religion, 76-2, 2008, p. 280-311 ; C. Lord, « Sectarianized Securitirization… », art. cit.

10 Plusieurs années à Istanbul ont permis d’assister à de nombreuses cérémonies publiques du cem et d’observer la gestion quotidienne de la différence confessionnelle – de même que son exacerbation dans les périodes de crises (guerre de Syrie depuis 2011, événements dits « de Gezi » en juin 2013). La lecture des journaux offre à ce propos l’opportunité de constater la récurrence d’« incidents » liés à la calomnie. Parallèlement, nous avons pu enquêter auprès de congrégations rurales se situant en marge de l’identité alévie nationale. Depuis 2011, nous poursuivons – avec Jérôme Cler et Nikos Sigalas – une enquête dans les montagnes du Taurus parmi une congrégation liée au saint Abdal Musa portant sur l’histoire des institutions villageoises et le déroulement de la liturgie (plus spécifiquement, sur la consommation rituelle d’alcool). Bien qu’elle vénère les mêmes saints et qu’elle soit organisée autour de la cérémonie du cem, la congrégation est néanmoins rattachée à la confrérie des bektaşi qui, à la différence des alévis, propose une initiation ouverte à tous et possède un clergé élu. En 2019, nous avons également mené une recherche auprès de congrégations rurales liées aux saints Kızıldeli (Grèce), Otman Baba et Demir Baba (Bulgarie) qui a permis de constater la pérennité de la pratique des « couples conjoints » – sans toutefois pouvoir assister aux rituels idoines.

11 Sur la pratique de la dissimulation chez les alévis, voir Hande Sözer, Managing Invisibility: Dissimulation and Identity Maintenance among Alevi Bulgarian Turks, Leyde, Brill, 2014.

12 Hamit Bozarslan, Histoire de la Turquie. De l’Empire à nos jours, Paris, Tallandier, [2013] 2015, p. 500.

13 Sur la Direction des affaires religieuses et sa politique vis-à-vis des alévis, voir Ceren Lord, Religious Politics in Turkey: From the Birth of the Republic to the AKP, New York, Cambridge University Press, 2018, p. 127-162.

14 Markus Dressler, « Alevīs », in K. Fleet et al. (dir.), Encylopaedia of Islam, Three, vol. 1, Leyde, Brill, 2008, p. 93-121, ici p. 97, DOI : http://dx.doi.org/10.1163/1573-3912_ei3_COM_0167.

15 David Shankland, The Alevis in Turkey: The Emergence of a Secular Islamic Tradition, Londres, Routledge/Curzon, 2003, p. 84.

16 M. Dressler, « Alevīs », art. cit., p. 117.

17 Altan Gokalp, Têtes rouges et bouches noires. Une confrérie tribale de l’Ouest anatolien, Paris, Société d’ethnographie, 1980, p. 65 ; Benoît Fliche, Odyssées turques. Les migrations d’un village anatolien, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 167.

18 Markus Dressler, Writing Religion: The Making of Turkish Alevi Islam, New York, Oxford University Press, 2013, p. 1-5.

19 Principalement dans les Balkans (en Bulgarie et en Grèce), mais également en Irak.

20 M. Dressler, « Alevīs », art. cit., p. 115-116.

21 Ibid., p. 117.

22 Voir C. Lord, Religious Politics…, op. cit., p. ix, qui relève avec acuité que, dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, lors de la tentative de coup d’État, c’est par l’intermédiaire des imams et des minarets des mosquées que le gouvernement appela le peuple (ou ceux qu’il considérait ses loyaux partisans) à s’opposer aux militaires.

23 Hamit Bozarslan, « Le phénomène milicien. Une composante de la violence politique en Turquie des années 1970 », Turcica, 31, 1999, p. 185-244, ici p. 238.

24 İlkay Şah i n, « Güç İlişkileri Ağının Aktörleri Olarak Ortodoksi ve Heterodoksi: Tahtacı Raporu Örneği », Journal of Academic Social Science Studies, 5-5, 2012, p. 435-455, ici p. 450, DOI : 10.9761/jasss_241.

25 « Erbil, ‘Mum söndü’nün karşılığını öğrendi », Bianet Bağımsız İletişim Ağı, 30 avril 2012, http://bianet.org/bianet/diger/137977-erbil-mum-sondu-nun-karsiligini-ogrendi.

26 Xavier de Planhol, De la plaine pamphylienne aux lacs pisidiens. Nomadisme et vie paysanne, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1958, p. 369.

27 Jean-Paul Roux et Kemal Özbayr ı, « Quelques notes sur la religion des Tahtacı nomades bucherons de Turquie méridionale », Revue des études islamiques, 1964, p. 45-86, ici p. 71.

28 B. Fliche, Odyssées turques, op. cit., p. 166.

29 Nimet Okan, Canların Cinsiyeti. Alevilik ve Kadın, Istanbul, İletişim, 2016, p. 95.

30 Martin Sökefeld, Struggling for Recognition: The Alevi Movement in Germany and in Transnational Space, New York, Berghahn Books, 2008, p. 42.

31 Kira Kosnick, « ‘To Whom Honour Is Due’: Mediated Crime-Scenes and Minority Stigmatization in a Border-Crossing Context », New Perspectives on Turkey, 45, 2011, p. 101-122, DOI : https://doi.org/10.1017/S0896634600001321.

32 « Erdoğan: kızlı-erkekli aynı evde kalındığı ihbarlarını bir kenara atamayız! », soL Haber Portalı, 5 novembre 2013, https://haber.sol.org.tr/devlet-ve-siyaset/erdogan-kizli-erkekli-ayni-evde-kalindigi-ihbarlarini-bir-kenara-atamayiz-haberi-8.

33 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 203.

34 « Ensest = Kızılbaşlık », Cumhuriyet, 5 décembre 2010, http://www.cumhuriyet.com.tr/haber/diger/201842/_Ensest___Kizilbaslik_.html. Ce fut également le cas d’un dictionnaire allemand-turc publié en 1972 : Markus Dressler, « Inventing Orthodoxy: Competing Claims for Authority and Legitimacy in the Ottoman-Safavid Conflict », in H. T. Karateke et M. Reinkowski (dir.), Legitimizing the Order: The Ottoman Rhetoric of State Power, Leyde, Brill, 2005, p. 151-173, ici p. 156.

35 Nicole A. N. M. van Os, « Polygamy Before and After the Introduction of the Swiss Civil Code in Turkey », in T. Atabaki (dir.), The State and the Subaltern: Modernization, Society and the State in Turkey and Iran, Londres, Tauris, 2007, p. 179-198, ici p. 195.

36 Julien Bonhomme, Les voleurs de sexe. Anthropologie d’une rumeur africaine, Paris, Éd. du Seuil, 2009.

37 Ibid., p. 20.

38 Il est à ce propos intéressant de noter le déplacement de l’accusation dans les propos de jeunes stambouliotes rapportés par N. Okan, Canların Cinsiyeti, op. cit., p. 95. Celle-ci ne porte plus sur la cérémonie du cem en elle-même, mais plus vaguement sur l’initiation sexuelle des jeunes.

39 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 215.

40 Ibid., p. 129.

41 B. Fliche, Odyssées turques, op. cit. ; N. Okan, Canların Cinsiyeti, op. cit., p. 95 ; Orhan Türkdo ğan, Alevi-Bektaşi Kimliği. Sosyo-Antropolojik Araştırma, Istanbul, Timaş, p. 430 ; Nur Yalman, « Islamic Reform and the Mystic Tradition in Eastern Turkey », European Journal of Sociology, 10-1, 1969, p. 41-60, ici p. 53.

42 « Aleviler’e çirkin provokasyon », Oda TV, 9 novembre 2014, http://odatv.com/alevilere-cirkin-provokasyon-0911141200.html.

43 O. Türkdo ğan, Alevi-Bektaşi Kimliği, op. cit., p. 326.

44 Cemal Canpolat, Osmanlı belgelerinde Aleviler hakkında idam ve sürgün fermanları, Istanbul, Markiz, 2012, p. 129.

45 « Ensest’in anlamını ‘Kızılbaş’ olarak verdiler! », Akşam, 5 décembre 2010, https://www.aksam.com.tr/guncel/ensestin-anlamini-kizilbas-olarak-verdiler--1221h/haber-1221.

46 M. Dressler, « Alevīs », art. cit., p. 117.

47 Irène Mélikoff, « Recherche sur une coutume des alévis : musahip, ‘frère de l’au-delà’ », in Sur les traces du soufisme turc. Recherches sur l’islam populaire en Anatolie, Istanbul, Isis, 1992, p. 95-103, ici p. 95-96.

48 Élise Massicard, « Alevism in the 1960s: Social Change and Mobilisation », in H. I. Markussen (dir.), Alevis and Alevism: Transformed Identities, Istanbul, Isis, 2005, p. 109-135, ici p. 122.

49 Altan Gokalp, « Une minorité chîite en Anatolie : les Alévî », Annales ESC, 35-3/4, 1980, p. 748-763, DOI : https://doi.org/10.3406/ahess.1980.282666 ; Krisztina Kehl-Bodrogi, « The New Garments of Alevism », International Institute for the Study of Islam in the Modern World Newsletter, 5, 2000, p. 23. Les horizons politiques des différentes associations alévies sont évidemment multiples, de même que leurs définitions de l’alévisme dans sa relation à l’islam. Markus Dressler, « Making Religion through Secularist Legal Discourse: The Case of Turkish Alevism », in M. Dressler et A.-P. S. Mandair (dir.), Secularism and Religion-Making, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 187-208.

50 É. Massicard, « Alevism in the 1960s », art. cit., p. 113.

51 Ead., L’autre Turquie, op. cit., p. 151 : « Alors que l’alcool est courant […] dans les cem des régions méditerranéenne et égéenne, il est formellement interdit dans nombre de cérémonies d’Anatolie centrale et orientale. »

52 N. Okan, Canların Cinsiyeti, op. cit., p. 136.

53 D. Shankland, The Alevis in Turkey, op. cit.

54 Irène Mélikoff, « La communauté Kızılbaş du Deli Orman », in Sur les traces du soufisme turc, op. cit., p. 105-113, ici p. 112. Une telle description nous a été confirmée par le responsable d’une association alévie de la région.

55 Les communautés du nord de la Bulgarie, tenues à l’écart des développements anatoliens du mouvement identitaire jusqu’à la chute du communisme, revendiquaient jusqu’à récemment cette identité « Tête-rouge ». L’auto-identification comme alévi se fit progressivement à partir des années 1990.

56 Le risque est également de généraliser ces pratiques et de postuler que ce qui est aujourd’hui caché chez les uns devait nécessairement se trouver avant chez les autres.

57 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 216.

58 J.-P. Roux et K. Özbayr ı, « Quelques notes sur la religion… », art. cit., p. 70.

59 N. Yalman, « Islamic Reform… », art. cit., p. 55, n. 6. Cette affirmation est reléguée en note de bas de page et n’entretient aucun lien avec le terrain de l’auteur. Elle témoigne cependant parfaitement de l’inclination à prêter une « étrangeté » d’ordre sexuelle aux alévis.

60 I. Mélikoff, « Recherche sur une coutume… », art. cit., p. 96.

61 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 215.

62 Krisztina Kehl-Bodrogi, « On the Significance of Musahiplik Among the Alevis of Turkey: The Case of the Tahtacı », in K. Kehl-Bodrogi, B. Kellner-Heinkele et A. Otter-Beaujean (dir.), Syncretistic Religious Communities in the Near East: Collected papers of the International Symposium “Alevism in Turkey and Comparable Religious Communities in the Near East in the Past and Present”, Berlin, 14-17 April 1995, Leyde, Brill, 1997, p. 119-137.

63 Cette institution est ainsi scrupuleusement observée, entre autres, parmi les congrégations liées aux saints Seyyid Ali Sultan, en Grèce, et Demir Baba, en Bulgarie du Nord.

64 H. Sözer, Managing Invisibility, op. cit., p. 148.

65 Ce travail, entrepris dans le cadre d’une thèse en ethnologie à l’université Paris-Nanterre (soutenue en 1977, publiée en 1980 : A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit.), fut certainement la première étude d’anthropologie sociale sur les alévis et reste aujourd’hui l’une des monographies les plus détaillées – bien que rendue marginale par l’absence de traductions en turc ou en anglais.

66 Si la participation à la cérémonie du cem peut aujourd’hui être autorisée à des non-initiés, le rite des « couples conjoints » reste redevable du secret rituel.

67 K. Kehl-Bodrogi, « On the Significance… », art. cit., p. 125.

68 Ibid., p. 123.

69 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 208.

70 Ibid., p. 209.

71 Mehmet Ersal, « Alevi İnanç Sistemindeki Rituelik Özel Terimler: Musahiplik », Turkish Studies, International Periodical for the Languages, Literature and History of Turkish or Turkic, 6-1, 2011, p. 1058-1083, ici p. 1070, DOI : dx.doi.org/10.7827/TurkishStudies.2072 ; Hüseyin Dedekargınoğlu, « Dede Garkın Ocağı’nda Musahiplik Uygulaması Örneği », Türk Kültürü ve Hacı Bektaş Veli Araştırma Dergisi, 78, 2016, p. 91-112, ici p. 110. L’étonnant « dépareillage » rituel des couples, évoqué également dans ces articles, nous a été confirmé lors de l’enquête menée auprès des congrégations liées au saint Kızıldeli, qui pratiquent encore activement le rite des « couples conjoints ».

72 K. Kehl-Bodrogi, « On the Significance… », art. cit., p. 129.

73 Ibid.

74 Ibid.

75 I. Mélikoff, « Recherche sur une coutume… », art. cit., p. 101.

76 Sara Sviri, « The Self and Its Transformation in Sufism », in D. Shulman et G. G. Stroumsa (dir.), Self and Self-Transformation in the History of Religions, New York, Oxford University Press, 2002, p. 195-215.

77 H. Dedekargınoğlu, « Dede Garkın Ocağı’nda Musahiplik… », art. cit., p. 110 ; M. Ersal, « Alevi İnanç Sistemindeki Rituelik… », art. cit., p. 1070 ; Halil İbrahim Bulut, « Alevi-Bektaşi Türkmen Geleneğinde Sosyal Dayanışma ve Kardeşlik Kurumu Olarak ‘Musahiplik’ », Türk Kültürü ve Hacı Bektaş Veli Araştırma Dergisi, 656, 2013, p. 101-118, ici p. 110 ; Ahmet Taşğın, « Diyarbakır Türkmen Alevilerinde Musahip Erkânı », Türk Dünyası Araştırmaları, 207, 2013, p. 205-226, ici p. 209.

78 Yusuf Ziya Yörükan, Anadolu’da Alevîler ve Tahtacılar, Ankara, Kültür Bakanlığı, [1928] 2002, p. 111.

79 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 212.

80 Ömür Avci, « Samsun müftüsü: kadınlı-erkekli horon haramdır », Hürriyet, 10 août 2014, http://www.hurriyet.com.tr/samsun-muftusu-kadinli-erkekli-horon-haramdir-26976572.

81 A. Gokalp, Têtes rouges et bouches noires, op. cit., p. 215 : « Elsiziz, belsiziz, dilsiziz ama / Erkekçe gezeriz âlemin ortasında. » Ces poètes des siècles précédents restent abondamment chantés tant dans les cérémonies religieuses qu’en dehors.

82 Robert Dankoff, « An unpublished Account of Mum Söndürmek in the Seyahatname of Evliya Chelebi », in A. Popovic et G. Veinstein (dir.), Bektachiyya. Études sur l’ordre mystique des Bektachis et les groupes relevant de Hadji Bektach, Istanbul, Isis, 1995, p. 69-73, ici p. 70-71. La traduction française a été établie à partir de la translitération latine de l’ottoman, de sa traduction en anglais et des notes de R. Dankoff.

83 Abdurrahman Güzel (éd.), Abdal Mûsâ Velâyetnâmesi, Ankara, Türk Tarih Kurumu Basımevi, 1999, p. 16.

84 Firdevsı̂-i Rumı̂, Manzûm Hacı Bektaş Veli Vilâyetnâmesi, éd. par B. Noyan, Aydın, Doğus Matbaacılık, 1986, p. 205-206.

85 K. Kehl-Bodrogi, « On the Significance… », art. cit., p. 125.

86 N. Okan, Canların Cinsiyeti, op. cit.

87 N. Yalman, « Islamic Reform… », art. cit., p. 50 ; D. Shankland, The Alevis in Turkey, op. cit., p. 98.

88 B. Fliche, Odyssées turques, op. cit., p. 125.

89 Jocelyne Dakhlia, « Homoérotisme et trames historiographiques du monde islamique », Annales HSS, 62-5, 2007, p. 1097-1120.