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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'œuvre d'Alexandre Zinoviev, déjà abondante, constitue une première tentative, venant d'URSS, de construire une théorie cohérente du « système » soviétique. A elle seule, cette constatation suffit à en montrer l'importance. Mais il y a plus. L'originalité de Zinoviev résulte du fait que, pour lui, ce « système » n'est pas seulement un régime politique ni un État, il est une société, voire une civilisation (ou une anti-civilisation). Le communisme, dont l'URSS est le modèle par excellence, n'est pas chez Zinoviev un mouvement idéologique et politique, mais un « phénomène plus profond que le capitalisme », une « époque », une « structure fondamentale sur laquelle repose le reste » (p. 328).
Cette structure sociale est stable, car « un type de société est immuable. Il se constitue “ une fois pour toutes ” » (p. 47) et surtout, elle est « normale ». S'inscrivant en faux contre ceux pour qui le communisme est une déviation, une folie ou un accident de l'histoire, Zinoviev affirme au contraire qu'il est « un phénomène naturel dans l'histoire de l'humanité et découle pleinement de la nature de l'homme dont il est le reflet » (p. 31). Autant dire que le communisme est universel. Il ne se développe pas seulement en Union Soviétique,
The paper attemps to analyse the social thought of Alexander Zinoviev, whose works aspire to develop theory, set free from the Soviet official ideology, of the “communist society”. The most original points are Zinoviev's conceptions of the relations between state (or power) and society, between collectivity and individual, which he identifies. In his views, Zinoviev shows an interesting melting of Russian traditions of scientism and determinism on one hand and leninist (totalitarian) concepts on the other hand.
1. Zinoviev, Alexandre, Le communisme comme réalité, Paris-Lausanne, Julliard-L'Age d'homme, 1981, p. 26 Google Scholar (cité infra, CCR).
2. A. Zinoviev, Nous et l'Occident, Lausanne, L'Age d'homme, 1981, p. 111 (cité infra, NEO).
3. Nous nous appuierons sur l'ensemble des écrits théoriques de Zinoviev, Le communisme comme réalité, op. cit., et ses recueils d'articles : Sans illusions, Lausanne, L'Age d'homme, 1979 (cité infra, SI) ; Nous et l'Occident, op. cit. ; M liberté, ni égalité, ni fraternité, Lausanne, L'Age d'homme, 1983 (cité infra, NLEF). Mais l'oeuvre de Zinoviev forme évidemment un tout, et il nous arrivera de citer ses oeuvres plus « littéraires ». Cet article a été écrit en automne 1984. Les interviews et écrits récents d'Alexandre Zinoviev confirment, nous semble-t-il, ses idées-forces en les accusant à l'extrême.
4. Les hauteurs béantes, Lausanne, L'Age d'homme, 1977, pp. 32-33 et pp. 42-45.
5. CCR, p. 69 (souligné par nous).
6. A ce sujet, voir Besançon, Alain, Les origines intellectuelles du léninisme, Paris, Calmann- Lévy, 1977.Google Scholar
7. Spencer, Herbert, Essays, Londres, 1868, vol. 1, pp. 391–392.Google Scholar
8. Notes d'un veilleur de nuit, Lausanne, L'Age d'homme, 1979 ; SI, pp. 134-135 ; et CCR, pp. 166-171.
9. Par exemple, NEO, p. 57.
10. Par exemple, CCR, pp. 73-74.
11. Par exemple Fénelon, « Essai philosophique sur le gouvernement civil », dans OEuvres, tome VI, Paris, Louis Vives, 1954, p. 54.
12. Hegel, , La raison dans l'histoire, Kostas Papaioannou éd., Paris, Coll. 10–18, p. 142.Google Scholar
13. CCR, p. 69 (souligné par nous).
14. CCR, p. 174 (souligné par nous).
15. Durkheim, Emile, Textes, 3, Paris, Éditions de Minuit, 1975, p. 171.Google Scholar
16. CCR, p. 186 (souligné par nous).
17. Ibid., p. 237 (souligné par nous).
18. Publié en russe (NaSej junosti polet), cf. p. 29. Trad. frse, Le héros de notre jeunesse, Lausanne, L'Age de l'homme, 1984.
19. Hobbes, Thomas, Léviathan, Paris, Édition Sirey, 1971, p. 224.Google Scholar
20. Nlef, p. 49. Le mot russe est sdelka.
21. SI, p. 71 (souligné par nous).
22. CCR, p. 77 (souligné par nous).
23. Nlef, pp. 100-101 (souligné par nous).
24. CCR, pp. 261-264. Le terme russe ustanovka signifie, chez Zinoviev, davantage qu'une directive. C'est une sorte de « finalité sans fin », un engagement impératif et total, mais vide et changeant.
25. Zalkind, A. B., Revoljucija i molodez’ (La révolution et la jeunesse), Moscou, 1924, p. 76.Google Scholar
26. Hegel, op. cit., pp. 143-145.
27. Cf. son étude sur « La maladie totalitaire », dans Essais sur l'individualisme, Paris, Éditions du Seuil, 1983, pp. 132-164.