1. Troisième Série, 1951, Paris, Presses Universitaires, 1953 ; in-8°, 570 pages.

2. Les conclusions « provisoires » de l'enquête sont les suivantes (elle porte sur un domaine bien défini : Rome entre — 100 et -+- 100 environ). Il s'agit de faits nombreux du type suivant : En — 81, selon Tite-Live, Preneste étant prise, les deux chefs antisyllaniens Marius le Jeune et le frère cadet de Pontius Telesinus firent le même geste. — Ou encore : en — 49, une cohorte auxiliaire de Transpadane cernée sur un transport, en Adriatique, par la flotte pompéienne, s'extermina elle-même. Ou enfin (ces trois exemples suffiront) en + 28, sous Tibère, 400 Romains cernés en Frisie dans une maison et craignant d'être trahis se donnent réciproquement la mort au dire de Tacite.

Or de tels actes, à Rome, au cours de la période envisagée, apparaissent comme tabous. Mais non comme sujets, originellement, à une pénalisation judiciaire (sauf le cas de pendaison : on peut consulter sur la condamnation portée contre la pendaison dans le monde romain, Bayet, A., Histoire de la morale en France, Paris, 1931, p. 175)Google Scholar. Mais de tels actes, s'inscrivant dans la sphère du sacré, entretiennent autour d'eux une sorte de méfiance et d'horreur qui conduit à leur chercher des palliatifs. L'un d'eux consiste à transformer en meurtre ou en combat ce qui est, en fait, suicide. Echappatoire au suicide, d'une part ; valorisation d'autre part de ces morts volontaires par mobilisation d'anciens complexes psychologiques caractéristiques de la mentalité italique par référence aussi à des croyances religieuses profondément enracinées dans cette mentalité. — Il est évident que cette analyse sommaire ne donne du mémoire de M. Jean Bayet qu'une idée beaucoup trop sommaire — et par là-même le trahit. Mais les quelques lignes qu'on vient de lire attireront peut-être l'attention et de quelques ethnologues et de quelques historiens médiévaux ou autres, sur des faits de leur connaissance qui peuvent soit prolonger dans le temps, soit éclairer dans l'espace les conclusions de l'auteur.