Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Bien que caractérisée, dans son ensemble, par l’élévation des taux d’alphabétisation, l’Italie moderne reste encore un monde dans lequel l’oralité et l’écriture sont inextricablement liées. Afin de comprendre ce phénomène en profondeur, notamment les formes d’alphabétisation répandues parmi les groupes populaires, en particulier les femmes, il faut tenir compte non seulement des professionnels de l’enseignement mais aussi d’autres protagonistes, figures marginales ou improvisées souvent négligées dans les sources. Pour ces différentes raisons, on s’est intéressé ici, en priorité, au rôle, peu connu, des maîtresses de petites écoles et à leur enseignement, en général très simplifié par rapport à celui de l’école officielle. Puis, au travers d’un exemple concret, on a cherché à éclairer de l’intérieur les phénomènes identifiés précédemment grâce au travail d’archives. D’une autobiographie écrite par une femme de la fin du XVIIIe siècle — fille d’un jardinier, lectrice enthousiaste et poétesse autodidacte — émerge, filtré par le souvenir, le cadre très vivant et détaillé d’une éducation rustique, d’un contact passionné avec les livres et d’une lutte acharnée pour pénétrer le monde de l’écriture.
In spite of a general increase of the literacy rate, modern Italy remains a country where orality and writing are closely interconnected. To thoroughly understand this phenomenon and especially the forms of literacy among popular groups — women in particular — it is important to focus not only on the professional teachers, but also on other marginal or self-made figures who have often been neglected in standard sources. The first part of this article mainly reveals the role played by women schoolteachers (magistre) and their programs, which were often simpler than those of the official schools. The second part of the article deals with an autobiography. Through a specific and concrete life story, an attempt is made to obtain an inside understanding of phenomena which were previously identified through archival studies. This autobiography was written at the end of the 18th century by a woman — a gardener’s daughter who was an enthusiastic reader and a self-taught poet. It evokes in details, through the filter of her memory, her very lively rustic education, her passionate contact with books and her fierce struggle to enter the world of writing.
1. Voir par exemple Hébrard, Jean, «Comment Valentin Jamerey-Duval apprit-il à lire ? L’autodidaxie exemplaire», in Chartier, R. (ed.), Pratiques de la lecture, Marseille, Rivages, 1985, pp. 26–30 Google Scholar. A un niveau plus complexe, Ginzburg, Carlo, Il formaggio e i vermi. Il cosmo di un mugnaio italiano del ‘500, Turin, Einaudi, 1976 Google Scholar (trad. fr., Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du XVIe siècle, Paris, Aubier, 1980).
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6. Robert Gildea traite, par exemple, de cet «indispensable service at the margins of history», dans Education in Provincial France, Oxford, Clarendon Press, 1989, p. 88 sq. Voir aussi Sklar, Kathryn, «The schooling of girls and changing community values in Massachusetts towns 1750-1820», History of Education Quarterly, XXXIII, 1993, p. 518 Google Scholar sq.
7. Ponza, Michele, Lettera di un maestro di seconda scuola comunale ad un suo collega, Turin, Stamperia Bianco, 1823, p. 35 Google Scholar.
8. Il y avait un lien précis entre le sexe de l’enseignant, l’âge et le sexe des élèves, le niveau du curriculum et la durée de fréquentation de l’école. Les garçons, par exemple, tendaient à abandonner précocement ce genre d’études afin d’entrer dans le monde du travail ou dans celui de l’école officielle.
9. Gian Ludovico Zannini, Masetti, «Maestre bolognesi nei secoli XVII-XVIII», Strenna storica bolognese, XXVIII, 1978, pp. 253–292 Google Scholar.
10. Pour la Nouvelle-Angleterre, la question a été étudiée par Perlmann, Joel, Siddali, Silvana R. et Whitescarver, Keith, «Literacy, Schooling and Teaching Among New England Women», History of Education Quarterly, 37, 1997, pp. 117–139 CrossRefGoogle Scholar.
11. Voir le Regolamento delle scuole di comunità de Castel San Giovanni (1770), cité dans Gonzi, Giovanni, «Storia della scuola popolare nei ducati parmensi», Aurea Parma, LVII, 1973, p. 133 Google Scholar.
12. M. Roggero, L’alfabeto conquistato..., op. cit., p. 294.
13. Sur ce témoignage, voir Severi, Piero, «Il buon maestro. Immagini di insegnanti nel XVIII secolo», in Brizzi, G. P. (ed.), Il catechismo e la grammatica, Bologne, il Mulino, vol. I, 1985, p. 216 Google Scholar.
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15. Le témoignage est cité par P. SEVERI, Il buon maestro..., op. cit., p. 220.
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19. AST, Riunite, 1701, Verbali di ispezione..., 1806. Pour l’Angleterre, des témoignages allant dans le même sens sont cités par Burnett, John, Destiny Obscure. Autobiographies of Childhood, 1820-1920, Harmondsworth, Penguin Books, 1982, p. 144 Google Scholar sq. Sur ce sujet, voir aussi Laqueur, Thomas, «Working Class Demand and the Growth of English Elementary Education, 1750-1850», in Stone, L. (dir.), Schooling and Society, Baltimore-Londres, The Johns Hopkins University Press, 1975, p. 199 Google Scholar sq.
20. Archivio di Stato di Bologna, Archivio Storico Comunale, Archivio Scuole Pie, Memoriali per maestri e maestre, b. 1, Relazione delle donne che dimandano d’essere ellette per maestre. Malheureusement, les sources de ce genre sont assez rares dans les archives italiennes.
21. C’est ce que soutenait, par exemple, l’oratorien philojanséniste Michele Gautier dans son Progetto di pubbliche scuole per le fanciulle (1793). Cf. Berardi, Roberto, L’istruzione della donna in Piemonte, Turin, Deputazione Subalpina di Storia Patria, 1991, p. 114 Google Scholar sq.
22. Les «Secrets» sont des textes qui assuraient la transmission des connaissances au sein de groupes restreints. Elles pouvaient concerner des savoirs et des pratiques liés au monde des artisans, à celui des femmes (recettes, médicaments) ou encore, plus obscur et dangereux, de la magie.
23. FRAGNITO, Gigliola, La Bibbia al rogo, Bologne, il Mulino, 1997 Google Scholar.
24. Antoniano, Silvio, Tre libri dell’educatione christiana dei figliuoli, Vérone, 1584 Google Scholar, chap. XLVI. L’œuvre, inspirée par un protagoniste aussi important de la Contre-Réforme que le cardinal Charles Borromée, et destinée à une très grande diffusion, établissait les lignes de conduite de l’offensive catholique sur l’école.
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28. P. Grendler, Schooling..., op. cit. , p. 111.
29. Sur ce sujet, voir Doglio, Maria Luisa, Lettera e donna. Scrittura epistolare al femminile tra Quattro e Cinquecento, Rome, Bulzoni, 1993 Google Scholar; Weaver, Elissa B., «Le Muse in convento. La scrittura profana delle monache italiane (1450-1650)», in Scaraffia, L. et Zarri, G. (eds), Donne e fede. Santità e vita religiosa in Italia, Rome-Bari, Laterza, 1994, pp. 253–276 Google Scholar; Miglio, Luisa, «Scrivere al femminile», in Petrucci, A. et Blay, F. M. Gimeno (eds), Escribir y leer en Occidente, Valence, Universitat de Valencia, 1995, pp. 63–87 Google Scholar; Zarri, Gabriella (ed.), Per lettera. La scrittura epistolare femminile tra archivio e tipografia, Rome, Viella, 1999 Google Scholar.
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31. Settembrini, Luigi, «Rapporto a S. A. R. Principe Eugenio di Savoia di Carignano (1860)», in ID., Scritti vari di letteratura, politica e arte, Naples, 1895, p. 118 Google Scholar.
32. Archivio di Stato di Bergamo, Dipartimento del Serio, 1565, Lettera del 15.12.1810. Il est intéressant de citer à ce propos quelques chiffres: sur quarante maîtresses privées recensées en 1811 dans la commune de Forli, seulement douze savaient écrire (Archives de la commune de Forli, 86, Il potestà di Forli al prefetto, 9.10.1811). Pour la commune de Cesena, la proportion était de huit sur trente-quatre (Archives de la commune de Cesena, Archives historiques de la municipalité, tit. XIII, rub. 10, Elenco dei maestri e delle maestre residenti nel comune di Cesena, 1811).
33. Le Rapporto a S. E. il Ministro dell’Interno sullo stato attuale della pubblica istruzione de Matteo Galdi est cité par Zazo, Alfredo, L’istruzione pubblica e privata nel Napoletano, Città di Castello, Il Solco, 1927, p. 84 Google Scholar.
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35. ACT, cat. 32, art. 118, Piano di nuovo metodo a seguire per l’insegnamento delle scuole..., proposto al Consiglio municipale, 23.10.1803.
36. ASP, Atti comunali, Istruzione pubblica, Il prefetto al podestà di Padova, 3.12.1811. De manière générale, on peut consulter sur ce sujet la correspondance entre le directeur de l’instruction publique et les préfets du royaume d’Italie au cours de l’automne 1811.
37. AST, Istruzione pubblica, Scuole primarie in genere, m. 1 da inv., Il dirrettore delle scuole di Torino al rettore dell’ Académie, 16.1.1811.
38. Sur l’évolution ultérieure, voir Porciani, Ilaria, «Il libro e la matassa. Scuole per “ lavori donneschi” nell’Italia da costruire», in Soldani, S. (ed.), L’educazione delle donne, Milan, Franco Angeli, 1989, pp. 87–129 Google Scholar; Bini, Giorgio, «La maestra nella letteratura» in Soldani, S. (ed.), L’educazione delle donne..., op. cit., pp. 331–362 Google Scholar; pour la France, voir Gemie, Sharif, «The Schoolmistress’s Revenge: Secular Schoolmistresses, Academic Authority and Village Conflicts in France, 1815-1848», History of Education, XX, 1991, pp. 203–217 CrossRefGoogle Scholar.
39. Voir La Vopa, Anthony, Prussian Schoolteachers: Profession and Office, 1763-1848, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1980 Google Scholar, ainsi que les travaux réunis dans Julia, Dominique (ed.), «Aux sources de la compétence professionnelle. Critères scolaires et classements sociaux dans les carrières intellectuelles en Europe, XVIIe-XIXe siècles», numéro spécial de Paedagogica Historica , XXX-I, 1994 Google Scholar.
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41. Pour une première orientation, voir Cavallo, Guglielmo et Chartier, Roger (eds), Storia della lettura, Rome-Bari, Laterza, 1995 Google Scholar; Chartier, Roger (ed.), Histoires de la lecture. Un bilan des recherches, Paris, IMEC Éd./Éditions de la MSH, 1995 Google Scholar.
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45. Pour le monde anglo-saxon, voir les réflexions de Barry, Jonathan, «Literacy and Literature in Popular Culture: Reading and Writing in Historical Perspective», in Harris, T. (ed.), Popular Culture in England, c. 1500-1850, Londres, Macmillan, 1995, p. 84 Google Scholar sq.
46. Pour la France, voir Sonnet, Martine, «La lecture dans les petites écoles», XVIIIe Siècle, 18, 1986, p. 33 Google Scholar.
47. Laqueur, Thomas, «The Cultural Origins of Popular Literacy in England 1500-1800», Oxford Review of Education, 2, 1976, pp. 255–275 CrossRefGoogle Scholar; Lucchi, Piero, «La prima istruzione. Idee, metodi, libri», in Brizzi, G. P. (ed.), Il catechismo..., op. cit., pp. 68–70 Google Scholar.
48. Encore en 1861, un recensement étendu à toute la péninsule italienne mettait en évidence la persistance d’un taux très élevé de semi-analphabétisme: ceux «qui savaient seulement lire» représentaient 29 % des femmes et 12 % des hommes alphabétisés. Daniele Marchesini, L’analfabetismo femminile nell’Italia dell’Ottocento. Caratteristiche e dinamiche, in S. Soldani (ed.), L’educazione delle donne..., op. cit., p. 52.
49. Voir la préface à Becchi, Egle et Julia, Dominique (eds), Storia dell’infanzia, Rome-Bari, Laterza, 1996, vol. I, pp. VII–XXVII Google Scholar.
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51. Voir Lejeune, Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Le Seuil, 1975 Google Scholar et Amelang, James, The Flight of Icarus. Artisan Autobiography in Early Modern Europe, Stanford, Stanford University Press, 1998 Google Scholar, très riches en références bibliographiques. Pour la période suivante, pour laquelle les études sont plus nombreuses, voir Graff, Harvey J., Conflicting Paths. Growing up in America, Cambridge-Londres, Harvard University Press, 1995 Google Scholar, ouvrage particulièrement centré sur la gender history.
52. Berengo, Marino, La società veneta alla fine del ‘700, Florence, Sansoni, 1956 Google Scholar.
53. Infelise, Mario et Marini, Paola (eds), Remondini, un editore del Settecento, Milan, Electa, 1900 Google Scholar.
54. Le très populaire cycle chevaleresque, rédigé par le Toscan Andrea da Barberino (vers 1370-1432), réorganisait les matériaux qui provenaient des sagas antérieures, d’inspiration bretonne et carolingienne. Il était caractérisé par le goût pour le fantastique et le merveilleux et mélangeait de façon habile des entreprises héroïques, des amours courtois et des lieux exotiques. Dans les siècles qui suivirent, des mains inconnues ont réélaboré en «octaves vénitiennes» certaines parties du roman, sans cependant en altérer l’esprit. Sur la fortune de ce genre, voir Grendler, Paul F., «Chivalric Romances in the Italian Renaissance», Studies in Medieval and Renaissance History, 10, 1988, pp. 57–102 Google Scholar.
55. Carlo Gregorio Rossignuoli (1631-1702), jésuite, fut l’auteur d’innombrables ouvrages d’édification. On fait référence ici en particulier aux Meraviglie di Dio nei suoi Santi.
56. Le Cicerone de Gian Carlo Passeroni (1713-1803) était un poème de cent un chants, célèbre en son temps, qui, à partir de la vie de l’orateur romain, décrivait de façon satirique plusieurs aspects de la vie et de la société contemporaine.
57. Boaretti, Francesco (1748-1799) publia, outre des écrits d’érudition historique et religieuse, une réécriture de l’Iliade en octaves vénitiennes (Omero in Lombardia: Iliade, Venise, Pepoli, 1788 Google Scholar).
58. Comme pour d’autres drames de Vittorio Alfieri, l’Oreste (1783), eut un large écho en son temps, tant à travers ses représentations que par des lectures directes.
59. Sur ce thème, voir Levine, Lawrence W., «William Shakespeare and the American People: A Study in Cultural Transformation», American Historical Review, 89, 1984, pp. 34–66 CrossRefGoogle Scholar; Chartier, Roger, «Escribir y leer la comedia en el siglo de Cervantes», in Castillo, A. (ed.), Escribir y leer en el siglo de Cervantes, Barcelone, Gedisa, 1999, pp. 243–255 Google Scholar.
60. Sur les lectures «populaires», on dispose d’une très riche bibliographie: pour une mise au point sur cette question, voir la dernière section du livre de Chartier, Roger, Forms and Meanings: Texts, Performances and Audiences from Codex to Computer, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1995 CrossRefGoogle Scholar.
61. Il s’agissait très probablement de la Didone abbandonata (1724) qui connut une fortune considérable au sein de la très riche production mélodramatique de Pietro Metastasio. L’énorme succès de cet auteur auprès d’un public féminin était considéré comme suspect par les moralistes catholiques, qui voyaient en lui un maître du vice, sournois, et d’autant plus dangereux de ce fait.
62. Sur la vie de Valentin Jamerey-Duval (1695-1755), de son enfance misérable à sa brillante carrière d’érudit et de bibliothécaire impérial, voir J. Hébrard, Comment Valentin Jamerey-Duval..., op. cit., p. 45 sq.
63. La vita di San Josaphat convertito per Barlaam était une sorte de roman populaire d’aventures. Le texte original, probablement en arabe, avait été traduit en latin au XIe siècle. Sur cette œ uvre et celles qui suivent voir P. Grendler, Schooling..., op. cit.; Lucchi, Piero, «Nascita del libro di lettura», in Infelise, M. et Marini, P. (eds), L’editoria del Settecento e i Remondini, Bassano, Ghidina & Tassotti, 1992, p. 151 Google Scholar sq. ; A. Bartoli Langeli et M. Infelise, Il libro manoscritto..., op. cit., pp. 941-977.
64. Le Fior di Virtù était un livre d’initiation à la lecture qui devait transmettre de bons principes moraux. Écrit au cours du premier quart du XIVe siècle, il était divisé en chapitres consacrés chacun à une vertu et au vice correspondant. Chaque section contenait une définition, une longue série de maximes et un récit exemplaire.
65. Le sottilissime astuzie di Bertoldo, du poète Giulio Cesare Croce (1550-1609), sont la réélaboration d’une œ uvre anonyme de la fin du XVe siècle (le Dialogus Salomonis et Marcol-phis ). Presque toujours rapproché d’un autre texte original (Le piacevoli e ridicolose semplicità di Bertoldino ), cette œ uvre met en scène le contraste entre le monde de la cour et le monde rural et paysan, qui trouvait en Bertoldo un champion plein d’adresse et de ruse. Voir Camporesi, Piero, La maschera di Bertoldo, Turin, Einaudi, 1976 Google Scholar.
66. Le Leggendario delle Santissime Vergini était un autre texte religieux et de dévotion très répandu, souvent utilisé comme instrument pour la première alphabétisation.
67. Sur le «petit recueil des légendes des saintes vierges», imprimé sur du papier ordinaire, et encore employé dans les écoles siciliennes au début du XXe siècle, voir le témoignage personnel d’un expert bien connu du folklore qui se souvient «avec horreur des représentations des martyrs»: Pitre, Giuseppe, Usi e costumi, credenze e pregiudizi del popolo siciliano, Florence, Barbera, 1939, vol. IV, p. 463 Google Scholar.
68. Le drame pastoral de Battista Guarini, un exemple parmi les plus réussis dans ce genre littéraire, avait été publié en 1589 et représenté pour la première fois en 1595. Encore à la fin du XVIIIe siècle, certains moralistes catholiques le qualifiaient de «corrupteur lubrique», voir L. Guerci, La sposa obbediente..., op. cit., p. 256 sq.
69. Il s’agissait d’un poème héroïco-comique publié en 1738 par Niccolo Forteguerri, dont les intentions satiriques visaient surtout la Curie de Rome.
70. Cité dans Gasparri, Françoise, «Enseignement et techniques de l’écriture du Moyen Age à la fin du XVIe siècle», Scrittura e civiltà, 7, 1983, pp. 201–222 Google Scholar, ici p. 221. Voir aussi Petrucci, Armando, «Imparare a scrivere, insegnare a scrivere», Annali della Scuola normale superiore di Pisa, s. III, XXIII, 1993, p. 61 Google Scholar sq.
71. Pour un cas analogue, voir Petrucci, Armando, «Nota sulla scrittura di Angela Mellini», Quaderni storici, 41, 1979, pp. 640–643 Google Scholar.
72. Sur cette forme de «patronage éclairé», se reporter à J. Amelang, The Flight..., op. cit., p. 75 sq.