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L'affaire Dreyfus et le tournant critique (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Vincent Duclert*
Affiliation:
Université de Paris X-Nanterre

Extract

La recherche scientifique a généralement occulté la dimension militaire de l'affaire Dreyfus et l'impact d'un tel événement sur les structures profondes de la nation et de l'État. Cette double lacune a formé le contexte de deux ouvrages parus dès le mois de janvier 1994, au seuil de la première année du centenaire de l'Affaire. Un secret bien gardé de Jean Doise a d'emblée inscrit cet anniversaire dans une perspective antihistorienne. Il est pourtant publié dans une collection d'innovation et son sous-titre (Histoire militaire de l'affaire Dreyfus) introduit une donnée essentielle pour comprendre l'événement. La France de l'affaire Dreyfus dirigé par Pierre Birnbaum affiche quant à lui une ambition scientifique capable de renouveler les approches de l'Affaire.

Type
Histoire Politique de la France Contemporaine. L'Affaire Dreyfus. Le Cas Maurras
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1996

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References

1. Ces deux domaines ont commencé d'être défrichés respectivement par Thomas, Marcel, L'Affaire sans Dreyfus, Paris, Fayard, 1961, 587 p.,Google Scholar que l'on peut rapprocher de Serman, William, Les officiers français dans la nation 1848-1914, Paris, Aubier, « Historique », 1982, 283 p.,Google Scholar et par Rebérioux, Madeleine, La France radicale ? 1898-1914, Paris, Le Seuil, « Points-Histoire », 1975, 255 p.,Google Scholar que l'on peut associer à Agulhon, Maurice, La République 1880-1932,1.1, Paris, Hachette, « Histoire de France-Pluriel », 1990, 468 p.Google Scholar

2. Doise, Jean, Un secret bien gardé. Histoire militaire de l'affaire Dreyfus, Paris, Le Seuil, « XXe siècle », 1994, 230 p.Google Scholar

3. Birnbaum, Pierre (sous la direction de), La France de l'affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 1994, 598 pGoogle Scholar

4. Cf. Vidal-Naquet, Pierre, « Dreyfus dans l'Affaire et dans l'histoire », dans Cinq années de ma vie, Paris, Maspero/La Découverte, 1994, pp. 545.Google Scholar Nicolet, Claude, L'idée républicaine en France, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 1982, 517 p.Google Scholar Les travaux de Nicole Loraux et ceux d'Emmanuel Terray dressent des pistes précieuses pour l'histoire de l'État et du droit.

5. Après la somme historienne du député gambettiste et intellectuel dreyfusard Joseph Reinach, Histoire de l'affaire Dreyfus, 7 vols, Paris, Éditions de la Revue blanche et Éditions Fasquelle, 1903-1929, l'ouvrage de référence sur l'affaire Dreyfus émane désormais d'un juriste, Bredin, Jean-Denis, L'Affaire, nouvelle édition refondue, Paris, Fayard/Julliard, 1993, 856 p.Google Scholar De son côté, Pierre Birnbaum appartient aux sociologues du politique.

6. Michel Winock a laissé la revue L'Histoire dont il est conseiller de la rédaction vulgariser la thèse d'Un secret bien gardé, d'abord en l'annonçant dans une note préalable (n° 171, novembre 1993, p. 5) puis en accordant une large place aux travaux de Jean Doise dans le numéro spécial « L'affaire Dreyfus. Vérités et mensonges », n° 173, janvier 1994, pp. 28-33. Le livre de J. Doise a été présenté également par Michel Winock sur France 3 dans le cadre de l'émission « Brûlures de l'histoire » le 18 janvier 1994. Dans Le Monde, Jean-Pierre Rioux lui a consacré la plus grande part de son feuilleton de « l'histoire » du 21 janvier 1994 (” L'inépuisable Affaire »). La critique est élogieuse et le livre gagne d'autant plus en légitimité que sa recension précède celle, plus nuancée, du livre de Pierre Birnbaum.

7. Pierre Vidal-Naquet a dénoncé le premier le livre de J. Doise, dans un entretien accordé à La Quinzaine littéraire (16-28 février 1994) et dans une conférence à Bruxelles (mars 1994, à paraître). Marcel Thomas a publié une première mise au point dans Le Monde (” Dreyfus et Esterhazy », 4 mars 1994) et une seconde dans Le Point (12 mars 1994). Il a renouvelé ses critiques dans sa contribution à L'affaire Dreyfus de A à Z, Michel Drouin (Sous la direction de), « Historiographie sommaire de l'Affaire », Paris, Flammarion, 1994, p. 590, dans un article du catalogue de l'exposition Une tragédie de la Belle-Époque. L'affaire Dreyfus, Paris, Comité du Centenaire de l'affaire Dreyfus, 1994, pp. 87-89 et il a démontré l'étendue des erreurs de J. Doise dans un article détaillé, « Fausses clés pour pseudo-énigmes : Jean Doise, Un secret bien gardé. Histoire militaire de l'affaire Dreyfus », Historiens et Géographes, n° 346, décembre 1994, pp. 125-129. Prochasson, Christophe y revient dans « Une commémoration discrète : quelques livres pour un Centenaire », Mil Neuf Cent. Revue d'Histoire intellectuelle, 12, 1994, p. 226.Google Scholar Robert Bonnaud a rectifié lui aussi le débat dans un article de la Quinzaine littéraire (1-15 juin 1994).

8. J. Doise, normalien, membre de l'Ecole française de Rome, agrégé d'histoire, s'est spécialisé dans l'histoire militaire : il est l'auteur avec Maurice VaïSse de Politique étrangère de la France. Diplomatie et outil militaire, 1871-1991, Paris, Imprimerie nationale, 1987 (nouvelle édition, Paris, Le Seuil, « Points-Histoire », 1993, 752 p.).

9. M. Winock, dans Un secret bien gardé, op. cit., p. 8.

10. Jean-Pierre Rioux, « L'inépuisable Affaire », art. cit.

11. Grâce à un frein très perfectionné, ce canon sera «susceptible d'envoyer vingt à vingtcinq coups à la minute ». La pièce sera utilisée pour la première fois en Chine en 1900 lorsque le corps expéditionnaire international dirigé par le général allemand Waldersee devra réduire la révolte des Boxers qui menaçait les intérêts des grandes puissances.

12. « Redisons-nous que le canon de 75 a été l'instrument victorieux de Joffre, ce qui fut largement suffisant » (p. 21).

13. « Les Allemands se diraient en voyant qu'on poussait ces cris affreux à propos de Dreyfus : 1) que les Français avaient pincé le capitaine d'artillerie à la place d'Esterhazy ; 2) que le 120 portait tous les espoirs de l'artillerie du côté ouest des Vosges ; 3) que leur informateur au nom hongrois était vraiment un espion très fort et bien renseigné » (p. 57).

14. Cf. notre article, « L'affaire Dreyfus aux Archives nationales », Historiens et Géographes, n°346, janvier 1995, pp. 131-137.

15. D'où le décalquage sur l'affaire Dreyfus d'un manuel du renseignement publié en 1971 par le colonel André Brouillard sous le pseudonyme de Nord, Pierre, L'intoxication, arme absolue de la guerre subversive, Paris, Fayard, 197 Google Scholar

16. A ces quatre registres s'en ajoute un dernier, celui de la rumeur. L'innocence démontrée et proclamée de Dreyfus n'a jamais quitté le terrain du doute. « Était-il si innocent que cela ? » peut-on encore entendre dans différents milieux. Le Service historique de l'armée de terre dans une note publiée le 31 janvier 1994 par Sirpa Actualités a estimé que l'innocence de Dreyfus ne serait que la version communément admise des historiens. Devant cet invariant douteux où se loge un antisémitisme rampant (même innocent, le juif reste coupable), le livre de J. Doise exhume la version de l'innocence corrigée par celle, supérieure, de l'armée.

17. Marcel Thomas, L'Affaire sans Dreyfus, op. cit., p. 524. Cette étude s'appuie notamment sur la sous-série BB” aux Archives nationales et les manuscrits Desachy de la Bibliothèque nationale.

18. L'unique cote d'archives citée est fausse. La note 1 de la page 53 évoque les « documents des Archives nationales (BB19-74) » alors qu'il faudrait écrire BB19 74.

19. Déjà, dans son ouvrage de 1987, Jean Doise avançait sa thèse « sans exposer ni justifier nos affirmations en détail », Jean Doise et Maurice Vaïsse, Diplomatie et outil militaire, op. cit., p. 118.

20. Les « bulletins de renseignements », synthèse de l'activité de la Section adressée tous les deux jours au ministre de la Guerre, ne font pas état d'un plan d'intoxication. Marcel Thomas a étudié ces « bulletins de renseignements » adressés au ministre de la Guerre par la Section de la Statistique de février 1892 à janvier 1895 et sauvés de la disparition parce qu'intégrés au dossier de la Cour de cassation. En l'absence de preuves effectives, il ne statue pas sur l'hypothèse de l'« intox ». A les étudier de près, ces documents indiquent chez les agents français une crainte de la guerre allemande et chez les agents allemands une connaissance précise des innovations d'artillerie, y compris le canon de 75 qui ne semble être en 1894 un secret ni pour la presse française ni pour l'espionnage allemand. (Archives nationales, BB” 84, en particulier le « bulletin » du 20 septembre 1894). J. Doise ignore ces archives alors qu'elles devraient constituer le point de toute recherche sur son sujet.

21. J. Doise s'appuie sur un ouvrage de seconde main d'Armand Charpentier qui ne fait qu'évoquer cette « lettre d'Alsace », Les côtés mystérieux de l'affaire Dreyfus, Paris, Rieder, 1938, 335 p. Cette hypothèse repose sur le témoignage d'un magistrat, gendre du général Billot, quand celui-ci, ministre de la Guerre, lui avait demandé d'inventorier en mai-juin 1898 le « dossier secret » de l'Affaire. A cette occasion, le lieutenant-colonel Henry aurait parlé au substitut Adolphe Wattinne de l'existence de « la lettre d'Alsace ». Devant la Cour de cassation en 1904, Wattinne, après avoir rappelé cette discussion, a conclu par ces mots : « Comme tout cela était absolument vague, je l'ai considéré comme inexistant et il n'y a pas un mot dans le rapport que vous avez devant les yeux […]. Ah ! il mentait bien […] », Affaire Dreyfus. La révision du procès de Rennes (7 août-9 septembre 1899). Enquête de la Chambre criminelle de la Cour de cassation, t. II, Paris, Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, 1908, p. 605. Devant la Cour, aucun des autres membres de la Section ne put confirmer l'existence précise de ce document.

22. Comment Picquart a-t-il pu tout ignorer de l'« intox » et de l'« amalgame » lorsqu'il prend la succession de Sandherr le 1er juillet 1895 ? Pourquoi Mercier ne révèle-t-il rien à ses successeurs ? Comment affirmer que la décision au procès de Rennes et lors de la grâce sont du seul ressort des responsables — inconnus — de l'« intox » ? Qui mène réellement cette dernière ? Pourquoi écrire que la justice militaire est en avance sur la justice ordinaire (pp. 85 et 151) et dire ensuite que les juges du conseil de guerre ne sont pas des juristes mais des officiers (p. 154) ?

23. J. Doise ne parle pas du silence jamais rompu du général Mercier. Or, pour ne plus apparaître comme le « criminel en chef » (selon Dreyfus), le général Mercier aurait eu tout intérêt à révéler l'« intox » lorsque l'Affaire s'est achevée ou plus encore après la victoire de 1918 (il meurt en 1921).

24. Cf. Prochasson, Christophe, « Le colonel Georges Picquart ou la vertu cachée », dans « Comment sont-ils devenus dreyfusards ou anti-dreyfusards ? », Mil Neuf Cent. Revue d'Histoire intellectuelle, n° 11, 1993, pp. 1520.CrossRefGoogle Scholar

25. Voir la déposition du général d'artillerie de marine (en retraite) Sebert, membre de l'Académie des sciences, dans Le procès Dreyfus devant le conseil de guerre de Rennes, op. cit., t. III, pp. 168-181. Nous avons donné des pistes de recherche sur les officiers dreyfusards dans «Les militaires», dans L'affaire Dreyfus et le tournant du siècle 1894-1910, Laurent Gervereau et Christophe Prochasson (sous la direction de), Nanterre, BDIC, 1994, pp. 98-103.

26. Dewerpe, Alain, Espion : une anthropologie historique du secret d'État contemporain, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 1994, p. 10.Google Scholar

27. Ibid., p. 11

28. Annie Kriegel, « Une nouvelle “affaire Dreyfus” ? », Le Figaro, 1er mars 1994. Dans cet article en défense de la note contestée du Shat, Annie Kriegel invoque les travaux de Jean Doise et de Michel de Lombarès. En revanche, elle renvoie Madeleine Rebérioux à ses études en ce qui concerne l'antisémitisme et l'affaire Dreyfus ! Au-delà des questions politiques et quelles qu'elles soient, il semble que l'instance critique soit ici défaillante.

29. Le terme négationniste est préférable à celui de « révisionniste », en raison du risque de confusion qui existe pour l'affaire Dreyfus avec les révisionnistes partisans de la révision du procès de 1894. Afin de se dégager de cette ambivalence, nous avons choisi de privilégier pour l'Affaire les notions de « dreyfusards, dreyfusistes et dreyfusiens », L'affaire Dreyfus, op. cit., p. 82 ss.

30. M. Winock, dans Un secret bien gardé, op. cit., p. 8.

31. Dutrait-Crozon, Henri (pseud.), Joseph Reinach historien, révision de l'histoire de l'affaire Dreyfus, préface de Charles Maurras, Paris, Savaète, A., 1905, XLIV-544 P. 32.Google Scholar Dutrait-Crozon, Henri, Précis de l'affaire Dreyfus, Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1909, XVI-812 p.Google Scholar Cet ouvrage qui a connu plusieurs rééditions (1924, 1938, 1987) n'a jamais été étudié précisément. Pierre Vidal-Naquet lui consacre quelques pages dans Les assassins de la mémoire, Paris, La Découverte, 1987, pp. 77-78.

33. Pierre Vidal-Naquet, « Dreyfus dans l'Affaire et dans l'histoire », art. cit., p. 40.

34. Pierre Vidal-Naquet, « Thèse sur le révisionnisme », dans Les assassins de la mémoire, op. cit., p. 108 ss. Ainsi l'Américain H. E. Barnes, auteur de La Genèse de la guerre mondiale (1929) invoque-t-il la référence dreyfusarde.

35. Christophe Prochasson, « Une commémoration discrète », art. cit., p. 226.

36. Jean-Pierre Rioux, « L'inépuisable Affaire », art. cit.

37. « L'Affaire », L'Histoire, op. cit., p. 3.

38. Michel Winock, dans Un secret bien gardé, op. cit., p. 8.

39. Jean-Pierre Rioux, art. cit. Ce centenaire a su au contraire dégager — et sans ménagements — les enjeux de l'Affaire pour la France de la fin du 20e siècle, autour des questions de l'État démocratique et de la morale civique. 40. Cf. Basch, Françoise, Victor Basch. De l'affaire Dreyfus au crime de la Milice, Paris, Pion, 1994, 391 p.Google Scholar, ou Burns, Michaël, Histoire d'une famille française, les Dreyfus. L'intégration, l'Affaire, Vichy, traduit par Béatrice Bonne, Paris, Fayard, 1994, 700 Google Scholar

41. Il est intéressant de noter que la mise en cause d'un des mythes républicains passe par une contestation de l'ordre historien comme si l'histoire était le meilleur garant des valeurs républicaines.

42. Jean-Denis Bredin, L'Affaire, op. cit.

43. Pressac, Jean-Claude, Les crématoires d'Auschwitz- La machinerie du meurtre de masse. Paris, CNRS Éditions, « Histoire xxc siècle », 1993, 155 p.Google Scholar

44. Cette situation archivistique fait écrire à Jean-Claude Pressac au terme de son introduction : « La réunion des dossiers [suivent les lieux de conservation] permet une reconstitution historique enfin affranchie des témoignages oraux ou écrits, toujours faillibles et se contractant en sus avec le temps » (p. 2). Cette proposition de distinguer les bonnes archives des mauvais témoignages relève d'une certaine naïveté et légitime des monographies exclusives qui s'autoriseraient à écarter tout type de sources dites « faillibles ».

45. « Il fallait donc donner la parole à ceux qui avaient consacré l'essentiel de leur activité à la recherche historique sur le nazisme, la seconde guerre mondiale et la « solution finale » du problème juif. Comme on dit dans le jargon professionnel, le temps était venu de faire un « état de la question », Furet, François, L'Allemagne nazie et le génocide juif, Paris, Gallimard/Le Seuil, « Hautes études », 1985, p. 7.Google Scholar De cette exigence, peu de traces dans le livre de Jean- Claude Pressac. Or, comment travailler sur un aspect central de la « solution finale » sans s'inscrire dans le cadre scientifique dressé notamment par Raul Hildberg avec La destruction des juifs d'Europe, Paris, Fayard, 1988, 1099 p.

46. P. 567. Michel Winock historien dément par conséquent Michel Winock éditeur.

47. « Dans ce contexte [de l'affaire Dreyfus], on comprend que le jeune barreau, même s'il n'est pas, loin s'en faut, complètement acquis au dreyfusisme, ait pu utiliser cette manifestation de rupture avec l'éthique ancienne pour, indirectement, en signant les pétitions, manifester son mécontentement à l'égard de l'ordre et critiquer la partialité […] de son conseil » (p. 75).

48. Voir en particulier les chapitres in-vin du premier tome, « Les droites dans la vie politique, 1815-1992 », Jean-François Sirinelli (sous la direction de), Histoire des droites en France, Paris, Gallimard, « Essais », 1992.

49. Cf. le colloque organisé à Montreuil le 3 décembre 1994 par la Société d'études jaurésiennes et le Musée de l'histoire vivante : « Jaurès, les socialistes et l'affaire Dreyfus » (les actes sont à paraître en 1995 dans Jean Jaurès. Cahiers trimestriels).

50. Nguyen, Victor, Aux origines de l'Action française. Intelligence et politique à l'aube du xx” siècle, Paris, Fayard, « Pour une histoire du xxe siècle », 1991, 959 p.Google Scholar (voir en particulier le chap. iv de la troisième partie, « Jeux et enjeux de la révision »).

51. Joly, Bertrand, « Le parti royaliste et l'affaire Dreyfus, 1898-1900 », Revue historique, n°346, avril-juin 1983, pp. 311364,Google Scholar «Les anti-dreyfusards avant Dreyfus», Revue d'Histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1992, pp. 199-221.

52. L'engagement de Waldeck-Rousseau et de ses partisans débute en février 1899 dans la résistance à la loi de dessaisissement de la Chambre criminelle de la Cour de cassation, une loi rétroactive et de circonstance qui s'attaque à une institution d'État fondée en 1790 et identifiée à l'esprit républicain.

53. Laurent Gervereau et Christophe Prochasson (Sous la direction de), L'affaire Dreyfus et le tournant du siècle 1894-1910, op. cit.

54. Manquent par exemple le clivage Paris-province, le monde paysan, la culture de masse, les avant-gardes intellectuelles, la politique étrangère, le modèle républicain, l'antisémitisme, le nationalisme, le socialisme, etc.

55. « Le territoire de mots : rhétorique et politique » a peu de lien avec l'affrontement interne de l'Etat ; il participe en revanche du « paysage politique », il l'anime et le construit comme le montre très classiquement Jean El Gammal en réalisant une étude fine de textes. En revanche, l'analyse de C. Charle sur les avocats n'a pas sa place dans le « paysage politique » à moins de considérer les deux dernières pages comme un résumé des vingt-cinq précédentes. On est bien plus en présence d'une étude sociale posant la question d'un pouvoir professionnel et de ses représentations.

56. Sur cette relation possible entre le social et l'intellectuel, voir l'article de Madeleine RebéRioux, « Histoire, historiens et dreyfusisme », Revue historique, avril-juin 1976, pp. 407- 432, et celui de Christophe Prochasson sur le milieu de la Revue de Métaphysique et de Morale qui comprend un long développement sur l'affaire Dreyfus (” L'invention du “système R2M” (1891-1902) », Revue de Métaphysique et de Morale, numéro spécial du centenaire, 1993, pp. 109-140. Voir aussi Fabiani, Jean-Louis, Les philosophes de la République, Paris, Éditions de Minuit, « Le sens commun », 1988, 177 p.Google Scholar Comme source, la correspondance est l'expression de cette relation social/intellectuel. Elle décrit de véritables communautés, elle traduit bien souvent l'acheminement vers l'engagement, elle est le lieu de la pensée. Elle permet aussi de loger une épistémologie pratique au coeur même de l'histoire contemporaine, c'est-à-dire de rendre l'histoire plus présente et plus ambitieuse.

57. Rebérioux, Madeleine, « Histoire, historiens et dreyfusisme », art. cit. et « Préface », dans Langlois, Charles-Victor et Charles|Seignobos, Introduction aux études historiques, Paris, Kimé, 1992, pp. 716.Google Scholar

58. Bloch, Marc, L'étrange défaite, nouvelle édition, préface de Stanley Hoffmann, Paris, Gallimard, « Folio-Histoire », 1990, 328 p.Google Scholar