Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Si l'hôpital est un bon exemple pour saisir, dans leurs rapports complexes, les différentes strates par lesquelles se sont constitués, dans les sociétés contemporaines, les dispositifs les plus institués de la prise en charge du malheur, c'est notamment parce qu'il renvoie, simultanément, à deux caractéristiques importantes de ces sociétés, quoique rarement pensées ensemble. Il s'agit tout d'abord de sociétés biomédicalisées : on y délègue à la médecine le soin d'identifier une part importante des malheurs, de les hiérarchiser, et de les apaiser ; et l'on délègue de surcroît à la recherche biomédicale, lorsque la médecine n'a pas de réponse satisfaisante à proposer, le soin de trouver à terme les remèdes adéquats. En deuxième lieu il s'agit de sociétés dans lesquelles la question sociale a acquis, littéralement, droit de cité, et d'une manière telle qu'elle se pose, sous des formes historiques variées, comme un problème récurrent, au coeur même de la société, l'accessibilité aux soins pour les personnes malades en constituant, depuis longtemps, un aspect important.
The article studies the processes of patient selection on arrivai at the hospital. It looks at the historical origins of the different forms of taking care of the misfortune that coexist in the hospital, and shows how these different forms govern the hospital's relations with the outside world. From observations carried out in a medical emergency ward in a modem hospital, it highlights the role played in the admission process by different aspects of the “mobilizing value ” of patients. The article ends with a reflection on the relationship between detailed observation of activities as carried on by our contemporaries and the historic origins of the arrangements that in part guide these activities in the present.