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La spirale de l'interprétation: les Bacchanales
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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« L'affaire des Bacchanales » : sans doute un des épisodes les mieux connus de l'histoire de la religion romaine. Tite-Live lui consacre un long récit circonstancié, et le sénatus-consulte décidant de la répression nous est à peu près complètement conservé par une importante inscription . L'historien de l'Antiquité dispose donc ici de deux documents exceptionnellement précis, concordants et complémentaires, auxquels il faut adjoindre des données annexes très diverses touchant d'une part à l'histoire du dionysisme antique, d'autre part à la situation du monde romain au début du IIe siècle av. J.-C.
Et pourtant... paradoxe d'une « affaire » qui en comporte bien d'autres, l'accumulation même des interprétations — pas toujours assez attentives aux instruments conceptuels, au cadre de référence dont elles usent — non seulement laisse subsister des zones d'ombre, mais obscurcit parfois la compréhension d'ensemble de l'épisode et de son contexte. Malgré — ou à cause de — 1' « évidence » et la richesse de la documentation, l'affaire reste apparemment une « ténébreuse affaire », dans le double sens d'un imbroglio religieux autant que politico-policier, et d'une énigme historique encore aujourd'hui mal résolue.
Summary
The Bacchanalia affair(186 B.C.), citedfrom antiquity to modem times as an example of religious repression, is well known thanks to a long account by Livy corroborated by the epigraphic evidence of the senatus-consultum. The study of the legal aspects of the repression has revealed the significance of the episode in the Roman seizure of ltaly. An analysis of the distortions in Livy's account leads to a systematic investigation into the mythical, ritual, and social elements concealed or revealed in the "romance". To appreciate the politico-religious nature ofthe affair, one must note the persistence of anti-Roman protest in Italy during the Punie wars, assess the role of Etruria, southern Italy (Capua, Taranto), and Egypt, and determine to what extent the "political" and "spiritual" interpretations are contradictory or complementary.
Connections are suggested here between the Bacchic cuit, the cuit of Ceres-Demeter at the turn of the century, and the Orphic-Pythagorean current in Italy (the "Numa's books" episode, 181 B.C.). An underground sanctuary at Bolsena (in Etruria), destroyed during the repression, contains a throne decorated with Bacchic motifs. This site casts new light on an officially recognized Dionysiac cuit with Orphie and Pythagorean overtones—a cuit that presents surprising analogies with the Roman mundus.
- Type
- Les Croisements
- Information
- Copyright
- Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983
References
Notes
1. Tite-Live, Histoire Romaine, XXXIX, 8 à 19. Texte commodément accessible, pour la majeure partie, dans M. LE Glay, La religion romaine, coll. U 2, Paris, 1971, pp. 177-186 (il est à regretter qu'il n'existe dans l'édition Budé qu'une reprise d'une Édition du xixe siècle pour le livre XXXIX, et que, d'une façon générale, on soit encore très loin de posséder une Édition critique complète de Tite- Live avec traduction française : ce retard fait aussi partie des problèmes de notre « documentation sur l'Antiquité ». On peut résumer ainsi l'épisode : en 186 av. J.-C, au lendemain de la victoire sur Hannibal (201) et des premières victoires de Rome dans l'Orient hellénistique (197, 188), un prêtre grec « de bas Étage » a diffusé en Étrurie des « rites secrets et nocturnes », un culte à initiation, « affreux fléau » qui « se répandit comme une Épidémie de l'étrurie jusqu'à Rome » : hommes et femmes, jeunes et adultes à la faveur du vin et de la nuit, s'y livrent à des débauches et à des crimes de toute nature. A Rome, le mal s'étend lentement « dans l'ombre » et finit par être porté à la connaissance du consul Postumius : « Une courtisane fameuse, l'affranchie Hispala », a Été autrefois initiée aux mystères de Bacchus. Elle les révèle à son amant, le jeune Aebutius, orphelin d'un père chevalier. Or la mère de celui-ci, Duronia, et son beau-père, T. Sempronius Tutilus, veulent le faire initier pour mieux le placer sous leur coupe. Aebutius refuse. Chassé par sa mère, il se confie au consul Postumius, qui convoque Hispala et la persuade à grand-peine de tout dévoiler. Elle conte les réformes introduites récemment dans le culte par la prêtresse campanienne Paculla Annia : « Elle avait, la première, admis des hommes aux mystères, en initiant ses fils Minius et Herennius Cerrinius ; elle avait Établi que les cérémonies se feraient désormais la nuit et, au lieu de trois fois par an, cinq fois par mois. » Débauches et crimes s'étaient multipliés chez les hommes pris, comme des possédés, de frénésie oraculaire, et chez les femmes « en tenue de Bacchantes » ; des hommes Étaient « ravis par les dieux » dans des « souterrains secrets ». L'initiation, conduite au son des tambourins et des cymbales, Était désormais réservée aux moins de vingt ans, et « on comptait déjà une immense multitude d'initiés, qui formaient comme un second peuple dans Rome, et parmi eux des hommes et des femmes de la noblesse ». Après le rapport de Postumius au Sénat, les consuls sont chargés d'une enquête extraordinaire (quaestio extra ordinem) sur « les Bacchanales et les rites nocturnes ». Le Sénat fait rechercher les prêtres de ces rites à Rome et en Italie, où « un décret défend à tous ceux qui avaient Été initiés aux Bacchanales de se réunir pour pratiquer leur culte ». Le discours de Postumius au Sénat fustige cette coniuratio clandestine!, dont la répression révèle qu'« elle dépassait sept mille personnes des deux sexes ». Les coupables sont condamnés à la prison ou, en cas de crime avéré, à la peine capitale. « Les consuls sont ensuite chargés de détruire d'abord à Rome, puis dans toute l'Italie, toutes les installations servant aux Bacchanales, ne respectant que les antres ou les statues consacrées de longue date. Un sénatus-consulte défend de célébrer à l'avenir les Bacchanales soit à Rome, soit en Italie. »
2. Il s'agit d'une table de bronze découverte en 1640 près de Tiriolo, en Calabre, et conservée au Musée de Vienne (Autriche). Le texte, qui figure au Corpus Inscriptionum Latinarum F, 581, est un des plus importants textes latins en langue archaïque (reproduit par exemple dans l'anthologie classique d'Ernout, Textes latins archaïques) : cela suffit à en faire un précieux document d'histoire de la langue latine… Il transcrit la décision prise par le Sénat romain, siégeant dans le temple de Bellone aux nones d'octobre (5 octobre 186 av. J.-C), de démanteler les groupes de bacchants chez les fœderati, les alliés de Rome en Italie. En apostille, l'inscription contient la lettre enjoignant aux autorités locales (en l'occurence, celles de l'ager Teuranus) de faire afficher et d'exécuter le sénatusconsulte. Le texte est traduit dans LE GLAY, op. cit., pp. 187-188.
3. « Le progrès de la connaissance se réalise par ce mouvement dialectique circulaire, ou mieux hélicoïdal, dans lequel l'esprit de l'historien passe successivement de l'objet de sa recherche au document qui en est l'instrument et réciproquement ; la question qui a déclenché le mouvement ne reste pas identique à elle-même ; au contact des données du document, elle ne cesse de se transformer… » ( Marrou, H. L, De la connaissance historique, 5 e Éd., Paris, 1966, p. 122 Google Scholar, chap. V : « Du document au passé »).
4. J. Scheid, « Le délit religieux dans la Rome tardo-républicaine », dans Le récit religieux dans la Cité antique, École Française de Rome, 1981, pp. 117-171 (la citation est à la p. 119 ; cf. la Préface du même auteur, p. vi).
5. Cf. J. Scheid, ibid., pp. 157-159.
6. De legibus, II, XV.
7. Faux témoignages, meurtres bizarres… Dans le cas des Bacchanales comme dans celui du christianisme, ces caricatures doivent être fondées sur la déformation, délibérée ou non, des réalités rituelles. Cf. notamment le chapitre ix de VOçtavius de Minicius Feux : « Si des accusations aussi graves et variées (…) ne reposaient pas sur un fond de vérité, la renommée au flair subtil ne les répandrait pas » (éd. et trad. J. Beaujeu, coll. Budé, p. 12).
8. Thème récurrent, par exemple, tout au long du De legibus de Cicéron ; Tite-Live a bel et bien cherché à produire un icrriua tib cm un enseignement pour l'humanité : cf. P. V. Cova, « Livio e la repressione dei Baccanali », Athenaeum, 52, 1974, pp. I04ss.
9. De erroribus profanarum religionum, VI, 9. Voir en dernier lieu l'étude d'L OpelT, « Firmico Materno sobre las Baccanales », Helmantica, 58, 1968, pp. 31-41.
10. Mommsen, Th., Der Religionsfrevel nach rômischem Recht, 1890, article repris dans Gesammelte Schriften, III, Berlin, 1907, pp. 389–422.Google Scholar
11. Id., Histoire romaine, cité d'après l'édition italienne, Florence, Sansoni, 1972, livre III, chap. 13, pp. 1067-1069.
12. S. Reinach, « Une ordalie par le poison à Rome et l'affaire des Bacchanales », Revue archéologique, XI, pp. 236-253 (repris dans Cultes, mythes et religions, Paris, 1908). Histoire des procès collectifs, histoire des poisons, histoire de la femme : ces thèmes font de S. Reinach un précurseur qui s'inspire d'ouvrages généraux récemment parus comme ceux de Glotz, , L'ordalie, Paris, 1904 Google Scholar et de Dson, Donal, Woman, Londres, 1907 Google Scholar, dont il discute les thèses.
13. Ibid.. p. 252.
14. Ibid., p. 253, n. 1 : même pour les hommes, «rien n'autorise à parler, comme l'a fait Mommsen, d'une conspiration ». Cette comparaison sommaire de l'usage fait d'une même source par les deux auteurs suggère, pour ce document et pour quelques autres, un examen historiographique des Époques où ils suscitent de l'intérêt des auteurs qui s'en saisissent, de leurs motivations et des manipulations qu'ils leur font subir.
15. Cf. Hermès, 67, 1932, pp. 369-396 ; 68, 1933, pp. 306-312; 71, 1936, pp. 214-220 et pp. 275-287.
16. « Observations sur l'affaire des Bacchanales », Revue archéologique, 1941, pp. 184-198.
17. A. H. Mcdonald, «Rome and the Italian Confédération (200-186 B.C.)», Journal of Roman Studies, XXXIV, 1944, pp. 11-33; cf. aussi M. A. Levi, « Bacchanalia, fœdus e fœderati », Klearchos, IX, 1967, pp. 15-23.
18. « La questione dei Bacanali a Roma nel 186 a. C. », La parola del passato, XXXVII, 1954, pp. 265-284.
19. Van Son, D. W. L., Livius Behandeling van de Bacchanalia, Amsterdam, 1960 Google Scholar (l'examen le plus approfondi des problèmes posés par le texte de Tite-Live).
20. Cf. par exemple l'Introduction de J. Bayet au livre I de Tite-Live (coll. Budé).
21. Cf. VAN SON, op. cit., pp. 63-67.
22. Ibid., pp. 68-70.
23. surtout, Cf. Jeanmaire, H., Dionysos. Histoire du culte de Bacchus, Paris, 1951 Google Scholar, particulièrement neuf par sa démarche « ethnographique ».
24. Permanence soulignée à maintes reprises par Boyancé, P.; par exemple « Dionysiaca », Revue d'études anciennes, 68, 1966, pp. 33–60 CrossRefGoogle Scholar, passim.
25. R. E. A., XLII, 1940 (Mél. Radet), pp. 476-485.
26. Mélanges de l'école française de Rome, LXVI, 1954, pp. 79-99 = études de religion grecque et hellénistique, Paris, 1972, pp. 89-109.
27. FestugiÈRE, art. cité p. 91 = études…, p. 101.
28. Notamment, « L'antre dans les mystères de Dionysos », dans Rendiconti délia Ponteficcia Accademia di Archeologia, XXXIII, 1962, pp. 107-127.
29. Dionysos et Sémélè, dans la même revue, XXXIII, pp. 107-127.
30. Art. cité, pp. 94-95 = études…, pp. 104-105.
31. Protesta e integrazione nella Roma anlica, Bari, 1970. Certaines de ces analyses se fondent sur des données anthropologiques peu souvent utilisées par l'histoire et l'archéologie classiques. Des titres comme The trumpet shallsound de P. WorslEY (Londres, 1960), Movimenti religiosi di libertù e disalvezza dei popolioppressideW. Lanternari (Milan, i960), La terra del rimorso d'E. DE Martino (Milan, 1961 ) sont significatifs, de même que les références à l'œuvre d'E. J. Hobsbawm. En ce sens, l'auteur reprend et approfondit des thèmes abordés par S. Reinach (cf. supra, n. 12). Elle attire surtout l'attention sur la recherche de libération par « Évasion » (erotique et/ou mystique) de la société civique.
32. « Religion et politique dans l'affaire des Bacchanales, Revue de l'histoire des religions, 181, 1972, pp. 3-28.
33. J.-M. Pailler, « Raptos a diis homines dici… », dans Mélanges Heurgon, Rome, 1976, pp. 731-742.
34. Histoire politique et psychologique de la religion romaine, Paris, 1956 (2e Éd., 1970).
35. Toynbee, A. J., Hannibais Legacy, , Oxford, 1965.Google Scholar
36. J.-L. Voisin, « Tite-Live, Capoue et les Bacchanales », dans études sur la religion romaine, à paraître. Je remercie l'auteur de m'avoir généreusement communiqué son manuscrit et fait part de ses observations.
37. « The Bacchanalian Cuit of 186 B. C. », Classical Quarterly, 21, 1927, pp. 128-132.
38. « Le décret dionysiaque de Philopator (BGU 1211) », dans Aegyptus, XXVI, 1946, pp. 84- 95 ; le point est fait en dernier lieu par G. ZUNTZ, « The so-called “ Edict of Philopator “ on the Dionysiac Mysteries », Hermès, 91,1963, pp. 228-239. Cet auteur met l'accent, à la fin de son article, sur l'aspect inacceptable pour l'autorité lagide d'un ïtpoç Ào-yoç comme celui de Gourob (cf. note suivante).
39. Texte dans O. Kern, Orphicorum Fragmenta, 51.
40. L'éventail des solutions possibles est en fait plus large, y compris une explication « fiscale » (toutes les théories sont résumées au début de l'étude de Zuntz).
41 Infra, p. 946.
42. Cf. M. Paixottino, Etruscologia, Florence, lrc Éd. 1942 (texte sans cesse revu et augmenté depuis).
43. « Influences grecques sur la religion Étrusque : l'inscription de Laris Pulenas », Revue des Études latines, 35, 1957, p. 106.
44. Sur l'association Fufluns-Catha, v. infra, p. 945, et n. 99.
45. Corpus Inscriptionum Etruscarum, 5430.
46. Cf. M. Cristofani et M. Marteu.I, « Fufluns Paxies, sugli aspetti del culto di Bacco in Etruria », dans Studi Etruschi, XLVI, 1978, pp. 119-133.
47. Cf. H. Jeanmaire, Dionysos, op.. cit., 2e Éd. 1970, pp. 457-458.
48. Art. cité, supra, n. 36.
49. Tite-Live, XXVI, 13-14.
50. Rôle des femmes, des jeunes, des marginaux : c'est cette insistance qui suggère à R. Turcan de qualifier l'interprétation de « marcusienne » (nous sommes en 1970-1972…). C. Gallini ne renierait sans doute pas cette inspiration, mais on a vu plus haut (n. 31) qu'elle s'appuyait aussi, dans son analyse des phénomènes de contre-culture liés aux Bacchanales, sur bien d'autres Études historiques, anthropologiques, ethnographiques.
51. F.-H. Massa-PairaulT, « Une représentation dionysiaque méconnue. L'urne de Chiusi E. 39-40 du Musée de Berlin », dans MEFRA. 90, 1978 (citation pp. 233-234, cf. pp. 226 ss).
52. La tradition reste féconde : voir les ouvrages récents de B. Combet-Farnoux sur Mercure et de P. Pouthier sur Ops (école Française de Rome, 1981).
53. Les origines de l'Hercule romain, Paris, 1926 ; A. Bruhl, Liber Pater, Paris, 1953.
54. Bayet, J., « Le phénomène religieux dionysiaque », Critique, 80, 1954, pp. 20 ss.Google Scholar
55. Le culte de Cérès à Rome (compte rendu de la thèse d'H. Le Bonniec), REA., LXI, 1959, p. 118 = études sur la religion romaine, Rome, 1972, p. 61.
56. G. Wissowa, Religion und Kultus der Rômer, 1912.
57. Nicolet, Cl., Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976;Google Scholar Rome et lu conquête du monde méditerranéen, 1. Les structures de l'Italie romaine, Paris, Nouvelle Clio, 1977.
58. Ceis-Saint Hilaire, J., « Le fonctionnement des Floralia sous la République », Dialogue d'histoire ancienne, 3, Besançon, 1977, pp. 253–286.Google Scholar
59. Cassola, F., gruppi politici romani nel III secolo, Trieste, 1962.Google Scholar
60. Sculiard, H. H., Roman Politics 220-150 B.C., 2 e Éd., Oxford, 1973.Google Scholar
61. Cf. J. Ceis-Saint Hiiaire, art. cité, p. 270.
62. Importantes remarques sur ce point dans Turcan, art. cité, supra, n. 32, pp. 19-20 . Sur le destin de Minius Cerrinius, cf. D. W. L. VAN SON, op. cit., pp. 92-97.
63. Coarelli, F., « Ara Saturni, Mundus, Senaculum, La parte occidentale del Foro in età arcaica », Dialoghi di archeologia, IX-X, 1976-1977, pp. 346–377 (p. 371).Google Scholar
64. Supra, n. 6.
65. Cf. le livre déjà cité de C. Gallini ; Détienne, M., Les Maîtres de Vérité dans la Grèce archaïque, Paris, 1967, 2 e Éd., 1981, pp. 45 ss ;Google Scholar Dionysos mis à mort, Paris, 1977 ; « Les chemins de la déviance : orphisme, dionysisme, pythagorisme », dans A ni del Convegno sulla Magna Grecia, Tarente, 1974, pp. 49-79 (Dionysos, l'étranger dans la cité), et intervention au même Congrès, ibid., pp. 227-229 : plasticité et polymorphisme de Dionysos (p. 229 : « Le dionysisme plus qu'aucune autre forme de mysticisme a pu colorer ou accueillir un certain nombre de formes de pensée mystique Élaborées en dehors de lui »). — Sabbatucci, D., Saggio sul misticismo greco, Rome, 1965 ;Google Scholar Lo Stato corne conquista culturale, Rome, 1975. — Vernant, J.-P., articles recueillis dans Mythe et pensée chez les Grecs, Paris, 1965, I, pp. 80–123.Google Scholar
66. Boulanger, A., « L'orphisme à Rome», dans REL., 15, 1937, pp. 121–135.Google Scholar
67. Hieros Logos : on rapprochera aussi bien celui dont témoigne la fresque de la villa des Mystères à Pompéi que celui reconstitué par A. Delatte dans le cadre pythagoricien (.études sur la littérature pythagoricienne, Paris, 1915, pp. 3-79).
68. Sur cette notion, cf. Veyne, P., Comment on Écrit l'Histoire, Paris, 1971, pp. 46–52.Google Scholar
69. On a déjà mentionné la « question féminine »àRome : toute Étude sur ce thème comporte un chapitre ou un paragraphe sur les Bacchanales, mais sans toujours tenir compte de la spécificité politique et religieuse de l'épisode (e.g. le livre sur la femme romaine de C. Herrmann dans la collection Latomus).
70. Cf. G. Foti et G. PuglIese CaratelLI, « Un sepolcro di Hipponion e un nuovo testo orfico », La parola delpassato, 164-165, 1974, pp. 91-126 ; cf. W. Burkert,« Le laminette auree ; daOrfeoa Lampone », dans \esAtti… cités ci-dessus, n. 65 ; G. Zuntz, dans Wiener Studien, 10, 1976, pp. 129- 151.
71. Zuntz, G., Persephone. Three Essays on Religion and Thought in Magna Grecia, Oxford, 1971 Google Scholar, notamment pp. 378 ss.
72. Dissertation d'Utrecht publiée à Amsterdam en 1927.
73. Cf. Tite-Live, XL, 29 ; Cassius Hemina, fragm. 37 Peter.
74. Cf. A. Delatte, « Les doctrines pythagoriciennes des livres de Numa », dans Bulletin de la Classe de Lettres de l'Académie Royale de Belgique, XXII, 1936, pp. 19-40 ; Carcopino, J., La Basilique pythagoricienne de la Porte Majeure, Paris, 1927, pp. 185–186;Google Scholar Ferrero, L., Storia del Pitagorismo net mondo romano, Turin, 1955, pp. 231–235.Google Scholar
75. Sur le « numaïsme », cf. J. GAGé, Apollon Romain, Paris, 1955, passim.
76. Cf. E. Lane, « Sabazius and the Jews in Valerius Maximus : A re-examination », JRS., LXIX, 1979, pp. 35-38.
77. Cf. O. ELIA et G. PuglIese-CaratellI, « Il santuario dionisiaco di S. Abbondio a Pompei », dans Atti… di Taranto, cit., pp. 139-153 ; sur les relations avec « l'affaire », pp. 148-153.
78. Lauer, J. Ph. et Picard, Ch., Les statues ptolémaïques du Sarapieion de Memphis, Paris, 1955, pp. 173–258.Google Scholar
79. The Social and Economie History ofthe Roman Empire, Oxford, 1926 ; Social and Economie History of the Hellenistic World, Londres, 1953.
80. Dans son Introduction à l'édition italienne : Storia economica e sociale del mondo ellenistico, Florence, 1966, pp. ix-xxiil
81. Saint-Augustin et la fin de la culture antique, 2e Éd., Paris, 1949.
82. Mousikos Anèr, Grenoble, 1937.
83. Cf. les Divagazioni intorno ad una coppa alessandrina d'A. Adrianl
84. Ph. Pergola, « La condamnation des Flaviens “ chrétiens “ sous Domitien : persécution religieuse ou répression à caractère politique ? », dans Mefra. 90, 1978, pp. 407-423. Ce qui est mis en cause ici, c'est le caractère excessif de la formule qui termine cet article, non sa manière — convaincante — d'introduire les témoignages archéologiques dans la discussion d'un problème analogue à celui traité icl
85. Voir F.-H. Massa-PairaulT et J.-M. Pailler, Bolsena, V, 1, passim.
86. Cf. Carandini, A., Archeologia e cultura materiale, 2 e Éd. 1979;Google Scholar A. Schnapp, « Les Annales et l'archéologie, une rencontre difficile », dans Mefra. 93, 1981, pp. 469-478.
87. Cf. le numéro spécial de Pallas (Toulouse, 1981) consacré à L'espace dans l'Antiquité classique.
88. Comme par exemple celui de l'emplacement du sanctuaire : plutôt au centre ou à la périphérie de la ville ? 89. Bolsena. Guide des fouilles, Rome, 1981.
90. Cf. par exemple ce qui est dit dans l'article cité des Mél. Heurgon, pp. 739, 741 ; et PailLerpairaul T, op. cit., pp. 4-5, 259-260.
91. Morel, J.-P., La céramique campanienne, les formes, Rome, 1981.Google Scholar
92. Article à paraître dans les Mefra. 1982.
93. Cf. le dernier État de la question dans F.-H. Massa-PairaulT, « La restauration du trône en terre cuite de Bolsena. Confirmations et nouveautés », dans Mefra. 93, 1981, pp. 495-531. 94. Pailler, J.-M., « Bolsena 1970. La maison aux peintures, les niveaux inférieurs et le complexe souterrain », dans Mefra. 83, 1971, pp. 367–403.CrossRefGoogle Scholar
95. Cette restitution, proposée comme une hypothèse parmi d'autres dans un premier temps (PailLER-Pairault, op. cit., pp. 249, 255-256), est aujourd'hui une certitude pour des raisons qui tiennent tant à la cohérence de l'architecture et du décor qu'à l'interprétation religieuse, symbolique, précisée entre temps.
96. Cf. l'article cité des Mél. Heurgon, pp. 737-740.
97. P. Pouthier, Ops et la conception divine de l'abondance dans la religion romaine jusqu'à la mort d'Auguste, Rome, 1981,pp. 49-57, où est bien mise en valeur« l'importance religieuse du signe géographique » (p. 54). Cf. déjà la démarche de L. A. Holland, Janus and the Bridge, Rome, 1961 (Mémoire of the American academy in Rome, vol. XXI).
98. Cf. J. Heurgon. art. cité, p. 121.
99. Par exemple sur le foie de Plaisance :cf.J. Heurgon, ibid., p. 111 avec la bibliographie, n. 2à 5 ; M. Cristofani-M. Martet.LI, art. cité, p. 130 ; Pfiffig, A. J., Religio etrusca, Graz, 1975, p. 241.Google Scholar
100. A. MagdelAIN,” Le pomerium archaïque et le Mundus », REL., LIV, 1976, pp. 103-105 ; F.-H. Massa-PairaulT, dans Mefra. 93, 1981, pp. 130-133 (un mundus à Marzabotto ?).
101. Cato ap. Fest. 144 L : mundo nomen impositum est ab eo mundo qui supra nos est ; sur l'interprétation cosmique, « hellénisante », sous-jacente à ce type de texte, cf. P. Boyancé, études sur le Songe de Scipion, Paris, 1937, p. 118.
102. Sur cet Épisode, on lira les observations de J.-L. Voisin, op. cit. Pour expliquer que Tite-Live fasse silence sur le conflit « idéologique » qui vient d'être Évoqué, on se rappellera que les rares textes consacrés au mundus ont suscité, à l'époque impériale, des scolies confuses et divergentes. Quoique le Sénat l'ait sauvé des Bacchanales, le mundus n'est plus qu'un vague souvenir… (voir les textes dans Magdeiain, art. cité, et la bibliographie dans LE Bonniec, Le culte de Cérés à Rome, Paris, 1958, pp. 175-178).
103. Le lieu n'a pas Été moins choisi que la date : le Sénat s'est réuni dans le temple de Bellone, réservé en général à la réception des ambassadeurs qu'on ne veut pas admettre en ville : endroit propice à un « acte de guerre morale » et à « l'expulsion violente d'un culte Étranger considéré comme menaçant pour la tradition romaine » ( Dumézil, G., La Religion romaine archaïque, Paris, 1974, p. 395 Google Scholar).
104. Cf. Von Fritz, K., Pythagorean Politics in Southern Italy. An Analysis ofthe Sources, New York, 1940, pp. 94–102.Google Scholar
105. La diffusion en Italie, l'incompréhension et le refus par Rome de cette forme de mysticisme dionysiaque peuvent être envisagés comme un aspect et un moment privilégiés — si négatifs qu'ils se révèlent finalement — du processus d'« hellénisation » à quoi on a parfois réduit l'histoire de la religion romaine, en lui appliquant le vers d'Horace : « La Grèce vaincue a conquis son farouche vainqueur. » De ce point de vue, les interrogations récentes et multiples sur les phénomènes d'acculturation peuvent fournir des Éléments de comparaison non négligeables. Suivant la voie ouverte notamment par S. Grunitzki et A. Rouveret (” Ellos son como ninos », dans Mefra. 88, 1976, pp. 159-219 : acculturation en Grande Grèce et au Mexique), il serait intéressant de confronter la réaction chinoise aux efforts d'implantation (de transplantation plutôt) du christianisme avec les influences, les déformations et les contresens relevés dans le présent dossier : cf. Gernet, J., Chine et christianisme, Paris, 1982 Google Scholar, en particulier le chapitre « Religion et Politique » (pp. 143-189) et les développements intitulés « Erreurs et confusions » (pp. 45-58), « Le christianisme comme secte irrégulière” (pp. 153-170), «Un danger de subversion» (pp. 177-189), «Langage et pensée" (pp. 322-333). Le premier et le dernier de ces paragraphes aident sans doute, malgré la considérable distance des lieux, des temps et des mentalités, à comprendre le « conflit des interprétations » reconstitué ci-dessus à propos du mundus : par delà une affaire de famille et des manœuvres politiques de circonstance, c'est bien deux mondes, et deux visions du monde, qui s'affrontaient là.
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