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La prostitution au Pays basque entre XIVe et XVIIe siècles
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
Depuis le bas Moyen Âge, la plupart des villes en Espagne sont dotées d'un bordel (mancebia). Toutefois, il semble que le Pays basque échappe à cette règle. Cet article cherche donc à établir et expliquer la particularité de cette région pour ce qui est de la politique à l'égard de la prostitution : on soulignera en particulier la prééminence des conventions informelles comme forme de contrôle des conduites sexuelles. On s'est aussi demandé si cette singularité basque pouvait être étendue à la Navarre et à l'ensemble de la corniche cantabrique.
Summary
From the early Middle Ages, most Spanish cities have had brothels (mancebías). However, the Basque Country seems to be an exception to this rule… Thus, this paper is trying to establish and explain the specificity of this region as regards the politics of prostitution. We will pay a particular attention to the prominent role played by informai agreements as a mode of control on sexual behaviour. We also asked whether this Basque pecularity can be extended to the Navarre and to the whole Cantabrian region.
- Type
- Hommes & Femmes. Codes Amoureux et Morale Publique
- Information
- Copyright
- École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 2000
References
Nous voudrions vivement remercier Bernard Vincent pour la relecture qu'il a bien voulu faire de ce travail, ainsi que Catherine Bremond pour la traduction.
1. De l'abondante bibliographie générale et locale à propos du thème que nous traitons, nous ne mentionnons que les travaux de Raphaël Carrasco (dir.), La prostitution en Espagne. De l'époque des Rois Catholiques à la 11° République, Paris, Annales Littéraires de l'Université de Besançon/Les Belles Lettres, 1994. Manuel Jiménez Monteserfn, Sexo y bien comûn. Notas para la historia de la prostitucion en Espana, Cuenca, Ayuntamiento de Cuenca, 1994 ; Denis Menjot, « Prostitutas y rufianes en las ciudades castellanas a fines de la Edad Media », Temas médiévales, 4, 1994, 189-205 ; Rafaël Narbona Vizcaino, Pueblo, poder y sexo. Valencia médiéval, Valence, Diputaciôn Provincial de Valencia, 1992, et Francisco VâZquez Garcia et Andrés Mengibar, Moreno, Poder y prostitucion en Sevilla, Séville, Universidad de Sevilla, vol. I, 1995.Google Scholar
2. La première synthèse de l'histoire de la prostitution en Espagne, de Sous, E. Rodr﹛Guez, Historia de la prostitucion en Espana y America, Madrid, 1891, p. 259 Google Scholar, attribue l'absence des mancebias à la plus faible croissance de la prostitution dans ces régions, laquelle serait due au « carâcter sobrio, por las morigeradas costumbres de sus habitantes ». D'après ce que nous savons par l'étude de Rial, S. M., « El control de la prostitucion en el siglo xvm conpostelano : la fundaciôn de la casa de la Galera », VII Encuentro de la Ilustraciân al Romanticismo. La mujer en los siglos xvm y xix, Cadix, Universidad de Câdiz, 1994, pp. 331–338 Google Scholar, le conseil de Saint-Jacques-de-Compostelle décida en 1543 et 1562 d'implanter une mancebia municipale dans la ville et, pour ce faire, fit inspecter des terrains susceptibles de l'accueillir. Toutefois, on ignore si cette mesure fut suivie d'effets. Les monographies urbaines relatives à des localités asturiennes au Moyen âge et à l'époque moderne ainsi que les rares travaux sur la prostitution dans cette région (L. Castanôn, Noticias en torno a la vida airada en Asturias. Discurso lei'do en el acto de su solemne recepciôn académica como miembro del Instituto de Estudios Asturianos, Oviedo, Instituto de Estudios Asturianos, 1983) ne se réfèrent jamais à l'existence de mancebias officielles. Il en est de même des monographies relatives à la Navarre médiévale.
3. Esperanza Osaba, « La actividad reguladora de les concejos y las mujeres consideradas sospechosas : un empleo de poiïtica de control de las costumbres en el siglo xvi », Gaiak, s. n., s. d., et Inaki Bazân Diaz, Delincuencia y criminalidad en el Pais Vasco en la transition de la Edad Media a la Moderna, Vitoria, Departamento de Interior del Gobierno Vasco, 1995, et id., « La criminalizacion de la vida cotidiana. Articulation del orden publico y del control social de las conductas », in J. M. Imizcoz (dir.), La vida cotidiana en Vitoria en la Edad Moderna y Contemporânea, Saint-Sébastien, Txertoa, 1995, pp. 113-168.
4. Alcaldfa Mayor de Arerîa (1462), Bilbao (xve-xvie siècle), Deva (1394, 1422, 1434, 1511 et 1536), Etura (1534), Gordejuela (1539), Guernica (1455-1514), Laguardia (Rua de Pâganos, 1514), Lequeitio (1486), Ondârroa (1495), Onate (1470-1478), Plencia (1508), Portugalete (1459, 1493 et 1511), Saint-Sébastien (1489), Tierra de Ayala (1510 et 1527), Vitoria (1483 et 1487). Pour de nombreux exemples de telles ordonnances, se reporter à I. bazân di'az, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., pp. 18-22, et Labayru, Estanislao, Historia gênerai del senorio de Bizkaia, Bilbao, La Gran Enciclopedia Vasca, 8 vols, 1968, IV, p. 254 Google Scholar sqq.
5. Concernant Bilbao, nous disposons des accords relatifs aux années 1463, 1509 et 1515 (Javier Enriquez Fernândez et alii, Libro de autos judiciales de la alcaldîa (1419-1499) y Libro de acuerdos y décrétas municipales (1463) de la villa de Bilbao, Donostia, Eusko- Ikaskuntza, 1995 ; voir aussi id., Libro de acuerdos y decretos municipales de la villa de Bilbao (1509 y 1515), Donostia, Eusko-Ikaskuntza, 1995) ; sur Portugalete, ceux des années 1480-1516 (Concepciôn de Hidalgo et alii, Libro de decretos y actes de Portugalete (1480- 1516), Donostia, Eusko-Ikaskuntza, 1988) ; et, concernant Vitoria, les accords inédits des années 1428-29 et de 1475 à 1530, que nous avons analysés dans leur totalité.
6. En Alava : frère Juan de Victoria (xvf siècle), Juan de Arcaya (xvtf siècle), J. J. Landazuri (xvnf siècle), R. Floranes y Encinas (xvnf siècle), Ladislao de Velasco (xrxe siècle), E. Serdân y Aguirregavidia (début du xxe siècle), T. Alfaro Fournier (milieu du xxe siècle) et E. Enciso Viana (milieu du xxe siècle) ; en Guipuzcoa : J. J. Landazuri (xvnf siècle), M. de Larramendi (xvme siècle), P. de Gorosabel (xixe siècle) ; en Biscaye : J. E. Labayru (xixe siècle), M. de los Héros (xixe siècle), A. Cavanilles (xixe siècle), Guiarte Larrauri (début du xxe siècle), M. Ciriquiain (première moitié du xxe siècle) et F. de Ocamica y Goitisolo (milieu du xxe siècle).
7. Cf. annexe bibliographique.
8. Les Rois Catholiques ordonnèrent, dans la provision donnée à Tolède le 25 juillet 1502, que le corrégidor examinât la question et qu'il prononçât ce qu'il considérait convenable pour la ville (E. J. Labayru, Historia gênerai…, op. cit., vol. IV, p. 10).
9. D. Menjot, « Prostitutas y rufianes… », art. cit., p. 204.
10. Tomâs Gonzalez, Colecciôn de cédulas, cartas-patentes, provisiones, reaies ôrdenes y otros documentes concernientes a las provincias vascongadas, Madrid, 1829-1833, vol. 2, pp. 447-448.
11. E. J. Labayru, Historia gênerai…, op. cit., vol. IV, pp. 478-480 et 487.
12. A. RodrîGuez Herrero, Ordenanzas de Bilbao. Siglos xvyxvi, Bilbao, 1948, pp. 17-18.
13. « Que ninguna mujer amanceba estuviera ni viviera entre mujeres casadas, y se las pusieran en lugares apartados para que fuesen conocidas y que ninguna moza desas osase andar en hâbito de doncella ; que ansi mesmo las que habfan sido paridas o prenadas e estaban abarraganadas, todas pusieran tocas e insignias segund era de uso y costumbre de la villa para que ansi mesmo fuesen conocidas e no usurpasen el traje de las doncellas ; […] que ningun vecino ni vecina, ni en meson ni en casa ninguna fueran osados de encubrir mujeres ni mozas de mal vivir ni consentir que en sus casas e viviendas se acostasen con ellas ombres ni mancebos casados ni solteros » (M. de los Héros, Historia de Valmaseda, Bilbao, 1926, p. 374) ; c'est nous qui soulignons.
14. E. Osaba, « La actividad reguladora… », art. cit., p. 50.
15. Ces officiers avaient des fonctions de police municipale, chargés de surveiller les moeurs des « citoyens » au niveau de chaque rue (la vecindad), voire jusqu'à l'intérieur de leur domicile (I. Bazân Díaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., pp. 148-152 ; id., « La criminalización… », art. cit., pp. 124-126.
16. José Luis Vidaurrazaga E Inchausti, Nobiliario alavés de Fray Juan de Victoria. Siglo xvi, Bilbao, La Gran Enciclopedia Vasca, 1975, p. 97.
17. I. Bazân Di'az, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., p. 335.
18. I. Bazân Dîaz, «La criminalizacion… », art. cit., p. 151.
19. I. Bazân Dîaz, La cárcel de Vitoria en la Baja Edad Media (1428-1530), Estudio etnográfico, Vitoria, DFA, 1992, p. 38.
20. J. Padilla et J. M. Escobar, « La mancebia de Côrdoba en la Baja Edad Media », /// Coloquio de Historia Médiéval andaluza, Jaén, 1982, p. 286.
21. « Que las mugeres conoscidamente malas que llaman rameras, o mugeres enamoradas, o cantoneras, esten en lugares apartados de la conversation de las mugeres onestas, y que en la Corte vuestros alcaldes disputen lugar conveniente para las dichas mugeres, que sea apartado, sin que se mesclen con mugeres casadas y onestas, y en las orras cibdades, y villas, y lugares lo provean los [sic] justicias de V. M. juntamente con los regidores de los dichos pueblos » ﹛Cartes de los antiguos reinos de Leôn y de Castilla, Madrid, Real Academia de la Historia, 1882-1989).,
22. José Ángel GarcíA de Cortazar et alii, Bizcaya en la Edad Media, Saint-Sébastien, Haramburu, 4 vols, 1985, vol. 3, p. 99.
23. M. de los Héros, Historia de Valmaseda, op. cit., p. 374.
24. I. Bazán Dí'az, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., p. 336.
25. La compilation des ordonnances de Bilbao des années 1477-1539 stipule que les « mocas [sic] que tienen aceso con baron pongan tocades acefranados e salgan de la villa por dos anos » (E. J. Labayru, Historia gênerai…, op. cit., vol. IV, p. 479).
26. « Lloraron con mucho sentimiento » (Andrés Eliseo de Manaricua, Las ordenanzas de Bilbao de 1593, Bilbao, 1954, p. 58).
27. Lors de sa visite réalisée à la villa de Lequeitio le 15 octobre 1576, le corrégidor Gutierre Gômez Prado établit le chapitre suivant : « Otrosi résulta de la visita, en esta Villa haber muchos pecadores públicos y amancebamientos y que muchas mozas estando infamadas y corrompidas, andan en traje e vestido de doncellas en cabello sin ponerse tocado y ansi hay diversos pleitos con estas mujeres vendiendose por mozas no lo siendo : […] que todas las mozas que asf estan pûblicamente infamadas, para que no engañen a ninguna persona, se pongan los tocados dentro de seis dias sopena de verguenza pûblica » (Antonio Cavanilles, Lequeitio en 1857, Madrid, 1858, pp. 117-118). Dans l'ordonnance de Bilbao, on peut lire : « Que ninguna moça natural ni forastera desta villa, que este infamada pûblicamente por haber tratado con algun varon camalmente, y estar corrompida de su virginidad, no sea osada de andar ni estar en esta dicha villa, sin ponerse luego sus tocados, de manera que sea conocida […], atento que la experiencia a mostrado, que de no hacer lo suso dicho, han resultado muchos fraudes y inconvenientes y muchas de las dichas moças estando desfloradas por no ser conocidas se han vendido por honestas y limpias y engañando a diversos hombres » (A. E. de Manaricua, Las ordenanzas de Bilbao…, op. cit., p. 99 ; la coiffure féminine basque est analysée dans cette oeuvre, pp. 54-59).
28. E. Osaba, « La actividad reguladora… », art. cit., p. 51 (reprenant María Elena Arizmendi, Vascos y trajes, Saint-Sébastien, 1976).
29. Labayru, E. J., Historia gênerai…, op. cit., vol. IV, p. 480.Google Scholar
30. E. Osaba, « La actividad reguladora… », art. cit., pp. 52-53. Se référer aussi aux accords établis par la ville de Bilbao entre 1509 et 1515, où l'on peut constater l'étroite surveillance à laquelle était soumise la femme dans la société basque du bas Moyen âge et du début de l'époque moderne (J. Enriquez Fernândez et alii, Libro de acuerdos^.., op. cit.).
31. I. Bazân Di'az, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., p. 337. À propos des techniques de persuasion utilisées pour vaincre la résistance de la femme aux rapports sexuels, Ricardo Cô Rdoba DE LA, Llave, El instinto diabólico. Agresiones sexuales en la Castilla médiéval, Cordoue, Universidad de Córdoba, 1994, pp. 37–42.Google Scholar
32. En effet, l'entremetteuse affirma à Mari Joan que si elle tombait enceinte, elle-même lui fournirait un remède, ou que si elle gardait l'enfant, tous les biens de Cristobal de Ametzi seraient au rejeton, puisque l'épouse de ce dernier n'avait pas d'enfant (José Antonio Azpiazu, Mujeres vascas. Sumisiôn y poder. La condiciôn femenina en la Alta Edad Moderna, Saint- Sébastien, Haramburu, 1995, pp. 265-266).
33. María Lourdes Soria Sese, Derecho municipal guipuzcoano (Categorías normativas y comportamientos sociales), Vitoria, Ivap, 1992, p. 47.
34. I. Bazán Diaz, La cârcel de Vitoria…, op. cit., p. 97.
35. M. L. Soria Sese, Derecho municipal…, op. cit., p. 47.
36. I. Bazán Diaz, La cârcel de Vitoria…, op. cit., p. 97.
37. J. A. Azpiazu, Mujeres vascas…, op. cit., p. 265.
38. Inaki Reguera, La Inquisition espanola en el Pais Vasco. El tribunal de Calahorra, 1513-1570, Saint-Sébastien, Txertoa, 1984, p. 227.
39. E. RodríGuez Solis (Historia de la prostitution…, op. cit., p. 223) affirme : « No hemos podido, a pesar de la diligencia que para lograrlo hemos empleado, obtener datos sobre la prostitution en las Provincias Vascongadas, pero de las leyes que vamos a transcribir, únicas que hemos hallado, se desprende que ya existfan las mancebfas que tenían igual organizacion que las de Castilla ». L'auteur se réfère aux dispositions qui poursuivent ceux qui prêtent aide et assistance aux personnes (acotados) qui ont échappé à la justice, et sont appelés dans la documentation (Cuademos de Hermandad de la province du Guipuzcoa) « mozos y mancebas de acotados » (I. Bazân Dîaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., p. 497). Rodríguez Solis confond ces domestiques et servantes avec les femmes des mancebías (cf. n. 2).
40. E. Rodriguez Solis, Historia de la prostitución…, op. cit., pp. 259 et 291-292.
41. Sur la diffusion de la notion de «caractère national» et le développement de la psychologie ethnique entre la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle, se reporter à Julio Caro Baroja, El mito del carâcter nacional, Madrid, 1963, et « Sobre psicologia étnica », Razas, pueblos y linajes, Murcie, Publicaciones de la Universidad de Murcia, 1990, pp. 169-178.
42. I. Bazán Dîaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., pp. 275-355.
43. Sur la distinction entre contrôle formel et informel, voir Miralles, Teresa, « El control informai », VV. AA, El pensamiento criminológico, H, Estado y control, Barcelone, Penînsula, 1983, pp. 41–42.Google Scholar
44. Sur les structures familiales dans la société basque et les solidarités qu'elles généraient, voir María Isabel del VAL Valdivieso, « La solidaridad familiar en Vizcaya en el siglo xv », Vizcaya en la Edad Media, Saint-Sébastien, Eusko-Ikaskuntza, 1985 ; J. A. Garcia de Cortazar et alii, Bizcaya…, op. cit., vol. 3, pp. 237-380 ; Jesûs Arpal, La sociedad tradicional en el Pais Vasco, Zarauz, Haramburu, 1979. Concernant le rôle des vecindades dans le monde urbain, se reporter à I. Bazán Dîaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit, pp. 148-152 ; Rossiaud, Jacques, « El ciudadano y la vida en la ciudad », El hombre médiéval, Madrid, Alianza, 1990, pp. 166–176.Google Scholar
45. Jacques Revel, « L'institution et le social », in B. Lepetit (dir.), Les formes de l'expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, pp. 63-84, spécialement pp. 75-76, et Simona Cerutti, « Normes et pratiques, ou de la légitimité de leur opposition », in B. Lepetit (dir.), Les formes de l'expérience…, op cit., pp. 127-149, spécialement pp. 133-134 pour une critique de l'étude des institutions en termes de contrôle social.
46. J. A. García de Cortazar et alii, Bizcaya…, op. cit., vol. 3, j). 72, étudie des groupes de jeunes hommes dans la société rurale biscayenne du bas Moyen Age. Sur le charivari, voir José Carlos Enriquez Fernândez, Experiencias culturales charivâncas de las clases plebeyas vizcainas, Vitoria, Thèse doctorale, Universidad de Vitoria, 1991. Celui-ci analyse également la rumeur comme mécanisme de contrôle informel, au xvme siècle, sur les relations sexuelles (id., 1995).
47. J. A. García de Cortazar et alii, Bizcaya…, op. cit., vol. 3, pp. 123-156, qui pointe le faible degré de christianisation des habitants de la Biscaye et l'insuffisante formation du clergé basque. La situation semble avoir été similaire dans d'autres régions du nord, ainsi en Galice ( Saavedra, P., La vida cotidiana en la Galicia del Antiguo Régimen, Barcelone, Crítica, 1994, pp. 276–301 Google Scholar).
48. Sur la fréquence de l'inceste et de la bigamie, voir Augustin Redondo, « Les empêchements au mariage et leur transgression dans l'Espagne du xvf siècle », in Redondo, A. (dir.), Amours légitimes, amours illégitimes en Espagne (xvie-xvine siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 1985, pp. 52–53 Google Scholar, et I. Reguera, La Inquisiciôn espanola…, op. cit., pp; 219-226.
49. J. A. Garcîa de Cortazar et alii, Bizcaya…, op. cit., vol. 3, pp. 122-123. À propos de l'acceptation sociale du concubinage dans le Pays basque et du nombre considérable d'enfants de prêtres en Biscaye et Guipuzcoa jusqu'au Xviiie siècle, voir Lola Valverde Lamsfus, Entre el deshonor y la miseria. Infancia abandonada en Guipuzcoa y Navarra. Siglos xvm y XIX, Bilbao, Universidad del Pais Vasco, 1994, pp. 104-107 ; I. Bazán Dîaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., pp. 293-308.
50. Le nombre des enfants exposés dans les différentes paroisses du Guipuzcoa, en ville comme à la campagne était extrêmement faible aux xvie et xvir5 siècles si on les compare avec celui observé dans d'autres localités de Castille (Séville, Valladolid), malgré les taux élevés d'illégitimité rencontrés (plus de 15 %) ; cf. L. Valverde Lamsfus, Entre el deshonor y la miseria…, op. cit., pp. 102-104, A. R. Ortega Berruguete, « Un modelo de población socialmente autofrenado : la Vizcaya oriental en el siglo xvm », Ernaroa. Revista de Historia de Euskal-Herria, 3, 1986, p. 62, pour la Biscaye, et Isidro Dubert, « Los comportamientos sexuales premaritales en la sociedad gallega del Antiguo Régimen », Studia Historica. Historia Moderna, IX, 1991, pp. 128-133.
51. Flandrin, Jean-Louis, Les amours paysannes (xvi'-xixe siècle), Paris, Gallimard, 1993, pp. 240–243.Google Scholar
52. José María Satrustegui, Comportamiento sexual de los vascos, Saint-Sébastien, Txertoa, 1981, pp. 86-87 ; Lola Valverde Lamsfus et Ângel Garcia Sanz, « La Ilustración », Los vascos a través de la Historia. Comportamientos, mentalidades y vida cotidiana, Saint- Sébastien, Kutra, 1989, p. 208.
53. I. Bazán Dîaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., pp. 340-345.
54. Ibid., pp. 282-283.
55. Ibid., pp. 280-283.
56. Jacquart, D. et Thomasset, C., Sexualidad y saber médico en la Edad Media, Barcelone, Labor, 1989, p. 7.Google Scholar
57. I. Bazán Diaz, Delincuencia y criminalidad…, op. cit., p. 333.
58. Nous avons l'exemple de Mondonedo en Galice, noyau urbain où les jeunes filles allaient chercher du travail et qui, dans certaines circonstances, s'adonnaient à une prostitution temporaire, à l'exemple de Manuela Feraândez, laquelle déclarait en 1708 vivre de « son oreiller» (I. Dubert, «LOS comportamientos sexuales… », art. cit., p. 131). Dans les ordonnances des mancebias castillanes, on spécifiait que les prostituées devaient obligatoirement avoir le statut d'« étrangères » (F. VÂZquez Garcia et A. Moreno Mengibar, Poder y prostitution en Sevilla, op. cit., pp. 36-37).
59. Leretard du Pays basque par rapport à la Castille quant au développement urbain pourrait être à la base du plus grand lien des villas basques avec les formes rurales de contrôle social. À propos du contrôle social exercé par les communautés de voisinage, voir Inaki BAZÂN DÍ AZ, « Le contrôle du crime par les autorités municipales pendant la formation de l'État moderne : l'exemple basque (xve-xvie siècles) », in Third International Conférence on Urban History (Budapest, août 1996), à paraître.
60. Dans d'autres domaines, l'influence de la Castille était manifeste : quand il s'agissait d'établir le prix de vente de la viande sur les étals des bouchers, les autorités municipales de Vitoria se renseignaient auparavant sur celui fixé à Burgos (Actes de cabildos de la ciudad de Vitoria, 21 janvier 1482).
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- Cited by