Hostname: page-component-cd9895bd7-gxg78 Total loading time: 0 Render date: 2024-12-23T12:10:14.826Z Has data issue: false hasContentIssue false

La Mémoire des Laboratores à Florence au Début du XVe Siècle

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Franco Franceschi*
Affiliation:
Université de Florence

Extract

La Florence de la fin du Moyen Age, une société profondément imprégnée par l'idée et la pratique d'un « temps nouveau » et caractérisée par le développement extraordinaire de ces singulières inventions d'écriture qu'étaient les livres de ricordanze, offre un terrain idéal pour l'étude de la mémoire, que l'on en privilégie l'aspect de patrimoine personnel ou que l'on en identifie les espaces d'expression les plus typiques dans la famille, le groupe professionnel ou culturel, la communauté urbaine. Mais cette constatation est surtout valable pour les sommets de la hiérarchie sociale, pour le monde des mercatores.

Just as perceptions of time and space and views of the past have been studied through ricordanze books of Florentine businessmen, one can explore the functioning of memory in the milieu of salaried workers at the beginning of the fifteenth century on the basis of the testimony of witnesses before the Court of Art and Wool.

Type
Institutions et Cultures Urbaines
Copyright
Copyright © École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1990

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

* Ce travail approfondit et développe ma communication sur « Il linguaggio della memoria : le deposizioni dei testimoni in un tribunale corporativo fiorentino fra xiv e xv secolo », Deuxième Séminaire de l'International Workshop on Médiéval Societies de Erice, consacré à La parole à l'accusé. Le statut de la parole dans la pratique judiciaire (XIIIe-XIIe siècle), (18-24. IX. 1988), en cours d'impression. Il le reprend en partie, en utilisant toutefois un autre ensemble de données. J'ai présenté et discuté une première version du texte en mai 1989 dans le cadre du séminaire sur l'Autobiographie dirigé par Philippe Braunstein à l'EHESS.

1. Goff, J. LE, « Le temps de travail dans la « crise » du XIVe siècle : du temps médiéval au temps moderne », Le Moyen Age, LXIX, 1963, pp. 597613 Google Scholar, repris dans Pour un autre Moyen Age, Paris, 1977, pp. 66-79 : pp. 77-78.

2. La synthèse la plus récente sur ce thème est celle de G. Cherubini, « I “ Libri di Ricordanze “ come fonte storica », dans Civiltà comunale, libro, scrittura, documento (Genova, 8-11.XL 1988), Gênes, 1989, pp. 569-591.

3. Jones, P. J., « Florentine Families and Florentine Diaries in the Fourteenth Century », Papers of the British School at Rome, XXIV, 1956, pp. 183205 Google Scholar ; Bec, Ch., Les marchands écrivains. Affaires et humanisme à Florence, 1375-1434, Paris-La Haye, 1967 Google Scholar ; mais, pour une information bibliographique plus récente, cf. F. Pezzarossa, Lntroduzione à Ugolino DI Niccolo' Martelli, Ricordanze dal 1433 al 1483, F. Pezzarossa éd., Rome, 1989.

4. Gramain, M., « Mémoires paysannes. Des exemples bas-languedociens aux xme et XIVe siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, LXXXIII, 1976, pp. 315324 Google Scholar. Paul, J., « Expression et perception du temps d'après l'enquête sur les miracles de Louis d'Anjou », dans Temps, mémoire, tradition au Moyen Age, Aix-en-Provence, 1983, pp. 1941 Google Scholar ; J.-P. Delumeau, « La mémoire des gens d'Arezzo et de Sienne à travers les dépositions de témoins (VIIe-XIIe siècles) », ibid., pp. 43-67 ; Bordone, R., « Memoria del tempo negli abitanti dei comuni italiani all'età del Barbarossa », dans Il tempo vissuto. Percezione, impiego, rappresentazione (Gargnano, 9-11.IX.1985), Milan, 1988, pp. 4762 Google Scholar ; P. Racine, « A propos du temps dans les procès (XIIe-XIIIe siècles) », ibid., pp. 63-75 ; Autrand, F., « Les dates, la mémoire et les juges », dans Le métier d'historien au Moyen Age, B. Guenée dir., Paris, 1977, pp. 157182.Google Scholar

5. Cf. sur ce point les considérations concises mais pénétrantes de Passerini, L., « Sette punti sulla memoria per l'interpretazione délie fonti orali », Italia contemporanea, CXLIII, 1981, pp. 8391 Google Scholar : p. 85.

6. Archivio di Stato di Firenze (dorénavant omis), Arte della lana (dorénavant Lana), 416-418.

7. B. Dini, « I lavoratori dell'Arte della lana a Firenze nel xiv e xv secolo », dans Artigiani e salariati. Il mondo del lavoro nell'Italia dei secoli xn-xv (Pistoia, 9-13.X.1981), Pistoia, 1984, pp. 27-68 ; Stella, A., « “ La bottega e i lavoranti “ : approche des conditions de travail des Ciompi », Annales ESC, XLV, 1989, n° 3, pp. 529551 Google Scholar. Je me permets aussi de renvoyer à F. Franceschi, lavoratori di una manifattura tardo-medievale : l'Arte della lana fiorentina fra Tre e Quattrocento, en préparation.

8. Doren, A., Das Florentiner Zunftwesen vom vierzehnten bis zum sechzehnten Jahrhundert, Stuttgart-Berlin, 1908, pp. 505506 Google Scholar ; Franceschi, F., « Criminalité e mondo del lavoro : il tribunale dell'Arte della lana a Firenze nei secoli XIV e XV », Ricerche storiche, XVIII, 1988, pp. 551590.Google Scholar

9. Comme on peut le déduire clairement des volumes qui regroupent les dépositions utilisées dans cette enquête ; mais cf. aussi A. Doren, op. cit., pp. 454 ss.

10. Lana. 418. Les enregistrements en langue vulgaire commencent le 3 janvier 1415 (c. 201 v) et se terminent, avec la fin du volume, le 6 novembre de la même année (c. 233r).

11. Franceschi, F., « I tedeschi e l'Arte della Lana a Firenze fra Tre e Quattrocento », dans Dentro la città. Stranieri e realtà urbane nell'Europa dei secoli XII-XVI, G. Rossetti éd., Naples, 1989, pp. 257278.Google Scholar

12. C'est dans ce sens que j'ai utilisé le terme de laboratores, en le référant au milieu urbain.

13. De façon plus détaillée, les données sont les suivantes : sur un ensemble de 342 témoins, 311 (90,9 °/o du total) résident à Florence, et plus précisément 60 artifices majeurs, 9 religieux, 109 artisans et petits commerçants, 103 salariés, 30 femmes ; les 31 autres (9,1 %) proviennent de zones rurales : parmi eux, 19 ouvriers agricoles et une femme. Entre les hommes et les femmes il y a le même rapport numérique qu'entre les citadins et les ruraux.

14. Pour une première description des typologies (dans le contexte de l'Italie), cf. G. Cherubini, « 1 lavoratori nelFItalia dei secoli xm-xv : considerazioni storiografiche e prospettive di ricerca », dans Artigiani e salariati…, op. cit., pp. 1-26 ; sur la structure professionnelle à Florence entre le XIVe et le XVe siècle telle qu'elle ressort des recensements fiscaux, cf. Barbadoro, B., « Finanza e demografia nei ruoli fiorentini d'imposta del 1352-55 », dans Attidel Congresso internazionale per glistudi sulla popolazione (Roma, 7-10.IX.1931), IX, Rome, 1933, pp. 615645 Google Scholar ; Herlihy, D. et Klapisch-Zuber, Ch., Les Toscans et leurs familles. Une étude du catasto florentin de 1427, Paris, 1979, pp. 286 ss.Google Scholar

15. Klapisch-Zuber, Ch., « Le chiavi florentine di Barbablù : l'apprendimento della lettura a Firenze nel XV secolo », Quaderni storici, 57, 1984, pp. 765792 Google Scholar. Cf. aussi Cardini, F., « Alfabetismo e livelli di cultura nell'età comunale », ibid., 38, 1978, pp. 488522 Google Scholar, repris dans ID., Minima Mediaevalia, Florence, 1987, pp. 119-147, en particulier pp. 139-140.

16. La liste des métiers rappelés comprend les cordonniers, menuisiers, teinturiers, tondeurs, les tendeurs de drap, brocanteurs, chaufourniers et les prêteurs à gage ; mais encore des facteurs et caissiers d'entreprise, les maîtres maçons, trieurs de laine, nuntii, familiares et d'autres salariés de l'administration publique. Lana, 418, ce. 6r, 8v, 18r, 19v, 20v, 24v, 32r-v, 41v-42v (1411) ;66r-v, 80v(1412) ; 84v, 128r, 130r, 142v, 146r(1413) ; 158v-159r, 178v, 183v, 185r-v, 189r, 195v-196r(1414) ; 216r(1415).

17. Lana, 418, c. 9v : Maso di Jacobo, manoeuvre dans un four : « secundum quod tune audivit a partibus, cum nesciat légère » ; c. 16r (1411) : Checco di Giovanni, qui travaillait dans une petite entreprise de lavage de laines : « non scit scribere » ; c. 145v (1413) : Matteo di Bartolo, peigneur : « ipse testis scribere nescit neque légère ».

18. Cf. Petrucci, A. et Miglio, L., « Alfabetizzazione e organizzazione scolastica nella Toscana del XIV secolo », dans La Toscana nel secolo XIV : caratteri di una civiltà régionale (Firenze- San Miniato, 1-5.X.1986), Pise, 1988, pp. 465482 Google Scholar ; Ch. Klapisch-zuber, « Le chiavi florentine… », op. cit., p. 775.

19. Cf. Balestracci, D., La zappa e la retorica. Memorie familiari di un contadino toscano del Quattrocento, Florence, 1984, surtout pp. 1531 Google Scholar ; Conti, E., catasti agrari della Repubblica fiorentina e il catasto particellare toscano (secoli XV-XIX), Rome, 1966, pp. 8485 Google Scholar ; Mazzi, M. S. et Raveggi, S., Gli uomini e le cose nelle campagne florentine del Quattrocento, Florence, 1983, pp. 210 Google Scholar, 278-279, 303.

20. Au contraire, cette possibilité existe pour le recueil de témoignages toscans de 1177-1180 utilisé par J.-P. Delumeau, « La mémoire des gens… », op. cit.

21. 11 en est ainsi à partir de la documentation statutaire la plus ancienne : Statuto dell'Arte della lana di Firenze (1317-1319), A. M. Enriques Agnoletti éd., Florence, 1940, lib. I, rub. III, pp. 20-21.

22. Lana, 6, lib. I, rub. I, c. lv (1361). La législation communale aussi prévoyait la possibilité pour le juge de déléguer à ses notaires l'interrogatoire des témoins. Cf. Statuti della Repubblica fiorentina, Caggese, R. éd., II, Statuto del Podestà dell'anno 1325, Florence, 1921, lib. II, rub. IV, p. 86 Google Scholar ; Statuta Popu/i et Communis Florentiaepublica auctoritate collecta castigata et praeposita, annosal. MCCCCXV, Fribourg [mais Florence], 1777-1781, t. I, lib. II, rub. XIV, p. 121 ; et plus en général, Sella, P., Il procedimento civile nella legislazione statutaria italiana, Milan, 1927, p. 126.Google Scholar

23. Statuti… del Podestà…, op. cit., lib. III, rub. LXXVIII, p. 236 ; Statuta Populi…, op. cit., t. I, lib. III, rub. VIII, pp. 238-239.

24. Le Statut de l'Art de la Laine de 1361, le premier où soit abordé le problème du fauxtémoignage, semble destiné à punir la subornation du témoin plutôt que sa non-sincérité, pour laquelle il est prévu au maximum l'exclusion du tribunal corporatif (Lana, 6, lib. II, rub. XX, c. 39r) ; au-delà de l'aspect infamant inhérent à cette dernière mesure, il s'agit, dans les deux cas, de peines singulièrement clémentes, si on les compare à celles que les lainiers prescrivaient dans les autres cas étiquetés comme falsitates (ibid., lib. II, rub. IX, ce. 35v-36r), ou avec les fortes sanctions pécuniaires prévues dans les cours ordinaires par la réglementation communale (Statuti… del Podestà…, op. cit., lib. III, rub. XXV, pp. 194-195 ; StatutaPopuli…, op. cit., t. I, lib. III, rub. CXXXVII, p. 341).

25. Dont l'usage n'était pas complètement méconnu auprès des tribunaux ordinaires florentins : Fiorelli, P., La tortura giudiziaria nel diritto comune, Milan, 1954, I, p. 256 Google Scholar, note 1 ; U. Dorini, I; diritto pénale e la delinquenza in Firenze nel secolo xiv, Lucques, s.d. [mais 1923], p. 89.

26. Cf. Gherardi, A., « Il volgare nelle scritture délie Arti florentine », dans Miscellanea fiorentina di erudizione e storia, I. Del Badia dir., réimp. anast., Rome, 1978 Google Scholar, I-II, pp. 28-29 [éd. orig. 1902].

27. Par exemple : « Filippum Francisci testorem […], interrogatum, testificando dixit […] quod dicta Benedicta stetit cum dicta domina Chaterina […] et quod, ut ipse audivit dici, dicta domina Chaterina habuit dicere dicto Cristofano […] » (Lana, 418, c. 104v : 1413).

28. Pour les détails de cette analyse, cf. F. Franceschi, « Il linguaggio della memoria… », op. cit.

29. Yates, F. A., L'art de la mémoire, Paris, 1975 Google Scholar (j'ai utilisé la trad. ital., L'arte della memoria, Turin, 1972, pp. 4-8).

30. Cf. par exemple, Musatti, C., Elementi di psicologia della testimonianza, Padoue, 1931, p. 166 Google Scholar ; Halbwachs, M., La mémoire collective, Paris, 1968 [1950], pp. 166167.Google Scholar

31. Si l'on exclut des 242 dépositions de travailleurs de la ville celles où l'on ne trouve pas (soit parce qu'elles ne sont pas exprimées spontanément, soit parce qu'elles ne sont pas demandées par le notaire) d'allusions à l'endroit, celles où n'apparaissent pas de lieux de la ville de Florence, et enfin celles où la détermination spatiale est déjà contenue dans la question posée au témoin, 166 témoignages restent utiles pour cette enquête. Dans 122 d'entre eux, le décor est constitué par des « intérieurs », dans 44 par des « extérieurs ».

32. G. Cherubini, « I lavoratori nell'Italia… », op. cit., p. 17.

33. E. Crouzet-pavan, « Testimonianze ed esperienza dello spazio (l'esempio di Venezia alla fine del Medioevo) », dans La parole à l'accusé…, op. cit., arrive pour Venise à des résultats semblables à ceux exposés ici.

34. Pour une rapide ébauche du contexte administratif de la ville de Florence aux XIVe et XVe siècles, cf. D. Herlihy et Ch. Klapisch-zuber, Les Toscans…, op. cit., pp. 121-122.

35. Cf. par exemple, Weissman, R. F. E., Ritual Brotherhood in Renaissance Florence, New York, 1982, pp. 1920 Google Scholar ; Cohn, S. K., The Laboring Classes in Renaissance Florence, New York, 1980, p. 208.Google Scholar

36. La répartition de certaines zones de la ville par rues, plutôt que par paroisses, se trouve déjà dans Yestimo florentin de 1352-1355 (B. Barbadoro, « Finanza e demografia… », op. cit., en particulier p. 11), mais elle semble s'accentuer au cours des décennies suivantes. Cf. D. Herlihy et Ch. Klapisch-zuber, Les Toscans, op. cit., p. 122, note 30.

37. Lana, 418, c. 199v (1414).

38. Ibid., respectivement : ce. 152r (1414), 22r (1411), 204r (1415), 65v (1412), 153v (1414), 54r (1412), 63r (1412).

39. Ibid., ce. 19v (1411) et 110v (1413).

40. Leonardo Bruni, Laudatio Florentinae Urbis, dans Baron, H., From Petrarch to Leonardo Bruni : Studies in Humanistics and Political Literature, Chicago-Londres, 1968, p. 237.Google Scholar

41. Lana, 418, ce. 14v (1411) et 47v (1412).

42. Ibid., ce. l l r et30v(1411).

43. Ibid., c. 107r (1413) : « dici audivit etiam a viro suo » ; c. 141v (1413) : « in domo dicte domine Brune et viri sui » ; c. 199v (1414) : « de voluntate dicti sui viri ».

44. Ibid., respectivement : ce. 157v (1414), 73v (1412), 30r (1411).

45. Ibid., c. 200r(1414).

46. « Fama publica erat et sic dici audivit publiée per contratam », dit l'ouvrier Oiunta di Bartolo (Lana, 418, ce. 30r-v : 1411) ; et la tisserande monna Buona : « erat publica vox et fama et publiée dici audivit a maiori parte gentium in dicta vicinia » (ibid., c. 107r : 1413).

47. Cf. les remarques de Y. Grava, « La mémoire, une base de l'organisation politique des communautés provençales au xive siècle », dans Temps, mémoire…, op. cit., pp. 67-94 : pp. 79- 80 ; Ch. de LA Ronciere, « de la mémoire vécue à la tradition. Perception et enregistrement du passé », ibid., pp. 267-279 : p. 275.

48. Lana, 418, ce. 37v (1411) et ce. 153v (1414).

49. Ibid., c. 192r (1414).

50. I. Chabot, « La reconnaissance du travail des femmes dans la Florence du Bas Moyen Age : contexte idéologique et réalité », dans La donna nell'economia. Secc. xiu-xvni, (Prato, 11- 15.IV.1989), S. Cavaciocchi éd., Florence (sous presse). B. Dini, « I lavoratori… », op. cit., pp. 42-44 ; In., « Una manifattura di battiloro nel Quattrocento », dans Tecnica e società neW Italia dei secoli xn-xvn (Pistoia, 28-31.X.1984), Pistoia, 1987, pp. 83-111 : pp. 103 ss ; F. Franceschi, « I tedeschi… », op. cit., pp. 267-269.

51. Parmi les nombreux exemples : Lana, 418, c. HOr (1413) : Stefano di Nuto, facteur d'une compagnie de lainiers et compater de l'un des associés, leur présente un nouvel employé ; ibid., ce. 136r-v (1412) : Martino di Totto, voulant aider Giovanni, un ancien collègue de travail en proie à des difficultés économiques, s'adresse au maître-boutiquier et obtient un prêt.

52. J'ai développé cet aspect dans F. Franceschi, I lavoratori…, op. cit., chap. iv. Pour quelques éléments sur le rôle de la boutique comme espace de sociabilité, cf. Allegra, L., La città verticale. Usurai, mercanti e tessitori nella Chieri del Cinquecento, Milan, 1987, p. 119.Google Scholar

53. Pour une distinction entre les différentes formes de temporalité, par rapport à la bipartition entre les sociétés préindustrielles et les sociétés industrielles, cf. Tabboni, S., La rappresentazione sociale del tempo (préface de C. Mongardini), Milan, 1984, surtout les pp. 3573 Google Scholar, contribution qui s'insère dans la perspective de la « sociologie du temps », avec une importante bibliographie qui inclut les apports d'historiens et d'anthropologues.

54. Zerubavel, E., Hidden Ritms. Schedules and Calendars in Social Life, Chicago-Londres, 1981, p. 11 Google Scholar ; Goff, J. LE, « Calendario », dans Enciclopedia Einaudi, II, Turin, 1977, pp. 501 534 Google Scholar, repris dans ID., Storia e memoria, Turin, 1982, p. 400.

55. Qui est composé de 173 unités, à savoir de 83 artisans et boutiquiers, de 71 salariés et de 19 femmes. Dans ce cas aussi, comme en ce qui concerne l'examen des déterminations spatiales (cf. note 31), l'ensemble initial de 242 dépositions a subi quelques mutilations : en effet on a exclu les témoignages dépourvus de coordonnées temporelles ou avec des allusions inutilisables, de même que ceux où le notaire proposait au témoin une date préétablie.

56. « Tempore epidimie anni MCCCC », dit la femme : Lana, 418, c. 114v (1412).

57. A. Cicchetti et R. Mordenti, « La scrittura dei libri di famiglia », dans Letteratura italiana, Rosa, A. Asor éd., 3, Le forme del testo, II, La prosa, Turin, 1984, pp. 11171159 Google Scholar : pp. 1130-1131.

58. Lana, 418, respectivementt : ce. 7v (1411) ; 32v (1411) ; 215r (1415).

59. Ibid., respectivement : cc.27v (1411) ; 127r (1413) ; 3v (1411).

60. Cf. à ce sujet les remarques de J. Paul, « Expression et perception…», op. cit., p. 25.

61. Les pourcentages d'incidence sur le total des témoignages sont les suivants : maîtresboutiquiers : 56,6 %, travailleurs salariés : 59,1 %, femmes : 26,3 %, ruraux : 33,3 %.

62. Ibid., c. 40r (1411).

63. Ibid., respectivement : ce. 113v, 110v, 141v (1413).

64. Ibid.,c. 18r (1411).

65. Les pourcentages d'incidence sont les suivants : femmes 68,4 %, salariat non spécialisé 29,5 %, artisans 21,7 %, salariés spécialisés et employés 18,5 Va, artifices majeurs 13,5 %.

66. 42,8 % de tous les témoins en provenance des campagnes utilisent ces indicateurs. Pour quelques exemples, cf. avant tout les notes 82, 83 et 90. Cf. aussi Lana, 418, c. 138v (1413).

67. Il en est ainsi pour Pavie, Piacenza et Arezzo. Cf. R. Bordone, « Memoria del tempo… », op. cit., pp. 59-61 ; P. Racine, « A propos du temps… », op. cit., pp. 69 ss ; J.-P. Delumeau, « La mémoire des gens… », op. cit., pp. 51-53.

68. S. Tabboni, La rappresentazione sociale…, op. cit., p. 61.

69. F. Pezzarossa, Introduzione à Ugolino DI Niccolo’ Martelli, Ricordanze…, op. cit., p. 47.

70. Renouard, Y., « Affaires et culture à Florence aux XIVe et XVe siècles », dans Il Quattrocento, Florence, 1954, pp. 157176 Google Scholar ; Id., Les hommes d'affaires italiens du Moyen Age, Paris, 1968, surtout les pp. 238 ss ; Sapori, A., « Divagazioni su tempo e spazio », dans Saggi di economia aziendale e sociale in memoria di Gino Zappa, Milan, 1961, III, pp. 17871800 Google Scholar ; J. LE Goff, « Le temps de travail… », op. cit. Cf. aussi l'apport plus récent de Papi, M., « La concezione del tempo nel mondo del lavoro in Italia nei secoli XII-XV. Divagazioni florentine », dans Lavorare nel Medioevo, Todi, 1983, pp. 201218 Google Scholar ; et l'étude comparative de S. Polica, « Il tempo di lavoro in due realtà cittadine italiane : Venezia e Firenze », ibid., pp. 37-64, et surtout les pp. 55 ss.

71. A. Stella, « » La bottega e i lavoranti »… », op. cit., pp. 536-537.

72. Lana, 418, respectivement : c. 121v (1413) : « conversati fuerunt per civitatem per circha duas oras » ; c. 59v (1412) : « stetit ad expetandum […] bene per duas oras ».

73. A. Stella, « La bottega e i lavoranti… », op. cit., pp. 540-541 ; B. Dini, « I lavoratori… », op. cit., pp. 46-48.

74. Herlihy et Klapisch font remarquer qu'à partir des trois dernières décennies du xive siècle, le gouvernement florentin « multiplia les pressions pour que ses administrés donnent leur âge exact en diverses occasions, d'ordre fiscal ou politique », de même que « le paysan de terres florentines, comme le citoyen de la capitale qui briguait les emplois communaux, dut prendre conscience qu'il avait pour caractéristique personnelle et changeante un nombre déterminé d'années » (D. Herlihy et Ch. Klapisch-zuber, Les Toscans…, op. cit. , p. 350) ; les habitants de la Toscane florentine furent ainsi soumis à un « apprentissage de la durée chiffrée, sans égal, probablement, dans l'Europe de l'époque », et dont les fruits sont déjà visibles quelques décennies plus tard dans l'amélioration de la capacité de fournir une évaluation quantitative (ibid., pp. 354-355).

75. M. Papi, « La concezione del tempo… », op. cit., p. 216 ; Bartolommeo DI Michèle del Corazza, Diario fiorentino. Anni 1405-1438, G. Ô. Corazzini éd., Archivio storico italiano, sér. V, XIV, 1894, pp. 233-298. Le texte imprimé est le résultat de la fusion de deux transcriptions partielles (cf. Cicchetti, A. et Mordenti, R., I libri difamiglia in Italia, I, Filologia e storiografia letteraria, Rome, 1985, pp. 131132 Google Scholar).

76. Comme le remarque Klapisch-Zuber, Ch., « L'invenzione del passato familiare a Firenze », dans ID., La famiglia e le donne nel Rinascimento a Firenze, Bari, 1988, pp. 325 Google Scholar : p. 19.

77. Masi, Bartolomeo, Ricordanze… dal 1478 al 1526, G. O. Corazzini éd., Florence, 1906 Google Scholar. Le responsable de cette édition a supprimé beaucoup d'annotations relatives à la vie familiale de l'auteur, tout en signalant les notes omises (cf. A. Cicchetti et Mordenti, I libri difamiglia…, op. cit., p. 166).

78. Lana, 418, ce. 38r (1411), 60v (1412). Sur l'articulation du temps nocturne, vaut pour ces témoignages florentins ce que J. Paul(” Expression et perception… »,op. cit., p. 32) a remarqué pour Marseille au début du xive siècle : « La nuit élimine presque complètement les points de repère ».

79. Mane et sero, mattina et sera sont, et de loin, les termes que les témoins emploient le plus ; la sensation de l'alternance est exprimée clairement par les propos du maçon Domenico di Pasquino : « pro qualibet mane et qualibet sero, dum laboraret ad dictum laborerium, unum pane et unum orceolum vini » (Lana, 418, c. 96r : 1413). Tout aussi communes sont des expressions comme post prandium et ante prandium, alors que l'on enregistre aussi horam prandii, hora multum tarda, hora satis tarda, post vesperas, usque ad nonas : ibid., entre autres, ce. 19v, 20v, 38v (1411), 58v (1412), 98v (1413), 171v, 184v (1414).

80. Ces habitudes coïncident exactement avec celles remarquées pour Marseille au début du XIVe siècle par J. Paul, « Expression et perception… », op. cit., p. 36 ; à Montaillou aussi, à la même époque, on accorde une signification préférentielle aux valeurs huit et quinze référées aux jours, alors que la notion de semaine n'est pas affirmée ( Ladurie, E. LE Roy, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Paris, 1975, pp. 421422 Google Scholar).

81. J. LE Goff, « Calendario », op. cit., p. 428.

82. « de mense aprilis vel martii, quo tempore laborabantur vinee », dit Andréa di Ciuccio, métayer en Valdipesa (Lana, 418, c. 36v : 1311).

83. Lana, 418, c. 174r (1414).

84. Sur la « complémentarité » entre le Carnaval et le Carême dès les premiers siècles du Moyen Age occidental, cf. Baroja, J. Caro, Le Carnaval, trad. fr., Paris, 1976, pp. 2629.Google Scholar

85. « de la Saint-Michel au Carnaval » est une formule usuelle dans les contrats de travail stipulés auprès des entreprises des maîtres chargés du lainage (conciatori ou cardatorî) et du nettoyage du drap (purgatori) pour indiquer la période de l'année pendant laquelle les salariés étaient tenus de travailler la nuit (cf. archives du tribunal de la Corporation lainière, série Partiti, atti e sentenze : et pour un exemple presque contemporain de nos dépositions, Lana, 121, c. 60v : 1407). On trouve en outre une allusion aux usages en vigueur auprès des boutiques d'artisans textiles le Jeudi Gras dans les clauses d'un contrat d'association : « quas omnes expensas extraordinarias facere debeat dictus Iustus de suo, exceptis expensis Berlingacii que facitur [sic !] laborantibus » (Lana, 114, c. 30r : 1404). On parle enfin dans deux dépositions de 1399 (Lana, 416, c. 19v) de « quedam brigata ad gaudendum ad tiratorium de Angelis », à laquelle auraient adhéré « plures alii socii » (parmi lesquels assurément un teinturier, un conciatore et un cardatore).

86. Ch. de LA Ronciere, « de la mémoire vécue… », op. cit., p. 270.

87. Lequin, Y. et Métrai, J.., « A la recherche d'une mémoire collective : les métallurgistes retraités de Givors », Annales ESC, XXXV, 1980, n° 1, pp. 149166 Google Scholar : p. 155.

88. Cf. Brucker, G., The Civic World of Early Renaissance Florence, Princeton, 1977, pp. 225 ss.Google Scholar

89. Lana, 418, c. 168v : il s'agit d'Agostino di Domenico peigneur et de Ceschino di Piero « peigneur et cardeur ».

90. « Dixit quod non recordatur de anno vel annis, nisi quod recordatur quod in prima guerra régis Ladislai, quando venit contra commune Florentie […], quia tune ipse testis confugit in domo dicti Papi » : voilà comment s'exprime Maffeo di Antonio, résidant dans une petite communauté de la Valdelsa (Lana, 418, c. 197v : 1414) ; pour d'autres exemples, ibid., ce. 22r (1411) et 89v (1413).

91. Ibid., ce. 199v-200r (1414) : « in illo anno quo fuerunt tam magne nives, et quod adhuc vulgariter dicitur l'anno de’ nevatii » ; Bartolommeo DI Michèle Del Corazza, Diario fiorentino…, op. cit., p. 246 : « e fu si gran nevazio quell'anno, che la bastô più di 15 di nanzi che si struggessi ». Ibid., p. 254 : « Memoria che addi 7 d'agosto, (e) inanzi, venneno terremoti in Firenze » ; Lana, 418, c. 191r (1414) : « de mense septembris et seu de mense augusti, quia fuit in tempore quo venerunt terremotus ». Pour une comparaison avec les principaux textes des mémoires « marchands » de cette période, j ‘ a i utilisé surtout les indications contenues dans Giovanni Rucellai e il suo Zibaldone, I, Il Zibaldone Quaresimale, A. Perosa éd., Londres, 1960, p. 147, note 1.

92. Ong, W., Orality and Literacy. The Technologizing of the Word, Londres-New York, 1982 CrossRefGoogle Scholar, surtout aux pp. 36-39, a insisté sur ces éléments caractéristiques de la pensée et de l'expression orale.

93. Bartolommeo DI Michèle Del Corazza, Diario fiorentino…, op. cit., pp. 253-254.

94. Bartolomeo Masi, Ricordanze…, op. cit., p. 17 : « Dissesi, quando venne questa scurità del tenpo che fu che Lorenzo di Piero di Cosimo de Medici lasciô andare uno spirito si diceva aveva tenuto legato in uno anello ; el quale, si disse, lo liberô e lasciollo andare in su quel punto che venne questa fortuna. El quale spirito, si diceva, aveva tenuto parecchi anni in detto anello ; e perché era malato grave in detto tenpo, si dicie lo liberô ».

95. Bartolommeo DI Michèle Del Corazza, Diario fiorentino…, op. cit., passim, mais surtout les pp. 241-242, 249-253, 264-266, 277-279, 293-294.

96. Bartolomeo Masi, Ricordanze…, op. cit., pp. 9-10, 21-27, 37-40, 99 et 103-107.

97. Rinuccini, Filippodi Cino, Ricordistoricidal 1282al 1460, Aiazzi, G. éd., Florence, 1841, p. XLIV.Google Scholar

98. Lana, 418, ce. 84r (1413), 187v, 188v-189r (1414). Le repère chronologique lié à cette dévotion ressort aussi d'autres sources judiciaires florentines (cf. A. Zorzi, « I Fiorentini e gli Uffici pubblici nel primo Quattrocento : concorrenza, abusi, illegalità », Quaderni storici, 66, 1988, pp. 725-751 : p. 733).

99. Cf. M. S. Mazzi, « La peste a Firenze nel Quattrocento », dans Strutture familiari, épidémie, migrazioni nell'Italia médiévale (Siena, 28-30.1.1983), R. Comba, G. Piccinni, G. Pinto éds, Naples, 1984, pp. 91-115 : pp. 96-97.

100. Chez les femmes 1400 est la seule date mémorisée.

101. Lana, 418, respectivement : ce. 195r (1414), 61 v (1412), 193r (1414), 75v (1412) ; pour d'autres exemples, ibid., ce. 34v, 35r, 40r (1411), 80r (1412), 116r(1413), 151r, 186v, 191r (1414).

102. Ibid., c. 19r (1411).

103. Bartolomeo Masi, Ricordanze…, op. cit., respectivement : pp. 14-15, 12, 151-153, 66- 69, 52-54.

104. Bartolommeo DI Michèle Del Corazza, Diario fiorentino…, op. cit., respectivement, pp. 241, 249, 250-251, 259, 264, 282.

105. Guglielminetti, M., Memoria e scrittura. L'autobiografia da Dante a Cellini, Turin, 1977, p. 272.Google Scholar

106. Archivio degli Innocenti di Firenze, Estranei, 714. Cf. I. Scarfi', Il libro di ricordi di un « povero » nella Firenze del Quattrocento, 4 vols, Thèse, Faculté de Lettres et de Philosophie de l'Université de Florence (rapporteur G. Cherubini), année univ. 1975-1976, avec la transcription (que j'utilise ici) des deux volumes : Ricordanze A et Memoriale G. Outre ce travail non publié, on peut trouver des références à Piero Puro et à ses livres dans F. Cardini, « Alfabetismo », op. cit., pp. 139-140 ; Ch. Klapisch-Zuber, « Parents de sang, parents de lait : la mise en nourrice à Florence (1300-1530) », Annales de Démographie historique, 1983, pp. 33-64, repris sous le titre de « Genitori di sangue, « genitori » di latte. Andare a balia a Firenze », réimprimé dans ID., La famiglia e le donne…, op. cit., pp. 213-252 : pp. 220 et 251-252 ; G. Cherubini, « I “ Libri di Ricordanze “ … », op. cit.,passim.

107. Ricordanze A, c. 23r (1430).

108. Ibid., c. lv (1415) ; pour les autres détails, cf. surtout la c. 19 (1429), et en plus les ce. 1 lr, 18v (1429) et 28r (non datée).

109. Memoriale G, c. 83v (1462).

110. Ibid., ce. 79v (1462) et 86v (1463).

111. La phrase est rapportée par monna Agostânza au cours de sa déposition auprès du tribunal de la Corporation de la laine (Lana, 416, c. 12r : 1399).

112. Pour une première définition des problématiques, cf. les remarques de Cardona, G. R., Antropologia delta scrittura, Turin, 1981, pp. 140141 Google Scholar ; Goff, J. LE, « Memoria », dans Enciclopedia Einaudi, VIII, Turin, 1982, pp. 400442 Google Scholar, repris dans ID. , Storia e memoria, op. cit., surtout les pp. 354-365, et leurs bibliographies respectives.

113. Cette fonction trouve à Florence un équivalent institutionnel dans l'attribution d'une valeur légale et probatoire aux écritures privées (cf. A. Doren, Das Florentiner Zunftwesen…, op. cit., pp. 511-516 ; A. Zorzi, « I fiorentini e gli Uffici… », op. cit., p. 733).

114. Lana, 418, respectivement : ce. 20v (1411), 178v (1414), 16r (1411).

115. W. Ong, Orality andLiteracy…, op. cit., pp. 39-57.

116. Ibid., surtout le chap. iv : « Writing restructuring consciousness ».