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Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
L’étude détaillée de la caste en Asie du Sud dans la longue durée, telle que la développe l’école de Cambridge, montre que son existence est avérée bien avant la colonisation et que cette morphologie sociale a traversé nombre de transformations ; en somme, la caste a et est une histoire.Cette réfutation de type structuralo-fonctionnaliste vise la conception post-coloniale de la caste, dominante dans le champ universitaire américain.Mais puisque chacune des interprétations s’appuie et se construit sur l’autre, elles attestent de traditions herméneutiques nationales et impériales contrastées et d’un changement de paradigme en cours.
The detailed study of caste in South Asia conducted in the longue durée by the Cambridge School has provided evidence both of the existence of caste long before colonialism and of the many transformations this social morphology underwent ; in sum, caste has and is a history. Such a structuralfunctionalist refutation is directed against the prevalent postcolonial representation of caste in the American academy. However, these two interpretations undergird each other, thereby testifying to contrasted national and imperial hermeneutic traditions as well as to the emergence of a new paradigm.
Ā propos de Bayly, Susan, Caste, Society and Politics in India from the Eighteenth Century to the Modern Age, Cambridge, Cambridge University Press, « The New Cambridge History of India-IV, 3 », 1999.CrossRefGoogle Scholar
1- La complexité d’une société dépend évidemment moins de ses propriétés empiriques que du ou des niveau(x) d’analyse choisi(s) qu’on lui applique et des outils conceptuels utilisés pour la rendre intelligible ; cf. Goodman, Nelson, Ways of Worldmaking, Hassocks, Harvester Press, 1975.Google Scholar
2- Notamment son livre An Anthropologist among the Historians and Other Essays, Delhi, Oxford University Press, 1987,Google Scholar dont on retiendra l’affirmation que la conjonction entre histoire et anthropologie n’est pas « seulement une autre nouvelle spécialité […] mais le moyen par lequel l’épistémologie et la matière commune aux deux disciplines pour- raient être réaffirmées » (p. 42).
3- Pour une présentation générale (en français) de ce courant historiographique, on renvoie à l’article de Jacques Pouchepadass, « Les Subaltern Studies, ou la critique postcoloniale de la modernité », L’Homme, 156, 2000, pp. 161-186, et au volume coordonné par MAMADOU DIOUF, L’historiographie indienne en débat. Colonialisme, nationalisme et sociétés post-coloniales, Paris, éditions Karthala/Sephis, 1999 ; cf. également la recension hagiographique récente de cette « école » par Salonimathur, , « History and Anthropology in South Asia: Rethinking the Archive », Annual Review of Anthropology, 29, 2000, pp. 89–106.Google Scholar
4- L’introduction du plus récent ouvrage de S. Cohn, Bernard, Colonialism and its Forms of Knowledge. The British in India, Princeton, Princeton University Press, 1996,Google Scholar rédigée par l’historien Nicholas B. Dirks, atteste un tel infléchissement (voir le compte rendu de Jackie Assayag, Annales HSS, 51-3, 1996, pp. 786-790).
5- Pour une présentation de cette tradition universitaire, on se reportera à l’essai autobiographique de A. Bayly, Christopher, « Epilogue: Historiographical and Autobiographical Note », in Origins of Nationality in South Asia. Patriotism and Ethical Government in the Making of Modern India, Delhi, Oxford University Press, 1998, pp. 307–322.Google Scholar
6- Cf. Mathisonmines, , Public Faces, Private Voices. Community and Individuality in South Asia, Berkeley, University of California Press, 1994,Google Scholar notamment les chapitres 3 et 6.
7- On s’inspire de THOMAS RICHARDS qui écrit : « L’archive était moins une institution spécifique qu’un ensemble épistémologique permettant de représenter une connaissance exhaustive au sein (du domaine) de l’Empire » (The Imperial Archive. Knowledge and the Fantasy of Empire, Londres, Routledge, 1993, p. 14).Google Scholar
8- Cf. l’ouvrage de référence de A. Bayly, Christopher, Empire and Information. Intelligence Gathering and Social Communication in India, 1780-1870, Cambridge, Cambridge University Press, 1996,Google Scholar que l’on peut également lire comme une réfutation de la thèse orientaliste ou post-coloniale (l’idée est développée par JACKIE ASSAYAG dans le compte rendu de cet ouvrage : L’Homme, 146, 1998, pp. 289-293).
9- Sur les composantes et les mécanismes de cette fabrique, voir Jaffrelot, Christophe, Les nationalistes hindous. Idéologie, implantation et mobilisation des années 1920 aux années 1990, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1993;Google Scholar Der Veer, Peter Van, Religious Nationalism. Hindus and Muslims in India, Berkeley, University of California Press, 1994;Google Scholar Zavos, John, The Emergence of Hindu Nationalism in India, Delhi, Oxford University Press, 2000,Google Scholar et Assayag, Jackie, L’Inde. Désir de nation, Paris, Odile Jacob, 2001.Google Scholar
10- On se permet de renvoyer à deux articles de Jackie Assayag, « De la caste au “castéisme» » ? », in Jaffrelot, C. (éd.), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, Paris, Fayard, 1997, pp. 372–392,Google Scholar et « Caste, démocratie et nationalisme. Les avatars du “castéisme» dans l’Inde contemporaine », Pouvoirs, 90, 1999, pp. 55-66.
11- Voir le livre de Jaffrelot, Christophe, Dr. Ambedkar. Leader intouchable et père de la Constitution indienne, Paris, Presses de Sciences Po, 2000.Google Scholar
12- Montrant que le système des castes a été arbitrairement perçu comme une hiérarchie fondée sur l’opposition entre pureté et pollution, ce sociologue souligne que la différence, et non la hiérarchie détermine la tendance de chaque caste à persévérer dans sa nature discrète. En conséquence de quoi toute corrélation présumée entre loyauté de caste et modèle de vote est en réalité invalidée ; cf. Gupta, Dipankar, Interrogating Caste. Understanding Hierarchy and Difference in Indian Society, Delhi, Penguin Books, 2000,Google Scholar notamment le chapitre 6.
13- On se reportera à l’ouvrage de Jaffrelot, Christophe, India's Silent Revolution. The Rise of the Lower Castes, Londres, Hurst Google Scholar Co., 2001, mais aussi à celui de Blom Hansen, Thomas, The Saffron Wave. Democracy and Hindu Nationalism in Modern India, Princeton, Princeton University Press, 2000.Google Scholar
14- On trouvera une présentation de ces arguments dans jackie Assayag, « En quête de classe moyenne en Inde. Grandeur, recomposition, forfaiture », Annales HSS, 55-6, 2000, pp. 1229-1253.
15- Sur cette diversité, le meilleur ouvrage reste celui coordonné par R. Frankel, Francine et RAO, S. A. (éds), Dominance and State Power in Modern India. Decline of a Social Order, 2 vols, Oxford, Oxford University Press, 1989-1990.Google Scholar
16- On se reportera à leurs articles et ouvrages respectifs, notamment Burghart, Richard, The Condition of Listening. Essays on Religion, History and Politics in South Asia (éd. par Chris Fuller et Jonathan Spencer), Delhi, Oxford University Press, 1996;Google Scholar Das, Veena, Structure and Cognition, Delhi, Oxford University Press, 1982 ;CrossRefGoogle Scholar Heesterman, J. C., The Inner Conflict of Tradition. Essay in Indian Ritual, Kingship, and Society, Chicago- Londres, University of Chicago Press, 1985.Google Scholar
17- Cf. Dumont, Louis, Homo hierarchicus. Essai sur le système des castes, Paris, Gallimard, 1966,Google Scholar notamment p. 63 sq. Pour un aperçu de ces critiques, se reporter à JACKIE ASSAYAG, «La construction de l’objet en anthropologie. L’indianisme et le comparatisme de Louis Dumont », L’Homme, 146, 1998, pp. 165-189.
18- On s’inspire des formules de Geertz, Clifford, Available Lights. Anthropological Reflections on Philosophical Topics, Princeton, Princeton University Press, 2000, p. 118 sq.Google Scholar
19- Voir le diagnostic porté par Robert Deliège, « L’ethnographie contre l’idéologie : le cas de l’hindouisme », L’Homme, 160, 2001, pp. 163-176.
20- Sur cette question controversée, voir Jackie Assayag, « Visions fragmentées. Géopolitique des études régionales et mondialisation », Critique, « Frontières de l’anthropologie », 685/686, 2004 (à paraître).
21- Constat cependant difficile à évaluer, voire anachronique, qui doit sans doute beaucoup aux travaux contemporains sur la « société à risque », notamment celui d’ Beck, Ulrich, Risk Society. Towards a New Modernity, Londres, Sage, 1992,Google Scholar depuis la recherche pionnière conduite sur cette question par Douglas, Mary et Wildavsky, Aaron, Risk and Culture. An Essay on the Selection of Technical and Environmental Dangers, Berkeley, University of California Press, 1982.Google Scholar
22- Pour le premier, on se reportera à son livre Imagining India, Oxford, Blackwell, 1990;Google Scholar pour le deuxième, à deux articles : « The Invention of Caste: Civil Society in Colonial India », Social Analysis, 25, 1989, pp. 42-53, et « Caste of Mind », Representations, 37, 1992, pp. 56-78 ; pour le troisième, on lira « Writing Post-Orientalist Histories of the Third World: Perspectives from India Historiography », Comparative Studies in Society and History, 32-2, 1990, pp. 383–408.Google Scholar
23- Sur cette question, des « Intellectuels en diaspora et théories nomades », en Asie du Sud, Europe et états-Unis, on se permet de renvoyer au dossier coordonné par Jackie Assayag et VéRonique BéNéI¨, L’Homme, 156, 2000, ainsi qu’à sa version augmentée en anglais, At Home in Diaspora. South Asian Intellectuals and the West, Delhi-Bloomington, Permanent Black/Indiana University Press, 2003.Google Scholar
24- Trois virulentes polémiques ont porté sur la priorité de l’économie sur la culture. La première a opposé le « subalterniste » Prakash, Gyan (» Writing Post-Orientalist Histories of the Third World: Perspectives from India Historiography », Comparative Studies in Society and History, 32-2, 1990, pp. 383–408;CrossRefGoogle Scholar « Can the Subaltern Ride? A Reply to O’Hanlon&Washbrook », Comparative Studies in Society and History, 34-1, 1992, pp. 168-184) aux représentants de l’école britannique, Rosalind O’Hanlon et David Washbrook (» After Orientalism: Culture, Criticism, and Politics in the Third World », Comparative Studies in Society and History, 34-1, 1992, pp. 141-167 ; la deuxième, le même Davidwashbrook, (» From Comparative Sociology to Global History: Britain and India in the Pre-History of Modernity », Journal of the Economic and Social History of the Orient, 40-4, 1997, pp. 410–433;CrossRefGoogle Scholar « The Global History of “Modernity» : A response to a Reply », Journal of the Economic and Social History of the Orient, 41-3, 1998, pp. 295-311 ; « […] And Having Melted into Thin Air, and Rains Down Again », Journal of the Economic and Social History of the Orient, 42-4, 1999, pp. 569-574) à PETER VAN DER VEER (» The Global History of Modernity », Journal of the Economic and Social History of the Orient, 41-3, 1998, pp. 285-294 ; « All that is Solid Melts into Thin Air », Journal of the Economic and Social History of the Orient, 42-4, 1999, pp. 566-568), cette fois s’agissant de la place et du rôle de l’état-nation. La troisième entre les partisans (critiques) de l’orientalisme d’Edward Said, Carol A. Breckenridge et Peter Van Der Veer (éds), Orientalism and the Post- Colonial Predicament. Perspective on South Asia, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1993, et leurs opposants, plutôt sanscritistes et philologues, Franco, Eli et Preisendanz, Karin (éds), Beyond Orientalism. The World of Wilhem Halbfass and its Impact on India and Cross-Cultural Studies, Amsterdam-Atlanta, Rodolphi, 1997.Google Scholar Pour une critique de ce débat en termes historiographiques, voir R. Pinch, William, « Same Difference in India and Europe », History and Theory, 38-3, 1999, pp. 389–407.CrossRefGoogle Scholar
25- Bien que l’expression Great Game ait d’abord désigné le combat des Britanniques face à l’expansion de la Russie en Asie centrale, notamment sur la frontière nord-ouest de l’Inde, le terme fut régulièrement employé dans la première moitié du XXe siècle ; cf. Jamesmoore, Robin, The Endgame of Empire, Oxford, Oxford University Press, 1988.Google Scholar