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Jacqueries en pays croquant. Les révoltes paysannes en Aquitaine (décembre 1789-mars 1790)

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Jean Boutier*
Affiliation:
École normale supérieure Paris

Extract

Depuis une vingtaine d'années, l'exhumation des révoltes paysannes à l'époque moderne s'est essentiellement concentrée sur les xvie et xvIIe siècles, laissant volontairement de côté — l'enquête du Centre d'histoire de la civilisation de l'Europe moderne ne dépasse pas 1787 — la fin du xvIIe siècle. La grande vague des années 1789-1793 n'est pourtant pas une « terra incognita » historiographique ‘, mais l'apport considérable, tant par les méthodes que par les résultats, des recherches sur les soulèvements populaires des siècles précédents a plongé dans l'oubli un modèle différent de celui dès révoltes communautaires et anti-étatiques qui, lui, tend à s'ériger en théorie de la société d'Ancien Régime. Il est donc important de rouvrir le dossier des révoltes de la décennie 1790, grâce à des archives en partie inédites, mais surtout avec des méthodes renouvelées, pour retrouver les diverses orientations du mouvement paysan.

Summmary

Summmary

A series of peasant revolts broke out in Aquitaine–the region of peasant uprisings par excellence–in the winter of 1789-1790. But these revolts were vastly different from those of earlier centuries. Collective violence within the rural community was directed against the lord and against rentiers, whatever the source of their rents. To avoid minimizing the complexity of the scenario of the revolt, it needs to be studied in such a way as to shed light on the interaction, within the dynamic of violence, between not only social and economie but also political and cultural factors : the crisis in the State apparatus, rural sociability, the relationship between written and oral culture in the Occitan-speaking regions, etc. The specific character of the northern Occitan countryside, where the rent strategies of landowners, ignorant ofthe agricultural capitalism ofthe more developed areas of France, clashed with the precariousness of a society of smallholders and tenant farmers, demands that we take a fresh look at the heterogeneity of the peasant movement in the French Revolution seen in the context of uneven development within the nation as a whole.

Type
La Société Française
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1979

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References

Notes

1. Hors les travaux pionniers de Lefebvre, Georges, Les paysans du Nord pendant la Révolution française, Paris, 1924, 1 014 p.Google Scholar et La Grande Peur de 1789, Paris, 1932, 272 p. ; quelques monographies: Sée, Henri, «Les troubles agraires en Haute-Bretagne (1790-1791)», Bulletin d'histoire économique de la Révolution, 1920-1921, pp. 231370 Google Scholar ; Évrard, Fernand, « Les paysans du Mâconnais et les brigandages de juillet 1789 », Annales de Bourgogne, 1947, pp. 739, 97-121Google Scholar ; Vovelle, Michel, «Les troubles sociaux en Provence, 1750-1792», 93e Congrès national des sociétés savantes, Tours, 1968, Histoire moderne, t. 2, pp. 325372 Google Scholar ; surtout, un livre récent, en russe, non encore traduit, Ado, A.V., Krest'yanskoe dvizheniye vo Frantsii vo vremia velikoi burzhuaznoi revolyutsii kontsa XVIII veka (Le mouvement paysan en France pendant la grande révolution bourgeoise de la fin du xviiie siècle), Moscou, 1971, 454 p.Google Scholar (cf. le c.r. d' Soboul, Albert, Annales historiques de la Révolution française (AHRF), 1973, pp. 85101.Google Scholar

2. Nombreux rapports et débats à l'Assemblée sur les troubles de janvier et février 1790, Archives parlementaires (AP), t. XI : interventions de M. de Foucault et de Lachèze, 3 fév. 1790, pp. 418-419 ; abbé de Mondésir, , Histoire des brigandages commis dans le Limousin, le Périgord, l'Auvergne, le Querci, l'Agenois, la Gascogne, le Languedoc, à la fin de l'année 1789 et au commencement de 1790, Montauban, fév. 1790, 64 p.Google Scholar (Cf. dossier aux Archives nationales (AN), D XXIX 8, n° 69, 5 fév. 1790) ; Incendies et ravages dans le Bas-Limousin, s.l.n.d., 8 p. (Bibliothèque nationale (BN), 8° Lb39 2935).

3. Requête de la Garde nationale de l'Aiguilhac près Saint-Just (Dordogne), 23 sept. 1790, Archives départementales (AD) Dordogne, B 847.

4. Mondésir, , op. cit., p. 57 Google Scholar ; AP, t. XI, p. 371 ; AN D XIV 5 (dossier Lot).

5. Rapports du préfet de la Corrèze, avril à juin 1815, AN F7 9017.

6. Caron, Pierre, « Le mouvement antiseigneurial de 1790 dans le Sarladais et le Quercy », Bull, d'hist. éco. de la Rév. Fr., 1912, p. 357.Google Scholar

7. L'information sur les révoltes bas-limousines provient, sauf exception, de AD Gironde B 6206, à laquelle nous renvoyons désormais. Pour une étude détaillée de cette région, Boutier, Jean, Révoltes et révolution. Les violences collectives en Bas-Limousin à la fin du XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, dactyl., Paris VII, juin 1976.Google Scholar

8. Plainte de J. F. Pérusse, seigneur de Saint-Bonnet-la-Rivière, fév. 1790, Bull, de la soc. des sciences, lettres et arts de la Corrèze, 1885, p. 706.

9. Aspect majeur des luttes paysannes de 1789 à 1792, la « guerre aux étangs » a, en Bas-Limousin, asséché 59 étangs sur 117, cf. J. Boutier, op. cit., vol. 1.

10. Rapport de P. Pomier, sergent royal à la sénéchaussée de Lauzerte, 6 fév. 1790, AN BB30 95.

11. Nous ne connaissons l'affaire Virideau que par des archives incomplètes : Virideau, bourgeois d'Agonac (Périgord) descend d'une famille exerçant le notariat depuis 1400 ; durant les années 1770, il découvre une grande quantité d'actes du xve siècle, parmi lesquels beaucoup d'arpentements consentis entre 1438 et 1445 par Jean et Guillaume de Bretagne, vicomtes de Limoges, au moment où les seigneurs limousins sont contraints de « modérer les cens » (cf. Tricard, Jean, « Les limites d'une reconstruction rurale en pays pauvre à la fin du Moyen Age : le cas du Limousin », Études rurales, 1975, n° 60, pp. 540 CrossRefGoogle Scholar) ; les redevances seigneuriales du xviiie ont en général, en Limousin, été fixées lors de réaccensements à la hausse au début du xvie siècle, si bien que les titres de Virideau témoins de l'étiage des cens du xve siècle, brouillent les cartes au moment où le seigneur rencontre les exigences paysannes du mythique « titre primordial » ; le 15 sept. 1790, le directoire de la Corrèze note : « L'idée d'une surcharge pèse fortement sur les redevables ; il n'est presque aucun canton de notre département qui n'ait envoyé ou qui n'envoie prendre à grand frais les titres (de Virideau) ». AN D XIV 2 (dossier 18), D XXIX 91 (dossier Virideau) ; AD Corrèze L54, 11 sept. 1790.

12. J. L. Goldsmith, « Remarques sur le régime seigneurial en Haute-Auvergne », Contributions à l'histoire paysanne de la Révolution française, éd. par A. Soboul 1977, p. 157.

13. Tholin, G., Cahiers de doléances du tiers état du pays d'Agenais aux États généraux, Paris, 1885, Cahiers de 1588, pp. 45 Google Scholar ; de 1614, pp. 42-45 (§ 88, 91, 95, 98) ; Lebigre, Ariette, Les Grands Jours d'Auvergne. Désordre et répression au XVIIe siècle, Paris, 1976, pp. 98106.Google Scholar

14. AD Corrèze B 641.

15. Nicolas, Jean, « Les éphémérides du refus», AHRF, 1973, pp. 601603 Google Scholar ; Castan, Yves, « Attitudes et motivations dans les conflits entre seigneurs et communauté devant le Parlement de Toulouse au xviiie siècle », Annales de la Faculté des lettres de Nice, 1969, pp. 233239.Google Scholar

16. Ozouf, Mona, « Du mai de liberté à l'arbre de liberté : symbolisme révolutionnaire et tradition paysanne», Ethnologie française, 1975, pp. 932 Google Scholar ; La fête révolutionnaire, Paris, 1976, pp. 281-294.

17. AD Dordogne B 844.

18. Lettre du curé de Bétaille (Quercy) : « On a arraché d'abord les poteaux seigneuriaux, à la place on a mis les mais », AP, t. XI, p. 373 ; à Végennes (Bas-Limousin) : « Il fallait arracher le poteau et lui substituer une potence pour pendre tous les seigneurs, qu'ils soient morts » ; à Issijeac (Périgord), un charpentier déclare qu’ « il faisait une potence et il serait le bourreau », p.v. de la maréchaussée de Belvès, fév. 1790, AD Dordogne B 844.

19. Discours de M. de Noailles, 9 fév. 1790, AP, t. XI, p. 426.

20. Déc. 1789, AN D XXIX 73.

21. Mémoire des nobles du Quercy et de l'Agenois, fév. 1790, AN D XXIX 70.

22. « Ils avaient planté un arbre de haute futaye qu'ils avaient baptisé may de joie » (St-Géral, p.v. de la maréchaussée de Périgueux) ; « Ils avaient planté sur la place publique un may de joye » (déposition du curé de Rouffignac), AD Dordogne B 844. A Martel, Durieux, aubergiste à Brive, demande « pourquoi on n'avait pas planté un mai, qu'on ne reconnaissait pas sans doute le prix de la liberté », AD Gironde B 6206 ; à Salon, « il s'était répandu dans le public… qu'on ne devoit plus souffrir aucune marque distinctive dans les lieux publics, qu'on devoit enlever les bancs des églises et planter un mai dans chaque commune en signe d'une entière liberté. » (Supplique de Jean Chavernon au prévôt de Guyenne, sept. 1790, AD Dordogne B 845).

23. Bercé, Yves-Marie, Histoire des Croquants, Paris, 1974, p. 214 Google Scholar ; « Chronique d'Isaac de Pérès », Revue de l'Agenois, 1880, p. 123 ; Traver, Émilien, Les bachelleries du Poitou, du Berry et de l'Angoumois, Melle, 1935, pp. 10, 38.Google Scholar

24. Caron, art. cit., 16 fév. 1790, p. 372 ; pour les notables, le mai en lui-même est scandaleux, comme mise en scène d'un pouvoir exproprié : cf. p. v. de la Garde nationale de Castelnaud de Montratier (Quercy) qui fait abattre le mai, « que nous regardons comme un affront et une injure pour la ville », fév. 1790, AN D XXIX 30.

25. Délib. de la municipalité de Juillac, 30 germ. an III, AD Corrèze L 398.

26. Art. cit. n. 7, p. 703.

27. Lettre de Saint-Crépin en Quercy, janv. 1790, AP, t. XI, p. 371.

28. Lettre des principaux habitants de La Monzie Montastruc, 24 mars 1790, AN D XXIX 73 ; p. v. du juge seigneurial de Douville, 7 fév. 1790, AN D XXIX 64. Autres témoignages pour Bassac, Salon, Saint-Félix de Villadeix, etc., AD Dordogne B 844 et 845.

29. Plainte du curé de Badefols d'Ans, fév. 1790, AD Dordogne B 1689.

30. Quelques « meneurs » paysans : Chantai, cabaretier de Cendrieux (AD Dordogne B 845, 846, AN D XXIX 31); Charles Janissou, meunier de Saint-Mayme-de-Pereyrol (AN D XXIX 64) ; mi-citadin, mi-rural, Jean Perrier, charpentier de Montignac (AD Dordogne B 1689).

31. Le mythe de 1'« année heureuse» a occulté les difficultés économiques de 1790; des éléments dispersés ; Labrousse, C. E., La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime, Paris, 1944, t. 1, pp. 398399 Google Scholar ; Frêche, Georges, Toulouse et la région Midi-Pyrénées au siècle des Lumières, Paris, 1974, p. 307 Google Scholar (récoltes quercynoises de 1769 à 1790) ; Ligou, Daniel, Montauban à la fin de l'Ancien Régime et aux débuts de la Révolution, 1787-1794, Paris, 1958, pp. 178184, 366- 390Google Scholar ; Cardinal, Louis, « Les subsistances dans le département de la Dordogne, 1789-an IV », La Révolution française, 1929, pp. 217254 Google Scholar; Sudries, A., «Les subsistances en Rouergue, 1789-1794 », Revue du Rouergue, 1949, pp. 164165 Google Scholar ; « Délibérations de la municipalité de Cahors », Bull, de la soc. des études du Lot, 1905, pp. 20-23, 393 ; Forot, Victor, L'année 1789 en Bas-Limousin, Paris, 1907, pp. 114116.Google Scholar

32. Salviat, , La jurisprudence du Parlement de Bordeaux, Paris, 2e éd., 1824, t. 2, pp. 288289 Google Scholar ; « Remarques sur les reconnaissances et la levée des rentes », par le syndic des jacobins d'Albi (1703), AD Tarn H 370, fos 36-42.

33. L'arrêt du Parlement de Bordeaux du 8 mai 1770, dénonçant l'agressivité de nombreux seigneurs en temps de crise, allège les prélèvements seigneuriaux en nature (Bull, de la soc. des lettres, sciences et arts de la Corrèze, 1885, pp. 680-685), ce que revendiquent en 1790 deux communautés quercynoises, Sarrazac et Cazillac (AN D XXIX 74, 15 nov. 1789, et D XIV 3, Dordogne) et le conseil permanent des communes de Périgueux, Bull, de la soc. hist. arch. du Périgord, 1943, p. 236.

34. Caron, art. cit. p. 355, 25 janv. 1790 ; grève du fisc seigneurial aux confins auvergnats, 25 sept. 1790, AN D XXIXbis 2, dos. 21, p. 31 ; en déc. 1789, à Beaumont de Lomagne(T. et G.), AN D XIV 2 ; à Souillac, AP, t. XI, p. 372 ; grève générale en Périgord, Quercy, Rouergue, selon le rapport de Loys, député du Périgord, fin déc. 1789, AN D XIV 3 (Dordogne). La chute du revenu seigneurial est brutale : le revenu des censives de l'abbaye de Vielmur, en Albigeois, est en 1789 le tiers de celui de 1788, selon Rascol, Pierre, Les paysans de l'Albigeois à la fin de l'Ancien Régime, Aurillac, 1961, p. 239.Google Scholar

35. Lettre de de La Mothe, M., AP, t. XI, p. 372.Google Scholar

36. Lettre au brigadier de maréchaussée de Belvès, 20 fév. 1790, AD Dordogne B 1688 ; cf. la lettre du procureur du roi à Figeac, 12 janv. 1790, AN BB30 79.

37. Caron, , art. cit, 1 fév. 1790, p. 358 Google Scholar ; p. v. de la municipalité de Maurs (Haute-Auvergne), 9 janv. 1790, AND XXIV 55.

38. Requête du 22 fév. 1790, AD Dordogne B 845.

39. Lettre de Niel, député extraordinaire de la commune de Saint-Céré (Quercy), 20 fév. 1790, AN D XXIX 69 ; Castan, Yves, « Les Languedociens du xviiie siècle et l'obstacle de la langue écrite », 96e Congrès des soc. sav., Toulouse, 1971, Sect. hist. mod. et contemp., t. 1, pp. 7384 Google Scholar ; lettre d'un ecclésiastique du Quercy à l'abbé Ayroles, Sol, Chanoine E., La Révolution en Quercy, Paris, 1930-1932, t. 1, p. 164.Google Scholar

40. Dans le Sud-Ouest, l'influence de la jurisprudence du Parlement de Bordeaux sur la culture juridique des hommes de loi reste à étudier ; quelques jalons, à partir de Salviat, op. cit. : « Bien loin d'avoir une jurisprudence favorable aux seigneurs, nous en avons une contraire », II, p. 323 ; entre plusieurs titres seigneuriaux non originaux, présentés à un procès, on choisit celui qui indique la rente la plus faible car « on penche toujours pour la libération », II, p. 291 ; un seigneur qui a exigé plus qu'il ne le devait est tenu de restituer la surcharge depuis 29 ans, II, p. 325, etc.

41. Deux textes, en apparence contradictoires, l'état d'esprit des populations de Rodez vers 1780, AD Lot C 3, et celui des habitants de Rochechouart en août 1789, AN W 338, dos. 609.

42. P. v. de la maréchaussée d'Agenais, 9 fév. 1790, AN D XXIX 16 ; lettre des « paisans pauvres du Bas-Limousin», 10 fév. 1790, AND XXIX 3, dos. 39 ; mémoire anonyme sur les troubles du Quercy et de l'Agenais, mars-avr. 1790, AN D XXIX 70 ; rapport des nobles du Quercy et de l'Agenais, fév. 1790, ibid. ; lettre du procureur du roi à Montauban, 22 sept. 1790, AND XXIX 55; délib. de la municipalité de Maurs, 16 janv. 1790, Leymarie, Michel, «Les mouvements populaires à Maurs et aux environs en 1789 et 1790 », Revue de Haute-Auvergne, 1970 (pp. 126132) p. 130.Google Scholar

43. Quinze paroisses rurales contre Sarlat pour délivrer trois paysans prisonniers à la suite d'émeutes, 15 janv. 1790, AN D XXIX 73 ; Maurs, Leymarie, art. cit. ; Martel, 5 janv. 1790, AD Gironde B 6206 ; Montpezat de Quercy (30-31 janv. 1790), Caron, art. cit.

44. AD Dordogne B 1688.

45. AD Dordogne B 844, AN D XXIX 31 ; on trouve une explicitation parfaite de ce schéma dans une lettre de la Garde nationale de Fumel (Lot-et-Garonne), envoyée à l'Assemblée (8 mai 1790) : deux milices, « dirigées par des principes opposés », se sont formées dans la commune ; « la troupe des volontaires est composée pour la plupart d'étrangers, de gens de métiers, de garçons de familles qui, n'ayant aucune propriété et presqu'aucune expectative, n'ont rien à perdre et sont propres à tout entreprendre », alors que la Garde nationale comporte « pour la plupart des notables et les plus gros propriétaires de la communauté qui, par là même, sont les plus intéressés au succès de la constitution » (AN D XXIX 39).

46. Tableau construit d'après les dossiers d'instruction judiciaire : AD Gironde B 6206, AD Corrèze B 2082 ; AD Dordogne B 844, 845, 1688, 1689; AN D XXIX 16 (enquête de la maréchaussée en Haut-Agenais).

47. Sur 28 réponses de curés du Sarladais à la lettre-circulaire du prévôt de Guyenne sur les troubles, 14 réclament ou approuvent la répression et se proposent pour dénoncer les coupables, et aucune ne prend la défense des paysans (AN D XXIX 73). Rares sont les curés à la tête des attroupements (deux seuls cas, à Bégouars (Quercy), Sol, , op. cit., t. 1, p. 233 Google Scholar, et à Saint-Julien de Lampon, AD Dordogne 1599), au contraire des révoltes du siècle précédent: Bercé, , op. cit., pp. 665666 Google Scholar et Foisil, Madeleine, La révolte des Nu-pieds et les révoltes normandes de 1639, Paris, 1970, pp. 203206.Google Scholar L'usage de la confession dans la répression est tout aussi rare : lettre du curé Deshommes au chanoine Lespine, BN Fds Périgord, t. 101, p. 48, lettre du doyen de Montpezat de Quercy, 9 mars 1790, Caron, , op. cit., p. 381 Google Scholar ; «J'ai déjà prié MM. les curés de notre comté d'interroger soigneusement leurs pénitents et de se donner des soins pour opérer une prompte restitution. »

48. Castan, Yves, Honnêteté et relations sociales en Languedoc (1715-1780), Paris, 1974, p. 557 Google Scholar ; Perouas, Louis, « L'évolution du clergé dans les pays creusois depuis 450 ans », Revue d'histoire de l'Église de France, 1978, pp. 526.CrossRefGoogle Scholar

49. Consultation de l'avocat Treich-Desfarges, à Meymac (Bas-Limousin), 23 déc. 1789, AN D XIV 2(18); rapport de la société populaire de Tulle, 18 messidor an II, de Seilhac, Victor, Histoire politique du département de la Corrèze, 1795-1830, Tulle, 1888, pièces justificatives, p. 55.Google Scholar

50. Délib. de la municipalité de Saint-Robert (Corrèze), 15 août 1792, Forot, Victor, Saint-Robert et ses annales, Brive, 1922, p. 124.Google Scholar

51. Tableau construit d'après les interrogatoires des paysans arrêtés, pour le Bas-Limousin et le Périgord (sources : n. 45), auxquels ont été joints ceux de 13 paysans arrêtés durant l'été 1790, lors de révoltes analogues (AD Dordogne, B 847), et ceux de cinq autres arrêtés, en fév. 1790, des environs de Cancon (AN D XXIX 16) ; pour le Haut-Agenais, ce sont des dénonciations qui servent de support documentaire, p. v. de la maréchaussée de Guyenne au siège d'Agen, 25 fév. 1790, AN D XXIX 73. Les deux échantillons-témoins: Loutchisky, Jean, La propriété paysanne en France à la veille de la Révolution, principalement en Limousin, Paris, 1912, pp. 4849 Google Scholar ; Alain Gintrac, Histoire démographique d'un village corrézien, Soudeilles, 1610-1850, thèse dactyl., Bordeaux, 1970, 670 p.

52. A Castelmary (Rouergue), « le consul a publié hautement avoir reçu par voie de l'intendance les ordres de l'assemblée nationale » pour brûler le château, Mondésir, , op. cit., p. 51 Google Scholar ; Le consul de Bournazel (Rouergue) mène l'assaut du château, AN BB30 95.

53. AD Dordogne B 847. Cf. Goubert, Pierre, « Remarques sur le vocabulaire social de l'Ancien Régime », Ordres et classes, Paris, 1973, p. 136 Google Scholar ; Frêche, , op. cit., pp. 322328.Google Scholar

54. Sée, art. cit., p. 338 ; Robert, Maurice, « Les artisans ruraux en Limousin au xviiie siècle », 100e Congrès national des soc. sav., Hist. mod., Paris, 1975, pp. 215228.Google Scholar

55. Fabre, Daniel et Lacroix, Jacques, La vie quotidienne des paysans du Languedoc au XIXe siècle, Paris, 1973, pp. 406424 Google Scholar ; surtout, Nicod, Jean-Claude, « Les séditieux languedociens à la fin du xviiie siècle », Recueil de mémoires et travaux publiés par la société d'histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, 1971, pp. 145165 Google Scholar ; textes AHRF, 1951, p. 85, 1956, pp. 298-299.

56. Mazars, Lucien, « Émeute et pillage au château de Privezac, 30 août 1789 », Revue du Rouergue, 1968, pp. 1620 Google Scholar ; d'août à nov. 1789, troubles à Lissac (Bas-Limousin) ; de sept à déc. 1789, à La Faurie (Périgord), AN D XXIX 73.

57. AD Dordogne B 844.

58. Documents de l'histoire de l'Aquitaine, Toulouse, 1974, carte p. 215 ; complétés par Bercé, op. cit., passim.

59. Bercé, , op. cit., pp. 650653 Google Scholar ; André Delmas, « La guerre des tabacs dans la vicomte de Turenne et le Périgord noir, 1724-1738 », Lemousi, 1967, n° 22.

60. Legrand, Citoyen, Voyages faits en 1787 et 1788 dans la ci-devant Haute et Basse Auvergne, Paris, 3 vol., an III, t. 2, pp. 3637.Google Scholar

61. Rapport du préfet de la Corrèze, 5 avr. 1815, AN F7 9017.

62. Lettre de Figeac (Quercy), 3 janv. 1790 : « Certains seigneurs ont voulu requérir les milices mais, soit qu'elles examinent leurs pouvoirs, leurs institutions, soit qu'elles craignent de s'exposer dans une pareille guerre, elles refusent. » AP., t. XI, p. 371.

63. La Garde nationale de Cahors décide le 24 janv. 1790, qu'elle enverra sur demande des détachements jusqu'à une lieue de distance pour réprimer les désordres (Bull, de la soc. études du Lot, 1905, p. 399) ; les Gardes nationales de Tulle, Brive, Uzerche et Lubersac arrêtent les troubles en Bas-Limousin à la fin de janv. 1790 ( Forot, Victor, L'année de la Peur à Tulle, Paris, 1906 Google Scholar) ; le 30 janv. 1790, le comité de Villeneuve envoie une lettre circulaire pour créer une « confédération entre les comités de Cancon, Casseneuil, Montflanquin, Penne, Pujols, Sainte-Livrade et Villeneuve… pour arrêter les excès des malfaiteurs », Massip, Lucien, « La Révolution à Cancon », Revue de l'Agenois, 1887, p. 462 Google Scholar ; confédération entre Villefranche-de-Rouergue et Saint-Antonin : P. ARCHE, « La Garde nationale de Saint-Antonin et les fédérations du Rouergue et du Bas-Quercy, juil. 1789-juil. 1790 », Annales du Midi, 1956, p. 384 ; à Bousquet, Rodez, A., « La Grande Peur en Rouergue », P. v. de la Soc… de l'Aveyron, 1931-1934, pp. 393396.Google Scholar

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