Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
En réalité, ni la psychologie de nos psychologues contemporains n'a de cours possible dans le passé, ni la psychologie de nos ancêtres, d'application globale possible aux hommes d'aujourd'hui.
(L. Febvre, « Histoire et Psychologie », Combats pour l'Histoire, Paris, 1953, p. 213.)L'historiographie s'enrichit soit en défrichant des domaines restés jusque-là non explorés, soit en réinterprétant à l'aide de concepts nouveaux des zones de recherche qui semblaient bien connues et profondément labourées. L'histoire de la noblesse russe appartient un peu à ces cas, apparemment contradictoires. Elle a été sérieusement étudiée, mais elle a besoin aussi d'interprétations fraîches, faites à la lumière des progrès récents des sciences sociales, et en premier lieu de la sociologie et de la psychologie.
Dans l'historiographie de ce sujet, une des premières tentatives — hardie, brillante et spirituelle — de peindre un tableau des structures mentales de la noblesse fut celle du grand historien russe Vasilij 0. Ključevskij, effectuée vers la fin du xixe siècle.
page 1164 note 1. Ključevskij, V. O., Kurs russkoj istorii, ëast’ 5, in Solinenija, t. V, Moskva, 1958, pp. 160–185 Google Scholar ; « Evgenij Onegin i ego predki », in Solinenija, t. VII, Moskva, 1959, pp. 403-422.
page 1164 note 2. Signalons toutefois que Ključevskij exclut de cette description la petite noblesse (melkoe sel'skoe dvorjanstuo), dont il mentionne et l'ignorance et les moeurs passablement rudes (Kurs, V, p. 170).
page 1165 note 1. « Evgenij Onegin », pp. 413-415.
page 1166 note 1. Kurs, V, pp. 162-163.
page 1166 note 2. Kurs, V, p. 176.
page 1166 note 3. Ibid.
page 1166 note 4. « Evgenij Onegin », p. 416.
page 1166 note 5. « Evgenij Onegin », p. 416 ; Kurs, V, p. 185.
page 1166 note 6. « Evgenij Onegin », p. 417.
page 1167 note 1. Ibid., pp. 416-417.
page 1167 note 2. Kurs, V, pp. 242-245
page 1168 note 1. Raeff, M., Origins of the Russian Intelligentsia. The Eighteenth-Century Nobility, New York, 1966 Google Scholar (sera cité en abrégé : Origins) ; du même auteur, « Home, School, and Service in the Life of the 18th-Century Russian Nobleman », The Slavonic and East European Review, XL, n° 95, June 1962, pp. 295-307 (sera cité en abrégé : « Home »).
page 1169 note 1. Origins, p. 5. — Mais si l'historien n'est vraiment pas en mesure de distinguer (et s'il n'y a pas de méthode qui le permette) entre ce qui est exceptionnel et ce qui est typique dans le comportement, les attitudes et les mentalités des groupes, toute recherche dans ce domaine ne devient-elle pas impossible, et en tout cas inutile puisqu'elle se réduirait à un vain exercice et à un jeu gratuit de l'esprit ?
page 1170 note 1. Origins, p. 6. Il serait sans doute intéressant de savoir de quelle manière il a été établi que ces archives familiales ne représentent pas des « cas typiques » ; d'ailleurs typiques de qui et de quoi ? Les archives abondantes que nous avons (celles des Voroncov, des Kurakin, des Mordvinov, etc.) ne sont certainement pas typiques de la noblesse « en général », mais elles le sont en ce qui concerne la haute noblesse, c'est-à-dire l'élite.
page 1170 note 2. Origins, p. 6.
page 1171 note 1. Ibid., pp. 9-10.
page 1171 note 2. Ibid., p. 171.
page 1171 note 3. Ibid., pp. 158, 168, 170-171.
page 1172 note 1. Ibid., p. 12.
page 1172 note 2. Les ouvrages à ce sujet sont nombreux et la littérature abondante ; pour une mise au point intéressante, voir Lejkina-Svieskaja, V. R., « Formirovanie raznocinskoj intelligencii v Rossii v 40-kh godakh XIX v. », Istorija SSSR, 1958, n° 1, pp. 83–104 Google Scholar ; voir aussi, M. M. ëtrange, Demokratileskaja intelligencija Rossii v XVIII veke, Moskva, 1965.
page 1173 note 1. Origins, pp. 173-174, note 4.
page 1173 note 2. Voir Nahirny, V., « The Russian Intelligentsia : From Men of Ideas to Men of Convictions », Comparative Studies in Society and History, vol. IV, n° 4, July 1962, pp. 403–435 CrossRefGoogle Scholar ; cet excellent article montre très bien, à notre sens, que les nobles de la génération de l'intelligentsia à laquelle appartenaient Herzen, Ogarev, le cercle de Stankevic et le groupe des slavophiles (et que les chercheurs soviétiques appellent « l'intelligentsia nobiliaire » : dvorjanskaja intelligencia) présentaient — du point de vue des structures mentales et de leur intégration à la société — des traits fondamentalement différents de ceux des hommes qui prirent la relève au cours des années cinquante et que représentent Cernysevkij et Dobroljubov. 3. Voir Nahirny, op. cit. ; Lampert, E., Sons Against Fathers. Studies in Russian Radicalism and Révolution, Oxford, 1965 Google Scholar ; Fischer, G., Russian Liberalism. From Gentry to Intelligentsia, Cambridge, 1958, pp. 45 CrossRefGoogle Scholar et suivantes ; Pollard, A. P., « The Russian Intelligentsia : The Mind of Russia », California Slavic Studies, volume III, 1964, pp. 1–32 Google Scholar. — Les différences sont marquées à tel point que les historiens soviétiques parlent d'un « raznocinskij etap » dans l'histoire de l'intelligentsia.
page 1174 note 1. Origins, p. 12.
page 1174 note 2. Et en fait, dans sa conclusion, l'auteur ne parle plus que de « l'élite de la noblesse » (voir Origins, p. 168).
page 1174 note 3. Durant tout le XVIIIe siècle, le pourcentage de la noblesse ne s'éleva jamais au-dessus de 1,032 % de la population totale. Sur tout le territoire de l'empire russe, il était de 0,504 % en 1744-45, de 0,590 % en 1762-63, de 1,032 % en 1795, et de 1,080 % en 1815, pour atteindre 1,391 % en 1833. Sur le territoire de la Russie proprement dite (en excluant l'Ukraine de la rive gauche du DDièpre, les provinces baltes et les territoires annexés de la Pologne), le pourcentage était de 0,504 % en 1744-45, de 0,590 % en 1762-63, et de 0,680 % en 1795. C'est en fait ces derniers chiffres qui représentent l'indicateur le plus précis pour le sujet examiné.
page 1174 note 4. Il faut aussi préciser que nombre de développements dans cet ouvrage ne sont basés que sur un nombre limité de « situations » individuelles, prises dans un nombre restreint de cas particuliers ; il s'agit en fait d'exemples, venant illustrer certaines « conclusions intuitives ».
page 1174 note 5. Même cela n'est en tous points certain. Une approche historique et dialectique du problème de l'aliénation montre, en effet, que « la voie la plus courte » vers la désaliénation peut être précisément l'aliénation ; de même que toute aliénation peut conduire à une désaliénation. S'il en est ainsi au niveau de l'existence de l'individu, il en est de même à plus forte raison au niveau du mouvement historique des groupes. Voir à ce sujet, H. Lefebvre, Critique de la vie quotidienne. Fondements d'une sociologie de la quotidienneté, vol. II, Paris., 1961, pp. 209-210.
page 1175 note 1. Origins, p. 46.
page 1176 note 1. Ibid., p. 123.
page 1176 note 2. On lit en effet : « Renforcé par les réalités politiques et sociales, le sentiment d'imprécision et d'insécurité du noble individuel quant à son statut, joua un rôle important en favorisant sa transformation en membre de l'intelligentsia » (Origins, p. 41). On doit toutefois observer que durant près de cent ans, de Pierre le Grand à Paul Ie r , lorsque 1 « imprécision et l'insécurité » du statut étaient les plus grandes, cette transformation des nobles en membres de l'intelligentsia n'eut pas lieu. Par contre, elle commence à apparaître au cours des années trente du XIXe siècle, à un moment où le statut noble est le mieux défini, la cristallisation du groupe — la plus poussée, et ses droits et privilèges — les plus précis. A la lumière de ce fait, on doit se demander évidemment si cette « insécurité » est bien réelle, et quelles sont les causes sociales, économiques et psychologiques qui provoquaient la transformation d'une partie de la noblesse en membres de l'intelligentsia, c'est-à-dire en membres d'un groupe (était-ce bien un groupe à ses débuts ?) dont le statut était inexistant, la position sociale — indéfinissable, et le degré de sécurité — nul. Et la question suivante est bien entendu : de quelle partie de la noblesse ? Nous n'avons pas de chiffres précis, mais on sait fort bien qu'il s'agissait d'un nombre extrêmement restreint, représentant une fraction infime de la noblesse. Et puisqu'on se demande si ce sentiment d « insécurité » a vraiment existé et s'il fut à l'origine de la transformation de nobles en membres de l'intelligentsia, il serait utile d'étudier sur le vif quelques cas concrets et d'analyser dans le détail les réactions psychologiques et l'état d'esprit d'un certain nombre de nobles ayant effectivement « changé de camp ». Il y aurait lieu dans ce cas de tenir compte de l'influence possible de plusieurs « variables » telles la situation matérielle, le niveau d'instruction, le degré de prestige social de la famille, les tendances politiques, etc., pour chacun des cas examinés.
page 1176 note 3. Origins, p. 10
page 1176 note 4. Cette interprétation de l'analyse de M. Raeff pourrait paraître exagérée. Il n'en est rien cependant ; pour le montrer nous produirons ici, par une sorte de raccourci schématique, mais utile, une preuve peu banale, mais qui indique bien que tels sont précisément les contours et l'étendue de cette thèse. L'index de l'ouvrage en donne un aperçu succint puisqu'au terme « Aliénation de la noblesse », on trouve l'énumération suivante : — [aliénée] de la bureaucratie ; — du peuple ; — de la culture russe ; — des serfs ; — de l'État ; — par bureaucratisation du pouvoir gouvernemental ; — par isolement de l'expérience historique de la nation ; — par solidarité maçonnique ; — par un sentiment nouveau d'individualisme ; — par la politique de répression d'Arakêeev ; — par un transfert au peuple de la loyauté envers l'État ; — par des études occidentales et par la culture. Cela doit être ajouté à ce qu'on trouve au terme « Déracinement », où celui-ci apparaît comme étant : culturel et géographique, produit par l'éducation, par le manque d'autonomie corporative et par l'absence de solidarité locale (Origins, pp. 241, 247).
page 1177 note 1. Erikson, E. H., Young Man Luther. A study in Psychoanalysis and History, New York, 1962, p. 20.Google Scholar
page 1177 note 2. M. Raeff l'explicite d'ailleurs en écrivant que l'étude ne portera que sur « les aspects négligés de la vie de la noblesse » et sur « les éléments institutionnels qui constituaient la vie du noble : sa famille, son éducation, ses relations avec d'autres individus, et ses expériences en tant que membre actif de la société russe, [ainsi que surj les expériences intellectuelles du noble dans ce cadre institutionnel » (Origins, p. 5). Mais ce programme n'implique-t-il pas, par son contenu même, la nécessité de relier tous ces aspects à l'environnement social, culturel et économique, sinon même à la société globale ?
page 1178 note 1. Origins, p. 36.
page 1178 note 2. Ibid., p. 120.
page 1178 note 3. Ibid., p. 110.
page 1179 note 1. Ibid., p. 59.
page 1179 note 2. Ibid., pp. 148-171.
page 1179 note 3. Ibid., p. 74. Mais le noble russe avait-il jamais eu des liens quelconques avec la campagne ? C'est en effet la question qu'on se pose, puisque à aucun moment le noble russe du xvine siècle n'est présenté comme ayant eu pareils liens avec son domaine, avec une localité ou avec une province. Dès lors le problème de cette « urbanisation culturelle », de cette acculturation, est traité dans le vide puisque son aspect le plus important —le passage d'un milieu culturel à un autre milieu culturel — n'est pas posé.
page 1180 note 1. Pour une analyse différente de celle-ci, montrant très bien le rôle des idées occidentales dans la formation de la conscience nationale russe au XVIIIe siècle, voir Rogger, H., National Consciousness in Eighteenth-Century Russia, Cambridge, 1960.CrossRefGoogle Scholar
page 1181 note 1. Origins, pp. 45-46, 47.
page 1181 note 2. Sur cette question, l'auteur indique : « Au sujet de la colonisation des régions frontières, voir S. Aksakov etBolotov » (Origins, p. 186, note 30), deux sources contemporaines qui donnent une description de quelques cas individuels.
page 1181 note 3. D'ailleurs conclurons-nous, à la lumière de la migration notable de paysans russes en Sibérie et de l'émigration massive de paysans ukrainiens, allemands, Scandinaves, polonais et italiens en Amérique aux XIXe-XXe siècles, que les paysanneries de ces pays n'étaient pas liées à la terre et attachées à leurs pays ?
page 1181 note 4. « Home », p. 298.
page 1181 note 5. Origins, p. 50.
page 1181 note 6. « Home », p. 297.
page 1182 note 1. Voir plus loin le paragraphe sur l'enfance des nobles.
page 1182 note 2. Origins, p. 47.
page 1182 note 3. L'auteur est d'ailleurs bien près de le penser ; voir Origins, pp. 146-147, où on lit : « quoique étant un anachronisme, ‘ aliénation ’ est bien le mot approprié. » Mais en fait, ce n'est pas du vocable qu'il s'agit, mais du contenu qu'on lui attache.
page 1183 note 1. Mannheim, K., in Manning, C. A. W. (éd.), Peaceful Change, London, 1937, p. 129 Google Scholar ; cette remarque s'applique d'ailleurs encore plus à l'étude de l'enfance des nobles, dont il sera question au paragraphe suivant.
page 1184 note 1. Raeff mentionne également cette attitude paternaliste, voir Origins, note 115> p. 200 ; pour plus de détails à ce sujet, voir Confino, M. « La politique de tutelle des seigneurs russes envers leurs paysans vers la fin du XVIIIe siècle », Revue des Études slaves, t. XXXVI, 1960, pp. 39–69 CrossRefGoogle Scholar ; « Le paysan russe jugé par la noblesse au XVIIIe siècle », Revue des Études slaves, t. XXXVIII, Mélanges Pierre Pascal, 1961, pp. 51-63.
page 1184 note 2. Voici deux exemples éloquents de cet état d'esprit : « Le pomeŝčik qui possède ses propres serfs, — écrivait Beleckij-Nosenko —, est semblable au monarque d'un État bien ordonné ». Tout État où les pomeŝčik cultivent la terre avec leurs propres serfs « est plus actif, plus riche et par conséquent plus puissant : dans un immense empire autocratique tous les domaines qui en font partie doivent avoir des institutions monarchiques. La puissance agissante et la gloire de la Russie ne s'appuient-elles pas inébranlablement sur le pouvoir de tous ces petits monarques que sont les pomeŝčik 1 » De son côté, Kahazin écrivait : « Dans un État monarchique, toutes ses subdivisions doivent avoir [un caractère] monarchique […]. Le pomeSëik est aussi nécessaire au bien-être des agglomérations rurales que le monarque l'est à celui de tous les sujets » (voir Confino, « La politique de tutelle », p. 68-69).
page 1184 note 3. Origins, p. 78 ; voir aussi Confino, M., Domaines et seigneurs en Russie vers la fin du XVIIIe siècle. Étude de structures agraires et de mentalités économiques, Paris, 1963, ch. II et pp. 259–261.Google Scholar
page 1185 note 1. « Home », p. 297.
page 1185 note 2. Kahan, A., « The Costs of ‘ Westernization ’ in Russia : The Gentry and the Economy in the 18th Century », Slavic Review, vol. XXV, n° 1, March 1966, p. 42.Google Scholar
page 1186 note 1. Nous voudrions remercier ici Mme Ruth Aescoly-Zafrir, de l'Institut de Psychologie de l'Université de Paris, pour les remarques savantes et judicieuses qu'elle fit sur le présent paragraphe. Il va de soi que nous portons l'entière responsabilité des développements qui y sont inclus.
page 1186 note 2. Origins, pp. 122-123.
page 1187 note 1. Mais il est dit aussi : « Nous n'entendons pas nier par là que des liens de famille étroits (strong) continuaient à imprégner la vie russe, tant parmi la noblesse que parmi la paysannerie. Mais il serait bon de se rappeler que des liens familiaux étroits sont souvent des sous-produits d'un manque de racines sociales et géographiques » (Origins, p. 129). Ce n'est pas un des moindres mérites de la psychanalyse que d'avoir postulé que « tout a une signification », car depuis lors, conséquemment, tout explique tout et vice versa. Évidemment ce n'est pas le « manque de racines sociales et géographiques » qui est la cause des liens de famille forts et étroits parmi les paysans.
page 1187 note 2. Mais il est permis de douter que la règle générale, en ce qui concerne l'attitude des mères envers l'éducation des enfants ait été celle d'un désintéressement complet. Raeff en témoigne également (Origins, p. 122), et les cas mis à jour font plutôt penser le contraire.
page 1187 note 3. Voir Confino, Domaines, p. 22. — En outre, les nobles servaient en fait dix à quinze ans, et le compte de leurs années de service était fait à partir de l'âge de quinze à seize ans (et même avant), c'est dire que nombre de nobles retournaient sur leurs terres vers l'âge de vingt-cinq à trente ans. Bien que l'âge moyen des mariages ait été relativement bas, il s'ensuit néanmoins que, les aînés exceptés, les enfants nés après cet âge du père, étaient élevés alors qu'il se trouvait au domaine.
page 1188 note 1. En tout cas, le succès de l'expérience du kibboutz en Israël, qui se poursuit depuis plus de cinquante ans, et où l'éducation collective des enfants se fait, dès leur naissance, par des personnes autres que les mères, suffirait à suggérer que rien de définitif ne peut encore être postulé sur cette question et que « la pire des mères » n'est peut-être pas toujours la meilleure des éducatrices. Voir aussi, Berg, J. H. Van Den, Metabletica ou la psychologie historique, Paris, 1962, p. 275 Google Scholar, note 19.
page 1188 note 2. Pour deux exemples de l'attitude des enfants envers la njanja et du rôle de cette dernière dans la famille d'Elisaveta et Sacha Vodovozova et d'Alexandra et Vera Zasulic : Vodovozova, E. N., Na zare žizni, Moskva, t. I, p. 89 Google Scholar ; Uspenskaja, A., « Vospominanija ïestidesjatnicy », Byloe, n° 18, 1922, p. 20.Google Scholar
page 1189 note 1. Origins, p. 123.
page 1189 note 2. Ph. Ariès, « Le XIXe siècle et la révolution des moeurs familiales », in R. Prigent, Renouveau des idées sur la famille, 1954, p. 116.
page 1189 note 3. Voir Van Den Berg, Metabletica, ch. II.
page 1190 note 1. Origins, p. 124.
page 1190 note 2. Ibid., p. 125.
page 1190 note 3. Nous n'entendons pas dire par là, évidemment, que le jeune noble n'avait pas un « idéal du moi » et un idéal tout court vers lesquels il aspirait, ou qu'il n'y ait pas eu un clivage entre le « réel » et 1’ « idéal », entre la personne qu'il était et celle qu'il désirait (et devait) être.
page 1190 note 4. « L'absence de racines profondes dans une localité et le sentiment d'uniformité de la terre russe et de la similitude universelle de l'environnement social, étaient sans aucun doute parmi les expériences [de vie] importantes et permanentes du noble russe […], acquises dès l'enfance… » (” Home », p. 298).
page 1191 note 1. Pour l'opinion de M. Raeff, voir Origins, pp. 123-124.
page 1192 note 1. Van Den Berg, Metabletica, pp. 41-42.
page 1193 note 1. Herzen, A. I., Sotinenija, Saint-Péterbourg, 1905-1906, VI, p. 82 Google Scholar ; cité par Nahirny, op. cit., pp. 410-411.
page 1194 note 1. Nobles sans terre non compris.
page 1194 note 2. Ce chiffre comprend 32 % de propriétaires de moins de 10 serfs.
page 1195 note 1. Voir Confino, Domaines, ch. III et surtout pp. 176-183.
page 1195 note 2. Ibid.
page 1195 note 3. « Chaque kopek est cher » : Bolotov, A. T., « Nakaz upravitelju ili pirkaščiku kakim obrazom emu pravit’ derevrvjami v nebytnost svoego gospodina », Trudy VoVnogo Ekonomiceskogo Obsceslva, vol. XVI, 1770, p. 164 Google Scholar
page 1196 note 1. Clarke, Edward Daniel, Travels in Russia, Tartary, and Turkey, Edinburgh, 1839, p. 15.Google Scholar
page 1196 note 2. Čečulin, N., Russkoe provincial'noe obSlestvo vo vtoroj polovine XVIII veka. Istorièeskij ocerk, Saint-Péterbourg, 1889, p. 35 Google Scholar (et les nombreuses références qui y sont données, en particulier — les mentions fréquentes dans les « Cahiers » de la noblesse pour la Commission de 1767, indiquant la participation de nobles illettrés).
page 1196 note 3. Ibid. Parlant de la première moitié du XIXe siècle, Elisaveta Vodovozova fait dans ses mémoires un portrait saisissant de l'ignorance, de la simplicité et de la pauveté de la petite et moyenne noblesse. « Il n'y avait aucune sorte de livres dans leurs maisons hormis ‘ La clef des songes ’ (sonnik) et l'almanach et ils ne lisaient rien » ; et Vodovozova ajoute : « c'étaient des gens grossiers et souvent absolument illettrés » (po. cit., pp. 216-219). Raeff mentionne également que l'éducation du jeune noble « n'était pas brillante du tout », et fait état de « nombreux jeunes nobles […] absolument ignorants même des rudiments élémentaires, et presque illettrés » (Origins, p. 126).
page 1197 note 1. Ključevskij, Kurs, V, p. 170.
page 1197 note 2. Origins, p. 104.
page 1197 note 3. Signalons aussi que, contrairement à une opinion assez répandue, la plupart de ees nobles ne savaient réellement aucune langue étrangère. Or, en dépit, des traductions d'ouvrages occidentaux, il était pratiquement impossible à cette époque d'avoir connaissance de la pensée occidentale sans des lectures en français ou en anglais.
page 1197 note 4. Voir Ôeculin, op. cit., p. 37 ; et pour quelques exemples dans un domaine bien déterminé — la médecine —, on consultera l'ouvrage de Grombach, S. M., Russkaja medicinskaja literatura XVIII veka, Moskva, 1953.Google Scholar
page 1197 note 5. Au sujet du niveau de ces instituteurs, voir Raeff, Origins, pp. 126-127.
page 1198 note 1. En 1834, le nombre de propriétaires possédant de 500 à 1 000 serfs s'élevait à 1 449 seigneurs (2 %). Le nombre de paysans en leur possession était de 999 304 âmes « mâles », soit 689 en moyenne par propriétaire.
page 1198 note 2. La moyenne du montant de Vobrok étant de 2,5 roubles par serf « mâle » au cours des années soixante-dix, de 4 roubles au cours des années quatre-vingt, et de 5 roubles au cours des années quatre-vingt-dix — on a adopté comme moyenne : 3,5 roubles pour 1777 et 5 roubles pour 1795. (Estimations de A. Kahan, op. cit., p. 47). L'augmentation de Vobrok ainsi que celle du revenu moyen des propriétaires doivent être mises en relation avec la dépréciation constante de la monnaie et la hausse des prix au cours de cette période.
page 1198 note 3. Kahan, op. cit.
page 1199 note 1. Origins, p. 106.
page 1199 note 4. Ibid.
page 1199 note 1. De ce point de vue, il nous paraît indiqué de joindre au pourcentage de la haute noblesse (1 %), celui des nobles possédant 500 à 1 000 paysans (2 %).
page 1200 note 1. Febvre, L., « La sensibilité et l'Histoire », Combats pour ld'Histoire, Paris, 1953 p. 228.Google Scholar
page 1200 note 2. Ibid., p. 229.
page 1202 note 1. L. Febvre, « Histoire et Psychologie », Combats pour l'Histoire, p. 218.
page 1202 note 2. Parlant des membres de 1’ « élite de la noblesse », l'auteur écrit en effet : « … conscients de leurs déracinement et aliénation fondamentales… » (Origins, p. 168 ; et voir aussi p. 57). Mais, comme l'écrit justement H. Lefebvre, « la conscience d'une aliénation est déjà désaliénation » (op. cit., p. 210). Aspect intéressant de ce sujet et qui mériterait qu'on s'y attarde.
page 1202 note 3. Cf. H. Lefebvre (op. cit., p. 209) : « Nous devons complètement particulariser, ‘ historiser ’ et relativiser le concept d'aliénation. En d'autres termes, il n'y a d'aliénation concevable et déterminable que dans un cadre de référence (social), par rapport à un ensemble à la fois réel et conceptuel. L'aliénation absolue et la désaliénation absolue sont donc également inconcevables. »
page 1202 note 4. Erikson, op. cit., p. 254.
page 1203 note 1. Kljucevskij, Kurs, V, pp. 169-171.
page 1203 note 2. Cette thèse a son pendant dans l'historiographie de l'Europe Occidentale et de la France en particulier, et plus précisément dans les interprétations qui remontent à Taine et présentent le mouvement des idées ayant précédé (et causé) la Révolution Française comme l'oeuvre d'intellectuels déracinés. Pour une interprétation différente, on consultera avec profit, entre autres, l'ouvrage d' Cobean, Alfred, In Search for Humanity ; the Rôle of the Enlightenment in Modem History, New York, 1960 Google Scholar ; et évidemment plusieurs ouvrages d'historiens français (au nombre desquels G. Lefebvre Ph. Sagnac, etc.) trop nombreux pour être énumérés ici.
page 1203 note 3. Origins, p. 77.
page 1203 note 4. Pour une interprétation dans ce sens, voir Mcconnell, A., « Radishchev's Political Thought », American Slavic and East European Review, vol. 17, n° 4, pp. 439–453 CrossRefGoogle Scholar
page 1204 note 1. La première génération de l'intelligentsia, celle des années trente et quarante, devrait être doublement aliénée, parce qu'étant issue de la noblesse, et parce que composée d'intelligenti. A ce sujet, Nahirny écrit pertinemment, parlant de Herzn, des Kircevskij, des Aksakov, de Stankevic, Turgenev, Ogarev et Annenkov : « Loin d'être déracinés et socialement isolés, ils étaient bien enracinés dans leur milieu social du point de vue économique, social et culturel ; ils étaient liés à leurs familles, avaient des amis et des fréquentations relativement nombreuses, e t menaient, pour leur époque, une vie active et diversifiée. Il est par conséquent extrêmement douteux que ces [intellectuels], habituellement considérés comme étant les premiers intelligenti russes, aient éprouvé un sentiment douloureux d'isolation, et par conséquent — aient développé une hostilité morale et intellectuelle inspirant des attitudes radicales. Car, de quelque manière que l'on n'abuse du terme — aussi éculé qu'ambigu — d’ « isolation », en l'identifiant soit à une isolation physique, soit à un anonymat des relations, soit enfin au manque d'harmonie des contaets personnels, il est clair que ces hommes n'étaient ni perdus dans une étrange humanité, ni dépourvus de liens serrés [avec le milieu environnant]. La simple répudiation de l'autocratie ne doit pas être confondue avec une isolation sociale » (op. cit., p. 411).
page 1204 note 2. L. Febvre, « Sensibilité et Histoire », p. 230.