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Gestion et organisation du travail dans les compagnies de chemins de fer, des origines a 1860

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Georges Ribeill*
Affiliation:
École Nationale des Ponts et Chaussées

Extract

L'importance de l'avènement des chemins de fer dans l'économie française est bien connue : son rôle décisif pour promouvoir ou susciter de multiples innovations depuis les questions de mobilisation financière jusqu'à celles de la politique de l'Etat en matière de service public, depuis ses effets sur les industries amont (du rail au combustible) ou les marchés aval des productions agricoles et industrielles, jusqu'à des effets structurants de géographie humaine, ont été plus ou moins fouillés. En particulier, depuis longtemps, de nombreux travaux ont été consacrés aux débats et tournants successifs de la politique publique des chemins de fer.

Summary

Summary

The railroad revolution mobilized not only capital but also men and techniques. How did the companies invent management systems, an organization for work, and tools of mobilization, not to mention the integration of personnel? In the course of this pragmatic apprenticeship period, directors and engineers invented piecemeal management methods, often by way of response to a particular event or conjuncture.

Certain characteristic features of railroading and its professional cultures were gradually forged on the basis of the weighty principles of hierarchy, Security, reglementation, and discipline, as well as of the social isolation of a young company, progressively bound by the golden chains—well designed and tempered, however—of the Companies first social institutions.

This article uses a genetic approach in the a posteriori clarification of the “French Rail System's ”sturdy structural traditions.

Type
Organiser le Travail, XIXe-XXe Siècles
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1987

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References

Notes

1. Évoquons, écrites au siècle dernier, les vastes sommes rétrospectives d'Audiganne, Les chemins de fer aujourd'hui et dans cent ans,Capelle, 2 vols, 1858-1862, de Picard, Les chemins de fer français : étude historique sur la constitution et le régime du réseau(publié sous les auspices du ministère des Travaux Publics), 6 vols, 1883-1884 (sans oublier son Traité des chemins de fer, Rothschild, 4 vols, 1887), ou de l'Allemand Kaufmann, La politique française en matière de chemins de fer,Berenger, 1900 ; au xxe siècle, les écrits multiples de R. Blanchard et surtout la thèse de Girard, L., La politique des travaux publics du Second Empire, Armand Colin, 1952 Google Scholar que complète pour la période antérieure L'impossible réseau,de Y. Leclercq., Paris, Champion, 1987.

2. Y eurent accès et en tirèrent parti respectivement J.-P. Amalric (Des sur les débuts de la Compagnie d'Orléans, 1956-1957, dirigé par J. Godechot) et Kriegel, A. pour sa thèse consacrée Aux origines du communisme français, 1914-1920, Mouton, 2 vols, 1964 Google Scholar (chapitre consacré à la grève des cheminots de 1920).

3. Caron, F., Histoire de l'exploitation d'un grand réseau, la Compagnie du chemin de fer du Nord, 1846-1937, Mouton, 1973 Google Scholar.

4. Exemplaire et méritoire par son côté systématique, est la série d'ouvrages de L. M. Vilain, parus chez divers éditeurs depuis les années 1960, consacrés à l'histoire, réseau par réseau, du matériel roulant depuis l'origine jusqu'à la nationalisation de 1937.

5. Citons quelques sommes exemplaires : A. Perdonnet et C. Polonceau, Porte-feuille de l'ingénieur des chemins de fer,Mathias et Lacroix, 1843-1846 (rééd. Lacroix, 1852-1856) ; Perdonnet, A., Traité élémentaire des chemins de fer, Langlois, et Leclercq, , 2 vols, 1855-1856Google Scholar (3e éd. revue et corrigée, Garnier Frères, 4 vols, 1865) ; L. LE Chatelier, E. Flachat, J. Petiet et C. Polonceau, Guide du mécanicien constructeur et conducteur de machines locomotives, Dupont, 1851 (nouvelle éd. revue et augmentée, Dupont, Lacroix et Baudry, 1859) ; Goschler, Ch., Traité pratique sur l'entretien et l'exploitation des chemins de fer, Noblet, et Baudry, , 4 vols, 1865-1868Google Scholar.

6. Nous évitons volontairement de parler de « cheminots » à propos du personnel des compagnies. Ce serait en effet commettre un anachronisme. Le terme n'apparaîtra qu'à la veille de la Grande Guerre, dans des circonstances politiques et sociales bien déterminées.

7. Le personnel des compagnies de chemins de fer,t. I, Des origines à 1914,juin 1980, 565 p. (rapport ronéoté).

8. Chevalier, M., Histoire et description des voies de communication aux États-Unis et des travaux d'art qui en dépendent, Gosselin, , 4 vols, 1840-1844Google Scholar.

9. Les comptes rendus des AG du Nord se trouvent dans les cartons 48 AQ 1 de 1846 à 1853, 48 AQ2de 1854 à 1862.

10. La récente publication de A. Lefebvre-Teillard, La Société anonyme au XIXe siècle, PUF, 1985, permet d'apprécier ce qu'il y eut respectivement de particulier et de banal dans les statuts de ces nouvelles sociétés anonymes autorisées qu'étaient les compagnies de chemins de fer. A plusieurs titres, celles-ci suscitèrent des innovations originales au plan des statuts les régissant, tenant à l'ampleur et à la nature de leur activité.

11. Les résultats de l’Enquête sur les moyens d'assurer la régularité et la sûreté de l'exploitation des chemins de fer,initiée en 1853, furent publiés en 1858. Elle donne un aperçu très fouillé de l'organisation des compagnies au milieu des années 1850 (notée par la suite Enquête…).

12. L'État sommaire des archives d'entreprisesconservées aux Archives Nationales et publié par leurs soins (2 vols, 1957 et 1977) permet dans les fonds d'archives des Compagnies (Est,

1. AQ ; Nord, 48 AQ ; Orléans, 60 AQ ; Ouest, 76 AQ ; PLM, 77 AQ ; Midi, 78 AQ) de repérer précisément les sous-séries consacrées aux archives des éventuels comités de direction, d'en relever aisément la longévité variable. 13. Pour éviter de fastidieuses références aux registres relatant l'activité du comité de direction du Nord, nous rappellerons simplement qu'elles débutent avec le registre 48 AQ 54 (du 22 juin 1845 ou 29 septembre 1846), selon un numérotage continu chronologique. Pour plus de précisions, se reporter au commode Répertoire numérique des archives de la Compagnie du chemin de fer du Nord,Imp. Nat., 1961. De manière commode, il sera fait référence aux diverses instances des Compagnies, conseil d'administration, comité de direction, assemblée générale, sous forme abrégée (CA, CD et AG).

14. Il convient donc de souligner au passage tout l'intérêt des archives des comités de direction des compagnies qui en furent dotées, sous l'angle de l'étude de leurs stratégies internes ; car en général, on ne dispose que des archives des conseils d'administration, des rapports aux assemblées générales, instances dont les préoccupations relèvent plutôt des stratégies externes et des résultats des compagnies (financement, fusions, conventions avec l'État, résultats généraux de l'exploitation, etc.) ; bref des sources qui éclairent peu les tâches de management proprement dites.

15. Ainsi la Compagnie d'Orléans avait sous-traité le camionnage avec l'entreprise Direz. Les bénéfices dégagés par cette sous-traitance par rapport à un coût théorique fixé étaient partagés à part égale par la Compagnie et Direz (cf. PV du conseil d'administration de la Compagnie du 18 mars 1853, 60 AQ 10, et plus généralement le carton 60 AQ 333 consacré aux « contrats d'entreprise » — de sous-traitance — de cette compagnie).

16. AN, 60 AQ 315.

17. Cf. notamment la notice nécrologique qui lui est consacrée dans les Mémoires de la Société des Ingénieurs Civils de France,1859, p. 403 ss. Il ne faut le confondre ni avec son père, Antoine- Rémi ingénieur du Corps des Ponts et Chaussées, ni avec Ernest, ingénieur civil des Mines apparenté mais non descendant direct de Camille, qui sera ingénieur en chef du Matériel et de la Traction à l'Orléans à partir de 1886. Comme Camille, ce sera un fécond innovateur.

18. AN, 60 AQ 336 : Note de M. Le Chatelier (mars 1851) : « Examen des résultats obtenus en 1850 pour le service de la locomotion sur les chemins de fer d'Orléans et du Centre ».

19. Le bénéfice dégagé par Polonceau était variable selon les cinq services assurés : 416 000 F pour la traction de l'Orléans (avec un rapport dépenses réelles/sommes payées à la régie de 77 %),

9. 000 F pour l'entretien (67 %), 381 000 F pour la traction du Centre (65 %), 152 000 F pour son entretien (44,5 %) et 59 000 F pour l'ensemble des ateliers (95 %).

20. G. Ribeill, « Profils des ingénieurs civils au xixc siècle : le cas des centraux », dans L'ingénieur et la société française,A. THÉPot éd., Les Éditions Ouvrières, 1985.

21. Enquête…, op. cit.,p. x.

22. La plupart des cahiers de charges contenaient une clause réservant certains emplois à des anciens militaires de l'armée de terre et de mer libérés du service.

23. A. Perdonnet, Notions générales sur les chemins de fer,Lacroix et Baudry, 1859, p. 146.

24. LE Chatelier et ai, Guide…,1859, op. cit.,pp. 417-418.

25. With, Les accidents de chemins de fer,Mallet-Bachelier, 1854, p. 141.

26. Enquête…,p. 117.

27. LE Chatelier et al., Guide…,1859, p. 529.

28. Ibid.,pp. 542-543.

29. D'après le compte rendu des audiences en justice du 22 novembre au 4 décembre 1842 relaté par La Gazette des Tribunaux.

30. LE Chatelier et al., Guide…,1859, p. 546.

31. Amalric, J.-P., « Une institution patronale au xixe siècle : la participation des employés aux bénéfices dans la Compagnie des chemins de fer de Paris à Orléans, 1838-1870 », Revue d'Histoire économique et sociale, vol. 40, 1962 Google Scholar, n° 2.

32. 60 AQ 11.

33. Sur la place d'Auguste Cochin dans les courants du catholicisme social, cf. Duroselle, J.-B., Les débuts du catholicisme social en France, 1822-1870, Paris, PUF, 1951 Google Scholar.

34. C'est J.-B. Duroselle qui nous informe de cette « ruse pieuse » de Cochin, op. cit.,p. 651.

35. 60 AQ 12, Conseil d'administration du 15 décembre 1854.

36. Amalric, J.-P., « La révolution de 1848 chez les cheminots de la Compagnie du Paris- Orléans », Revue d'Histoire économique et sociale, vol. 41, 1963 Google Scholar, n° 3. Il a utilisé une liasse « Période révolutionnaire 1848 », qui ne semble plus exister dans le fonds 60 AQ versé aux Archives Nationales. Nous complétons ses sources avec le carton 60 AQ 36, « Événements politiques 1848, 1870 » qu'inversement il semble n'avoir pas trouvé alors, dans le fouillis des caves de la gare d'Austerlitz.

37. Sauvage, Rapport sur l'administration du séquestre des chemins de fer d'Orléans et du Centre du 4 avril au 18 août 1848,Ministère des Travaux Publics, 1848.

38. Ibid.,p. 12.

39. Ibid.,p. 34.

40. A. Perdonnet, Traité…,1865, t. II, pp. 478-479.

41. R. Priouret, La Caisse des Dépôts. 150 ans d'histoire financière,Paris, PUF, 1966, pp. 122-141.

42. Enquête…, op. cit., pp.118-120 et Annexes, p. 191 ss, retranscrivant les statuts des caisses de retraites.

43. A. Perdonnet, Notions…, op. cit.

44. Ibid.,p. 172.

45. Ibid., p.169.