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Genre et paix

Des mariages croisés entre quatre communes de la Marche d’Ancône en 1306

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Didier Lett*
Affiliation:
Université Denis-Diderot (Paris 7)

Résumé

Le 18 février 1306, un traité de paix est signé entre la cité de Camerino et trois communes voisines (Matelica, San Severino et Fabriano) dans lequel est prévue une série de mariages croisés entre leurs habitants : un échantillon socialement représentatif de cent quarante hommes doivent devenir beaux-frères à travers le transfert de cent quarante femmes. À partir de ce document et de cette clause hors-norme, qui, de plus, ne sera jamais appliquée et ne mettra jamais fin aux hostilités, l’article propose une réflexion sur la manière dont se met en place, dans un contexte historique, documentaire et relationnel spécifique, un régime de genre. En adoptant une approche pragmatique et en privilégiant l’utilisation du concept de genre comme un moyen supplémentaire de lire le social, sont tour à tour étudiés les rôles que les hommes de l’élite assignent aux femmes de leur communauté dans les rituels de réconciliation, les alliances matrimoniales qui font figure de paix en miniature, le dispositif mis en place pour assurer les transferts dotaux et l’octroie de la citoyenneté. Dans ce type de régime, les femmes sont des médiatrices : elles doivent véhiculer la paix dans leur ménage pour que celle-ci se diffuse dans l’ensemble du corps de leur commune et transmettre aux hommes une dot et la citoyenneté pour leur permettre de reproduire une domination.

Abstract

Abstract

On February 18, 1306, the city of Camerino signed a peace treaty with three neighboring communes (Matelica, San Severino, and Fabriano). Among its provisions was a plan for a series of marriages between the inhabitants of the four communes, which would have made a group of 140 men brothers-in-law through the exchange of 140 women. From this document and its extraordinary clause—which was never enforced and did not bring an end to hostilities—this article proposes a reflection on how a gender regime comes to being in a specific historical, documentary, and relational context. A pragmatic approach to gender as one available means for understanding social interactions lends itself to the study of the roles elite men assigned to women of their communities in reconciliation rituals, matrimonial alliances as miniature figures of peace, and the mechanisms put in place to ensure the transfer of dowries and the granting of citizenship. In such gender regimes, women were mediators and vehicles for peace in their households, which could then spread through the body politic. They are also provided dowries and citizenship to men who could then continue to dominate.

Type
Régimes de genre
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2012

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References

1- Le concept a été forgé par Giorgio Chittolini pour désigner des communes qui n’ont pas le statut de cité épiscopale mais qui ont un poids démographique, économique et politique comparable, voire supérieur. Voir Chittolini, Giorgio, « ‘Quasi-città’. Borghi e terre in area lombarda nel tardo medioevo », Società e storia, 47, 1990, p. 326 Google Scholar, repris dans Id., Città, comunità e feudi nell’Italia centro-settentrionale (secoli XIV-XVI), Milan, UNICOPLI, 1996, p. 85-104.

2- Archivio Storico Comunale di Matelica, Pergamena, no 838 ; texte mentionné par Acquacotta, Camillo, Lapidi e documenti alle memorie di Matelica, Ancône, Baluffi, 1838, vol. 1, p. 111 Google Scholar, et édité (avec quelques coupes) dans Ibid., vol. 2, 1839, doc. 100, p. 181-190. Ce parchemin est répertorié dans l’inventaire de Grimaldi, Giulio, Archivio Storico Comunale di Matelica, Indice delle pergamene, no 838, p. 281.Google Scholar

3- Grimaldi, G., Archivio Storico Comunale di Matelica…, op. cit., no 838Google Scholar, édité partiellement dans Acquacotta, C., Lapidi e documenti…, op. cit., vol. 2, p. 184185 Google Scholar : Item auctoritate et potestate predictis pro bono pacis et concordie inter dictas partes et in provincia Marchie, et pro conservatione dicte pacis, concordie et ami / citie, volumus, ordinamus, declaramus, deffinimus, precipimus et mandamus quod commune Camerini eligat et deputet quatuor, sex vel octo probos et sapientes homines civitatis Camerini infra octo dies et quelibet ex dictis communautiis Sancti Severini, Fabriani et Mathelice infra dictum terminum deputet totidem et quelibet ex dictis terris Camerini, Fabriani, Sancti Severini et Mathelice in comuni et etiam singulares persone dictarum terrarum patresfamilias dent plenam, generalem et liberam potestatem illis quos duxerint deputandos pro singulis terris predictis trac / tandi, ordinandi et faciendi sponsalia et matrimonia infrascripta. Et etiam si opus fuerit et predictis probis viris deputandis visum fuerit expedire de bonis terrarum predictarum de quibus assumentur mulieres sponsalia vel matrimonium contrahentes in totum vel in / partem dotandi easdem. Per predictos autem probos viros ad hec deputatos procuretur effectualiter et ordinetur quod de civitate Camerini maritentur quadraginta mulieres, quarum alique sint de majoribus, alique de mediocribus et alique de aliis dicte civitatis in castro Sancti Severini / et viginti in castro Mathelice et decem in castro Fabriani. Et vice versa, quadraginta mulieres de majoribus, mediocribus et inferioribus castri Sancti Severini et viginti de castro Mathelice et decem de castro Fabriani maritentur in dicta civitate Camerini. Et / de dictis matrimoniis compleatur et fiat tertia pars infra duos menses proximos, altera vero tertia pers infra alios duos menses tunc sequentes et alia tertia pars infra alios duos menses post dictos quatuor menses immédiate sequentes. Illi autem qui accipient in uxores mulieres / civitatis Camerini sint et reputentur cives predicte civitatis et illi de dicta civitate Camerini qui recipient in uxores mulieres dictarum terrarum Fabriani, Sancti Severini et Mathelice sint et reputentur castellani illius terre, de qua originem uxor acceperit eorumdem.

4- En analysant un tableau de Pierre-Paul Rubens, L’enlèvement des filles de Leucippe, peint entre 1615 et 1618, Margaret Caroll a montré que l’union d’un homme et d’une femme de clans ennemis ne produit pas de la paix en soi. Celle-ci résulte davantage du fait que les hommes deviennent des frères à travers les échanges de femmes. Voir Caroll, Margaret D., «The Erotics of Absolutism: Rubens and the Mystification of Sexual Violence », Representations, 25, 1989, p. 330.CrossRefGoogle Scholar

5- Lévi-Strauss, Claude, « La politique étrangère d’une société primitive », Politique étrangère, 14-2, 1949, p. 139152, citation p. 146.CrossRefGoogle Scholar

6- Voir Sahlins, Marshall, Des îles dans l’histoire, Paris, Gallimard/Le Seuil, [1985] 1989, introduction, p. 7.Google Scholar

7- Même si les deux termes (pax et concordia) sont utilisés par le scripteur pour qualifier le texte que j’étudie, j’ai fait le choix d’user du terme de concordia, ou de « traité de paix » en français. Le terme de pax désigne aussi bien la paix que le calme et la tranquillité (y compris avec soi-même), tandis que celui de concordia seul indique une tranquillité rétablie entre plusieurs éléments et réfère à une communauté de sentiments, une union, une harmonie ; voir Osbat, Anna, « ‘È il perdonar magnanima vendetta’. I pacificatori tra bene comune e amor di Dio », Ricerche di storia sociale e religiosa, 53, 1998, p. 121146, p. 125Google Scholar. Des deux divinités antiques, Pax et Concordia, cités par Ovide et par Cicéron, la plus ancienne est Concordia qui personnifie l’union politique des citoyens et l’affection entre parents et spécialement entre conjoints.

8- Parmi ceux qui ont été conservés, on peut citer la paix entre Macerata et Ancône (1269), entre Macerata et Montecassiano (1272), entre Macerata et Montolmo (aujourd’hui Corridonia ; 1272) ou entre Macerata et Montemilone (aujourd’hui Pollenza ; 1277). Voir Cecchi, Dante, « Sull’istituto della Pax dalle costituzioni Egidiane agli inizi del secolo XIX nella Marca di Ancona », Studi maceratesi, III, 1968, p. 103162, ici p. 128.Google Scholar

9- Texte édité dans Colucci, Giuseppe, Della Antichità Picene [1786-1797], Fermo, Réimpression anast. Ripatransone, 1999, vol. 19, p. LXXIII-LXXIX.Google Scholar

10- Aucune copie n’a été conservée dans les trois autres communes concernées par le traité. En revanche, une copie existe aux Archives vaticanes, éditée partiellement dans Schütte, Ludwig, Vatikanische Aktenstücke zur Italienischen Legation des Duranti und Pilifort, d. J. 1305-1306, Leobschütz, Drück von W. Witke, 1909, p. 2932.Google Scholar

11- On peut ainsi observer concrètement comment fonctionne la justice d’appel d’une commune marchésane auprès du recteur. On trouve également dans ces actes, au tournant des XIIIe et XIVe siècles, de nombreux achats de moulins par la commune, des listes de contribuables par quartiers, etc. Voir Grimaldi, G., Archivio Storico Comunale di Matelica…, op. cit., p. 254287.Google Scholar

12- Cette ligue, après 1312, se nommera Liga Amicorum terrarum Marchiae. Voir Villani, Virginio, Signori e comuni nel medioevo marchigiano. Il Conti di Buscareto, Ancône, Deputazione di storia patria per le Marche, 1992, p. 5962.Google Scholar

13- Guillaume VI Durand (évêque de Mende de 1296 à sa mort en 1330) est le neveu de Guillaume V Durand, auteur du Rationale divinorum officiorum. Durant l’été 1305, déjà mandaté par le pape Clément V avec Pelfort de Rabastens, il intervient sans succès en faveur des Gibelins assiégés dans Pistoia par les Guelfes. Pelfort de Rabastens, abbé de Lombez, devient évêque de Pamiers de 1312 à 1317, est fait cardinal par Jean XXII en 1320 et meurt vers 1330. Sur Guillaume Durand, voir Maurice, Philippe, Fasti Ecclesiae Gallicanae, vol. 8, Diocèse de Mende, Turnhout, Brepols, 2004, notice 129.Google Scholar

14- Respectivement actes 820, 829, 831, 835 et 836, dans Grimaldi, G., Archivio Storico Comunale di Matelica…, op. cit., p. 278281.Google Scholar

15- Respectivement actes 840 et 841, Ibid., p. 281-282, édités partiellement dans Acquacotta, C., Lapidi e documenti…, op. cit., no 101 et 102, p. 190199.Google Scholar

16- Voir Zdekauer, Lodovico, Gli atti del Parlamento di Montolmo del 25 gennaio 1306, Rome, Tipografia della R. Academia dei Lincei, 1915 Google Scholar, et Id., « Magistrature e Consigli nei Comuni Marchigiani agli inizi del Trecento », Atti e memorie della R. Deputazione di Storia Patria per le Marche, série III, vol. II, 1916-1917, p. 221-257. Voir aussi Cecchi, Dante, Il Parlamento e la Congregazione provinciale della Marca di Ancona, Milan, Giuffrè, 1965.Google Scholar

17- Ces syndics sont magister Francesco di Crisco pour Camerino (10 février 1306), Branchitto di Andrea pour San Severino (23 janvier 1306), Cicco di Villano di Tebaldo pour Fabriano (21 janvier 1306) et magister Matteo di magister Giunta pour Matelica (22 janvier 1306).

18- Frédéric est, dix-neuf ans plus tard, l’un des deux commissaires mandatés par Jean XXII pour instruire le procès de canonisation de Nicolas de Tolentino en 1325 ; voir Lett, Didier, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale. Nicolas de Tolentino, 1325, Paris, Presses universitaires de France, 2008, p. 126128.Google Scholar

19- Pour une première approche synthétique, voir Barbero, Alessandro, « Il castello, il comune, il campanile. Attitudini militari e mestiere delle armi in un paese diviso », in Barberis, W. (dir.), Storia d’Italia. Annali, vol. 18, Guerra e pace, Turin, G. Einaudi, 2002, p. 4769 Google Scholar. Parmi les synthèses sur la période médiévale, voir Renna, Thomas, « The Idea of Peace in the West, 500-1500 », The Journal of Medieval History, 6-3, juin 1980, p. 143168 CrossRefGoogle Scholar, et Petkov, Kiril, The Kiss of Peace: Ritual, Self, and Society in the High and Late Medieval West, Leyde/Boston, Brill, 2003 Google Scholar. Sur les liens étroits à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne entre paix, grâce, pardon, réconciliation et pénitence, voir Niccoli, Ottavia, « Rinuncia, pace, perdono. Rituali di pacificazione nella prima età moderna », Studi storici, 40-1, 1999, p. 219261 Google Scholar ; Bellabarba, Marco, « Pace pubblica e pace privata: linguaggi e istituzioni processuali nell’Italia moderna », in Bellabarba, M. et al. (dir.), Criminalità e giustizia in Germania e in Italia: pratiche giudiziarie e linguaggi giuridici tra tardo Medioevo ed età moderna, Bologne/Berlin, Il Mulino/Duncket & Humblot, 2001, p. 189213 Google Scholar ; Osbat, A., «È il perdonar magnanima vendetta… », art. cit., p. 121146.Google Scholar Une réflexion d’ensemble sur les notions de pax et de concordia dans la Marche d’Ancône sur une longue période est offerte par Cecchi, D., « Sull’istituto della pax… », art. cit., p. 103161.Google Scholar

20- Fasoli, Gina, « La coscienza civica nelle ‘laudes civitatum’ », in La coscienza cittadina nei comuni italiani del Duecento, Atti del XI Convegno del Centro di Studi Sulla Spiritualità Medievale, Todi, Academia tudertina, 1972, p. 1144.Google Scholar

21- Voir Offenstadt, Nicolas, Faire la paix au Moyen Âge. Discours et gestes de paix pendant la guerre de Cent Ans, Paris, Odile Jacob, 2007, chap. 3, «Le pape et la paix », p. 7783 Google Scholar. La Tertia vita de Clément VI, par exemple, le qualifie de « dispensateur de concorde (concordie sator) », « amoureux de la paix (pacis amator) » ou « source d’amitié (amicitie fomes) ».

22- Beaucoup de ces notables étaient présents un mois auparavant au parlement de Montolmo, le 15 janvier 1306. En plus des syndics de chacune des communes, on trouve, pour Camerino, Brodario de Sassoferrato, Capitaine du peuple, Berardo de Varano et d’autres représentants de la cité épiscopale (partie la plus mutilée du parchemin) ; pour San Severino, Rainaldo da Castiglione d’Arezzo, juris peritus et vicaire du podestat ; pour Fabriano, Tommaso da Labro, podestat ; pourMatelica,Giacomo da Acquapendente, juris peritus et vicaire du podestat.

23- Offenstadt, N., Faire la paix…, op. cit., p. 49.Google Scholar

24- Même si aucun des quatre statuts ne porte trace de cette prescription, on note la capacité des statuti des communes italiennes à intégrer très rapidement des éléments contextuels. C’est bien la preuve que les textes statutaires, centrés sur des usages locaux profondément ancrés dans un territoire, ne sont pas une norme rigide et donnent eux aussi accès à une forme de connaissance des pratiques. Comme l’écrit Cammarosano, Paolo, Italia medievale. Struttura e geografia delle fonti scritte, Rome, La Nuova Italia scientifica, [1991] 2000, p. 156 Google Scholar : « Chi analizza un testo statutario deve quindi cercare in prima istanza di ricostruirne la posizione e la dinamica nel tempo, la relazione con le altre componenti del quadro istituzionale, l’articolazione in un sistema di relazioni territoriali. »

25- En particulier, la cité de Camerino est assignée à rendre aux Matelicains le château de Santa Maria pris en 1293.

26- Pour une mise en garde contre la réification du contexte, voir Bensa, Alban, «De la micro-histoire vers une anthropologie critique », in Revel, J. (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1996, p. 3770, p. 44Google Scholar pour la citation. Les acteurs sont certes orientés par ce dernier, mais participent aussi à la constitution des identités collectives et à l’élaboration des catégories. Il est donc indispensable, avant cette opération (dévoiler le contexte, c’est-à-dire ce que l’on sait par ailleurs, en dehors du texte), de « laisser les acteurs agir ». Voir Latour, Bruno, Changer de société, refaire de la sociologie, Paris, Éd. la Découverte, 2006, p. 36 Google Scholar : « Au lieu d’adopter une position raisonnable et d’assigner un ordre défini par avance, la sociologie de l’acteur-réseau prétend être mieux en mesure de trouver de l’ordre après avoir laissé les acteurs déployer toute la gamme des controverses dans lesquelles ils se trouvent plongés […]. Autrement dit, la tâche de définition et de mise en ordre du social doit être laissée aux acteurs eux-mêmes, au lieu d’être accaparée par l’enquêteur. »

27- Pour une synthèse sur les Marches au Moyen Âge, voir Vigueur, Jean-Claude Maire, « Comuni e signorie in Umbria, Marche e Lazio », in Galasso, G. (dir.), Storia d’Italia, Turin, UTET, 1987, t. VII, p. 321606 Google Scholar. Pour un résumé succinct du contexte politique du début du XIVe siècle dans cette région, je me permets de renvoyer à Lett, D., Un procès de canonisation…, op. cit., p. 6973 Google Scholar, et surtout à la bibliographie citée en notes. Sur les nombreux conflits entre ces communes, voir Leonhard, Joachim-Felix, Ancona nel Basso medioevo. La politica estera e commerciale dalla prima crociata al secolo XV, Ancône/Bologne, il Lavoro ed., [1983] 1992, p. 165172 Google Scholar ; Meriggi, Alberto, Incastellamento, espansione e conflitti in comune della Marca Anconetana nel Basso Medioevo, Tolentino, Edizioni Pezzoti, 1985 Google Scholar ; Villani, V., Signori e comuni…, op. cit.Google Scholar

28- Sur Camerino, voir Lili, Camillo, Dell’Historia di Camerino (con supplementi di F. Camerini), Camerino, [1649] 1885 Google Scholar. Sur les Varano, voir Falaschi, Pier Luigi, « Berardo I da Varano signore di Camerino », in Camerino e il suo territorio fino al tramonto della Signoria, Atti del XVIII convegno di studi maceratesi (Camerino, 13 au 14 novembre 1982), Macerata, Centro di studi storici maceratesi, 1983, p. 1576.Google Scholar

29- Vigueur, Jean-Claude Maire, « Nello Stato della chiesa: da una pluralità di circuiti al trionfo del guelfismo », in Maire Vigueur, J.-C. (dir.), I podestà dell’Italia comunale, vol. I, Reclutamento e circolazione degli ufficiali forestieri (fine XII sec.-metà XIV sec.), Rome, École française de Rome, 2000, vol. 2, p. 790791, note 83.Google Scholar

30- Sur San Severino, voir Paciaroni, Raoul et Ruggeri, Oreste, San Severino Marche. Contributi per una storia da rifare (Quaderni di Miscellanea Settempedana), San Severino Marche, Bellabarba Editori, 1981 Google Scholar ; sur Fabriano, Pirani, Francesco, Fabriano in età comunale. Nascita e affermazione di una città manifatturiera, Florence, Nardini, 2003, en particulier p. 5462 Google Scholar pour l’expansion territoriale de la commune à la fin du XIIIe siècle ; sur Matelica, Simonetti, Maria Paola, Matelica aurea. La storia di Matelica in età medievale, Matelica, Geronimo, 2003 Google Scholar. Cette réputation guelfe de Matelica n’empêche pas la commune de connaître des périodes « gibelines » ( Simonetti, M. P., Matelica aurea…, op. cit., p. 8488 Google Scholar). Il faut rappeler qu’à cette époque est guelfe la commune qui appuie l’alliance angevine-florentine et son hégémonie ; est gibeline celle qui s’oppose à cette hégémonie (voir Raveggi, Sergio, « Da Federico II a Carlo d’Angiò: l’Italia dei guelfi e dei ghibellini », Storia della società italiana, VI, 1986, p. 255279 Google Scholar). Mais, et l’exemple que l’on traite ici l’illustre tout à fait, les conflits entre communes ne recouvrent que très partiellement l’opposition guelfe-gibelin. Ces « étiquettes » sont surtout des prétextes pour la petite noblesse locale à étendre son dominium sur un territoire, pour conforter la possession des seigneuries urbaines. Comme l’écrit Menant, François, L’Italie des communes (1100-1350), Paris, Belin, 2005, p. 98 Google Scholar : « Les deux termes deviennent alors des références identitaires qui n’ont plus de connotations réelles avec un type de gouvernement de l’Italie, mais se transmettent de génération en génération et singularisent telle ville, telle famille (ou fraction de famille), tel parti dans une ville. »

31- Simonetti, M. P., Matelica aurea…, op. cit., p. 7677.Google Scholar

32- Voir Villani, Virginio, « Origine e sviluppo delle autonomie comunali marchigiane », in Villani, V. (dir.), Istituzioni e statuti comunali nella Marca d’Ancona. Dalle origini alla maturità (secoli XI-XIV), I, Il quadro generale, Ancône, Consiglio regionale delle Marche, 2005, p. 41227.Google Scholar

33- Pour cette raison, en juin 1305, Matelica est condamnée par le recteur de la Marche à verser une amende de 5 000 marcs d’argent et le remboursement des dommages causés. Les habitants de Matelica font appel, se justifiant en disant qu’ils ont voulu, d’une part, porter secours aux nobles de Fano (ennemis de Fermo), qui subissaient l’oppression de Pandolfo Malatesta et, d’autre part, restituer la liberté à la ville. Ils sont condamnés le 9 décembre 1305. Voir Acquacotta, C., Lapidi e documenti…, op. cit., vol. 2, no 97 et 98, p. 174178.Google Scholar

34- Zdekaurer, Lodovico, Gli atti del Parlamento di Montolmo del 15 gennaio 1306, Rome, Tipografia della R. Academia dei Linai, 1915 Google Scholar ; Id., « Magistrature e Consigli nei comuni marchigiani agli inizi del Trecento », Atti e Memorie della Deputazione di storia patria per le Marche, ser. III, 2, 1916-1917, p. 221-244; Cecchi, D., Il Parlamento e la Congregazione…, op. cit. ; et, très récemment, Pirani, Francesco, « Bonifacio VIII e la Marca di Ancona », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo, 112, 2010, p. 359387, en particulier p. 382-387Google Scholar, article consultable sur le site de Reti Medievali : http://fermi.univr.it/rm/biblioteca/saaffale/p.htm#FrancescoPirani.

35- Dans cette relation faite au pape, les légats reconnaissent également indirectement la présence de fréquents abus perpétrés par des fonctionnaires provinciaux dans les Marches. Cette relation a été éditée par Davidsohn, Robert, Forschungen zur älteren Geschichte von Florenz, Berlin, E. S. Mittler und Sohn, 1896-1908, « Rubrica de statu Marchie », vol. III, p. 294295.Google Scholar

36- Acquacotta, C., Lapidi e documenti…, op. cit., vol. 2, no 101 (daté du 29 mars 1306)Google Scholar ; voir Lili, aussi C., Dell’Historia di Camerino…, op. cit, p. 64 et sq.Google Scholar

37- Texte édité par Theiner, Augustin, Codex diplomaticus dominii temporalis Sanctae Sedis. Recueil de documents pour servir à l’histoire du gouvernement temporel des États du Saint- Siège. Extraits des Archives du Vatican, Rome, Impr. du Vatican, 1861, vol. 1, DLXXI, p. 391395 Google Scholar. Voir Pirani, F., « Bonifacio VIII e la Marca di Ancona… », art. cit., p. 373375.Google Scholar

38- À une époque où les appels auprès de la curie provinciale augmentent (voir pour Matelica, les actes cités ci-dessus, notes 10 et 11). Sur l’activité de la curie provinciale dans la Marche d’Ancône à l’extrême fin du XIIIe siècle, voir Thérèse Montecchi, Boespflug, « Montolmo e la curia rettorale negli ultimi decenni del secolo XIII », Studi maceratesi, 25, 1989, p. 101116.Google Scholar

39- Texte édité par Theiner, A., Codex diplomaticus…, op. cit., doc. DLXXVII, p. 398.Google Scholar

40- Sandro Carocci a insisté sur l’écart grandissant au cours du Trecento entre l’exigence des communes des États de l’Église d’une autonomie de plus en plus grande et la volonté pontificale d’adopter un programme de plus en plus intransigeant en affirmant sa prééminence. Voir Carocci, Sandro, « Regimi signorili, statuti cittadini e governo papal nello Stato della Chiesa (XIV e XV secolo) », in Dondarini, R. et al. (dir.), Signori, regimi signorili e statuti nel tardo Medioevo, Bologne, Pàtron, 2003, p. 245269 Google Scholar, repris dans Carocci, Sandro, Vassalli del papa. Potere pontificio, aristocrazie e città nello Stato della Chiesa (XII-XV sec.), Rome, Viella, 2010, p. 161191 Google Scholar.

41- Sur le thème de la femme pacificatrice, voir Offenstadt, Nicolas, « Les femmes et la paix à la fin du Moyen Âge. Genre, discours, rites », in Le règlement des conflits au Moyen Âge, XXXIe Congrès de la SHMESP, Angers, juin 2000, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 317333 Google Scholar, et Id., Faire la paix…, op. cit., p. 112-127.

42- Signalé par Offenstadt, N., Faire la paix…, op. cit., p. 223 Google Scholar. Ce phénomène est surtout attesté dans le cas des mariages royaux ou princiers pour le XVIe siècle français. Voir Ffolliott, Sheila, « Make Love, Not War: Imaging Peace through Marriage in Renaissance France », in Wolfthal, D. (dir.), Peace and Negotiation: Strategies for Coexistence in the Middle Ages and the Renaissance, Turnhout, Brepols, 2000, p. 213231.CrossRefGoogle Scholar

43- Les travaux sont aujourd’hui très nombreux sur le sujet. On renverra uniquement à la synthèse de Vigueur, Jean-Claude Maire, Cavaliers et citoyens. Guerre, conflits et société dans l’Italie communale, XIIe-XIIIe siècles, Paris, Éd. de l’EHESS, 2003 Google Scholar, et à Zorzi, Andrea (dir.), Conflitti, paci e vendette nell’Italia communale, Florence, Firenze University Press, 2009.CrossRefGoogle Scholar

44- Sanfilippo, Mario, « Guelfi e ghibellini a Firenze: la ‘pace’ del cardinal Latino (1280) », Nuova rivista storica, LXIV, 1980, p. 124, ici p. 22.Google Scholar

45- Augustin, , OEuvres, vol. II, La Cité de Dieu, Paris, Gallimard, 2000, livre XIV, I, p. 547.Google Scholar

46- Voir Salvatori, Enrica, « I Giuramenti collettivi di pace e alleanza nell’Italia communale », in Rossetti, G. (dir.), Legislazione e prassi istituzionale nell’Europa medievale. Tradizioni normative, ordinamenti, circolazione mercantile (secoli XI-XV), Naples, Liguori, 2001, p. 141157.Google Scholar

47- Voir S. Ffolliott, « Make Love… », art. cit., p. 215.

48- C’est ce que remarque également Enrica Salvatori à propos des traités de paix de l’Italie centro-septentrionale entre la seconde moitié du XIIe siècle et le milieu du XIIIe siècle : « In tutte è evidente l’esigenza di cercare un consenso alla pace allargato e concreto, di assicurare l’adesione al patto da parte di una porzione ragguardevole, per numero e qualità, della popolazione », E. Salvatori, « I Giuramenti collettivi di pace… », art. cit., p. 149.

49- Offenstadt, N., Faire la paix…, op. cit., p. 226.Google Scholar

50- Theiner, A. (éd.), Codex diplomaticus…, op. cit., vol. 1, DLXXVI, p. 397 Google Scholar : Non enim patris animus potest adherere quieti, cuius mentem turbat et concutit dissentio filiorum.

51- Comme l’écrivait Georges Espinas dès 1889, «La paix, fin et apaisement du différend, annulant le passé, garantit pour toujours l’avenir et enlève tout prétexte au renou- vellement de la guerre », Espinas, Georges, «Les guerres familiales dans la commune de Douai aux XIIIe et XIVe siècles : les trêves et les paix », Revue historique de droit français et étranger, 23, 1899, p. 419420.Google Scholar

52- Voir, pour la Grande Guerre, Audoin-Rouzeau, Stéphane, L’enfant de l’ennemi, 1914- 1918. Viol, avortement, infanticide pendant la Grande Guerre, Paris, Aubier, 1995 Google Scholar, et Harris, Ruth, « The ‘Child of the Barbarian’: Rape, Race and Nationalism in France during the First World War », Past and Present, 141, 1993, p. 170206 CrossRefGoogle Scholar ; pour la Seconde Guerre mondiale, voir Virgili, Fabrice, La France virile. Des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot, 2000, et Id., Naître ennemi. Les enfants de couples franco-allemands nés pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, Payot, 2009.Google Scholar

53- J’ai tenté de montrer cette violence physique en étudiant la législation sur le viol dans quelques statuts communaux des Marches, dans Lett, Didier, « ‘Connaître charnellement une femme contre sa volonté et avec violence’. Viols des femmes et honneur des hommes dans les statuts communaux des Marches au XIVe siècle », in Claustre, J. et al. (dir.), Le Moyen Âge aujourd’hui. Mélanges Claude Gauvard, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p. 447459.Google Scholar

54- Le fonctionnement mercantile de la guerre en Italie au XIVe siècle a été mis en évidence par Mario Del Treppo qui a montré comment les compagnies d’aventures fonctionnaient toutes sur la base de contrats et de comptabilité, mettant en avant des rapports de clientèle. Voir Treppo, Mario Del, « Gli aspetti organizzativi economici e sociali di una compagnia di ventura », Rivista storica italiana, 85, 1973, p. 253275 Google Scholar ; voir, en dernier lieu, Grillo, Paolo, Cavalieri e popoli in armi. Le istituzioni militari nell’Italia medievale, Rome/Bari, Laterza, 2008, qui comporte une riche bibliographie.Google Scholar

55- Pour Fabriano, voir Castagnari, Giancarlo (dir.), La città della carta. Ambiente società cultura nella storia di Fabriano, Fabriano, Città e Comune di Fabriano, 1986 Google Scholar, et Pirani, F., Fabriano in età comunale…, op. cit. Google Scholar

56- Pour l’édition, voir Emilia Saracco Previdi (éd.), Descriptio Marchiae Anconitanae (sec. XIV), Ancône, Deputazione di storia patria per le Marche, 2000, rééd. rev. et corr. dans Id., Descriptio Marchiae Anconitanae da Collectoriae 203 dell’Archivio Segreto Vaticano, Spolète, Fondazione Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, 2010. Voir également Ginatempo, Maria et Sandri, Lucia, L’Italia delle città. Il popolamento urbano tra Medioevo e Rinascimento (secoli XIII-XVI), Florence, Le Lettere, 1990 Google Scholar, dont le chapitre 2 de la deuxième partie traite de l’Italie centrale (Marches, Latium et Ombrie). Pour la rédaction des pages sur les Marches (p. 117-128), les auteures utilisent cette Descriptio. Voir aussi Bonasera, Francesco, «La Città delleMarche elencate nelle ‘Constitutiones Aegi dianae’ (1357). Contributo alla Geografia Storica delle Marche », Studia Picena, 27, 1959, p. 93105 Google Scholar, article désormais dépassé et qui doit être actualisé par Jansen, Philippe, « Les constitutions egidiennes de 1357. L’idée du fait urbain et sa classification au Moyen Âge », in Poussou, J.-P. et Loupès, P. (dir.), Les petites villes du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éd. du CNRS, 1987, p. 1528.Google Scholar

57- Voir Pirani, F., Fabriano in età comunale…, op. cit., p. 5462.Google Scholar

58- Voir l’acte du 20 juin 1305, dans Grimaldi, G., Archivio Storico Comunale di Matelica…, op. cit., no 829, p. 279.Google Scholar

59- Les archives de Matelica conservent un acte par lequel Guillaume Durand et son oncle reconnaissent avoir reçu, du syndic de Matelica, 225 livres de Ravenne et d’Ancône comme salaire de podestat pour l’année 1296, en respect des normes statutaires, acte répertorié dans Grimaldi, G., Archivio Storico Comunale di Matelica…, op. cit., no 679, p. 254.Google Scholar

60- Puis, en 1298, le podestat est Davide Paparoni da Ferentino, vicaire général de la Marche et, en 1301, Napoléon Orsini. Voir Acquacotta, C., Lapidi e documenti…, op. cit., vol. 1, p. 349.Google Scholar

61- En mai-juin puis en novembre 1300, le podestat de Matelica est ser Nicolo di Martinello da San Sepolcro, Azzi, Giustiniano Degli, Gli Archivi della Storia d’Italia, série II, vol. II, Rocca S. Casciano, Licinio Capelli, 1911, p. 266267 et 269Google Scholar. Dans les années 1320, les podestats sont pour la plupart issus de la famille des Varano : Rodolfo di Nuto di Rodolfo en janvier 1321, et Gentile di Berardo en août 1323 ( Luzzato, Gino, Gli statuti del comune di San Anatolia del 1324, Ancône, 1909, préambule, p. 1Google Scholar).

62- Voir Monnet, Pierre, « Élites et conflits urbains dans les villes allemandes de la fin du Moyen Âge », in Brelot, C.-I. et Bayard, F. (dir.), no spécial « Élites et conflits », Cahiers d’Histoire, 45-4, 2001, p. 533561 Google Scholar, repris dans Id., Villes d’Allemagne au Moyen Âge, Paris, Picard, 2004, chap. 4, p. 151171.Google Scholar

63- Parmi une bibliographie aujourd’hui pléthorique sur l’Italie communale (mais très peu importante sur les Marches), on se contentera de renvoyer à Klapischzuber, Christiane, « Le Complexe de Griselda. Dot et dons de mariage au Quattrocento », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge-Temps modernes, 94-1, 1982, p. 743 CrossRefGoogle Scholar, repris dans Id., La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, Éd. de l’EHESS, 1990, p. 185213 Google Scholar ; Groppi, Angela et Fine, Agnès (dir.), no spécial « Femmes, dot et patrimoine », Clio. Histoire, femmes et sociétés, 7, 1998 Google Scholar ; et la synthèse récente Chabot, d’Isabelle, La dette des familles. Femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Rome, École française de Rome, 2011.Google Scholar

64- On connaît la phrase célèbre de Dante, tout à fait contemporaine de notre document : « Non faceva, nascendo, ancor paura / la figlia al padre, ché’l tempo e la dote / non fuggien quinci e quindi la misura » («La fille, en naissant, ne faisait pas encore peur à son père, car l’âge et la dot ne dépassaient ni l’un ni l’autre la mesure »), Paradisio, XV, 103-105.

65- On peut citer le titre de la Rubrique XCII du Capitulum maleficiorum des statuts d’Esanatoglia (1324), d’après Luzzato, G., Gli statuti del comune di San Anatolia…, op. cit., p. 79 Google Scholar : Quod mulier quae fuerit dotata a patre vel alio consanguineo non possit ulterius petere partem de bonis patris.

66- De nombreux exemples dans les statuts du bourg très proche d’Esanatoglia : voir Rubrique IIC, CLXV et CLXXXXVI du Capitulum maleficiorum, Ibid., p. 81, 106 et 118.

67- Cité par Kovesi-Killerby, Catherine, Sumptuary Law in Italy, 1200-1500, Oxford/ New York, Clarendon Press/Oxford University Press, 2002, p. 51.CrossRefGoogle Scholar

68- G. Espinas, « Les guerres familiales… », art. cit., p. 423.

69- Archivio di Stato di Lucca, statuti, 5, livre II, chap. 5, cité dans Quertier, Cédric, «Le devenir des étrangers. Prospective pour une histoire totale des forestieri à Lucques au XIVe siècle », mémoire de master II, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2008, p. 130131.Google Scholar

70- Voir de nombreux exemples dans D. Cecchi, « Sull’istituto della pax… », art. cit., p. 118-121.

71- Cecchi, Dante (éd.), Gli statuti di Apiro dell’anno 1388, Milan, Giuffrè, 1984, livre III, XI, p. 124 Google Scholar. Comme le législateur communal se doit cependant de respecter le principe selon lequel libera debent esse matrimonia, une autre solution consiste, faute de pouvoir empêcher l’union, à taxer les dots des femmes de la commune épousant un étranger : en 1264, les statuts de Vicence stipulent que les dots des femmes qui se marient à un étranger vont en partie à la commune, l’époux ne pouvant en conserver que 200 livres. Voir Statuti di Vicenza. Monumenti storici della Deputazione Veneta di Storia patria, Venise, 1886, vol. 1, p. 140 Google Scholar, cité par Bellavitis, Anna, Identité, mariage, mobilité sociale. Citoyennes et citoyens à Venise au XVIe siècle, Rome, École française de Rome, 2001, p. 154, note 51.CrossRefGoogle Scholar

72- Christiane Klapisch-Zuber indique que le mariage en gendre était considéré comme une sorte de déshonneur pour les familles de l’élite florentine ou bolonaise. Voir Klapisch-Zuber, Christiane, « La vie domestique et ses conflits chez un maçon bolonais du XVe siècle », in Boglioni, P. et al. (dir.), Le petit peuple dans l’Occident médiéval. Terminologies, perceptions, réalités, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 489.Google Scholar

73- Voir Lett, Didier, « Liens adelphiques et endogamie géographique dans les Marches de la première moitié du XIVe siècle », in Lett, D. (dir.), no spécial « Frères et soeurs. Ethnographie d’un lien de parenté », Médiévales, 54, 2008, p. 5368.CrossRefGoogle Scholar

74- Les travaux sur la citoyenneté (cittadinanza) médiévale italienne sont également très nombreux. On peut se reporter à l’article fondateur de Bizzarri, Dina, « Ricerce sul diritto di cittadinanza nella costituzione comunale », Studi senesi, 1916, p. 19136 Google Scholar, repris dans Id., Studi di storia del diritto italiano, Turin, S. Lattes, 1937, p. 61158 Google Scholar ; Costa, Pietro, Civitas, storia della cittadinanza in Europa, vol. I, Dalla civiltà communale al settecento, Rome/Bari, Laterza, 1999, p. 350 Google Scholar ; Id., « The Discourse of Citizenship in Europe: A Tentative Explanation », in Kirshner, J. et Mayali, L. (dir.), Privileges and Rights of Citizenship: Law and the Juridical Construction of Civil Society, Berkeley, Robbins collection publications, 2002, p. 199225 Google Scholar ; Cortese, Ennio, « Cittadinanza – diritto romano e diritto intermedio », in Enciclopedia del diritto, Varèse, Giuffrè, 1960, vol. VII, p. 127140 Google Scholar. Sur le thème genre et citoyenneté, voir Kirshner, Julius, « Genere e cittadinanza nelle cittàstato del Medievo e del Rinascimento », in Clavi, G. (dir.), Innesti. Donne e genere nella storia sociale, Rome, Viella, 2004, p. 2138 Google Scholar, particulièrement p. 28-35, et Bellavitis, A., Identité, mariage…, op. cit. Google Scholar

75- Kirshner, Julius, « ‘Civitas sibi faciat civem’: Bartolus of Sassoferrato's Doctrine on the Making of a Citizen », Speculum, 48, 1973, p. 694713.CrossRefGoogle Scholar

76- Cecchi, Dante, « Sugli statuti comunali (secoli XV-XVI) di Jesi, Senigallia, di alcune ‘terrae et castra’: Filottrano, Montemarciano, Ostra, Ostra Vetere », in Anselmi, S. (dir.), Nelle Marche centrali. Territorio, economia, societa tra Medioevo e Novecento: l’area esino-misena, Jesi, Cassa di Risparmio, 1979, p. 550 Google Scholar. Sur le statut des étrangers, voir L’étranger au Moyen Âge, XXXe Congrès de la SHMESP, Göttingen, juin 1999, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000 Google Scholar ; pour l’Italie, Ascheri, Mario, « Lo straniero nella legislazione statutaria e nella letteratura giuridica del Tre-Quattrocento: un primo approccio », in Forestieri e stranieri nelle città basso-medievali, Atti del Seminario Internazionale di Studio Bagno a Ripoli (Firenze), 4-8 giugno 1984, Florence, Salimbeni, 1988, p. 718 Google Scholar ; pour les Marches, Cecchi, Dante, « Disposizioni statutarie sugli stranieri e sui forestieri », in Stranieri e forestieri nella Marca dei secc. XIV-XVI, Atti del XXX Convegno di studi maceratesi, Macerata, 19-20 novembre 1994, Macerata, Centro di studi storici maceratesi, 1996, p. 2991.Google Scholar

77- Voir de très nombreux exemples dans les statuts des Marches dans Cecchi, Dante, Statuta Castri Campirotundi (1322-1366): Proprietà fondiaria ed agricultura negli statuti della Marca di Ancona, Milan, Giuffrè, 1966, p. 5052, note 33.Google Scholar

78- Pini, Antonio Ivan, « La politica demografica ‘ad elastico’ di Bologna fra il XII e il XIV secolo », in Pini, A. I., Città medievali e demografia storica. Bologna, Romagna, Italia (secc. XIII-XV), Bologne, CLUEB, 1996, p. 105147.Google Scholar

79- Comme le souligne Costa, P., Civitas, storia…, op. cit., p. 15 Google Scholar : « Non vi è una cittadinanza, ma una pluralità di condizioni soggettive differenziate e gerarchizzate. La citta dinanza non è uno status uniforme: i suoi contenuti sono determinati da parametri volta a volta diversi che danno luogo a complicate tipologie: cittadini originari o acquisiti, cives ex privilegio o de gratia, cittadini di antica o recente immigrazione; ancora: cittadini che abitano prevalentemente in città o cittadini residenti per lungo tempo fuori città, e allora dotati di minore tutela. »

80- Dante Cecchi remarque qu’il y a, dans les Marches, une différence entre civis et habitator : « Si noti la differenza tra il civis e l’habitator: quest’ultimo è a volte trattato come il cittadino, anche se non è cittadino pleno jure », Cecchi, D., Statuta Castri Campirotundi…, op. cit., p. 55.Google Scholar

81- Padoue, Marsile de, Il difensor della pace, Turin, UTET, 1975, p. 174 Google Scholar, cité par Costa, P., Civitas, storia della cittadinanza…, op. cit., p. 27.Google Scholar

82- D. Bizzarri, « Ricerce sul diritto… », art. cit., p. 67-68.

83- Transfundit originem uxoris in originem viri, commentaire de Bartole au Digeste, 50, I, 38, cité par Gilli, Patrick, « Comment cesser d’être étranger. Citoyens et non-citoyens dans la pensée juridique italienne de la fin du Moyen Âge », in L’étranger au Moyen Âge…, op. cit., p. 59, note 1Google Scholar. Voir aussi Kirshner, Julius, « Donne maritale altrove. Genere e cittadinanza in Italia », in Seidel Menchi, S. et al. (dir.), Tempi e spazi di vita femminile tra medioevo ed età moderna, Bologne, Il Mulino, 1999, p. 377429 Google Scholar, et Riesenberg, Peter, Citizenship in Western Tradition: Plato to Rousseau, Chapel Hill/Londres, University of North Carolina Press, 1992.Google Scholar

84- Glossa ordinaria a Cod. 10. 40 (39), 7. Il s’agit d’une innovation importante car « l’immutabilité de son origine personnelle était un principe sacré du droit romain », selon J. Kirshner, « Donne maritale altrove… », art. cit., p. 379.

85- Bartole de Sassoferrato (mort en 1357) critique la doctrine de la Glossa. Il défend certes, lui aussi, le principe de la personnalité juridique unique du couple marié et la suprématie du mari, mais il voit comme dommageable la perte de la citadinité de la femme épousée ailleurs. Il propose un compromis habile permettant de réconcilier le Corpus juris et la Glossa : la femme doit, en signe de soumission à son époux, adopter la citadinité de ce dernier mais peut conserver des droits dans son lieu d’origine. Ce texte de Bartole devient vite un modèle pour les juristes qui s’occupent du problème du mariage entre personnes de cités différentes, mais il est postérieur à notre concordia. Voir J. Kirshner, « Donne maritale altrove… », art. cit., p. 384.

86- Medici, Maria Teresa Guerra, L’aria di città. Donne e diritti nel comune medievale, Naples, ESI, 1996, p. 19.Google Scholar

87- Bellavitis, Anna, « Donne, cittadinanza e corporazioni tra Medioevo ed età moderna: ricerche in corso », in Filippini, N. M. et al. (dir.), Corpi e storia. Donne e uomini dal mondo antico all’età contemporanea, Rome, Viella, 2002, p. 103.Google Scholar