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« Faire communauté »
Confréries et localité dans une vallée du Piémont (XVIIe-XVIIIe siècle)
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
L’article aborde l’étude des procédures de généralisation à partir des conditions de production de sources dans la société d’Ancien Régime. L’imbrication des juridictions et une culture juridique de la possession donnent lieu à des transcriptions visant à la légitimation des pratiques des acteurs sociaux. Cette approche conduit à proposer une nouvelle interprétation de la confrérie du Saint-Esprit, une association à base territoriale et segmentaire qui gaspillait ses modestes revenus en nature en banquets traditionnels de la Pentecôte. Si on lit ces associations à l’échelle topographique et si on les met en relation avec la morphologie polycentrique et fragmentaire des villages, on s’aperçoit que ce type de confrérie était utilisé par des populations alpines du Piémont du XVIIIe siècle pour la « production de lieux ». À travers les pratiques de la charité et le langage du droit commun, les confréries du Saint-Esprit institutionnalisaient les relations entre proches et contrôlaient les relations sociales dans une région caractérisée par la migration saisonnière. Pour ses membres, la confrérie constituait le moyen de généraliser la singularité d’une organisation institutionnelle et sociale.
Abstract
The article studies procedures of generalization starting from the processes of production of Old Regime documentation. Most of it was produced through the transcription of social practices by intertwining jurisdictions in order to legitimate specific social actors. This methodological stance leads to reinterpret the fraternities of the Holy Spirit of a Piedmontese valley in 18th century as a territorial and segmentary body rather than the matrix of the rural commune. Their traditional Whitsun banquets may be read as elements of the process of “production of locality” expressed through the practices of charity and the language of Continental common law. If we analyse them at the topographical scale and if we put them in relationship with the polycentric and fragmentary structure of the villages, the fraternities can be understood as means to institutionalise the relationships between the hamlets’ neighbours and to control larger social relations by a population marked by seasonal migration. In this light, the fraternities allowed their members to claim the legitimacy of their local relationships, and henceforth to generalize them without abstracting them from the world of practices.
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- Formes de la généralisation
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2007
References
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26- Sur la critique de la notion de champ, je me permets de renvoyer à Torre, Angelo, « Percorsi della pratica, 1966-1995 », Quaderni storici, 90, 1995, pp. 191–221 Google Scholar ; sur la matrice psychanalytique de cette notion, voir Lourau, René, La clé des champs, Paris, Anthropos, 1997 Google Scholar (je remercie Francesco Ingravalle pour cette indication) ; P. Pharo et L. Quéré (dir.), Les formes de l’action…, op. cit.; Boltanski, Luc et Thévenot, Laurent, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991.Google Scholar
27- Le modèle de cette analyse à l’échelle topographique est évidemment l’histoire locale anglaise, qui a signalé avec force l’importance du facteur topographique dans l’analyse historique. Un caractère central que l’historiographie de la seconde moitié du XXe siècle a renié et réservé à des domaines particuliers comme l’histoire de l’architecture ou celle de la toponymie agraire médiévale. Voir Hoskins, William G., Local history in England, Londres, Longman 1984 Google Scholar ; Grendi, Edoardo, Storia di una storia locale. Il caso ligure, Venezia, Marsilio, 1996.Google Scholar
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30- Je dois cette dénomination et les implications qui la rendent significative à Appadurai, Arjun, « Production of locality », in Fardon, R. (éd.), Counterworks: managing the diversity of knowledge, Londres-New York, Routledge, 1995, pp. 204–225 CrossRefGoogle Scholar, en particulier pp. 204-211 (repris dans ID., Après le colonialisme : les conséquences culturelles de la globalisation, Paris, Payot, [1996] 2001).
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32- Torre, Angelo, Il consumo di devozioni. Religione e comunità nelle campagne dell’Ancien Régime, Venise, Marsilio, 1995, chap. II.Google Scholar
33- Dans un autre contexte, voir Howkins, Alun, « Whitsun in 19th century Oxfordshire », History workshop pamphlets, 8, Oxford, TRUEXpres 1978, 65 p.Google Scholar
34- L’iconographie des confréries renvoie en fait à une image triandrique de la Trinité (voir Boespflug, François, La Trinité dans l’art d’Occident, 1400-1460 : sept chefs-d’oeuvre de la peinture, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2000 Google Scholar).
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40- En ce sens, la confrérie peut être rapprochée du potlatch et d’autres rituels d’intégration politique : Pierre Duparc, en 1958, se limitait à citer Davy, Georges et Moret, Alexandre, Des clans aux empires, Paris, La Renaissance du Livre, 1923 Google Scholar. Nous pouvons ajouter au moins Franz Boas, « Secret societies and social organization of the Kwakiutl Indians », Reports of the American National Museums, 1895 ; Mauss, Marcel, « Saggio sul dono » (1924), in ID., Teoria generale della magia e altri saggi, Turin, Einaudi, 1965 Google Scholar ; Pritchard, Edward Evans, The Sanusi of Cyrenaica, Oxford, The Clarendon Press, 1949 Google Scholar. Voir aussi Firth, Raymond, I simboli e le mode, Bari, Laterza, 1973, chap. VIIGoogle Scholar; Beattie, John, Uomini diversi da noi. Lineamenti di antropologia sociale, Bari, Laterza, 1978, pp. 277–278 Google Scholar. Duby, Georges, Guerriers et paysans, Paris, Gallimard, 1979, pp. 60–69 Google Scholar, a signalé des rituels d’échanges analogues au MoyenÂge.
41- Barnett, Homer G., The nature and function of potlatch, Eugene, Oregon University Press, 1968 Google Scholar. Comme nous allons le voir, face à ces classifications etic (de l’observateur), il serait préférable de reconstituer toute la gamme des institutions emic (des observés) de réciprocité : par exemple, reconstituer tous les cas qui comportent une distribution de nourriture, indépendamment de la présence formelle de la confrérie.
42- Certains banquets de confréries de pénitents sont aussi appelés « charités » (Archivio della Curia Vescovile, Asti, « Visita pastorale di mons. Aiazza, 1597, Castagnito », ff. 263v- 266v).
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44- A. Torre, Il consumo di devozioni…, op. cit., pp. 103-150.
45- L’intérêt pour ce type de formes est encore présent dans Goffredo Casalis, Dizionario geografico storico, statistico e commerciale degli Stati di Sua Maestà il Re di Sardegna, Turin, Maspero, 1833-1856, 28 vol., lequel signale la présence de bourgades internes à la commune rurale unique. Les ouvrages de référence du début du XXe siècle, Prato, Giuseppe, La vita economica in Piemonte a mezzo il secolo XVIII, Turin, Società Tipografico-Editrice Nazionale, 1908 Google Scholar, et Einaudi, Luigi, La finanza sabauda all’aprirsi del secolo XVIII e durante la guerra di successione spagnola, Turin, Società Tipografico-Editrice Nazionale, 1908 Google Scholar, sont délibérément fondés sur la documentation turinoise, de même que Merlin, Pierpaolo et alii, Il Piemonte sabaudo. Stato e territori in Età moderna, Turin, Utet, 1994.Google Scholar
46- Un cas de confrérie segmentaire a été étudié par G. Comino, « Sfruttamento e ridistribuzione… », art. cit.
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48- L’ouvrage historiographique de référence sur la Valsesia est Tonetti, Federico, Storia della Vallesesia e dell’alto Novarese, Varallo, Colleoni, 1875-1880 Google Scholar ; voir aussi Mor, Carlo G., « La formazione territoriale del comune valsesiano nel sec. XIII », Bollettino storico-bibliografico subalpino, 38, 1936, pp. 281–329 Google Scholar ; plus récemment, Gandino, Germana, Sergi, Giuseppe et Regis, Franca Tonella (éd.), Borgofranco di Seso, 1247-1997. I tempi lunghi del territorio medievale della Bassa Valsesia, Turin, Celid, 1999 Google Scholar, ont fait la lumière sur la situation de la basse vallée. Garavaglia, Gianpaolo, « Potere politico e strategie familiari nella Valsesia del XVII secolo », Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’ Università degli Studi di Milano, 55, 2002, pp. 39–114 Google Scholar, aborde enfin le fonctionnement politique de la vallée. Chittolini, Giorgio, Città, comunità e feudi negli stati dell’Italia centrosettentrionale (XIV-XVI secolo), Milan, Unicopli, 1996, pp. 61–82 et 127-144Google Scholar, analyse la Valsesia parmi les « terres séparées » du duché de Milan.
49- Voir Torre, Angelo, « Confrarie e comunità nella Valsesia di Antico Regime », in Gandino, G., Sergi, G. et Tonella Regis, F. (éd.), Borgofranco di Seso…, op. cit., pp. 81–97.Google Scholar
50- Dans un document tardif, de 1770, la localité est en revanche identifiée à la « terre » : «La circonscription de Borgosesia compte vingt-sept terres composant en tout sept paroisses », et « la circonscription de Valduggia compte plus de quatre-vingts lieux, qui forment onze paroisses » (Archivio di Stato di Torino [désormais AST], Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 21, 1772).
51- AST, Corte, Valle di Sesia, Paesi di Nuovo Acquisto, m. 2, n. 6 : « Giuramenti di fedeltà liggia prestati dalle 49 comunità della Valle di Sesia a Sua Altezza Reale nelle mani del Conte e Senatore Pralormo, 1707 », qui contient en bas une « Nota delle 49 terre che hanno giurato ». Le fascicule comporte une autre note non datée (décennie 1720-1730), dans laquelle sont répertoriés les Terre e cantoni della Val di Sesia. En bas de cette liste se trouve une « Note des Terres qui composent l’Alexandrin, le Tortonais, le Novarais et le Val Sesia », d’où il ressort que ce dernier en compte quatre-vingt-une, sans que soit précisé le mode de calcul adopté. Sur les relations entre confrérie et canton, voir A. TORRE, « Confrarie e comunità… », art. cit., pp. 82-86.
52- ID., « Produzione storica dei luoghi », art. cit., pp. 463-468.
53- Il n’est pas certain que ces mots soient synonymes et correspondent par conséquent à des habitats dispersés ou polycentriques (je remercie Maria Luisa Sturani pour m’avoir signalé cette distinction).
54- L’interprétation de C. Bascapé est ici déterministe et se fonde sur l’opposition entre plaine et montagne. La dispersion des implantations serait le signe de « populi […] ad multiplicationem apti » dans les zones montagneuses, contrairement à la densité des implantations à « uno loco et vico », mais malsaines et sujettes à la guerre et aux épidémies de peste, des zones de plaines (voir CARLO BASCAPÉ, Novaria seu de ecclesia Novariensi Libri duo, Novare, 1612, p. 122).
55- Dans cette argumentation, les préoccupations canoniques et épiscopales sont manifestes, ainsi que la polémique autour de la politique de l’Église ; enfin, une préoccupation politique transparaît chez le prélat novarais dans son adhésion à une proposition étonnamment inadaptée à la vallée : faire coïncider l’émergence des nouvelles paroisses avec le pouvoir seigneurial, de façon à favoriser le « domino quidem villae ». L’opposition de la vallée au pouvoir seigneurial est en effet un des leitmotive de son historiographie : voir Giovanni Battista Fassola Primi Visconti, La Valle Sesia descritta dal conte Giovanni Battista Feliciano Cavaliere Fassola, alla serenissima altezza di Giovanni d’Austria consacrata 4 ag. 1672, Museo storico ed artistico valsesiano, édité par F. Tonetti, Varallo, Camaschella, série IV, t. I, 1887. Sur ce personnage, voir ANGELO TORRE, « Fassola », in Dizionario biografico degli Italiana, Rome, Istituto dell’Enciclopedia Italiana, 1995, vol. 39, pp. 300-307.
56- ID, « Confrarie e comunità… », art. cit., p. 87 sqq.
57- Archivio di Stato di Varallo [désormais ASV], Opere Pie, Valduggia, b. 1 : « Transazione nella causa tra gli uomini di Valduggia (S. Giorgio) e S. Maria per la Carità di Santo Spirito » (1660).
58- ASV, Opere Pie, Agnona, b. 1.
59- Ibid. : « Libro della Carità di Santo Spirito » (1694).
60- Ibid. : « Inventarium Charitatis Sancti Spiritus de loco Agnonae » (1749).
61- Ibid. : « Nota de beni et entrate della Carità de Poveri d’Agnona » (après 1640), et « Inventaro de beni e redditi della Carità de Poveri del Panno e del Sale Ricavato dal suo Registro particolare fatto nell’anno 1751 ».
62- ASV, Congregazione di Carità, Valduggia, Confraria di Santo Spirito, b. 1 : Lebbia correspond au nom des deux cantons de la Nota citée à la n. 51 ; Crobia apparaît dans l’acception « di sotto » ; Limio, Malmo et Gabbio n’étaient pas des cantons au début du XVIIIe siècle. Simple erreur d’inattention, indice supplémentaire de mobilité ou disparité toponymique entre un témoin local et un administrateur de la Maison de Savoie ?
63- A. M. Hespanha, « Les magistratures populaires… », art. cit.
64- ASV, Opere Pie, Valduggia, Carità di Santo Spirito di Cantone e Zuccaro, b.1 : « Avvertimenti per li Procuratori della Carità » (21 mai 1834).
65- Les Apostolo sont mentionnés par G. Garavaglia, « Potere politico… », art. cit., parmi les familles éminentes de Valduggia ; on connaît leur émigration de la vallée vers la zone du lac Majeur. Voir Cotta, Lazaro Agostino, Museo novarese. Acresciuto di nuove biografie d’illustri Novaresi e di altre notizie: dedicato ai cittadini di Novara, Milan, Ghisolfi, 1701 Google Scholar (références de l’édition publiée à Novare, Merati, 1872, stanza II, p. 510).
66- Le mémoire de l’avocat Apostolo est contenu dans une requête de la commune de Borgosesia. Il s’agit d’un écrit imprimé de huit feuilles non paginées : AST, Corte, Valle di Sesia, m. 1 di addizione, n. 3, « Ricorso dei Consiglieri di Borgo Sesia per ottenere il permesso di convertire la vendita della Confraria di Santo Spirito nello Stipendio de’ Maestri di scuola colle scritture, a cui appoggia una tal dimanda, 1758 ».
67- La familiarité avec la curie romaine (Apostolo était un théologien proche du cardinal Orsini) rend particulièrement savoureuse l’emphase avec laquelle il conclut son mémoire : «De toutes ces considérations il ressort que les Docteurs parviennent à cette remarquable conclusion, qui peu agrée aux officiers de la Chancellerie, mais sera particulièrement appréciée des confréries et d’un grand profit, à savoir que les biens immobiliers légués aux confraternités, dans la mesure où ils sont purement laïques, ne sont pas soumis aux lois canoniques. »
68- Pietro Francesco Apostolo cite les décrets du concile deTrente et renvoie à Cavalcano, Borgnino, Decisionum fori Fiuizanensis aliorumque tribunalium in Italia insignium, peregrinarum, Venise, 1601-1602 Google Scholar ; Gutierrez, Juan, Canonicarum quaestionum, vtriusque fori, tam exterioris, quam interioris animae, libri duo, Lyon, 1661 Google Scholar.
69- Sur les polémiques au XVe siècle autour de la Trinité, voir Ginzburg, Carlo, Indagini su Piero: il Battesimo, il ciclo di Arezzo, la Flagellazione di Urbino, Turin, Einaudi, [1981] 2001 Google Scholar ; Andenmatten, Bernard et Bagliani, Agostino Paravicini (éd.), Amédée VIIIFélix V : premier duc de Savoie et pape (1383-1451), Colloque international, Ripaille-Lausanne, 23-26 octobre 1990, Lausanne, Bibliothèque historique Vaudoise, 1992.Google Scholar
70- Pietro Francesco Apostolo, f. 2, non paginé, oppose le « certorum hominum sodalitium » des confraternités à la « communicatio panis et elemosinae distribuendae et Confratrum Societas ex Christiana caritate compacta » des confréries.
71- On est frappé par la terminologie althusienne du passage : voir Ingravalle, Francesco et Malandrino, Corrado (éd.), Il lessico della Politica di Johannes Althusius , Florence, Leo Olschki, 2005 Google Scholar, en particulier les contributions de MAURO POVERO, « Communicatio (Communio) », pp. 103-114, et Mario Miegge, « Communicatio mutua (Althusius et Calvin) », pp. 115-124.
72- Apostolo commet ici une erreur que je ne crois pas désintéressée : les évêques piémontais visitaient systématiquement les confréries.
73- Par exemple, Gabrieli, Antonio, Communes conclusiones Antonii Gabrieli Romani, in septem libros distributae, Venise, 1593 Google Scholar, Livre VI, De pia causa, Conclusion I, II, III, pp. 621-623, Cons. 162.
74- « Sed ubique in domibus publicis et privatis ad sua opera peragenda convenire possunt », en référence à Nicolaus De Tudeschis (Panormitanus), Consilia iuris, quaestiones et praxis, Venise, 1588, Cons. 3, pp. 3r et 3v, Cons. 55, pp. 27r et 27v. Sur la juridiction séculaire, voir Giovanni D’Andrea, Liber sextus decretalium D. Bonifacii Papae VIII: suae integritati, una cum Clementinis et Extravagantibus earumque glossis restitutus, Venise, 1581, pp. 124-125 et 129-130.
75- Pietro D’Ancarano, Consilia sive juris responsa, Venise, 1574, Cons. 129, n. 1, p. 63 : « Bona a laico pro alendis pauperibus relicta an dicantur bona pia an vero privata et prophana ».
76- Apostolo rappelle le cas d’un héritage légué pour nourrir les pauvres, confié exclusivement à l’administration de la communauté de Prato, dans le sillage d’INNOCENT IV, Apparatus Praeclari Juris Canonici Illuminatus ab Innocentio papae IIII […], Venise, 1522, et de Giovanni D’Andrea, In quinque decretalium libros Novella commentaria (1581), édité par Stephan Kuttner, Turin, Bottega d’Erasmo, 1963. Dans le même esprit, d’après Apostolo, Federico Petrucci, Consilia, siue Responsa, quaestiones, et placita […] quae ante hac mendis scatebant & erroribus, nunc multis collatis exemplaribus diligent, Venise, 1576, Questio III, CXI, n° 2, pp. 56-57 : « Hospitale dicitur ecclesiasticum si fuerit deputatum… », et CCLXXX, p. 117 : « Nomine ecclesiarum an comprehendatur hosopitale… ».
77- L’évêque n’est pas habilité à visiter ces lieux selon les dispositions du concile, parce qu’il ne s’agit pas de lieux ecclésiastiques, pieux ou religieux. Apostolo se base sur Graziani, Stefano, Disceptationum forensium iudiciorum, Tomus primus-quintus, Genève, 1664, vol. III, nn. 11-18, p. 200 Google Scholar ; Fuschi, Pauli, De visitatione et regimine ecclesiarum, Libri duo, Rome, 1616 Google Scholar, l. 2 chap. 14, nn. 3 et 4 ; Tesauro, Carlo Antonio, De poenis ecclesiasticis praxis absolutae et universalis, Rome, 1760, ch. VI, pp. 221–222 Google Scholar. Dans la tradition du droit commun, d’après Apostolo, aucun lieu n’est soumis à la juridiction épiscopale s’il n’est pas désigné par l’autorité de l’évêque lui-même ou avec son autorisation. L’autorité épiscopale sur les legs « ad pias causas » est discutée par Molina, Luis De, De Hispanorum primogeniorum origine, ac natura, libri quatuor, Cologne, 1613, pp. 157–158 Google Scholar, et par González, Hieronymum, Dilucidum ac perutile glossema seu commentatio ad regulam octavam cancellariae de reservatione mensium et alternativae espicoporum, Rome, 1611 Google Scholar, Summarium § 4, Glossa V, pp. 147-149. Le caractère laïc et non pieux des confréries est soutenu enfin par Tiraqueau, André, Tractatus, De priuilegijs piae causae. De praescriptionibus, Venise, 1561, « Praefatio », pp. 1-20, en particulier p. 7.Google Scholar
78- Apostolo renvoie à Saxoferrato, Bartholus De, Commentaria, vol. VI, Digestum Novum, Rome, Il Cigno Galileo Galilei, Istituto Giuridico Bartolo da Sassoferrato, 1996 Google Scholar, «De Collegijs illicitis », pp. 157r-159r, qui « parle en général de nos confréries sous le nom de collèges agréés par le droit commun », et sur Baldus De Ubaldis, Consiliorum sive responsorum, 1608, l. 2, Cons. 134, p. 30. Par conséquent, les legs faits à ces confréries ne peuvent être considérés comme des legs pieux ou religieux : voir Giasone Del Maino, Consiliorum siue Responsorum iuris, in quatuor volumina partitorum, Volumen primumquartus. Cum additionibus et notis dn. Francisci Becij […], Venise, 1581, Cons. 218, nn. 1 et 3, p. 140v ; Additio, p. 141. Le caractère laïc des confréries est reconnu à l’impossibilité d’exercer le droit spirituel de décimer : voir Prospero Farinacci, Sacrae rotae romanae Decisionum ab ipso recentissime collectarum, pars secunda, Cologne, 1649, Decisio DXCV, n. 1, p. 499, et par le fait que, sur les legs, les confréries sont soumises à la falcidie et à la quarte trébellianique : voir Astro, Paulo Di, Consiliorum siue Responsorum […] Pauli Castrensis, Volumen primum-tertium, Tomus primus, Lyon, 1554 Google Scholar, Lib. 2, Cons. 426, n. 3, p. 196v.
79- Apostolo, f. 6 : «Cum non sint adscripta loco sed sunt Collegium personale, et quoddam corpus fictum, et repraesentatum», renvoie à Tudeschis, Nicolausde, Compendium aureum totius lecturae D. Abbatis Panormitani super decretalibus, cum nonnullis glossarum flosculis ordine elementario aeditum ab R.P. F. Hieronymo de Ferariis Fantonio Vigleuan., Venise, 1564.Google Scholar
80- « Ubicumque vult congregari potest » : Bartholus De Saxoferrato, Commentaria…, op. cit., p. 158.
81- Apostolo renvoie ici de façon générale à Nicolaus de Tudeschis.
82- « Legatum factum consanguineo pauperi » : Apostolo se base sur A. Tiraqueau, Tractatus…, op. cit., « Praefatio » ; Hippolytus Riminaldi, Consiliorum, siue Responsorum… Liber primus-septimus & vltimus, 1574-1591, 7 vol., vol. 2, Cons. 117, n. 14, p. 39v.
83- Celle-ci est déjà documentée dans la première rédaction des statuts, par la demande d’exemption des charges du Novarais pour les migrants saisonniers, et par les contentieux avec le podestat de Novare accusé de poursuivre les migrants valsésiens. L’exemption, obtenue en 1523 auprès du duc de Milan, des taxes sur le sel pour les Valsésiens qui résident en dehors de la vallée, à condition que ce ne soit pas pendant la majeure partie de l’année, va dans le même sens (AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 18 – après 1767).
84- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 2, n. 21 (1722).
85- Paerregaard, Karsten, Linking separate worlds: Urban migrants and rural lives in Peru, Oxford, Oxford University Press, 1997 Google Scholar.
86- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 21, 1772, « Représentation de la Vallée de Sesia dans laquelle sont présentées diverses réflexions sur les nouvelles Constitutions royales de 1770, dans ces régions où cependant on ne les croit pas adaptables, ni exigibles dans cette Vallée, étant donné les particularités de ses conditions locales, supplie S. M. de permettre que soit maintenue l’application des Privilèges, et Statuts de la dite Vallée » (désormais « Rappresentanza »).
87- Sur les Constitutions, voir Mario Viora, Le Costituzioni piemontesi (Leggi e costituzioni di S. M. il Re di Sardegna) 1723-1729-1770, I. Storia esterna della compilazione, Turin, Bocca, 1928 (rééd., Turin, Reale Mutua, 1986).
88- Sur la fonction certificatrice de la justice, voir Quaderni storici, 101, « Procedure di giustizia », 1999.
89- S. Cerutti, Giustizia sommaria…, op. cit.
90- Viazzo, Pier Paolo, Upland communities, Cambridge, Cambridge University Press, 1989.CrossRefGoogle Scholar
91- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 18 : « Informazioni circa li Statuti e Privilegi della Valle Sesia » (après 1765).
92- « Rappresentanza », f. 2.
93- Sur l’écologie historique, voir R. Balzaretti, M. Pearce et C. Watkins (éd.), Ligurian landscapes…, op. cit.
94- D. Moreno, Dal documento al terreno…, op. cit.
95- « Rappresentanza », f. 28.
96- La « Rappresentanza » suggère de favoriser toutes les mesures, par exemple le droit de préemption des voisins, qui permettent la réunion de micro-parcelles, seul moyen d’augmenter la valeur de la terre.
97- North, Douglass C., Institutions, institutional change and economic performance, Cambridge, Cambridge University Press, 1990 CrossRefGoogle Scholar ; le lien entre crédit et différend judiciaire est analysé par Muldrew, Craig, The economy of obligation. The culture of credit and social relations in Early Modern England, Londres, MacMillan, 1998 Google Scholar.
98- Ramella, Franco, Terra e telai: sistemi di parentela e manifattura nel Biellese dell’Ottocento, Turin, Einaudi, 1984 Google Scholar.
99- « Rappresentanza », f. 20.
100- Ibid., ff. 20-21.
101- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 18 (après 1767). Se reporter à G. Fassola, La Valle Sesia…, op. cit., p. 84.
102- Une demande qui figurait déjà dans le « Memoriale a capi » de 1707 : AST, Corte, Valle di Sesia, m. 2, n. 10 (1707), § 7 et 20 respectivement.
103- Cerutti, S., « Justice et citoyenneté àTurin à l’époquemoderne », in Garavaglia, J. C. et Schaub, J.-F. (dir.), Lois, justice, coutume…, op. cit., pp. 57–91.Google Scholar
104- « Rappresentanza », f. 15.
105- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 18, « Informazioni… ».
106- Du reste G. B. Fassola, premier historien connu de la Valsesia, attribuait déjà à la faculté d’arbitrer le caractère de matrice du pouvoir politique. Les chefs de la révolte de 1519 contre les Espagnols et les Milanais sont essentiellement des arbitres reconnus dans les parties de la haute et de la basse Vallée (G. B. FASSOLA, La Valle Sesia…, op. cit., série V, n. 6, 1888, pp. 85-86).
107- Cerutti, Simona, « Faits et faits juridiques », Enquête, 7, 1998, pp. 145–174.Google Scholar
108- « Rappresentanza », ff. 3 et 9.
109- Ibid., ff. 34-36.
110- Ibid., f. 10.
111- Ibid., f. 19.
112- Ibid., f. 17.
113- Ibid., f. 34.
114- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 6 (1752).
115- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 2, n. 10, « Memoriale… », § 25.
116- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 18 (1754-1766).
117- Ibid., m. 4, n. 20 (1775).
118- Ibid., n. 17 : « Scritture riguardanti li torbidi […] » (1761-1763).
119- Ibid., n. 18 : « Informazioni… » : le document concerne Borgosesia.
120- Ibid., n. 17 : « Scritture… ».
121- Cela paraît par conséquent constituer un usage différent de celui de l’intermédiation financière relevé par Hoffman, Philip T., Postel-Vinay, Gilles et Rosenthal, Jean-Laurent, Des marchés sans prix. Une économie politique du crédit à Paris, 1660-1870, Paris, Éditions de l’EHESS, 2001.Google Scholar
122- Les notaires Stefano Mognetti, Pietro Goietti di Rossa, Giovanni Negri di Fobello et Filiberto Perdomi di Brescia furent néanmoins élus au conseil favorable aux mar- chands de 1761 (voir AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 17 : « Scritture… »).
123- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 1, note additive : « Informations secrètes sur le Règlement des Valsésiens, et l’usage de leurs Privilèges. Avec plusieurs projets pour les maintenir dans les limites de leur propre devoir ; crus pareillement utiles à l’intérêt Public, qu’à celui du roi » (après 1757) : « On voit donc s’ouvrir par n’importe qui auberge, boutique de comestibles, et se vendre toute chose à discrétion sans mercuriale ni prix plafond garanti » (f. 17).
124- AST, Corte, Valle di Sesia, m. 4, n. 2 (1740). La réflexion de Dani est suscitée par un recours (perdu) « des hommes et membres des régions des Alpes pour faire approuver avis et règlements ».
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126- Ibid., p. 4795.
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