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Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Le Dr Kossmann nous a fait l'honneur de soutenir devant l'Université de Leyde une thèse française sur un grand sujet de notre histoire : la Fronde . On aurait pu penser qu'un tel ouvrage connaîtrait, en France, un grand retentissement… Mais, depuis janvier 1954, date de parution de cet élégant volume, il n'a éveillé que d'imperceptibles échos…
Dès les premières lignes, l'auteur dessine nettement les traits fondamentaux de son ouvrage : il n'a effectué aucune recherche nouvelle, même pas dans le fonds Séguier ; il s'est seulement « occupé des Mazarinades avec un peu plus d'attention que [ses] nombreux prédécesseurs » (p. VII). Son mécontentement provient de ce que l'auteur appelle « la littérature » de la Fronde (p. 269), et l'incite à présenter quelques brèves, courtoises, mais vigoureuses réfutations.
page 115 note 1. Kossmann, Ernst H., La Fronde (Leidse Historische Reeks, deel III), Université de Leyde, 1954, x-275 p.Google Scholar, en langue française.
page 115 note 2. On retiendra le sort réservé à Chéruel : on le savait pesant et mazariniste ; on imaginait mal que son mazarinisme l'ait conduit à ce qu'il faut bien appeler des malhonnêtetés scientifiques. A cet égard, M. Kossmann fournit deux exemples — deux seulement, par pudeur — qui sont tout à fait décisifs (p. VII, n. 1). Puis il montre à quel point l'influence de Chéruel, érudit laborieux, mais interprète dangereux, a pu « bloquer » pendant de longues années tout travail historique sur la Fronde.
page 115 note 3. Tapié, V. L., La France de Louis XIII et de Richelieu (Paris, 1952)Google Scholar ; pour qui ne lit pas le russe ou n'a pu se procurer la traduction éditée en Allemagne Orientale de l'ouvrage de Porchnev, la précise utilisation qu'en fait M. Tapie demeure très précieuse ; c'est surtout p. 486 sqq., que M. Tapié rejette les conclusions du savant soviétique (Boris E. Porchnev, Narodnie Vosstania vo Francii pered Frondoi, Moscou, 1948) ; la traduction française de cet important ouvrage est très souhaitable.
page 115 note 4. Quelques mots d'une question qui ne manquera pas d'être soulevée : M. Kossmann nous fait l'honneur d'écrire en français ; dans la langue qu'il manie, il reste quelques taches ; notre rôle ne consiste pas à les relever ; il faut dire que M. Kossmann n'a pas trouvé, au cours de sa rédaction, les concours français qu'il était en droit d'espérer, ce qui est regrettable. En revanche, les formules heureuses abondent, l'auteur paraît particulièrement à l'aise dans le croquis psychologique. Ainsi Condé : « L'ambition de Condé, si démesurée qu'elle fût… était aussi insatiable qu'elle était indéfinissable ; elle était sans limites aussi bien qu'elle était sans but » (p. 196). « Il y a quelque chose de grand en cet homme sans nuances, mais pourtant très compliqué. Il y a quelque chose d'admirable dans son endurance et dans son insouciance, parce qu'elles semblent sortir d'un esprit profondément égoïste, mais en même temps capable d'un héroïsme nonchalant et sans prétention. Il y a dans la sévérité de son caractère si peu aimable quelque chose d'étonnant qui contraste avec la pénible légèreté d'un homme faible comme Orléans, d'un aventurier comme Retz, d'un diplomate comme Mazarin. Tandis que tous les autres semblent jouer pour le jeu, et trop souvent sans aucune élégance, Condé paraît vivre son destin en l'acceptant comme tel. Il est peut-être le seul homme sérieux de la Fronde… » (p. 202).
page 116 note 1. Comme le montre un récent article de Mousnier, M. : « Monarchie contre Aristocratie dans la France du XVIIe siècle » (Bull, de la Soc. d'Et. du XVIIe siècle, n° 34, avril 1956, p. 377–381)Google Scholar.
page 116 note 2. Les Recherches et documents sur l'histoire des prix en France, de 1500 à 1800 datent de 1936 ; mais le nom d'Henri Hauser manque à la bibliographie, comme celui de Levasseur ; les travaux de J. Meuvret éclairciront enfin la question de la mercuriale de Paris (cf. déjà l'article paru en 1944 dans les Mélanges d'Histoire Soc, t. V, p. 27 sq.).
page 117 note 1. Je me permets d'indiquer que je reviendrai bientôt sur ces questions.
page 117 note 2. R. Mousnier, « Les causes des journées révolutionnaires parisiennes de 1648 » (Bull, de la Soc. d'Et. du XVIIe siècle, 1949).