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Économie et architecture médiévale. Cela aurait-il tué ceci ?

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Robert Sabatino Lopez*
Affiliation:
New Haven, Yale University

Extract

Je ne tenterai pas de soutenir une thèse dans ces quelques lignes, ni même de suggérer une hypothèse, mais seulement de proposer un sujet d'enquête. Je m'appuierai moins sur les documents que sur ce que mes yeux ont vu : la grandeur des cathédrales romanes et gothiques de l'Europe du Nord. Quelque peu effacées dans les villes médiévales qui ont grandi depuis, comme Paris, Londres, Bruxelles ou Cologne, elles dominent encore l'horizon des villes de province et paraissent presque écraser les maisons bourgeoises du Puy, de Bourges, de Hal, de Maastricht, de Salisbury, pour ne citer que quelques exemples. C'est là une impression inoubliable pour un Génois, accoutumé aux proportions beaucoup plus modestes des cathédrales lombardes et toscanes (Milan est à peine une exception puisque son Dôme n'a été commencé qu'à la fin du XIVe siècle).

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1952

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References

page 434 note 1. Il est vrai cpe le regretté Petit-Dutaillis, dans un livre remarquable bien qu'emprisonné dans sa carapace juridique, a nié que les rois aient été les ennemis des communes françaises — dont la décadence, plus lente qu'il ne semblait à Luchaire, aurait été déterminée par d'autres raisons. Soit. Mais si l'on compare l'indifférence des rois français avec les efforts des Antonins pour sauver les municipalités romaines en détresse, il faut conclure qu'une hostilité systématique n'aurait pu obtenir de résultats bien différents. Il n'est point nécessaire d'avoir tué pour être responsable d'une disparition, il suffit d'avoir laissé mourir.

page 436 note 1. Cela pouvait se produire même si les frais n'embarrassaient pas les institutions ecclésiastiques qui les soutenaient. Il est évident que Rome puisait ses ressources dans toute l'Europe — jusqu'au moment où elle demanda trop pour la construction de Saint-Pierre I — et que d'autres institutions, telles que Cluny et Vézelay, sur lesquelles on s'en rapportera aux articles récents de Duby et Lestocquoy, ici-même, Annales (1952, p. 65), demeurèrent riches malgré leur activité constructive. Mais — pour emprunter les expressions des Thomistes — il n'y a. pas que le damnum emergens, il y a aussi le lucrum cessans.

page 436 note 2. La bibliographie de Knoop et Jones dans la Cambridge Economie History, II, 567-569, rendra des services véritables malgré ses lacunes ; mais l'Italie y est tout à fait ignorée ainsi que l'Orient, et même pour la France on y cherche en vain un nom aussi important que celui de Pierre Lavedan. Citons au hasard quelques titres intéressants et peu connus pour l'Italie : G. P. Bognetti, I magistri antelami e la voile d'Intelvi, dans Periodico Storico Comense, nouv. sér., II (1938) ; — Bognetti, Chiekici et De Capitani D'Arzago, Santa Maria di Castelseprio (Milan, 1948) ; — G. M. Cipoila, Arckùetlura e storia, sociale: il castelto di Soddasole, dans Bollettino Storico Pavese, VIII (1945) ; — T. O. De Negriv Porte rustiehe ed architettura romanica perenne, dans Bollettino Ligustico perla Storia e la'Cultura Régionale, III (1951) ; — G. Falco, Sulla costruzione:del custello di Fossano, dans Biblioteea deïla Soeietà Storica Subalpina, CLXIII (1936) ; — U. MCNNERET DE VILLARD, L'qrganizzazione industrielle nell'Italia longobarda, dans Archivio Storico Lombardo, XLVI (1919). — Pour l'Empire byzantin : De Beylié, L'habitation byzantine (Paris,, 1902) ; — Ph. K9Uï.0HABSr Sur la maison byzantine (en grec), dans Epeteris Etaireias ton Byzantinon spoudan, XII (1936). — Quelques remarques suggestives pour le territoire musulman dsais R. Brunschvig, Urbanisme médiéval et droit musulman, dans Revue des Études Islamiques» XV (1947). Bien entendu, nous n'avons aucune intention de dresser ici une liste tant soit peu complète. Tout reste à faire dans le champ de l'histoire économique de l'architecture — même la bibliographie élémentaire. Voir aussi le compte rendu, par Maie Bloch, d'un livre de Knoop et Jones, qui demeure L'ouvrage le plus proche- d'une histoire de ce genre limitée à l'Angleterre (Annales, VII, 1935, p. 216-217).

page 437 note 1. , Les textes sont cités dans Mortet, V. et Deschamps, P., Recueil de textes relatifs àl'histoire de l'architecture et à la condition des architectes en France au moyen âge (Paris, 1911-1929), I, p. 366 Google Scholar et suiv. ; II, p. 284-285. On retiendra également les critiques d'Alexandre Neckam (II, p. 179) et de nombreuses allusions telles que la suivante, qui concerne le tombeau de saint Bertin : « Cenaculum superaddidit, lignariorum arte subtiliter et venuste compactum, quod tocius curie est quasi spéculum et ornamentum ; estimatis tamen expensis, plus continens pulcritudinis quam utilitatis » (I, p. 122).

page 437 note 2. Textes cités dans Bréhier, L., La civilisation byzantine (Paris, 1950), p. 140 Google Scholar et suiv., — et Bon, A., Le Peîoponèse byzantin (Paris, 1951), p. 6870 Google Scholar, 110, 140, 164 ; nous ne partageons pas l'enthousiasme de ce dernier pour saint Nikon, dont Bréhier trace un portrait mieux nuancé (voir aussi Starr, J., The Jetvs in the Byzantine Empire, Athènes, 1939, p. 9, 167-168Google Scholar). Il est à remarquer que Sparte ne semble pas avoir participe autant que Thèbes, Corinthe ou Malvasie à la renaissance urbaine de la Grèce après le Xe siècle. Ce fut Mistra, fondée sur un contrefort du Taygète par les Latins et devenue aussitôt la capitale du Péloponèse byzantin, qui hérita de son importance.

page 437 note 3. Wilielmi chronica Andrensis, M. G. H., SS., XXIV, p. 711. Est-ce un hasard que Victor Mortet, tout en insérant des extraits de cette chronique dans son précieux recueil (I, p. 388 et suiv.), supprima le passage peu édifiant qui se rapportait aux chaudrons? Le voici : « Nam lebetes, ollas eneas, caldarias et trepetes ferreas ex eis tandem, déficiente promisso, extorqueri oportuit. » Parfois, il est vrai, des offrandes du même genre furent faites spontanément par la population : à Milan, vers la fin du moyen âge, l'administration de la cathédrale organisa des mises en vente périodique des cadeaux en nature qu'elle recevait. Mais ce qui était possible sans trop de sacrifice pour les Milanais du XIVe siècle ne l'était pas nécessairement pour les Androis du XIIe. Peu avant la dernière guerre, Mussolini frappa tous les Milanais d'un impôt spécial pour l'achèvement de la façade de leur cathédrale ; les apologistes ne lui manquèrent pas.

page 437 note 4. Op. cit., p. 724 : « Dominus abbas… a subditis suis est admonitus et post multas admonitiones ad hoc inductus, ut domum ad opus infirmorum construeret… »

page 438 note 1. Cheney, G. R., Church-Building in the Middle Ages, dans Bulletin of the John Rylands Library , Manchester, XXXIV (1951), p. 20 Google Scholar et suiv., avec d'intéressants renvois aux sources. Pour la formule lombarde, voir par exemple, Vittani, G. et Manaresi, C., Gli atti privati milanesi e comaschi del secolo XI (Milan, 1933), p. 133 Google Scholar : « Quisquis in sanctis ac venerabilis locis ex suis aliquit contullerit rebus… centuplum accipiat et insuper, quod melius est, vitam posidebit eternam. »