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Des cartes autochtones en situation coloniale : Le cas du Tonkin à la fin du xixe siècle

Published online by Cambridge University Press:  25 January 2021

Marie de Rugy*
Affiliation:
Sciences Po/Université de [email protected]

Des cartes autochtones en situation coloniale: le cas du tonkin à la fin du xixe siècle

À partir d’un corpus de cartes vietnamiennes conservées dans les Archives nationales de Hà Nội, cet article vise à répondre à une double interrogation, méthodologique et heuristique : comment analyser en historien des sources cartographiques détachées de leur contexte de production ; peut-on voir une spécificité du cas vietnamien dans l’appropriation des savoirs autochtones en situation coloniale ? En comparant ces cartes à celles des géographies royales vietnamiennes, en les croisant avec des sources coloniales françaises de la conquête du Tonkin (années 1880-1890), en analysant l’entremêlement des écritures – caractères chinois, vietnamien romanisé et français –, les codes visuels et la matérialité de ces documents, cette étude propose trois pistes fécondes et complémentaires pour l’histoire et l’anthropologie des savoirs. La spécificité vietnamienne réside d’abord dans l’existence de ce grand nombre de cartes, qui n’a d’équivalent ni dans les possessions coloniales en Afrique ni ailleurs en Asie du Sud-Est. Elle apparaît aussi dans les contextes de production des cartes, que la correspondance privée d’un officier, Fernand Bernard, et les journaux de marche militaires permettent de retracer : si les enquêtes orales dans les villages ou le renseignement sont des situations répandues, la sollicitation des fonctionnaires locaux, habitués à dresser des cartes pour le pouvoir, l’est moins. Finalement, l’étude de ces documents laisse entrevoir des formes de contact et une appropriation propres aux débuts de la colonisation, qui disparaissent ensuite.

Indigenous maps in a colonial context: the case of late nineteenth-century tonkin

Indigenous Maps in a Colonial Context: The Case of Late Nineteenth-Century Tonkin

Based on a corpus of Vietnamese maps held in the national archives at Hà Nội, this article aims to answer a double question, both methodological and heuristic: How can historians analyze cartographic sources detached from their context of production? And was the appropriation of indigenous knowledge during colonization specific to the Vietnamese case? By comparing these maps with those of Vietnamese royal geographies, crossing them with French colonial sources from the conquest of Tonkin (1880s–1890s), and analyzing the interweaving of different writing systems—Chinese characters, romanized Vietnamese, and French—as well as the visual codes and the materiality of these documents, this study suggests three fruitful and complementary directions for the history and anthropology of knowledge. The Vietnamese case is unique because the existence of such maps, in such large numbers, was unmatched in other colonial possessions in Africa or elsewhere in Southeast Asia. It is also unusual in terms of how these maps were produced, as revealed in the private correspondence of the officer Fernand Bernard and diaries of military expeditions. Although it was common practice to conduct oral inquiries in villages or draw on military intelligence, it was far less usual to be able to solicit local functionaries accustomed to creating maps for those in power. Finally, the study of these documents reveals forms of contact and appropriation that were specific to the early stages of colonization, and which subsequently disappeared.

Type
Le savoir des cartes
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

*

Je remercie Camille Lefebvre et Antonella Romano pour la relecture et les conseils qu’elles ont apportés à une version préliminaire de cet article, ainsi que Philippe Papin et Wu Huiyi pour leur aide dans le déchiffrement des cartes.

References

1 L’actuel Vietnam est progressivement conquis par les Français, qui débarquent sur ses côtes en 1858, créent la colonie de Cochinchine (au Sud) en 1867 et le protectorat de l’Annam-Tonkin (respectivement Centre et Nord) en 1885. Avec le protectorat du Cambodge (créé en 1863) et celui du Laos (en 1893), ces trois entités forment l’Indochine française, fédération de territoires hétérogènes qui disparaît en 1954. Sur la catégorie géographique « Indochine », espace entre l’Inde et la Chine, et son appropriation par les Français, voir Daniel Hemery, « Inconstante Indochine… L’invention et les dérives d’une catégorie géographique », no spécial « Les juifs et la mer », Revue française d’histoire d’outre-mer, 326-327, 2000, p. 137-158.

2 Le terme autochtones est ici synonyme de locaux, c’est-à-dire renvoie à la fois aux interlocuteurs que les Français rencontrent sur le territoire indochinois et aux savoirs que ceux-ci produisent. Le qualificatif présente des limites, puisque les interlocuteurs des Français viennent parfois de loin (on compte parmi eux des marchands chinois au long cours, par exemple) et qu’il recouvre des réalités fort diverses. Plutôt que de céder à une tentation unificatrice, on s’efforcera autant que possible de restituer précisément l’identité des acteurs. La catégorie d’autochtone est cependant légitime dans la mesure où la majorité des cartes étudiées dans cet article décrivent des espaces locaux – le district, la préfecture – ; elle est d’ailleurs largement utilisée dans la littérature scientifique anglophone (via son équivalent anglais indigenous) comme francophone.

3 Si le Vietnam n’existe officiellement qu’à partir de 1945, dans un souci de simplification, le gentilé ainsi que l’adjectif correspondants (Vietnamien, vietnamien) sont admis pour les périodes antérieures, malgré leur caractère anachronique. On les emploiera pour désigner les cartes produites dans ces territoires aussi bien que les acteurs locaux, qu’il s’agisse des mandarins et des subalternes de l’administration impériale, fortement imprégnée des idées et des institutions chinoises, des maires et des notables de l’ethnie majoritaire kinh ou des habitants des montagnes, aujourd’hui désignés comme « minorités ethniques » (H’mông, Mie`^n, Thái, etc.).

4 « Plan cochinchinois de la baie et des défenses de la rivière de Tourane, trouvé dans la demeure d’un mandarin militaire, le 15 septembre 1859 », conservé aux Archives nationales (France) et analysé par Hélène Blais, « Cartographie coloniale et savoirs vernaculaires », in J.-M. Besse et G. A. Tiberghien (dir.), Opérations cartographiques, Arles/Versailles, Actes Sud/ENSP, 2017, p. 206-217.

5 Un papier collé dans un espace blanc de la carte de la province de Hải Dương indique qu’elle provient « de la citadelle d’Ha-Noï ». Il s’agit donc d’une prise de guerre, d’une découverte sur le terrain (Bibliothèque nationale de France [ci-après BNF], Cartes et plans, Service hydrographique de la Marine, Portefeuille 180, Division 2. 22).

6 Voir notamment Christian Jacob, L’empire des cartes. Approche théorique de la cartographie à travers l’histoire, Paris, Albin Michel, 1992.

7 En 1954, au moment du rapatriement de nombreux fonds en France, les archives jugées d’importance nationale sont envoyées vers la métropole tandis que celles estimées d’échelle locale sont laissées sur place.

8 Les chercheurs n’ont pu progressivement accéder aux Archives nationales vietnamiennes qu’avec l’ouverture du pays (« Đổi mới »), à partir de 1986.

9 C’est ce à quoi les Postcolonial Studies, depuis Edward Saïd, et les Subaltern Studies, nées en Inde avec Ranajit Guha dans les années 1980, aspirent depuis plusieurs décennies.

10 En cela, on peut aller au-delà de l’History of Cartography publiée par l’Université de Chicago, qui fait cet effort de décentrement, mais se limite principalement aux systèmes savants établis.

11 Barbara E. Mundy, The Mapping of New Spain: Indigenous Cartography and the Maps of the Relaciones Geográficas, Chicago, The University of Chicago Press, 1996.

12 Mary Ellen Miller, Barbara E. Mundy et Dennis Carr (dir.), Painting a Map of Sixteenth-Century Mexico City: Land, Writing and Native Rule, New Haven, Yale University Press, 2012.

13 Pour le premier cas, les développements récents sont notamment présentés par Kapil Raj, Relocating Modern Science: Circulation and the Constitution of Knowledge in South Asia and Europe, 1650-1900, Basingstoke, Palgrave MacMillan, 2007 ; pour le cas chinois, la bibliographie est trop abondante pour être citée ici et on se limitera à la question cartographique, avec Antonella Romano, Impressions de Chine. L’Europe et l’englobement du monde (xvi e-xvii e siècles), Paris, Fayard, 2016 ; Mario Cams, Companions in Geography: East-West Collaboration in the Mapping of Qing China (c. 1685-1735), Leyde, Brill, 2017.

14 Kathryn Barrett-Gaines, « Travel Writing, Experiences, and Silences: What is Left Out of European Travellers’ Accounts; The Case of Richard D. Mohun », History in Africa, 24, 1997, p. 53-70 ; Charles W. J. Withers, « Mapping the Niger, 1798-1832: Trust, Testimony and ‘Ocular Demonstration’ in the Late Enlightenment », Imago Mundi, 56-2, 2004, p. 170-193 ; Felix Driver et Lowri Jones, Hidden Histories of Exploration: Researching the RGS-IBG Collections, Londres, Royal Holloway/University of London, 2009 ; Adrian S. Wisnicki, « Charting the Frontier: Indigenous Geography, Arab-Nyamwezi Caravans, and the East African Expedition of 1856-59 », Victorian Studies, 51-1, 2008, p. 103-137. Pour une contribution française, voir les travaux de Camille Lefebvre et Isabelle Surun, notamment « Exploration et transferts de savoir : deux cartes produites par des Africains au début du xixe siècle », Mappemonde, 92-4, 2008, p. 17-21 ; Hélène Blais, « Les enquêtes des cartographes en Algérie, ou les ambiguïtés de l’usage des savoirs vernaculaires en situation coloniale », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 54-4, 2007, p. 70-85.

15 D. Graham Burnett, « ‘It is Impossible to Make a Step without the Indians’: Nineteenth-Century Geographical Exploration and the Amerindians of British Guiana », Ethnohistory, 49-1, 2002, p. 3-40, en particulier p. 27-33 ; Barbara Belyea, « Amerindian Maps: The Explorer as Translator », Journal of Historical Geography, 18-3, 1992, p. 267-277 ; Luciana Martins, « Illusions of Power: Vision, Technology and the Geographical Exploration of the Amazon, 1924-1925 », Journal of Latin American Cultural Studies, 16-3, 2007, p. 285-307 ; John Rennie Short, Cartographic Encounters: Indigenous Peoples and the Exploration of the New World, Londres, Reaktion Books, 2009.

16 Peter Hopkirk, Le grand jeu. Officiers et espions en Asie centrale, trad. par G. de Hemptinne, Bruxelles, Nevicata, 2011 ; id., Sur le toit du monde. Hors-la-loi et aventuriers au Tibet, trad. par C. Corniot, Arles, Philippe Picquier, 1999 ; Derek J. Waller, The Pundits: British Exploration of Tibet and Central Asia, Lexington, The University Press of Kentucky, 1990.

17 Nicholas Thomas et Diane Losche (dir.), Double Vision: Art Histories and Colonial Histories in the Pacific, Cambridge, Cambridge University Press, 1999 ; Lindy Stiebel, « ‘Cooeing to the Natives’: Thomas Baines’ Encounters with the Other on the North Australian Expedition, 1855-1857 », Critical Arts, 22-1, 2008, p. 129-147.

18 La démarche fut d’abord celle des Subaltern Studies : voir Gayatri Chakravorty Spivak, « Can the Subaltern Speak? », in C. Nelson (dir.), Marxism and the Interpretation of Culture, Londres, Macmillan, 1988, p. 24-28 ; plus récemment, dans un dialogue méthodologique avec Carlo Ginzburg, voir aussi Simona Cerutti, « ‘À rebrousse-poil’ : dialogue sur la méthode », Critique, 769/770-6/7, 2011, p. 564-575.

19 Ann Laura Stoler, Along the Archival Grain: Epistemic Anxieties and Colonial Common Sense, Princeton, Princeton University Press, 2009.

20 Du côté français, l’entreprise menée par Christian Jacob s’inscrit dans une démarche d’anthropologie des savoirs : Christian Jacob (dir.), Lieux de savoir, vol. 1, Espaces et communautés, Paris, Albin Michel, 2007.

21 L’expression a notamment été utilisée par Valeria Pansini, « L’œil du topographe et la science de la guerre. Travail scientifique et perception militaire (1760-1820) », thèse de doctorat, EHESS, 2002.

22 Michael T. Bravo, « The Accuracy of Ethnoscience: A Study of Inuit Cartography and Cross-Cultural Commensurability », Manchester Papers in Social Anthropology, 2, 1996, p. 1-36.

23 C’est aussi le cas des cartes vietnamiennes conservées au Service historique de la Défense (ci-après SHD) avec les dossiers de la conquête, aux Archives nationales d’Outre-Mer (ci-après ANOM), dans les journaux de marche des troupes de l’Indochine, ou à la BNF.

24 Parmi ces 234 cartes, 110 sont inventoriées sous le terme « copie », suivi d’une date située entre 1977 et 1982. Or ces dates ne correspondent pas à la réalité de ces cartes manuscrites, originales, probablement levées à la fin du xixe ou au début du xxe siècle, au moment où les Français cherchaient à établir une cartographie des provinces pour les besoins de l’administration et à en vérifier les toponymes. L’idée, d’abord envisagée, d’une erreur sur le siècle – « 1977 » pour 1877 – est peu plausible, car il n’est guère probable que ces cartes aient été dressées avant la conquête française : elles portent trop la trace d’échanges et d’un travail commun. 17 cartes portent une date située entre 1840 et 1893 : certaines d’entre elles sont des copies de géographies royales vietnamiennes et, parmi elles, 5 portent aussi la mention « copie » et sont suivies d’une date qui ne correspond pas à la première, ce qui n’en facilite pas la compréhension. Enfin, 87 cartes sont notées « sans date » et 25 n’ont que leur titre – elles ne portent ni date ni mention « copie » ou « sans date ». Toutes ne sont pas des cartes manuscrites – s’y trouve ainsi la « Carte schématique des communications du Tonkin », publiée par le Service géographique de l’Indochine en 1911. En raison de contraintes d’accès et de temps, le corpus établi pour réaliser la présente étude rassemble 47 cartes manuscrites, essentiellement du Tonkin, hormis 6 qui représentent des provinces de l’Annam (Centre) et 1 qui représente le territoire chinois de Longzhou.

25 Sur le contexte de la conquête, voir Charles Fourniau, Vietnam. Domination coloniale et résistance nationale (1858-1914), Paris, Les Indes savantes, 2002. Sur la violence, notamment le récit des atrocités donné par Pierre Loti et l’affaire qui s’ensuit, voir Sylvain Venayre, Une guerre au loin. Annam, 1883, Paris, Les Belles Lettres, 2016.

26 Sur les 379 dossiers cartographiques conservés, 234 consistent en des cartes de provinces du Tonkin. Cette surreprésentation du Nord du pays dans la cartographie correspond à sa surreprésentation dans les travaux topographiques du Service géographique de l’Indochine. C’est là un premier élément permettant de voir dans les cartes manuscrites vietnamiennes des cartes préparatoires aux cartes topographiques imprimées françaises.

27 Christopher A. Bayly, Empire and Information: Intelligence Gathering and Social Communication in India, 1780-1870, Cambridge, Cambridge University Press, 1999.

28 La cartographie royale vietnamienne reste un champ à explorer, malgré de premiers travaux très utiles sur le sujet : voir notamment John Whitmore, « Cartography in Vietnam », in J. B. Harley et D. Woodward (dir.), The History of Cartography, vol. 2, Cartography in the Traditional East and Southeast Asian Societies, t. 2, Chicago, The University of Chicago Press, 1994, p. 478-508 ; Đức Thọ Ngô, Philippe Papin et Văn Nguyên Nguyễn (éd.), Đồng Khánh địa dư chí, Há Nôi, Institut Hán Nôm/École française d’Extrême-Orient, 2003.

29 Protectorat chinois du viie au xe siècle, le Vietnam est alors appelé « Annam » (littéralement « Sud pacifié »), selon une pratique courante dans l’Empire chinois qui donne à voir des marges paisibles. Après l’indépendance du Vietnam, les Chinois conservent cette appellation, et des droits de souveraineté sur son territoire. Les Français, comme les autres Occidentaux, reprennent l’appellation chinoise : le « royaume d’Annam » désigne l’ensemble du pays, avant de se limiter au seul protectorat d’Annam, sous domination française à partir de 1884.

30 Autrement appelée quốc ngữ, elle a été inventée par le jésuite français Alexandre de Rhodes en 1624.

31 L’état actuel de nos recherches ne nous a pas permis de trouver de récit, français ou vietnamien, de la fabrication de ces cartes ; celles issues du fonds du Service géographique de l’Indochine (ci-après FSG), aux Archives nationales vietnamiennes, Centre 1 (ci-après ANV1), qui n’ont pu être consultées, sont peut-être accompagnées de commentaires (au dos, par exemple), voire de documents explicatifs ; les archives administratives de chaque circonscription dont la carte a été levée pourraient aussi apporter des renseignements complémentaires.

32 L’étude des liens entre la Chine et le Vietnam a été faite dans une perspective sino-centrée ou, au contraire, selon une approche nationaliste vietnamienne. Si de nombreux travaux sont revenus de ces historiographies unilatérales, le sujet reste sensible. Sur les premiers contacts entre les deux pays, voir notamment Philippe Papin, « Géographie et politique dans le Vietnam ancien », Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, 87-2, 2000, p. 609-628.

33 Thế Anh Nguyễn, « Le bouddhisme dans la pensée politique du Viêt-Nam traditionnel », Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, 89-1, 2002, p. 127-143.

34 Sur le genre constitué par les géographies descriptives chinoises, voir les chapitres que lui consacre Cordell D. K. Yee dans J. B. Harley et D. Woodward (dir.), The History of Cartography, vol. 2, t. 2, op. cit. Les travaux universitaires sur les géographies de la fin de la dynastie des Qing (xviiie-xixe siècles) sont rares ; ils sont plus nombreux à s’attacher à celles de la fin de la période Ming (xvie-début xviie siècles). Voir notamment Du Yongtao, « Literati and Spatial Order: A Preliminary Study of Comprehensive Gazetteers in the Late Ming », Ming Studies, 66, 2012, p. 16-43.

35 Địa dư chí (Traité de géographie, 1435), sixième volume des œuvres de Nguyễn Trãi. Il est repris dans Nguyễn Trãi toàn tập (Œuvres complètes de Nguyễn Trãi), trad. (vietnamienne) par Văn Tân, Ðào Duy Anh et Trần Văn Giáp, Hà Nôi, Viện Sử Học/Nxb KHXH, [1824] 1976, p. 209-246.

36 Tam Quach-Langlet, « La perception des frontières dans l’ancien Vietnam à travers quelques cartes vietnamiennes et occidentales », in P.-B. Lafont (dir.), Histoire des frontières de la péninsule indochinoise. Les frontières du Vietnam, Paris, L’Harmattan, 1989, p. 25-62, ici p. 28.

37 Bruno Latour, La science en action, trad. par M. Biezunski, Paris, La Découverte, 1989.

38 Le Japon et la Corée ne portaient alors pas ces noms, mais, comme pour le Vietnam, l’emploi de l’adjectif qui en est dérivé est admis, malgré l’anachronisme. Pour une description de cartes produites dans ces espaces, voir notamment Richard Pegg, Cartographic Traditions in East Asian Maps, Honolulu, University of Hawai’i Press, 2015.

39 Cette importance des frontières transparaît par exemple sur la carte générale du pays d’Annam de l’atlas de Hồng Đức, deuxième nom de règne du roi Lê Thánh Tông (entre 1470 et 1497). Voir à ce sujet T. Quach-Langlet, « La perception des frontières dans l’ancien Vietnam… », op. cit.

40 Par exemple, les atlas produits par Gérard Münster, Abraham Ortelius ou Sébastien Mercator à la Renaissance comprennent des textes encyclopédiques, conçus pour accompagner les cartes (voir Christian Jacob, « Les inscriptions », in Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ?, Marseille, OpenEdition Press, 2014, DOI : https ://doi.org/10.4000/books.oep.658).

41 Alexander Barton Woodside, Vietnam and the Chinese Model: A Comparative Study of Vietnamese and Chinese Government in the First Half of the Nineteenth Century, Cambridge, Harvard University Asia Center, 1988, p. 61. Chacune des trente et une provinces (tính) est divisée en circonscriptions à la tête et au sein desquelles sont nommés des mandarins : préfectures (phủ), préfectures auxiliaires (phân phủ) et districts (huyện) ou arrondissements (châu), dans les provinces montagneuses du Nord-Ouest du Tonkin.

42 Claude Nicolet, L’inventaire du monde. Géographie et politique aux origines de l’Empire romain, Paris, Fayard, 1988.

43 Aussi appelé Bureau d’histoire de l’État (Quốc sử quán), il est créé en 1820. Le principal artisan de la Géographie de Đồng Khánh pourrait être son directeur, le chef de cabinet Hoàng Hữu Xứng, mais son nom ne figure ni dans les archives ni sur les cartes.

44 Il s’agit des Chroniques véridiques du Đại Nam (Đại Nam thực lục). Les mandarins à la tête des provinces font d’abord remonter à la cour l’information locale, brute ou déjà interprétée par leurs soins. La compilation de ces données par les mandarins de la cour est ensuite transmise au roi sous la forme de rapports. Celui-ci les lit et les annote à l’encre vermillon, d’où le nom de ces rapports, châu bản, qui signifie littéralement « documents annotés à l’encre vermillon ». Ces derniers sont enfin versés au Bureau des annales, où la chronique du royaume est compilée.

45 ANV1, FSG, 327, carte de la province de Bình Định, 1883 ; ANV1, FSG, 328, carte de la province de Bình Thuận faite par Nguyễn Lịch, Nguyễn Văn Vĩnh et Nguyễn Văn Tuân, 1883 ; ANV1, FSG, 328, cartes du Khánh Hòa, du Quảng Bình et du Quảng Nam.

46 La consultation des annales et chroniques officielles des principautés et royaumes en place au moment de l’intervention européenne se retrouve par exemple dans l’empire britannique, ne serait-ce que pour la délimitation des frontières de la Birmanie. La pratique est reprise par les gouvernements chinois et vietnamien actuels, qui se réfèrent aux cartes des siècles passés pour invoquer les « droits historiques » dans les litiges en mer de Chine méridionale.

47 Gabriel Devéria, Histoire des relations de la Chine avec l’Annam-Việtnam du xvi e au xix e siècle, d’après des documents chinois traduits pour la première fois et annotés, Paris, E. Leroux, 1880 ; pour plus d’informations sur l’auteur, voir Edmond Pottier, « Notice sur la vie et les travaux de M. Gabriel Devéria », Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 44-2, 1900, p. 127-143.

48 Gabriel Devéria, La frontière sino-annamite. Description géographique et ethnographique d’après des documents officiels chinois traduits pour la première fois, Paris, E. Leroux, 1886.

49 Laura Hostetler, Qing Colonial Enterprise: Ethnography and Cartography in Early Modern China, Chicago, The University of Chicago Press, 2001 ; M. Cams, Companions in Geography, op. cit.

50 La première est le Da Qing yi tong zhi (大清一統志), Đại Thanh nhất thống chí en sino-vietnamien (Hán-Việt, Géographie unifiée de l’empire des Qing), qui consiste en une succession de monographies locales de tout l’empire Qing. Soulignons que le caractère 統 (thống) est écrit par Devéria 銃 (súng), ce qui est une erreur puisque 銃 désigne une arme ancienne. La seconde est le Da Qing huidian (大清會典圖), Đại Thanh hội điển đồ en Hán-Việt (Répertoire des cartes de l’empire des Qing).

51 G. Devéria, La frontière sino-annamite, op. cit., p. vii-viii.

52 Au xviiie siècle déjà se mêlent dans ces régions frontalières des populations autochtones diverses, non Han, et des migrants chinois : voir Charles Patterson Giersch, Asian Borderlands: The Transformation of Qing China’s Yunnan Frontier, Cambridge, Harvard University Press, 2006.

53 Sur le rôle de ces chefs et leur évolution, à l’échelle provinciale, voir par exemple Philippe Le Failler, La rivière Noire. L’intégration d’une marche frontière au Vietnam, Paris, CNRS Éditions, 2014 ; Thị Hải Nguyễn, La marche de Cao Bằng. La cour et les gardiens de frontière, des origines aux conséquences de la réforme de Minh Mạng, Paris, Presses de l’Inalco, 2018.

54 Voir ANOM, Gouvernement général de l’Indochine (ci-après GGI) 14451, « Le 6 du 8e mois de la 2e année de Đồng Khánh, Réponse de Huỳnh hưủ Xứng au Conseil Secret ».

55 ANOM, GGI 14451, « Le 6 du 8e mois de la 2e année de Đồng Khánh, Réponse de Huỳnh hưủ Xứng au Conseil Secret ».

56 Histoire militaire de l’Indochine française des débuts à nos jours (juillet 1930). Établie par des officiers de l’état-major du général de division Aubert, commandant supérieur des troupes du groupe de l’Indochine, monsieur Pierre Pasquier étant gouverneur général de l’Indochine, t. 1, Hanoi, Imprimerie d’Extrême-Orient, 1930, p. 95.

57 SHD, 10H1, Dossier 2, « Conquête du Tonkin. Deuxième partie. Commandement du général Millot. 1884. Historique par les capitaines Sergent et Margueron, 1890 », p. 72. Tandis que le Survey of India britannique forme et emploie de nombreux Indiens aux techniques topographiques occidentales, le recours à des topographes vietnamiens n’apparaît pas dans les sources : on n’y trouve aucune trace d’un topographe de Cochinchine qui aurait effectué des levers pour les Français.

58 Thê Anh Nguyên, « L’élite intellectuelle vietnamienne et le fait colonial dans les premières années du xxe siècle », P. L. Lamant (dir.), no spécial « La péninsule indochinoise et les Européens de la seconde moitié du xviiie siècle à 1954 (2e partie) », Revue française d’histoire d’outre-mer, 72-268, 1985, p. 291-307.

59 Id., Monarchie et fait colonial au Viet-Nam (1875-1925). Le crépuscule d’un ordre traditionnel, Paris, L’Harmattan, 1992, p. 166-167.

60 Monique Pelletier, Les cartes des Cassini. La science au service de l’État et des provinces, Paris, Éditions du CTHS, [2002] 2013.

61 Pour l’empire britannique, voir notamment Matthew H. Edney, Mapping an Empire: The Geographical Construction of British India, 1765-1843, Chicago, The University of Chicago Press, 1997 ; John Harwood Andrews, A Paper Landscape: The Ordnance Survey in Nineteenth-Century Ireland, Oxford, Clarendon Press, 1975. Pour le cas français, voir Hélène Blais, Mirages de la carte. L’invention de l’Algérie coloniale, Paris, Fayard, 2014.

62 SHD, 10H26, Dossier 1, « Ordre général no 11 », 17 février 1888.

63 Archives de l’Institut Pasteur, Fonds Fernand Bernard, Dossier 2, lettre de Fernand Bernard à son frère Lazare Bernard, Hanoi, 18 septembre 1891.

64 Archives de l’Institut Pasteur, Fonds Fernand Bernard, Dossier 2, lettre de Fernand Bernard à son frère Lazare Bernard, Hanoi, 18 septembre 1891 : « L’écriture annamite est identique à l’écriture chinoise, c’est-à-dire qu’elle contient autant de caractères que de mots. Les missionnaires espagnols qui nous ont précédés ici y ont introduit l’alphabet latin. Cette adaptation constitue ce qu’on appelle le quoe ngn (quoe ngion). Malheureusement les caractères latins sont insuffisants et l’on est obligé de leur adjoindre une série d’accents et d’esprits qui les compliquent étrangement. De plus le ton dans lequel un mot est prononcé lui donne toute sa valeur et des signes particuliers indiquent si tel mot doit être prononcé dans le ton grave, le ton descendant, le ton égal, etc., ainsi : La signifie ‘prier’ / signifie ‘être’ /Lạ signifie ‘étonnant’ / signifie ‘eau limpide’ / signifie ‘feuille’. Tu conçois que dans ces conditions il me sera assez difficile d’apprendre en deux ans assez d’anamite [sic] pour pouvoir recueillir des légendes ou les traditions ainsi que tu me l’avais dit. »

65 Archives de l’Institut Pasteur, Fonds Fernand Bernard, Dossier 2, lettre de Fernand Bernard à son frère Lazare Bernard, Hué, 14 février 1897 ; lettre du même au même, Hué, 27 février 1897.

66 Sur Alexandre de Rhodes, voir Donald Frederick Lach et Edwin J. Van Kley, Asia in the Making of Europe, vol. 3, A Century of Advance, Chicago, The University of Chicago Press, 1993, p. 1266 sq. ; Peter C. Phan, Mission and Catechesis: Alexandre de Rhodes and Inculturation in Seventeenth-Century Vietnam, New York, Orbis Books, 1998 ; Alain Forest, Les missionnaires français au Tonkin et au Siam (xvii-xviii e siècles). Analyse comparée d’un relatif succès et d’un total échec, Paris, L’Harmattan, 1998.

67 Philippe Le Failler, « L’intégration des exonymes à la langue vietnamienne, ou quand l’usage d’Internet force la normalisation », Moussons, 25, 2015, p. 79-97.

68 En 1886, le chef du service des traductions de la résidence générale du Tonkin se plaint « de mauvaises éditions peu détaillées et sur lesquelles les noms sont tellement dénaturés qu’il est parfois impossible d’y reconnaître le son des caractères annamites » (ANV1, RST 73611, lettre du Service des traductions du Cabinet du résident général au résident général du Tonkin, Hanoi, 29 mai 1886).

69 Voir la liste officielle des unités administratives et toponymes du Nord dressée au début du xixe siècle, reprise dans Minh Hương Vũ Thị, Thiếu Hiệu Ngô et Philippe Papin, Địa danh và tài liệu lưu trữ về làng xã Bắc-Kỳ (Répertoire des toponymes et des archives villageoises du Nord du Viêt-Nam), Hà Nội, Văn hóa thông tin/École française d’Extrême-Orient/Archives du Vietnam, 1999.

70 ANV1, RST 73507, lettre du général de division Dodds, commandant en chef des troupes de l’Indo-Chine, au résident supérieur au Tonkin, Hanoi, le 15 juin 1901 : « L’officier topographe le mieux doué au point de vue de l’attention phonétique, le plus ingénieux et le plus tenace dans la recherche de ces renseignements auprès des indigènes, en le supposant même pourvu du brevet d’annamite et apte à s’expliquer avec aisance pour les besoins courants de sa vie sur le terrain, ne parviendra pas toujours, pour une surface un peu étendue de pays, à nommer correctement tous les lieux et tous les accidents orographiques, dans leurs importances et dépendances relatives. »

71 SHD, 10H3, Dossier 5, « L’opération de Lang Son en 1885 », Section de documentation militaire de l’Union française, École supérieure de guerre, Études – opérations 1er cycle, 1950-1951, p. 8.

72 Sur les enjeux de cette contextualisation croisée, voir notamment Sujit Sivasundaram, « Sciences and the Global: On Methods, Questions, and Theory », Isis, 101-1, 2010, p. 146-158.

73 Cambridge University Library, Department of Manuscripts, Scott LL4 10.1-2, Vocabulaire de l’officier, par A. Bobin.

74 SHD, 10H6, Dossier 15, « Rapports des chefs de détachement. Renseignements fournis par les indigènes, 1884-1886 ».

75 SHD, 10H15, Dossier 3, Sous-dossier 4, « Instructions pour faire suite à l’ordre no 8 du général Brissaud ».

76 ANOM, MIOM 9, Rapport sur la reconnaissance exécutée par le sergent Schlotterbeck du 16 au 17 août, Tin-Dao, 18 août 1887 : « À Lang-Léo, je réquisitionne le li-thuong ainsi qu’un habitant et les prends comme guides. »

77 ANV1, FSG, 172, carte du phủ de Trướng Định, province de Lạng Sơn (copie le 18 septembre 1979) ; ANV1, FSG, 216, carte du châu de Thoát Lãng, province de Lạng Sơn (copie le 2 octobre 1980) ; ANV1, FSG, 218, carte du châu de Thát Lãng, province de Lạng Sơn (copie le 4 juin 1979) ; ANV1, FSG, 221, carte du huyện de Văn Quan ; ANV1, FSG, 222, carte du châu de Văn Uyên.

78 T. A. Nguyen, « L’élite intellectuelle vietnamienne… », art. cit.

79 Nola Cooke, « The Composition of the Nineteenth-Century Political Elite of Pre-Colonial Nguyen Vietnam (1802-1883) », Modern Asian Studies, 29-4, 1995, p. 741-764.

80 Sur les évolutions de l’administration vietnamienne et la démonstration d’une certaine continuité entre périodes pré-coloniale et coloniale, voir Emmanuel Poisson, Mandarins et subalternes au Nord du Viêt Nam. Une bureaucratie à l’épreuve (1820-1918), Paris, Maisonneuve & Larose, 2004.

81 Archives de l’Institut Pasteur, Fonds Fernand Bernard, BEF1, lettre de Fernand Bernard à son frère Lazare Bernard, Hué, le 5 juin 1897 (l’extrait est reproduit dans sa graphie originale).

82 E. Poisson, Mandarins et subalternes au Nord du Viêt Nam, op. cit., p. 149. Le rôle des interprètes a aussi été étudié dans un autre contexte colonial : voir Benjamin N. Lawrance, Emily Lynn Osborn et Richard L. Roberts (dir.), Intermediaries, Interpreters, and Clerks: African Employees in the Making of Colonial Africa, Madison, University of Wisconsin Press, 2006.

83 Les concours mandarinaux imposent la maîtrise des caractères chinois, mais celle de l’écriture vietnamienne romanisée et du français n’est inscrite au programme des concours généraux qu’en 1909 (E. Poisson, Mandarins et subalternes au Nord du Viêt Nam, op. cit., p. 136).

84 Sur les systèmes sémiologiques, voir Jacques Bertin, Sémiologie graphique. Les diagrammes, les réseaux, les cartes, Paris, Gauthier-Villard, 1964 ; Gilles Palsky, « L’esprit des cartes. Approches historiques, sémiologiques et sociologiques en cartographie », mémoire d’habilitation à diriger des recherches en Géographie, université Paris 12, 2003. Sur le concept de dispositif graphique, voir notamment C. Jacob, Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ?, op. cit.

85 Donald Robertson propose dans « The Pinturas (Maps) of the Relaciones Geográficas, with a Catalog », in H. F. Cline (dir.), Handbook of Middle American Indians, vol. 12, Guide to Ethnohistorical Sources, Part One, Austin, University of Texas Press, 1972, p. 243-278 de désigner comme « autochtones » les cartes des Relaciones Geográficas qui se caractérisent par des inscriptions exclusivement autochtones (absence d’éléments relevant de la manière européenne) ; comme « mixtes » celles qui présentent simultanément les deux types de procédés ; et comme « européennes » celles marquées par l’absence totale de caractéristiques relevant de la tradition cartographique autochtone. Barbara E. Mundy reproche à cette approche d’être trop figée et de ne pas prendre en compte le choix assumé des auteurs autochtones, qui s’approprient des caractéristiques issues de la représentation cartographique européenne (B. E. Mundy, The Mapping of New Spain, op. cit., p. 87 sq.).

86 M. H. Vũ Thị, T. H. Ngô et P. Papin, Địa danh và tài liệu lưu trữ về làng xã Bắc-Kỳ, op. cit.

87 ANV1, FSG, 272, carte de la province de Sơn La, s. d.

88 ANV1, FSG, 327, carte de la province de Bình Định, 1883 ; ANV1, FSG, 368, carte de la province de Cao Bằng (copie le 10 juillet 1879) ; ANV1, FSG, 371-03, carte du dạo (« cercle ») de Nhã Nam, province de Bắc Giang (copie le 22 octobre 1982).

89 ANV1, FSG, 322, carte de la province de Vĩnh Tường, 1885.

90 ANV1, FSG, 253, carte du huyện de Bạch Hạc, phủ de Vĩnh Tường, province de Phú Thọ (copie du 5 mars 1981).

91 B. E. Mundy, The Mapping of New Spain, op. cit., p. 88.

92 Le phénomène a été étudié dans un autre contexte et un autre espace pour montrer comment les Chinois s’étaient formés aux instruments français afin d’établir les mesures de l’atlas de Kanxgi : voir Mario Cams, « Converging Interests and Scientific Circulation between Paris and Beijing (1685-1735) : The Path towards a New Qing Cartographic Practice », Revue d’histoire des sciences, 70-1, 2017, p. 47-78.

93 Cela correspond peut-être aussi à l’habitude française de dresser des cartes, là où les Britanniques, par exemple, privilégient le texte. Les premiers établissent ainsi une carte des étapes du Tonkin dès 1889, tandis que les seconds se contentent au même moment, dans la conquête birmane, de Route Books (ou « routiers ») qui rassemblent des descriptions textuelles et non graphiques.

94 ANV1, FSG, Carte 220, carte de Núi Cai Kính province de Lạng Sơn (copie le 12 septembre 1978). Traduction française des inscriptions en caractères chinois, apportée juste à côté de ces caractères.

95 ANV1, FSG, Carte 246, carte de la province de Phú Thọ, s. d.

96 Les Vietnamiens commencent généralement le tracé par le haut et les Français par le bas, ce qui se voit dans sa forme, plus verticale chez les Vietnamiens, plus horizontale chez les Français, et aussi parfois dans l’épaisseur du trait, plus importante là où la plume a le plus appuyé, c’est-à-dire au début du tracé.

97 ANV1, FSG, 136.

98 ANV1, FSG, 134, carte du haut fleuve Rouge (Chiêu Tân Châu ; copie le 14 septembre 1977).

99 SHD, 10H6, Dossier 15, « Copie d’une note du général du 25 novembre. Pour copie conforme. Hanoi, le 25 novembre 1884. Le général commandant le corps expéditionnaire ».

100 Une carte vietnamienne conservée au SHD, datant probablement de 1883-1884, montre cette confusion dans les mesures. La profondeur et la largeur du fleuve, exprimées en pieds, sont indiquées à plusieurs endroits en sinogrammes. La traduction française remplace les pieds par des mètres, ce qui donne, par exemple, « 200 m annamite [sic] environ – 15 m de profondeur », au lieu de la conversion qui devrait indiquer respectivement 80 mètres et 6 mètres (SHD, 10H6 [sans titre]).

101 Une cinquantaine de cartes sont ainsi annotées à la fin du xviiie siècle par Charles-Étienne Montbret ou des proches, à partir de lectures et de voyages (voir Isabelle Laboulais, « Les cartes géographiques du fonds Montbret », Annales historiques de la Révolution française, 343, janvier-mars 2006, p. 175-176).

102 ANV1, FSG, Carte 274, carte du phủ de Ðiện Biên (l’extrait est reproduit dans sa graphie originale).

103 ANV1, FSG, Carte 367, carte de Cai Kinh, province de Thái Nguyên, s. d. : « entre Long di et Long-nhan, 2 petits ruisseaux » ; « pas de ruisseaux entre Long-nhan et mỡ mởi » ; « chemin de 0,40 m de large partant jusqu’au fort de Cai-Kinh » ; « en général, le chemin est bordé de chaque côté de très hautes herbes (au-dessus de la tête). Il y a beaucoup de montées et de descentes. Pentes assez raides ».

104 Voir notamment Bradley Camp Davis, Imperial Bandits: Outlaws and Rebels in the China-Vietnam Borderlands, Seattle, University of Washington Press, 2017.

105 Pour une contribution française sur le sujet, voir Isabelle Laboulais (dir.), Les usages des cartes (xvii e-xix e siècle). Pour une approche pragmatique des productions cartographiques, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2008.

106 ANV1, RST 73618-5, lettre du vice-résident au résident général, Hai Duong, 9 avril 1888.

107 ANV1, RST 73507, lettre du général de division Dodds, commandant en chef des troupes de l’Indo-Chine, au résident supérieur au Tonkin, Hanoi, 15 juin 1901.

108 ANV1, RST 73616, lettre du résident de Hoa Binh au résident supérieur au Tonkin, Hoa Binh, 10 juin 1910 : « Le fait par exemple que la Núi Hàng Ma y figure sous le nom de ‘Núi Magna’ indique que l’oreille du topographe était peu familiarisée avec la langue du pays, et c’est ce qui explique les inexactitudes relevées en si grand nombre » (Núi signifie « montagne »).

109 ANV1, RST 73616, lettre du lieutenant-colonel Aubé, chef du Service géographique de l’Indochine, au résident supérieur du Tonkin, Hanoi, 23 décembre 1909.

110 ANOM, GGI 17545, Promotion du 14 juillet 1906 dans le personnel indigène des dessinateurs : Đỗ Quang Tú est décrit comme un « lettré au-dessus de l’ordinaire par sa connaissance approfondie des caractères et du Quồc Ngự [sic] [et un] excellent dessinateur sur zinc, employé plus spécialement pour le dessin au crayon lithographique qu’il exécute avec une rare perfection ».

111 ANV1, RST 73616-01, Notice préparée par le chef du Service géographique de l’Indochine, le capitaine Salel, en vue de la révision méthodique des cartes du Tonkin, Hanoi, 20 avril 1917.