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De bonnes idées en quête de nombres: Réponse à Gilles Postel-Vinay et R. Bin Wong
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
Dans un livre marquant – Growing public – Peter Lindert propose d’analyser les dépenses publiques de redistribution en examinant l’économie politique des mesures prises dans un large éventail de pays au cours des trois derniers siècles. L’ambition est de rendre compte de l’histoire des politiques sociales, du rythme de leur développement, de leurs variations d’un pays à l’autre et des effets qu’elles ont eus.
Par l’éclairage nouveau qu’il apporte sur l’histoire de cet ensemble de transferts – des dépenses d’assistance aux pauvres ou d’éducation jusqu’aux formes actuelles de sécurité sociale –, le livre appelle au débat. Comme l’auteur a construit son enquête sur un modèle dont il dégage les éléments à partir de l’examen minutieux des expériences divergentes des pays d’Europe de l’ouest depuis le XVIIIe siècle, une façon de mettre à l’épreuve sa démarche consiste à se demander si ses conclusions sont tributaires des limites spatiales et temporelles qu’il a retenues. C’est ce que tentent ici R. Bin Wong et Gilles Postel-Vinay. L’un déplace l’analyse vers d’autres espaces – en l’occurrence la Chine – l’autre revient sur les expériences européennes soit en les situant dans une durée plus longue soit en faisant varier l’échelle de l’analyse pour se situer au niveau le plus décentralisé auquel sont prises les décisions. Peter Lindert répond à l’un et l’autre.
Abstract
Peter Lindert’s recent book – Growing Public – draws together large amounts of data on a number of countries and analyzes them in a sophisticated and careful way to yield theoretically informed and empirically grounded conclusions about the relationships between democracy, social spending and economic growth since the eighteenth century.
By documenting strong relationships among political and economic activities, the book shed new light on tax-based social spending in general. But as the core of the argument relies on the historical experience of Western Europe and North America since the 18th century, one way to check the robustness of Lindert’s conclusions is be to examine either how different societies dealt with poverty and inequality during the same period or how the same societies did so in a longer period. This is the line followed by R. Bin Wong’s and Gilles Postel-Vinay’s papers: the former analyses China’s commitment to social spending between the mid-Qing and the middle of the twentieth century while the latter focuses on the same counries as Lindert but takes into account both a longer time period and different levels of decision. Peter Lindert offers a rejoinder to their comments.
- Type
- Dépenses sociales et démocratie
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2007
References
1 - Voir Lindert, Peter H., Growing public. vol. 1, Social spending and economic growth since the eighteenth century , New York/Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 115-122 Google Scholar; Becker, Sascha O. et Wößmann, Ludger, « Was Weber wrong? A human capital theory of protestant economic history », Institute for the Study of Labor/University of Munich, 27 mars 2007 Google Scholar.
2 - Lindert, Peter H., «Voice and growth: Was Churchill right?», Journal of Economic History, 63-2, 2003, p. 315-350 CrossRefGoogle Scholar.
3 - Engerman, Stanley L., Mariscal, Elisa V. et Sokoloff, Kenneth L., «The persistence of inequality in the Americas: Schooling and suffrage, 1800-1945», communication non publiée, University of California at Los Angeles, 1998 Google Scholar; Sun Go et Peter H. Lindert, «The curious dawn of American public schools», National Bureau of Economic Research working paper 13335, août 2007.
4 - Boyer, George, An economic history of the English Poor Law, 1750-1850, Cambridge, Cambridge University Press, 1990 CrossRefGoogle Scholar.
5 - Will, Pierre-étienne et Wong, R. Bin, Nourish the people: The state civilian granary system in China, 1650-1850, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1991 CrossRefGoogle Scholar.
6 - P. H. Lindert, «Voice and growth...», art. cit.; Growing public, op. cit., p. 67-70.
7 - R. Bin Wong, «Qing granaries and late imperial history», in P.-E. Will et R. Bin Wong, Nourish the people. .., op. cit., p. 475-506.
8 - Ibid., p. 481.
9 - Chung-Li, Chang, The income of the Chinese gentry, Seattle, University of Washington Press, 1962 Google Scholar. On trouvera une autre estimation du produit agricole et du produit national dans les années 1880 dans Feuerwerker, Albert, The Chinese economy, 1870-1949, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1995 Google Scholar.
10 - Selon la loi d’Engel, lorsqu’un ménage voit son revenu s’élever, il réduit la dépense qu’il consacre à son alimentation de base (aux grains en particulier). La loi peut aussi s’appliquer à l’échelle de pays entiers. Faire l’hypothèse que le revenu moyen n’a pas augmenté entre les années 1730 et les années 1880 est cohérent avec l’argument de R. Bin Wong, de même qu’avec les vues de Kenneth Pomeranz et d’Angus Maddison.
11 - Des trois périodes pour lesquelles P.-E. Will et R. Bin Wong dans Nourish the people fournissent des estimations (p. 489-496), les années 1735-1780 sont celles pour lesquelles la part de l’aide alimentaire dans le revenu national est la plus élevée.
12 - Comme un shi vaut à peu près un hectolitre, il s’agit de 0,6 à 0,8 litre par personne et par an. Ces chiffres peuvent paraître faibles, mais il faut se souvenir qu’on rapporte ici les grains publics à la population totale. Cette même dépense aurait donc été de 80 à 107 litres par bénéficiaire si l’aide n’avait touché que 0,75 % de la population – encore ce dernier chiffre constituerait-il une moyenne entre bonne et mauvaise saison et années d’abondance et années de disette. En temps de crise, elle aurait été plus forte.
13 - J’aboutis à un résultat similaire, tant dans Growing public que dans « Voice and growth... », art. cit. Le fait de discuter l’importance de l’augmentation du corps électoral dans le groupe des démocraties a pu éclipser ma conclusion selon laquelle les démocraties considérées en moyenne (en traitant ensemble celles qui ont un corps politique réduit et celles qui ont étendu plus largement le droit de vote) consacrent aux dépenses sociales une part qui diffère peu de celle qu’y consacrent en moyenne les pays autocratiques, même dans les pays industrialisés.