Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Qu'il y ait eu en 1789 non une révolution mais le télescopage de trois révolutions, que le ressentiment des classes inférieures urbaines et le mécontentement paysan se fussent provisoirement rencontrés avec la volonté novatrice d'une partie des groupes dirigeants, voilà qui a singularisé la France dans l'Europe des princes éclairés et en partie conditionné son destin jusqu'à nos jours. Cette spécificité des bouleversements révolutionnaires français, lors même que l'on tient compte de leur environnement « atlantique », est-elle seulement le fruit d'un accident du court terme ? Ni la dépression intercyclique ni la « Pré-révolution » n'enferment dans leurs limites un mouvement qu'il faut suivre au plan de la longue durée. Michelet l'avait bien vu : la maturation des forces qui ont convergé en ce grand été de la Libération a été pluriséculaire. On ne reviendra pas sur les aspects économiques et sociaux de ce long enfantement. D'autres, plus qualifiés, en ont esquissé les phases.
1. Furet, F., in Furet, et Richet, , La Résolution française. Hachette, 1966 Google Scholar.
2. J'ai tenté de le montrer dans ma préface à Gershey, Léo, L'Europe des Princes éclairés (Fayard, 1966)Google Scholar.
3. Paumer, R. P., The Age of Démocratie Révolution (1959) et Godechot, Jacques, Les Révolutions 1770-1799. P.U.F., 1963 Google Scholar.
4. Egret, Jean, La Pré-révolution française. P.U.F., 1962 Google Scholar.
5. Braudel, Fernand, Civilisation matérielle et capitalisme. A. Colin, 1967 Google Scholar.
page 2 note 1. Claude Mazaubic, « Sur une nouvelle conception de la Révolution française » in Annales historiques de la Révolution française, juillet-septembre 1967.
page 2 note 2. Mousnier, Roland, « Problèmes de stratification sociale », in Mousnier, , Labatut, et Durand, , Deux cahiers de la noblesse. P.U.F., 1965 Google Scholar.
page 2 note 3. Deux colloques sur ce thème ont eu lieu en 1966-1967, l'un au Centre de Recherches sur la Civilisation de l'Europe moderne (Sorbonne), l'autre à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud.
page 2 note 4. Dumont, Louis, Homo Hierarchicus. Gallimard, 1966 Google Scholar.
page 2 note 5. Canetti, Elias, Masse et puissance. Gallimard, 1966 Google Scholar.
page 2 note 6. Oliviek-Martin, , L'Organisation corporative de la France d'Ancien Régime. Paris, 1938 Google Scholar.
page 3 note 1. Loyseau, , Cinq Livres du droit des offices, suivis du Livre des seigneuries et de celui des ordres. Paris, 1610 Google Scholar.
page 3 note 2. Mousnier, Roland, La participation des gouvernés à l'activité des gouvernants dans la France du XVIIe et du XVIIIe siècles, in Recueils de la Société Jean Bodin (vol. XXIV)Google Scholar.
page 3 note 3. Archives nationales. Minutier central. (Nombreux exemples.)
page 3 note 4. Ouvrage de Loyseau, cité plus haut.
page 3 note 5. Viixeroy, , Discours des rangs et séances de France, manuscrit français 3383, Bibliothèque nationale. Borzon, , Des dignités temporelles, Paris, 1683 Google Scholar.
page 3 note 6. Saint-Simon, , « Mémoire sur la renonciation », Écrits inédits de Saint-Simon, t . IL Paris, 1880 Google Scholar.
page 3 note 7. Russel-Major, J., The Deputies of the Estâtes General in Renaissance France. Madison, 1960 Google Scholar, a démontré, sur des bases du reste contestables, l'écrasante prépondérance de la petite noblesse lors des consultations de 1484, 1560, 1576, 1588, 1593 et 1614.
page 4 note 1. Ibidem. La représentation du Haut clergé diminua pendant les guerres de religion, mais dépassa en 1614 son niveau de 1484.
page 4 note 2. Ibidem. Les critères retenus par l'auteur ne sont guère satisfaisants. Mais l'indicateur global est éclairant.
page 4 note 3. Seyssel, Claude de, La Monarchie de France. 1519. Cité d'après l'édition Poujol, Paris, 1961 Google Scholar.
page 4 note 4. Bellay, Joachim du, Ample discours au Boy sur le faict des quatre Estais du ooyaume de France. Paris, 1567 Google Scholar.
page 4 note 5. Souligné par nous.
page 4 note 6. Russel-Major, livre cité.
page 5 note 1. Braudel, F.. La Méditerranée… éd. de 1967 Google Scholar.
page 5 note 2. L'expression est de Lucien Febvre.
page 5 note 3. En dehors des anciennes études, voir A. Lublinskaja : « Les États généraux de 1614-1615 en France », Étude présentée à la Commission internationale pour l'histoire des assemblées d'État, XXIII.
page 5 note 4. Moustier, livre cité.
page 5 note 5. Saint-Simon, livre cité.
page 5 note 6. Vindiciae contra tyrannos (1579). 6 1. Jean Meuvret, in Mélanges offerts à Lucien Febvre.
page 6 note 2. Notations forts intéressantes sur ce point dans : Ruthkrug, Lionel, Opposition to Louis XIV, p. 113 Google Scholar.
page 6 note 3. Etienne Pasquier, Lettres, livre II. Cité d'après l'édition de 1723.
page 6 note 4. de Flurance, David Du Rivault, Les Estats. Lyon, 1596 Google Scholar.
page 6 note 5. Roque, LA, Traité de la Noblesse. Paris, 1678 Google Scholar.
page 6 note 6. Ibidem.
page 6 note 7. On sait qu'à Paris du moins, le bourgeois, toujours distingué du marchand et de l'officier, est celui qui vit de ses rentes. Cf. Registres des délibérations de l'Hôtel de Ville de Paris.
page 7 note 1. Godefroy, Denis, Abrégé des Trois Estais. Paris, 1682 Google Scholar.
page 7 note 2. Souligné par moi.
page 7 note 3. Ménestrier, , Les diverses espèces de noblesse. Paris, 1685 Google Scholar.
page 7 note 4. Guizot, , Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, t. I. Paris, 1858 Google Scholar.
page 8 note 1. LA Roque, livre cité.
page 8 note 2. Flubance, livre cité.
page 9 note 1. Pasquier, , Recherches de la France, p. 135 Google Scholar (édition de 1723).
page 9 note 2. Marcel Reinhabd, « Élite et Noblesse dans la seconde moitié du XVIII” siècle », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, 1956.
page 9 note 3. LA Roque, livre cité.
page 9 note 4. Flurance, livre cité. 9 5. Souligné par moi.
page 9 note 6. Ménestrier, livre cité.
page 9 note 7. Flurance, livre cité.
page 10 note 1. F. Hotman, Franeogullia. Genève, 1573.
page 10 note 2. La Popelinière, Histoire de la France. La Rochelle, 1581.
page 10 note 3. Haillan, Du, Histoire générale des Rois de France. Paris, 1576 Google Scholar.
page 10 note 4. Livre cité.
page 10 note 5. Livre cité.
page 10 note 6. R. Mousnieb, État et Société sous François Ie r et pendant le règne personnel de Louis XIV. C.D.U., 1966.
page 10 note 7. Carcassonne, Élie, Montesquieu et Vidée de constitution au XVIIIe siècle. Paris, 1926 Google Scholar.
page 10 note 8. R. Mousnier, in XVIIe siècle, 1952.
page 10 note 9. Montherlant.
page 11 note 1. M. Reinhard, article cité.
page 11 note 2. Althusseb, Louis, Montesquieu. P.U.F., 1959 Google Scholar.
page 11 note 3. Mably, Observations sur l'Histoire de France, lre partie publiée en 1765 et 2” partie en 1788.
page 11 note 4. Textes cités par Cabcassonne.
page 12 note 1. Dupront, A., Art, Littérature et Société au XVIIIe siècle. C.D.U., 1963-1965Google Scholar.
page 12 note 2. Cf. Lime et société. Mouton, 1966.
page 12 note 3. Égbet, livre cité.
page 12 note 4. Ibidem.
page 12 note 5. Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers-État ? 1789.
page 13 note 1. Souligné par moi.
page 13 note 2. Cité par Éguet.
page 13 note 3. D'Holbach, Politique naturelle ou Discours sur les vrais principes du gouvernement, 1773.
page 13 note 4. Condorcet, Idées sur le despotisme, 1789.
page 13 note 5. J.|Godechot, La Contre-révolution. P.U.F., 1961 Google Scholar.
page 13 note 6. Livre cité.
page 14 note 1. Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution, t. I I , n. 150. Gallimard.
page 14 note 2. Balzac, La duchesse de Langeais.
page 14 note 3. Godechot, livre cité. Léonard, , L'Armée et ses problèmes au XVIIIe siècle. Pion, 1958 Google Scholar.
page 14 note 4. Marx, Contribution à la critique de l'Économie politique, 1959.
page 14 note 5. Olivier-MARTIN, Histoire du droit français (édition de 1948).
page 14 note 6. R. Mousnier, in XVIIe siècle, 1955.
page 14 note 7. Cf. P. Mesnard, « L'État de la Renaissance et son évolution vers l'absolutisme », (t. X de l'Encyclopédie française).
page 15 note 1. Au vieux livre de George Weill (1891), on préférera : Pierre Mesnard, L'essor de la philosophie politique au XVIe siècle, 1952 ; Caprakiis, Vittorio de, Propaganda e pensiero politico in Francia. Naples, 1959 Google Scholar.
page 15 note 2. Notons du reste que même parmi les absolutistes les plus farouches certains n'oublièrent jamais cette théorie du double contrat d'origine. Cf. le Moyne, Père le, L'Art de Régner. Paris, 1665 Google Scholar.
page 15 note 3. Hotman, livre cité.
page 15 note 4. Vindiciae contra tyrannos (déjà cité).
page 15 note 5. Th. de Bèze, DU droit des magistrats sur leurs sujets, 1574.
page 15 note 6. Vindiciae…
page 15 note 7. Le Réveille Matin des Français, 1573.
page 15 note 8. Ibidem.
page 15 note 9. Th de Bèze, livre cité.
page 16 note 1. Henri Hauser, Les Sources de l'Histoire de France : le XVIe siècle, t. 3, introduction.
page 16 note 2. R. Villebs, in Revue Historique du Droit Français et Étranger, 1959.
page 16 note 3. B. Pobchnev, Les soulèvements populaires en France de 1623 à 1643. S.E.V.P.E.N., 1963.
page 16 note 4. Mousnieb, Durand, Labatut, Leyde, 1954.
page 16 note 5. Kossman, , La Fronde, Leyde, 1954 Google Scholar.
page 16 note 6. Lublinskaia, Mme a récemment insisté sur ce point, in : L'absolutisme français au début du XVIIe siècle (en russe, mais avec résumé en français). Moscou, 1965 Google Scholar.
page 16 note 7. Saint-Atjlaire, Histoire de la Fronde, 1824.
page 16 note 8. Lavisse, Histoire de France.
page 16 note 9. Les souhaits de la France, 1649.
page 16 note 10. Lettre d'un Milord d'Angleterre, 1649.
page 16 note 11. Cardinal de Retz, Mémoires.
page 17 note 1. Cités par Kosmann.
page 17 note 2. Claude de Joly, Recueil de maximes véritables, 1652.
page 17 note 3. Bodin, Les Six Livres de la République, 1576.
page 17 note 4. Loyseau, livre cité.
page 17 note 5. Robert Estienne, Thésaurus graeco-latinus, 1570, art. John Baret, An Alvearie or quadruple dictionary, 1570, idem.
page 17 note 6. La Politique d'Aristote (et particulièrement le chapitre V du livre I I I , où il est question de la monarchie seigneuriale) fut traduite en 1568 par Loys L E ROY, dit Regius de Costentin, réédition en 1600. Aucune traduction nouvelle avant celle de CHAMPAGNE en 1797.
page 17 note 7. Outre le Thésaurus d'Bstienne : Jean Nicot, Trésor de la langue française, 1606 ; César de Rochefort, Dictionnaire général et curieux des lexiques. Lyon, 1585 ; César Oudin, Trésor des trois langues, espagnole, française, italienne, 1627.
page 17 note 8. Richelet, 1630 ; Fubetière, 1690 ; Trévoux, 1904. Les deux premières éditions du Dictionnaire de l'Académie française sont muettes.
page 17 note 9. Dictionnaire de l'Académie française, 1694.
page 17 note 10. Dictionnaire de Trévoux.
page 18 note 1. Après avoir cherché vainement du côté des récits de voyageurs en Orient, je pense que les traductions de l'anglais ont pu être importantes. Desporte — avec son sens nouveau — apparaît dès 1611 dans le Dictionnaire anglo-français de Cotgrave, et en 1652 dans la traduction du De corpore politico de Hobbes.
page 18 note 2. « Seigneurial » prêtait à équivoque dans la mesure où il confondait un régime politique détesté et une institution à laquelle tous étaient accoutumés.
page 18 note 3. Chatelet, Hay du, Traité de la Politique de France. Paris, 1669 Google Scholar.
page 18 note 4. Merlat, E., Traité du pouvoir absolu. Cologne, 1685 Google Scholar.
page 18 note 5. Jurieu, « 16e et 17e lettres pastorales », citées d'après la publication de F. Puaux. Paris, 1917.
page 18 note 6. Les soupirs de la France esclave, 1689.
page 19 note 1. Lionel Rothkkug, livre cité.
page 19 note 2. Aron, Raymond, Les Étapes de la pensée sociologique. Gallimard, 1967 Google Scholar.
page 19 note 3. Althusser, livre cité.
page 19 note 4. Souligné par moi.
page 19 note 5. Esprit des Lois, livre VIII, chap. XVII.
page 19 note 6. « Les réflexions de M. De Montesquieu ont en quelque sorte fixé les idées sur la nature du despotisme. » Anquetil-Duperron, Législation orientale, 1778.
page 19 note 7. Il écrivit à Dupont de Nemours : « La doctrine du despotisme légal n'a cessé de salir les ouvrages des économistes. » Cité par Carcassonne.
page 20 note 1. Cf. Cabcassonne, livre cité.
page 20 note 2. Préface à la 2e édition du livre de Gin, Les t>rais principes du gouvernement français, 1777.
page 20 note 3. Dans son Essai sur le despotisme, 1775, Mirabeau écrivait : « Le respect de la propriété est la base comme l'objet de toute société et de toute législation. »
page 20 note 4. Talmon, J. L., Les origines de la démocratie totalitaire, Calmann-Lévy, 1966 Google Scholar.
page 20 note 5. Henri Guillemin, Préface à l'édition 10/18 du Contrat Social (Pion).
page 20 note 6. Contrat Social, livre I I , chap. IV.
page 20 note 7. Ibidem.
page 20 note 8. Cité dans notre Révolution française.
page 20 note 9. D'Holbach, livre cité.
page 20 note 10. Mably, Les Droits et Devoirs du citoyen, publié en 1789, mais écrit dès 1758’ 1759.
page 21 note 1. « Les anciens magistrats avaient régné par la crainte. Quand ils furent abaissés leur impopularité éclata. » Pierre Gaxotte, Le siècle de Louis XV. Fayard.
« La réforme fut acceptée par l'opinion. » Methivier, H., Le Siècle de Louis XV. (PUF, Que sais-je ?)Google Scholar
page 21 note 2. « Louis XVI n'avait aucun sens de l'État. » R. MOUSNIER, article cité.
page 21 note 3. Faure, Edgar, La disgrâce de Turgot. Gallimard, 1962 Google Scholar.
page 21 note 4. Jean Égret, La Pré-revolution (tout ce qui suit s'appuie sur ce livre).
page 21 note 5. Cf. Tocqueviiae, à propos de ce renvoi : « La haine de l'arbitraire parut donc un moment la passion unique des Français », livre cité, t. I I , p. 52.
page 22 note 1. Cité paT Égret.
page 22 note 2. Jean Meuvret, in XVIIe siècle, 1955.
page 23 note 1. Analyses remarquables dans : Kostas Papaicannou, « Classe et Luttes de classes », in Contrat Social, vol. V, n° 2 e t 3,1961 ; Wolf, B., Le Marxisme, une doctrine politique centenaire. Fayard, 1967 Google Scholar.
page 23 note 2. J'ai tenté de le montrer dans un rapport présenté au Colloque franco-hongrois sur la croissance. Budapest, mars 1968.