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Au début de la première guerre mondiale : l'opinion publique américaine en 1914

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Suzanne Tassier*
Affiliation:
Université de Bruxelles

Extract

On imagine mal à quel point les États-Unis étaient éloignés du monde extérieur, de la guerre, de l'idée même de la guerre, à la veille de 1914. A la plupart des Américains, la guerre apparaissait d'ailleurs comme une impossibilité, à tout le moins comme un anachronisme barbare. Pour abolir « cette survivance des temps révolus », André Carnegie avait constitué, en 1910, une dotation de dix millions de dollars et son geste avait été applaudi unanimement. Assez simpliste, un prosélytisme pacifiste à caractère évangélique animait des personnalités marquantes telles que William Jennings Bryan, Jane Addams, La Follette, Lillian Wald, David Starr Jordan, Henry Ford... Wilson lui-même avait 'adhéré, dès 1908, à la Société américaine pour la Paix.

Type
Mises au Point
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1950

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References

page 62 note 1. Voir notamment la revue de la presse américaine dans The Outlook, 15 août 1915, p. 907.

page 62 note 2. The Intimate Papers of Colonel House, arrangea as a narrative, par Charles Seymour,. Boston et New York, 1926-28, I, p. 285.

page 62 note 3. Papers relating to the Foreign Relations of the United States, 1914, Supplément, The World War, United States, Government Printing office, Washington, 1928, p. 547-551.

page 62 note 4. Le colonel House pouvait à juste titre écrire au président : « Votre Adresse sur la neutralité est une des plus belles que vous ayez faites ; elle a rencontré l'approbation générale ; chacun des éditoriaux de la presse républicaine parle de vous comme si vous étiez de son parti au lieu d'être l'idole du nôtre. » ( The Intimate Papers of Colonel House, ouv. cit., I, p . 284.)

page 62 note 5. Count Bernstorff, Johann H., Memoirs, traduits par Sutton, Eric, New York, 1936 p. 138.Google Scholar

page 62 note 6. Foreign Relations of the United States, 1914, Supplément, p. 552.

page 63 note 1. Count H. Bernstorff, Memoirs, p; 103.

page 63 note 2. « Dans l'Est, écrit-il dans ses Mémoires, en Nouvelle-Angleterre, où quelques-uns des grands trusts avaient leurs quartiers généraux, nos partisans n'étaient qu'une minorité décli- ‘ nante ; les Quatre-Cents, toutes les personnalités dirigeantes du monde et des universités étaient de tout coeur favorables aux Alliés et ils avaient en main les câbles et tout le service des nouvelles. » D'ailleurs, ajoutait-il fort exactement, « la majorité de la presse de la Nouvelle- Angleterre était anglophile dès avant la guerre pour complaire à ses lecteurs qui avaient l'admiration la plus profonde pour tout ce qui était anglais ». — Dumba, Constantin, Memoirs of a Diplomat, London, 1933, p. 205 et 245.Google Scholar

page 63 note 3. Houston, David F., Eight Years with Wilson's Cabinet, New York, 1926, t . I, p. 254.Google Scholar

page 63 note 4. Hendrick, Burton J., Life and Letters of Walter Hines Page, New York, 1922, t. II, p. 175 Google Scholar et Marshall, Thomas R., Recollections, Indianapolis, 1925, p . 262263.Google Scholar

page 63 note 5. Jusserand, J.-J. (ambassadeur de France aux États-Unis), Le sentiment américain pendant la guerre, Paris, 1931, p. 91 Google Scholar ; — Seymour, Charles, American Neutrality (1914-1917),, Yale, 1935, p. 3.Google Scholar

page 64 note 1. Dans la presse périodique, dont l'importance est particulièrement “grande aux États- Unis, une attitude analogue allait être adoptée par plusieurs importantes publications : l'Atlantic Monthly, revue de grand crédit parmi les vieilles familles, les intellectuels et les universitaires; Life, hebdomadaire satirique apprécié; la Nation, influente parmi les intellectuels ; la North American Review, revue ancienne et sérieuse de la nuance politique de Théodore Roosevelt ; Outlook enfin, hebdomadaire républicain radical, en grand crédit parmi les vieilles familles puritaines.

page 64 note 2. Cette dernière fenille, dirigée par Bernard H. Ridder, avait certaines rubriques en anglais ; elle attaquait avec une extrême violence l'Angleterre, tout en souhaitant une démocratisation de l'Allemagne dont elle publiait régulièrement des extraits de journaux et de revues.

page 65 note 1. Au groupe puissant de William Randolph Hearst appartenaient : — dans l'Est, le New York American, Y Atlanta American, Y Atlanta Georgian, le Boston American, le New York Evening Journal et le New York Deutsches Journal ; — dans le Centre, le Chicago American et le Chicago Examiner ; — et dans l'Ouest, le Los Angeles Examiner, et le San Francisco Examiner. A ces quotidiens, il fallait ajouter divers périodiques tels que le Hearst's Magazine, le Cosmopolitan, le Harpers's Bazar, Good Housekeeping, Motor et Puck.

page 65 note 2. D. Dumba, Memoirs, ouv. cité, p. 246 et J.-J. Jusserand, ouv. cité p. 41.

page 65 note 3. Le 23 mai 1915, il écrivait encore : « Il est fort curieux que la masse des officiers de marine pour autant que j'en juge, a été jusqu'ici favorable à l'Allemagne, et je pense qu'il en a été de même dans l'armée » — et le 6 juin 1915, il allait jusqu'à prétendre « qu'au moins les trois quarts des officiers de l'armée et de la marine sont entièrement favorables à l'Allemagne ». (Correspondance White, Library of Congress, cité par Charles Callan Tansill, America goes to war Boston, 1938, p. 30).

page 65 note 4. M. J. Oudiette fait une constatation analogue dans une excellente étude : L'opinion américaine et la France, Paris, 1938, p. 13.

page 66 note 1. Le journal quotidien The Jewish Daily Forward, publié en yiddisch, très répandu dans les quartiers populaires de New York, était socialiste, opposé à la guerre et hostile à la Russie.

page 66 note 2. Même note dans le Chicago Tribune reproduit parle Literary Bigest du 15 août qui s'indignait de voir les trois ‘empereurs de Rwssèe. d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie recommander tous trois leurs sujets à Dieu. Ce qu'ils font réellement, disait ce journal, c'est « réclamer l'approbation du Seigneur pour le travail du diable » : « Qu'est-ce que Dieu avait à faire avec toute cette horreur ! »

page 67 note 1. Le président Murray Butler «sprintait en termes excellents l'état d'esprit de nombre de ses compatriotes lorsqu'il déclarait à la séance solennelle d'ouverture de l'Université Columbia à New York le 23 septembre 1914 : « Nous sommes une nation neutre et le président Wilson nous a prescrit avec raison d'observer ïa neutralité dans nos paroles et dans nos actes ; mais la neutralité n’est pas l'indifférence ; ce n'est pas la neutralité du passant qui se détourne d'une rixe de la rue : c'est la neutralité d'un juge«. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas nous abstenir de porter un jugement sur la conduite des hommes, individus ou nations. »

page 67 note 2. A cette impartialité de la presse américaine, l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie luimême a rendu hommage. Il a dans ses Mémoires, reconnu, par exemple, que le New York Times dont les sympathies pro-alliées étalent bien connues « avait témoigné d'une singulière objectivité et d'un esprit amical à l'égard des représentants des Puissances Centrales, qu'il acceptait toute note corrective ou explicative pourvu qu'elle fût signée ». (C. Dumba., Metnairs, ouv. eiU, p. 245,)

page 67 note 3. Dessin reproduit par The Literary Digest du 26 septembre 1914, p. 561, sous le titre « Uracie Sam's Quandary ».