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Who is below ?

E. P. Thompson, historien des sociétés modernes : une relecture

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Simona Cerutti*
Affiliation:
CRH/LaDéHiS

Résumé

L’history from below a marqué plusieurs générations d’historiens, en suscitant des débats sur la recherche des sources ainsi que sur l’élaboration des méthodes nécessaires pour mettre en oeuvre cette formule de recherche historique. La publication en français de l’ouvrage d’E. P.Thompson, Customs in Common (Les usages de la coutume. Traditions et résistances populaires en Angleterre, XVIIe-XIXe siècle), est l’occasion de revenir sur cette approche. Il s’agit moins de se demander comment réaliser une histoire d’en bas que de s’interroger sur qui est ce « bas » dont on voudrait restituer l’histoire. L’article commence par passer en revue les traductions dont les textes d’E. P. Thompson ont fait l’objet en différentes langues, en montrant à quel point celles-ci ont contribué à produire une identification entre le below et les classes populaires que l’historien britannique avait lui-même tenté d’éviter. Ensuite sont analysées les réponses formulées par différents courants historiographiques récents – microstoria, spatial turn, études inspirées par Jürgen Habermas. Enfin, l’article propose une interprétation originale de ce programme de recherche, qui en fait moins l’histoire d’une couche sociale qu’un travail de sauvetage (rescue) de « ce qui aurait pu se passer ».

Abstract

Abstract

The notion of “history from below” has influenced several generations of historians, inciting debates about the selection of sources as well as the methods necessary to put this program of historical research into practice. The publication of the French translation of E. P. Thompson's Customs in Common (Les usages de la coutume. Traditions et résistances populaires en Angleterre, XVIIe-XIXe siècle) provides an occasion to revisit this approach. The central question is not so much how to write history “from below” as who precisely makes up the “below” of which the history must be reestablished. To this end, the article begins by reviewing the ways that Thompson's work has been translated into different languages, showing the extent to which these translations have contributed to the identification of “below” with the lower social classes, something that the British historian himself sought to avoid. It then goes on to analyze the ways that several recent historiographical currents—microhistory, the spatial turn, studies inspired by Jürgen Habermas—have responded to Thompson's concept. Finally, the article proposes a new interpretation of this research program: it is less the history of a social stratum than a sort of rescue operation, a way of seeking out “that which might have been.”

Type
Histoire moderne et sciences sociales
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2015

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References

1- On ne peut que souligner l’accueil difficile réservé à Thompson, E. P. par l’historiographie française, qui était déjà évident pour La formation de la classe ouvrière anglaise, trad. par G., Dauvé, Golaszewski, M. et Thibault, M. -N., Paris, Gallimard/Le Seuil, [1963] 1988 Google Scholar ; vingt et une et vingt-cinq années séparent, respectivement, les éditions françaises des Usages de la coutume et de La formation de la classe ouvrière et leurs éditions originales. Il serait utile de s’interroger de manière approfondie sur les raisons de ce retard, à la suite des diagnostics avancés dans son compte rendu par Patrick Fridenson dans Le Débat, 3, 1980, p. 175-192, ainsi que par Jacques Revel à de nombreuses occasions, dont la rencontre qui s’est tenue à la Maison française d’Oxford en novembre 2013 sur « The French E. P. Thompson », lors de laquelle j’ai présenté certains des arguments ici exposés. Pour un bilan récent sur le succès mitigé de l’oeuvre d’ Thompson, E. P., voir le no spécial « ‘Causes That Were Lost’ ? Fifty Years of E. P. Thompson's The Making of the English Working Class as Contemporary History », Contemporary British History, 28-4, 2014 Google Scholar. Voir encore Mcwilliam, Rohan, « Back to the Future: E. P. Thompson, Eric Hobsbawm and the Remaking of Nineteenth-Century British History », Social History, 39-2, 2014, p. 149159 CrossRefGoogle Scholar.

2- Thompson, Edward P., « The Moral Economy of the English Crowd in the Eighteenth Century », Past and Present, 50, 1971, p. 76136 CrossRefGoogle Scholar, est paru en français sous le titre « L’économie morale de la foule dans l’Angleterre du XVIIIe siècle », in Gauthier, F. et al. (éd.), La guerre du blé au XVIIIe siècle. La critique populaire contre le libéralisme économique au XVIIIe siècle, Montreuil, Éd. de la Passion, 1988, p. 3192 Google Scholar.

3- Boutier, Jean et Virmani, Arundhati, « Présentation », in Thompson, E. P., Les usages de la coutume…, op. cit., p. 9-44, ici p. 34 Google Scholar.

4- Winslow, Carl, « Introduction », in Winslow, C. (éd.), E. P. Thompson and the Making of the New Left: Essays and Polemics, New York, Monthly Review Press, 2014, p. 935 Google Scholar ; pour un compte rendu de ce livre, voir Pasquali, Paul, « La politique de l’‘histoire par en bas’ », Genèses, 99-2, 2015, p. 155161 Google Scholar.

5- Samuel Johnson, Dictionary of the English Language, Londres, J. and P. Knapton, 1755, s. v. «Common », cité dans J. Boutier et A. Virmani, « Présentation », art. cit., p. 12.

6- Ibid., p. 10 ; Boutier, J. et Virmani, A. reprennent ici la formule de Williams, Raymond, Keywords: A Vocabulary of Culture and Society, New York, Oxford University Press, 1986, p. 70 Google Scholar.

7- J. Boutier et A. Virmani, « Présentation », art. cit., p. 30.

8- L’origine du terme est controversée. Il apparaît dans un article d’Edward P. Thompson, « History from Below », Times Litterary Supplement, 7 avril 1966. Selon Steve Hindle, Alexandra Shepard et John Walter, « The Making and Remaking of Early Modern English Social History », in Hindle, S., Shepard, A. et Walter, J. (éd.), Remaking English Society: Social Relations and Social Change in Early Modern England, Woodbridge, The Boydell Press, 2013, p. 8 Google Scholar, ses origines étaient plus anciennes, remontant à l’activité du groupe d’historiens proches du British Communist Party, qui comptait dans ses rangs George Rudé, Eric Hobsbawm et Rodney Hilton. Voir en outre Krantz, Frederick (éd.), History from Below: Studies in Popular Protest and Popular Ideology in Honour of George Rudé, Montréal, Concordia University, 1985 Google Scholar, qui contient l’essai d’ Hobsbawm, Eric, « History from Below – Some Reflections » et le compte rendu par Scott, James C. dans American Journal of Sociology, 93-3, 1987, p. 725727 Google Scholar.

9- Mark Hailwood, «Who Is Below ? », in forum: « The Future of ‘History from Below’: An Online Symposium», The Many-Headed Monster, 2013, https://manyheadedmonster.wordpress.com/history-from-below/, a le grand mérite d’avoir été parmi les premiers à poser très directement la question.

10- Hitchcock, Tim, « A New History from Below », History Workshop Journal, 57, 2004, p. 294298 CrossRefGoogle Scholar, rend compte de Essex Pauper Letters, 1731-1837, éd. par T. Sokoll, Oxford, Oxford University Press for the British Academy, 2001.

11- T. Hitchcock, « A New History from Below », art. cit., p. 295.

12- Ibid. : « Dans ce processus, les pauvres, c’est-à-dire les femmes et les hommes qui n’ont laissé que quelques mots écrits, ont perdu de leur attrait. »

13- Ibid., p. 297 : « La création de la nouvelle Poor Law était, essentiellement, le produit du succès des pauvres dans la manipulation de l’ancienne. » T. Hitchcock considère que le livre de T. Sokoll, avec la publication des milliers de lettres que les pauvres avaient adressées à leurs curés pour obtenir de l’assistance dans le cadre des premières Poor Laws, a le mérite de mettre en évidence le faux alibi qui consiste à attribuer la difficulté de l’étude des pauvres à l’absence de sources les concernant. T. Sokoll montre que celles-ci sont abondantes et explicites mais, surtout, que leur prise en compte change l’interprétation des processus historiques, à commencer par la « modernisation » qui aurait conduit à la disciplinarisation des pauvres.

14- Voir l’intervention de Tim Hitchcock, « The New History from Below », 2 avril 2010,http://historyonics.blogspot.co.uk/2010/04/new-history-from-below.html. Sur cette nouvelle history from below de T. Hitchcock, liée au projet des Old Bailey Proceedings Online, voir Marion|Vaillant, « La foule des pauvres à Londres au XVIIIe siècle. Une nouvelle histoire par en bas », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 60-3, 2013, p. 137150 Google Scholar.

15- Nicola Whyte, « Landscape History from Below » et William Farrell, « Global History from below ? », in forum : « The Future of ‘History from Below’… », loc. cit.

16- David Hitchcock, « Why History from Below Matters More than Ever » et Matt Jackson, « Relocating History from Below: Places, Spaces, Databases », in forum : « The Future of ‘History from Below’… », loc. cit.

17- M. Jackson, « Relocating History From Below… », art. cit. : « In short, if historians are using drinking houses to write ‘history from below’ who are they writing that history about ? »

18- Thompson, Edward P., Società patrizia, cultura plebea. Otto saggi di antropologia storica sull’Inghilterra del Settecento, éd. par E. Grendi, Turin, Einaudi, 1981 Google Scholar.

19- Sur Edoardo Grendi, voir la reconstitution biographique et intellectuelle dans Osvaldo Raggio et Angelo Torre, « Prefazione », in Grendi, E., In altri termini. Etnografia e storia di una società di Antico Regime, éd. par O. Raggio et A. Torre, Milan, Feltrinelli, 2004, p. 539 Google Scholar. Sur la relation entre E. P. Thompson et E. Grendi, voir Raggio, Osvaldo, «E. P. Thompson », Studi classici e orientali, 58, 2012, p. 285293 Google Scholar.

20- Giovanni Levi, « Microhistory and the Recovery of Complexity », in Fellman, S. et Rahikainen, M. (éd.), Historical Knowledge: In Quest of Theory, Method and Evidence, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2012, p. 121132, ici p. 131Google Scholar.

21- Ni Sabina Loriga, qui a traduit la majorité des articles (dont « English Crowd »), ni moi-même, alors chargée de suivi éditorial pour la collection « Microstorie », ne nous rappelons si ce choix a incombé à la traductrice ou à l’éditeur.

22- Ginzburg, Carlo, Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du XVI e siècle, trad. par M. Aymard, Paris, Flammarion, [1976] 1980 Google Scholar ; Bakhtine, Mikhaïl, L’opera di Rabelais e la cultura popolare. Riso, carnevale e festa nella tradizione medievale e rinascimentale, trad. par M. Romano, Turin, Einaudi, [1965] 1979 Google Scholar ; la traduction française, L’oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, trad. par A. Robel, Paris, Gallimard, 1970, fut rééditée en 1980, après avoir connu un succès notables chez les historiens modernistes ; Burke, Peter, Cultura populare nell’ Europa moderna, trad. par F. Canobbio-Codelli, Milan, Mondadori, [1978] 1980 Google Scholar.

23- Davis, Nathalie Zemon, Le culture del popolo. Saperi, rituali e resistenza nella Francia del Cinquecento, trad. par S. Lombardini, Turin, Einaudi, [1975] 1980 Google Scholar ; voir aussi l’édition française : Les cultures du peuple. Rituels, savoirs et résistances au XVI e siècle, trad. par M.-N. Bourguet, Paris, Aubier Montaigne, 1979.

24- Pour une réflexion critique sur cet « air du temps », voir Strauss, Gerald, « The Dilemma of Popular History », Past and Present, 132, 1991, p. 130149 CrossRefGoogle Scholar, avec une réplique de Beik, William, «Debate: The Dilemma of Popular History », Past and Present, 141, 1993, p. 207215 CrossRefGoogle Scholar ; en Allemagne, l’article d’E. P. Thompson sur la moral economy est paru dans un recueil : Thompson, Edward P., « Die ‘moralische Ökonomie’ der englischen Unterschichten im 18. Jahrhundert », Plebeische Kultur und moralische Ökonomie. Aufsätze zur englischen Sozialgeschichte des 18. und 19. Jahrhunderts, Francfort-sur-le-Main, Ullstein, 1980, p. 67130 Google Scholar (je remercie Christophe Duhamelle pour cette information).

25- Grendi, Edoardo, « E. P. Thompson e la ‘cultura plebea’ », Quaderni storici, 29-85, 1994, p. 235247 Google Scholar.

26- Voir le compte rendu du débat qui a eu lieu à l’université de Warwick en février 2009 : Hailwood, Mark et Waddell, Brodie, « Plebeian Cultures in Early Modern England: Thirty-Five Years After E. P. Thompson », Social History, 34-4, 2009, p. 472476 CrossRefGoogle Scholar. Les interventions de Phil Withington et Keith Wrightson, par exemple, ont souligné à quel point cette dichotomie était étrangère au langage des contemporains (nous reviendrons plus loin sur cette critique à E. P. Thompson).

27- Grendi, Edoardo, « Introduzione », in Thompson, E. P., Società patrizia, cultura plebea… Google Scholar, op. cit., p. XXVIII.

28- E. P. Thompson, Les usages de la coutume…, op. cit., p. 59-60, cité par E. Grendi, «E. P. Thompson e la ‘cultura plebea’ », art. cit., p. 236-237.

29- E. P. Thompson, Les usages de la coutume…, op. cit., p. 113.

30- E. Grendi, « Introduzione », art. cit., p. XXVIII. Voir P.|Thompson, Edward, Whigs and Hunters: The Origin of the Black Act, Londres, Allen Lane, 1975 Google ScholarPubMed. Le lecteur français ne peut découvrir malheureusement qu’une sélection des chapitres de ce livre remarquable : La guerre des forêts. Luttes sociales dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, éd. par P. Minard, trad. par C. Jaquet, Paris, La Découverte, 2014.

31- Et pourtant, déjà dans les années 1970 et 1980, la critique de l’utilisation « réaliste » de la catégorie « populaire » avait produit des réflexions importantes : voir par exemple Revel, Jacques, « La culture populaire. Sur les usages et les abus d’un outil historiographique », in Fernández, A. Esteban et Fonquerne, Y. -R. (dir.), Culturas populares. Diferencias, divergencias, conflictos, Madrid, Universidad Complutense, 1986, p. 223239 Google Scholar ; Chartier, Roger, « Culture populaire », in Burguière, A. (dir.), Dictionnaire des sciences historiques, Paris, PUF, 1986 Google Scholar ; Passeron, Jean-Claude et Grignon, Claude, Le savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, Le Seuil, 1989 Google Scholar.

32- Scott, James C., The Moral Economy of the Peasant: Rebellion and Subsistence in South- East Asia, New Haven, Yale University Press, 1977 Google Scholar, et, plus récemment, Id., « Afterword to Moral Economies, State Spaces, and Categorical Violence », American Anthropologist, 107-3, 2005, p. 395-402. Sur cet ouvrage, et comment il a été influencé non seulement par E. P. Thompson, mais aussi par Karl Polanyi et Alexander Chayanov, voir Marc Edelman, « Bringing the Moral Economy Back in… to the Study of 21st-Century Transnational PeasantMovements », ibid., p. 331-345. Une confrontation entre E. P. Thompson et J. Scott a été proposée par Granovetter, Mark, « Economic Action and Social Structure: The Problem of Embeddedness », American Journal of Sociology, 91-3, 1985, p. 481 510 CrossRefGoogle Scholar. La moral economy a connu un succès extraordinaire au cours des trente dernières années ; une enquête (menée grâce à Google adviser) sur les occurrences de cette expression dans les titres de publications scientifiques en décompte plusieurs centaines. Elle fait voir par ailleurs que la formule a été reprise à propos de recherches sur des terrains aussi bien asiatiques que sud-américains dont certaines sont citées dans Fassin, Didier, « Les économies morales revisitées », Annales HSS, 64-6, 2009, p. 12371266, p. 1239- 1240, n. 9Google Scholar. Sur cette diffusion, voir Fassin, Didier et Eideliman, Jean-Sébastien (dir.), Économies morales contemporaines, Paris, La Découverte, 2012 Google Scholar; Fassin, Didier et Lézé, Samuel (éd.), Moral Anthropology: A Critical Reader, Londres, Routledge, 2014 Google Scholar ; Fassin, Didier (éd.), A Companion to Moral Anthropology, Hoboken, Wiley-Blackwell, 2012 CrossRefGoogle Scholar.

33- E. P. Thompson, Les usages de la coutume…, op. cit., p. 418 ; cité aussi par D. Fassin, « Les économies morales revisitées », art. cit., p. 1249, n. 31. Andywood, Selon, « Subordination, Solidarity and the Limits of Popular Agency in a Yorkshire Valley, c. 1596-1615 », Past and Present, 193, 2006, p. 4172 Google Scholar, les livres qui adoptent au plus près la formalisation du thème de l’agency suivant l’acception de J. Scott sont : Griffiths, Paul, Fox, Adam et Hindle, Steve (éd.), Experience of Authority in Early Modern England, Londres/ New York, MacMillan/St. Martin's Press, 1996 CrossRefGoogle Scholar ; Braddick, Michael J. et Walter, John (éd.), Negotiating Power in Early Modern Society: Order, Hierarchy, and Subordination in Britain and Ireland, Cambridge, Cambridge University Press, 2001 CrossRefGoogle Scholar.

34- Voir supra n. 28.

35- D. Fassin, « Les économies morales revisitées », art. cit., p. 1249.

36- Scott, James C., Weapons of the Weak: Everyday Forms of Resistance, New Haven, Yale University Press, 1985, p. 184 Google Scholar ; le passage est cité aussi par D. Fassin, « Les économies morales revisitées », art. cit., p. 1249, n. 32.

37- Ibid.

38- Et cela, bien que l’utilisation qui en est faite dans le cadre de la définition ainsi que de la défense des biens communs aille dans une toute autre direction, recouvrant une acception bien plus large. Voir les réflexions sur la justice sociale et le marché proposées par Booth, William James, « A Note on the Idea of the Moral Economy », American Political Science Review, 87-4, 1993, p. 949954 CrossRefGoogle Scholar ; Id., « On the Idea of Moral Economy », American Political Science Review, 88-3, 1994, p. 653-667 ; Cadigan, Sean, « The Moral Economy of the Commons: Ecology and Equity in the Newfoundland Cod Fishery, 1815-1855 », Labour / Le Travail, 43, 1999, p. 942 Google Scholar ; Arnold, Thomas Clay, « Rethinking Moral Economy », American Political Science Review, 95-1, 2001, p. 8595 Google Scholar ; Trawick, Paul, « The Moral Economy of Water: Equity and Antiquity in the Andean Commons », American Anthropologist, 103-2, 2001, p. 361379 CrossRefGoogle Scholar. Certains bilans, fort utiles, sur l’utilisation de la moral economy d’E. P.Thompson par les historiens et les chercheurs en sciences sociales peuvent être trouvés dans Randall, Adrian et Charlesworth, Andrew, Moral Economy and Popular Protest: Crowds, Conflict and Authority, New York, Palgrave, 2000 Google Scholar, ainsi que, plus récemment, dans l’article de Batzell, Rudi et al., « E. P. Thompson, Politics and History: Writing Social History Fifty Years after The Making of the English Working Class », Journal of Social History, 48-4, 2015, p. 753758 CrossRefGoogle Scholar. Sur l’utilisation ainsi que la critique récente venant des subaltern studies, voir Bahl, Vinay, What Went Wrong with « History from Below »: Reinstating Human Agency as Human Creativity, Kolkata, K. P. Bagchi, 2005 Google Scholar. J’estime que l’utilisation « détournée » de la formule de Daston, Lorraine, « The Moral Economy of Science », Osiris, 10, 1995, p. 224 CrossRefGoogle Scholar, a largement contribué à faire de la moral economy un code de valeurs « corporatif » : le « système équilibré de forces émotionnelles, avec des points d’équilibre et de contrainte » (p. 4) est en effet bien plus imprécis que la moral economy d’E. P. Thompson, mais il devient un réservoir de la culture de certains groupes sociaux spécifiques.

39- Kaye, Harvey J. et Mcclellan, Keith (éd.), E. P. Thompson: Critical Perspectives, Philadelphie, Temple University Press, 1990 Google Scholar, en particulier Sewell, William H. Jr., «How Classes Are Made: Critical Reflections on E. P. Thompson's Theory of Working Class Formation », p. 50-77 ; Johnson, Richard, « Edward Thompson, Eugene Genovese and Socialist-Humanist History », History Workshop Journal, 6, 1978, p. 79100 Google Scholar ; voir aussi Cerutti, Simona, « Processus et expérience. Individus, groupes et identités à Turin, au XVIIe siècle », in Revel, J. (éd.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard, 1996, p. 161186 Google Scholar.

40- La littérature sur le linguistic turn est démesurée ; pour un premier bilan, voir Bonnell, Victoria E. et Hunt, Lynn (éd.), Beyond the Cultural Turn: New Directions in the Study of Society and Culture, Berkeley, University of California Press, 1999 Google Scholar. Sur la notion d’expérience, voir l’article classique de Scott, Joan W., « The Evidence of Experience », Critical Enquiry, 17-4, 1991, p. 773797 CrossRefGoogle Scholar, ainsi que la critique de Cerutti, Simona, «Le linguistic turn en Angleterre. Notes sur un débat et ses censures », Enquêtes, 5, 1997, p. 125140 CrossRefGoogle Scholar.

41- Vivo, Filippo De, Patrizi, informatori, barbieri. Politica e comunicazione a Venezia nella prima età moderna, Milan, Feltrinelli, 2012, p. 18 Google Scholar. Ce livre est le produit d’une profonde réélaboration de Id., Information and Communication in Venice: Rethinking Early Modern Politics, Oxford, Oxford University Press, 2007. Dans le milieu anglo-saxon, cette approche a ouvert aussi la possibilité de surmonter l’opposition entre historiographie whig et courants révisionnistes qui a traversé ces dernières décennies : Lake, Peter et Pincus, Steven (éd.), The Politics of the Public Sphere in Early Modern England, Manchester, Manchester University Press, 2007 Google Scholar.

42- F. De Vivo, Patrizi, informatori, barbieri…, op. cit., p. 29-33. Témoins du grand succès du paradigme habermassien : P. Lake et S. Pincus (éd.), The Politics of the Public Sphere…, op. cit. ; Rospocher, Massimo (éd.), Beyond the Public Sphere: Opinions, Publics, Spaces in Early Modern Europe, Bologne/Berlin, Il Mulino/Duncker und Humblot, 2012 Google Scholar ; Boucheron, Patrick et Offenstadt, Nicolas (dir.), L’espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, PUF, 2011 CrossRefGoogle Scholar.

43- Scott, James C., « Preface », in Kümin, B. (éd.), Political Space in Pre-Industrial Europe, Farnham, Ashgate, 2009, p. 14 Google Scholar ; le livre rassemble aussi certains des travaux présentés au premier workshop « Social Sites – Öffentliche Räume – Lieux d’échanges, 1300-1800 » tenu en 2005.

44- James R. Brown, « DrinkingHouses and the Politics of Surveillance in Pre-Industrial Southampton » et Peter Clark, « Politics, Clubs and Social Space in Pre-Industrial Europe », in B. Kümin (éd.), Political Space…, op. cit., respectivement p. 61-80 et 81- 94. P. Clark écrit : « En nuançant le caractère éversif que l’historiographie a prêté aux auberges, aux tavernes, et surtout aux cabarets en tant que lieux du désordre, cet article voudrait montrer leur centralité dans le cadre de pratiques sociales et matérielles de surveillance à l’intérieur de la communauté provinciale » (p. 80). Voir Clark, Peter, « The Alehouse and the Alternative Society », in Pennington, D. et Thomas, K. (éd.), Puritans and Revolutionaries: Essays in Seventeenth-Century History Presented to Christopher Hill, Oxford, Clarendon Press, 1978 Google Scholar, dans la lignée de Wrightson, Keith, « Alehouses, Order and Reformation in Rural England, 1590-1660 », in Yeo, E. et Yeo, S. (éd.), Popular Culture and Class Conflict 1590-1914: Exploration in the History of Labour and Leisure, Brighton, Harvester Press, 1981Google Scholar. Voir Kümin, aussi Beat, Drinking Matters: Public Houses and Social Exchange in Early Modern Central Europe, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2007 CrossRefGoogle Scholar.

45- J. R. Brown, « Drinking Houses and the Politics of Surveillance… », art. cit., p. 80.

46- Dayton, Cornelia Hughes, « Rethinking Agency, Recovering Voices », The American Historical Review, 109-3, 2004, p. 827843, ici p. 839CrossRefGoogle Scholar. On trouve une des premières utilisations du terme agency par Thompson, E. P. dans « Agency and Choice », New Reasoner: A Quarterly Journal of Socialist Humanism, 5, 1958, p. 89107 Google Scholar. Une réflexion aiguë sur l’agency d’E. P. Thompson se trouve déjà dans Anderson, Perry, Arguments within English Marxism, Londres, Verso/NLB, 1980, p. 1658 Google Scholar. Pour une critique de ce concept « saturated […] with the categories of nineteeth-century liberalism », voir Johnson, Walter, «On Agency », Journal of Social History, 37-1, 2003, p. 113124, ici p. 114CrossRefGoogle Scholar ; tout le numéro de la revue est consacré à la discussion de ce concept. Sur l’agency, dans une perspective postmoderniste, voir Shaw, David Gary (éd.), no spécial « Agency after Postmodernism », History and Theory, 40-4, 2001 Google Scholar. Voir en outre Wood, Andy, « Subordination, Solidarity and the Limits of Popular Agency in a Yorkshire Valley, c. 1596-1615 », Past and Present, 193-1, 2006, p. 4172 CrossRefGoogle Scholar. Une belle analyse de la relation que l’on peut établir entre agency et analyses emic et etic en anthropologie se trouve dans Keane, Webb, « Self-Interpretation, Agency, and the Objects of Anthropology: Reflections on a Genealogy », Comparative Studies in Society and History, 45-2, 2003, p. 222248 CrossRefGoogle Scholar. Pour un bilan récent de l’agency thompsonienne à la lumière des analyses spatiales, voir David Featherstone et Paul Griffin, « Spatial Relations, Histories from Below and the Makings of Agency: Reflections on the Making of the English Working Class at 50 », Progress in Human Geography, à paraître.

47- Lussault, Michel, De la lutte des classes à la lutte des places, Paris, Grasset, 2009 Google Scholar.

48- Thompson, Edward P., Misère de la théorie. Contre Althusser et le marxisme anti-humaniste, trad. par A. Blin et al., Paris, Versus, [1978] 2015, p. 101 sq. Google Scholar

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50- Bohstedt, John, « The Moral Economy and the Discipline of Historical Context », Journal of Social History, 26-2, 1992, p. 265284 CrossRefGoogle Scholar, a mis en évidence que la moral economy n’était pas une « condamnation du capitalisme » mais plutôt une « correction » de l’échange, en invitant ainsi à « repenser l’économie morale comme un ensemble de tactiques pragmatiques plutôt que comme un corpus de croyances anti-capitalistes », p. 274. En suivant William Reddy, il montre à quel point, plutôt que d’être des expressions des intérêts consolidés de certains groupes sociaux, « les émeutes créaient une communauté, elles lui donnaient consistance (enacted), elles réalisaient une communauté en puissance » (p. 276). Des réflexions précoces sur le thème se trouvent dans Coats, Alfred William, « Contrary Moralities: Plebs, Paternalists and Political Economists », Past and Present, 54-1, 1972, p. 130133 CrossRefGoogle Scholar et la réponse d’ Fox-genovese, Elizabeth, « The Many Faces of Moral Economy: A Contribution to a Debate », Past and Present, 58-1, 1973, p. 161168 CrossRefGoogle Scholar ; Stevenson, John, « The ‘Moral Economy’ in the English Crowd: Myth and Reality », in Fletcher, A. et Stevenson, J. (éd.), Order and Disorder in Early Modern England, Cambridge, Cambridge University Press, 1985, p. 218238 CrossRefGoogle Scholar.

51- Torre, Angelo, Il consumo di devozioni. Religione e comunità nelle campagne dell’Ancien Régime, Venise, Marsilio, 1995 Google Scholar ; Raggio, Osvaldo, « Costruzione delle fonti e prova. Testimoniali, possesso e giurisdizione », Quaderni storici, 31-91, 1996, p. 135156 Google Scholar ; Cerutti, Simona, Giustizia sommaria. Pratiche e ideali di giustizia in una società di Ancien Régime, Torino, 18. secolo,Milan, Feltrinelli, 2003 Google Scholar ; Id., «À qui appartiennent les biens qui n’appartiennent à personne ? Citoyenneté et droit d’aubaine à l’époque moderne », Annales HSS, 62-2, 2007, p. 355-383.

52- Ogien, Albert, « Décrire ou expliquer.Notes sur une mauvaise querelle de méthode », in Ackermann, W. et al. (éd.), Décrire, un impératif ? Description, explication, interpretation en sciences sociales, Paris, EHESS, 1985, t. 1, p. 78100 Google Scholar ; Cerutti, Simona, « Histoire pragmatique, ou de la rencontre entre histoire sociale et histoire culturelle », Tracés, 15, 2008, p. 147168 CrossRefGoogle Scholar. Pour une réflexion récente sur le caractère performatif des pratiques par un philosophe, voir Roberto Frega, « Les pratiques normatives. Repenser la normativité entre philosophie et sciences sociales », in D. Cefaï et al. (éd.), dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations », Sociologies, 2015, http: //sociologies.revues.org/4969.

53- La citation, parfaitement adaptée à un contexte de l’époque moderne, est d’un historien médiéviste : Emanuele Conte, « Cose, persone, obbligazioni, consuetudini. Piccole osservazioni su grandi temi », in Faron, O. et É.hubert, (éd.), Le sol et l’immeuble. Les formes dissociées de propriété immobilière dans les villes de France et d’Italie (XII e-XIXe siècle), Rome, École française de Rome, 1995, p. 2739, ici p. 38Google Scholar ; Id., « Dai servi ai sudditi. La realitas dei contratti di status nel diritto comune », in Theisen, F. et E.|Voss, W. (éd.), Glosse, Summe, Kommentar. Juristisches und Rhetorisches in Kanonistik und Legistik, Osnabrück, Rasch, 2000, p. 3754 Google Scholar.

54- Renato Rosaldo, « Celebrating Thompson's Heroes: Social Analysis in History and Anthropology », in H. J. Kaye et K. Mcclellan (éd.), E. P. Thompson…, op. cit., p. 103-124, ici p. 104.

55- E. Grendi, « E. P. Thompson e la ‘cultura plebea’ », art. cit., p. 244.

56- Thompson, Edward P., « The Crime of Anonymity », in Hay, D. et al. (éd.), Albion's Fatal Tree: Crime and Society in Eighteenth-Century England, New York, Pantheon Books, 1975, p. 255308 Google Scholar.

57- Grendi, Edoardo, Lettere orbe. Anonimato e poteri nel Seicento genovese, Palerme, Gelka, 1989 Google Scholar.

58- E. P. Thompson, « The Crime of Anonymity », art. cit., p. 257.

59- E. Grendi, Lettere orbe…, op. cit., p. 8.

60- Pendant tout le Moyen Âge et une large part de l’époque moderne, le mot pauper a renvoyé à une notion d’absence, d’insuffisance, de manque, de « minorité », en accord avec le mot latin dont il tire son origine paulus (” peu de »), alors que l’idée de déprivation économique est plutôt associée aux termes indigens, inops et egenus : Todeschini, Giacomo, Au pays des sans-nom. Gens de mauvaise vie, personnes suspectes ou ordinaires du Moyen Âge à l’époque moderne, trad. par N. Gailius, Paris, Verdier, [2007] 2015 Google Scholar.

61- Les pauvres sont la gloire des évêques, selon saint Jérôme qui donnait ainsi une formulation à ce processus particulier de « création » ainsi que d’appropriation de la catégorie de la part des évêques au cours des premiers siècles de la chrétienté. La tutelle des pauvres devint un enjeu politique capital dans la compétition qui opposa les élites urbaines au cours du IVe siècle, et c’est bien sur ce processus que s’est greffée l’invention du caractère populaire de la chrétienté. Voir Brown, Peter, Pouvoir et persuasion dans l’Antiquité tardive. Vers un empire chrétien, trad. par P. Chuvin et H. Meunier-Chuvin, Paris, Éd. du Seuil, [1992] 1998 Google Scholar ; Id., Poverty and Leadership in the Later Roman Empire, Hanover, University Press of New England, 2002. Voir aussi Aladjidi, Priscille, Le roi « père des pauvres » (France XIIIe-XVe siècle), Rennes, PUR, [2008] 2012 Google Scholar.

62- Ibid.

63- Cerutti, Simona, Étrangers. Étude d’une condition d’incertitude dans une société d’Ancien Régime, Paris, Bayard, 2012 Google Scholar. Pour une analyse du langage de la pauvreté utilisé dans les suppliques et dans les sources judiciaires, voir les recherches (par toujours attentives aux précautions que nous venons d’évoquer) d’ Shephard, Alexandra, « Poverty, Labour and the Language of Social Description in Early Modern England », Past and Present, 201-1, 2008, p. 5194 CrossRefGoogle Scholar ; Id., Accounting for Oneself: Worth, Status, and Social Order in Early Modern England, Oxford, Oxford University Press, 2015. Voir aussi Wood, Andy, « ‘Poore Men Woll Speke One Daye’: Plebeian Languages of Deference and Defiance in England », in Harris, T. (éd.), Politics of the Excluded, c. 1500-1850, Basingstoke, Palgrave, 2001 Google Scholar. Pour l’époque médiévale, voir Mcdonough, Susan, « Impoverished Mothers and Poor Widows: Negotiating Images of Poverty in Marseille's Courts », Journal of Medieval History, 34-1, 2008, p. 6478 CrossRefGoogle Scholar ; Vermeesch, Griet, « Access to Justice: Legal Aid to the Poor at Civil Law Courts in the Eighteenth-Century Low Countries », Law and History Review, 32-3, 2014, p. 683714 CrossRefGoogle Scholar. Pour une critique d’une lecture économiste, voir Cerutti, Simona, « Travail, mobilité et légitimité. Suppliques au roi dans une société d’Ancien Régime (Turin, XVIIIe siècle) », Annales HSS, 65-3, 2010, p. 571611 Google Scholar ; Vallerani, Massimo, «La pauvreté et la citoyenneté dans les suppliques du XIVe siècle », in Cerutti, S. et Vallerani, M. (éd.), no spécial « Suppliques. Lois et cas dans la normativité de l’époque moderne », L’atelier du Centre des recherches historiques, 13, 2015 Google Scholar, https://acrh.revues.org/ 6547.

64- S. Cerutti, Giustizia sommaria…, op. cit.

65- D. Hitchcock, « Why History From Below Matters… », art. cit., parle lui aussi de sauvetage, mais dans une acception différente, liée à la perception de l’altérité : « Pour moi, l’history from below est encore un projet de sauvetage (rescue), non seulement de la ‘condescendance’ de la prétendue supériorité de notre regard contemporain par rapport à celui de nos ancêtres, mais aussi de la manière dont nous choisissons de traiter des gens que nous ne comprenons pas. L’history from below est celle qui se préoccupe de restituer ces histoires que la mémoire collective ainsi que l’histoire nationale ont marginalisées. »

66- Sur ce point, voir le livre très controversé de Jaquette, James, Discerning What Counts: The Function of the Adiaphora Topos in Paul's Letters, Atlanta, Scholars Press, 1995 Google Scholar (avec une riche bibliographie) ; Id., « Life and Death, Adiaphora and Paul's Rhetorical Strategies », Novum Testamentum, 38-1, 1996, p. 30-54.

67- Pour une bonne introduction au thème, voir Stevenson, William R. Jr., Sovereign Grace: The Place and Significance of Christian Freedom in John Calvin's Political Thought, New York, Oxford University Press, 1999 Google Scholar. Voir aussi Thomas Watson Street, « John Calvin on Adiaphora: An Exposition and Appraisal of his Theory and Practice », PhD, Union Theological Seminary, 1955. Sur les positions de Philippe Melanchton et Thomas Starkey, voir Zeeveld, W. Gordon, Foundations of Tudor Policy, Cambridge, Harvard University Press, 1948 CrossRefGoogle Scholar, et le compte rendu critique de Mayer, Thomas F., « Starkey and Melanchthon on Adiaphora: A Critique of W. Gordon Zeeveld », The Sixteenth Century Journal, 11-1, 1980, p. 3950.CrossRefGoogle Scholar

68- Bradshaw, William, Treatise of the Nature and Use of Things Indifferent: Tending to Prove, That the Ceremonies in Present Controversie amongst the Minister of the Gospell in the Realme of England, are Neither in Nature nor Use Indifferent, Londres, W. Jones’ Secret Press, 1605 Google Scholar. Voir Verkamp, Bernard J., The Indifferent Mean: Adiaphorism in the English Reformation to 1554, Athens,Ohio University Press, 1977 Google Scholar ; Greaves, Richard L., « Concepts of Political Obedience in Late Tudor England: Conflicting Perspectives », Journal of British Studies, 22-1, 1982, p. 2334 CrossRefGoogle Scholar.

69- Les arguments sont présentés par Locke, John dans la Lettre sur la tolérance (1689), trad. par J. Le Clerc, Paris, Flammarion, [1710] 1992, p. 2033 Google Scholar et le Traité du gouvernement civil (1690), trad. par D. Mazel, [1795] 2002, http://classiques.uqac.ca/classiques/lockejohn/traitedugouvernement/traitedugouvcivil.pdf, p. 28 sq., en réponse aux propos d’Edward Bagshaw, The Great Question Concerning Things Indifferent in Religious Worship, Londres, s. n., 1660. Sur ce débat, voir Creppell, Ingrid, « Locke on Toleration: The Transformation of Constraint », Political Theory, 24-2, 1996, p. 200240 CrossRefGoogle Scholar et surtout Rose, Jacqueline, « John Locke, ‘Matters Indifferent’, and the Restoration of the Church of England », The Historical Journal, 48-3, 2005, p. 601621 CrossRefGoogle Scholar, avec une riche bibliographie.

70- On en trouve un bon exemple dans Ferrière, Jean-Antoine, Traité des Tutelles, divisé en quatre parties…, Toulouse, A. Birosse, 1766 Google Scholar.

71- François, Grimaudet, Des causes qui excusent le dol, livre unique, Paris, Marnef/ Vve Cavellat, [1569] 1585 Google Scholar. Je remercie Françoise Briegel pour avoir attiré mon attention sur ce traité, dans le cadre de notre travail commun sur la responsabilité en justice pendant l’époque moderne.

72- Ibid., p. 33-34.

73- Ibid., p. 33.

74- Ibid.

75- C’est une position partagée, par exemple, par Robert Barnes, d’après lequel « les lois humaines n’engagent pas la conscience » ; cité dans B. J. Verkamp, The Indifferent Mean…, op. cit., p. 42.

76- Angus|Gowland, « The Problem of Early Modern Melancholy », Past and Present, 191, 2006, p. 77120 CrossRefGoogle Scholar, souligne le lien existant entre diffusion du protestantisme et diffusion de la mélancolie, sans inscrire toutefois le phénomène dans le débat contemporain sur les limites de l’obéissance et sur les formes de résistance à l’autorité.