Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Depuis 1958, la nouvelle histoire économique a triomphé dans les universités américaines de ce qu'il convient désormais d'appeler la « vieille » histoire économique. Il aurait pu s'agir d'une mode passagère, comme on en voit tant outre-Atlantique, mais non ! quoi qu'en aient les esprits chagrins qui revendiquent le privilège de parler de tout, sans aucune compétence, cette ascension ne s'explique pas par le savoir-faire de quelques habiles bateleurs déguisés en magiciens de l'ordinateur, mais par la nécessaire remise en cause de l'histoire traditionnelle, dont les interprétations impressionnistes manquent de rigueur scientifique. De ce point de vue, il est bien regrettable que les historiens français aient pris un tel retard dans le domaine de l'histoire économique, alors qu'ils se sont si brillamment illustrés dans la démographie.
1. Ce thème a été abordé dans une conférence sur La Nouvelle Histoire économique que j'ai présentée à Lyon le 6 mars 1976. Voir le Bulletin du Centre d'histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1976. Parmi les articles publiés en français sur cette question, certains sont une mise au point plutôt favorable, comme ceux de Lévy-Leboyer, Maurice, « La “New Economie History ” », Annales, ESC, n° 5, sept.-oct. 1969, pp. 1035–1069 Google Scholar, ou de Ponsot, Pierre, « Crise et mutation de l'histoire économique : la “Seconde rencontre ” », Revista de la Universitad de Madrid, vol. XX, n° 78, 1972, pp. 5–22 Google Scholar ; d'autres au contraire sont très critiques, comme celui de Marianne, et Debouzy, Jacques, « La “New Economie History ”, splendeurs et misères d'une “nouveauté” », Politique aujourd'hui, nov.-déc. 1975, pp. 33–53 Google Scholar. La série d'articles publiés par Andreano, Ralph L., The New Economie History. Recent papers on methodology, New York, John Wiley & Sons, 1970, 178 p.Google Scholar, est paru en 1977 en traduction française, dans la « Bibliothèque des histoires », chez Gallimard, sous le titre : La Nouvelle Histoire économique. Exposés récents sur la méthodologie, avec une présentation de J. Heffer.
2. Les articles français inspirés par les méthodes de la nouvelle histoire économique sont malheureusement trop rares. Voir Heffer, Jean, « La convergence des revenus par tête aux États-Unis », Travaux de l'Institut de géographie de Reims, nos 21-22, 1975, pp. 107–126 CrossRefGoogle Scholar.
3. Roy Ladurie, Emmanuel le, Le Territoire de l'historien, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires», 1973, p. 22 Google Scholar.
4. Ibid., p. 14.
5. Fogel, Robert, « The limits of quantitative methods in history », The American Historical Review, 80, n° 2, avril 1975, pp. 329–350 CrossRefGoogle Scholar.
6. Redlich, Fritz, « ‘New’ and traditional approaches to économie history and their interdependence », The Journal of Economie History, vol. XXV, n° 4, décembre 1965 Google Scholar ; reproduit dans Redlich, Fritz, Steeped in two cultures. A selection of essays written by Fritz Redlich, New York, Harper and Row, 1971, p. 347 Google Scholar.
7. Fogel, Robert et Engerman, Stanley, Time on the cross, 2 vol., Boston, Little Brown and C°, 1974 Google Scholar.
8. Fogel, Robert, « The limits… », op. cit., p. 342 Google Scholar.
9. Mises, Ludwig von, Theory and history. An interpretation of social and economie evolution, New Rochelle, Arlington House, 1969 (reprint de l'édition de 1957). Voir le chapitre 12 : « Psychology and thymology », pp. 264–284 Google Scholar.
10. Fogel, Robert, « The limits… », op. cit., pp. 349–350 Google Scholar : « Dans l'avenir, l'histoire se composera d'un mélange de preuves systématiques sujettes à des tests statistiques rigoureux et de preuves informelles ou fragmentaires. L'exclusion de l'un ou de l'autre type de preuves appauvrira plus qu'elle n'enrichira l'histoire. On souhaite une génération de chercheurs formés à l'utilisation de toutes les catégories de preuves, sur lesquelles les historiens doivent faire fonds. Je ne propose pas que tout historien doive posséder également des capacités quantitatives et littéraires. Il y aura place pour une division du travail dans l'avenir, comme dans le passé. Cependant, je ne pense pas que la quantification exige l'abandon de la synthèse comme ultime accomplissement de l'historiographie. Pas plus que je ne pense que la quantification exige l'abandon de l'histoire comme art littéraire. »
11. L'ouvrage de Soltow, Lee analysé ici s'intitule Men and wealth in the United States, 1850-1870, New Haven-Londres, Yale University Press, 1975, xx-206 p.Google Scholar Il faut ajouter deux articles du même auteur parus dans Journal of Economie History : « Evidence on income inequality in the United States, 1866-1965 », vol. XXIX, n° 2, juin 1969, pp. 279-286, et « Economie inequality in the United States in the period from 1790 to 1860 », vol. XXX, n° 4, décembre 1971, pp. 822-839, ainsi que la discussion entre Gallman, et Soltow, dans Soltow, Lee éd., Six papers on the size distribution of wealth and income. National Bureau of Economie Research, Studies in income and wealth, vol. XXXIII, New York, Columbia University Press, 1969, 264 pGoogle Scholar. Voir aussi Lebergott, Stanley, « Are the rich getting richer ? Trends in United States wealth concentration », The Journal of Economie History, vol. XXXVI, n° 1, mars 1976, pp. 147–162 CrossRefGoogle Scholar, avec « Comment by Soltow », pp. 163-165. Sur la nécessité d'aborder ces questions à partir d'échantillons sans biais, voir Pessen, Edward, « Moses Beach revisited : A critical examination of his wealthy citizens pamphlets », The Journal of American History, vol. LVIII, n” 2, septembre 1971, pp. 415–426 CrossRefGoogle Scholar.
12. L'indice de Gini (G) est la proportion de la surface totale située sous la diagonale du carré, qui est comprise entre la diagonale et la courbe de Lorenz ; le pourcentage cumulé des individus est représenté en abscisse, le pourcentage cumulé du revenu global en ordonnée. Quand G = 0, l'égalité est parfaite ; quant G = 1, l'inégalité est parfaite. Pour calculer l'indice de Gini, voir Miller, Herman P., Rich man, poor man, New York, Thomas Y. Crowell, 1971, pp. 274–277 Google Scholar.
13. Soltow, Lee, Men and wealth, op. cit., pp. 39 Google Scholar, 80 et 109.
14. Vilfredo, Pareto, Cours d'économie politique, tome second, p. 313 Google Scholar, au tome I des Œuvres complètes, Genève, Librairie Droz, 1964.
15. Ibid., p. 324.
16. Vilfredo Pareto, Écrits sur la courbe de la répartition de la richesse, réunis et présentés par Giovanni Busino, au tome III des Œuvres complètes, Genève, Librairie Droz, 1965, pp. xx- XXI.
17. Williamson, Jeffrey G., Late nineteenth-century American development. A general equilibrium history, Londres, Cambridge University Press, 1974, 350 p.Google Scholar
18. Pour une bonne introduction à ces questions, voir Quirk, James et Saposnik, Rubin, Théorie de l'équilibre général et économie du bien-être, Paris, P.U.F., 1974, 235 p.Google Scholar (traduction d'un ouvrage américan paru en 1968).
19. Temin, Peter, «General equilibrium models in economie history», The Journal of Economie History, vol. XXXI, n° 1, mars 1971, pp. 58–75 CrossRefGoogle Scholar.
20. Quirk, et Saposnik, , op. cit., p. 207 Google Scholar.
21. Temin, Peter, op. cit., pp. 73–74 Google Scholar.
22. Williamson, J. G., op. cit., pp. 15–16 Google Scholar.
23. Ibid., p. 40.
24. Sur les modèles de croissance, il existe une très abondante littérature. Parmi les ouvrages récents, signalons Problématiques de la croissance. Vol. I : Néo-classiques et néo-keynésiens. Vol. II : Marx, Sraffa et le retour aux classiques, textes choisis, traduits et présentés par G. Abraham-Frois, avec la collaboration de P. Gibert et Ph. De Lavergne, Paris, Economica, 1974, 200 p. et 289 p . ; Britto, R., Théorie de la croissance économique. Réflexions sur les travaux récents, Paris, Economica, 1975, 43 p.Google Scholar ; la thèse présentée à la Faculté de droit et des sciences économiques et sociales de l'université de Fribourg par Villet, Maurice, Croissance économique et accumulation du capital. Analyse des modèles classiques, néo-classiques et keynésiens (manuscrit ronéoté), 1969, 209 p.Google Scholar
25. Davis, Lance E., « The Investment market, 1870-1914: the evolution of a national market », The Journal of Economie History, vol. XXV, n° 3, septembre 1965, pp. 355–399 CrossRefGoogle Scholar.
26. On peut rétablir les erreurs de la colonne 5 du tableau A. 24, p. 282, en se reportant au tableau A. 25, p. 283, vol. 1, où PAW = 100. La série est donc la suivante:
Dans le tableau A. 25, p. 283, à noter une erreur pour 1870 à la col. 2 : (PIE/PAF.) x 100 = 50 (et non 56).
27. Wright, Gavin, « Cliometrics in Ohio : A consumer's guide », Reviews in American History, vol. 4, n° 1, mars 1976, p. 76 CrossRefGoogle Scholar.