Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Il n'est pas aisé d'écrire l'histoire des catholiques français au XIXe siècle. Elle est si diverse, si touffue, qu'à l'envisager d'un point de vue limité on risque d'en fausser la figure. Elle n'est pas non plus indépendante ; peut-être faudrait-il, pour comprendre certaines orientations françaises dans la première partie du siècle, exposer ce qui se passait en même temps à Vienne, à Munster, à Munich et, cela va sans dire, à Rome. Il faut aussi très bien connaître les positions de départ, au sortir de l'Ancien Régime et de la Révolution. Le XIXe siècle catholique s-'avère, en France, d'une vitalité peu commune, en tous les sens et sur tous les plans. Compromissions et puretés, affinements spirituels et partis pris étroits, générosités intérieures et force brutale d'expansion, gestes coupables et gestes héroïques alternent dans le fourmillement d'un mouvement qui remue la majorité de la France, spécialement les masses populaires. Et si l'on peut relever, dans ce siècle catholique, de vilains aspects, on y rencontre également d'authentiques histoires qui prennent un peu la forme d'épopées.
Note de la Direction. — Il suffira de lire le vigoureux article du P. Vicaire pour comprendre en quoi et pourquoi le débat qu'il instaure importe profondément aux Annales. — Opposition de deux attitudes au sein d'un même catholicisme ? Critique d'un livre, d'ailleurs plein de talent ? Il s'agit bien de cela… — Désir de synthèse, de totale et efficace, synthèse et sentiment du rôle que jouent les masses dans leurs profondeurs, en dessous des eaux do surface qu'agitent dans leurs évolutions les figurants agiles de la politique ? Sans doute : mais c'est l'aspect méthodologique du débat. Si important qu'il soit à nos yeux, il le cède à l'aspect sociologique : ou si l'on préfère, à l'aspect proprement et véritablement historique, au sens qu'à l'épithète dans cette Revue. De toute évidence, le problème dlu « pourquoi », toi que le pose le P. Vicaire à propos de l'attitude religieuse des masses ouvrières au cours du XIXe siècle tout entier (et mâme par delà, en remontant, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle: rappelons-nous les pages remarquables, prénétrantes, de Jaurès, dans l'Histoire Sociale, sur le christianisme des artisans parisiens de la Révolution à ses débuts) — de toute évidence, ce problème est d'importance capitale pour qui veut « penser la France » du XIXe siècle correctement. Et, bien penser la France, qu'on le veuille oui non, c'est bien comprendre, du même coup, tant de positions européennes sur qui les positions françaises ont agi fortement et agissent toujours en dépit de tout. — Histoire de la Civilisation au plein sens du mot.
page 318 note 1. Histoire des catholiques français au XIXe siècle, Genèive-Paris-Montréal, 1947.
page 321 note 1. Repris depuis lors dans un livre sur La Tragédie de 1848.
page 322 note 1. On trouvera sur cette crise des pages fines et pénétrantes, dans leur brièveté nécessaire, d'Emmanuel Mounier, dans la préface d'un choix très heureux de textes (Montalembert, Coll. Le cri de la France, L. U. F. Paris, 1945, p. 15 à 18). Il cite notamment cette confidence, douloureuse et significative après la journée fatale du 15 mai : « Toutes mes croyances sont ébranlées, pour ne pas dire détruites. J'ai voué les vingt plus belles années de ma vie a une chimère… » (déjà cité par Lhcanuet, Montalembert, t. II 1898, p. 401).