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Sur l'origine et les dimensions du territoire urbain

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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Un des problèmes délicats auxquels se trouve affronté l'historien du haut Moyen Age est celui du sens réel à donner aux mots qui, en latin, désignent les différentes agglomérations humaines. L'imprécision des termes vicus, villa, civitas, urbs, castrum, castellum, burgus, pagus, oppidum, dans les textes mérovingiens et carolingiens a souvent été soulignée. Leur signification a évolué d'un siècle à l'autre, d'un endroit à l'autre,, et il est difficile de cerner les réalités qu'ils recouvrent. N'a-t-on pas, de nos jours encore, le plus grand mal à se mettre d'accord sur une définition de la « ville »? Les savants qui ont cherché à fixer ces notions fuyantes concluent souvent de façon contradictoire, car chacun utilise la documentation qui lui est propre.

Type
Les Domaines de L'Histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1972

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References

1. A. Jacobs, Géographie de Grégoire de Tours, 2e éd., Paris, 1858; A. Longnon, Géographie de la Gaule au VI° siècle, Paris, 1878; J. F. Verbruggen, « Note sur le sens des mots castrum, castellum et quelques autres expressions qui désignent des fortifications », Revue belge de phil. et d'hist, 28, 1950, pp. 147-155; E. Ennen, Frûhgeschichte der europalschen Stadt, Bonn, 1953, pp. 44-50 : Die germanischen oppida; Studien zu den Anfângen des europalschen Stâdtewesetts, Lindau- Constance, s.d. [1958] (Vortrâge und Forschungen, TV), passim et surtout p. 164 et suiv. : H. Buetner, « Fruhmittelalterliches Stâdtewesen in Frankreich »; C. Battisti, « La terminologia urbana nel latino dell'alto medioevo con particolare riguardo ail’ Italia », Settimane di studio di Spoleto, VI, 1959, pp. 647-678 et 699; etc.

2. F. L. Ganshof, Settimane di Studio di Spoleto, VI, 1959, p. 681.

3. C'est, en somme, une application aux périodes anciennes de la méthode préconisée par J. Vendryes, « Pour une étymologie statique », Bulletin de la Soc. de linguistique de Paris, 49, 1953, pp. 1-19.

4. A Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymol. de la langue latine, 3e éd. 1951, s.v. et A. Ernout, Philologica, I, Paris, 1946, pp. 107-108.

5. W. Schlesinoer, « Stâdtische friihformen zwischen Rhein und Elbe », Studien z.d. Anfângen d. europ. Stâdtewesens, pp. 347 et suiv. et la bibl. de la note 348.

7. Longnon, A., Géogr. de la Gaule, p. 8 Google Scholar ; Chaume, Les origines du duché de Bourgogne, 2e partie, m, p. 752.

8. V. n. 112.

9. Mon. Germ. Hist., Form. Turon., 42, p. 158.

10. W. Schlesinoer, « Burg und Stadt, Aus Verfassungs- und Landesgeschichte » (Festschrift für Theodor Mayer, 1954), Beitrâge zur deutschen Verfassungsgeschichte des Mittelalters, 2 (1963); H. Van Werveke, « Burgus, versterking of nederzetting ? » (avec un résumé en français : « Burgus : fortification ou agglomération ? »), Verhandelingen van de koninklijke Vlaamse Académie, Kl. der Letteren, XXVII, n° 59, 1965, pp. 91-98.

11. Les fausses étymologies médiévales, au moins les plus anciennes, peuvent contenir un peu de vrai. Orose écrit que les Burgondes vaincus « per castra dispositos… ita etiam nomen ex opère praesumpsisse quia crebra per limitent habitacula constituta, burgos vulgo vocant ». Hist. adv. paganos, VII, 32, éd. Migne, P. L., 31, col. 1144. — Isodore de Séville reprend les termes d'Orose avec une légère modification significative : « per castrorum limitent positi ». Etymol., IX, 2, 99. — Enfin, Liutprand de Crémone écrit, au xe siècle, que les Romains ordonnèrent aux Burgondes vaincus et captifs « ut extra urbem domos sibi sustollerent… et quonian ipsi domorum congregationem quae muro non clauditur burgum vocant, Burgundiones a Romanis, quod est a burgo expulsi, appellati sunt ». Antapodosis, III, 45, éd. Diimmler, p. 74. En 1375, Raoul de Presles reprend cette explication dans le Commentaire qu'il joint à sa traduction de la Cité de Dieu. Il retrace la naissance du bourg commerçant qui, à Paris, précéda les Halles, sur la rive droite de la Seine : «… Et pour raison du marchié y commencèrent premièrement les gens à faire loges et petites bordes, comme firent les Bourguignons quant ils vindrent premièrement en Bourgoingne. Et puis petit à petit y ediffierent maisons et y fist l'en haies… » Texte publié par Leroux de Lincy et Tisserand, Paris et ses historiens aux XIV et XV siècles, Paris, 1867, p. 110. — Les loges et bordes de Raoul de Presles correspondent aux habitacula d'Orose, dont nous savons que Raoul avait lu le texte. Loge vient du germ. laubja (allemand : Laub « feuillage »); borde vient du germ. bord, (haut ail. port « planche »). Les loges et les bordes sont des « abris en feuillage et en planche », des « cabanes », des « baraques », dont le groupement constituait le bourg, germ. burg. La pauvreté de moyens de ces constructions légères avait retenu l'attention des indigènes, comme de nos jours celle des « bidonvilles ».

12. Tacite, Annales, I, 56. — Pagus vient de la racine *pag depango qui rappelle sans doute la borne fichée en terre pour délimiter le territoire, l'enclos du village. Le mot a disparu mais son sens rustique et territorial subsiste dans ses dérivés : paganus, pagensis, « paysan, payen, pays ».

13. CÉSAR, De bellogallico, VI, 11, 2; 23, 5. Cf. C. Jullian, Hist. de la Gaule, II, p. 15 et note 4; abbé Chaume, loc. cit., 2e part., III, p. 756.

14. A. Grenier, Manuel d'archéologie gallo-romaine, I, pp. 166-167.

15. Chaume, op. cit., II, 2, p. 512.

16. Pâtres et paysans de la Sardaigne, Tours, 1941 : Les conditions historiques de la vie rurale, pp. 113-137; Leçon inaugurale au Collège de France, 9 janvier 1970, p. 7.

17. H. Pirenne, Les villes et les institutions urbaines, Paris-Bruxelles, 1939, I, p. 197.

18. Une inscription antique du musée de Ratisbonne mentionne VAedilis territorii contrarii qui semble bien être le fonctionnaire qui s'occupait des constructions dans la zone circonvoisine. Cf. E. Klebel, « Regensburg », Studien z. d. Anfângen des eur. Stâdtewesens, p. 87. — Le rayon du ressort municipal de la ville antique correspond « à peu près au périmètre d'alimentation des aqueducs ». L. Musset, « Les villes épiscopales et la naissance des églises suburbaines en Normandie », Revue d'hist. de l'ég. de France, 34, 1948, p. 9.

19. Sur ce qui précède : L. Chiappelli, « La formazione storica del comune cittadino in Italia », Archivo storico italiano, s. VII, t. 9-11,1926-1930; G. Menoozzi, La citta italiana nelV Alto medio evo, Rome, 1914; 2’ éd., Florence, 1931 ; C. G. Mor, « Libertés urbaines et libertés rurales en Italie (M'-HV* S.) », Les libertés urbaines et rurales du XI’ au XIV siècle. Colloque internat, de Spa, 5-8 sept. 1966. Actes, Bruxelles, 1968, p. 173.

20. Paulys Realencyclopâdie der classischen Altertums Wissenschaft, s. v. oppidum, t. 18, 1, 1939, col. 716.

21. De bell. gall, HI, 12 et V, 21.

22. A. Grenter écrit : « L'oppidum est avant tout une place de guerre. Il paraît issu du refuge primitif où s'est fixée peu à peu une population stable », Manuel, 2° part., 2, p. 667. — Il préconise là une évolution sémantique inverse de celle généralement admise et qui va de l'intérieur vers l'extérieur : oppidum serait le neutre d'un adjectif signifiant « solide, fort ». Le terme aurait désigné d'abord la fortification, puis l'espace abrité par elle et, enfin, l'espace progressivement peuplé alentour. Il n'est pas indifférent de rappeler les étymologies proposées par Cicéron : « Oppidum dictum ab eo quod opem det eo confugientibus » et par Varron : « Oppidum ab opi dictum quod munitur opis causa, ubi sit et quod opus est ad vitam gerendam. » Elles témoignent de leur conception de la chose.

23. « … ad oppidum Avaricum quod erat maximum munitissimumque in finibus Biturigum…; eo oppido recepto, civitatem Biturigum se in potestatem redacturum confidebat. » De bell. gall., VU, 13 et 15.

24. « … pulcherrimam prope totius Galliae urbem, quae praesidio et ornamento sit civitati. » Ibid., VII, 15,4. — Plus haut il est question de l'incendie en un seul jour de plus de vingt villes (urbes). Ibid., VU, 15, 1.

25. Ibid., VII, 68, 1 et 4, 2; VU, 68, 3 et 36, 1.

26. Besançon, I, 38; Alésia : VII, 84, 1.

27. A. Grenier, Manuel, VI, L'Archéologie du sol, p. 20.

28. Ex. à Lyon, au ve-vne siècle encore. V. ci-dessous 380 et n. 43.

29. Selon l'expression de l'empereur Hadrien. Aulu Gelle, NOC. Attic, XVI, 13. — V. la discussion du passage et les conclusions qu'en tire J. Totjtain, « Étude sur l'organisation municipale du Haut Empire », Mél. de VEc.fr. de Rome, 1896, pp. 321-329 et l'art, du même auteur dans Daremberg et Saglio, III, s.v. municipium.

30. Ibidem.

31. Voir n. 62.

32. V. l'adresse de la Vita S. Marcelli, écrite du vivant de saint Germain, donc avant le 28 mai 576 : « … Meo lumini praeponendo domino et dulci patri Germano papae. » M.G.H., Auct. anttq. IV, 2, p. 49.

33. « Tune praecedente pontifice bestiam/we tribus milibus omnes prosecuti sunt. » Ibid., p. 54.

34. « Marcellus vero Parisiacae urbis episcopus, qui quondam, ut in ejus vita legitur, serpentem immensum hoc depellit ab oppido et nunc in ipsius civitatis vico quiescit. » Lib. in glor. confessorum, 87, éd. Arndt et Krusch, M.G.H. Scr. rer. merov., I, 1. M. Roblin a noté que : « Sur la route antique de Lutèce à Genabum la tombisoire parisienne marque la fin du territoire proprement urbain. » « De Lourcines à la Tombe Issoire », Paris et Ile-de- France, XV, 1964, p. 42. La « Tombe Issoire » était une butte située sur la rue actuelle de ce nom à l'endroit où s'en écarte la rue du Père-Corentin, à deux milles environ du cours de la Seine. Elle fut utilisée comme borne frontalière pour marquer la séparation des territoires de Lourcines et de Montrouge, ce qui explique peut-être son maintien dans la toponymie. Mais la formation du mot était si ancienne qu'on avait oublié son sens primitif et qu'une de ces fausses étymologies, si fréquentes au> Moyen Age, en avait fait la « Tombe du géant Isoré », source d'une légende, dès le xne siècle. Tous les plans des xvne et xvme siècles portent son nom. H. Sauvai (1623-1676) mentionne « la Croix de la Tombe Isoire, élevée sur le tombeau du géant Isoire à ce qu'on tient, et dont il ne reste plus qu'un petit bout à mille ou douze cens pas du fauxbourg Saint Jaques, sur le grand chemin d'Orléans. » Hist. et rech. des antiq. de la ville de Paris. Paris, 1724, t. II, liv. VIII, p. 351. — V. aussi la bibl. citée par M. Roblin. Plusieurs explications ont été proposées du toponyme « Tombe Issoire ». Cf. F. Lot, « Notes sur le Moniage Guillaume. I. Tombe Issoire ou Tombe Isoré ? », Rotnania, 26,1897, pp. 481-491 et en dernier M. Roblin, loc. cit. Mais nous pensons qu'il s'agissait d'un tertre ou tumulus, dernier point de repère possible au bord de la route de plaine avant de « sortir » (issir) du territoire de Paris dans la direction d'Orléans. Issoire serait un adjectif verbal de dérivation populaire et ancienne, formé, d'une façon couramment attestée, du radical du participe passé du verbe latin exire > eissir > issir (dont nous avons conservé le subst. particip. issue, dans le sens de « sortie »), et du suffixe -orius indiquant l'endroit où se fait l'action. Cf. Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, Dict. gén. de la langue française, I, p. 60, paragraphe 113. — Au Mans, le pont Yssoir, sur la Sarthe, permet de sortir de la ville gallo-romaine pour gagner la rive droite du fleuve et la vieille église du Pré.

35. «… nisi tantum sancti et apostoloci illius urbis episcopus, in cujus oppedum exsinodocius ipse ponetur. » Marculf, Formulae, éd. Zeumer, II, 1, p. 72. Au xrve siècle, Foulque de Chanac, qui se fit sacrer évêque de Paris à Notre-Dame-des-Champs en 1342, revendiquait sur le prieuré le droit de visite et de procuration épiscopale. Lebeuf, Hist. de la ville et de tout le dioc. de Paris, 1754-1758, rééd. par F. Bournon, 1883-1893,1, p. 147. Vers 1124, des vignes sises in territorio Béate Marie de Campis sont dites aput Parisium. R. De Lasteyrie, Cartulaire général de Paris, n” 207.

36. L. Levuxain situait l'église Notre-Dame dont parle Marculf « dans la Cité, à l'intérieur des fortifications », « Le formulaire de Marculf et la critique moderne », Bibl. de l'Ec. des Chartes, 84, 1923, p. 81. V. aussi : « Les anciennes églises suburbaines de Paris (rve-xe siècle) », Paris et Ilede- France, XI, 1960, p. 75, n. 1 et p. 85, n. 3; M. Fleury, Comm. à la soc. des Antiq. de France en 1963.

37. « … basilica sancti Vincentii et sancti Germani sub opidum Parisius constructa » (772). Cart. gén. de Paris, n” 22, p. 29. — L'expression est à rapprocher de celle employée au début du rxe siècle par l'auteur des Gesta Dagoberti, 15, éd. Krusch, p. 405 : « Clotharius… suburbano Parisius in ecclesia Sancti Vincentii sepelitur. »

38. « … ad basileca ipsius sancti Dioninsio vel relequa loca sancta infra oppedum Parisiorum civetatis. » Acte de Clotaire II daté de 626-627, publ. par Lauer Et Samaran, Diplômes orig. des Mérovingiens, n° 2. Le sens de relequa situe à n'en pas douter la basilique de saint Denis à l'intérieur (infra) de l'oppidum. Les mots civitas et oppidum traduisent ici les mêmes réalités que sous la plume de Fortunat et de Grégoire de Tours, peu de temps auparavant : l'île de la Cité où résidait l'évêque et l'espace qui s'étendait alentour jusqu'à une distance de 3 milles.

39. L'auteur publiera prochainement les résultats de ses recherches à ce sujet.

40. Historia francorum, éd. Arndt et Krusch, M.G.H., Scr. rer. merov., passim et en particulier : IV, 1 ; VI, 46; VI, 9; V, 34.

41. Ibid., VI, 14.

42. Voir le texte cité n. 38. — Sur la banlieue de Paris, voir ci-dessous n. 76.

43. Le saint homme refuse l'or offert par l'empereur : « Si, inquid, me tuis muneribus locupletari desideras, illud quod cunctae proflciet civitati largire… Tributus, ait, in tertio circa muros miliario civitatis, quod tuis debetur stipendiis, populis cède… » « et tributum petitum civitati concedit. Unde usque hodie circa muros urbis illius in tertio miliario tributa non redduntur in publico ». Lib. in glor. confess., 62, éd. Arndt, p. 784. Il s'agirait de l'empereur d'Orient Léon I “ (457-473). Cf. A. CovnXE, Recherches sur l'histoire de Lyon du V au IXe siècle (450-800), Paris, 1928, pp. 132-134.

44. Vita s. Gaugerici, ep. Camaracensis, M.G.H., Scr. rer. merov, III, p. 657.

45. « Obpugnant oppidum incenduntque. Capto oppido et incenso, aciem ordinant ex adverso portae orientalis. » Rerum gestarum saxonicarum, lib. I, c. 9, éd. Waitz, M.G.H., Scr., n i , p. 422. « Oppido potito et incenso et omnibus quae foras murum erant captis vel interfectis… » Ibid., lib. III, c. 45.

46. W. Schlesinger, « Stâdtische Friihformen zwischen Rhein und Elbe », loc. cit., p. 333 et n. 235 et p. 360.

47. Édifiée pendant l'abbatiat d'Adelard II (1055-1082).

48. La ville de Saint-Trond au Moyen Age, des origines à la fin du XIV siècle, Paris, 1965 (Bibl. Fac. de Phil. et Let. de l'Univ. de Liège, 173), p. 139. Bibliogr. note 93.

49. Confirmation de cette date par Albéron III, son successeur. C. PIOT, Cartulaire de Saint- Trond (741-1596), Bruxelles, 1870-1875,1, p. 20, n° 15. Voir aussi, p. 30, n” 22 (1107).

50. « … ut censum qui de prefato scruto ecclesie Sancti Trudonis jure debetur de omnibus tabernis que vel infra villam Sancti Trudonis vel extra villam site sunt que ad ipsam villam pertinent nulli contradicere aut retinere liceat. » Ibid., p. 56, n” 43 (1140).

51. J. Du Pas, Le bourgeois de Saint-Omer. Sa condition juridique dans les institutions communales, Lille, 1930, p. 44.

52. « Milites vero qui de circum adjacentibus villis ob infestationem inimicorum suorum oppidum nostrum incolebant, cum adhuc esset sine omni vallo et munitione, tanta tamen pacis securitate in eo manebant, ut si forte contigisset aliquando eos super hostes suos longius processisse et fugientes, ut plerumque assolet, redire, hanc praestantis beneficii gratiam ex meritis et reverentia beati Trudonis haberent, quatenus ex eo loco cessarent eos inimici eorum insequi, quo primum poterat altior pars turris monasterii nostri videri. » Gesta abbatum Trudonensium, éd. C. de Borman, 1877,1, p. 18. « Praeterea turris monasterii firmissima quasi arx excelsa in medio oppidi, instar montis, eminebat. » Ibid., I, p. 41.

53. L'abbé Rodolphe écrit à propos du siège de 1086 : « Erat tune temporis totum oppidum nostrum vallo fortissimo munitum. » Ibid., I, p. 41. L'église Sainte-Marie est dite « in oppido burgi Sancti Trudonis » (1163) et l'église Saint-Gengoult « infra septum continebatur opidi » (1133). Cartul. de Saint-Trond, I, p. 105, n° 79 et p. 44, n° 34.

54. «… quas reliquias acceptas, cum terminum antedictae civitatis ingressus fuisset, occurrit ei… » Grégoire de Tours, De virtutibus sancti Martini, II, 36. Ed. Arndt, p. 622.

55. V. p. 379, l'équivalence Parisiacum terminum — terminum civitatis. — A la fin du vie siècle, l'évêque de Paris ordonne d'expulser un imposteur : «jussit eum a termino Parisiacae urbis excludi. » Hist. Francor., IX, 6, éd. Arndt, p. 362. — A Tours, c'est un faux prophète qui est chassé : « ejectus est extra urbis terminum. » Ibid., p. 361. — Pendant la peste qui ravage la Germanie Première, en 543, les habitants de Reims portent le voile qui recouvrait le tombeau de saint Rémi tout autour de la ville et circonscrivent ainsi un cercle à l'intérieur duquel le fléau n'ose pénétrer : «… circumeunt urbem cum vicis, nec praetereunt ullum hospitium quem non hac circuitione concludant. Quid plura ? non post multos dies fines hujus civitatis lues adgreditur memorata. Verum tamen usque ad eum locum accedens quo beati pignus accessit ac si constitutum cerneret terminum, intra ingredi non modo est ausa. » De glor. confess., 78, éd. Arndt, p. 796. Au xne siècle, Heriman nous parle de la procession ordonnée autour de Tournai, également contre la peste, par l'évêque Rabodus, mais il ne nous dit pas à quelle distance de la ville elle circula : « Praeterea in sequenti sancte Crucis exaltatione universum populum cum sahetorum pignoribus nudis pedibus totam urbem forinsecus processionem faciendo circuire constituit. » Liber de restauratione S. Martini Tornacensis, M.G.H., Scr., XIV, p. 277, paragraphe 6.

56. C'est le cas à Reims et à Saint-Trond. Voir notes 55 et 52.

57. En 876, les religieux de Saint-Denis, en fuite devant les Normands, débarquent les reliques qu'ils transportent sur l'Aisne à trois milles de Concevreux (près de Chaudardes, Aisne) et les exposent dans l'église voisine dédiée à saint Martin : « … quae corpora cum tertio ab ipsa villa pervenissent miliario, eximuntur navi… in sancti Martini exponuntur ecclesiam. » Mirac. S. Dionysii, III, 1, éd. Mabillon, 1734, p. 326. Thiers, sur la route venant de Lutèce, marque sans doute l'endroit où l'on pénètre dans le territoire de Senlis : ad tertium lapidem. Cf. M. Roblin, Terroir de Paris, p. 101 ; P. M. Duval, Paris antique, p. 244.

58. Un excellent exemple de borne traditionnelle est la Crux ad Fines ou Croix aux Fins, plantée au bord de l-'Estrée qui menait de Paris à Saint-Denis, à 3 milles ou 4 km 500 au nord de la Seine. Elle marquait la séparation entre les voieries et les justices de Paris et de Saint-Denis et servait de point de repère en de nombreuses occasions : cérémonie de la Bénédiction du Lendit, entrées des visiteurs de marque, funérailles des Rois, etc. Cf. A. Lombard-Jourdan, « Miracle et Histoire. Une leçon de critique à propos de la naissance d'une légende parisienne : le Miracle du Lendit », à paraître dans les Annales E.S.C.

59. « Convenerunt burgenses nostri in agrum quod suburbio adjacet intra septa villae… in agrum consuetum… » Galbert De Bruges, Hist. du meurtre de Charles le Bon, comte de Flandre (1127- 1128), c. 51 et 55, éd. Pirenne, Paris, 1891, pp. 80 et 86 Les limites de la banlieue de Bruges seront celles de ces septa. Cf. Du CanoË, s.v. septa : « Urbis jurisdictio seu districtus, Gallice banlieue. »

60. Il est question de la septena Bituricensis dans des lettres de Louis VII de 1145. Du Cange, s.v. septena. L'institution serait en rapport avec la fonction militaire de la ville et l'interdiction de construire des forteresses dans un certain rayon. J. Schneider, dans Les Origines des villes polonaises. Rec. P. Francastel, Paris-La Haye, 1960. Discussion générale, p. 227. Cf. texte cité note 103.

61. On sait que le pomerium romain était un espace consacré situé après le mur d'enceinte (de post et moerus = murus), où l'on n'avait le droit ni de construire ni de cultiver. Daremberg et Saglio, S.V., p. 544. En 1152, un acte de Hillinus, évêque de Trêves, distribue des biens « excepto allodio quod fuit Rorici et area quadam que pomerium dicitur in quo ministeralibus suis ad consequenda jura sua cum oportuerit diem ponere possint ». En 1340, Jean, comte de Sayn, reçoit en fief de l'évêque de Trêves : « castrum nostrum Saynense cum suis… pertinentiis, excepta dumtaxat area quae vulgariter pomerium dicitur, quam vel uti nostram allodialem reservare tenebimur pro observandi in ea placitis. » J. N. Von Hontheim, Hist. Trevirensis diplomatica…, Vienne, 1750, II, p. 144, col. 1. En 1346, Charles IV fut élu empereur « in pomeriis prope Rense super alvum Reni ». C. G. Haltaus, Gloss. germon, medii aevi, Leipzig, 1758, col. 111, s.v. Baumgarten. Il semble bien que le rapprochement Pomerium-Baumgarten qu'admet Blumenthal (Paulys Realencyclopâdie, s.v. pomerium 7), soit encore une fausse étymologie. Les textes que nous citons font allusion à des areae, c'est-à-dire à des emplacements dégagés et non à des vergers. De la même façon, un jeu de mot sur mallus-malus fera d'un lieu d'assemblée : le « pommier » de saint Liévin. M.G.H., Scr., XV, 2, pp. 612-613. Sur Pomerium- Baumgarten, voir aussi K. Withold, «Friihgeschichtl. Entwicklung des Wurzburger Stadtplanes », Studien z.d. Anf. d. europ. Stâdtewesens, p. 381.

62. Sur la ville image du monde et son centre matérialisé par une pierre ou une croix, voir Werner Mueller, Die heilige Stadt, Stuttgart, [1961] et surtout, ch. 12, pp. 196-227. Le centre de la ville ne s'identifie pas toujours avec celui de la cité fortifiée du Bas-Empire. A Tournai, l'église Saint-Pierre qui occupait à peu près le centre de l'enceinte gallo-romaine est dite de média urbe (1146), tandis que l'église de Saint-Quentin de foro, au siège du mallus et près de la place du marché, est dite ad forum tornacense… in umbilico civitatis (1193). Dans la seconde moitié du xne siècle, on distinguait donc le milieu de la ville romaine de « l'ombilic de la cité », lieu de réunion situé en dehors de l'enceinte. Voir les textes cités par P. Rolland, Annales d'hist. écon. et soc, VII, 1935, p. 259, n. 3. A Trêves, le principal marché se tient devant la porte méridionale de l'enceinte gallo-romaine, appelée Porta Media parce qu'elle est considérée comme occupant le « milieu de la ville ». Gesta Treverensium, c. 3 et 24, M.G.H., Scr., VIII, pp. 131 et 162. A Verdun, en 1049, un moulin situé sur un bras de la Meuse, entre la ville haute et la ville basse, est dit in média civitate. Le lieu de réunion politique et économique se trouve per mediam urbem, Laurent De LiÈGE, Gesta ep. Virdunensium, M.G.H., Scr., X, p. 508. L'église du Creisker, en breton : « milieu de la ville », occupe le centre de Saint-Pol-de-Léon. A Paris, enfin, c'est l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie et non l'île de la Cité qui est considérée comme centre. Elle est dite in medio civitatis Parisiace sita, en 1413. (Arch. nat., S 3376, n° 50). L'acte est tardif, mais il n'y aurait rien d'extraordinaire à ce que le monceau où se dressait l'église Saint-Jacques, face au débouché du pont romain sur la Seine, au carrefour des grandes voies estouest et nord-sud, là où ont été découverts de nombreux vestiges gallo-romains, ait été considéré bien auparavant comme le véritable centre de la ville.

63. Sur les étymologies proposées, puis abandonnées, de Weichbild, voir K. Kroeschell, Weichbild. Untersuchungen zur Struktur und Entstehung der mittelalterlichen Stadtgemeinde in Westfalen, Kôln, 1960 (Forschungen zur deutschen Rechtsgeschichte, 3), pp. 243 et suiv. L'expression ne prend que plus tard le sens de « juridiction locale » (Ortsgerichtsbarkeit), que lui donne H. Pirenne, Les villes et les institutions urbaines, II, p. 245. On sait qu'elle signifie aussi « banlieue ». Dans un acte de 1299 en faveur de Naumburg, on lit : « Sunt autem termini iudiciorum sive iurisdictionis, 911 weichbilde in vulgari nuncupatur, circa civitatem Numburgh infra scripti taies… » Cité par R. Schroeder, « Weichbild », Historische Aufsâtze an G. Waitzgewidmet, Hanovre, 1886, p. 317

64. « …in omnibus vero aliis locis qui sunt infra bannileugam. » H. Van Werveke, « La banlieue primitive des villes flamandes », Études d'hist. déd. à la mémoire d'H. Pirenne par ses anc. élèves, Bruxelles, 1937, p. 397, n. 5.

65. Voir les textes cités par J. F. Niermeyer, Mediae latinitatis lexicon minus, s.v. bannileuga et le Nouveau Ducange, s.v. leuga.

66. « Donavi apud Argentias leuvam juxta morem patriae nostrae propter mercatum ipsius villae. » Ch. H. Haskins, Norman Institutions, Cambridge (Mass.), 1918, p. 262 (Harvard Historical Studies, XXIV). Voir aussi l'acte par lequel Guillaume le Conquérant accorde, en avril 1067, « leugam cum sanguine et teloneo et mercatum de cruce » autour de Saint-James-de-Beuvron. M. Prou et Vroffir, A., Rec. de chartes de l'abb. de Saint-Benott-sur-Loire, Paris, 1907, p. 204 Google Scholar, n° 78.

67. « Statuit… ut infra unius leugae spatium per ejus monasterii circuitum nullus ad idem monasterium venientes vel ab eo redeuntes aut hic manentes, capere aut personas invadere, vel eorum res auferre praesumeret. » Dedicatio ecclesiae B. Mariae de Caritate, Hist. de France, XIV, p. 120.

68. Sur la notion de banlieue : Luchaire, A., Les communes françaises à l'époque des Capétiens directs, Paris, 1890, p. 69 Google Scholar; VERCAUTEREN, F., Étude sur les civitates de la Belgique seconde, Bruxelles, 1934, p. 389 Google Scholar; H. Van Werveke, art. cit., supra note 64; K. Kroeschell, Weichbild…, op. cit., p. 384, n. 63; « Bannmeile » dans Handwôrterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte hgg von A. Erler und E. Kaufmann, 2e éd., Berlin, 1965, p. 315; Kuechler, W., Das Bannmeilenrecht, ein Beitrag der mittelalterlichen Ostsiedlung zur rechtlichen Verschrânkung von Stadt und Land, Wurzburg, 1964 Google Scholar; M. Mitterauer, Zollfreiheit und Marktbereich. Studien zur mittelalterlichen Wirtschaftsverfassung am Beispiel einer niederôsterreichischen Altsiedellandschaft, Vienne, 1969 (Forschungen zur Landskunde von Niederôsterreich, 19) : Chap. IX, « Bannmeile und Niederlagsbezirk », pp. 231 et suiv.

69. C'est le cas de la seigneurie de Saint-Pierre de Gand qui se trouva fractionnée en deux territoires.

70. Plan conservé aux Archives communales de Saint-Omer et reproduit par L. Deschamps De Pas, « Notice descriptive des limites de la banlieue de Saint-Omer », Mém. de la Soc. des Antiq. de la Morinie, 14, 1872-1874, pp. 199-243, carte. Voir aussi P. J., n° 3. Les limites de la banlieue subsistèrent jusqu'à l'instauration d'un nouveau régime municipal en 1789.

71. Mém. Soc. Antiq. de la Morinie, 13, p. 216.

72. H. Ptrenne, « Hist. de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Age », Les villes et les institutions urbaines, II, p. 6 et p. 70.

73. Les échevins de Dinant ne revendiquaient peut-être que ce qui avait appartenu autrefois à la ville. La possession des deux rives des fleuves, principales voies d'échange, fut longtemps de nécessité primordiale : liberté d'embarquer et de débarquer, perception des droits de navigation, sécurité.

74. Le « perron » marquait le centre réel ou présumé de la ville. W. Mueller, Die Heilige Stadt, pp. 196 et suiv.; Borgnet, « L'hôtel de ville et le perron de Namur », Messager des Sciences historiques… de Belgique, 1846, p. 233, n. 1.

75. Voir supra, p. 383.

76. Dans la Charta pacis qui, en 1222, règle les droits respectifs du Roi et de l'évêque de Paris, on lit : « De latronibus et homicidiis captis in locis predictis faciet episcopus justitiam suam apud S. Clodoaldum vel alibi in terra sua propria extra banleugam Parisiensem. » GuÉRARD, Cart. de Notre-Dame de Paris, I, p. 122, n° CXLV.

77. « Mille passus non a miliario urbis sed a continentibus aedificiis sunt numerandi. » Digeste, loi 154. Cf. A. Grenier, Manuel, VI, p. 85, note.

78. Il existe une église Saint-Martin-de-la-Lieue à 4 kilomètres au sud de Lisieux, sur la route d'Alençon.

79. Ce rite, qui se retrouve dans d'autres villes épiscopales, est lié au respect dû à la première église suburbaine.

80. Voir supra, p. 378.

81. F. Pluquet, Essai historique sur la ville de Bayeux, Caen, 1829, p. 72. Voir aussi p. 22. La Pierre Solem et l'église Saint-Germain-de-la-Lieue ont disparu, mais sont encore portées sur la carte de Cassini 6 E (1808).

82. En 1628, B. Fisen écrit déjà, à propos de la banlieue de Liège : « Consularis porro hujusce provinciae terminos idiomate vulgari bannalem leucam vocant, quamquam aliquando leuca minus ad duas aliquando leucas seu sex millia passuum extendatur. » Cit. dans AA. SS. Boll., Aprilis I, col. 436. « En dépit de Fétymologie du mot banlieue, ces dépendances étaient souvent situées à plus d'une lieue du centre de la municipalité. » A. Luchaire, Les communes françaises, p. 69. « Il bannileuga… si basa senza dubbio sulla lega e non sut miglio romano ed era, conseguentemente, piu ampio di cinquecento passi del corrispondente pagus suburbanus romano; quando non lo era di molto di piu, corne ad Ambiano dove il « suburbium » era constituito da due leghe. » G. Mengozzi, La citta italiana neWalto medio evo, Rome, 1914, p. 96.

83. G. Le Bras, préface à P. Ttmbal, Le droit d'asile, Paris, 1939, p. n. Sur les modifications de l'espace qui jouissait du droit d'asile, voir ibidem, pp. 134 et suiv. et pp. 149-151.

84. Comme le note fort bien G. Mengozzi, « La prova o la confutazione di questa ipotesi non puo esser data che dal materiale metrologico : si conoscono, infatti, tre specie di leghe : la leuca mayor di 2 962 m., la leuca minor che misura sole 2 222 m. ed infine la leuca gallica. » (Mais il donne à tort à cette dernière une valeur de 1 500 pas.) La citta italiana, p. 96, note.

85. Citons les principales : celle de 50 au degré : 2 222 m. ; de 25 au degré : 4 444 m. ; de 20 au degré : 5 555 m. (lieue marine); de 15 au degré : 7 407 m. (lieue d'Empire ou d'Allemagne); de 2 000 toises anciennes : 3 898 m. (lieue de poste); etc. On donne aujourd'hui à la lieue kilométrique la valeur de 4 000 mètres.

86. Cf. J. Quicherat, Revue des Soc. savantes, 2° série, VII, 1862, p. 350. La mesure des longues distances demeura longtemps relativement imprécise. En 1609 encore, Quesnel donne pour échelle à son Plan de Paris l'écartement des deux pointes d'un compas avec cette légende : « mesure du pas de l'auteur. »

87. Voir les textes cités par Du Cange et Littré, s. v. lieue.

88. C'est la valeur admise pour le mille par Grenier, A., Manuel, VI, p. 96 Google Scholar; P. M. Duval choisit 1 478 m., Inscr. antiques de Paris, p. 122.

89. A. Grenier, loc. cit., n. 2 et 3.

90. Dans les romans de ChrÉtien De Troyes, Erec et Enide, composé vers 1165 (éd. M. Roques, Paris, 1952, vers 4496 et 5321) et Yvain, composé vers 1174 (éd. M. Roques, Paris, 1960, vers 190 et 2953). Voir aussi les textes à.'Arthur, du Saint Graal, de Huon de Méry, etc., cités par Godefroy, s. v. galesce.

91. Dans le sens de lieue « galloise », cf. O. Hirschfeld, Kleine Schriften, Berlin, 1913, p. 727, n. 2; A. Grenier, Manuel, VI, p. 96, n. 3; C. Lofmark, « German rast as a measure of distance », Modem language notes, 80, 1965, pp. 449-453; M. Roques, au glossaire A'Erec et Enide, traduit galesche par « galloise, du pays de Galles ».

92. E. Salin, La civilisation mérovingienne, Paris, 1950,1, 1, p. 265.

93. « …et firent chil de Nantes hommage à Charles de Blois et tous li pays de Bretaigne galesque… » Istore et croniques de Flandres, éd. Kervyn de Lettenhove, II, Bruxelles, 1880, p. 5. « Li rois Phelippes revint en Franche [en 1342] et laissa Charles de Blois duc et seigneur de toute Bretagne galesque et en Bretagne bretonnant avoit plusieurs villes et forterèches qui se tenoyent à le contesse de Montfort. » Ibid., p. 9.

94. Dans Yvain, Chrétien de Troyes nous dit que le château n'était pas trop loin car

n'y ot pas

plus de demie Hue un pas,

des Hues qui el pals sont,

car à mesure des noz sont

les deus une, les quatre deus.

Il faut comprendre que deux lieues de Bretagne font une lieue de « chez nous » ou lieue « galesche » et quatre de là-bas deux d'ici.

La Chanson de Florent et Octavien, composée peu après 1356, indique que saint Denis, après son martyre, porta sa tête « plus d'une grant lieue des lieues du pays ». R. Bossuat, « Traditions populaires relatives au martyre et à la sépulture de saint Denis », Moyen Age, 62, 1956, p. 495. Les Vies de saint Denis en prose française parlent, pour le même parcours, de « près de II liues », de « II lieues loing » ou de « l'espace d'une bone liue ». C. Liebman, Vies enprose de saint Denis, Geneva, New York, 1942, pp. 128, 145 et 52.

D'autres textes se réfèrent sans doute à la lieue « simple » et à la lieue « double », quand ils mentionnent la « lieue petite » ou la « grand lieue ». Il faut comprendre « lieue celte » et « lieue française » : elles étaient alors conjointement en usage.

Exemples :

« … et mien escïant, jusque là n'a mie cinq liues petites. »

Erec et Enide (vers 1165), loc. cit., vers 4495-4496.

« … On errast bien dis grans lieues ou quinze

c'on ne trovast bourc. »

Moniage Guillaume (fin xne siècle), éd. W. Cloetta, I, Paris, 1906, vers 4687.

95. J. A. Schmeller, Bayerische Wôrterbuch, 2e éd., Munich, 1872-1877, II, col. 159, s. v. Rast; C. Lofmark, « German rast », art. cit., n. 83. La rasta aurait le même sens de « halte, étape » que le latin mansio (de maneo).

96. César écrit, à propos de la forêt Hercynienne : «… latitudo novem dierum iter expedito patet : non enim aliter finiri potest, neque mensuras itinerum noverunt. » De bell. gall., VI, 25. La distance est ici évaluée en « journées de marche rapide », à défaut de mesure itinéraire. La rasta serait de conception empirique analogue.

97. O. Hirschfeld, Kleine Schriften, p. 727.

98. « Unaquaeque gens certa viarum spatia suis appelât nominibus, nam Latini mille passus vocant et Galli leucas et Persae parasangas et rastas universa Germania. » Migne, Patr. lat., 25, col. 986.

99. « Miliarius et dimidius apud Gallos leuuam facit, habentem passus mille quingentos; duae leuuae sive milliarii très apud Germanos unam rastam efficiunt. » Grommatici veteres, éd. Lachmann, Berlin, 1848,1, p. 373. « Duae leuuae seu milliaria tria rastam faciunt. » Bede, De numer. divisions. Brunetto Latini note dans son Trésor, au xnie siècle : «La liue françoise est bien deus ou trois tans que le mille n'est. » Ducange, S. V. leuga et rasta. Autre texte de 870 pour Wissembourg : « ad partem orientalem leugas sex quod homines illius siti dicunt rastas très. » Nouveau Ducange, s. v. leuga. En 1430, le minihi de Tréguier, asile et immunité, est dit mesurer « spatio quatuor leucarum seu duodecim milliarium », ce qui prouve que la « lieue française » avait pénétré jusqu'aux extrémités de la Bretagne. P. Delabigne-VILLENEUVE, « Du droit d'asile en Bretagne », Bull, de la soc. arch. d'Ille-et- Vilaine, I,1861, p. 195. Au xvnc siècle, à Liège, deux lieues font six mille pas. (Voir texte cité n. 82) Dans les deux derniers textes invoqués c'est bien la « lieue française » qui est envisagée.

100. Chronicon Laureshamense, M.G.H., Scr., XXI, p. 359.

101. Ibid., p. 360.

102. « … montem… a praefato coenobio Altahense una ferme rasta distantem. » AA. SS. Ord. S. Bened., VIII, p. 476, c. 3. Une lettre du pape Léon III à Charlemagne discerne une zone de « deux rastas saxonnes » (circa montem per duos saxonicas rastas) autour de la chapelle d'Ehresburg, près de Paderborn. MIGNE, Patr. lat., 102, col. 1028. Quelle était la valeur de la rasta « saxonne » ? C. Lofmark signale des actes des domaines bavarois et autrichien où la rasta égale la « lieue celte ».

103. « Wir verbieten… in einer Raste lanch, umb und umb, umbe die Stat, siil oder geturre bowen. » Statuta civitatis Viennensis, anno 1296, publ. par H. C. De Seckenberg dans Visiones diversae, Leipzig, 1765, app. II, p. 293. Sur les bourgs, anciens centres de circonscription, et la liaison entre nécessités de défense et d'approvisionnement : M. Mitterauer, « Burgbezirke und Burgwerksleistung in der babenbergischen Mark », Jahrbuch fur Landeskunde von Niederôsterreich, NF 38, 1970 (Festschrift fur A. Klaar und H. Mitscha-Mârheim), p. 230.

104. A Ainsa, en 1124 : « Et dono vobis terminos in illos heremos totos per circuitum quantum in uno die possitis ire et tornare ad vestras casas… quando ceperunt ipsam coronam populare hanc cartam scripsi. » A Almudevar, en 1170 : « Dono et concedo vobis… illam coronam et castellum de Almodebar… ut faciatis ibi ecclesiam et abbatiam et casas et totum hoc quod ibi facere volueritis ad proficuum et utilitatem vestram.» Ricardo Del Arco, «Très cartas de poblaciôn ineditaseinteresantes (siglo XII) », Boletin de la Real Acad. de buenas letras de Barcelona, janv.-mars 1914, XIV, n° 53, pp. 296 et 298.

105. S. PrETOEWicz, « Quelques observations sur l'indice isochronique de la banlieue immédiate », Mélanges de géographie… offerts à O. Tulippe, I, Gembloux, 1967, pp. 524-529 et bibl. citée.

106. Plusieurs savants de langue allemande se sont prononcés en faveur de l'ancienneté de la banlieue qui, lorsqu'elle apparaît en Allemagne et Autriche dans la première moitié du xm° s., leur semble, dans l'essentiel, une survivance de vieux districts juridictionnels et seigneuriaux. F. Beyerle la qualifie de « Neubelebung des alten Urbilds » et de « staufische Nachbildung alter Burgbannverhâltnisse ». « Zur Wehrverfassung des Hochmittelalters », Festschrift Ernst Mayer, Weimar, 1932, p. 64. Tout récemment, M. Mitterauer écrit : « Sie [die Vorrechte] fiihren damit zuriick in die Fruhzeit dièses Landes, in die Epoche, in der die ersten Marktorte bei den Burgmittelpunkten und den Urpfarren der Mark entstanden. » « Zollfreiheit und Marktbereich », loc. cit., p. 337.

107. Il exista des banlieues de plusieurs lieues de rayon. On distingue aujourd'hui entre la « petite » et la « grande banlieue ».

108. M.G.H., Capit. reg. Francorum, éd. Boretius, 1,1, n. 45, p. 128, n. 4.

109. Cf. le texte de Widukind cité n. 45 et Gesta abbatum Trudonensium, éd. C. de Borman, I, p. 17.

110. Sur cette évolution, à partir de la première moitié du rxe siècle, cf. F. Vercauteren, op. cit., p. 388. Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours emploient suburbana, mais jamais suburbium.

111. V. supra, pp. 374 et 375.

112. Villa, « exploitation rurale », puis « centre peuplé d'un territoire urbain », puis « ville », arrive en second dans les énumérations, après « cité », à laquelle sont réservées les épithètes « noble » et « grande ». « Ville » supplanta urbs qui, comme oppidum, n'a pas d'équivalent en roman.

113. MENGOZZI, G., op. cit., p. 23.Google Scholar

114. Ibid., p. 29.

115. La construction du pont d'Albi est décidée, en 1035, « communi petitione omnium tam civium quam burgensium ». C. Devic et J. VaissÈte, Hist. gén. de Languedoc, V, c. 414-415. Voir aussi, Les libertés urbaines et rurales du XI’ au XIV siècle. Colloque Internat, de Spa, 5 août 1966. Actes, Bruxelles, 1968, pp. 19 et 39.

115. La construction du pont d'Albi est décidée, en 1035, « communi petitione omnium tam civium quam burgensium ». C. Devic et J. VaissÈte, Hist. gén. de Languedoc, V, c. 414-415. Voir aussi, Les libertés urbaines et rurales du XI’ au XIV siècle. Colloque Internat, de Spa, 5 août 1966. Actes, Bruxelles, 1968, pp. 19 et 39.