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Royauté et ambiguïté sexuelle

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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La charge de roi, lorsqu'on jugeait bon de l'envisager sous ce jour, fut longtemps assimilée à un rôle d'homme et spécifiquement de père. Même quand on parlait du roi prêtre, on ne faisait que dissocier deux images d'orientation et de valeur masculines : le séculier-politique et le religieux. Le roi est, ou était, simplement le père de son pays; il détenait une patriae potestas qui s'étendait de la famille jusqu'aux institutions politiques ou à l'État. La conception freudienne selon laquelle toute autorité est d'essence paternelle n'est autre qu'une reprise et un élargissement de cette vieille notion.

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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971

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References

page 639 note 1. S. Freud, Totem and Taboo, sect. IV, The infantile récurrence of totemism.

page 639 note 2. Voir ici C. Scott Littleton, The new Comparative mythology (Berkeley et Los Angeles, 1966), pour une vue générale de l'oeuvre de Dumézil, de ses disciples et de ses critiques. Voir Hommages à Georges Dumézil, dans la « Collection Latomus », 45 (Bruxelles, 1960), pp. xi-xxiii, pour une bibliographie complète de l'oeuvre de Dumézil jusqu'en 1960.

page 640 note 1. DuméZil, C., Mitra-Varuna, essai sur deux représentations indo-européennes de la souveraineté (Paris, 1948), surtout pp. 9294.Google Scholar

page 640 note 2. Cf. Brown, Norman O., Hermès the Thief (New York, Vintage, 1969), p. 37 Google Scholar, sur l'acte sexuel masculin en tant qu' « art ».

page 641 note 1. J'adhère ici à la conception qu'a Henri Frankfort de la royauté mésopotamienne comparée à la royauté égyptienne d'ordre divin : Frankfort, H., Kingship and the Gods (Chicago, 1949), pp. 237238.Google Scholar

page 641 note 2. Pour ces images voir, par exemple, le Proem au De administrando imperio de Constantin PorphyrogÉNÈTE, éd. Moravcsik, traduction de Jenkins (Budapest, 1949), pp. 44-47.

page 641 note 3. Voir R. Gordis, « The significance of the Paradise Myth », The American Journal of Semitic Languages, LII (1936), p. 90. Une utilisation byzantine de la figura adamique ou édénique est signalée tout particulièrement dans Constantin PorphyrogÉNÈTE, De ceremoniis aulae byzantinae, éd. Reisk (Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae, Bonn, 1829), I, 2, pp. 35-38. Le rapport entre l'empereur et Adam est établi par le biais du Christ-image, c'est-à-dire le Christ en tant que nouvel Adam ﹛De Cere., I, 3, 43).

page 641 note 4. Voir la traduction par Speiser de : Epie of Gilgamesh, première partie : « The coming of Enkidu », dans Pritchard, J. B., éd., Near Eastern Texts Relating to the Old Testament (Princeton, 1955), pp. 7475 (III-IV);Google Scholar pour le premier homme (ou le premier roi), souverain des animaux, voir Aa. Bentzen, King and Messiah (Lutterworth Studies in Church and Bible) (London, 1955), p. 41.

page 641 note 5. Voir Onians, R., Origins of European Thought (Cambridge, 1951), p. 109, n. 3.Google Scholar Pour les Sarakatsani, voir Campbell, J. K., Honour, Friendship. Patronage (Oxford, 1964), p. 280.Google Scholar Voir également Georges DuméZil, « Jeunesse, éternité, aube; linguistique et mythologie comparée indoeuropéenne », dans : Annales d'Histoire Economique et Sociale, 10 (1938), pp. 289-301, et Littleton, op. cit., p. 60, n. 6; p. 105.

page 642 note 1. Mumford, Lewis, dans City invincible : A Symposium on Urbanization and Cultural Development in the Ancient Near East, (Chicago, 1960), 231 sq.Google Scholar

page 642 note 2. Dans le récit épique : David of Sassoun, trad. A. K. Shalian (Columbus, O., 1964), p. 366.

page 642 note 3. C'est-à-dire jusqu'à l'avènement de la dynastie macédonienne au ixe siècle et l'important apport d'éléments aristocratiques-dynastiques dans les règles successorales byzantines.

page 642 note 4. La tradition constantinienne est explicite comme « légende » à l'usage du profane ou du barbare : voir le De administrando imperio, 13 passim, pp. 40-30; voir également le De cere., II, 18 . 601. L'épithète cérémonielle Neos Konstantinos est réellement employée dans le rite du couronnement de Justin I (De cere., I, 93 .430).

page 642 note 5. Frankfort, op. cit., p. 239 et n. 31.

page 643 note 1. Cf. Widengren, G., Sakrales Kônigtum im Alten Testament undim Judentum (Stuttgart, 1955), p. 54 sq.Google Scholar, pour le problème du « premier-né ».

page 643 note 2. Keret, iii, 13-19; voir également G. Widengren, « Early Hebrew Myths and their Interprétation », dans S. Hooke, éd., Myth Ritual and Kingship.

page 643 note 3. I Samuel, xvi.

page 643 note 4. Tor Irstam, The King ofGanda : Studies in the Institutions of Sacral Kingship in Africa (Musée ethnographique de Suède, pub. n° 8), Stockholm, 1944, p. 47; l'exemple cité est celui du roi d'Umundri : voir M.D.W. Jeffrey, « The divine Umundri king », Africa, 8 (1935), p. 346.

page 643 note 5. Walker, W. S. and Uysal, Ahmet, Taies alive in Turkey (Cambridge Mass., 1966)Google Scholar, p. 8 sq Le Keloglan a un antagoniste dans le folklore turc : le Kose dont les supercheries et la magie sont malveillantes et démoniaques.

page 644 note 1. Vie de Daniel le Stylite, dans Dawes, E. et Baynes, N., Three Byzantine Saints (Oxford, 1948 Google Scholar); de la Vita publiée dans : Delahaye, H., Les saints stylites (Subsidia Hagiographica, 14) (Bruxelles et Paris, 1923).Google Scholar

page 644 note 2. Dawes et Baynes, op. cit., pp. 19-20; 35; 37; 44; 64.

page 644 note 3. Liutprand de Crémone, Antapadosis, VI, p. 5 sq.

page 644 note 4. Les sources byzantines, dont le De Ceremoniis est bien évidemment la plus instructive, ne distinguent pas les lampes pendantes des lampes sur pied. Les polykandela (De cere., II, 15 . 591), de même que les Polyelaion du De cere., I, 14 . 93 (spécifiés comme tou kremanenou « pendant »), sont habituellement des lustres. Les Lychnoi (lampes) du I, 1-12-13 peuvent avoir été des lustres ou des candélabres; cf A. Vogt, le livre des cérémonies, t. 1 (Paris, 1967), Commentaire, pp. 51-52, où Vogt voudrait identifier les Lumières (instrument particulier du palais sacré appelé également le tribunaliori) à Vheptalychnos, candélabre à sept branches dont il est fait mention dans Patria (éd. Praeger, Scriptores Originum Constantinopolitanarum, fasc. 2, Lipsiae, 1901; page 144). Le lampas (I, 1 . 17; I, 9 . 65; I, 23 . 133) est un flambeau de cérémonie bien qu'il soit parfois assimilé au kerios ou cierge liturgique par l'auteur du De cere. Théodore Balsamon emploie le mot lampades dans le passage bien connu où il décrit les différents types de « flambeaux » qu'on portait devant l'empereur et les patriarches (Migne, P.G. cxxxviii, col. 1017).

page 644 note 5. G. Widengren, The King and the Tree ofLife in Ancient Near East Religion (King and Saviour, IV; Uppsala Universitats Arsskrift, 1951), pp. 65-67. Pour une utilisation byzantine de l'image de l'Arbre de Vie, voir le Proëm au De adminis., pp. 46-47, ligne 46.

page 645 note 1. Ou encore frère du soleil et de la lune : Ammianus Marcellinus, XVII, 5 . 1 sq; XXIII, 6.4-6: Voir G. Widengren, « The sacral Kingship of Iran », dans The Sacred Kingship/La Regalità Sacra : Contributions to the Central Thème of the VIIIth International Congress for the History of Religion (Rome, avril 1955, Leiden, 1955), p. 246.

page 645 note 2. Baynes et Dawes, op. cit., pp. 8-34 (annonçant la naissance de Daniel et identifiant les deux « sphères » à la présence impériale).

page 645 note 3. Widengren, « Sacral Kingship of Iran », p. 250.

page 645 note 4. G. DuméZil, Aspects de la fonction guerrière chez les Indo-Européens. (Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Section des Sciences religieuses, vol. 68, Paris, 1956), pp. 54-55.

page 645 note 5. Pour une utilisation byzantine du thème très courant du roi en tant que miroir, voir le Proem au De cere. (p. 4), partiellement traduit dans Barker, E., Social and Political Thought in Byzantium (Oxford 1957), pp. 103104 Google Scholar, et maintenant traduit en totalité dans Brand, éd., Icon and Minaret : Sources of Byzantine andlslamic Civilization (Englewood Cliffs, N.J., 1969), pp. 9-10. Dans l'ouvrage de Barker voir également Agapetus (vie siècle) sur l'empereur, « image de piété ».

page 646 note 1. Voir Miller, D. A., Impérial Constantinople (New York, 1969), pp. 4041.Google Scholar

page 646 note 2. De cere., I, 2 . 35-38.

page 646 note 3. A noter la discussion de Dumézil sur la catégorie des « divinités mineures » associée aux catégories principales mitrale/varunale, catégorie touchant aux problèmes de répartition et de quantification ou, comme Janus, se rapportant aux commencements et aux fins : Le troisième souverain : essai sur le dieu indo-iranien Aryaman et sur la formation de l'histoire mythique d'Irlande (Collection « Les dieux et les hommes », éd. G. Dumézil, vol. 3), Paris, 1949; voir Littleton, op. cit., pp. 90-94.

page 646 note 4. De cere., I, 8 . 54-58.

page 646 note 5. Voir Miller, op. cit., pp. 23-25, en particulier pour les images des psaumes. Pour le roi assimilé à la « montagne sacrée » dans une autre société, voir R. Heine Geldern, Conception of State and Kingship in South East Asia (Data Paper, 13, South East Asia Program, Cornell Un., 1958), pp. 6, 8-9.

page 647 note 1. Brown, N. O., Love's Body (New York, 1966), pp. 76 :Google Scholar « Political power is a web ». Voir Heine Geldern, op. cit., p. 10, pour un exemple de pouvoir émanant des « insignes royaux » qui sont, de fait, souverains. Voir également Hocart, A. M., Kingship (Oxford, 1927), p. 76 Google Scholar, pour la « parure de la souveraineté ».

page 647 note 2. Onians, Origins, p. 177, n. 9. Voir le commentaire de Dumézil sur Ouranos, « premier souverain tyrannique », qui perd « à la fois ses génitoires et la souveraineté » (Mitra-Varuna, p. 53).

page 647 note 3. R. M. Woolley, Coronation Rites (The Cambridge Handbooks of Liturgical Study, Cambridge, 1915), pp. 16-25, pour une traduction de différents rites du couronnement byzantins y compris l'élévation; voir De cere., I, 38 . 191 sq.

page 647 note 4. Se reporter à la note 7, page suivante.

page 647 note 5. Onians, Origins, p. 377.

page 647 note 6. Voir par exemple l'autobiographie de Rekhmire citée dans G. Lanczkowski, « Das Kônigtum im Mittleren Reich », The Sacral Kingship, p. 272 : « Qui est le roi de la Haute Egypte? Qui est le roi de la Basse Egypte?… (il est) père et mère de toutes créatures… » (A. H. Gardner, « The autobiography of Rekhmire », dans Agyptische Zeitschrift, 60 (1925), p. 69.

page 647 note 7. Ou « geste de possession ». A noter que le Christ Pantocrator peut tourner la main soit vers l'intérieur, soit vers l'extérieur, indiquant par là soit la possession de la loi, soit le jugement : cf. le Christ en majesté de Sainte-Sophie à Istanbul (main tournée en-dedans) et le Christ de Cefalu en Sicile (main fermée).

page 648 note 1. Dans une fresque célèbre de Basile II Bulgaroctone triomphant des Bulgares (Venise, Marc, 17), un archange tient la lance de l'empereur, un autre sa couronne : les agents asexués de la volonté divine montrent ainsi les deux valences du pouvoir royal que ces symboles recèlent.

page 648 note 2. Widengren, The King and the Tree of Life, p. 20 sq; voir aussi J. Auboyer, « Le caractère royal et divin du trône dans l'Inde ancienne », The Sacral Kingship, pp. 181-188.

page 648 note 3. De cere., I, 31 . 170-171.

page 648 note 4. Pour la gravitas, voir Wagenvoort, H., Roman Dynamism (Oxford 1947), p. 120 Google Scholar, et aussi sa « Gravitas et Maiestas », Mnemosyne, 5 (1952), pp. 287-306. Wagenvoort et Dumézil diffèrent quant au caractère « numinal » de la religion romaine; en ce qui concerne la nature et l'essence de la gravitas, je crois que la thèse de Wagenvoort est plus pertinente.

page 648 note 5. Pour le trône d'Isis, voir G. Van Der Leeuw, « Primordial Time and Final Time », Man and Time (Eranos Yearbooks, Bollingen Séries, Xxx, 3), New York, 1957, p. 354; pour la Scandinavie, voir par exemple la Njals Saga (traduction de Magussen et Pallson, Penguin Books, Baltimore, 1960), p. 45. (Ici le trône de Gunnhild, la reine impudique est implicitement Gunnhild elle-même). Voir les observations de Canetti, Crowds and Power, (Londres, 1962), tout particulièrement les pages 387 à 390 sur : « les attitudes humaines et leur relation au pouvoir ». Noter la distinction qu'établit Marcel Mauss (Le don : formes et fonctions de l'échange dans les sociétés archaïques (The Gift : Forms and Functions of Exchange in Archaic Societies, trad de Cunnison, Glencoe, 1954, pp. 7-8) entre les propriétés masculine et féminine : la natte nuptiale mélanésienne est féminine comme réceptacle ou objet « placé en dessous ».

page 648 note 6. J. A. Wilson, « Authority and Law in Ancient Egypt », dans S. Eisenstadt, éd., The Décline of Empires (Englewood Cliffs, N. J., 1967), p. 15.

page 648 note 7. Voir par exemple le Skylitzès, manuscrit illustré (Skyllitzes matritensis, t. 1. Reproducciones y miniaturas, Barcelone-Madrid, 1965), planche 101; reproduite également dans Miller, op. cit., p. 78.

page 649 note 1. Hocart, Kingship, p. 101 sq.

page 649 note 2. G. DuméZil, Les dieux des Indo-Européens, vol. 29 (Collection « Mythes et Religions»), éd. Couchard, Paris, 1952, p. 7; Littleton, op. cit., p. 9 sq et voir aussi p. 237, s.v. Asvins.

page 649 note 3. Voir De cere., I, 89 . 200 pour les qualificatifs décrivant l'impératrice lors du couronnement : theoproblete (« demandée en mariage par Dieu »), ek theias psephou proekheiristhes (« élue du choix divin »), également De cere., I, 89 . 206 : doxa tneo to anadeixanti se Basilissan (« Gloire à Dieu qui t'a fait impératrice »).

page 650 note 1. J. Frazer, The Golden Bough : A Study in Magic and Religion. (3rd édition, London, 1955; surtout t.I : The magie Art and the Evolution of Kings, pp. 336-354 sq., 366 sq.; IV : The dying God, passim.2. Cf. Patai, R., Man and Temple in Ancient Jewish Myth and Ritual (London, 1947).Google Scholar

page 651 note 1. Barker, E., Social andpolitical Thought, p. 29.Google Scholar

page 651 note 2. DuméZil, « Tripertita fonctionnels chez divers peuples Indo-Européens », Revue de l'histoire des Religions, t. 131 (1946), p. 68 sq.; Littleton, op. cit.

page 651 note 3. DuméZil, Jupiter, Mars, Quirinus. Essai sur la conception indo-européenne de la société sur les origines de Rome. (Collection « La Montagne Sainte-Geneviève »), vol. 1, Paris, 1941, p. 257 sq.; Littleton, op. cit., pp. 72-73.

page 652 note 1. DuméZil, Aspects de la fonction guerrière, pp. 54-57. A noter que la fonction du soldat, lorsqu'on mentionne sa furor, est une fonction de masse et ne saurait comprendre la souverainetéou le commandement militaires.