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Poor Numbers: Chaînes statistiques et économie politique du chiffre*

Published online by Cambridge University Press:  03 April 2017

Agnès Labrousse*
Affiliation:
Université de Picardie Jules-Verne, CRIISEA

Résumé

Poor Numbers de Morten Jerven met en lumière l’extrême fragilité des statistiques africaines, elle-même liée à la précarité des conditions de production des agrégats. Lacunaire et problématique, le chiffre est pourtant omniprésent comme outil de preuve et de gouvernement. Des fictions quantifiées prennent alors forme au sein d’une chaîne statistique complexe allant des producteurs aux économistes usagers du chiffre, et médiée par des organisations internationales. Focalisé sur le critère de l’exactitude des statistiques, Poor Numbers porte haut et fort le message du « garbage in, garbage out » mais laisse en suspens d’importantes questions liées à la pertinence des statistiques. L’histoire, la sociologie et l’économie politique du chiffre que M. Jerven esquisse mériteraient d’être approfondies : il s’agirait de préciser le lien entre l’évolution des formes de l’État et de la statistique, de déployer une ethnographie historique des organisations productrices et usagères du chiffre, d’appréhender le rôle grandissant des firmes multinationales dans l’économie politique des statistiques, d’exercer un regard moins irénique sur l’action des organisations internationales et, enfin, de dénaturaliser les catégories économiques dominantes en intégrant la pluralité des approches économiques des statistiques. Cet essai critique se conclut par un appel à une économie politique comparative du chiffre pour décloisonner le cas africain et éviter que s’installe l’idée d’une Afrique qui ne serait pas entrée, ou serait entrée « par erreur », dans l’histoire statistique.

Abstract

Abstract

Morten Jerven's Poor Numbers sheds light on the acute fragility of African statistics, itself linked to the precarious conditions in which aggregates are produced. As patchy and problematic as they are, these numbers are nevertheless ubiquitous as instruments of both proof and government. Quantified fictions take shape in complex statistical chains that stretch from their producers to the economists who use them, and are mediated by international organizations. Focusing on the question of the accuracy of statistics, Poor Numbers powerfully conveys its message of “garbage in, garbage out,” but leaves important issues related to the relevance of statistics unresolved. The history, the sociology, and the political economy of numbers sketched by Jerven merit closer consideration with a view to the following: identifying the connections between different kinds of states and the development of statistics; establishing a historical ethnography of the organizations that produce and use statistics; understanding the growing role of multinational companies in the political economy of statistics; paying closer critical attention to the involvement of international organizations; and, last but not least, denaturalizing the dominant economic categories by integrating the plurality of economic approaches to statistics. The article concludes with a call for a comparative political economy of numbers that would no longer consider the African case in isolation and would work against the idea that Africa plays no role, or only plays a role “by mistake,” in the history of statistics.

Type
Économie de l'Afrique contemporaine
Copyright
École des hautes études en sciences sociales, Paris 2017

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Footnotes

*

L’auteure remercie tout particulièrement Boris Samuel et Béatrice Hibou qui l’ont invitée à commenter l’ouvrage de Morten Jerven, Poor Numbers: How We Are Misled by African Development Statistics and What to Do about It, Ithaca, Cornell University Press, 2013, au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po en mai 2013. Une brève version de ce commentaire a paru dans Politique africaine, 133, 2014, p. 182-187, aux côtés des contributions de Nicolas van de Walle, Carlos Oya et de la réponse de M. Jerven. Le présent essai critique a bénéficié des remarques des membres de l’atelier Savoirs et gouvernement économique (SAGE) du Centre de recherche sur les institutions, l’industrie et les systèmes économiques d’Amiens (CRIISEA), de Florence Jany-Catrice, Roser Cussó, Fabrice Bardet, Jean-Pierre Beaud, Emmanuel Didier, ainsi que des rapporteurs de la revue, qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés.

References

1 - Samuel, Boris et Hibou, Béatrice (dir.), n° spécial « La macroéconomie par le bas », Politique africaine, 124, 2011, p. 16 Google Scholar.

2 - Ibid. ; Gabas, Jean-Jaques, Ribier, Vincent et Vernières, Michel (dir.), dossier « La mesure du développement. Comment science et politique se conjuguent », Revue Tiers Monde, 213-1, 2013 CrossRefGoogle Scholar.

3 - Un précieux panorama des sciences sociales de la quantification en France est présenté dans Bruno, Isabelle, Jany-Catrice, Florence et Touchelay, Béatrice, « Introduction. The Social Sciences of Quantification in France: An Overview », Social Sciences of Quantification: From Politics of Large Numbers to Target-driven Politics, Berlin, Springer, 2017, p. 114 Google Scholar.

4 - Dans Samuel, Boris (dir.), « Autour d’un livre : Poor Numbers. How We Are Misled by African Development Statistics and What to Do about It », Politique africaine, 133, 2014, p. 177199, ici p. 196Google Scholar.

5 - De même, à l’instar de M. Jerven, nous nous concentrons sur les agrégats macro-économiques et n’évoquons pas la construction des microdonnées. Voir Mesplé-Somps, Sandrine, « Fiche de lecture : Poor Numbers: How We Are Misled by African Development Statistics and What to Do about It de Morten Jerven », Statéco, 107, 2013, p. 105107, ici p. 107Google Scholar.

6 - « À mauvaises entrées, mauvaises sorties » ou « daube à l’entrée, daube à la sortie » : idée que la qualité des résultats est fonction de celle des données à l’entrée.

7 - L’expression commode de chaîne statistique ne doit pas aller de pair avec l’idée de processus linéaires, qui impliquerait des acteurs distincts à chaque maillon. Les organisations internationales, par exemple, interviennent aussi bien dans la production des données que dans leur transformation et leur interprétation. Voir Samuel, Boris, « Calcul macroéconomique et modes de gouvernement : les cas de la Mauritanie et du Burkina Faso », Politique africaine, 124, 2011, p. 101126 CrossRefGoogle Scholar.

8 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. IX-X.

9 - Ibid., p. 15.

10 - Ibid., p. 23.

11 - Il s’agit là de cinq des six critères de qualité des statistiques définis par la direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique, Eurostat (Alain Desrosières, L’argument statistique, t.2, Gouverner par les nombres, Paris, Presses de l’École des mines, 2008, chap. 6), le sixième, sur lequel nous reviendrons plus loin, étant la pertinence.

12 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 18-19.

13 - Ibid., p. XV.

14 - La notion d’evidence-based policy renvoie à l’idée de politique fondée sur les preuves empiriques. Bien plus intéressante que l’usage en forme de slogan qui en est parfois fait, elle inclut notamment le régime d’accessibilité des connaissances, les modalités de production de méta-analyses, etc. Pour plus de précisions sur la genèse de cette notion, ses déclinaisons, sa nécessité et ses limites pratiques, voir Laurent, Catherine et al., « Pourquoi s’intéresser à la notion d’‘evidence-based policy’ ? », Revue Tiers Monde, 200-4, 2009, p. 853873 CrossRefGoogle Scholar.

15 - Dans B. Samuel (dir.), « Autour d’un livre… », art. cit., p. 189.

16 - Lascoumes, Pierre et Galès, Patrick Le (dir.), Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences Po, 2005.Google Scholar

17 - A. Desrosières, L’argument statistique, op. cit., t.2.

18 - Ibid., p.8.

19 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 71.

20 - Durlauf, Steven et al., « Growth Econometrics », in Aghion, P. et Durlauf, S. (dir.), Handbook of Economic Growth, Amsterdam, Elsevier, 2005, p. 556663 Google Scholar, tableau 8, p. 574.

21 - Notons que cette interprétation n’est pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans un mouvement idéologique plus large d’idéalisation du secteur informel, concept problématique créé et promu par des auteurs comme Hernando de Soto, The Other Path: The Invisible Revolution in the Third World, New York, Harper and Row, 1989, et des organisations internationales comme le Bureau international du travail (BIT) et la Banque mondiale, qui, à partir de 1987, « devant la catastrophe sociale engendrée par l’ajustement structurel, [font] de l’informel le lieu de la solution à tous les problèmes sociaux ». Voir Lautier, Bruno, L’économie informelle dans le Tiers monde, Paris, La Découverte, [1994] 2004, p. 3.Google Scholar

22 - Une situation qui n’est pas sans rappeler la spécialisation primaire des économies africaines, les activités de transformation étant principalement réalisées par les firmes multinationales du Nord.

23 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. XVII.

24 - Ibid., p. 97-99.

25 - I. Bruno, F. Jany-Catrice et B. Touchelay, « Introduction. The Social Sciences of Quantification in France… », art. cit.

26 - A. Desrosières, L’argument statistique, op. cit., t. 2, p. 135.

27 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 23.

28 - Ibid., p. 22.

29 - B. Samuel, « Calcul macroéconomique et modes de gouvernement… », art. cit., p. 105. Notons que, à la différence de M. Jerven, il différencie finement les activités de ces experts internationaux selon les organisations internationales (FMI, Banque mondiale, Nations unies) et à l’intérieur de chacune d’entre elles.

30 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 82.

31 - Thévenot, Laurent, « Les investissements de forme », Conventions économiques, Paris, PUF, 1986, p. 2171 Google Scholar.

32 - Voir infra, p. 863-868.

33 - Seers, Dudley, « The Role of National Income Estimates in the Statistical Policy of an Under-Developed Area », The Review of Economic Studies, 20-3, 1952-1953, p. 159168 CrossRefGoogle Scholar, cité in M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 36.

34 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 34.

35 - Naudet, Jean-David, « Les guignols de l’info. Réflexion sur la fragilité statistique en Afrique », Nouveaux Cahiers de l’Institut universitaire d’études du développement, 10, 2000, p. 3155 Google Scholar, ici p. 22 du document de travail (https://basepub.dauphine.fr/handle/123456789/5144).

36 - Mäki, Uskali, « As If », in Davis, J. B., Wade Hands, D. et Mäki, U. (dir.), The Handbook of Economic Methodology, Cheltenham, Edward Elgar, 1998, p. 156160 Google Scholar.

37 - Friedman, Milton, « The Methodology of Positive Economics », Essays in Positive Economics, Chicago, Chicago University Press, 1953, p. 343 Google Scholar. Quand il publie son texte fondateur, de nombreuses enquêtes auprès des chefs d’entreprise montraient que ceuxci ignoraient la notion de coût marginal, alimentant ainsi une critique réaliste de l’approche néoclassique. M. Friedman répondit que l’adéquation à la réalité empirique d’une théorie devait s’apprécier non au niveau de ses hypothèses (nécessairement réductrices), mais à celui des prédictions empiriques logiquement déduites de ces hypothèses. Voir Favereau, Olivier, « Arrogance de l’économie, économie de l’arrogance », in Enriquez, E., L’arrogance. Un mode de domination néo-libéral, Paris, Éd. In Press, 2015, p. 147164, ici p. 159Google Scholar : « La plus sûre façon de se couvrir de ridicule dans un colloque scientifique en économie est de formuler une critique ‘littéraire’ (donc en langage ordinaire) de telle ou telle assertion théorique, au nom du réalisme – la seule critique recevable (et valorisée) est un test économétrique sophistiqué sur les implications empiriques d’un modèle théorique, la plupart du temps agrégé. »

38 - Notons avec U. Mäki, « As If », art. cit., que l’instrumentalisme de M. Friedman se distingue d’autres formes d’instrumentalisme (en physique par exemple), en ce sens qu’il est fondé sur des hypothèses sciemment fausses et non sur l’impossibilité pratique de tester ces hypothèses.

39 - Lordon, Frédéric, « Le désir de ‘faire science’ », Actes de la recherche en sciences sociales, 119-1, 1997, p. 2735 CrossRefGoogle Scholar. Cela peut aussi être vrai de certaines formes de microéconomie du développement pourtant proches du terrain comme les expérimentations randomisées contrôlées ( Labrousse, Agnès, « Not by Technique Alone: A Methodological Comparison of Development Analysis with Esther Duflo and Elinor Ostrom », Journal of Institutional Economics, 12-2, 2016, p. 277303 Google Scholar), où le terrain apparaît d’abord comme un « terrain de jeu statistique » et non comme une source de connaissance à part entière ( Jatteau, Arthur, « Expérimenter le développement ? Des économistes et leurs terrains », Genèses, 93-4, 2013, p. 828 Google Scholar).

40 - Nous verrons que cette situation ne renvoie pas à une caractéristique consubstantielle de la profession, infra, p. 871-874.

41 - Foucault, Michel, L’ordre du discours. Leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 2 décembre 1970, Paris, Gallimard, 1971, p. 37 Google Scholar.

42 - Le nombre de publications par objet d’études, voir A. Jatteau, « Expérimenter le développement… », art. cit., p. 16-17.

43 - Il ne s’agit pas d’une critique en soi de l’économétrie mais d’un usage particulier, communément qualifié d’« économétrie presse-bouton(s) » dans la profession.

44 - Pensons au célèbre article de Martin, Xavier Sala I, « I Just Ran Two Million Regressions », The American Economic Review, 87-2, 1997, p. 178183.Google Scholar

45 - J.-D. Naudet, « Les guignols de l’info… », art. cit., p. 3 et 14-15 du document de travail.

46 - B. Samuel, « Calculmacroéconomique etmodes de gouvernement… », art. cit., p. 106.

47 - Ferguson, James, The Anti-politics Machine: “Development”, Depolitization, and Bureaucratic Power in Lesotho, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, p. 41 Google Scholar, cité in J.-D. Naudet, « Les guignols de l’info… », art. cit., p. 22 du document de travail.

48 - M. Foucault, L’ordre du discours…, op. cit., p. 37.

49 - Par là, M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 16, entend que le « concept de validité (validity) renvoie à la question de savoir si une mesure est exacte (accurate) et le concept de fiabilité (reliability) à la question de savoir si la mesure est exacte ou inexacte de la même façon à chacune des occurrences ». De fait, ce critère de reliability est proche du critère de comparabilité des données, dans le temps et dans l’espace (A.DESROSIÈRES, L’argument statistique, op. cit., t. 2, p. 135).

50 - Voir la revue de presse figurant sur le site de M. Jerven : http://mortenjerven.com/press-and-reviews/.

51 - Justin Sandefur et Amanda L. Glassman, « The Political Economy of Bad Data: Evidence from African Survey and Administrative Statistics », Working Paper, 373, Center for Global Development, 2014, p. 1.

52 - C’est souvent le cas de notes critiques sur M. Jerven parues dans des revues francophones. Ainsi de Joseph Tédou, directeur de l’Institut national de la statistique du Cameroun, qui se focalise sur la seule question de la révision du PIB au Ghana : Tédou, Joseph, « Tribune sur Poor Numbers », Statéco, 108, 2014, p. 99101 Google Scholar.

53 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 109.

54 - Desrosières, Alain, « La statistique entre le langage de la science et celui de l’action. Comment discuter l’indiscutable ? », Correspondances. Bulletin d’information scientifique de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 39, 1993, p. 38, ici p. 3Google Scholar.

55 - Porter, Theodore M., Trust in Numbers: The Pursuit of Objectivity in Science and Public Life, Princeton, Princeton University Press, 1995 Google Scholar ; Merry, Sally Engle, « Measuring the World: Indicators, Human Rights, and Global Governance », Proceedings of the Annual Meeting of the American Society of International Law, 103, 2009, p. 239245 Google Scholar.

56 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. XII.

57 - Alain Desrosières, L’argument statistique, t.1, Pour une sociologie historique de la quantification, t.2, Gouverner par les nombres, Paris, Presses de l’École des mines, 2008, respectivement chap. 6 et 9 et chap. 6.

58 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. XIII et 10.

59 - Ibid., p. 117.

60 - Ibid.

61 - Voir, dans le cas français, Fourquet, François, Les comptes de la puissance. Histoire de la comptabilité nationale et du plan, Paris, Éd. Recherches, 1980 Google Scholar ; Vanoli, André, Une histoire de la comptabilité nationale, Paris, La Découverte, 2002 Google Scholar.

62 - A. desrosières, L’argument statistique, op. cit., t.1, p.43.

63 - Desrosières, Alain, « La mesure du développement. Un domaine propice à l’innovation méthodologique », Revue Tiers Monde, 213-1, 2013, p. 2332, ici p. 24CrossRefGoogle Scholar.

64 - Sur les (més)usages symboliques, opérationnels et politiques du PIB, voir le rapport pédagogique de Pierre Lachaize et Julien Morel, « Les usages du PIB », 2013, http://theshiftproject.org/sites/default/files/files/rapport_usages_pib_fr_bd.pdf, qui accorde cependant une importance excessive à la pertinence du PIB pour les pays du Sud.

65 - Gadrey, Jean et Jany-Catrice, Florence, Les nouveaux indicateurs de richesse, Paris, La Découverte, 2005 Google Scholar ; Joseph E. Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi (dir.), « Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social », 2010, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/094000427.pdf.

66 - Voir le Forum pour de nouveaux indicateurs de richesse (FAIR), n° hors-série « La richesse autrement », Alternatives économiques, 48, 2011, et le dossier « Qui décide de ce qui compte ? », Revue Projet, 331, 2012, p. 6-67.

67 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p.3.

68 - A. Desrosières, L’argument statistique, op. cit., t. 2, p. 139, mentionne ainsi que « dans sa pratique quotidienne, le statisticien est plongé dans un monde de conventions, qu’il enregistre ou qu’il façonne lui-même. Le fait que la mesure résulte de cet enchaînement de décisions conventionnelles est donc une évidence pour lui. Mais ensuite, il change de casquette sans s’en rendre compte, et tient un langage réaliste dès qu’il s’adresse au monde extérieur. »

69 - Bhaskar, Roy A., The Possibility of Naturalism: A Philosophical Critique of the Contemporary Human Sciences, Londres, Routledge, [1979] 1998 Google Scholar.

70 - C’est d’ailleurs bien plus le cas dans Jerven, Morten, « Un demi-siècle de fictions de croissance en Afrique. Entretien de Béatrice Hibou et Boris Samuel avec Morten Jerven », Politique africaine, 124, 2011, p. 2942 CrossRefGoogle Scholar. Peut-être est-ce lié aux questions posées qui relèvent d’une épistémologie constructiviste.

71 - Dans B. Samuel (dir.), « Autour d’un livre… », art. cit., p. 179.

72 - C’est le terme récurrent d’articles inspirés du travail de M. Jerven – mais qu’il ne revendique pas –, tout particulièrement par Shantayanan Devarajan (économiste en chef de la Banque mondiale en Afrique), « Africa's Statistical Tragedy », Africa Can End Poverty, 10 juin 2011, http://blogs.worldbank.org/africacan/africa-s-statistical-tragedy.

73 - Dans B. Samuel (dir.), « Autour d’un livre… », art. cit., p. 296-297.

74 - A. Desrosières, L’argument statistique, t.2, op. cit., p. 119-141.

75 - Philippe Couty, « Qualitatif et quantitatif », in P. Couty et G. Winter (dir.), « Qualitatif et quantitatif : deux modes d’investigation complèmentaires. Réflexions à partir des recherches de l’ORSTOM en milieu rural africain », Note de travail, 43, AMIRA, 1983, p. 35-49, ici p. 44, http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers4/15290.pdf, nous soulignons.

76 - Couty, Philippe, « Des éléments aux systèmes. Réflexions sur les procédés de généralisation dans les enquêtes de niveau de vie en Afrique », Statéco, 30, 1982, p. 1854, http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/14799/3/Stateco30.pdf Google Scholar.

77 - Sara Randall et Ernestina Coast, « Poverty in African Households: The Limits of Survey Representations », communication pour le colloque « African Economic Development: Measuring Success and Failure », Simon Fraser University, 2013.

78 - Guyer, Jane I. et Peters, Pauline E., « Introduction to Conceptualizing the Household: Issues of Theory and Policy in Africa », Development and Change, 18-2, 1987, p. 197214 CrossRefGoogle Scholar.

79 - Hill, Polly, Development Economics on Trial: The Anthropological Case for Prosecution, Cambridge, Cambridge University Press, 1986 CrossRefGoogle Scholar.

80 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 77-78.

81 - Sur cette question, voir I. Bruno, F. Jany-Catrice et B. Touchelay, « Introduction. The Social Sciences of Quantification in France… », art. cit., et le dossier « Qui décide de ce qui compte ? », art. cit.

82 - A. Desrosières, « La mesure du développement… », art. cit., p. 28.

83 - Perroux, François, L’économie du XXe siècle, Paris, PUF, [1961] 1964 Google Scholar, chap. 3 « La notion de développement ». Voir aussi Myrdal, Gunnar, « Institutional Economics », Journal of Economic Issues, 12-4, 1978, p. 771783 CrossRefGoogle Scholar.

84 - Pour une présentation et une critique de ce modèle, voir Guerrien, Bernard et Gun, Ozgur, « En finir, pour toujours, avec la fonction de production agrégée ? », Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs, 15, 2014, http://regulation.revues.org/10802 Google Scholar.

85 - Rostow, Walt Whitman, « La longue période marshallienne », in Meier, G. M. et Seers, D. (dir.), Les pionniers du développement, Paris, Economica, [1984] 1988, p. 247285 Google Scholar, ici p. 259, nous soulignons.

86 - Et ses variantes, le produit national brut (PNB) et le revenu national brut (RNB).

87 - P. Couty, « Qualitatif et quantitatif », art. cit., p. 44.

88 - Cicourel, Aaron V., Method and Measurement in Sociology, New York, Free Press, 1964 Google Scholar.

89 - A. Desrosières, L’argument statistique, op. cit., t. 1, p. 157.

90 - Ibid., chap. 16 ; Id., « La mesure du développement… », art. cit. ; Bourdieu, Pierre et al., Travail et travailleurs en Algérie, Paris, Mouton, 1963 Google Scholar.

91 - P. Couty, « Qualitatif et quantitatif », art. cit., p. 37. Voir également, pour les pays du Nord, Lomba, Cédric, « Avant que les papiers ne rentrent dans les cartons : usages ethnographiques des documents d’entreprises », in Arborio, A.-M. et al. (dir.), Observer le travail. Histoire, ethnographie, approches combinées, Paris, La Découverte, 2008, p. 2944 Google Scholar, et Hatzfeld, Nicolas, « Maladies professionnelles. La reconnaissance des troubles musculo-squelettiques. Une histoire administrative et scientifique (1982-1996) », Corps. Revue interdisciplinaire, 6, 2009, p. 4752 Google Scholar, qui portent sur le travail et sa quantification, à la croisée de l’ethnographie, de l’histoire et de la sociologie.

92 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 33-54.

93 - Ibid., p.36 sq.

94 - Ibid., p. 50. R. Cussó nous a signalé cependant que la Société des Nations (SDN) avait publié des statistiques de production agricoles : blé pour l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Égypte, l’Érythrée, le Kenya, le Maroc, le Soudan et la Tunisie ; cacao pour le Cameroun et le Congo, etc. De même, il existerait des statistiques sur la production de charbon.

95 - Bonnecase, Vincent, La pauvreté au Sahel. Du savoir colonial à la mesure internationale, Paris, Karthala, 2011.Google Scholar

96 - Ibid., p. 107.

97 - M. jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 42.

98 - Ibid., p. 45.

99 - Ibid., p. 53.

100 - Ibid., p.45 sq.

101 - Ibid., p. 51.

102 - Ibid., p. 47.

103 - Ward, Michael, Quantifying the World: UN Ideas and Statistics, Bloomington, Indiana University Press, 2004.Google Scholar

104 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 52.

105 - Ibid., p. X. Curieusement, cette période est évoquée rapidement dans la préface et à la fin du livre mais pas dans le chapitre sur l’histoire des statistiques.

106 - Ibid., p. 106.

107 - Ibid., p. 105.

108 - A. Desrosières, L’argument statistique, op. cit., t. 1, chap. 3. Le tableau d’une succession historique de régimes statistiques dominants dessiné par Jean-Pierre Beaud et Jean-Guy PrÉVost (” L’histoire de la statistique canadienne dans une perspective internationale et panaméricaine », in N. de Castro Senra et A. de Paiva Rio Camargo (dir.), Estatísticas nas Américas. Por uma agenda de estudos históricos comparados, Rio de Janeiro, Instituto Brasileiro de geografia e estatística, 2010, p. 37-65) à partir de cas américains pourrait également être adapté à l’Afrique : régimes pré ou proto-statistique, de nationalisation, de macromanagement, puis de mondialisation néolibérale.

109 - Il existe ainsi un indice de développement humain pour les peuples autochtones (IDH-PI). Voir Parizet, Raphaëlle, « Mesurer le développement pour gouverner les peuples autochtones », Revue Tiers Monde, 213-1, 2013, p. 143160 CrossRefGoogle Scholar.

110 - A. DesrosiÈRes, L’argument statistique, op. cit., t.1, p. 54.

111 - Ibid.

112 - Beaud, Jean-Pierre, « Controverses, crises et changement dans les systèmes statistiques », Statistique et société, 2-3, 2014, p. 4148 Google Scholar, version communiquée à l’auteure.

113 - Roser CussÓ et Sabrina D’Amico, « Vers une comparabilité plus normative des statistiques internationales de l’éducation : de l’éducation de masse aux compétences », in A. Vinokur (dir.), no hors-série « Pouvoirs et mesure en éducation », Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, 1, 2005, p. 1-47.

114 - Alain Clément, « Les mercantilistes et la question coloniale aux XVIe et XVIIe siècles », Outre-mers. Revue d’histoire, 348-349, 2005, p. 167-202. Une première conception prédatrice de la colonisation appréhende le commerce inéquitable avec les colonies comme une source d’enrichissement sans investissement lourd sur place ; une deuxième est celle d’un enrichissement qui tient au développement de la colonie et à des échanges plus équilibrés mais exclusifs ; une dernière, enfin, y voit une source d’appauvrissement.

115 - V. Bonnecase, La pauvreté au Sahel…, op. cit.

116 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 103.

117 - Nubukpo, Kako, « Politique monétaire et servitude volontaire : la gestion du franc CFA par la BCEAO », Politique africaine, 105, 2007, p. 7084, ici p. 73CrossRefGoogle Scholar.

118 - J.-D. Naudet, « Les guignols de l’info… », art. cit.

119 - Gunnar Myrdal, « Rétrospective sur l’inégalité internationale et l’aide étrangère », in G. M. Meier et D. Seers (dir.), Les pionniers du développement, op. cit., p. 163-178, ici p. 172.

120 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p.5.

121 - Ibid., p. XII.

122 - B. Samuel et B. Hibou (dir.), « La macroéconomie par le bas », op. cit.

123 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 105.

124 - Dans B. Samuel (dir.), « Autour d’un livre… », art. cit.

125 - J. Sandefur et A. Glassman, «The Political Economy of Bad Data… », art. cit., p. 2.

126 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 105.

127 - Raffinot, Marc, « Vite fait ou bien fait ? L’économie politique de la lutte contre la pauvreté au Mali », L’économie politique, 16-4, 2002, p. 5569, ici p. 64CrossRefGoogle Scholar.

128 - J. Sandefur et A. Glassman, « The Political Economy of Bad Data… », art. cit.

129 - Chiapello, Ève et al., « À propos de l’emprise du chiffre », Entreprises et histoire, 79-2, 2015, p. 174187 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 182.

130 - B. Samuel et B. Hibou (dir.), « La macroéconomie par le bas », op. cit.

131 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 61.

132 - Ibid., p. 13.

133 - Bonnie Campbell, « Le chiffre comme outil politique », colloque « La mesure du développement », UNESCO, 2012, p. 2, http://www.ieim.uqam.ca/IMG/pdf/B_Campbell_Le_chiffre_comme_outil_politique_0102_2012.pdf.

134 - Lyazid Kichou et Christian Palloix, « Les groupes agroalimentaires multinationaux en Europe. Entre exubérance financière et inversion des chaînes de valeur », colloque « Les entreprises multinationales, les chaînes de valeur mondiales et la régulation sociale », CRIMT, 2011, traitent de ces questions dans le cas des firmes agroalimentaires des pays développés. Là encore, celles-ci ne sont pas spécifiques à l’Afrique, même si les enjeux y sont particulièrement forts.

135 - Bonnie Campbell, « Le chiffre comme outil politique », art. cit., p. 3, cite le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « Illicit Financial Flows from the Least Developed Countries, 1990-2008 », 2011, http://content-ext.undp.org/aplaws_publications/3273649/IFFs_from_LDCs_web.pdf : « Six des dix pays les plus touchés par ces fuites cumulées se trouvent en Afrique et incluent l’Angola (2e), le Lesotho (3e), le Tchad (4e), l’Ouganda (7e), l’Éthiopie (9e) et la Zambie (10e). »

136 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 112.

137 - Voir Philip Mirowski, Plus de chaleur que de lumière. L’économie comme physique sociale, la physique comme économie de la nature, trad. par F. Briozzo, P. Barreau et B. Maurin, Paris, Economica, [1989] 2001, sur la transposition discutable de concepts issus de la mécanique du XIXe siècle par des économistes néoclassiques.

138 - « L’hypothèse atomistique qui a si bien fonctionné en physique s’effondre dans les domaines psychiques. À tout instant, nous sommes confrontés à des phénomènes discrets, à des problèmes d’unité organique, de discontinuité – le tout n’est pas égal à la somme des parties, les comparaisons quantitatives nous trompent, de petits changements peuvent provoquer de grand effets, les hypothèses d’uniformité et d’homogénéité au sein d’un continuum ne sont pas satisfaites », J. M. Keynes, cité in Delorme, Robert, Deep Complexity and the Social Sciences: Experience, Modelling and Operationality, Cheltenham, Edward Elgar, 2010, p. 66 CrossRefGoogle Scholar, nous soulignons.

139 - Voir notamment les travaux de J. M. Keynes sur les probabilités, ibid., p. 64-77.

140 - Citée ibid., p. 69.

141 - Labrousse, Agnès, « Éléments pour un institutionnalisme méthodologique : autonomie, variation d’échelle, réflexivité et abduction », Économie et institutions, 8, 2006, p. 553 Google Scholar.

142 - Menard, Claude, « Trois formes de résistance à la statistique : Say, Cournot, Walras », in Pour une histoire de la statistique, Paris, INSEE/Economica, 1977, t. 1, p. 417429 Google Scholar.

143 - Une posture influencée par un constructivisme néokantien pour l’école historique allemande et par le pragmatisme de John Dewey et de Charles Sanders Peirce pour l’institutionnalisme américain. Le caractère conventionnel des statistiques est manifeste pour le courant contemporain de l’économie des conventions qui est aussi une économie des conventions statistiques (Alain Desrosières, « The Economics of Conventions and Statistics: The Paradox of Origins », Historische Sozialforschung, 36-4, 2011, p. 64-81).

144 - G. Myrdal, « Institutional Economics », art. cit., p. 776.

145 - McCartney, Matthew, « Can a Heterodox Economist Use Cross-country Growth Regressions ? », Post-autistic Economics Review, 37, 2006, p. 4554 Google Scholar. Les conceptions institutionnalistes et néoclassiques des statistiques entrèrent en conflit lors de la controverse Rutledge Vining vs Tjalling Koopmans des années 1940 : le physicien transfuge en économie T. Koopmans reprochait, non sans mauvaise foi, aux institutionnalistes du National Bureau of Economic Research (NBER) comme W. Mitchell de faire du « measurement without theory », parce que ces derniers se refusaient à dégager des lois économiques universelles et se limitaient à des régularités situées.

146 - M. Jerven, Poor Numbers…, op. cit., p. 92.

147 - « La statistique publique, un bien public original », colloque intersyndical de l’INSEE, 2011, http://www.cgtinsee.org/Kolok/kolok5/Actes_colloque2011_integrale.pdf.

148 - André Orléan, «Humility in Economics », Post-autistic Economics Newsletter, 5, 2001, http://www.paecon.net/PAEtexts/Orlean1.htm.

149 - A. Desrosières, « La statistique entre le langage de la science et celui de l’action », art. cit., p. 1.

150 - Nous suivons là Bruno Théret (” Méthodologie des comparaisons internationales, approches de l’effet sociétal et de la régulation. Fondements pour une lecture structuraliste des systèmes nationaux de protection sociale », L’année de la régulation, 1, 1997, p. 163-228) sur l’intérêt heuristique profond des cas extrêmes dans les comparaisons internationales, qu’il ne s’agit pas d’écarter comme aberrants (outliers) mais, au contraire, de placer au coeur de l’analyse.

151 - Guy Marchal, « Les statistiques chinoises mettent les économistes au défi », L’Agefi, 2015, http://www.agefi.fr/asset-management/actualites/hebdo/20160210/statistiques-chinoises-mettent-economistes-defi-158931.

152 - Guillaume Giroir, « Statistiques et territoire en Chine », L’information géographique, 69-1, 2005, p. 91-101, ici p. 92.

153 - Cité ibid., p. 94.

154 - Ibid.

155 - Ibid., p. 93.

156 - Attané, Isabelle, « La fécondité chinoise à l’aube du XXIe siècle : constats et incertitudes », Population, 55-2, 2000, p. 233264 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 234-235 : « Si, jusqu’au recensement de 1990, la Chine a disposé de données démographiques abondantes et relativement fiables, ce n’est plus le cas depuis lors. Les deux dernières enquêtes (enquête sur la fécondité et le contrôle des naissances de 1992 et enquête intercensitaire de 1995), d’une qualité unanimement reconnue comme médiocre, y compris par la Chine ellemême, n’ont pu être exploitées efficacement. Les données d’état civil n’ont pas permis de pallier ces lacunes. Avec le démantèlement des communes populaires au début des années quatre-vingt et la désagrégation progressive du système d’encadrement des individus par l’État, les registres d’état civil sont en effet devenus très lacunaires, à tel point que les données qu’ils compilent ne sont plus utilisées pour l’analyse démographique. Migrations internes de plus en plus nombreuses rendant difficile le suivi d’une part croissante de la population, perte de contrôle de l’État sur la population, négligences dans les déclarations des naissances et des décès, refus des couples de déclarer un mariage illégal ou une naissance non planifiée et falsification des statistiques par les cadres pour satisfaire les quotas imposés en matière de limitation des naissances sont autant de raisons qui expliquent la dégradation de la qualité du système d’enregistrement continu de la population. »

157 - Rawski, Thomas G., « What's Happening to China's GDP Statistics ? », China Economics Review, 12-4, 2001, p. 347354 CrossRefGoogle Scholar.

158 - Éric Béziat et Henri Olivier, « Faut-il croire le chiffre officiel de la croissance chinoise ? », Le Monde, 19 janv. 2016.

159 - J.-P. Beaud, « Controverses, crises et changement dans les systèmes statistiques », art. cit., version communiquée à l’auteure.

160 - Voir notamment les travaux de Nelson de Castro Senra pour le Brésil, ainsi que ceux d’Hernan Otero pour l’Argentine et de Léticia Mayer pour le Mexique, cités ibid.

161 - J.-P. Beaud et J.-G. Prévost, « L’histoire de la statistique canadienne… », art. cit.

162 - Blum, Alain et Mespoulet, Martine, L’anarchie bureaucratique. Statistiques et pouvoirs sous Staline, Paris, La Découverte, 2003 Google Scholar.