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Pluraliser la modernité politique

Actualité de l’histoire transimpériale russo-ottomane (note critique)

Published online by Cambridge University Press:  02 April 2025

Masha Cerovic*
Affiliation:
CERCEC – EHESS [email protected]

Abstract

Des monographies récentes témoignent du dynamisme de l’histoire transimpériale russo-ottomane contemporaine. L’étude des prisonniers de guerre, des réfugiés et des pèlerins permet notamment à trois jeunes historiens et historienne, Will Smiley, Vladimir Hamed-Troyansky et Lâle Can, d’offrir des perspectives neuves sur l’histoire d’institutions centrales de la modernité politique. Par l’exploitation de sources nouvelles, l’attention portée aux interactions entre acteurs étatiques et non étatiques, et aux pratiques ordinaires de gouvernement, comme par le décentrement des perspectives, ils tracent les contours d’un puissant renouvellement historiographique. Leur lecture croisée invite à interroger les dynamiques d’une co-construction d’ordres impériaux fondés sur des conceptions partagées de la souveraineté, de la sujétion et de la protection. Elle souligne l’imbrication systémique des projets de colonisation des deux empires, la centralité d’acteurs des marches impériales et la redéfinition complexe des affiliations et appartenances au cours de ces processus de modernisation souvent violents.

A number of recent monographs testify to the dynamism of transimperial analyses of the Russian and Ottoman Empires in the late modern period. In particular, the study of prisoners of war, refugees, and pilgrims has enabled three young scholars, Will Smiley, Vladimir Hamed-Troyansky, and Lâle Can, to offer fresh perspectives on the history of institutions central to political modernity. By exploiting new sources, focusing on interactions between state and non-state actors, exploring ordinary practices of government, and decentering perspectives, these volumes contribute to shaping a powerful historiographical renewal. Reading them together, this article considers the dynamics of the co-construction of imperial orders based on shared conceptions of sovereignty, subjecthood, and protection. It underlines the systemic entanglement of the two empires’ colonization projects, the centrality of borderland actors, and the complex redefinition of affiliations and belonging that took place in the course of these often violent processes of modernization.

Type
Historiographie transimpériale
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

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À propos de Will Smiley, From Slaves to Prisoners of War: The Ottoman Empire, Russia, and International Law, Oxford, Oxford University Press, 2018 ; Lâle Can, Spiritual Subjects: Central Asian Pilgrims and the Ottoman Hajj at the End of Empire, Stanford, Stanford University Press, 2020 ; et Vladimir Hamed-Troyansky, Empire of Refugees: North Caucasian Muslims and the Late Ottoman State, Stanford, Stanford University Press, 2024.

References

1. La surreprésentation des universités britanniques et nord-américaines dans le champ est en partie liée à leur attractivité pour de jeunes historiennes et historiens issus de trajectoires migratoires complexes, aux compétences et perspectives rares. La possibilité de concevoir des parcours et comités doctoraux « à la carte » est un autre atout des programmes doctoraux états-uniens. L’Allemagne constitue un autre pôle important d’émergence de ces recherches, avec une prépondérance, pour l’instant, de modernistes.

2. Pour les débats historiographiques sur la modernité dans le contexte des empires russe et soviétique, voir Michael David-Fox, Crossing Borders: Modernity, Ideology, and Culture in Russia and the Soviet Union, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2015. Pour l’Empire ottoman, voir le désormais classique Erik J. Zürcher, Turkey: A Modern History, Londres/New York, I.B. Tauris, [1993] 2004. Sur les débats, toujours vifs, à propos des questions de modernité et modernisation en Europe de l’Est, voir Włodzimierz Borodziej, Stanislav Holubec et Joachim von Puttkamer (dir.), Mastery and Lost Illusions: Space and Time in the Modernization of Eastern and Central Europe, Munich, De Gruyter Oldenbourg, 2014.

3. Pour de nouvelles histoires internationales fouillées des relations russo-ottomanes, voir Michael A. Reynolds, Shattering Empires: The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires, 1908-1918, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2011 ; Lucien J. Frary et Mara Kozelsky (dir.), Russian-Ottoman Borderlands: The Eastern Question Reconsidered, Madison, The University of Wisconsin Press, 2014.

4. Les groupes étudiés sont très majoritairement masculins dans les archives, d’où l’utilisation systématique du masculin pour les désigner dans cet article. La place des femmes varie néanmoins selon les situations : leur invisibilisation dans les archives reflète des réalités diverses. W. Smiley souligne que les femmes constituent une part importante des captifs en temps de guerre, qu’il s’agisse de femmes accompagnant les armées ou, plus fréquemment, de civiles raflées pendant le conflit. Néanmoins, ces femmes apparaissent beaucoup plus rarement dans les archives, et ce pour plusieurs raisons : elles étaient rapidement achetées comme esclaves domestiques et étaient difficiles à atteindre dans les foyers ottomans ; elles ne présentaient pas d’intérêt économique ou militaire pour les autorités russes, qui s’intéressaient moins à leur sort ; les femmes ayant donné naissance à un enfant musulman dans l’Empire ottoman ne pouvaient plus légalement être renvoyées dans l’Empire russe. Dans le cas des réfugiés circassiens, V. Hamed-Troyansky souligne que le déséquilibre démographique marqué en faveur des hommes parmi les réfugiés reflétait une forte surmortalité féminine pendant la migration. Au début du xxe siècle néanmoins, des femmes jouèrent un rôle important dans le mouvement national circassien. Enfin, L. Can note que le hajj était souvent affaire familiale, mais que les femmes apparaissent dans les archives presque uniquement comme épouses, filles ou mères d’un pèlerin, et qu’elles ne laissent guère plus de traces archivistiques.

5. Les monographies discutées ici sont complétées par des recherches, encore fragmentaires, sur ces communautés diasporiques elles-mêmes, qui centrent ces groupes au sein d’histoires nationales et transnationales, et qui considèrent généralement les empires comme des ressources, des obstacles ou simplement comme la toile de fond de ces histoires. Pour les Circassiens, voir Seteney Shami, « Prehistories of Globalization: Circassian Identity in Motion », A. Appadurai (dir.), no spécial « Globalization », Public Culture, 12-1, 2000, p. 177‑204 ; Zeynel Abidin Besleney, The Circassian Diaspora in Turkey: A Political History, Londres, Routledge, 2014 ; Elbruz Aksoy, Benim Adım 1864. Çerkes Hikâyeleri, Istanbul, İletişim Yayınları, 2018. Voir aussi Brian Williams, The Crimean Tatars: The Diaspora Experience and the Forging of a Nation, Leyde/Boston, Brill, 2001.

6. Sur le rôle central de l’empire Romanov dans ce processus de formalisation, voir Peter Holquist, « The Russian Empire as a ‘Civilized State’: International Law as Principle and Practice in Imperial Russia, 1874-1878 », Working Paper, National Council for Eurasian and East European Research, 2004.

7. Voir aussi Ehud R. Toledano, The Ottoman Slave Trade and Its Suppression, 1840-1890, Princeton, Princeton University Press, [1982] 2014 ; Christoph Witzenrath, The Russian Empire, Slaving and Liberation, 1480-1725: Trans-Cultural Worldviews in Eurasia, Berlin, De Gruyter, 2022.

8. Voir Georgij Alekseevich Dzidzarija, Makhadzhirstvo i problemy istorii Abkhazii xix stoletija, Sukhumi, Alashara, 1982 ; Peter Holquist, « To Count, to Extract, and to Exterminate: Population Statistics and Population Politics in Late Imperial and Soviet Russia », in R. G. Suny et T. Martin (dir.), A State of Nations: Empire and Nation-Making in the Age of Lenin and Stalin, Oxford/New York, Oxford University Press, 2001, p. 111‑144 ; Mara Kozelsky, « Casualties of Conflict: Crimean Tatars During the Crimean War », Slavic Review, 67-4, 2008, p. 866‑891 ; Dana Sherry, « Social Alchemy on the Black Sea Coast, 1860–65 », Kritika: Explorations in Russian and Eurasian History, 10-1, 2009, p. 7‑30.

9. Le terme muhacir est un dérivé de hijra. Il est devenu à la fois une catégorie juridique et administrative, et une identité revendiquée pour les musulmans forcés à quitter des États chrétiens, indépendamment des circonstances particulières de leur déplacement. Vladimir Hamed-Troyansky offre une discussion détaillée des termes et concepts utilisés dans l’espace ottoman, même si sa discussion des termes russes reste plus superficielle.

10. V. Hamed-Troyansky, Empire of Refugees, op. cit., p. 10.

11. Voir James H. Meyer, « Immigration, Return, and the Politics of Citizenship: Russian Muslims in the Ottoman Empire, 1860-1914 », International Journal of Middle East Studies, 39-1, 2007, p. 15‑32.

12. Contrairement à d’autres spécialistes, elle refuse donc l’idée que des empires chrétiens aient pu être considérés comme des « protecteurs » du hajj, réduit à sa dimension logistique. Voir Eileen Kane, Russian Hajj: Empire and the Pilgrimage to Mecca, Ithaca, Cornell University Press, 2015 ; Valentina Izmirlieva, « Christian Hajjis—The Other Orthodox Pilgrims to Jerusalem », Slavic Review, 73-2, 2014, p. 322‑346. Pour une synthèse sur les empires européens comme « puissances musulmanes » organisant le pèlerinage et la structuration parallèle d’un espace transimpérial musulman à l’époque coloniale, voir Luc Chantre, Pèlerinages d’empire. Une histoire européenne du pèlerinage à La Mecque, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018.

13. Voir Lauren Benton, « From International Law to Imperial Constitutions: The Problem of Quasi-Sovereignty, 1870–1900 », D. S. Tanenhaus (dir.), no spécial « Law, War, and History », Law and History Review, 26-3, 2008, p. 595‑619.

14. L. Can, Spiritual Subjects, op. cit., p. 30.

15. Les loges centrasiatiques stambouliotes étudiées dans l’ouvrage ont été fondées entre la fin du xviie et le milieu du xviiie siècle par des notables affiliés à l’ordre des Naqshbandi.

16. Voir, en particulier, Stefan Rohdewald, Stephan Conermann et Albrecht Fuess (dir.), Transottomanica – Osteuropäisch-osmanisch-persische Mobilitätsdynamiken: Perspektiven und Forschungsstand, Göttingen, V&R unipress, 2019 ; Ninja Bumann et al. (dir.), Handbook on the History and Culture of the Black Sea Region, Boston, De Gruyter, 2024.

17. Cette conclusion est renforcée par Alexander Morrison, The Russian Conquest of Central Asia: A Study in Imperial Expansion, 1814-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 2020. A. Morrison montre que la conquête russe de l’Asie centrale était fondée sur le refus par l’État impérial russe de reconnaître les khanats et émirats centrasiatiques en tant qu’acteurs politiques légitimes, alors qu’il n’avait aucune difficulté à coopérer avec son homologue britannique pour sceller le nouvel ordre interimpérial dans la région, malgré tous les discours de « grand jeu ». En dépit de leurs liens avec les empires européens, le concept de souveraineté des empires russe et ottoman paraît articuler des processus de réforme juridique, de territorialisation, de nationalisation et de colonisation, selon des logiques et des temporalités distinctes de celles observées dans les empires coloniaux d’Europe occidentale, telles qu’analysées en particulier par Lauren Benton, A Search for Sovereignty: Law and Geography in European Empires, 1400-1900, Cambridge, Cambridge University Press, 2009.

18. Pour une histoire transnationale du Turkestan russo-chinois, voir David Brophy, Uyghur Nation: Reform and Revolution on the Russia-China Frontier, Cambridge, Harvard University Press, 2016.

19. Alfred Rieber propose la meilleure synthèse sur l’histoire de l’Eurasie au prisme d’une expansion impériale mue par la rivalité entre empires : Alfred J. Rieber, The Struggle for the Eurasian Borderlands: From the Rise of Early Modern Empires to the End of the First World War, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2014. L’historiographie récente a réécrit les dynamiques et effets de ces rivalités interimpériales sur les borderlands d’Europe de l’Est et d’Anatolie au cours du premier xxe siècle. Voir Donald Bloxham, The Great Game of Genocide: Imperialism, Nationalism, and the Destruction of the Ottoman Armenians, Oxford, Oxford University Press, 2005 ; Omer Bartov et Eric D. Weitz (dir.), Shatterzone of Empires: Coexistence and Violence in the German, Habsburg, Russian, and Ottoman Borderlands, Bloomington, Indiana University Press, 2013.

20. Sur le processus de conquête et de colonisation de la frontière, voir Nicholas B. Breyfogle, Abby Schrader et Willard Sunderland (dir.), Peopling the Russian Periphery: Borderland Colonization in Eurasian History, Londres/New York, Routledge, 2008 ; Michael Khodarkovsky, Russia’s Steppe Frontier: The Making of a Colonial Empire, 1500-1800, Bloomington/Indianapolis, Indiana University Press, 2002 ; Willard Sunderland, Taming the Wild Field: Colonization and Empire on the Russian Steppe, Ithaca, Cornell University Press, 2004 ; Brian J. Boeck, Imperial Boundaries: Cossack Communities and Empire-Building in the Age of Peter the Great, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2009 ; Reşat Kasaba, A Moveable Empire: Ottoman Nomads, Migrants, and Refugees, Seattle, University of Washington Press, 2009.

21. Voir Stefan Berger et Alexei Miller, Nationalizing Empires, Budapest/New York, Central European University Press, 2015 ; Darius Staliūnas, Making Russians: Meaning and Practice of Russification in Lithuania and Belarus After 1863, Leyde, Brill, 2007 ; Darius Staliūnas et Yoko Aoshima (dir.), The Tsar, the Empire, and the Nation: Dilemmas of Nationalization in Russia’s Western Borderlands, 1905-1915, Budapest/New York, Central European University Press, 2021.

22. Cela se manifesta également par une méfiance nouvelle à l’égard de certaines des populations jusque-là privilégiées pour la colonisation interne, dont les Allemands et les Arméniens.

23. Stephen Badalyan Riegg, Russia’s Entangled Embrace: The Tsarist Empire and the Armenians, 1801-1914, Ithaca, Cornell University Press, 2020, p. 195 sq.

24. Sur la reconfiguration de la réinstallation des réfugiés comme projet national, plutôt qu’impérial, après le génocide, voir Jo Laycock, « Developing a Soviet Armenian Nation: Refugees and Resettlement in the Early Soviet South Caucasus », in K. A. Goff et L. H. Siegelbaum (dir.), Empire and Belonging in the Eurasian Borderlands, Ithaca, Cornell University Press, 2019, p. 97‑111. Sur l’émergence du régime contemporain des réfugiés, voir Peter Gatrell, The Making of the Modern Refugee, Oxford, Oxford University Press, 2013. L. Can mentionne l’arrivée continue au Moyen-Orient de réfugiés d’Asie centrale qui fuyaient l’Union soviétique pendant l’entre-deux-guerres ; il reste encore beaucoup de recherches à mener sur les régions anciennement ottomanes comme pays de transit, mais aussi d’accueil, des réfugiés qui fuirent les révolutions de 1917, les guerres civiles qui s’ensuivirent et la violence bolchévique.

25. Étienne Forestier-Peyrat, « Retrouver le Caucase. Histoire d’une diplomatie frontalière, 1905-1938 », thèse de doctorat, Sciences Po Paris, 2015 ; id., Histoire du Caucase au xxe siècle, Paris, Fayard, 2020.

26. Sur l’histoire du régime impérial du sujet, de la nationalité et de la citoyenneté dans les deux empires, voir Eric Lohr, Russian Citizenship: From Empire to Soviet Union, Cambridge, Harvard University Press, 2012 ; Michelle U. Campos, Ottoman Brothers: Muslims, Christians, and Jews in Early Twentieth-Century Palestine, Stanford, Stanford University Press, 2010 ; Dina Rizk Khoury et Sergey Glebov, « Citizenship, Subjecthood, and Difference in the Late Ottoman and Russian Empires », Ab Imperio, 1, 2017, p. 45‑58. Les auteurs et l’autrice des trois livres ont choisi de recourir à la catégorie de « sujétion » (subjecthood) plutôt qu’à celles de « nationalité » ou de « citoyenneté », en argumentant parfois explicitement contre la confusion de ces dernières dans la traduction des termes russes et turcs, qu’ils discutent précisément.

27. W. Smiley, From Slaves to Prisoners of War, op. cit., p. 99.

28. Voir id., « The Burdens of Subjecthood: The Ottoman State, Russian Fugitives, and Interimperial Law, 1774–1869 », International Journal of Middle East Studies, 46-1, 2014, p. 73‑93 ; C. Witzenrath, The Russian Empire, Slaving and Liberation, 1480-1725, op. cit.

29. Pour une histoire transnationale qui met l’accent sur la manière dont des personnes pouvaient tirer profit du pluralisme juridique et des revendications conflictuelles de souveraineté dans le contexte russo-ottoman, voir James H. Meyer, Turks Across Empires: Marketing Muslim Identity in the Russian-Ottoman Borderlands, 1856-1914, Oxford/New York, Oxford University Press, 2014. L’approche de L. Can puise aux réflexions de Mary Dewhurst Lewis à propos des formes et pratiques de sujétion entre empires dans le protectorat tunisien. Voir Mary Dewhurst Lewis, Divided Rule: Sovereignty and Empire in French Tunisia, 1881-1938, Berkeley, University of California Press, 2013.

30. W. Smiley, From Slaves to Prisoners of War, op. cit., p. 99.

31. Sur les discours et rituels de légitimité impériale au xixe siècle, voir Richard S. Wortman, Scenarios of Power: Myth and Ceremony in Russian Monarchy from Peter the Great to the Abdication of Nicholas II, Princeton, Princeton University Press, 2006 ; Selim Deringil, The Well-Protected Domains: Ideology and the Legitimation of Power in the Ottoman Empire, 1876-1909, Londres/New York, Tauris, 1998 ; Kemal H. Karpat, The Politicization of Islam: Reconstructing Identity, State, Faith, and Community in the Late Ottoman State, New York, Oxford University Press, 2001.

32. Sur le régime de protection créé par l’extraterritorialité européenne dans l’Empire ottoman, voir Sarah Abrevaya Stein, Extraterritorial Dreams: European Citizenship, Sephardi Jews, and the Ottoman Twentieth Century, Chicago/Londres, The University of Chicago Press, 2016 ; Will Hanley, Identifying with Nationality: Europeans, Ottomans, and Egyptians in Alexandria, New York, Columbia University Press, 2017.

33. Les articulations et superpositions possibles entre des réseaux circassiens plus anciens issus de l’esclavage et des réseaux contemporains créés par les déplacements de population nécessitent de plus amples recherches. Il s’agirait d’une piste intéressante pour connecter les histoires transimpériales russo-ottomane et franco-ottomane qui se développent pour l’instant de façon parallèle. Voir M’hamed Oualdi, Un esclave entre deux empires. Une histoire transimpériale du Maghreb, Paris, Éd. du Seuil, [2020] 2023.

34. Pour des exemples récents de cette histoire transnationale dans la région, voir Houri Berberian, Roving Revolutionaries: Armenians and the Connected Revolutions in the Russian, Iranian, and Ottoman Worlds, Oakland, Univesity of California Press, 2019 ; Danielle Ross, Tatar Empire: Kazan’s Muslims and the Making of Imperial Russia, Bloomington, Indiana University Press, 2020.

35. Voir S. Rohdewald, S. Conermann et A. Fuess (dir.), Transottomanica – Osteuropäisch-osmanisch-persische Mobilitätsdynamiken, op. cit. Sur la cartographie et le contrôle de l’espace dans les terres des Romanov, voir Jane Burbank, Mark von Hagen et Anatolyi Remnev (dir.), Russian Empire: Space, People, Power, 1700-1930, Bloomington, Indiana University Press, 2007 ; W. Borodziej, S. Holubec et J. Puttkamer (dir.), Mastery and Lost Illusions, op. cit ; Frithjof Benjamin Schenk, Russlands Fahrt in die Moderne. Mobilität und sozialer Raum im Eisenbahnzeitalter, Stuttgart, Steiner, 2014 ; John P. LeDonne, Forging a Unitary State: Russia’s Management of the Eurasian Space, 1650-1850, Toronto/Buffalo/Londres, University of Toronto Press, 2020 ; Steven Seegel, Mapping Europe’s Borderlands: Russian Cartography in the Age of Empire, Chicago/Londres, The University of Chicago Press, 2012.

36. Cette reconceptualisation de l’Empire soviétique comme n’étant « pas simplement une fédération de nationalités circonscrites dans des républiques [à leur nom] », mais un « empire de diasporas mobiles » a été proposée par Erik R. Scott, Familiar Strangers: The Georgian Diaspora and the Evolution of Soviet Empire, Oxford/New York, Oxford University Press, 2016, p. 3.

37. Voir en particulier L. A. Benton, A Search for Sovereignty, op. cit.

38. S. Rohdewald, S. Conermann et A. Fuess (dir.), Transottomanica – Osteuropäisch-osmanisch-persische Mobilitätsdynamiken, op. cit.