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Milieu XVIe siecle, début XVIIe : Libertinisme et hérésie

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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Même les travaux les plus récents sur le libertinisme sont loin d'avoir dégagé sa physionomie claire et surtout entière entre xvie et xviie siècles. Des attitudes habituelles amènent les historiens à le considérer soit comme un aspect du vaste mouvement que l'on appelle, tour à tour, rationalisme et libre pensée, et à le noyer ainsi dans une vaste perspective, alors qu'il faudrait le situer avec précision, soit à le saisir de près, cette fois, à travers plusieurs « conjonctures » libertines différentes, quitte à l'identifier abusivement avec tel ou tel courant de pensée, telle ou telle tendance morale. Bref, nous ne nous trouvons jamais en face, aujourd'hui, d'une définition globale du libertinisme, aux xvie et xviie siècles, qui soit valable à la fois pour toute cette longue période et qui, suffisamment documentée, embrasse tous ses aspects divers. Il faut, donc, dès le départ, prendre acte de ces carences et souligner, en même temps, que jusqu'alors la continuité de l'attitude libertine, entre xvie et xviie siècles, n'a cependant jamais été mise en doute et que, sans avoir été prouvée, elle constitue néanmoins la toile de fond de toutes les interprétations.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1963

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References

1. La déclaration de l'homme extérieur et de l'homme intérieur, Vung selon la chair et Vaultre selon l'esprit, dans Traités mystiques écrits dans les années 1547 à 1549, éd. C. Schmidt, Bâle-Genève-Lyon, 1876, p. 65.

2. J. Calvin, Contre la secte phantastique et furieuse des libertins qui se nomment spirituelz, s.l., 1547, p. 43.

1. La déclaration… cit., p. 81 ; cf. Théâtre mystique de Pierre Du Val et des libertins spirituels de Rouen au XVIe siècle, éd. E. Picot, Paris 1882, p. 67.

2. Koyré, A., Mystiques, spirituels, alchimistes du XVIe siècle allemand : Schwenckfeld, Sébastien Franck, Weigel, Paracelse, Paris, 1955 (cahier des Annales n° 10), p. 19.Google Scholar

1. Dans plusieurs passages de son De origine haeresium nostri temporis (Louvain 1559), Stanislas Hosius brosse assez clairement son interprétation. « Bernardus vero Rothmannus, Henricus Rolius et Godefridus Strallen ex Hessia missus, écrit-il d'abord, sicut ex christianis luterani, sic paulo post ex lutheranis facti sunt anabaptistae et anabaptistarum evangelium summa vi propagarunt, verumque illud esse ostenderunt quod scriptum est : impius cum in profundum venerit contemnit. Nam si semel aliquis deserit religionem christianam, cuicunque tandem sectae nomen dederit, ei ludus quidam esse videtur de una secta in aliam transilire » ; ibid., fol. 24. Cf. plus loin : « Penestras fabricare sathanismo nefas non est ?… Unde sacramentarii, unde nobis anabaptistae, unde svenckfeldiani, unde prodierunt servetiani ? Non aliunde certe quam ex iis mutationibus quas Lutherus instituit » ; ibid., fol. 46 v°. L'idée de la progression de l'hérésie vers l'impiété est aussi exprimée par le titre d'un paragraphe du même ouvrage : « Quibus gradibus sathanismus Germaniam occupant », ibid., fol. 48 v.

1. Cf. A.-L. Herminjard, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue Française, t. VIII, Genève 1893, p. 229, et t. IX, ibid., 1897, p. 179.

1. Colloquium Heptaplomeres, 1. VI, éd. partielle d'un manuscrit français par R. Chauviré, Paris, 1914, pp. 159-160.

2. Ibid., p. 177.

1. De la Sagesse, Paris, 1604, préface, pp. 8 et 14.

2. Ibid., p. 8-9 et 1. II, ch. 2, p. 320.

1. IUd., 1. I I , ch. 2, n° 2, pp. 322-323.

2. Ibid., n° 1, pp. 320-321.

3. IUd., n° 3, pp. 324-325.

4. Ibid., 1. II, ch. 3, p. 349.

5. Ibid., 1. I, ch. 14, passim.

6. Ibid., 1. II, ch. 3, n° 7, pp. 358-359 ; cf. HeptapUrmeres, éd. Noack, 1. IV, p. 149 et 1. V, p. 190.

7. De la sagesse, 1. I I , ch. 8, n° 11, p. 862, et n° 13, p. 364.

8. Ibid., préface, p. 8 ; 1. I I , ch. 2, p. 329 et ch. 3, n° 6, p. 355.

1. Ibid., 1. II, ch. 3, n° 5 et 6, pp. 858 et 355 ; cf. aussi ibid., p. 862.

2. Ibid., n° 6 et 7, pp. 355 et 358.

3. Ibid., n° 6, p. 357.

4. Ibid., ch. 5, n° 19, p. 392. La plupart des historiens n'ont pas remarqué jusqu'ici que, au delà des contradictions entre les oeuvres apologétiques de Charron et sa Sagesse, il y a partout chez lui une conception identique de la divinité. Il faut même dire que sa théologie négative joue un rôle moins éclatant dans la Sagesse, tandis qu'elle occupe une place essentielle dans Les trais vérités et dans les Discours chrestiens. Dans Les trois vérités, au cinquième chapitre du premier livre, on lit notamment : «Ainsi seront toutes ces images (de Dieu) différentes, comme diverses les âmes qui les peignent en leurs portées et capacitéz ; voire une mesme âme changera souvent d'image comme elle s'eslevera, s'esvertuera et s'esclaircira plus ou moins, soit par ses propres et naturelles forces ou bien soulevée et guidée par discipline et instruction prinse d'ailleurs. Dont il y aura icy du plus et du moins : plus belle, haute, riche sera l'âme, plus noble Dieu aura elle, plus belle et plus digne image fera elle ». Cf. également le premier des Discours chrestiens sur la divinité.

5. De la Sagesse, 1. I I , ch. 5, n° 15, p. 891, et n° 19, p. 892.

1. Ibid., ch. 8, n° 16, p. 367.

1. Les trois vérités, Paris, 1594, l r e partie, ch. 5, p. 24-25.

2. Ibid., p. 25 et 18-19.

3. « Il y a donc un autre moyen de s'asseurer des choses que par raison, sens ou expérience, et beaucoup meilleur, plus doux, plus coy et paisible : c'est l'authorité du souverain ; laquelle qui recognoit, comme il doit, avec révérence, il se met à l'abry de toute dispute, doute, inconstance et perplexité : il vit en repos, car il s'en remet à celuy qui peut et qui doit l'en garantir, auquel croire c'est la vraye religion… » ; ibid., 2” partie, ch. 12, p. 167. Cf. De la Sagesse, 1. I I , ch. 5, n° 6, p. 888.

4. De la Sagesse, préface, pp. 19-20.

1. Ibid., 1. I, ch. 38, n° 12, p. 215 et 1. II, ch. 5, n° 2, p. 381.

2. Ibid., 1. II, ch. 2, n° 3, p. 325. « Ce qui se fait au dehors —» écrit encore Charron — est plus pour nous que pour Dieu, pour l'unité et édification humaine que pour la vérité divine » ; ibid., 1. II, ch. 5, n° 21, p. 393.

3. Ibid., ch. 5, n° 28, p. 398.