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Mémoires divisées. Résistance et guerre aux civils en Italie
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
L’article présente les recherches conduites en Italie au cours de la dernière décennie sur ce que l’on a appelé « la mémoire divisée de la Résistance ». Acte fondateur et légitimant de la République italienne née après la guerre, la Résistance fut figée dans une image d’Épinal qui célébrait l’unité du peuple italien, partisans et civils confondus, dans la lutte de libération nationale contre l’occupant nazi et le fascisme. Or, cette image lisse a été remise en cause dans les années 1990 : on a commencé, d’une part, à montrer comment la mémoire publique de la Résistance avait été construite, et, d’autre part, à restituer la complexité de la mémoire populaire, elle-même divisée de l’intérieur, en raison des blessures profondes laissées par la violence des massacres nazis. Ceux-ci ont en effet provoqué une fracture entre civils et partisans, considérés dans certains cas comme responsables, par leurs actions, des représailles des occupants.
Abstract
This text presents the latest studies on what has been called the divided memory of the Italian Resistance. The Resistance, which founded and legitimized the Italian Republic after the war, was congealed into a myth celebrating the unity of the Italian people – partisans and civilians – fighting together to liberate the Nation from Nazi occupier and Fascism. This smooth image began to be questioned in the 1990s. First, these studies showed how the collective memory of the Resistance had taken shape; then they strove to reassess a popular memory internally divided because of the profound wounds caused by Nazi massacres. Such violence estranged civilians from partisans, whose actions were deemed responsible, in some instances, for the Occupier's retaliations.
- Type
- Pays en armes
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2005
References
À propos D’Alessandro Portelli, L’ordine è già stato eseguito. Roma, le Fosse Ardeatine, la memoria, Rome, Donzelli, 1998.
1- Sur l’expérience du cercle Gianni Bosio, voir Alessandro Portelli, « Ricerca sul campo, intervento politico, organizzazione di classe: il lavoro del circolo “Gianni Bosio” di Roma », Quaderni di problemi del socialismo, 1999, « Studi antropologici italiani e rapporti di classe », pp. 191-200 ; sur l’histoire orale en Italie, voir Bermani, Cesare, Introduzione alla storia orale, Rome, Odradek, 2001 Google Scholar. Le Cercle Gianni Bosio a repris ses activités en octobre 1999, grâce à l’argent du prix Viareggio que A. Portelli a reçu pour son livre sur les Fosses Ardéatines. Actuellement, le cercle conduit deux projets principaux. L’un concerne le développement de l’archive orale, l’autre porte sur des quartiers populaires de Rome (Centocelle) ainsi que sur la Résistance et la guerre dans des villages de la province romaine (Monterotondo, Valmontone, Tivoli).
2- Portelli, Alessandro, Biografia di una città. Storia e racconto: Terni, 1830-1985, Turin, Einaudi, 1985 Google Scholar.
3- Voir aussi à ce sujet Passerini, Luis, Storia e soggettività. Le fonti orali, la memoria, Florence, La Nuova Italia, 1988 Google Scholar.
4- Pour une thématisation de la problématique de l’écart, voir A. Portelli, Biografia di una città…, op. cit., pp. 277-282 ; ID., L’assassinio di Luigi Trastulli. La memoria e l’evento, Terni, Provincia di Terni, 1999 ; ID., « Lutto, senso comune, mito e politica nella memoria della strage di Civitella », in Paggi, L. (dir.), Storia e memoria di un massacro ordinario, Rome, Manifestolibri, 1996, pp. 85–110, ici pp. 88-89Google Scholar.
5- « N’est pas étranger à l’origine de ce livre le désarroi [que j’ai éprouvé] quand j’ai découvert combien j’étais moi-même tributaire de ce sens commun », admet A. Portelliavec une admirable honnêteté intellectuelle (L’ordine è già stato eseguito…, op. cit., p. 6).
6- Le problème du consensus est l’une des questions centrales du débat sur le fascisme. Renzo De Felice, l’auteur de la monumentale biographie de Mussolini, a défendu la thèse, très controversée, selon laquelle le régime aurait joui, dans les années 1930 notamment, d’un réel consentement de la société (il est même allé jusqu’à parler d’une « démocratie autoritaire »). Cette thèse a été mise en question par de nombreuses études, qui ont affiné les instruments pour analyser la vaste gamme des attitudes de la population à l’égard du régime, introduisant des concepts plus nuancés, comme ceux de consensus organisé ou d’adhésion passive. Pour une première mise au point du débat, voir Collotti, Enzo, Fascismo, fascismi, Florence, Sansoni, 1989 Google Scholar ; parmi les études qui ont montré la fragilité du consentement au fascisme, on peut se reporter à Colarizzi, Simona, L’opinione degli Italiani sotto il regime, 1929-1943, Rome-Bari, Laterza, 1991 Google Scholar.
7- De nombreux témoignages oraux sur la guerre, et notamment sur la campagne de Russie, avaient été recueillis par Revelli, Nuto, La guerra dei poveri, Turin, Einaudi, [1962] 1994 Google Scholar. Partisan, commandant des alpins, Nuto Revelli (1919-2004) avait combattu lui-même en Russie : son témoignage permet de suivre la maturation progressive du détachement à l’égard du régime.
8- Pour une revue des études sur l’antisémitisme, se reporter à Collotti, Enzo (dir.), « Antisemitismo e leggi razziali in Italia », Passato e presente, XVIII, 50, 2000, pp. 169–190 Google Scholar ; pour une synthèse, voir ID., Il fascismo e gli Ebrei. Le leggi razziali in Italia, Rome- Bari, Laterza, 2003. Le film controversé de Roberto Benigni, La vita è bella (1997), a joué un rôle important pour faire pénétrer auprès du grand public – et des jeunes notamment – une conscience, même superficielle, de l’antisémitisme fasciste et des lois raciales. De ce point de vue, il faut souligner la différence entre le film de Benigni et l’un des romans les plus célèbres sur la déportation des Juifs italiens, Il giardino dei Finzi Contini, de Giorgio Bassani (1962), où la destruction d’une famille juive était liée à l’occupation nazie, alors que le poids des lois raciales et de l’antisémitisme fasciste était minimisé.
9- La mémoire des bombardements constitue l’objet d’une recherche en cours sous l’égide de A. Portelli : Portelli, Alessandro, « Perché ci ammazzano? Ambiguità e contraddizioni nella memoria dei bombardamenti », in Piccioni, L. (dir.), Roma moderna e contemporanea, XI, 3, « Roma in guerra, 1940-1943 », 2003, pp. 649–667 Google Scholar. Cet ouvrage constitue une première contribution à l’étude d’un sujet jusqu’à présent négligé par l’historiographie, à savoir Rome en guerre avant l’occupation.
10- Des études importantes sont parues ces dernières années sur l’attitude du Vatican : Miccoli, Giovanni, I dilemmi e i silenzi di Pio XII. Vaticano, Seconda Guerra mondiale e Shoah, Milan, Rizzoli, 2000 Google Scholar ; Moro, Renato, La Chiesa e lo sterminio degli Ebrei, Bologne, Società editrice il Mulino, 2002 Google Scholar. Pour des témoignages publiés récemment sur l’antisémitisme à Rome et l’attitude à l’égard des Juifs, en particulier de l’Église, lire Loy, Rosetta, La parola ebreo, Turin, Einaudi, 1996 Google Scholar, et Levi, Lia, Una bambina e basta, Rome, e/o, 1994 Google Scholar.
11- « J’avais choisi de faire médecine pour n’être pas obligé de me battre – raconte Rosario Bentivegna, l’auteur, on s’en souvient, de l’attentat ; je pensais que, si j’étais appelé sous les drapeaux, moi, en tant que médecin, je n’aurais pas à tuer, mais je me consacrerais à sauver des vies humaines » (p. 158).
12- Pavone, Claudio, « La continuità dello Stato. Istituzioni e uomini », in ID., Alle origini della repubblica, Turin, Bollati Boringhieri, 1996 Google Scholar ; Woller, Hans, I conti con il fascismo. L’epurazione in Italia, 1945-1948, Bologne, Società editrice il Mulino, 1996 Google Scholar.
13- Ranzato, Gabriele, Il linciaggio di Carretta, Roma 1944, Milan, Il Saggiatore, 1997 Google Scholar.
14- Il est intéressant de remarquer que la figure de Salvo Dacquisto, après avoir occupé une place tout à fait marginale dans la mémoire, en dépit du grand nombre de lieux qui portent son nom, est revenue au premier plan au cours de ces dernières années, lorsque la Résistance a été mise en accusation. Salvo Dacquisto, aussi bien que les militaires italiens qui avaient refusé de se rendre aux nazis à Céphalonie, en Grèce, après le 8 septembre, et jusqu’à il y a peu absents de la mémoire publique, sont devenus le symbole extrême des valeurs de la Résistance, défendue énergiquement par le président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, lui aussi ancien résistant, contre les attaques virulentes menées par la droite de Silvio Berlusconi au pouvoir. Sur Céphalonie, voir l’étude récente de Rusconi, Gian Enrico, Cefalonia. Quando gli italiani si battono, Turin, Einaudi, 2004 Google Scholar.
15- Voir à ce propos Battini, Marco, Peccati di memoria. La mancata Norimberga italiana, Rome-Bari, Laterza, 2003 Google Scholar. L’auteur met en lumière deux éléments qui jouèrent un rôle décisif. D’une part, la volonté de ne pas soulever la question de la collaboration avec les nazis comme avec le fascisme, et, d’autre part, le contexte international, marqué par la guerre froide et la réintégration de l’Allemagne parmi les nations démocratiques. Au coeur de l’analyse de M. Battini, il y a le rapport entre les procès contre les criminels nazis et la construction de la mémoire publique de l’Europe de l’après-guerre, placée à la base de sa nouvelle identité. M. Battini souligne en particulier le rôle des procès dans ce qu’il appelle la « déconstruction » du passé récent, nécessaire à laver les élites dirigeantes de tout soupçon de responsabilité dans la tragédie qui a dévasté l’Europe, en particulier pour leur attitude tolérante, entre les deux guerres, à l’égard des nouveaux projets autoritaires : pour se libérer du poids du passé, l’Europe occidentale aurait joué la « carte du refoulement ». Son identité se serait ainsi fondée sur l’oubli de son passé encombrant.
16- Ghione, Paola, « Il 1968 e la Resistenza », in Gallerano, N. (dir.), La Resistenza fra storia e memoria, Milan, Mursia, 1999, pp. 132–154 Google Scholar.
17- Voir à ce sujet l’étude de Minario, Francescoger, L’altra memoria. L’Estrema destra, Salòe la Resistenza, Turin, Bollati Boringhieri, 1999 Google Scholar.
18- A. Portelli, L’ordine è stato eseguito…, op. cit., p. 331. Parmi les réactions au procès rapportées par A. Portelli, il faut signaler les félicitations envoyées par Ernst Nolte au tribunal qui avait émis la sentence d’acquittement, en faisant ainsi preuve, à son avis, « d’objectivité et d’humanité » (ibid., p. 357).
19- À la différence de Ernst Nolte, Gianfranco Fini avait, pour sa part, jugé « offen- sante » la sentence acquittant Priebke.
20- Sur les implications identitaires de la révision du passé, voir Gozzini, Giovanni, «L’identità introvabile », Passato e presente, XVII, 47, 1999, pp. 15–30 Google Scholar ; Silveri, Umbertogentiloni, « Identità italiana fra crisi e trasformazioni. Il dibattito sull’ultimo decennio, 1989-1998 », Storia e problemi contemporanei, XI, 22, 1998, pp. 111–133 Google Scholar ; Romero, Federico (dir.), « L’identità dell’Italia repubblicana. Un dibattito sugli orientamenti storiografici », Italia contemporanea, 220-221, 2000, pp. 389–429 Google Scholar.
21- Loggia, Ernesto Galli Della, La morte della patria, Rome-Bari, Laterza, 1996 Google Scholar ; Felice, Renzo De, Rosso e nero, Milan, Baldini & Castoldi, 1995 Google Scholar. Pour une réponse à R. De Felice, voir Turi, Gabriele, « Rosso e nero, rien ne va plus », Passato e presente, XIV, 37, 1996, pp. 129–134 Google Scholar. Dans les dernières années, la République de Salòa fait l’objet de nombreuses études : voir Palla, Marco (dir.), «La Repubblica sociale italiana », Passato e presente, XXI, 58, 2003, pp. 157–180 Google Scholar.
22- Pour une analyse de ce langage, voir Turi, Gabriele, « Patria e nazione nel linguaggio politico italiano », Passato e presente, XVI, 45, 1998, pp. 37–55 Google Scholar, où l’on reconstitue l’usage des concepts de patrie et de nation depuis la fin de la guerre jusqu’à aujourd’hui dans les débats sur l’identité italienne.
23- R. De Felice, Rosso e nero, op. cit.
24- Les essais à ce sujet sont nombreux : on peut voir par exemple Bocca, Giorgio, Piccolo Cesare, Milan, Feltrinelli, 2002 Google Scholar.
25- Zunino, Pier Giorgio, La Repubblica e il suo passato. Il fascismo dopo il fascismo, il comunismo, la democrazia: le origini dell’Italia contemporanea, Bologne, Società editriceil Mulino, 2003 Google Scholar.
26- Aga-Rossi, Elena et Zaslavskij, Viktor, Togliatti e Stalin. Il PCI e la politica estera staliniana negli archivi di Mosca, Bologne, Società editrice il Mulino, 1997 Google Scholar.
27- Un livre a suscité ces dernières années une vive polémique : les mémoires de Roberto Vivarelli, un historien connu pour ses sympathies de gauche qui a raconté comment, à quatorze ans, il était parti pour Salo` animé de sentiments patriotiques. Pour lui, la ligne qui sépare les Italiens ne passe pas entre fascistes et antifascistes, mais entre ceux qui sont prêts à prendre les armes, en mettant leur vie en jeu, pour leurs idéaux et ceux qui restent à l’écart, pour monter après sur le char des vainqueurs ( Vivarelli, Roberto, La fine di una stagione, 1943-1945, Bologne, Società editrice il Mulino, 2000 Google Scholar).
28- Les retransmissions télévisées des différents anniversaires sont à cet égard éloquentes. L’étrangeté de cette réhabilitation dans une optique patriotique des jeunes de Salo` , réside dans l’oubli d’un détail, à savoir que sans l’armistice et la résistance qui s’ensuivit l’Italie aurait tout simplement cessé d’exister, car la capitulation totale décidée par les Alliés prévoyait la division du pays : voir Aga-Rossi, Elena, Una nazione allo sbando, Bologne, Società editrice il Mulino, 1996 Google Scholar ; M. Battini, Peccati di memoria…, op. cit.
29- Sur les foibe, voir Pupo, Raoul et Spazzali, Roberto, Foibe, Milan, Bruno Mondadori, 2003 Google Scholar. L’asymétrie de cette comparaison, dénuée de tout fondement scientifique, a été mise en lumière par l’historien Lutz Klinkhammer, qui a justement souligné comment, si l’on veut comparer des politiques de terreur, il faut confronter les massacres mis en oeuvre par les nazis dans les territoires occupés avec ceux perpétrés par les Italiensen Afrique et dans les Balkans (Stragi naziste in Italia. La guerra contro i civili (1943-1945), Rome, Donzelli, 1997, pp. 25-28). La politique coloniale a très longtemps constitué, elle aussi, un tabou. Les premières études d’une certaine importance sont parues au cours des années 1990 ; voir, par exemple, Boca, Angelo Del (dir.), Le guerre coloniali del fascismo, Rome-Bari, Laterza, 1991 Google Scholar ; ID., Adua. Le ragioni di una sconfitta, Rome-Bari, Laterza, 1997 ; Labanca, Nicola, Oltremare. Storia dell’espansione coloniale italiana, Bologne, Società editrice il Mulino, 2002 Google Scholar ; Collotti, Enzo, Fascismo e politica di potenza. Politica estera 1922-1939, Florence, La Nuova Italia, 2002 Google Scholar. Sur la politique d’occupation italienne en Afrique, la revue Contemporanea prépare un dossier sous le titre, « L’Italia come potenza occupante ».
30- La proposition fut avancée en novembre 2000 par le président de la région Lazio, Francesco Storace, fasciste notoire : Turi, Gabriele, « La storia sono io », Passato e presente, XIX, 52, 2001, pp. 83–86 Google Scholar. Malgré la vague de protestations, Storace n’a pas abandonné son projet d’inculquer aux jeunes sa vision de l’histoire, comme en témoigne la bande dessinée diffusée cet hiver dans les écoles du secondaire du Lazio pour commémorer la naissance de Mazzini, le père de la Patrie, dont on souligne les qualités de fervent catholique, de défenseur des valeurs traditionnelles de la famille et, surtout, d’ennemi juré des communistes, présentés comme les anti-Italiens par excellence en raison des foibe. Quant à Storace, il se présente naturellement comme l’héritier de Mazzini ; cela ne l’a pas empêché d’être battu aux dernières élections, en avril 2005.
31- La proposition de loi a été faite par des députés d’Alleanza nazionale en février 2005 et a suscité une vive réaction de la part des historiens : « Salò, una legge contro la storia », L’Unità, 25 février 2005.
32- C’est un ancien dirigeant du PCI, Luciano Violante, qui, en 1996, lors de son discours d’investiture en tant que président de la Chambre des députés, fut l’un des premiers à exhorter le pays à une pacification des mémoires, qui consistait à son avis dans le fait de se souvenir de tout le passé sans vouloir le juger. Les prises de position de Violante, qui marquaient un pas important dans le processus de dédouanement du fascisme, ont suscité à plusieurs reprises de vives critiques de la part d’historiens et d’intellectuels.
33- Sur ce renouveau, voir Peli, Santo, La Resistenza in Italia. Storia e critica, Turin, Einaudi, 2004 Google Scholar.À signaler également la publication d’un important Dizionario della Resistenza, sous la direction de Collotti, Enzo, vol. I, Storia e geografia della liberazione, vol. II, Luoghi, formazioni, protagonisti, Turin, Einaudi, 2000 et 2001Google Scholar.
34- Turin, Bollati Boringhieri, 1991 (trad. fr., Une guerre civile. Essai historique sur l’ethique de la Résistance italienne, Paris, Le Seuil, 2005).
35- Pour une analyse du rejet de l’emploi de la catégorie de guerre civile, voir Pavone, Claudio, « Resistenza oggi: problema storiografico e problema civile », Rivista di storia contemporanea, 42, 3, 1992, pp. 456–480 Google Scholar.
36- Rapporté dans ses mémoires par Foa, Vittorio, Il cavallo e la torre, Turin, Einaudi, 1991, p. 138 Google Scholar. Il faut signaler qu’à l’époque la guerre civile était perçue par les antifascistes comme une guerre populaire juste, pour la défense de la liberté et des institutions démocratiques : ils avaient naturellement présent à l’esprit l’exemple de la guerre civile espagnole. Encore que peu répandu, le slogan de Carlo Rosselli, fondateur de « Giustizia e libertà » (groupe antifasciste d’inspiration libérale et socialiste créé à Paris à la fin des années 1920 et aïeul du Parti d’action) : « Aujourd’hui en Espagne, demain en Italie », reflétait une sensibilité quant à elle très largement diffusée.
37- L’ouvrage de référence est Klinkhammer, Lutz, L’occupazione tedesca in Italia. 1943-1945, Turin, Bollati Boringhieri, 1993 Google Scholar.
38- Pour le Cinquantenaire du massacre, un colloque a été organisé, ce qui a joué un rôle très important dans le développement ultérieur des recherches sur la mémoire divisée : voir L. PAGGI (dir.), Storia e memoria…, op. cit. ; ID., La memoria del nazismo nell’Europa di oggi, Florence, La Nuova Italia, 1997. Voir aussi l’enquête d’histoire orale menée par Contini, Giovanni, La memoria divisa, Milan, Rizzoli, 1997 Google Scholar.
39- Carla Pasquinelli, « Memoria versus ricordo », in L. PAGGI (dir.), Storia e memoria…, op. cit., pp. 111-129.
40- Sur ce point, voir A. Portelli, « Lutto, senso comune, mito… », art. cit.
41- Pezzino, Paolo, Anatomia di un massacro. Controversia sopra una strage tedesca, Bologne, Società editrice il Mulino, 1997 Google Scholar.
42- Rovatti, Toni, Sant’Anna di Stazzema. Storia e memoria della strage dell’agosto 1944, Rome, Derive Approdi, 2004 Google Scholar. Sur ce massacre, voir aussi Palla, Marco (dir.), Tra storia e memoria. 12 agosto 1944. La strage di Sant’Anna di Stazzema, Rome, Carocci, 2003 Google Scholar. Le cas de Sant’Anna fait partie des massacres qui n’ont été réintégrés que tout récemment dans la mémoire publique : parce que, comme dans bien d’autres exemples, les responsables ne furent jamais traduits en justice pour ne pas soulever le problème des fascistes et des collaborateurs. Ce n’est qu’avec le procès Priebke que l’opinion publique a pu se faire une idée de la pratique consistant à « enterrer » les dossiers. C’est alors que fut découverte, au parquet militaire, « l’armoire de la honte », pleine de dossiers soustraits aux regards indiscrets des juges et, naturellement, du public de l’après-guerre ( Franzinelli, Mimmo, Le stragi nascoste. L’armadio della vergogna. Impunità e rimozione dei crimini di guerra nazifascisti, 1941-2001, Milan, Mondadori, 2002 Google Scholar).
43- L’expression est de T. Rovatti, Sant’Anna di Stazzema…, op. cit., p. 49 et passim.
44- P. Pezzino, Anatomia di un massacro…, op. cit., pp. 139-163.
45- T. Rovatti, Sant’Anna di Stazzema…, op. cit., pp. 97-121 et 151-175.
46- P. Pezzino, Anatomia di un massacro…, op. cit., pp. 16-20.
47- L’un des premiers à attirer l’attention sur ce problème a été Nicola Gallerano, disparu prématurément il y a dix ans : Gallerano, Nicola (dir.), L’altro dopoguerra. Roma e il Sud, 1943-1945, Milan, Angeli, 1985 Google Scholar. Il fut aussi l’un des historiens qui s’est le plus attaché à libérer la Résistance de ses fonctions de légitimation politique, ce qui l’avait empêché de régler ses comptes avec le fascisme (voir N. Gallerano (dir.), La Resistenza fra storia e memoria, op. cit., « Introduzione », pp. 7-15, ainsi que ses écrits sur l’usage public du passé : ID., Le verità della storia. Scritti sull’uso pubblico del passato, Rome, Manifestolibri, 1999).
48- Gabriella Gribaudi, « Napoli 1943. Memoria individuale e memoria collettiva », in N. Gallerano (dir.), La Resistenza fra storia e memoria, op. cit., pp. 165-193, et « Naples 1943. Espaces urbains et insurrection », Annales HSS, 58-5, 2003, pp. 1079-1104.
49- Gribaudi, Gabriella (dir.), Terra bruciata. Le stragi naziste sul fronte meridionale, Naples, L’ancora del Mediterraneo, 2003 Google Scholar.
50- N. Gallerano (dir.), La Resistenza fra storia e memoria…, op. cit., « Introduzione », pp. 5-16 ; G. Gribaudi, «Napoli 1943… », art. cit., p. 176 sqq.
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- Cited by