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Max Weber, L'Économie et L'Histoire

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Hinnerk Bruhns*
Affiliation:
CNRS-Centre de recherches historiques

Extract

Ce n'est qu'en soulevant et en résolvant des problèmes concrets que des sciences ont été fondées et que leur méthode continue à être développée. Jamais encore des considérations purement épistémologiques ou méthodologiques n'y ont joué un rôle décisif.

(Max Weber 1906)

« La mort de Max Weber signifiait pour la science économique allemande la perte d'un de ses plus grands ». Quel économiste, aujourd'hui, souscrirait à ce jugement, par lequel Gerhart von Schulze-Gaevernitz, professeur d'économie à Fribourg-en-Brisgau et homme politique, ouvrait en 1923 un important volume dédié à la mémoire de Max Weber ? Dans les années qui suivirent la mort de Weber, l'opinion exprimée par Schulze-Gaevernitz était partagée par beaucoup d'économistes, contestée par d'autres, notamment par la génération qui suivait celle de Weber. Joseph Schumpeter, associé par Weber à la direction de l'Archiv für Sozialwissenschaften et Sozialpolitik et à qui Weber avait confié le chapitre « Epochen der Dogmen- und Methodengeschichte »

Summary

Summary

This article aims to highlight the importance of considering Max Weber as belonging to the field of Economies for the complete understanding of his work. The author's purpose is to examine if Weber's unique position between the German School of History and the Theory of Economies, mainly the Austrian School, could be taken as a starting point for reconsidering the relationship between History and Economies in his work and for clarifying different way s historians make use ofhis work.

The debates on Weberian concepts and models applied to Ancient Economy serve as good examples to prove the need to see each of his separate writings in the overall context ofhis entire work and to give more importance to the main scientific problem Weber deals with—the formation of the modem economie System and its cultural significance—than to the often overemphasized methodological or epistemological dimension.

Type
Autour de Max Weber
Copyright
Copyright © École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1996

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References

* Je remercie Françoise Laroche d'avoir bien voulu revoir la traduction d'un certain nombre de textes de Max Weber.

1. Weber continue : « Habituellement, de telles considérations ne deviennent importantes pour la pratique scientifique qu'à partir du moment où, à la suite de déplacements importants des points de vue sous lesquels un matériau devient objet de représentation, l'idée surgit que ces nouveaux points de vue entraînent une révision des formes logiques au sein desquelles se déroulait la pratique traditionnelle, faisant ainsi naître l'incertitude sur l'essence même de son propre travail », « Kritische Studien auf dem Gebiet der kulturwissenschaftlichen Logik. I. Zur Auseinandersetzung mit Eduard Meyer », WG, pp. 215-265, citation pp. 217-218.

2. Schulze-Gaevernitz, Gerhart von, « Max Weber als Nationalôkonom und Politiker », dans Hauptprobleme der Soziologie. Erinnerungsgabe filr Max Weber, Melchior Palyi éd., Munich-Leipzig, Duncker & Humblot, 1923, vol. I, p. XIII.Google Scholar

3. française, Traduction, Esquisse d'une histoire de la science économique des origines au début du XXesiècle, Paris, Dalloz, 1962.Google Scholar

4. Mais dans tout son article Schumpeter considère Weber comme un économiste ! Joseph A.Schumpeter, «Max Webers Werk», dans Dogmengeschichtliche und biographische Aufsätze, pp. 108-117, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1954 (publié d'abord dans Der österreichische Volkswirt, 12,1920, S. 831-834), citation p. 114.

5. Mises, L. von, 1929, « Soziologie und Geschichte. Epilog zum Methodenstreit in der Nationalökonomie », Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 61, 1929, pp. 465512, citation p. 470 ss.Google Scholar

6. Le livre du sociologue Eisermann, Gottfried, Max Weber und die Nationalökonomie, Marburg, Metropolis, 1993,Google Scholar paru dans la collection « Beiträge zur Geschichte der deutschsprachigen Ökonomie », est à ma connaissance la seule monographie consacrée à Weber « l'économiste ». Mais la grande monographie souhaitée par Schulze-Gaevernitz devrait, à mon sens, comprendre également les dimensions historique et extra-européenne des travaux de Weber, absentes du livre d'Eisermann.

7. Dahrendorf, Ralf, « Max Weber und die moderne Sozialwissenschaft », dans Wolfgang Mommsen, J., Osterhammel, J. et Whimster, S. éds, Max Weber und seine Zeitgenossen, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1988, p. 778 Google Scholar (édition anglaise, Max Weber and his contemporaries, Hempel-Hempstead, 1987).

8. Cf. l'article de Hennis, W., « Ein Kampf um Weber », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 11 avril 1995.Google Scholar

9. Cf. Kruse, Volker, « Von der historischen Nationalökonomie zur historischen Soziologie. Ein Paradigmenwechsel in den deutschen Sozialwissenschaften », Zeitschrift für Soziologie, 19, 1990, pp. 149165.CrossRefGoogle Scholar

10. Voir par exemple les contributions dans Wehler, Hans-Ulrich éd., Geschichte und Ökonomie, Cologne, Kiepenheuer & Witsch, 1973.Google Scholar

11. Gislain, Jean-Jacques et Steiner, Philippe, La sociologie économique 1890-1920. Emile Durkheim, Vilfredo Pareto, Joseph Schumpeter, François Simiand, Thorstein Veblen et Max Weber, Paris, PUF, 1995.Google Scholar

12. Ibid., p. 11, n. 5.

13. Le titre originellement prévu était L'économie et [ses relations avec] les ordres sociaux et les puissances sociales, cf. Johannes Winckelmann, Max Webers hinterlassenes Hauptwerk : Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Màchte. Entstehung und gedanklicher Aufbau, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1986. Les plans de 1909 et de 1914 ont été reproduits en français par J. P. Grossein dans Soc. rel, p. 127 ss. Nous ne disposons pas encore d'une édition critique de Économie et Société, ni d'ailleurs d'une traduction française complète. Cf. H. Bruhns, « Max Weber en France et en Allemagne », Revue européenne des Sciences sociales, XXXIII, 1995, n° 101, pp. 107-121.

14. Max Weber Briefe 1909-1910, Rainer Lepsius et Wolfgang J. Mommsen éds, en collaboration avec Birgit Rudhard et Manfred Schön, Tübingen, Verlag J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1994, XXIV, 854 p. (= MWG II/6). Cf. Wolfgang Mommsen, J., « Die Siebecks und Max Weber. Ein Beispiel für Wissenschaftsorganisation in Zusammenarbeit von Wissenschaftlern und Verlegern », Geschichte und Gesellschaft, 22, 1996,Google Scholar et J. Winckelmann, Max Weber's hinterlassenes Hauptwerk…, op. cit.

15. Le plan détaillé du Grundriss, avec l'indication des auteurs prévus, est publié en annexe au volume II/6 (pp. 766-774) de la MWG. Il date du mois de mai 1910, et le titre est encore « Handbuch der politischen Ökonomie ».

16. Weber, Max, Grundriss zu den Vorlesungen ilber Allgemeine (” theoretische ») Nationalokonomie (1898), Tübingen, 1990.Google Scholar

17. Voir en dernier lieu, le chapitre « Historical Economies, the Methodenstreit, and the économies of Max Weber », dans Tribe, K., Stratégies of Economie Order. German Economie Discourse, 1750-1950, Cambridge, 1995 CrossRefGoogle Scholar

18. Voir l'introduction à MWG 1/4 de W. J. Mommsen et de Rita Aldenhoff.

19. Hennis, Wilhelm, Max Webers Fragestellung. Studien zur Biographie des Werks, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1987.Google Scholar Trad. frse, La problématique de Max Weber, Paris, PUF, 1996. Cf. Winkel, Harald, Die deutsche Nationalôkonomie im 19. Jahrhundert, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, p. 97.Google Scholar

20. L'intitulé de son cours était : « Wirtschaft und Gesellschaft. Positive Kritik der materialistischen Geschichtsauffassung », cf. KàSler, Dirk, Einführung in das Studium Max Webers, Munich, Beck, C. H., 1979, p. 26.Google Scholar (2e édition sous le titre : Max Weber. Eine Einführung in Leben, Werk und Wirkung, Francfort, Campus, 1995 ; traduction française, Paris, Arthème Fayard, 1996). Weber rencontra un succès «sensationnel” à Vienne, comme en témoigne Theodor Heuss dans ses souvenirs.

21. W. Hennis, Max Webers Fragestellung, op. cit., p. 125. Le texte de ces cours, établi essentiellement d'après des notes prises par des auditeurs, a été publié en 1923 sous le titre Wirtschaftsgeschichte. Abriβ der universalen Wirtschafts- und Sozialgeschichte, S. Hellmann et M. Palyi éds. La traduction française, Paris, Gallimard, 1991, omet d'indiquer qu'il ne s'agit pas d'un texte original de Weber et ne reproduit pas les préfaces aux 1 re et 3e éditions allemandes qui informent le lecteur sur la genèse de ce texte.

22. Voir l'introduction de W. J. Mommsen et de W. Schluchter à MWG 1/17.

23. La lettre de Weber à Liefmann, citée en exergue au Dictionnaire critique de la sociologie de R. Boudon et F. Bourricaud, Paris, PUF, 1982, n'est pas exempte d'ironie.

24. Lettre à Gustav von Schmoller du 13 avril 1909 (MWG II/6, p. 99) ; cf. la lettre du même jour à Lujo Brentano.

25. Pour la position de Weber au sein du Verein für Sozialpolitik et ses relations aux différentes tendances économiques, voir les contributions de Hennis, Schon, Kruger et Osterhammel dans Wolfgang J. Mommsen et Wolfgang Schwentker éds, Max Weber und seine Zeitgenossen, op. Cit\

26. Par cette expression, Weber entendait la question : quel type d'homme avait quelle « chance de reproduction » ; il critiquait radicalement toute forme de pensée raciste. Cf. AY, Karl- Ludwig, « Max Weber und der Begriff der Rasse », Aschkenas — Zeitschrift fur Geschichte und Kultur der Juden, 3,1993, pp. 189218.Google Scholar

27. « Unsere Zeitschrift wird heute die historische und theoretische Erkenntnis der allgemeinen Kulturbedeutung der kapitalistischen Entwicklung als dasjenige wissenschaftliche Problem ansehen müssen, in dessen Dienst sie steht. » (p. V). Ce programme d'investigation scientifique amène de plus en plus Weber vers une analyse historique et comparée des formes de l'économie moderne. Le dernier texte rédigé par Weber, l'« Avant-propos » (1920) à la Wirtschaftsethik der Weltreligionen, en donne comme une synthèse dont nous ne citerons que quelques lignes : « Par conséquent [c'est-à-dire en raison de la spécificité de 1’ « antagonisme moderne entre le grand entrepreneur capitaliste et le travailleur salarié libre »], pour une histoire universelle de la culture, le problème central — d'un point de vue purement économique — n'est pas pour nous, en dernière analyse, le déploiement de l'activité capitaliste en tant que telle, dont seule la forme changerait : capitalisme aventurier ou commercial, ou bien capitalisme lié à la guerre, à la politique et à l'administration. Le problème concerne, au contraire, l'apparition du capitalisme d'entreprise bourgeois, avec son organisation du travail libre. Ou, exprimé dans l'optique de l'histoire de la culture, le problème central est celui de l'apparition de la bourgeoisie occidentale dans sa spécificité, laquelle est, à n'en pas douter, liée à l'apparition de l'organisation capitaliste du travail, sans pour autant s'identifier simplement à cette dernière […] », Soc. rei, p. 500.

28. Cf. entre autres l'analyse chez Wolfgang Schluchter, Religion und Lebensführung, Bd. 1. Studien zu Max Webers Kultur- und Werttheorie, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1988, et les remarques de Rüdiger vom Bruch, « Zur Historisierung der Staatswissenschaften. Von der Kameralistik zur historischen Schule der Staatswissenschaften », Berichte zur Wissenschaftsgeschichte, 8, 1985, pp. 131-146. En 1908, Charles Gide insistait longuement sur la dimension politique et relativisait les questions de méthode au sein de l'École allemande, C. Gide, « L'École économique française dans ses rapports avec l'École anglaise et l'École allemande », dans Die Entwicklung der deutschen Volkswirtschaftslehre im 19. Jahrhundert, «Festschrift Schmoller », vol. I,1908, chap. XVI, pp. 1-27.

29. MWG I/4 avec les commentaires de W. J. Mommsen et R. Aldenhoff. Cf. Rita Aldenhoff, « Nationalökonomie, Nationalstaat und Werturteile. Wissenschaftskritik in Max Webers Freiburger Antrittsrede im Kontext der Wissenschaftsdebatten in den 1890er Jahren », Archiv für Rechts- und Sozialphilosophie, Beiheft 43 : Deutsche Rechts- und Sozialphilosophie um 1900, Gerhard Sprenger (Sous la direction de), Stuttgart, 1991, pp. 79-90. Il existe deux traductions françaises de la leçon inaugurale, Max Weber, « L'État national et la politique de l'économie politique. Leçon inaugurale à l'université de Fribourg », Les Cahiers de Fontenay, n° 58-59, juin 1990, pp. 123-153 et «L'État national et la politique économique», La Revue du Mauss, 3, 1989, pp. 35-59. W. Hennis résume la question ainsi : « Ce que Weber fait ici, c'est de problématiser uniquement la « productivité » comme la prétendue seule valeur économique, de soulever les contradictions des valeurs et intérêts », Wilhelm Hennis, « Der Sinn der Wertfreiheit. Zu AnlaB und Motiven von Max Webers « Postulat » », dans Der demokratische Verfassungsstaat. Théorie, Geschichte, Problème. Festschrift fiir Hans Buchheim zum 70. Geburtstag, Munich, 1992, pp. 57- 114, citation p. 103.

30. Il s'agit d'une version modifiée et élargie d'un rapport écrit en 1913 pour le Verein für Sozialpolitik.

31. Weber distingue entre l'analyse théorique de régularités économiques et la signification culturelle de phénomènes économiques. Cette distinction méthodologique a été traduite plus tard par Schumpeter par la formule d'une complémentarité entre économie et sociologie de l'économie, ce qui est une interprétation réductrice. Cf. Wilfried Nippel, « Max Weber : « Nationalökonom und Politiker » », Geschichte und Gesellschaft 20 (Heft 2), 1994, pp. 274-298, en particulier p. 281.

32. « La science de la politique économique est une science politique. Elle est la servante de la politique, non pas du souverain et des classes qui se succèdent au pouvoir, mais des intérêts permanents de la politique de puissance de la nation. […] et dans cet État national, l'étalon de valeur suprême est, pour nous, même ce qui concerne la réflexion économique, la raison d'État», MWG 1,4, 561, traduction française dans Revue du Mauss, op. cit., p. 49). Dans la Werturteilsdiskussion en 1913, Weber s'est distancié de certains points de son discours de 1895 et de la « brutalité » avec laquelle il s'était, selon ses propres mots, exprimé. Mais il a insisté sur un aspect qui se trouvait déjà en germe dans ce discours : quel type de chances de vie et quel type d'homme sont favorisés par les conditions sociales et institutionnelles données.

33. Ainsi encore W. Schluchter, Lebensführung, op. cit. ; Weber précise : « La théorie de l'utilité marginale, et toute autre théorie subjective de la valeur, ne repose pas sur un fondement psychologique, mais — si on cherche un terme méthodologique — sur un fondement « pragmatique », c'est-à-dire en utilisant les catégories de « moyens » et de « buts ». Max Weber, « Die Grenznutzenlehre und das psychophysische Grundgesetz » (1908), dans WG, p. 396.

34. WG, p. 395, « Die Grenznutzenlehre und das psychophysische Grundgesetz » (1908).

35. Hennis, Wilhelm, Max Webers Fragestellung. Studien zur Biographie des Werks, Tübingen, J. Ç. B. Mohr (Paul Siebeck), 1987 Google Scholar (trad. frse, La problématique de Max Weber, Paris, Puf, 1996). Également : Wilhelm Hennis, Max Webers Wissenschaft vom Menschen. Neue Studien zur Biographie des Werks, Tubingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1996.

37. Le dernier en date, Hartmut Lehmann, Max Webers « Protestantische Ethik ». Acht Studien, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1996. Toujours utile : Besnard, Philippe, Protestantisme et capitalisme. La controverse post-wébérienne, Paris, Armand Colin, 1970.Google Scholar Voir aussi Richard van Dülmen, « Protestantismus und Kapitalismus. Max Webers Thèse im Licht der neueren Sozialgeschichte », dans Max Weber. Ein Symposion, Christian Gneuss et Jiirgen Kocka éds, Munich, 1988, pp. 88-101.

38. Cf. Bruhns, H., «Max Weber en France et en Allemagne», Revue européenne des Sciences sociales (Cahiers Vilfredo Pareto), XXXIII, 1995, n° 101, pp. 107121,Google Scholar et J. Kocka et D. Peukert, « Max Weber et l'histoire. Derniers développements en République fédérale d'Allemagne », Revue de Synthèse, 1986, pp. 9-37.

39. Henri See, « Dans quelle mesure puritains et juifs ont-ils contribué au progrès du capitalisme moderne ? », Revue historique, 1927 ; Henri Hauser, Les débuts du capitalisme, 1927 ; A. E. Sayous, « Calvinisme et capitalisme : l'expérience genevoise », Annales d'Histoire économique et sociale, 1935. Lüthy, H., La banque protestante en France de la révocation de l'édit de Nantes à la Révolution, 2 vols, Paris, 1959 et 1961.Google Scholar Emile Léonard, G., Histoire générale du protestantisme, 3 vols, Paris, PUF, 1961.Google Scholar Delumeau, Jean, Naissance et affirmation de la Réforme, 2’ éd., Paris, PUF, 1968.Google Scholar

40. Braudel, F., La dynamique du capitalisme, Paris, Arthaud, 1985, pp. 6970.Google Scholar

41. Vol. II, p. 355 (p. 474 dans l'édition de poche). J. Schumpeter, op. cit., n. 3, p. 114, aurait pu être cité comme témoin de la défense puisqu'il considère Véthique protestante et Y Ethique économique des grandes religions comme la première réalisation à grande échelle de ce que la conception économique de l'histoire par Marx avait seulement annoncé et proclamé : « Jene Art der historischen Betrachtung der Geschichte, für die Marxens ôkonomische Geschichtsauffassung der groβe Markstein ist, ist hierzum erstenmal in groβem Umfang aus dem Stadium des Aperçus und der blossen Forderung eingetreten in das Stadium der Erfilllung ».

42. Cf. H. Lehmann, « Max Weber und die Erforschung der Reformationszeit », dans H. Lehmann, Max Webers « Protestantische Ethik », op. cit.

43. On dispose maintenant d'un judicieux choix de textes dans une excellente traduction et assorti de commentaires de grande qualité, Max Weber, Sociologie des religions. Textes réunis, traduits et présentés par Jean-Pierre Grossein, introduction de Jean-Claude Passeron, Paris, Gallimard, 1996. Cette présentation devrait permettre de reprendre le débat sur des bases plus précises.

44. Parmi les approches les plus intéressantes citons : Parsons, Talcott, « « Capitalism » in récent German Literature : Sombart and Weber », The Journal of Political Economy, 36, 1928, pp. 641661;Google Scholar 37, 1929, pp. 31-51. Vincent, Jean-Marie, « Le capitalisme selon Weber », L'Homme et la Société, 4, 1967, pp. 6177.Google Scholar Collins, Randall, « Weber's Last Theory of Capitalism. A Systematization », American Sociological Review, 45, 1980, pp. 925945.Google Scholar Roversi, Antonio, « Max Weber e la teoria economica », dans Marta Losito, Pierangelo Schiera (sous la direction de), Max Weber ele scienze sociali del suo tempo, Bologne, Il Mulino,1988, pp. 221229.Google Scholar Sandro Segre, « La teoria weberiana del capitalismo », dans ibid., pp. 231-244. Jürgen Osterhammel, « Spielarten der Sozialôkonomie », dans W. J. Mommsen et W. Schwentker éds, Max Weber und seine Zeitgenossen, op. cit., pp. 147-195 (à propos de Weber et Schumpeter).

45. Un exemple très intéressant est celui de l'économiste M. N. Hansen qui, en s'appuyant sur l'ensemble des travaux de Weber concernant la genèse du capitalisme moderne, a montré que le cas du capitalisme flamand, loin de contredire la conception wébérienne la conforte. Hansen, M. N., « Early Flamish Capitalism. The Médiéval City, the Protestant Ethic and the Emergence of Economie Rationality », Social Research, 34,1967, pp. 226248.Google Scholar

46. Voir en dernier lieu Raymond Descat, «L'économie antique et la Cité grecque. Un modèle en question », Annales, Histoire, Sciences Sociales, 1995, n° 5, pp. 961-989, ainsi que l'introduction de Jean Andreau au dossier « L'économie antique » de ce numéro des Annales.

47. Dans le volume II, 2,2, paru en 1907.

48. Alfred Heuss, «Max Webers Bedeutung für die Geschichte des griechisch-römischen Altertums », Historische Zeitschrift, 201,1965, pp. 529-556. Cf. H. Bruhns, « L'économie antique dans l'œuvre de Max Weber », Opus (à paraître).

49. Ces modèles sont de deux natures différentes : a) des concepts ou des types comme celui de ville de'*consommateurs/ville de producteurs, ou, pour prendre un autre exemple, celui de capitalisme politique. Ces concepts, nourris d'observations empiriques, ont une utilité certaine pour l'analyse et la compréhension de phénomènes historiques ou économiques ; b) des modèles de processus historiques (Prozeβmodelle), qui fournissent des schémas explicatifs, comme celui des stades de développement urbain dans l'Antiquité (AA), ou le modèle politico-économique de la fin de la civilisation antique, ou encore celui qui cherche à donner une explication au développement différent du capitalisme antique par rapport à l'économie du Moyen Age, qui, elle, a contribué à favoriser la naissance du capitalisme moderne. Une exception: Mario Mazza (« Meyer vs Bûcher : il dibattito sull'économia antica nella storiografia tedesca tra otto e novecento », Società e Storia, VIII, 1985, pp. 507-546) qui insiste (p. 538) à juste titre sur les nouveaux concepts et questions que Weber introduit dans le débat sur l'économie antique. Déjà en 1957, Harry W. Pearson (« Un siècle de débat sur le primitivisme économique », dans Karl Polanyi et Conrad Arensberg, Les systèmes économiques dans l'histoire et dans la théorie, Paris, Larousse, 1975 (l'édition américaine datant de 1957), p. 48, avait conclu que l'approche de Weber, « libre de toute théorie préconçue d'un développement économique par étapes, montrait la possibilité d'un niveau relativement élevé d'organisation économique dans un cadre fondamentalement différent du système moderne de marché ».

50. Cf. Garnsey, Peter, Saller, Richard, L'Empire romain. Économie, société, culture, Paris, Éditions La Découverte, 1994 Google Scholar (édition anglaise 1987).

51. Pour les rapports entre Meyer et Weber, voir Friedrich Tenbruck, «Max Weber und Eduard Meyer », dans W. J. Mommsen et W. Schwentker éds, Max Weber und seine Zeitgenossen, op. cit., p. 337 ss. (Une version plus longue a été publiée en italien dans Communità, 39, 1985.) Voir aussi Nippel, Wilfried, «Eduard Meyer, Max Weber e le origini dello stato», dans Béatrice de Gerloni éd., Problemi délia storiografia tedesca contemporanea, Turin, Einaudi, 1966, pp. 175193.Google Scholar

52. H. Bruhns, « De Werner Sombart à Max Weber et Moses I. Finley : la typologie de la ville antique et la question de la ville de consommation », dans Philippe Leveau éd., L'origine des richesses dépensées dans la ville antique. Actes du colloque organisé à Aix-en-Provence 1984, Aix-en-Provence, 1985, pp. 255-273.

53. Cf. H. Bruhns, « De Werner Sombart… », art. cité, p. 262 ss. Pour Weber, ce genre de typologie économique est un instrument de travail et d'analyse, rien de plus. Ayant établi cette clarification, il ajoute : « Il n'y a pas lieu d'avancer ici d'autres distinctions casuistiques, comme l'exigerait une stricte théorie économique de la ville. Il est à peine besoin de dire que les villes réelles représentent toujours et partout des types mixtes et donc ne pourraient être classées que selon leurs composantes économiques dominantes » (La Ville, p. 17, WuG, p. 729).

54. La Ville, p. 155. Ajoutons pour ceux qui rejettent la notion d'une ville antique idéaltypique qu'une telle notion, prise isolément, n'a évidemment aucun sens. Pour Weber l'idéaltype n'est qu'un moyen heuristique. Ainsi, l'idéaltype « la ville antique », opposé à celui de ville médiévale, se confond ensuite avec la ville médiévale en un type « ville occidentale », opposé à celui de « ville orientale ». Il n'y a aucune contradiction dans ce procédé. Cette deuxième opposition répond simplement à une question partiellement différente par rapport à celle qui avait donné lieu à l'opposition entre ville antique et médiévale.

55. H. Bruhns, « De Werner Sombart… », art. cité, p. 268

56. Cf. Veyne, Paul, Le pain et le cirque. Sociologie historique d'un pluralisme politique, Paris, Éditions du Seuil, 1976, p. 178.Google Scholar

57. Cf. Schluchter, Wolfgang, « Der autoritâr verfaSte Kapitalismus. Max Webers Kritik am Kaiserreich », dans Schluchter, W., Rationalismus der Weltbeherrschung. Studien zu Max Weber, Francfort, Suhrkamp, 1980.Google Scholar

58. Love, John, Antiquity and Capitalisai. Max Weber and the sociological foundations of Roman civilization, Londres-New York, 1991.Google Scholar

59. Cascio, Elio Lo, « Appunti su Weber « teorico » dell'economia greco-romana », Fenomenologia e società, V, 1982, n° 17, pp. 123144,Google Scholar citation p. 137.

60. L'Éthique protestante (éd. frse, Paris, Pion 2 1967, p. 57 = GARS I, p. 40). Cf. également Cascio, Elio Lo, « Forme dell'economia impériale », dans Storia di Roma, Aldo Schiavone éd., Rome, Giulio Einaudi editore, 1991, vol. II, 2 Google Scholar L'impero mediterraneo, pp. 313-365, en particulier p. 315.

61. Traduction française, p. 373.

62. Max Weber, Wirtschafisgeschichte, p. 304. Traduction d'après Grossein, J. P., dans Max Weber, « L'épanouissement de l'esprit capitaliste », Enquête. Cahiers du Cercom, n° 7,1992, p. 115.Google Scholar

63. Cf. surtout les passages sur l'activité économique du monachisme dans le chapitre « L'État et la hiérocratie », de Économie et Société, enfin traduit en français, Soc. Rel. pp. 241- 328. « Le charisme religieux accomplit des réalisations — tout aussi « extraquotidiennes » que lui-même — dont la portée dépasse aussi bien des considérations économiques rationnelles qu'un besoin raffiné de jouissance » Weber précise : « Nous nous arrêtons ici avant tout sur les réalisations rationnelles du monachisme qui semblent absolument incompatibles avec ses fondements charismatiques antirationnels et antiéconomiques. Les choses se passent ici comme pour la « quotidianisation » du charisme en général : dès que l'union extatique ou contemplative avec Dieu cesse d'être un état qui ne peut être atteint que par quelques individus possédant des dons charismatiques ou touchés par la grâce, pour devenir le but de personnes nombreuses et, surtout, devenir un état de grâce qui peut être atteint par des moyens ascétiques assignables, l'ascèse devient l'objet d'une « activité » (Betrieb) méthodique » (p. 259 ss.). Cf. Tyrell, H., « Worum geht es in der Protestantischen Ethik ? Ein Versuch zum besseren Verstândnis Max Webers », Saeculum, 41, 1990, pp. 130177,CrossRefGoogle Scholar en particulier p. 159. La complexité de l'argumentation de Weber ne peut être rendue ici en quelques lignes. La meilleure introduction est le chapitre VI : « Résultat : confucianisme et puritanisme », dans Max Weber, Sociologie des Religions, 1996.

64. Lettre à Mina Tobler (janvier 1920), citée dans MWG, 1,17, p. 21.

65. Cf. Luzzati, Gino, « Un sommario di storia economica », Nuova Rivista Storica, DC, 1,1925, pp. 9395.Google Scholar La traduction américaine de 1927 (2 1950) a renoncé au chapitre introductif : « The highly technical introduction on « Définitions of Concepts » (Begriffliche Vorbemerkung) prepared by the German editors has been omitted ». Cf. préface à l'édition allemande de 1958. Etait-ce par réaction à une dimension qui paraissait trop technique (au sens de l'économie) par rapport à l'histoire économique ?

66. Max Weber, Wirtschaftsgeschichte, op. cit., p. 16.

67. R. Descat, « L'économie antique et la Cité grecque… », art. cité, p. 975.

68. Schweitzer, Arthur, « Typological Method in Economies : Max Weber's Contribution », History of Political Economy, vol. 2, n° 1,1970, pp. 6696,CrossRefGoogle Scholar citation p. 74.

69. Cf. Lazarsfeld, Paul F. et Oberschalll, Anthony R., « Max Weber and Empirical Social Research », American Sociological Review, 30, 1965, pp. 186199,Google Scholar et Schmidt, Gert, « Max Webers Beitrag zur empirischen Industrieforschung », Kölner Zeitschrift für Soziologie und Sozialpsychologie, 32,1980, pp. 7692.Google Scholar

70. Cf. Bruhns, H., « Stato, economia e società : Otto Hintze e Max Weber », dans Problemi e metodi délia storiografia tedesca contemporanea, B.de Gerloni (Sous la direction de), Turin, Einaudi, 1996, pp. 209233.Google Scholar

71. Arthur Schweitzer, « Typological Method in Economies… », art. cité.

72. Économie et Société, vol. I, chap. 1, § 2.

73. Wilbrandt, R., « Kritisches zu Max Webers Soziologie der Wirtschaft », Kôlner Vierteljahreshefte für Soziologie, 5,1926, pp. 171186.Google Scholar

74. Albert, Hans, « Erwerbsprinzip und Sozialstruktur. Zur Kritik der neoklassischen Marktsoziologie », Jahrbuch fiir Sozialwissenschaft, 19, 1968, pp. 165;Google Scholar voir surtout le chap. IV : « Exkurs iiber die historische Relativierung des Erwerbsprinzips », pp. 28-35.

75. Archivfiir Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 44,1917-1918, pp. 1-18. Il s'agissait en fait d'un compte rendu du livre de Robert Liefmann, Grundsàtze der Volkswirtschaftslehre (1917), qui, avec l'hommage ambigu rendu à Schmoller, constituait l'occasion pour Jaffé de se démarquer publiquement de l'École historique. Les travaux de Schumpeter, qui venait de rejoindre le comité éditorial, furent qualifiés par Jaffé comme un pas important (wichtige Vorarbeiten) vers un nouveau système théorique.

76. Sombart, Werner et Weber, Max, « Erklärung », Archiv filr Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 44,1917-1918, p. 348.Google Scholar