Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Depuis plusieurs années, un groupe d'économistes — surtout, mais pas exclusivement, italiens et espagnols — se consacre à l'étude des problèmes spécifiques des pays européens qui ont connu un développement économique récent. La rédaction des Annales m'ayant invité à présenter les résultats de ces travaux, je ne proposerai pas ici une synthèse générale, qui n'aurait pas grand intérêt, mais m'attacherai plutôt à deux thèmes :
a. J'indiquerai tout d'abord les caractéristiques particulières qui distinguent les pays européens dont le développement est plus récent (désignés désormais par le sigle PDR) de ceux dont le développement est plus ancien (PDA), et les facteurs qui rendent compte de ces différences.
b. Je prendrai en second lieu un exemple particulier, qui démontre comment une zone qui fait partie des PDR peut trouver une voie de développement qui lui convient : il s'agit de l'industrialisation de l'Italie du Nord-Est et du Centre («modèle NEC »).
Since a number of years a group ofeconomists have devoted them selves to the specific problems of those European countries for whom development is relatively recent. This article attempts to present an idea of their work. The first part of the article cutlines the particular characteristics which distinguish those countries for whom development is more recent from the countries where it is an older phenomena. The second part examines one specifie example (the industrialisation of northeast and central Italy) which demonstrates how a recently developed country is able to find its own appropriate path.
1. Pour présenter ces deux thèmes, je puiserai largement dans mes publications précédentes, et je remercie les éditeurs de m'avoir autorisé à le faire.
2. Le texte original du rapport n'a été distribué que sous forme polycopiée (document O.C.D.E., nc 2277, Paris, 1980). Deux traductions ont été publiées : FuÀ, G., Problemi dello sviluppo tardivo in Europa, Bologne, Il Mulino, 1980;Google Scholar FuÀ, G., Problemas del desarollo tardio en Europa, Institucion Alfonso el Magnanimo, Deputacion provincial de Valencia, 1983.Google Scholar
3. On remarquera que les statistiques du rapport O.C.D.E. utilisées ici sont assez anciennes (1976), mais en appliquant la même méthode de calcul pour une année plus récente (1982), j'ai pu vérifier que la position relative des différents pays considérés reste à peu près inchangée. Ma méthode, dont on peut lire l'explication détaillée dans le rapport O.C.D.E. (pp. 161-162 de l'édition italienne), est basée sur les recherches bien connues de I. B. Kravis et coll. Successivement, l'O.C.D.E. a publié d'autres évaluations du PIB en pouvoir d'achat réel, en prenant comme base les recherches Eurostat au lieu de Kravis. Les résultats obtenus diffèrent des miens, surtout en ce qui concerne la position de l'Italie et du Royaume-Uni par rapport à l'ensemble des autres pays. Prenant le PIB par tête en France = 100, on trouve que le niveau de l'Italie en 1982 est 85 suivant la nouvelle méthode O.C.D.E., tandis qu'il est 66 suivant ma méthode. Pour le Royaume-Uni, les deux méthodes donnent respectivement 85 et 73. Pour tous les autres pays, au contraire, il y a une bonne concordance entre les deux modes de calcul.
4. Sauf le fait que le léger écart observé entre la Grèce, l'Irlande et l'Espagne dans la comparaison basée sur les taux d'échange courants disparaît lorsqu'on se base sur le pouvoir d'achat réel.
5. C'est ce que j'ai tenté de faire dans mon rapport, op. cit., n° 2.
6. En 1938, l'Espagne était en guerre civile. On a adopté ici la convention que le niveau (potentiel) du PIB par habitant en cette année était égal au niveau (effectif) observé en 1935.
7. G. FuÀ, « Lagged Development and Economie Dualism », Banca Nazionale del Lavoro Quarterly Review, juin 1978, section 4.
8. G. FuÀ, op. cit., n. 7, pp. 123-124. Les lecteurs désirant davantage d'explications pourront se référer à cette publication.
9. Cette analyse est très schématique. Pour plus de précisions, cf. G. FuÀ, op. cit., n. 7.
10. Un ensemble de propositions qui s'inspirent des grandes lignes esquissées ci-dessus sont en cours d'élaboration. Ceux qui désirent en savoir davantage peuvent se référer au rapport de l'O.C.D.E. déjà cité, au volume qui sera mentionné dans le prochain paragraphe et à un essai sur la fiscalité qui vient de paraître : FuÀ, G. et Rosini, E., Troppe tasse sui redditi, Bari, Laterza, 1985.Google Scholar
11. FuÀ, G. et Zacchia, C., Industrializzatione senza fratture, Bologne, Il Mulino, 1983,Google Scholar ouvrage dans lequel le lecteur trouvera des indications plus précises et plus développées.
12. Un autre développement — quantitativement plus important dans des zones précises — est constitué par les initiatives touristiques. Elles ne sont pas traitées ici et font l'objet d'une recherche actuellement en cours.
13. G. Garofoli, « Lo sviluppo délie ‘aree periferiçhe’ nell'economia italiana negli anni settanta », L'Industria, n.s., II, 1981, pp. 391-404.
14. Il faut faire la distinction entre les avantages intrinsèques de la petite dimension et ceux qui lui sont attribués par une réglementation irrationnelle. Je me réfère par exemple à l'exonération, dont bénéficient les entreprises employant moins de quinze personnes, de certaines contraintes (par exemple en matière d'embauché et de renvoi) prescrites par la législation ouvrière ; aux aides spéciales favorisant les entreprises artisanales ; au fait qu'une entreprise de dimension réduite peut échapper avec plus de facilité aux charges fiscales et de sécurité sociale. On doit regretter cette situation institutionnelle par laquelle certaines entreprises peuvent être amenées à renoncer à s'agrandir non pas parce qu'une dimension plus importante serait moins efficace, mais uniquement pour ne pas perdre ces avantages (ou ces occasions d'éviter d'avoir à payer des charges).
15. Les dernières statistiques prouvent que, même en Italie, des phénomènes analogues de déconcentration de la population ont commencé. Dans la plus grande partie des autres PDR, au contraire, la tendance à la concentration continue à prévaloir.
16. Au-dessous d'un certain niveau de revenu par tête, on remarque une relation assez étroite entre le revenu dont un pays dispose et les conditions de santé et la durée de vie de ses habitants : les populations moins pauvres ont une vie moyenne plus longue que les populations plus pauvres. Au-dessus de ce niveau, on ne trouve plus la même relation : les pays plus riches n'ont pas une vie moyenne plus longue que ceux qui sont moins riches. L'Italie se trouve dans cette tranche supérieure de revenu, avec des pays un peu moins riches qu'elle, comme la Grèce ou l'Espagne, et des pays beaucoup plus riches, comme l'Allemagne ou les États-Unis. Malgré les différences de revenu qui nous séparent, nous sommes tous à égalité quant à la durée de la vie. Ce point a été abordé dans le paragraphe 2.1. de cet article.