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Le Travail Féminin dans la Chine Imperiale L'élaboration de nouveaux motifs dans le tissu social
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Le modèle classique de division sexuelle du travail en Chine tient dans l'expression : « les hommes labourent et les femmes tissent » (nan geng nu zhi) ; qu'il s'agisse d'assurer le bien-être du peuple ou la puissance de l'Etat, la culture des céréales alimentaires et la production des textiles étaient tenues pour aussi fondamentales l'une que l'autre. Formulées par les penseurs politiques du ve siècle avant notre ère, puis institutionnalisées par le système fiscal, ces conceptions sont restées pendant plus de deux millénaires au coeur de l'art chinois de gouverner. Dans les textes anciens, « tisser » est une synecdoque pour l'ensemble du processus de production : les femmes étaient responsables de la fabrication des tissus de la première à la dernière étape.
Summary
The secular expansion and elaboration of the Chinese economy between 1000 and 1800 AD has been studied from many points of view, but no-one has yet examined specifically how this affected women, despite their essential role as producers of textiles. In this essay I identify historical patterns of change in the organisation of textile production, noting the progressive marginalisation of women in the textile industry. I suggest that the corresponding changes in the social value of Chinese women's work provided fertile ground for popularization of neo-Confucian gender roles which emphasized women's dependence on men and idealized their roles as reproducers.
- Type
- Économie et Techniques en Chine
- Information
- Copyright
- Copyright © École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1994
References
* Les recherches dont fait état cet article ont été généreusement soutenues par une bourse de la National Science Foundation. Je souhaite aussi remercier M. Dieter Kuhn pour son invitation à séjourner comme chercheur associé à l'Institut de sinologie de l'Université de Wurzburg, au printemps 1990, et pour son aide dans la mise au point du présent travail ; la version française a également bénéficié des conseils de Mme Sophie Desrosiers en matière de terminologie textile.
1. Cf. Goody, Esther N., « Introduction », dans Goody, E. N. éd., From Craft to Industry : The Ethnography of Proto-Industrial Cloth Production, Cambridge, 1982, pp. 1–37.CrossRefGoogle Scholar
2. Voir par exemple les contributions rassemblées dans Watson, Rubie S. et Ebrey, Patricia Buckley éds, Marriage and Inequality in Chinese Society, Berkeley, 1991.CrossRefGoogle Scholar
3. Si elle consacre un chapitre aux femmes et à la production textile dans son ouvrage à paraître sur les femmes dans la Chine des Song, Patricia Ebrey propose une description statique plutôt qu'une analyse des changements significatifs apparus pendant cette période cruciale. En revanche, l'étude de Kuhn, Dieter, Die Song-Dynastie (960 bis 1279) : eine neue Gesellschaft im Spiegel ihrer Kultur, Weinheim, 1987,Google Scholar est extrêmement suggestive à cet égard ; et de fait, tous les travaux de cet auteur sur la production textile (à commencer par le volume V, section 9, Textile Technology, Cambridge, 1988, de Joseph Needham, Science and Civilisation in China) distinguent explicitement entre les contributions et les rôles de l'un et l'autre sexe. Même s'il ne s'est pas encore risqué à une gender history de la production textile en Chine, ma dette envers cet auteur est incalculable. Concernant l'époque moderne, plusieurs historiennes ont placé le savoir-faire des travailleuses du textile et leur aptitude à gagner leur vie au coeur de leur argumentation sur le statut et l'autonomie des femmes : voir, pour des exemples clés, MarjorieTopley, « Marriage Résistance in Rural Kwangtung », dans Wolf, Arthur éd., Studies in Chinese Society, Stanford, 1978, pp. 247–268;Google Scholar et, sur le phénomène du « mariage retardé », Stockard, Janice E., Daughters of the Canton Delta : Marriage Patterns and Economie Stratégies in South China, 1860-1930, Stanford, 1989.Google Scholar
4. Yingxing, Song, Tiangong kaiwu (L'exploitation des travaux de la nature, Ire édition 1637), p. 31 de l'édition Jiaozheng Tiangong kaiwu, Taipei, 1962,Google Scholar basée sur l'édition 1771 ; cf. la traduction de l'ouvrage par E-tu Zen Sun et Shiou-chuan Sun, T'ien-kung k'ai-wu : Chinese Technology in the Seventeenth Century, University Park, Pa., 1966, p. 31. Même si l'intérêt de son auteur se porte d'abord sur les entreprises commerciales spécialisées les plus avancées et les plus productives du temps, ce traité fameux de technologie nous renseigne aussi sur les méthodes paysannes de production des plantes alimentaires et des produits de première nécessité.
5. Cf. Huainanzi (Le livre du prince de Huainan, vers 120 av. J.-C), cité dans D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 250, et Xunzi (Le livre de maître Xun, vers 240 av. J.-C), cité ibid., p. 301.
6. Tiangong kaiwu, loc. cit.
7. Voir par exemple Angela Yu-Yun Sheng, « Textile Use, Technology, and Change in Rural Textile Production in Song China (960-1279) », thèse PhD, Université de Pennsylvanie, 1990, p. 125.
8. Cf. Baihu long (Débats du Pavillon du Tigre Blanc, Ier siècle apr. J.-C), cité dans Susan Mann, « For Marriage : Brides and Wives in the Mid-Qing Period », dans R. S. Watson et P. B. Ebrey, Marriage and Inequality, op. cit., p. 208.
9. Cf. Yijianzhi, 10/1642, cité dans A. Sheno, op. cit., p. 137.
10. Ibid., 3/1575, cité par Patricia Buckley Ebrey, « Shifts in Marriage Finance from the Sixth to the Thirteenth Century », dans R. S. Watson et P. B. Ebrey, op. cit., pp. 97-132, p. 111.
11. C'était aussi un moyen pour maintenir les liens inter-générationnels — en l'occurrence, ceux non de la lignée patrilinéaire dominante, mais de la lignée féminine. A l'instar des bijoux transmis de mère en fille, certaines pièces de vêtement pouvaient devenir des biens de famille. Il n'était pas rare que les familles de l'élite sous les Song se transmissent leurs robes de mariées d'une génération à l'autre (cf. A. Sheng, op. cit., p. 110). Il va de soi que les dots des familles riches pouvaient aussi être converties en capital pour acheter des terres ou pour mettre une affaire sur pied (voir par exemple Joseph P. Mcdermott, « The Chinese Domestic Bursar », Ajia bunka kenkyû, 2, 1990, pp. 15-32, ici p. 26).
12. Cf. Watson, James L., « The Structure of Chinese Funeral Rites », dans Watson, J. L. et Rawski, Evelyn S. éds, Death Ritual in Late Impérial and Modem China, Berkeley, 1988, pp. 3–19.Google Scholar
13. Cité dans D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 22.
14. Voir par exemple Maurice Freedman, « Ritual Aspects of Chinese Kinship and Marriage », dans M. Freedman éd., Family and Kinship in Chinese Society, Stanford, 1970, pp. 153- 188 ; Ebrey, P. Buckley, Confucianism and Family Rituals in Impérial China, Princeton, 1988, p. 86.Google Scholar
15. Suivant les périodes, le taux d'imposition était basé sur le nombre de personnes ou sur la taille de la propriété. Très approximativement, on peut néanmoins dire qu'en moyenne, et depuis les Han jusqu'aux Ming, les taux applicables aux foyers ruraux tournaient autour de deux boisseaux de grain et deux rouleaux de taffetas par couple imposable (adultes en bonne santé âgés de 15 à 60 ans). Il existait une équivalence théorique entre le boisseau de grain et le rouleau de soie ordinaire, mais dans la pratique il était fréquent que les prix du marché, qui dépendaient des fluctuations de l'offre et de la demande, s'éloignassent considérablement de cette norme. Voir par exemple Tong Shuye, Zhongguo shougongye shangye fazhan shi (Histoire du développement de l'artisanat et du commerce en Chine), Jinan, 1981, p. 66 ss, p. 108 ss ; Liang Fangzhong, Zhongguo lidai hukou, tiandi, tianfu tongji (Statistiques sur la population, la superficie cultivée et les impôts en Chine à travers les âges), Shanghai, 1980. Sur les circonstances qui ont conduit aux réformes fiscales de la fin des Ming, voir Huang, Ray, Taxation and Governmental Finance in Sixteenth-Century Ming China, Cambridge, 1974.Google Scholar
16. Cité dans D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 20.
17. Le Binfeng guangyi (Explication élargie des coutumes de la principauté de Bin) a été rédigé par Yang Shen entre 1740 et 1742. Voir Susan Mann, « Grooming a Daughter for Marriage » et Joseph Mcdermott, « The Chinese Domestic Bursar », art. cit., pour des exemples de la valeur formative attribuée au travail des textiles dans les familles de la gentry à la fin de l'empire. Stone-Ferrier, Linda, « Spun Virtue, the Lacework of Folly, and the World Wound upside-down : Seventeenth-Century Dutch Depictions of Female Handwo », dans Weiner, Annette B. et Schneider, Jane.éds, Cloth and Human Expérience, Washington, 1989, pp. 215–242,Google Scholar offre un intéressant parallèle, où elle montre l'importance morale attribuée pendant une période d'instabilité sociale à la division sexuelle du travail traditionnelle en Hollande.
18. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 20.
19. Un métier à la tire pouvait atteindre 16 pieds de long, avec une tour s'élevant jusqu'à 15 pieds. Cf. Tiangong kaiwu, op. cit., p. 31.
20. Prix cités dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., pp. 50-51.
21. Cela ne signifie bien sûr pas que toutes les paysannes disposaient de surplus à vendre : des poèmes de l'époque médiévale nous parlent de femmes passant leurs nuits sur leurs métiers et tentant désespérément de produire assez de tissus pour répondre aux exigences du fisc.
22. Il n'y avait pas de marché pour le fil fabriqué à partir de fibres libériennes : le chanvre était trop bon marché, et même si la ramie avait une certaine valeur sous forme d'étoffe fine, le tissage devait intervenir immédiatement après le filage.
23. Cf. D. Kuhn, Die Song-Dynastie…, op. cit., p. 351.
24. Pendant l'ère Tianbao (742-756), par exemple, quelque 3,7 millions de contribuables (keding), sur un total de 8,2 millions dans l'empire, étaient imposés en soieries. Ce chiffre représentait une proportion substantielle de la population de Chine du Nord. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., citant l'encyclopédie Tongdian.
25. « A l'origine les gens de Yue [approximativement le Jiangsu et le Zhejiang actuels] n'utilisaient pas le métier à tisser et la navette. Quand Xue Jianxun devint gouverneur du Jiangdong [correspondant à peu près à la même région], il sélectionna les soldats qui n'étaient pas encore mariés, leur versa une généreuse subvention en argent, et leur ordonna secrètement d'aller au Nord épouser des tisserandes et de les ramener. Il réussit de la sorte à en faire venir plusieurs centaines par an, et à partir de là il se produisit un changement considérable dans les coutumes de Yue : les gens rivalisaient pour produire de nouveaux motifs, et les gazes du Jiangzuo [ou Jiangdong] passaient pour les meilleures [de l'empire] » (Tang guoshibu, 3, cité dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 109). Au moment de l'achèvement du Jiu Tangshu (l'« Ancienne histoire des Tang »), en 945, les soieries étaient probablement le plus important parmi tous les produits régionaux envoyés en tribut par les provinces du Sud (cf. ibid., p. 114).
26. Voir la série d'exemples cités par Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit.
27. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 387.
28. Il s'agit d'une série de poèmes et de planches décrivant d'une part la riziculture, d'autre part la sériciculture et le tissage de la soie, à chaque fois en douze étapes. Son auteur, Lou Shou, en aurait présenté le manuscrit à l'empereur en 1145. Les éditions qui se sont succédées sous les Ming et les Qing révèlent des variations de style et de détail dans les illustrations : cf. D. Kuhn, « Die Darstellung des Keng-chih-t'u », Zeitschrift des deutschen Morgenlandischen Gesellschaft, 126/2, 1976, pp. 336-367.
29. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 203.
30. Dix plateaux de vers à soie produisent 120 jin (72 kilogrammes) de cocon ; chaque jin donne 1,3 once (liang), ou 50 grammes, de fil de soie grège ; 5 onces permettent de faire un petit rouleau de taffetas léger (la moitié du poids exigé pour l'impôt). Avec trois dévidoirs actionnés à la main, il faut une dizaine de jours pour dévider tous les cocons ; en d'autres termes, chaque dévidoir produit assez pour faire un rouleau par jour. D'après Chen, un rouleau vaut 1,4 shi (ou 93 kilogrammes) de riz. Cf. Chen shi nongshu, Pékin, Zhonghua shuju, 1956, p. 21, et D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 388, pour les calculs d'équivalen
31. « An anonymous scroll from the Southern Song gives us a glimpse into the weavinghouse of a private household in a rural setting. We see women involved in the preparatory tasks and a woman weaver sitting at the loom, just pressing the treadle, with the shuttle in her left hand… In the tower of the draw-loom sits a child, pulling the harness-cords [to control] the pattern ». La forme du métier et son double rouleau de chaîne suggèrent qu'on est en train de fabriquer une gaze avec motifs. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 377.
32. Cf. D. Kuhn, Die Song-Dynastie…, op. cit., p. 378.
33. Ibid., pp. 376-386.
34. D'après D. Kuhn, Die Song-Dynastie…, op. cit., il n'y aurait pas eu de changement notable dans la construction des métiers postérieurement à la rédaction du Ziren yishi : l'on peut donc supposer que les métiers à façonnage de l'époque des Song étaient aussi complexes et aussi chers que l'appareillage composé de 1800 pièces décrit dans le Tiangong kaiwu (1637) de Song Yingxing, p. 31 (cf. Sun et Sun, T'ien-kung k'ai wu, op. cit., p. 55).
35. Cité dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 147.
36. Cf. Werner Eichhorn, « Zur Vorgeschichte des Aufstandes von Wang Hsiao-po und Li Shun in Szuchuan (993-995) », Zeitschrift der deutschen morgenlandischen Gesellschaft, 105 (1955), pp. 192-209 ; D. Kuhn, compte rendu de Paul J. Smith, Taxing Heaven's Storehouse, à paraître dans Journal of the American Oriental Society.
37. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 69.
38. W. Eichhorn, op. cit., et D. Kuhn, compte rendu à paraître de P. J. Smith, Taxing Heaven's Sorehouse. Ce n'est qu'en 1083-1084 que l'on rétablit une manufacture de brocart à Chengdu, employant plusieurs centaines d'ouvriers dans 117 pièces ; on ne sait si, pratiquement un siècle après la fermeture des années 980 et le transfert de la main-d'oeuvre qualifiée à Kaifeng, il avait fallu à nouveau réimporter des ouvriers spécialistes au Sichuan. Voir Tong Shuye, Zhongguo shougongye—, op. cit., p. 154 ; P. J. Smith, op. cit., p. 176 ss, et le compte rendu de D. Kuhn.
39. Cf. D. Kuhn, Die Song-Dynastie…, op. cit., carte 19 et tableau 13.
40. Cf. Taiping guangji, chap. 243, cité dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 103.
41. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., pp. 104-109.
42. Les systèmes fiscaux posent fréquemment un équivalent idéal entre le boisseau de grain et le rouleau de taffetas, mais sur le marché libre il était rare que cette équivalence fût respectée très longtemps. Le Xin Tangshu (Nouvelle Histoire des Tang) affirme qu'au tout début de la dynastie, alors qu'une vaste quantité de terres cultivables étaient en friche, un rouleau de taffetas ne valait pas plus d'un dixième de boisseau, alors qu'après une série d'années de bonnes récoltes sa valeur aurait bondi à plusieurs dizaines de boisseaux (le Tang Huiyao dit « plus de dix boisseaux »). Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 136. Il serait en fait plus satisfaisant de donner des valeurs de grain en coupons de soie, puisque ces derniers ont servi d'étalon monétaire pendant les périodes fréquentes où l'approvisionnement en monnaie de cuivre était insuffisant. La soie était aussi un moyen de paiement important, par exemple, un marchand partant pour une province distante pour y acquérir du papier de qualité ou du poisson séché pouvait emporter une douzaine de rouleaux de soie comme « monnaie ». Cf. ibid., p. 137, pour plusieurs exemples extraits de sources d'époque Tang.
43. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 173.
44. Cf. D. Kuhn, Die Song-Dynastie…, op. cit., pp. 1-5.
45. Ibid., p. 326 ss. Voir aussi le compte rendu de fouille de la tombe de Mme Zhou, l'épouse d'un fonctionnaire du Jiangxi, dans Wenwu, 1990, n° 9, pp. 1-13.
46. Cf. D. Kuhn, Die Song-Dynastie…, op. cit., p. 377.
47. Cf. A. Sheng, « Textile Use, Technology, and Change… », op. cit., chap. 5.
48. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 164 ss.
49. Cité par Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 201. On peut imaginer qu'en l'occurrence c'est d'une chanson professionnelle qu'il s'agissait, plutôt que d'une manifestation de joie de vivre : les comptines mnémotechniques retraçant les étapes successives des tissages complexes étaient une sorte d'équivalent musical de la carte de Jacquard. Les ouvriers des ateliers de Nankin et de Chengdu visités par Dieter Kuhn en 1979 en gardaient encore certaines en mémoire.
50. En chauffant la pièce ou l'abri où l'on nourrissait les vers on arrivait à accélérer leur développement ; on avait aussi mis au point des plateaux qui permettaient un meilleur repérage, et donc une élimination plus facile, des vers malades ou morts. On note encore des techniques plus élaborées pour tuer les papillons à l'intérieur des cocons, d'où la possibilité de reporter le dévidage ou de l'étaler sur une plus longue période : cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., pp. 318, 340-343, citant parmi d'autres le Nongshu (Traité d'agriculture, 1313) de Wang Zhen.
51. Cf. D. Kuhn, ibid., p. 357 ss.
52. Ibid., p. 355.
53. Deux travailleuses préparaient les cocons dans une cuve d'eau bouillante, dégageant les extrémités des fils de soie, tandis qu'une autre entretenait le feu. Les deux dernières actionnaient chacune un dévidoir. Avec cette organisation l'on arrivait à dévider environ 36 kg de cocons par jour, donnant quelque 2,9 kg de soie grège, avec des variations dépendant de la qualité des cocons, de celle du fil, et des conditions atmosphériques. Une travailleuse faisant tout à elle seule n'arrivait à produire que 480 g de fil : l'équipe de cinq travailleuses produisait donc à peu près 500 g de mieux que cinq travailleuses travaillant isolément, en n'utilisant que deux châssis au lieu de cinq. Cf. le Nongzheng quanshu (Tout sur l'agriculture, 1639) de Xu Guangqi, Pékin, éd. Shi Shenghan, 1981, vol. 2, p. 861, et D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 388.
54. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 388.
55. Ibid., p. 377.
56. Cf. le Shouyi guangxun (Instructions relatives aux coutumes annuelles, 1808), 2/9-10. (L'ouvrage est la version révisée, augmentée de poèmes impériaux, du Mianhua tu [Planches sur la culture du coton] présenté au trône par Fang Guancheng en 1765).
57. Cf. Kang, Chao, The Development of Cotton Textile Production in China, Cambridge, Mass., 1977, chap. 1.Google Scholar
58. Cf. Chen Shiqi, Mingdai guan shougongye de yanjiu (Recherches sur la production artisanale officielle à l'époque des Ming), Wuhan, 1958, p. 6, citant entre autres l'herbier de famine Jiuhuang tushuo et le chap. 35 du Nongzheng quanshu, entièrement consacré au coton.
59. Cf. Chao Kang, The Development of Cotton…, op. cit., p. 19.
60. Tiangong kaiwu, p. 41 (Sun et Sun, T'ien-kung k'ai-wu, op. cit., p. 63).
61. Nishijima Sadao considère qu'en fait on a tort d'assimiler ce système contrôlé par les marchands à un système de sous-traitance, dans la mesure où rien ne prouve que c'étaient les mêmes marchands qui étaient concernés à chaque stade. Cf. Nishijima Sadao, « The Formation of the Early Chinese Cotton Industry », dans Linda Growe et Christian Daniels éds, State and Society in China : Japanese Perspectives on Ming-Qing Social and Economie History, Tokyo, 1984, pp. 17-79.
62. Chuogeng lu (1366), cité dans D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., p. 212.
63. Cf. D. Kuhn, Textile Technology, op. cit., pp. 191-193.
64. D'après Dieter Kuhn, la sophistication du procédé chinois de filage n'a pas été égalée avant les années 1760 en Angleterre.
65. Cf. Shouyi guangxun, 2/9-10.
66. Cf. la monographie locale de Jiading, édition de Wanli (1573-1620), citée dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, p. 223.
67. Chao Kang, The Development of Cotton…, op. cit., p. 49.
68. Cf. Nongzheng quanshu, j . 35.
69. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 237.
70. Monographie locale de Ninghe, citée dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 306.
71. Cf. Chao Kang, The Development of Cotton…, op. cit., p. 49.
72. « Introduction », dans E. N. Goody éd., Front Craft to Industry…, op. cit., pp. 3-5..
73. Cf. Chao Kang, The Development of Cotton…, op. cit., p. 23.
74. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 304.
75. Cf. Chao Kang, The Development of Cotton…, op. cit., p. 48.
76. Cf. le Nongzheng quanshu, citant la monographie préfectorale de Songjiang, dans Tong Shuye, Zhongguo shougongye…, op. cit., p. 232
77. Monographie locale de Jiading (éd. Wanli), citée ibid., p. 223.
78. Cf. l'encyclopédie impériale publiée en 1726 sous la direction de Chen Menglei, Cujin tushu jicheng (Compendium de textes et d'illustrations anciens et modernes), chap. 690, citant une description de la production de coton dans les villages et les villes de la région de Shanghai, et Tong Shuye, Zhongguo shougongye, op. cit, p. 233.
79. Cf. Tong Shuye, Zhongguo shougongye.., op. cit., p. 348.
80. Ibid., p. 349
81. Cf. Fan Lian, Yunjian jumu chao, cité ibid., p. 235.
82. Gujin tushu jicheng, chap. 696, cité ibid.
83. Cf. Jane Schneider, « The Anthropology of Cloth », Annual Review of Anthropology, 16 (1987), pp. 409-448, ici p. 435, résumant So, Alvin Y., The South China Silk District: Local Historical Transformation and World-System Theory, Albany, 1986.Google Scholar
84. Ce qui explique sans aucun doute l'enthousiasme avec lequel nombre de femmes célibataires ont pris de l'emploi dans les filatures de type occidental à la fin du xixc et au xxe siècle (cf. A. Y. So, The South China Silk District…, op. cit., et J. E. Stockard, Daughters ofthe Canton Delta…, op. cit.). La diffusion rapide du métier Jacquard dans la production rurale à l'époque républicaine, dans les années 1920 et 1930, a aussi eu son importance pour restaurer le tissage comme activité féminine (cf. Chao Kang, The Development of Cotton…, op. cit.).
85. Leur rôle comme gestionnaires aussi bien de la force de travail que des finances a souvent été sous-estimé,'comme le montrent les travaux récents de Joseph P. Mcdermott (voir « The Chinese Domestic Bursar », art. cit.). Le passage généralisé à une vision dans laquelle le travail féminin se limitait aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants n'a pu qu'influencer les préjugés régnant en Chine à la fin de l'empire et à l'époque moderne.
86. La contribution des vertus morales de l'épouse à l'ordre social est un thème récurrent dès avant l'époque des Han ; mais il est beaucoup plus en évidence comme thème central dans les ouvrages d'éducation morale rédigés pour les familles de l'élite, ou aspirant à en faire partie, pendant la période d'instabilité politique et sociale du début des Qing. Voir à ce sujet Susan Mann, « Grooming a Daughter for Marriage… », art. cit.
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- Cited by