No CrossRef data available.
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
La permanence de l'école dans ses structures laïques, la continuité d'une culture écrite indépendante, dans ses formes et institutions, du clergé séculier et des monastères, sont une spécificité de l'Empire byzantin par rapport à la chrétienté latine. Le pouvoir impérial s'est à Byzance associé au plus haut niveau une élite publique de fonctionnaires de la capitale et des provinces, formée, pour le Xe siècle qui nous intéresse, dans l'école supérieure de la Magnaure organisée depuis un siècle au palais. A cette même date, le palais impérial est encore le lieu où un atelier copie et confectionne un nombre important de recueils, attribués à l'initiative de l'empereur Macédonien, Constantin VII Porphyrogénète. On trace souvent de ce dernier, en raison de cette responsabilité culturelle et intellectuelle qui fut la sienne dans le déroulement de l'entreprise littéraire, un portrait de pur lettré incapable en revanche d'assumer sa responsabilité politique de souverain. Inversant le raisonnement, il faut au contraire tenter de penser cette compétence érudite comme compétence impériale.
De Administrando Imperio, an ethnographic and diplomatic treatise written by the Emperor Constantine VII, attests to the articulation in 10th century Byzantium of cultural and political practices at the highest level of government. A rereading of the text brings to light not so much what is usually considered to be an encyclopedic collection of material as an erudite compilation that draws on narrative and historiographic sources as well as administrative archives. The text combines scholarly rhetoric with the use of official language characteristic of Byzantine diplomacy. This two-fold tradition is accompanied by a two-fold cultural and political qualification of the emperor himself. De Administrando Imperio in effect illustrates the sovereign 's mystery and knowledge of imperial discourse and tradition, in accordance with the model of the scholarly prince that was developed at that time. In that sense it guarantees Constantine VII's personal and dynastic legitimacy.
1. De Administrando Imperio, vol. I: texte grec édité par Gy. Moravcsik et traduction anglaise par R. J. H. Jenkins, 2e éd., Washington, 1967 ; vol. II : commentaire par F. Dvornik, R. J. H. Jenkins, B. Lewis, Gy. Moravcsik, D. Obolensky, S. Runciman, Londres, 1962.
2. Des cinquante-trois volumes constituant le recueil des Excerpta Constantiniana, quatre seulement nous sont parvenus : Excerpta de legationibus, éd. C. de Boor, Berlin, 1903 ; Excerpta de insidiis, éd. C. de Boor, Berlin, 1905 ; Excerpta desententiis, éd. U. Ph. Boissevain, Berlin, 1906 ; Excerpta de virtutibus et vitiis, éd. Th. Buttner-wobst, Berlin, 1906.
3. Ceoponica sive Cassiani Bassi scholastici de re rustica eclogae, éd. H. Beckh, Leipzig, 1895.
4. Vita Basilii, in Theophanes Continuatus, L.5, éd. I. Bekker, Bonn, 1838.
5. De Cerimoniis et De Thematibus, éd. B. G. Weber, 3 vol., Bonn, 1829-1840.
6. Irigoin, J., «Pour une étude des centres de copie byzantins», Scriptorium, 13, 1959, pp. 177–181.CrossRefGoogle Scholar
7. Gy. Moravcsik, « La provenance du manuscrit byzantin De Administrando Imperio », Bulletin de la Société historique bulgare, 16-18, 1940, pp. 333-337.
8. Bury, J. B., «The Treatise De Administrando Imperio», Byzantinische Zeitschrift, 15, 1906, pp. 539–573.CrossRefGoogle Scholar
9. De Administrando Imperio, chap. 46.
10. De Administrando Imperio, chap. 9.
11. De Administrando Imperio, chap. 27 et chap. 28.
12. Theophanis Chronographia, 2 vol., éd. C. de Boor, Leipzig, 1883-1885.
13. «Georgius Monachus», dans Theophanes Continuatus, éd. I. Bekker, Bonn, 1838.
14. Voir sur la question de l'encyclopédisme les articles de J. Fontaine, « Isidore de Séville et la mutation de l'encyclopédisme antique” et de Gandillac, M. de, «Encyclopédies médiévales et pré-médiévales», Cahiers d'Histoire mondiale, IX, 3, 1966, pp. 519–538 Google Scholar et pp. 483-518.
15. Lemerle, P., Le premier humanisme byzantin. Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des origines au Xe siècle, chap. «L'encyclopédisme du Xe siècle», Paris, P.U.F., 1971, pp. 267–300.Google Scholar
16. Excerpta de legationibus, op. cit.
17. Suidae Lexicon, éd. A. Adler, Leipzig, 1928-1938.
18. Voir sur ce point le chapitre « L'érudition du compilateur», dans Guenée, B., Histoire et culture historique dans l'Occident médiéval, Paris, 1984, pp. 211–214.Google Scholar
19. Sur la question des niveaux de culture, de leur situation sociale et de leur fonction politique, voir E. Patlagean, « Discours écrit, discours parlé. Niveaux de culture à Byzance aux vmexie siècles», Annales ESC, 1979, pp. 264-278.
20. Cf. Tapkova-zaimova, V., « Quelques remarques sur les noms ethniques chez les auteurs byzantins », dans Byzance et les Balkans à partir du VIe siècle. Les mouvements ethniques et les Etats, Londres, Variorum Reprints, 1979, IX, pp. 400–405.Google Scholar
21. Le terme rhôs désigne à cette date l'élément Scandinave du peuplement de la Russie au xe siècle, par opposition aux Slaves. Voir sur ce point l'étude de Sorlin, I., «Le témoignage de Constantin VII Porphyrogénète sur l'état ethnique et politique de la Russie au début du xe siècle », Cahiers du Monde russe et soviétique, 6, 1965, pp. 147–188.CrossRefGoogle Scholar
22. Cf. Wolska, W., La topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès. Théologie et science au VIe siècle, Paris, P.U.F., 1962 Google Scholar, et plus particulièrement le chapitre 8 : « La géographie de Cosmas», pp. 245-271.
23. De Administrando Imperio, chap. 42.
24. Sur le fonctionnement et les rouages de la diplomatie byzantine, voir T.C. Lounghis, Les ambassades byzantines en Occident depuis la fondation des États barbares jusqu'aux croisades (407-1096), partie 2 : «Les ambassadeurs», Athènes, 1980, pp. 255-435; Obolensky, D., «The Principles and Methods of Byzantine Diplomacy», dans Actes du XIIe Congrès international d'études byzantines, I, Belgrade, 1963, pp. 45–61 Google Scholar ; Oikonomides, N., Les listes de préséance byzantines des IXe-Xe siècles, Paris, 1972.Google Scholar
25. De Administrando Imperio, chap. 13,1. 24-194.
26. Bompaire, J., « A propos des préambules des actes byzantins des Xe-XIe siècles », dans Prédication et propagande au Moyen Age, Islam, Byzance, Occident, Dumbarton Oaks Colloquia, 1983, pp. 133–147.Google Scholar
27. Cf. Dain, A., « Les stratégistes byzantins », Travaux et Mémoires, 2, 1967, pp. 317–390 Google Scholar ; cf. Dagron, G. et Mihaescu, H., Le traité sur la guérilla (De Velitatione) de l'empereur Nicéphore Phocas (963-969), Commentaire, I « De Léon VI à Nicéphore Phocas », Paris, Éd. du C.N.R.S., 1986, pp. 139–160.Google Scholar
28. Leonis Imperatoris Tactica, éd. Migne, P.G.,T. 107, Paris, 1863.
29. De Velitatione, dans G. Dagron et H. Mihaescu, op. cit.
30. Cf. P. Lemerle, op. cit.
31. Patlagean, E., « La civilisation en la personne du souverain. Byzance, Xe siècle », dans Le temps de la réflexion, IV, Paris, Gallimard, 1983, pp. 181–194.Google Scholar
32. Dans Theophanes Continuatus, op. cit., pp. 837-838.
33. Jenkins, R. J. H., « The Classical Background of the Scriptores Post Theophanem », Dumbarton Oaks Papers, 8, 1954, pp. 13–30.CrossRefGoogle Scholar
34. Sur l'élaboration de ce modèle impérial voir E. Patlagean, « La civilisation en la personne du souverain », op. cit.