Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Le 31 août 1898, le lieutenant-colonel Henry, détenu à la prison du Mont-Valérien, soupçonné d'avoir fabriqué des preuves pour incriminer Dreyfus, se trancha la gorge à l'aide d'un rasoir. Son suicide fit sensation et fut le premier acte du drame qui devait se terminer par la décision de la Cour de Cassation, au mois d'octobre, d'accepter un appel pour la révision du procès Dreyfus. En novembre et décembre 1898, dans une série d'articles dans Le Siècle, Joseph Reinach, le plus en vue des hommes politiques juifs français, avança l'hypothèse qu'Henry n'aurait pas seulement été un falsificateur, mais encore le complice dans la trahison d'Esterhazy. La veuve d'Henry protesta contre Reinach et ses accusations, et menaça de lui intenter un procès en diffamation. Le 14 décembre 1898, La Libre Parole, le principal quotidien antisémite français, ouvrit une souscription pour payer les frais du procès.
The Henry Subscription provides a rare insight into the structure and function of antisemitism at the popular level, in France in the 1890's and generally. The paper first analyses the geographical distribution of subscribers, finding that their incidence was high in the East and the South-East in particular, for very different reasons, and that they came predominantly from cities and small towns. The break-down of subscribers by profession, which follows, indicates a high incidence among the military and the Catholic clergy, but also among workers and artisans, students and the liberal professions. Surprisingly, incidence was low among white-collar workers, and average among small traders. Finally, analysis of the messages accompanying subscriptions suggests that antisemitism had a powerful explanatory as well as compensatory function in circumstances of rapid social change. In the face of change it affirmed a set of absolute values in opposition to the Jew, who was characterised very particularly as a polluting agent. As such he had to be eliminated from the city, though such elimination was envisaged in symbolic and not actual terms.
Cet article doit beaucoup aux suggestions et aux critiques de mon ami Robert Rowland de l'Université d'Oporto. Je remercie également pour leurs critiques et commentaires les rédacteurs des Annales, et les professeurs James Joli et F. L. Carsten de l'Université de Londres, auxquels ce travail fut présenté dans leur Séminaire de recherche d'histoire européenne, en 1975. Je remercie enfin les traducteurs, et plus particulièrement mon ami Jim Simpson de l'Université d'East Anglia.
1. Joseph, Reinach, Histoire de l'Affaire Dreyfus, IV, Cavaignac et Félix Faure, Paris, 1904, pp. 431–439 Google Scholar.
2. Viau, Raphaël, Vingt ans d'antisémitisme 1889-1909, Paris, 1910, p. 181 Google Scholar ; voir aussi Pierrard, Pierre, Juifs et catholiques français. De Drumont à Jules Isaac (1886-1945), Paris, 1970, p. 107 Google Scholar.
3. La Libre Parole organisa des souscriptions analogues à d'autres occasions, notamment en novembre-décembre 1901 pour lancer le Comité national anti-juif, mais le nombre des souscripteurs fut faible comparé à celui de la souscription Henry. Pour calculer le nombre des participants à cette souscription, on a considéré que chaque groupe équivalait à 10 personnes, même s'ils en comptaient souvent davantage.
4. L'analyse de la souscription Henry est largement facilitée par l'ouvrage de Pierre Quillard, Le Monument Henry, liste des souscripteurs classés méthodiquement et selon l'ordre alphabétique, Paris, 1899. Les numéros des pages dans le texte renvoient à cet ouvrage.
5. Il est intéressant de noter cette même forme d'expression des opinions par groupes, et notamment par groupe professionnel, à propos d'une autre affaire : meurtrière de sa mère et de son mari, Mme Steinheil reçut un grand nombre de lettres, envoyées par des groupes d'officiers et de sous-officiers, par des classes d'élèves, et par des groupes d'employés de banque et d'ouvriers. Steinheil, Marguerite, My memoirs, Londres, 1912, p. 154 Google Scholar. La comparaison vaut-elle pour le contenu comme pour la forme ? Y eut-il un lien entre l'intérêt porté au crime en général et le préjugé antisémite ? S'agit-il des manifestations d'un même sadisme, comme le suggère Octave Mirbeau dans Le Journal d'une femme de chambre, Paris, 1900 ?
6. On remarque aussi l'influence des livres de son directeur, Çdouard Drumont.
7. Cette impression se fonde sur la lecture d'un échantillon de numéros de La Libre Parole, et non sur une lecture systématique du journal, ce qui serait un travail fort utile.
8. En particulier, la localisation des émeutes et des manifestations antisémites de janvierfévrier 1898 et des comités de la Ligue antisémitique française. Voir mes articles «The antisemitic riots of 1898 in France », Historical Journal, XVI, 4, 1973, pp. 789-806 ; et « The Ligue antisémitique française », Wiener library bulletin, XXV, 3-4, 1972, pp. 33-39 ; de même Sorlin, Pierre, » La Croix » et les juifs (1880-1899). Contribution à l'histoire de l'antisémitisme contemporain, Paris, 1967, pp. 220–222 Google Scholar.
9. J.-C. Toutain, La population de la France de 1700 à 1959, «Cahiers de l'Institut de science économique appliquée », suppl. n° 133, série AF, n” 3, Paris, 1963, table 16, pp. 60-61.
10. Ceci va à rencontre des études, fondées bien sûr sur des sources différentes, qui ont été faites aux États-Unis dans les années 1960 ; voir Selznick, Gertude J. et Steinberg, Stephen, The tenacity of préjudice, anti-semitism in contemporary America, New York, 1969, pp. 73–77 Google Scholar et 93.
11. Voir André Siegfried, Tableau politique de la France de l'Ouest sous la IIIe République, Paris, 1913 ; et Goguel, F., Géographie des élections françaises sous les IIIe et IVe Républiques, Paris, 1970, pp. 32–39 Google Scholar.
12. Voir Gadille, Jacques, La pensée et l'action politique des évêques français au début de la IIIe République, 1870-1883, Paris, 1967, I, cartes, pp. 152–153 Google Scholar, « La vitalité religieuse des diocèses de France en 1877 ».
13. Voir «The antisemitic riots of 1898 », loc. cit.
14. Carte établie à l'aide d'une source commode mais légèrement antérieure : de Foville, A., La France économique, statistique raisonnée et comparative, Paris, 1890, p. 12 Google Scholar.
15. Voir Siegfried, op. cit. ; et Bordes, Maurice, «L'évolution politique du Gers sous la IIIe République», Information historique, 1961, pp. 19–22 Google Scholar.
16. La Haute-Saône connut un conflit politique intense pendant la durée de l'Affaire ; voir H. Carel, «Les forces politiques en Haute-Saône de 1870 à 1914 », Recherches sur les forces politiques de la France de l'Est, Journées d'études de Strasbourg organisées au Palais universitaire sous les auspices de l'Association interuniversitaire de l'Est par l'Institut d'études politiques de la Faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg, décembre 1964 (s.l.n.d.), pp. 235-248.
17. Mais Raymond Long, Les élections législatives en Côte-d'Or depuis 1870. Essai d'interprétation sociologique, Paris, 1958, ne trouve pas d'antisémitisme au niveau électoral dans ce département.
18. R. Martin suggère que cet antisémitisme patent de la droite dans le Doubs était un phénomène relativement récent et considère que la présence de 1883 à 1885 d'un préfet juif et républicain militant, Isaïe Levaillant, a particulièrement contribué à son développement. « La droite à Besançon de 1870 à 1914 », Recherches sur les forces politiques de la France de l'Est, pp. 229-231. Levaillant fut plus tard préfet de la Haute-Saône.
19. Voir Leuilliot, Paul, L'Alsace au début du XIXe siècle. Essais d'histoire politique, économique et religieuse (1815-1830), Paris, 1960, III, pp. 231–246 Google Scholar ; Hertzberg, Arthur, The French Enlightenment and the jews, New York, 1968, pp. 121–357 Google Scholar et 366-367 ; Szajkowski, Zosa, « The growth of the Jewish population of France», Jewish social studies, VIII, 1946, pp. 180–182 Google Scholar ; Szajkowski, , «French jews during the Révolution of 1830 and the July Monarchy», Historia judaica, XXII, 1961, pp. 116–120 Google Scholar ; et Ginsburger, M., « Les troubles contre les juifs d'Alsace en 1848 », Revue des études juives, LXII, 1912, pp. 109–117 Google Scholar. Comme ces références le montrent, la question a été davantage étudiée pour l'Alsace que pour la Lorraine, quoique les deux provinces connussent des situations semblables. Il serait intéressant de savoir dans quelle mesure la migration d'après 1871 eut une influence sur la situation en Lorraine.
20. Avant que soit introduit le système de la conscription universelle, l'Est fournissait traditionnellement un grand nombre de recrues du contingent ; voir Girardet, Raoul, La société militaire dans la France comtemporaine (1815-1939), Paris, 1953, p. 282 Google Scholar ; et Chalmin, Pierre, L'officier français de 1815 à 1870, Paris, 1957, p. 197 Google Scholar. Il y eut également un lien étroit entre le mouvement nationaliste et ses chefs et l'Est ; ce lien est le plus évident peut-être dans le cas de Barrés; voir, par exemple, Albert Thibaudet, Les Princes lorrains, Paris, 1924; Jacques Madaule, Le nationalisme de Maurice Barrés, Marseille, 1942 ; et Sternhell, Zeev, Maurice Barrés et le nationalisme français, Paris, 1972, pp. 285–290 Google Scholar et 322-336.
21. Mais Philippe Bernard, Économie et sociologie de la Seine-et-Marne 1850-1950, Paris, 1953, ne fournit pas de preuve évidente d'antisémitisme dans ce département.
22. Drumont et La Libre Parole attirent l'attention sur les grands domaines possédés par des juifs dans d'autres départements de la Région parisienne ; voir Drumont, Edouard, La France juive. Essai d'histoire contemporaine, Paris, 1886, II, p. 82 Google Scholar; Drumont, , La dernière bataille. Nouvelle étude psychologique et sociale, Paris, 1890, pp. 12–14 Google Scholar ; et Viau, , op. cit., pp. 112–118 Google Scholar.
23. Voir Szajkowski, , « The decline and fall of provençal jewry », Jewish social studies, VI, 1944, pp. 31–54 Google Scholar ; et Marrus, Michael R., The politics of assimilation. A study ofthe French jewish community at the time ofthe Dreyfus Affair, Oxford, 1971, pp. 31–32 Google Scholar.
24. Voir Baudrillart, Henri, Les populations agricoles de la France, 3e série, Les populations du Midi, Paris, 1893, pp. 196–231 Google Scholar et ss. ; Placide Rambaud et Monique Vincienne, Les Transformations d'une société rurale. La Maurienne (1561-1962), Paris, 1964 ; et Basso, Jacques, Les élections législatives dans le département des Alpes-Maritimes de 1860 à 1939. Éléments de sociologie électorale, Paris, 1968, pp. 209–211 Google Scholar.
25. Baudrillart, , op. cit., p. 190 Google Scholar.
26. Voir Castellane, Boni de, L'art d'être pauvre, Paris, 1926, p. 164 Google Scholar ; et Dardenne, Henriette, Godefroy Cavaignac, un républicain de progrès aux débuts de la IIIe République, Paris, 1969, p. 490 Google Scholar.
27. Voir Zévaès, Alexandre, L'Affaire Dreyfus, Paris, 1931, p. 122 Google Scholar ; Marrus, , op. cit., p. 226 Google Scholar ; et Basso, , op. cit., pp. 190–191 Google Scholar, 210.
28. Voir Monnerville, Gaston, Clemenceau, Paris, 1968, pp. 192–210 Google Scholar.
29. Voir, par exemple, Andrieux, Louis, A travers la République. Mémoires, Paris, 1926, chapitre vu, «Comment je devins Bas-Alpin», pp. 343–358 Google Scholar.
30. L'ex-communard, Cluseret, représentait la 2e circonscription de Toulon depuis 1888 en tant que « socialiste » ; le comte d'Aulan représentait Nyons (Drôme) en tant que « nationaliste-plébiscitaire », à la suite de son père ; Boni de Castellane, un autre aristocrate, a été élu à Castellane (Basses-Alpes), où sa famille avait son siège. Aulan seul se joignit au groupe antisémite de la Chambre des députés, mais les deux autres soutinrent ouvertement le mouvement antisémite organisé.
31. Cette résistance fut le motif avoué d'une grande part de la propagande antisémite ; voir, par exemple, Fore-Fauré, , Face aux juifs ! Paris, 1891, pp. 51–105 Google Scholar.
32. Viau, , op. cit., p. 60 Google Scholar.
33. Les chiffres sont extraits ici de Toutain, , op. cit., tables 60-90, p. 162 Google Scholar ss. ; et Foville, de, op. cit., p. 62 Google Scholar, pour le clergé. Tous les chiffres ne se rapportent pas à 1896, mais cela importe peu pour notre propos.
34. Voir mes articles déjà cités « The antisemitic riots of 1898… » et « The Ligue antisémitique française ».
35. Voir Paul Boyaval, Lutte contre le sweating-System, Paris, 1911 ; Charles Benoist, Les ouvrières de l'aiguille à Paris, Paris, 1895 ; Rouff, M., « Une industrie motrice : la haute couture parisienne et son évolution », Annales, I, 1946, pp. 116–133 CrossRefGoogle Scholar ; et Henriette Vanier, La mode et ses métiers. Frivolités et luttes de classes, 1830-1870, Paris, 1960.
36. Des romans de cette période reflètent, quoique indirectement, les ressentiments des domestiques ; voir, par exemple, Mirbeau, , op. cit., et mon étude « Proust's ‘A la recherche du temps perdu’ as a document of social history », Journal of European studies, I, 1971, pp. 225–227 Google Scholar.
37. Voir Girardet, op. cit., et David B. Ralston, The army of the Republic. The place of the military in the political evolution of France, 1871-1914, Cambridge, Mass., 1967.
38. Ces souscriptions ne sont pas comptées dans le total de 4 500 données plus tôt.
39. Interprétation proposée, avec qualificateur, par Selznick, et Steinberg, , op. cit., pp. 80–93 Google Scholar.
40. Voir Marrus, , op. cit., pp. 40–45 Google Scholar.
41. Voir Paul Gerbod, La condition universitaire en France au XIXe siècle, Paris, 1965 ; et Stock, P. H., « Students versus the University in Pre-World-War Paris », French historical studies, VII, 1971, pp. 93–110 CrossRefGoogle Scholar.
42. Les écrits de Drumont, par exemple, ont un fort accent « socialisant » et populaire. Pour ce qui est de l'antirationalisme des étudiants, la vogue de Barrés parmi les jeunes est significative. Voir aussi, pour une période légèrement postérieure, Agathon (Henri Massis et Alfred de Tarde), Les jeunes gens d'aujourd'hui, Paris, 1913.
43. Voir Byrnes, R. F., Antisemitism in modem France, New Brunswick, 1950, pp. 140–155 Google Scholar ; et Byrnes, , « The French publishing industry and its crisis in the 1890's », Journal of modem history, 23, 1951, pp. 232–242 CrossRefGoogle Scholar.
44. L'attitude de Paléologue était sans doute assez typique. Il fut quelque peu antisémite, hostile aux anti-dreyfusards, mais bien qu'il fût très vite convaincu de l'innocence de Dreyfus, il n'agit jamais en conséquence ; voir Maurice Paléologue, Journal de l'Affaire Dreyfus, 1894- 1899. L'affaire Dreyfus et le Quai d'Orsay, Paris, 1955.
45. Voir encore mon article «The antisemitic riots of 1898… ».
46. Voir particulièrement Sorlin, op. cit., et Pierrard, op. cit.
47. Voir, par exemple, Cobb, Richard, The police and the people, French popular protest 1789-1820, Oxford, 1970, pp. 232–239 Google Scholar ; Hutton, Olwen, « Women in Révolution, 1789-1796 », Past and Présent, 53, 1971, pp. 90–108 Google Scholar ; et Édith Thomas, Les pétroleuses, Paris, 1963.
48. Comme Girardet l'a souligné : « Les souscripteurs ayant généralement accompagné leurs envois de commentaires divers, il n'est guère de document idéologique qui se prêterait davantage à une étude approfondie de psychologie sociale. » Girardet, , Le nationalisme français 1871-1914, Paris, 1966, p. 178 Google Scholar.
49. Dans ce contexte, voir Jeannine Verdès-Leroux, Scandale financier et antisémitisme catholique. Le krach de l'Union générale, Paris, 1969.
50. Cette interprétation est largement empruntée à Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juive, Paris, 1962.
51. Comme d'autres véhicules de l'opinion publique, la souscription Henry entraîne un bon nombre de souscriptions facétieuses. Quillard en répertorie 272. On ne peut les ignorer car elles font ressortir, comme les caricatures, des éléments importants de l'antisémitisme authentique.
52. Voir Girardet, Le nationalisme français ; Sternhell, op. cit., et Maurice Barrés, Scènes et doctrines du nationalisme Paris, 1902.
53. Il est intéressant de remarquer, dans ce contexte, que l'on associa les juifs à l'organisation de sociétés d'assurances contre la conscription au XIXe siècle — ce qui correspondait à une certaine réalité. En fournissant des remplaçants aux fils de la bourgeoisie qui devaient effectuer leur service militaire, ils devenaient des « marchands d'hommes ». On pouvait donc projeter sur eux les sentiments de culpabilité que pourrait avoir occasionné, en même temps ou a posteriori, le refus du devoir envers la patrie ; voir Sales de Bohigo, N., « Marchands d'hommes et société d'assurances contre le service militaire au XIXe siècle », Revue d'histoire économique et sociale, 46, 1968, pp. 339–380 Google Scholar. L'achat de substitut fut aboli en 1872, mais les diplômés d'Université restèrent exemptés de toute la durée de leur service, jusqu'en 1905, ce qui, comme le fait remarquer Ralston, contribuait à augmenter le nombre d'étudiants. Il y a là peut-être une raison supplémentaire de l'attrait de l'ultra-patriotisme et de l'antisémitisme ; sur les étudiants, voir Ralston, , op. cit., pp. 47 Google Scholar et 302-305.
54. La liste comprend 97 souscriptions venant de royalistes déclarés et 63 de bonapartistes.
55. L'antisémitisme apparaît particulièrement répandu dans le bas clergé ; Drumont se présente comme champion pour le défendre contre l'arbitraire episcopal ; voir Drumont, Le testament d'un antisémite, Paris, 1891, Livre quatrième, «Le Clergé ‘fin de siècle'». Une tendance similaire vers le Richérisme, mais finalement freinée par un attachement à la hiérarchie, peut être identifiée dans l'attrait particulier de l'antisémitisme pour des chrétiens démocrates ; voir Mayeur, J.-M., «Les Congrès nationaux de la ‘Démocratie chrétienne’ à Lyon (1896-1897- 1898)», Revue d'histoire moderne et contemporaine, IX, 1962, pp. 171–206 CrossRefGoogle Scholar; Montuclard, Maurice, Conscience religieuse et démocratie. La Deuxième démocratie chrétienne en France, 1891-1902, Paris, 1965, pp. 136–138 Google Scholar et ss. ; et mon article « Catholic Populism in France at the time of the Dreyfus Affair : The Union Nationale », Journal of contemporary history, 10, 1975, pp. 667-705. Entre parenthèses, si la plupart des évêques français évitèrent d'exprimer ouvertement des sentiments antisémites, très peu condamnèrent l'antisémitisme.
56. Voir Gadille, , op. cit., particulièrement 1, pp. 46–108 Google Scholar ; Sorlin, op. cit., et Michel Denis, L'Église et la République en Mayenne, 1896-1905, Paris, 1967.
57. Voir Joshua Trachtenberg, The devil and the jews, New Haven, 1943 ; et Poliakov, Léon, « Le Diable et les juifs. La ‘diabolisation’ des juifs en Occident », Milner, M. éd., Entretiens sur l'homme et le diable, Paris, 1965, pp. 189–212 Google Scholar.
58. Voir Anatole Leroy-Beaulieu, Les doctrines de haine, l'antisémitisme, l'anti-protestantisme, l'anticléricalisme, Paris, 1902.
59. Comme Isaac, Jules fit remarquer plus tard, « … Juifs et protestants (étaient), bon gré mal gré, associés dans la tourmente… », Expériences de ma vie, Paris, 1960, I, p. 131 Google Scholar ; et, en fait, la Bonne Presse et d'autres organisations font circuler une propagande anti-protestante aussi bien qu'antisémite. Voir aussi Leroy-Beaulieu, , op. cit., pp. 140–200 Google Scholar.
60. La liste inclut 156 « insultes à la Cour de Cassation et à la magistrature ». Quillard, , op. cit., pp. 558–565 Google Scholar.
61. Ceci reflète probablement la crise contemporaine de Fachoda ; mais il faut se rappeler que les références à l'Alsace-Lorraine sont implicitement anti-allemandes.
62. Voir Revue française de science politique, IX, 4, 1959, numéro consacré aux « Intellectuels dans la société française contemporaine », et particulièrement Bodin, Louis et Touchard, Jean, « Définitions, statistiques et problèmes », pp. 836–840 Google Scholar.
63. Il existe une bibliographie importante sur ce sujet ; voir particulièrement Mona Ozouf, L'École, l'Église et la République 1871-1914, Paris, 1963.
64. Voir Mary Douglas, Purity and danger. An analysis of concepts of pollution and taboo, Londres, 1966.
65. Voir Sigmund Freud, Analysis of a phobia in a five-year old boy, 1909, et Leonardo da Vinci and a Memory of his childhood, 1910. Freud, , English standard édition, Londres, 1953-1966, x, p. 36 ; et xi, pp. 95-96Google Scholar note. D'une portée plus générale peut-être est la remarque d'Erikson que l'image antisémite du juif correspond à l'image que se fait l'adolescent de l'adulte sexuellement mûr; Erikson, Erik Homburger, « Hitler's imagery and German Youth », Psychiatry, 5, 1943, pp. 475–493 CrossRefGoogle Scholar.
66. Voir, par exemple, John Dollard, Caste and class in a Southern Town, New York, 1957, 3e édition, chap. VII ; et Calvin C. Hernton, Sex and racism, Londres, 1969.
67. Voir Sartre, , op. cit., pp. 57–57 Google Scholar ; et Luce A. Klein, Portrait de la juive dans la littérature française, Paris, 1970.
68. Voir Cohn, Norman, Warrant for genocide, The myth of the jewish world-conspiracy and the protocols of the Elders of Zion, Londres, 1967, pp. 251–268 Google Scholar et ss.
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70. Les exemples les plus évidents furent le traitement infligé à Dreyfus et les émeutes de 1898.
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