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Le Cortège et la Ville : les itinéraires parisiens des fêtes révolutionnaires
Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
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Dessiner un plan, c'est pour tout le XVIIIe siècle résoudre un problème. Nul ne doute alors de la capacité de l'architecte à jouer le rôle de l'omni-praticien social, dont les bonnes dispositions ne font pas seulement le bonheur privé, mais aussi les législations de secours efficaces, les pédagogies heureuses, l'harmonie publique. Il semble parfois aux rêveurs de villes qu'il ne faudrait rien moins qu'une révolution pour réussir un nouvel aménagement de l'espace urbain et, singulièrement, du monstrueux espace parisien. Mais parfois aussi, c'est ce nouvel aménagement qui est senti comme porteur à lui seul de révolution. Quand César, remarque l'abbé Brotier, veut changer la forme du gouvernement, « il prélude par des changements dans le cirque ».
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- Frontières Nouvelles
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1971
References
Notes
page 889 note 1. « Mémoire sur les cirques, composé par M. l'abbé Brotier, et lu par lui à une séance de l'Académie des lettres ». Cité par Boullée, :Architecture, Essai sur l'Art. textes réunis et présentés par J.-M. Pérouse de Montclos. Paris, 1968.Google Scholar
page 890 note 1. Rapport de Chénier à la Convention, 27 vendémiaire an III. Ce thème nourrit aussi l'inlassable opposition de la fête et du théâtre.
page 890 note 2. Du reste, est-ce au citoyen à aller chercher le lieu de la fête ? C'est le thème de réflexion d'un ouvrage qui connaît alors un grand succès : Des fêtes, par le citoyen De Moy.
page 890 note 3. Voir, par exemple, les « Idées générales présentées par le sieur Poyet, Architecte du Roi et de la Ville sur le projet de fête du 14 juillet », 16 juin 1790.
page 890 note 4. Voir « Ordre, marche et cérémonial du danger de la Patrie », 19 juillet 1792 et carte p. 896/7. Une comparaison identique pourrait être faite avec les cortèges des « publications » : tel celui de la publication de la Constitution le dimanche 18 septembre 1791 ; ou même avec des cortèges d'ancien régime : celui de la publication de la paix de Versailles, par exemple, le 25 novembre 1783.
page 891 note 1. Ces plans et programmes sont des brochures imprimées, retrouvées pour l'essentiel à partir du catalogue de Tourneux. Ce sont des oeuvres collectives et anonymes, encore qu'il arrive au programme de comporter une signature, ou de laisser paraître une inspiration prestigieuse : celle de David par exemple. Reste que même David rapporte au nom d'une collectivité qui le délègue et dont il a l'aveu. A ces brochures imprimées, j'ai ajouté toutes celles qui, sans indiquer nécessairement un parcours, envisagent un aménagement de l'espace urbain; qui décrivent par exemple, les « objets qui ont servi à la Pompe funèbre célébrée le 26 août aux Tuileries pour honorer la mémoire des Patriotes » ; ou qui mettent en place les « détails exacts de l'embellissement des Jardins Publics et de la Convention Nationale et autres lieux pour le 20 prairial, jour de la fête en l'honneur de l'Éternel ».
Ces programmes sont au nombre d'une centaine : c'est dire qu'ils excèdent le nombre des fêtes effectivement célébrées. Il existe en effet un grand nombre de doublets; pour la même fête, plusieurs programmes se livrent une sorte de concurrence publicitaire, chacun d'eux annonçant le « véritable détail des cérémonies » ou « l'ordre exact observé » pour la fête. Par ailleurs ils sont souvent infidèles à leur titre : certains, qui annoncent la relation très détaillée de l'itinéraire, sont en fait muets sur les rues empruntées par les cortèges. D'autres donnent des informations contradictoires sur les itinéraires. Cette distorsion visible entre le programme et la réalité de la fête a imposé deux autres types de dépouillements : en amont des programmes d'une part les « projets » pour les cortèges, présentés de façon relativement spontanée par des groupes de citoyens (ainsi, « Projet présenté par des citoyens actifs et gardes nationales de la section Beaubourg, le 16 avril 1792 pour la fête de Chateauvieux ») ou même par des individus ; en aval des programmes d'autre part et pour retrouver les itinéraires effectivement empruntés, les procèsverbaux des fêtes. Lorsqu'ils n'existaient pas, force a été de recourir à la presse ; quelques incertitudes subsistent néanmoins : de Saint-Eustache au Panthéon quelles rues a exactement empruntées la panthéonisation de Mirabeau ? Et du Pont-au-Change au Théâtre Français les obsèques de Marat?
page 892 note 1. Voir carte (fin du dépliant). Sur tous les cortèges ainsi décrits dans les programmes, quels sont ceux que retient cette carte, et pourquoi ? Le propos étant de décrire des itinéraires dans l'espace parisien, sont évidemment exclues les fêtes célébrées à l'intérieur, dans l'enceinte de la Convention, par exemple, ou dans la cour du Palais des sciences et arts. Toutes celles aussi — c'est le cas pour les fêtes d'âges sous le Directoire — qui se célèbrent autour des municipalités parisiennes. Toutes celles enfin — c'est le cas de beaucoup de fêtes funèbres — qui élisent un lieu et s'y tiennent. Enfin celles qui donnent lieu à des cortèges purement administratifs : telles ces fêtes presque clandestines du Directoire, où les voitures officielles, parties du Luxembourg, gagnent à vive allure les Invalides et le Champ-de-Mars. Que ces déplacements soient baptisés « cortèges » dans les programmes ne doit évidemment pas faire illusion.
page 892 note 2. « Bases fondamentales de l'Instruction Publique et de toute Constitution libre ou Moyens de lier l'Opinion Publique, la morale, l'éducation, l'enseignement l'instruction, les fêtes, la propagation des lumières et le propos de toutes les connaissances au gouvernement national républicain », 20 mars 1793.
page 892 note 3. Cité par De Sacy, J.-S., Brongniart. Paris, 1940.Google Scholar
page 892 note 4. «Monuments érigés en France à la gloire de Louis XVI, précédés d'un tableau du progrès des arts et des sciences sous ce règne, ainsi que d'une description des honneurs et des monuments de gloire accordés aux grands hommes, et suivis d'un choix des projets qui ont été proposés pour placer la statue du roi dans les différents quartiers de Paris », par M. Patte, Paris, 1765.
Tantôt les architectes envisagent de raser toutes les maisons depuis le Pont-Neuf jusqu'à la colonnade et de reconstruire Saint-Germain-l'Auxerrois dans l'alignement du Pont-Neuf (Che-vautel) ; tantôt de percer les terrasses des Tuileries et le couvent des Feuillants (Goupi) ; tantôt — c'est le projet le plus grandiose — d'abattre une grande partie des rues Dauphine, Mazarine, Saint-André-des-Arts, pour faire du carrefour Buci un cercle parfait qu'une série d'alignements rendrait visible de la porte Saint-Bernard, de la rue d'Enfer, du Louvre (Rousset). Patte lui-même, dans le commentaire personnel qu'il adjoint à tant de projets, imagine l'embellissement du quartier de la Cité et de l'Ile Saint-Louis. Tout le quartier disparaît mis à part Notre-Dame et le bâtiment des Enfants Trouvés. L'idée de la fête, du reste, n'est pas loin : « Quel bénéfice pour les fêtes de disposer d'un tel emplacement ! »
page 893 note 1. « Détails exacts de l'embellissement des Jardins publics et de la Convention Nationale et autres lieux pour le 20 prairial, jour de la Fête en l'honneur de l'Éternel » ; extrait du registre des arrêtés du Comité de Salut Public, 25 floréal an II.
page 893 note 2. Dussausoy, Le Citoyen désintéressé, ou Diverses idées patriotiques concernant quelques établissements et embellissements utiles à la ville de Paris, 1767.
page 893 note 3. Les entretiens du Palais-Royal, par L-S. Mercier, 1786.
page 894 note 1. Aujourd'hui place Edmond Rostand.
page 894 note 2. Tout au long du siècle, par exemple, les deux charmants pavillons du Collège des Nations manquent périodiquement d'être sacrifiés à « cette vue du quai dans toute sa longueur » qui parait alors si nécessaire…
page 894 note 3. Car le projet a sans cesse été repris au long du XVIIIe siècle.
page 894 note 4. « On ne conçoit point », écrivait l'abbé de Lubersac, « le mauvais goût des Artistes qui ont coiffé d'une énorme perruque un roi vêtu à la romaine ». Abbé De Lubersac : Discours sur les Monuments publics de tous les âges et de tous les peuples connus, suivis d'une description du monument projeté à la gloire de Louis XVI et de la France, terminé par quelques observations sur les principaux monuments modernes de la ville de Paris et plusieurs projets de décoration et d'utilité publique pour cette capitale, Paris 1775.
page 894 note 5. Proposition d'un monument à élever dans la capitale de la France pour transmettre aux races futures l'époque de l'heureuse révolution, par le chevalier de Mopinot, ingénieur à la suite des armées, 1790.
page 894 note 6. Représentation d'un citoyen à la nation sur le transport de Voltaire au Champ-de-Mars, mai 1791.
page 895 note 1. Circulaire du 10 fructidor, an VI.
page 895 note 2. Discours sur les Monuments publics, prononcé au Conseil du Département de Paris, le 15 septembre 1791, par A.-G. Kersaint, administrateur et député suppléant au Département de Paris.
page 895 note 3. Nulle fête ne le met mieux en évidence que celle de la Fondation de la République, continûment pourvue d'une emblématique céleste. Le Champ-de-Mars y devient comme dans le programme tracé par Benezech le 1 e r vendémiaire an V, un « segment du Zodiaque au haut duquel sera le signe de la Balance ».
page 895 note 4. Et pourtant dès l'an XII, parlant du quartier du Marais, J.-F.-C. Blanvillain note : « ceux qui y demeurent en parlant du quartier des Tuileries, disent : « quand irons-nous à Paris ? » Lé“Parisien ou Tableau de Paris en l'an XII.
page 899 note 1. « Idées générales présentées par le sieur Poyet », op. cit.
page 899 note 2. Michelet, Histoire de la Révolution française, préface de 1847. Le thème du « vide révolutionnaire » est du reste déjà traité par Barère : « pour l'école militaire royale, il fallut élever, avec les sueurs du peuple, un grand édifice, qui ne témoignait que l'orgueil insolent du maître qui le fit construire; pour l'école révolutionnaire de mars, il ne faut qu'un sol aride, la plaine des Sablons, des tentes, des armes et des canons… » (Barere, Discours sur les écoles de mars, 13 prairial an II).
page 899 note 3. Voir la séance de la Convention du 27 brumaire an II.
page 900 note 1. Lakanal Rapport sur Rousseau, fait au nom du Comité d'Instruction publique, 29 fructidor an II.
page 900 note 2. Lettre adressée au Conseil des 500 sur la pédagogie des fêtes, le 23 germinal an VI.
page 900 note 3. A.N., F10 613.
page 900 note 4. Idem.
page 900 note 5. Conservateur décadaire, 30 messidor an II.
page 900 note 6. « Là il s'élevait en pyramide, en montagne ; partout il portait les couleurs nationales… » Voir la Feuille villageoise, 7 germinal an II.
page 901 note 1. Boullée, Essai sur l'Art.
page 901 note 2. Songe patriotique, ou le Monument et la Fête, Paris, 1790. Anonyme, dédié à Bailly.
page 901 note 3. « Je vis alors que le plus beau de tous les spectacles d'une grande fête, c'est le peuple qui la contemple ».
page 902 note 1. Opinion de Merlin de Thionville sur les fêtes nationales, 9 vendémiaire an III.
page 902 note 2. De la pyramide, J.-F. Sobry écrit que « l'immortalité, partout ailleurs dans la pensée, est là visible et palpable ». Poétique des Arts, ou Cours de Peinture et de Littérature comparée, 1810.
page 902 note 3. Comme, par exemple, ces demeures de « L'Heureuse Nation », agrémentées d'inscriptions laconiquement énoncées qui forment une sentencieuse suite de proverbes. Le Mercier De La Riviere, L'Heureuse Nation.
page 902 note 4. Projet de Monument à élever dans le Champ de la Fédération, proposé par M. Sobre le jeune, architecte, s.l.n.d.
page 903 note 1. Rédacteur, 12 thermidor an VI.
page 903 note 2. Détails de toutes les cérémonies qui vont être célébrées dans toute l'étendue de la République française, une et indivisible, en l'honneur de l'Etre Suprême, Auteur de la Nature et de la Liberté, présentés par David et décrétés par la Convention Nationale; suivis de l'Ordre de la Marche des cérémonies, des décorations pour l'embellissement de cette fête, de la Religion Naturelle des Vrais Républicains, de la Déclaration Solennelle de l'Homme Libre à l'Étemel.
page 903 note 3. Procès-verbal très intéressant du voyage aérien qui a eu lieu aux Champs-Elysées le 18 septembre 1791, jour de la proclamation de la Constitution, par B.L.St. Cr.
page 904 note 1. Et l'aérostat vainct la distance. Tout comme le télégraphe; Lakanal les rapproche explicitement tous deux, comme des agents de simultanéité : « deux découvertes paraissent surtout marquées dans le XVIIIe siècle : l'aérostat et le télégraphe. Mongolfier traça une route dans les airs comme les Argonautes s'en étaient frayé une à travers les ondes, et tel est l'enchaînement des sciences et des arts que le premier vaisseau qui fut lancé prépare la découverte du nouveau monde et que l'aérostat devait servir de nos jours la liberté et être dans une bataille célèbre le principal instrument de la victoire (…). Le télégraphe rapproche les distances, rapide messager de la pensée ». Rapport sur le télégraphe, fait au nom du Comité d'Instruction Publique du 27 avril dernier (v.s.) ; vendémiaire an III, par Lakanal.
page 904 note 2. Voir, par exemple, Dussausoy, op. cit. : « Paris seul n'offre aux étrangers qu'un hôtel de ville étroit d'un goût barbare, élevé sur une place irrégulière, plus digne de servir de theater aux supplices des malfaiteurs qu'on y exécute journellement que propre aux réjouissances publiques qu'on y célèbre dans les grandes occasions »; et J.-M. Dufour, Diogène à Paris : « cette place de Grève n'est pas assez large pour les fêtes publiques. Il n'y a que des rues fort étroites qui y aboutissent. Vos carrosses ne peuvent y aborder (…). Si, comme on me l'a assuré, vos échevins et prévôts des Marchands ne veulent point donner leurs fêtes ailleurs qu'à l'Hôtel de Ville, alors qu'ils l'agrandissent et fassent une place capable de contenir le peuple qui se môle à la joie publique… »
page 905 note 1. Boullée, op. c/f.
page 905 note 2. Voyage à Ermenonville, ou lettre sur la translation de J.-J. Rousseau au Panthéon.
page 905 note 3. L-S. Mercier, Paris pendant la Révolution.
page 905 note 4. Voir sur ce sujet La Feuille du Salut Public, nonidi de la 2e décade, brumaire an li.
page 906 note 1. Journal de la Société Républicaine des Arts, séance du 16 ventôse sur les travaux urgents à réaliser dans Paris.
page 906 note 2. Réflexions sur la fête qui a eu lieu le décadi 10 ventôse dans le Temple de la Raison pour l'abolition de l'esclavage des Nègres, adressées à la société républicaine des Arts…
page 906 note 3. Détails de la Fête de la Liberté qui a eu lieu le dimanche 15 avril l'an IV de la Liberté.
page 906 note 4. Le défenseur de la Constitution, par Maximilien Robespierre n° 9. Aux Fédérés.
page 907 note 1. Que fête-t-on, par exemple, chez les géants patagons de l'abbé Coyer? :«la beauté du soleil, le renouvellement des saisons, la fécondité de la terre, l'amour conjugal, l'accroissement de la population annuelle, l'amitié, la fraternité, l'amour de la patrie, les héros qui ont inventé la charrue, le moulin, l'art de bâtir, la langue, l'écriture, la navigation…» (Suite des Bagatelles morales par l'abbé Coyer, 1769).
page 907 note 2. L'ordre et la marche de l'entrée triomphante des martyrs de la liberté du régiment de Chateauvieux dans la ville de Paris.
page 907 note 3. Tout le rapport de Portiez manifeste la volonté de faire exprimer par la fôte le conformisme thermidorien ; il faut se garder de célébrer trop chichement la fête, et c'est pourquoi il faut sortir de l'enceinte de la Convention ; mais il faut aussi se garder de célébrer trop largement et c'est pourquoi il faut bannir les longues processions, « du reste réprouvées également par le goût et la saine politique ».
page 908 note 1. Fête du 1er vendémiaire an VII ; extrait du registre des délibérations du Bureau central de Paris.
page 908 note 2. Voir, par exemple, l'Instruction particulière pour les commissaires de la Fête de l'Etre Suprême qui doit être célébrée le 20 prairial, l'an 2e de la République française une et indivisible.
page 909 note 1. Ordre qui sera suivi dans la fête du 30 frimaire an VI.
page 909 note 2. Défenseur de la Constitution, par Maximilien Robespierre, n° 4.
page 909 note 3. Voir Merlin De Thionville, op. cit.
page 909 note 4. Il est juste de noter cependant que le corps municipal arrête qu’ « aucun citoyen ne pourra sans réquisition légale paraître en armes dimanche prochain 15 du présent mois ». Extrait du registre des délibérations du corps municipal, mercredi 11 avril 1792.
page 909 note 5. Decouflé, A., Sociologie des révolutions. P.U.F. Que sais-je? 1968.Google Scholar
page 909 note 6. Voir le Mercure national et étranger, 26 juin 1791, n° 71.
page 909 note 7. Voir Carte 19 : elle figure le type d'itinéraire le plus coutumier du Directoire.
page 910 note 1. Honoré de Balzac, Une ténébreuse affaire : « Ceux qui lisent aujourd'hui des histoires de la Révolution française ne sauront jamais quels immenses intervalles la pensée publique mettait entre les événements si rapprochés de ce temps. Le besoin général de paix et de tranquillité que chacun éprouvait après de violentes commotions engendrait un complet oubli des faits antérieurs les plus graves. L'Histoire vieillissait promptement, constamment mûrie par des événements ardents… »
page 910 note 2. Quand le 25 juin 1793 Lakanal présente à la Convention un projet de décret qui décide du mode de convocation à Paris des gardes nationales, il baptise la fête — du reste transportée du 14 juillet au 10 août — « réunion » et non « fédération ». Le « fédéralisme », drapeau des départements soulevés contre la Convention exclut désormais l'usage du mot de fédération.
page 911 note 1. Lasource, partisan d'ajourner la fête, en donne les raisons :« attendons pour l'institution d'une fête annuelle, ou pour toute autre, que nous soyons entourés de peuples libres; alors nous nous réjouirons d'un grand spectacle, nous célébrerons la fête de l'Univers… »
page 911 note 2. Détail des cérémonies qui auront lieu au Champ-de-Mars en l'honneur des citoyens morts au siège de Nancy, 20 septembre 1790.
page 911 note 3. Kant Critique de la faculté déjuger : « Le sentiment du sublime est un plaisir qui ne jaillit qu'indirectement étant produit par le sentiment d'un arrêt des forces vitales durant un bref instant immédiatement suivi par un épanchement de celles-ci d'autant plus fort (…). C'est pourquoi ce plaisir est inconciliable avec l'attrait; et puisque l'esprit n'est pas seulement attiré par l'objet mais que tour à tour il se trouve repoussé, la satisfaction qui procède du sublime ne comprend pas tellement un plaisir positif que bien plutôt admiration et respect; et ainsi elle mérite d'être dite un plaisir négatif… »
page 912 note 1. Il oblige le spectateur à choisir son observatoire et donc à limiter sa vision. Emilie Brongniart, la fille de l'architecte, en fait l'expérience ; dans la fougue de ses treize ans, elle voudrait le jour de la Fête de l'Etre Suprême, tout voir, alors que les femmes qui l'ont accompagnée veulent seulement voir brûler l'Athéisme et en tiennent ferme, par conséquent, pour l'observatoire des Tuileries; elle doit pour parvenir à ses fins leur fausser compagnie et s'agréger aux jeunes filles qui suivent le char de l'Agriculture.
page 912 note 2. «Vues sur les fêtes publiques et application de ces vues à la fête de Marat par le citoyen Gence…»
page 913 note 1. Fête célébrée alors que la République tout entière est décrite par Barère comme une « immense ville assiégée ». Les occasions officielles de la fête — l'acceptation en cours de la nouvelle Constitution, l'anniversaire du 10 août — ne sont que des prétextes. Face au fédéralisme, il s'agit d'affirmer l'unanimité nationale. Du reste, le cérémonial de la fête, encore qu'hésitant entre plusieurs intentions concurrentes, cherche à mettre en scène cette unanimité : le président de la Convention lie en faisceau sur l'autel de la patrie les piques portées séparément tout au long du cortège par les envoyés des assemblées primaires. Cette « réunion républicaine » fait sur les esprits contemporains — journaux et brochures en témoignent — une profonde impression. On croit y voir, enfin incarné, le « grand beau » que semble promettre la Révolution.
page 915 note 1. Le Journal de la Société populaire des Arts évoque l'incertitude qui en résulte pour le peuple. Il relate une conversation entre un perruquier et un architecte le jour de la fête du 10 août L'architecte a beau multiplier les explications sur les dispositions ornementales de la fête, le perruquier lui rétorque : « je crois que malgré tout ce que vous venez de me dire sur le temple, l'autel et les termes qui sont à l'entrée du Champ-de-Mars, je dois vous témoigner mon étonnement. Pourquoi ceux qui ont dirigé la fête ont-ils affecté ces figures que vous dites être d'un style égyptien? Cette femme que j'ai été voir hier à la place de la Bastille, j'aurais besoin de savoir pourquoi elle est ainsi coiffée, nous sommes Français et sous prétexte que nous avons été corrompus dans nos moeurs, nos monuments, on veut nous rendre Égyptiens, Grecs, Étrusques; je crois que nous devons mieux faire que tous ces peuples et je vous avoue, citoyen artiste, que j'aimerais mieux une figure comme mon imagination me la représente, d'après la belle nature… »
page 915 note 2. Seul un « Siège de Lille » sera donné à voir aux participants.
page 916 note 1. Voir, par exemple, la République française, Paris 18 pluviôse an III : « L'Arc de triomphe du boulevard des Italiens, où Héraut de Sécheiles embrassa les héroïnes des 5 et 6 octobre, n'offre que des ruines à peine dignes d'un théâtre de la Foire. Que reste-t-il de l'éternelle nature dont les mamelles d'argile abreuvèrent nos derniers constituants et les délégués des départements, en leur versant à longs traits de l'eau claire… », etc. ?
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- Cited by