Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Les aristocrates de ces contrées ont le même comportement que les juifs. Ils sont tous alliés ou apparentés d'une manière ou d'une autre, et forment une tribu, disait en substance l'intendant Saavedra, l'un des représentants les plus notables du réformisme des Bourbons dans cette partie de l'Amérique. En 1809, le phénomène de concentration du pouvoir économique et politique dans la capitainerie générale du Venezuela est tel que les élections au consulat de commerce sont invalidées en des circonstances on ne peut plus significatives de l'imbrication du pouvoir économique et politique, puisqu'elles le furent au détriment du futur Libertador en personne, Simon Bolivar, représentant de ces nouvelles formes de sociabilités politiques qui s'affirment à la veille de la révolution d'Indépendance. Le constat est clair. Hors du cercle étroit des grandes familles aristocratiques (mantuanos), peu ou point de « représentation » possible, malgré la pression constante des autres groupes sociaux, en particulier des sang-mêlé ou pardosou simplement des péninsulaires et Canariens récemment arrivés au Venezuela, bénéficiaires eux aussi du contexte de prospérité généralisée de cette fin de siècle.
This paper examines, in a perspective that remains that of an Old Régime society, one of the variants of the cultural aristocratie model, in a région, which becomes a strong pièce of Spanish crown policy in the 18th century. Thus the major landowners and cacao producers perform original stratégies, rather différent from those of Spanish American élites in order to préserve the honour of lineage and social status for quite a long time. The author explains how the aristocracy of mantuanos reinterprets in a very restrictive way the System of values of Spanish nobility, and the genealogical memory as well as the kinship structures linked with. Consequently, any attempt to understand this untypical social configuration leads to prefer a history of effective practices of thèse local élites and also to reconsider the catégories used to define this upper social group.
1. « Francisco de Saavedra a la Corona, Caracas, 3 mai 1793 (lors de la création du consulat de Caracas) », cité par Farias, Eduardo Arcila, Economîa colonial de Venezuela, Caracas, UCV, 1971, vol. II, p. 103 Google Scholar ; Archivo General de Indias (AGI), Caracas, 921 : « Expediente sobre la élection de los oficios del consulado de Caracas », 1809. Créé en 1793, le consulat de Commerce de Caracas participe de la vague de réformes politico-administratives qui consacrent la prospérité de cette province autrefois délaissée de l'empire espagnol (il n'y avait point de mines d'argent d'où cet oubli relatif) : Intendance (1776), Audience (1786, d'où une autonomie certaine notamment dans l'ordre judiciaire, par rapport à Santa Fe de Bogota ou Santo Domingo), consulat du commerce (le premier d'Amérique au 18e siècle, les seuls existant à cette date étant ceux de Mexico et de Lima) anticipant donc les nombreuses créations de ce genre au Mexique ou dans le Rio de la Plata, et même l'archevêché (1803).
2. Ainsi nommés en raison de leurs habitudes vestimentaires (port de capes ou de châles (mantas) par les femmes de la haute société), les mantuanos s'identifient à l'aristocratie de Caracas pendant la période coloniale.
3. Ladd, Doris, The Mexican Nobility at Independence, 1780-1826, Austin, University of Texas Press, 1976 Google Scholar, Institute of Latin American Studies, passim ; John Kicza, Empresarios coloniales. Familias y negocios en la ciudad de Mexico durante los Borbones, Mexico, FCE, 1986 ; et notre ouvrage Mines, terres et société à Zacatecas (Mexique) de la fin du XVII” siècle à l'Indépendance, Paris, Publications de la Sorbonne, 1992. Pour une évaluation de la production historiographique sur ce thème : F. Langue, « Las élites en America colonial (siglos XVIXIX). Recopilaciôn bibliogrâfica », Anuario de Estudios Americanos, LIV-1, Enero-junio 1997, pp. 199-228.
4. Pas d'alliances entre producteurs d'une région et commerçants d'une autre (si ce n'est avec Veracruz pour le commerce du cacao) comme au Mexique où s'effectuent parfois des alliances concrétisées par des mariages : ce sont les mêmes dans la province de Caracas. Les commerçants proprement dits ne le sont qu'à un moindre degré, selon la distinction effectuée par le consulado et l'exigence de la fortune requise pour figurer sur ses listes, 15 000 pesos pour un commerçant, 30 000 pesos pour un hacendado/agricultor. S'y ajoute de plus une opposition ethnique : les hacendados sont majoritairement créoles, et les commerçants péninsulaires, espagnols, voire canarios, dont les centres d'intérêts se situent dans les maisons de commerce de Cadix. Voir sur ce point notre travail, « Hombres e ideas de la Ilustraciôn en dos ciudades consulares, Caracas y Veracruz », à paraître dans Historia Mexicana ; et notre article : « Origenes y desarrollo de una élite régional. Aristocracia y cacao en la provincia de Caracas, siglos XVI-XVIII », Tierra Firme. Revista de historia y ciencias sociales, Caracas, n°34, avril-juin 1991, pp. 143-161 ; Ferry, Robert J., The Colonial Elite of Early Caracas. Formation and Crisis, 1567-1767, Berkeley, University of California Press, 1989 Google Scholar, passim.
5. Documentes del Real consulado de Caracas, E. Arcila Farias (éd.), Caracas, UCV, 1964 : correspondance de Saavedra, 23 juillet 1786, doc. 4 ; Michael Mackinley, Pre- Revolutionary Caracas. Politics, Economy and Society, 1777-1811, Cambridge, Cambridge University Press, 1985, p. 79 ; et pour l'identification des élites, José Antonio de Sangroniz Y Castro, Familias coloniales de Venezuela, Caracas, Editorial Bolivar, 1943, et Carlos Guillen, Iturriza, Algunas familias caraquenas, Caracas, 1967, 2 vols.Google Scholar
6. A l'exception des titres des marquis del Valle et de Torrecasa, la plupart remontent au 18e siècle : comte de San Javier (1732), comte del Toro (1732) ; comte de la Granja (1773) et de Casa Leôn (1809). De la même manière, les croix d'ordres militaires furent attribuées en majorité dans les années 1770-1780.
7. Cette « aristocratie territoriale » (expression de L. Vallenilla Lanz) représenterait à la veille de l'Indépendance 1 % de la population totale, soit 658 familles de type nucléaire et 4 058 personnes : Federico Brito Figueroa (Historia econômica y social de Venezuela, Caracas, UCV, 1987, t. IV, pp. 1221-1222) indique d'ailleurs, sans toutefois approfondir le sujet, que les liens de parenté, les « alliances familiales », contribuaient à la « stratification de cette classe sociale ».
8. Ferry, Robert, The Colonial Elite of Early Caracas. Formation and Crisis, 1567-1767, Berkeley, University of California Press, 1989, pp. 219–240.Google Scholar
9. Nous empruntons cette expression à Jack Goody, L'évolution de la famille et du mariage en Europe, Paris, Armand Colin, 1983, p. 30. Sur les interdits portant sur le mariage rapproché, rappelons qu'ils ont été énoncés dès le 6e siècle, la limite étant fixée au 3e degré. Les unions au 7e puis au 4e degré également en ligne utérine comme en ligne agnatique firent ensuite l'objet d'interdictions. Les mêmes limites seront par ailleurs appliquées aux affins, notamment les consanguins du conjoint ou les conjoints des consanguins.
10. Les études systématiques des pratiques sociales propres aux élites d'Amérique espagnole restent encore fort limitées. Citons cependant, sur ce point précis et à titre de comparaison, l'article de Susan Socolow, « Acceptable Partners: Marriage Choice in Colonial Argentina, 1778-1810», dans Sexuality and Marriage in Colonial American, Asuncion Lavrîn (éd.), Lincoln-Londres, University of Nebraska Press, 1989, pp. 209-246 ; MacCaa, Robert, « Calidad, Ciase, and Mariage in Colonial Mexico: The Case of Parral, 1778-1790 », Hahr, 64, 3, 1984, pp. 477–501 Google Scholar ; Maiia Beatriz da Silva, Sistema de casamento no Brasil colonial, Sâo Paulo, Ed. Queiroz, 1984 ; Seed, Patricia, To Love, Honor and Obey in Colonial Mexico. Conflicts over Marriage Choice, 1574-1821, Stanford, University of Stanford Press, 1988.Google Scholar
11. Selon les lois de l'Église, en vigueur en Espagne et en Amérique. La première, celle des obstacles/empêchements dirimants (impedimentos dirimentes) concerne l'âge au mariage (12 ans pour la femme, 14 ans pour l'homme), l'existence d'un mariage antérieur (bigamie) ou des liens de parenté existants, aussi bien de consanguinité que de parenté spirituelle (compérage). Dans la deuxième catégorie se classent les empêchements relatifs comme l'oubli de la publication des bans, et certains jours consacrés aux fêtes religieuses. Seule l'existence d'un empêchement dirimant ou l'opposition marquée de l'un des intéressés était susceptible de faire annuler une union. Voir sur ce point Ardanaz, Daisy Ripodas, El matrimonio en Indias. Realidad social y regulacién juridica, Buenos Aires, Conicit, 1977, p. 85 Google Scholar ; P. Seed, op. cit., p. 161 ss.
12. Le texte de la Pragmatique de 1776 figure dans Konetzke, Richard (éd.), Colecciôn de documentos para la historia de la formaciôn social de Hispanoamérica, Madrid, CSIC, 1962, t. III, pp. 406–413.Google Scholar Une Real Cédula de 1778 en détermine l'application pour l'ensemble de l'Amérique.
13. Ces textes figurent également dans l'ouvrage de R. Konetzke. De même la Real Cédula du l/VI/1803, également dans Archivo Arzobispal de Caracas (AA), Matrimonios, 155 (texte du 10/IV/1803, Aranjuez) : le texte de 1803 est transmis au capitaine général de la province du Venezuela (alors Guevara) en juin de la même année. « Obedecimiento » de l'évêque de Caracas, 9/VIII/1803.
14. AA, Matrimoniales, 155 : RC 26/V/1783.
15. Idem, Ibarra à la Couronne, Caracas, 7/III/1804 ; le texte de l'Audience est du 16/1/ 1804.
16. Un exemple de « information de solteria y libertad » figure dans AA, Matrimoniales, 63 (1770) : l'Espagnol Joseph de Escorihuela s'était en effet rendu à plusieurs reprises à Veracruz pour ses affaires commerciales (il doit d'ailleurs épouser la fille d'un autre commerçant, Maria Ana de Septién).
17. Pour un exemple d'opposition parentale, voir S. Socolow, « Acceptable Partners… », arl. cité, p. 219 ss.
18. Ces données procèdent de l'analyse systématique des fonds d'archives suivants : à l'AA de Caracas, le fonds Matrimoniales, et à l'Archivo General de la Nation (AGN), le fonds Disensos y matrimonios. Les documents font défaut après 1813.
19. AA, Episcopales, 23.
20. M. Macklnley, op. cit., p. 82 (n'évoque cependant pas ces stratégies matrimoniales). Précisons à titre de comparaison que les grandes fortunes mexicaines étaient estimées pour la même période à un million de pesos (grands mineurs).
21. AA, Episcopales, 23 ; Matrimoniales, 18 : Dispensa accordée par l'évêque Valverde, Coro, 24/X/1737. Les bénéficiaires de ces dispenses sont également tenus à un certain nombre d'obligations d'ordre strictement religieux (confessions fréquentes, assistance régulière à la messe).
22. AA, Matrimoniales, 17.
23. AA, Matrimoniales, 17.
24. Quelques tentatives seront cependant réalisées en ce sens dans un travail ultérieur.
25. AA, Matrimoniales, 17 : Francisco Xavier Mijares de Solorzano au vicaire, Caracas, 2nov. 1735.
26. AA, Matrimoniales, 18 : le dernier cas est de 1737 ; Matrimoniales 26 : Florencio de la Plaza et Ana Maria de liendo (1745), à propos de fiançailles désormais connues ; Matrimoniales, 34 (1750) et 35 (1752 : cas similaire de Maria Nicolasa Carrasco et de Joseph Antonio de Rada), 40 (1755, le comte de San Javier, Juan Jacinto Pacheco Mijares et Melchora Ana de Tovar). AA, Matrimoniales, 65 (1770), 74 (1775) et 56 (1766) : Ursula Bolivar ne dispose selon les témoins que d'une dot peu élevée, inférieure à 5 000 pesos. Pour un aperçu des conséquences des réformes des Bourbons dans le domaine social et plus particulièrement en ce qui concerne le statut de la femme, voir Miller, Gary, « Bourbon Social Engineering: Women and Conditions of Marriage in Eighteenth-Century Venezuela », The Americas, vol. 46, 3, janvier 1990, pp. 261–290 CrossRefGoogle Scholar : comme ne l'indique pas le titre de cette étude, l'auteur prend surtout en considération un groupe social que le statut n'assimile pas aux élites, celui des militaires ; AA, Matrimoniales, 60 (1769) : Diego Blanco y Ponte et Maria Teresa Blanco Uribe. AA, Matrimoniales, 74 (1775) : J. A. Bolivar et M. A. de Aristiguieta. Les témoins de cette information furent le regidor Martin Aristiguieta, Juan de Bolivar et Manuel de la Plaza. Voir également pour les arguments relatifs au statut et à l'honneur de la femme, AA, Matrimoniales, 76 (1776) : Buenaventura de Frias et Josefa Obelmejfa ; Matrimoniales 84 (1779) : Manuela Hermoso y Ascanio et Gabriel de Ibarra y Galindo ; Matrimoniales, 91 (1782) : Martin Alonso Gil et Maria Manuela Pinango ; Matrimoniales, 119 (1793) : Miguel Xerez de Aristiguieta et Juana de Sojo Obelmejfa ; Matrimoniales 117 (1793) : Francisco Monasterios y Blanco et Adriana Blanco y Monasterios, ou Antonio Palacios y Xerez et Josefa Xerez Blanco.
27. AA, Matrimoniales, 19 (1738), et 75 (1775) : Manuel de la Plaza et Juana Maria Xerez de Aristiguieta.
28. AA, Matrimoniales, 19 : figurent comme témoins le père Antonio de Tovar, le marquis de Mijares (Francisco de Solorzano, chevalier d'Alcântara, le lieutenant général Joseph de Oviedo y Banos, le comte de San Javier (Antonio Pacheco) et le maestre de campo Ruy Fernândez de Fuenmayor. AA, Matrimoniales, 67 (1772) : Fernando Blanco y Mijares et Maria Blanco de Ponte (6 liens de parenté) dont il est dit qu'elle est dépositaire unique de cette noblesse (lleva la estirpe). Dans ce dernier cas, même les témoins appartiennent au cercle familial : Francisco de Ponte y Mijares (regidor), Santiago de Ponte y Mijares et Juan de Tovar… AA, Matrimoniales, 122 (1789) : Manuel Blanco et Clemencia Blanco ; Matrimoniales, 128 (1796) : Antonio José Ribas et Ignacia Palacios y Blanco. Le vocabulaire utilisé par les élites (enlaces reciprocos) n'est pas sans évoquer la réciprocité qui préside aux « échanges de femmes » dans le cadre d'un clan ; dans une structure agnatique, le mariage signifie en effet la continuité de la possession d'un territoire mais aussi son extension possible ( Pherson, Alan Mac, « Migrations Fields in a traditionnal Highland Community, 1350-1850 », Journal of Historical Geography, vol. 10, n° 1, 1984, pp. 1–14 Google Scholar). En ce sens, l'usage hautement préférentiel qui est fait par les mantuanos du mariage dans une perspective de préservation du patrimoine nous incite à préférer le terme de « caste ».
29. AA, Matrimoniales, 18 (1738) : sont présents en tant que témoins le marquis de Mijares (Francisco Felipe Mijares de Solorzano, chevalier d'Alcântara), le lieutenant général Joseph de Oviedo y Banos, le maestre de campo Pedro Rengifo Pimentel et les capitaines Juan Suârez de la Riva et Antonio Ascanio. AA, Matrimoniales, 65 (1771) et 24 (1743) ; les mêmes spécifications ethniques sont mentionnées dans la demande formulée par Juana Josefa de Herrera et Joseph Ibarra (Matrimoniales, 24 (1743). AA, Matrimoniales, 76 (1776).
30. AA, Matrimoniales, 26 (1745), 43 (1758).
31. AA, Matrimoniales, 40 (1755).
32. AA, Matrimoniales, 43 (1758).
33. AA, Matrimoniales, 74 (1775).
34. La casa solariega désigne dans le monde hispanique à la fois une maisonnée et les terres (solares) associées à l'usage d'un nom. Quant à l'exercice de la charge d'alcaldegouverneur, il nous renvoie en fait à ce qui fut l'une des spécificités du cabildo de Caracas par rapport aux conseils municipaux du reste de l'Amérique espagnole : en cas d'absence du titulaire de la charge de gouverneur de la province, pour quelque raison que ce fût (militaire. de santé, intérim, etc.), les alcaldes avaient la faculté de les remplacer ; faculté que le 18e siècle et les réformes des Bourbons, s'empressèrent de remettre en cause. Voir notre étude « Antagonismos y solidaridades en un cabildo colonial : Caracas 1750-1810 », Anuario de Estudios Americanos, Séville, vol. XLIX, 1992, pp. 371-393.
35. A l'inverse, certaines fondations pieuses peuvent compromettre la stabilité d'un patrimoine (AA, Matrimoniales, 109 (1789) : Isabel Mana de la Plaza Bolivar et Carlos de la Plaza y Liendo voient l'usage de leurs biens hypothéqué par un cens en faveur de l'administration des temporalidades).
36. AA, Matrimoniales, 75 (1776) et Academia Nacional de la Historia (ANH), coll. L. Villanueva, II, doc. 430. Les témoins présentés furent le colonel Juan Nicolas de Ponte, Francisco de Ponte, Juan Luis de Escalona, Juan Félix Monasterios et Pedro Blanco. Les actes de baptêmes figurent également dans ce dossier : il y apparaît que les parrains de Maria de Gufa appartenaient au cercle familial (Manuel Blanco y Villegas et Maria Ana de Tovar). Un proche parent avait fondé l'équivalent de 16 000 pesos de capellanias. Tant sont multiples les imbrications entre les grandes familles que l'on retrouve à peu de différences près les mêmes références dans d'autres demandes, ainsi celle de Martin de Ascanio et Maria Candelaria Ribas y Herrera (AA, Matrimoniales, 89 (1781).
37. AA, Matrimoniales, 92 : la dispense est accordée le 15/VII71782. Parmi les témoins figurent les représentants du clan familial : Santiago de Ponte, alors Capitân de caballeria de los blancos milicianos de Caracas, Miguel Munoz, le marquis de Mijares (Juan Felipe Mijares de Solorzano), Juan Francisco Solorzano (également capitaine de chevalerie), le père Joseph de la Sierra. On retrouvait également le cercle familial lors du baptême des intéressés.
38. AA, Matrimoniales, 371 (1779). Nous ne reviendrons pas sur la généalogie de ces familles, esquissée dans l'exemple précédent, que l'on retrouve systématiquement dans les années 1780 : ainsi dans la demande de Félix Mijares de Solôrzano et Maria Ignacia de Tovar y Blanco (Matrimoniales, 101, 1786 ; 5 liens de parenté). Les revenus des fondations pieuses (réditos) de Santiago de Ponte) étaient censées rapporter 20 000 pesos à Martin de Ascanio et Ma. Candelaria Ribas (AA, Matrimoniales, 89).
39. AA, Matrimoniales, 93. Remarquons que les demandes intéressant la famille Tovar se font plus nombreuses en ces années (AA, Matrimoniales, 109 (1789) : Cristôbal de Ponte et Rosalia Ascanio, 6 liens de parenté ; AA, Matrimoniales, 14 (1800) : Francisco Nicolas Tovar et Maria Altagracia de Tovar, 5 liens de parenté) et comprennent maintes références à la Real Pragmâtica. AA, Matrimoniales, 143 (1801) ; Matrimoniales, 158 (1804) : Maximiliano Blanco et Josefa Maria de Tovar y Tovar; Matrimoniales, 159 (1804) : Luis de Rivas Pacheco et Maria del Socorro Tovar y Ponte (9 liens de parenté) ; Matrimoniales, 166 (1806).
40. AA, Matrimoniales, 43 (1758) : l'expression « bienes patrimoniales » est utilisée dans la demande formulée par Martin de Tovar Blanco pour se marier avec Manuela de Ponte Mijares de Solôrzano (7 liens de parenté) ; AA, Matrimoniales, 55 : Gabriel Blanco et Isabel Antonia Blanco Uribe (1766) ; AA, Matrimoniales, 56 (1766) : Joseph Maria Blanco de Villegas et Adriana Blanco de Monasterios (3 liens de parenté) ; AA, Matrimoniales, 59 (1767) : Juana Blanco et Miguel Monasterios (4 liens de parenté).
41. AA, Matrimoniales, 60 (1769).
42. AA, Matrimoniales, 63 (1770). le même souhait est exprimé par le regidor Joseph Rafaël de Tovar en 1770 (mariage avec Maria Isabel de Herrera, A A, Matrimoniales, 63).
43. S. Socolow, art. cité, p. 236. Évoque en ce sens des organisations comme les tertiaires, particulièrement sélectives ; mais on pourrait retrouver ce schéma d'exclusion à des échelons « inférieurs » de la société indiana, à travers l'étude des confréries.
44. AA, Matrimoniales, 104 (1783) : J. M. Blanco et Josefa Inès Blanco (3 liens de parenté).
45. AA, Famille Bolîvar, 1 ; AA, Matrimoniales, 8 : dispense de Nicolas de Ponte et Luisa Isabel de Ponte, 1705 ; Matrimoniales, 17 : Juan Nicolas de Ponte et Melchora Ana Mijares de Solorzano, 1735.
46. La famille Bolivar elle-même recourait à ces pratiques (AA, Matrimoniales, 115 (1792) : Pablo de Clémente y Palacios et Maria Antonia Bolivar, parente du Libertador).
47. AGI, Caracas, 412.
48. AA, Matrimoniales, 26 : demande de dispense de Domingo Joseph de Tovar et Maria Josefa de Berroterân y Tovar (1744). Voir sur ce point J. Goody, op. cit., p. 230 ss (sur les groupes de parenté, clans et lignages) ; Lachaier, Pierre, « Les firmes lignagères marchandes du Maharastra en Inde », Annales ESC, 1992, n° 4-5, pp. 865–866 Google Scholar ; Bayly, C. A., Rulers, Townsmen and Bazaars. North Indian Society in the Age of British Expansion, 1770-1870, Cambridge, Cambridge University Press, 1983 Google Scholar, passim. Pour les commerçants de Buenos Aires. déjà amplement étudiés par S. Socolow, cf. Moutoukias, Zacarias, « Les négociants de Buenos Aires au XVIIIe siècle », Annales ESC, 1992, n° 4-5, pp. 889–915.Google Scholar Pour la Nouvelle-Espagne, une synthèse de Kicza, John, « El papel de la familia en la organizaciôn empresarial en la Nueva Espana », Familia y poder en Nueva Espana. Memoria del tercer Simposio de Histoha de las Mentalidades, Mexico, IN AH, 1991, p. 85 ssGoogle Scholar ; dans le même ouvrage, le commentaire de Pedro Viqueira, qui étend ajuste titre le cercle familial à celui des serviteurs et paniaguados : « Las grandes familias novohispanas : poder politico y condiciones econômicas », pp. 125- 132 ; et notre étude du compromis et de l'adaptation réalisés en ce sens par certains grands mineurs : « Poderosos, parentelas y clientelas : reminiscencias médiévales y modernidad en la Zacatecas del siglo XVIII », pp. 181-193. Sur la valeur symbolique des lignages en Amérique espagnole, voir F. Langue, « Pratiques en miroir : structure, stratégies et représentations de la noblesse de Nouvelle-Espagne », dans Arnauld, C., Baudot, G., Bertrand, M., Langue, F.. Pouvoirs et déviances en Méso-Amérique XVIe-XVIIIe siècles, Toulouse, PUM, 1998, pp. 125– 158 Google Scholar, et, pour l'Audience de Quito, l'étude récente de Buschges, Christian, Famille, Elire und Macht. Konzept und soziale Wirklichkeit des Adels in der Stadt Quito ﹛Ecuador) wàhrend der spâten Kolonialzeit, 1765-1822, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1996.Google Scholar En ce qui concerne les comportements des « élites secondaires » formées par certains commerçants, signalons la distinction qui s'opère à Caracas entre les grands commerçants souvent hacendados et nobles (comerciantes) et une catégorie inférieure (mercaderes), distinction explicitement reconnue dans les actes de fondation du consulat de Caracas (1793) : la fortune requise des premiers et des agricultures (hacendados) est comme nous l'indiquions de 30 000 pesos pour figurer sur les listes consulaires, alors que seulement 15 000 pesos sont requis des mercaderes. Pour une étude des différentes catégories de « gens de commerce », voir Salmoral, Manuel Lucena, « Los comerciantes caraquenos y sus diversas categon'as », Anuario de Estudios Americanos, vol. XXXIX, 1982, pp. 251–273 Google Scholar; Belfn Ferrer, Vazquez y, « La élite marabina : contradicciones y acuerdos présentes en afios de definiciones polfticas : 1810-1830», Tierra Firme, Caracas, n° 34, 1991, pp. 162–169 Google Scholar; du même auteur, « Formation y actuaciôn de la élite marabina (1778-1821) », communication présentée au 47e Congrès international des américanistes, La Nouvelle-Orléans, juillet 1991, et, en collaboration avec Ligia Berbesi et Varela, Nirso, « La familia Baralt-Sânchez como modelo de la élite maracaibera durante las ûltimas décadas borbonicas », Boletin Americanista, XXXVII, 1997, n° 47, pp. 215–232.Google Scholar Pour un exemple brésilien, cf. Flory, Rae, Smith, David Grant, « Bahian Merchants and Planters in the Seventeenth and Early Eighteenth Centuries», HAHR, 58, 4, 1978, pp. 571–594 Google Scholar et Metcalf, Alida C., « Fathers and Sons: The Politics of Inheritance in a Colonial Brazilian Township », HAHR, 66, 3, 1986, pp. 455–484.Google Scholar
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50. Sur le compérage et l'utilisation de ce type de liens dans les rapports sociaux (élargissement du cercle de la parenté) et politiques (regroupement par « affinités », « amitié instrumentale »), ainsi que sur la nature des échanges qu'ils suscitent, voir Klapischzuber, Christiane, « Compérage et clientélisme », dans La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l'Italie de la Renaissance, Paris, EHESS, 1991, pp. 123–133.Google Scholar L'auteur signale notamment, à propos du repliement sur elle-même de l'aristocratie florentine et par conséquent de la restriction désormais apportée à la « circulation de l'honneur », que la défense du « prestige » accompagne une perte de pouvoir politique et une rigidification de la stratification sociale (une constitution en « caste » qui n'est pas sans similitude avec la situation relevée à Caracas). Lévi-Strauss, C., Les structures élémentaires de la parenté, Paris, Mouton, 1981, pp. 527 Google Scholar, 548 et préface à la deuxième édition, p. XXX ; voir également Le regard éloigné, Paris, Pion, 1983 : « Du mariage dans un degré rapproché », pp. 127-140. Duby, Georges, Le chevalier, la femme et le prêtre. Le mariage dans la France féodale, Paris, Hachette, 1981, pp. 270–271.Google Scholar Guerreaujalabert, Anita, « Prohibitions canoniques et stratégies matrimoniales dans l'aristocratie médiévale de la France du Nord », dans Epouser au plus proche. Inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la Méditerranée, Paris, EHESS, 1994, Bonté, P. (dir.), p. 303.Google Scholar Héritier, Françoise, L'exercice de la parenté, Paris, Gallimard/EHESS, 1981, p. 162.Google Scholar Sur la « malléabilité des catégories de la pratique », voir Lepetit, Bernard, « Histoire des pratiques, pratiques de l'histoire », dans Les formes de l'expérience. Une autre histoire sociale, Lepetit, B. (dir.), Paris, Albin Michel, 1995, p. 17 Google Scholar ; sur la manipulation des normes, voir dans le même ouvrage l'essai de Simona Cerruti, « Normes et pratiques, ou de la légitimité de leur opposition ». pp. 127-149.