Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
L'analyse de tout livre d'histoire concernant une quelconque région de l'Afrique au sud du Sahara implique dès le départ une question fondamentale : l'historien doit-il tenir compte de la masse des faits ethnographiques réunis pour prouver le caractère spécifique des « sociétés traditionnelles », ou ne doit-il s'inquiéter que des documents historiques ? C'est un problème, car si évidemment les outils historiques sont partout les mêmes, il faut bien connaître une société pour découvrir l'implicite de tout document, historique ou autre. Autrement dit : l'histoire de l'Europe, ou plus largement du monde occidental, n'exige pas de l'historien occidental une origine « nationale » ou « continentale » précise : un historien français peut fort bien s'occuper d'histoire économique italienne et inversement. Les concepts sont alors généraux et il n'est pas indispensable de les adapter à des circonstances nouvelles. Au risque de me voir accuser d'ethnocentrisme, ou d'européocentrisme, je dirais que ce n'est pas le cas en Afrique (pour tout historien non africain) : il y a un rythme de vie, des solutions sociales auxquelles nombre de nos concepts ne peuvent pas s'appliquer. Il suffit de penser à la difficulté de cerner le (ou les) mode de production africain, pour concevoir les déboires de l'historien devant la masse des documents et des faits.
1. W.G.L. Randles, L'ancien royaume du Congo, des origines à la fin du XIXe siècle. Mouton & Co., Paris-La Haye, 1968, 275 pages, bibliographie, index, cartes, illustr.