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La romanisation en question

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Patrick Le Roux*
Affiliation:
Patrick Le Roux Université de Paris 13

Résumé

La remise en question périodique, depuis une trentaine d´années, de la notion même de « romanisation » a pris récemment la forme radicale visant, chez certains archéologues et historiens, à rejeter un mot qui se rapporterait seulement à une historiographie européenne « colonialiste » et « impérialiste ». Au centre de la critique, un domaine auquel les archéologues sont particulièrement sensibles, les cultures et les transferts culturels. L´articleexplore les évolutions anciennes et récentes de l´histoire de la romanisation, et s´intéresse aux démarches de ceux qui tentent de réorienter les enquétes sur les conquétes romaines et l´Empire romain. Il apparaît, au terme d´un bilan raisonné, que le temps n´est pas encore venu de se priver d´un instrument de travail qui a permis élargissement et progrés des recherches et renvoie à une réalité perç;ue avec acuité par les Anciens eux-mêmes. Les débats en cours soulignent à la fois la richesse du concept, la nécessité de mieux le définir chaque fois qu´on l´emploie, et l´utilité d´un idéal-type qui a encore beaucoup à apporter à la compréhension des réalités locales et régionales, mais aussi « impériales », du monde romain, à condition de ne pas faire comme s´il résumait à lui seul l´histoire romaine.

The periodical challenging of the very notion of “Romanization” over the last thirty years has recently developed into a radical criticism articulated by certain archaeologists and historians, aimed at rejecting a word which they claim refers only to a “colonialist” and “imperialist” European historiography. Cultures and cultural transfers, a domain to which archaeologists are particularly sensitive, are the centre of this critique. This article explores both past and present evolutions in the history of Romanization, examining the methods used by those who are attempting to reorient research into Roman conquests and the Roman Empire. After a cautious appraisal, it would seem that it is not time to abandon an instrument which has contributed to the broadening and the progression of research and which refers to a reality perceived with acuity even in ancient times. The current debates highlight the concept's richness, the necessity of improving its definition each time it is used, and the usefulness of as “idealtype” which still has much to contribute to the understanding of local, regional, as well as “imperial” realities of the Roman world, provided that it cannot be used as if it were in itself a summary of Roman history.

Type
La Romanisation
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004

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References

1- Antérieurement à Theodor Mommsen (en 1885) ou Francis Haverfield (en 1905), même si c’est à leur autorité qu’est dû son succès. Il est évident par ailleurs que la « romanisation » comme catégorie historique, bien qu’absente sous ce nom du vocabulaire antique, est beaucoup plus ancienne que le mot.

2- France, Jérôme, « État romain et romanisation : à propos de la municipalisation des Gaules et des Germanies », L’Antiquité classique, 70, 2001, pp. 205212.CrossRefGoogle Scholar

3- Voir, pour les discussions et débats et leur complexité, J. Mattingly, David (éd.), Dialogues in Roman imperialism. Power, discourse, and discrepant experience in the Roman Empire, Portsmouth, Rhode Island, 1997.Google Scholar

4- Keay, Simon et Terrenato, Nicola (éds), Italy and the West. Comparative issues in romanization, Oxford, Oxbow Books, 2001.Google Scholar

5- Krausse, Dirk, « Farewell to romanization? », Archaelogical dialogues, 8-2, 2001, pp. 108115.CrossRefGoogle Scholar Le titre – assorti d’un point d’interrogation – pastiche celui du roman de Ernest Hemingway qui avait emprunté son Farewell to armsà une oeuvre patriotique du jeune compositeur Gerald Finzi, lequel avait vu mourir son père et trois frères à la guerre.

6- Voir, par exemple, Le Roux, Patrick, Le Haut-Empire romain en Occident d’Auguste aux Sévères, Paris, Le Seuil, [1998] 2003;Google Scholar Lepelley, Claude (dir.), Rome et l’intégration de l’Empire, 44 avant J.-C.-260 après J.-C., t. 2, Approche régionale du Haut-Empire romain, Paris, PUF, 1998.Google Scholar

7- Ces questions sont l’objet de débats anciens. On peut mentionner l’article de Paul Veyne, « Y a-t-il eu un impérialisme romain ? », Mélanges de l’École française de Rome, vol. 87, 1975, pp. 793855 CrossRefGoogle Scholar, qui constitue une réaction contre le « tout impérialisme ». Voir également le bilan mesuré et synthétique de Claude Nicolet, « L’“impérialisme romain” », in Nicolet, C. (dir.), Rome et la conquête du monde méditerranéen, 2, Genèse d’un Empire, Paris, PUF, 1978, pp. 883920.Google Scholar

8- Le bilan des réflexions donné il y a près de vingt ans lors du congrès de la Société des professeurs d’histoire ancienne de l’Université (Sophau, « 1985 : vingt ans de recherche en histoire ancienne », Revue des études anciennes [REA], 86, 1984, pp. 7-115), montre que cette manière de concevoir la romanisation était toujours prédominante.

9- Le Roux, Patrick, Romains d’Espagne. Cités et politique dans les provinces, II e siècle avant J.-C.-III e siècle après J.-C., Paris, Armand Colin, 1995.Google Scholar

10- Alföldy, Géza, « Aspectos de la vida urbana en las ciudades de la Meseta sur », in González, J.(éd.), Ciudades privilegiadas en el Occidente romano, Séville, Diputacio´n de Sevilla/Universidad de Sevilla, 1999, pp. 467485;Google ScholarMonique Dondin-Payre et Mariethérése Raepsaet-Charlier (éds), Cités, municipes, colonies. Les processus de municipalisation en Gaule et en Germanie sous le Haut-Empire romain, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999 ; Fentress, Elizabeth(éd.), Romanization and the city. Creation, transformations, and failures. Proceedings of a conference held at the American academy in Rome to celebrate the 50th anniversary of the excavations at Cosa, 14-16 May, 1998, Portsmouth, Rhode Island, 2000.Google Scholar

11- Entre autres, Albert Deman, « Matériaux et réflexions pour servir à une étude du développement et du sous-développement dans les provinces de l’Empire romain », in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, Principat, vol. 3, 1975, pp. 3-97. Voir les remarques critiques d’Yvon ThÉBert, « Romanisation et déromanisation en Afrique : histoire décolonisée ou histoire inversée ? », Annales ESC, 33-1, 1978, pp. 64-82, ici pp. 78 et 82. La matrice des recherches centrées sur les données économiques de la romanisation et les évolutions a été l’ouvrage, vite disponible dans diverses langues mais traduit en français tardivement, de Ivanovitch Rostovtseff, Michel, Histoire économique et sociale de l’Empire romain, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », [1957] 1988.Google Scholar

12- Hatt, Jean-JAcques, Histoire de la Gaule romaine (120 av. J.-C.-451 apr. J.-C.), Paris, Payot, [1959] 1970,Google Scholar illustre cette mise en perspective, influencée par la vie politique française contemporaine, notamment dans son dernier chapitre (” Les étapes de la romanisation et l’opinion gauloise », pp. 369-389), où il est affirmé que l’oeuvre civilisatrice de Rome a succombé à une crise des élites qui a privé l’Empire d’une politique cohérente « à l’égard de ces peuples sous-développés qu’étaient les Germains ».

13- Dulatifundium aulatifondo. Un héritage de Rome, une création médiévale ou moderne ?, Paris, Publications du Centre Pierre Paris-25, 1995.Google Scholar

14- Pour s’en tenir à une synthèse classique, reflet nuancé de ce que l’on peut appeler la « romanisation positive », se reporter à Harmand, Louis, L’Occident romain (Gaule, Espagne, Bretagne, Afrique du Nord), Paris, Payot, [1960] 1989.Google Scholar

15- De ce point de vue, les actes du colloque tenu à Rome en mai 1981, Epigrafia e ordine senatorio, Tituli, 4-5, Rome, Edizioni di storia e letteratura, 2 vols, 1982, a marqué une étape importante (le deuxième volume est surtout consacré aux bilans provinciaux). Plus récemment, Élites hispaniques, Milagros Navarro Caballero et Sé;Goléne Demougin (textes réunis par), Bordeaux, Ausonius Publications, 2001, offre un panorama appliqué à un ensemble provincial.

16- Roy W. Davies, « The daily life of the Roman soldier under the Principate », in Breeze, D. et Maxfield, V. (éds), Service in the Roman army, New York, Columbia University Press, 1989, pp. 3368;Google Scholar Isaac, Benjamin, The limits of Empire. The Roman army in the East, Oxford, Clarendon Press, 1990;Google Scholar Patrick Le Roux, « Le ravitaillement des armées romaines sous l’Empire », in Dulatifundium aulatifondo…, op. cit.,pp. 403-424.

17- Leveau, Philippe, Caesarea de Maurétanie. Une ville romaine et ses campagnes, Rome, École française de Rome, 1984,Google Scholar qui a proposé pour la première fois un tableau raisonné, fondé sur toutes les sources possibles, de la domination d’une ville, colonie et capitale provinciale, sur la campagne environnante.

18- Le Roux, Patrick et Tranoy, Alain, « Rome et les indigènes dans le Nord-Ouest de la péninsule Ibérique : problèmes d’épigraphie et d’histoire », Mélanges de la Casa de Vela´ zquez, vol.9, 1973, pp. 177231.CrossRefGoogle Scholar

19- Dondin-Payre, Monique et Raepsaet-Charlier, Marie-THérése (éds), Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Empire, Bruxelles, Le Livre Timpermann, 2001.Google Scholar

20- Par exemple, Duval, Paul-Marie, Les dieux de la Gaule, Paris, Payot, [1957] 1976;Google Scholar Charles-Marie Ternes, « La religion gallo-romaine », in Lehmann, Y. (dir.), Religions de l’Antiquité, Paris, PUF, 1999, pp. 349439.Google Scholar

21- La résistance africaine à la romanisation, Paris, Maspero, 1976;Google Scholar ID., « Résistance et romanisation en Afrique du Nord sous le Haut-Empire », in Pippidi, D. (éd.), Assimilation et résistance à la culture gréco-romaine dans le monde ancien, Paris-Bucarest, Les Belles Lettres/Editura Academiei, 1976, pp. 367375.Google Scholar

22- César,Bellum Gallicum [BG], VI, 17.

23- Le livre de Goudineau, Christian, Les fouilles de la maison au Dauphin. Recherches sur la romanisation de Vaison-la-Romaine, Paris, Éditions du CNRS, 1979,Google Scholar traduit bien cette donnée historiographique à propos d’une histoire globale fondée sur des sources majoritairement archéologiques.

24- Leveau, P., Caesarea de Maurétanie…, op. cit.;Google Scholar ID., «La ville antique et l’organisation de l’espace rural : villa, ville, village », Annales ESC, 38-4, 1983, pp. 920-942.

25- Expression empruntée à Wachtel, Nathan, La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole, 1530-1570, Paris, Gallimard, 1971.Google Scholar

26- Bénabou, M., La résistance africaine…, op. Cit Google Scholar

27- Voir, entre autres, Le Roux, Patrick, « Rome ou l’acculturation permanente », Crises, 5, 1995, pp. 125131.Google Scholar

28- E. Alcock, Susan, « Vulgar romanization and the dominance of elites », in S.Keay, et N.Terrenato, (éds), Italy and the West…, op. cit.,pp. 226230.Google Scholar

29- Syme, Ronald, « Rome and the nations », Roman papers, IV, Oxford, Clarendon Press, 1988, pp. 6173,Google Scholar ici p. 64. Tenant de l’empirisme le plus impénitent, méfiant envers les idées (trop) générales, le grand savant britannique refusait tout rapprochement de l’Empire romain qu’il admirait avec ce qui l’aurait apparenté à la Russie de la russification ou à un quelconque modèle colonialiste européen schématique et déformant.

30- S. E. Alcock, « Vulgar romanization… », art. cit., p. 227.

31- Il convient de signaler ici l’ouvrage de Mac Mullen, Ramsay, Romanization in the time of Augustus, New Haven, Yale University Press, 2000 Google Scholar (La romanisation à l’époque d’Auguste, Paris, Les Belles Lettres, 2003), qui se place à la croisée des chemins : rebelle aux généralisations et méfiant envers le vocabulaire de l’impérialisme et de la colonisation, l’auteur, peu soucieux de définir le mot de « romanisation » qu’il utilise pragmatiquement, s’intéresse essentiellement aux changements (d’où le choix de la période augustéenne) et se place du point de vue des réalités provinciales, ignorant ou presque le modèle romain auquel il n’accorde guère d’influence en dehors de la culture des émigrants eux-mêmes.

32- C’est particulièrement sensible à la lecture de Dialogues in Roman imperialism…, op. cit.,où se côtoient positions extrêmes et critiques prudentes et nuancées, approches théoriques et explorations concrètes : voir en ce sens les conclusions générales de Geraint D. B. Jones.

33- Parmi de très nombreux travaux, on peut retenir : Lévi-Strauss, Claude, Race et histoire, Paris, Éditions Gonthier, [1961] 1969;Google Scholar Le Goff, Jacques et Nora, Pierre (éds), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, 1974,Google Scholar 3 vols ; Veyne, Paul, L’inventaire des différences : leçon inaugurale au Collège de France, Paris, Le Seuil, 1976;Google Scholar Jean-Marie Pailler (coord.), Actualité de l’Antiquité. Actes du colloque organisé à l’université de Toulouse-Le Mirail par la revue Pallas, décembre 1985, Paris, Éditions du CNRS, 1989 ; Max Weber, Économie et société dans l’Antiquité précédé de Les causes sociales du déclin de la civilisation antique, Paris, La Découverte, [1924] 1998.

34- Voir par exemple Corbier, Mireille, « Épigraphie et parenté», in Épigraphie et histoire : acquis et problèmes, Lyon, Centre d’études et de recherches sur l’Occident romain, 1998, pp. 101152.Google Scholar

35- Keay, S. et Terrenato, N. (éds), Italy and the West…, op. cit. Google Scholar

36- Woolf, Greg, Becoming Roman. The origins of Provincial civilization in Gaul, Cambridge, Cambridge University Press, 1998;CrossRefGoogle Scholar ID., « The Roman cultural revolution in Gaul », inS. Keay et N. Terrenato (éds), Italy and the West…, op. cit., pp. 173-186.

37- Webster, Jane, « Creolizing the Roman Provinces », American journal of archaeology, 105, 2001, pp. 209225.CrossRefGoogle Scholar

38- Woolf, G., Becoming Roman…, op. cit., p. 245.Google Scholar

39- Wallace Hadrill, Andrew, « Rome's cultural revolution (Paul Zanker, The power of images in the age of Augustus) », Journal of Roman studies, 79, 1989, pp. 157164.Google Scholar

40- Le mot ne recouvre pas la même notion que la « créolisation », mais il oriente à son tour vers les interpénétrations et formes de transferts culturels : voir les analyses de Gruzinski, Serge, La pensée métisse, Paris, Fayard, 1999.Google Scholar

41- Woolf, G., Becoming Roman…, op. cit., p. 242 Google Scholar : « La culture matérielle n’est en tout cas pas si aisément séparable de la mentalité, l’habitude, la culture morale. »

42- S. E. Alcock, « Vulgar romanization… », art. cit., pp. 227-230.

43- « A tale of three cities: the romanization of Northern coastal Etruria », in Keay, S. et Terrenato, N. (éds), Italy and the West…, op. cit., pp. 5467.Google Scholar

44- Le Roux, Patrick, L’armée romaine et l’organisation des provinces ibériques d’Auguste à l’invasion de 409, Paris, Publications du Centre Pierre Paris-8, 1982.Google Scholar

45- Propos qui émane il est vrai d’une spécialiste de la Grèce romaine (S. E. Alcock, « Vulgar romanization… », art. cit., p. 228). Les travaux individuels et collectifs se sont multipliés sur l’Orient romain dans la perspective des mutations culturelles et identitaires : E. Alcock, Susan Graecia capta: the landscapes of Roman Greece, Cambridge, Cambridge University Press, 1993;Google Scholar Millar, Fergus, The Roman Near East, 31 BC-AD 337, Cambridge-Londres, Harvard University Press, 1993;Google Scholar E. Alcock, Susan (éd.), The early Roman Empire in the East, Oxford, Oxbow Books, 1997.Google Scholar

46- Nicola Terrenato, « Introduction », in Keay, S. et Terrenato, N. (éds), Italy and the West…, op. cit., pp. 16.Google Scholar

47- S. E. Alcock, « Vulgar romanization… », art. cit., p. 227.

48- Janewebster, « A negotiated syncretism: readings on the development of romanoceltic religion », inD. J. Mattingly (éd.), Dialogues in Roman imperialism…, op. cit., pp. 165-184.

49- Webster, Jane, « Interpretatio. Roman word power and the Celtic gods », Britannia, 26, 1995, pp. 153161.CrossRefGoogle Scholar

50- Ainsi, dans un domaine où les sources non écrites tiennent un rôle décisif, celui de la Bretagne romaine, les réflexions de Millett, Martin, The romanization of Britain. An essay in archaeological interpretation, Cambridge, Cambridge University Press, 1990 Google Scholar, ont renouvelé le thème en mettant l’accent sur les sociétés de l’âge du Fer moins belliqueuses et plus dynamiques et organisées qu’on ne l’avait affirmé sur la foi des témoignages gréco-romains.

51 S. Hanson, William, « Forces of change and methods of control », in Mattingly, D. J. (éd.), Dialogues in Roman imperialism…, op. cit., pp. 6780.Google Scholar

52- W. M. Freeman, Philip, « Mommsen to Haverfield: the origins of studies of romanization in late 19th Britain », inD. J. Mattingly (éd.), Dialogues in Roman imperialism…, op. cit., pp. 2750 Google Scholar, qui fait écho par sa réflexion au livre de Ramsay Mac Mullen, dont le propos est limité cependant à la période augustéenne (Romanization in the time…, op. cit.).

53- Dirk Krausse, « Farewell to romanization? », art. cit., p. 109.

54- C’est aussi la démarche de S. E. ALCOCK, « Vulgar romanization… », art. cit.

55- Germania, 34.

56- Strabon, , Géographie, III, 2, 15, Paris, CUF, 1966(traduction de François Lasserre).Google Scholar

57- Stolatusrenvoie à la stolê, soit toute forme de vêtement long porté par les hommes aussi bien que les femmes. On corrige parfois la leçon manuscrite en togati. Quoi qu’il en soit, l’esprit du passage montre que l’expression est différente de comataou bracata, car elle renvoie à un vêtement grec ou romain et ne convient pas dans le sens de la stolades femmes vertueuses, les matrones, ou des musiciens ici.

58- Sur l’évolution de la pensée politique et administrative et de la perception du monde entre l’époque de Cicéron et le règne d’Auguste, voir Nicolet, Claude, L’inventaire du monde. Géographie et politique aux origines de l’Empire romain, Paris, Fayard, 1988 Google Scholar; Moatti, Claudia, La raison de Rome : naissance de l’esprit critique à la fin de la République, Paris, Le Seuil, 1997.CrossRefGoogle Scholar

59- Sartre, Maurice, L’Orient romain. Provinces et société provinciales en Méditerranée orientale d’Auguste aux Sévères (31 avant J.-C.-235 après J.-C.), Paris, Le Seuil, 1991,Google Scholar en témoigne. L’heure, heureusement, n’est plus à considérer l’Orient comme extérieur à l’histoire de la romanisation. PAUL VEYNE, « L’identité grecque devant Rome et l’empereur », Revue des études grecques, 112-2, 1999, pp. 510-567, à partir de l’idée que Rome était grecque et du Discours àRhodesde Dion de Pruse, réagit – non sans provocation – contre ce qu’il considère comme une tendance inverse et excessive de l’historiographie récente. Sans doute les métissages ont-ils été gradués selon les contextes et les cultures en présence, mais l’hellénisme a dû lui aussi évoluer et s’adapter à une forme politique qui privait les élites grecques locales du pouvoir souverain. Parmi les travaux récents, surabondants et inégaux, on peut mentionner : Janet|Huskinson (éd.), Experiencing Rome. Culture, identity and power in the Roman Empire, Londres, Routledge, 2000 Google Scholar; Goldhill, Simon (éd.), Being Greek under Rome. Cultural identity, the second sophistic and the development of Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.CrossRefGoogle Scholar

60- Jean-Pierre Vallat, « The romanization of Italy: conclusions », in Keay, S. et Terrenato, N. (éds), Italy and the West…, op. cit., pp. 102110.Google Scholar

61- G.Woolf, « The Roman cultural revolution in Gaul », art. cit. Contraintes de redéfinir leur identité au moment où Rome réorganisait l’Empire et tentait de réconcilier la tradition et l’innovation nécessaire, les élites romaines auraient durci la ligne de partage entre la barbarie et la civilisation, entre le passé belliqueux et le présent paisible, imposant une nouvelle vision de l’histoire, ce qui me paraît plausible à la lecture de la documentation. Savoir jusqu’à quel point les Provinciaux ont adopté cette manière de voir reste plus délicat à mettre en évidence.

62- Pour une illustration récente de l’importance des études régionales prenant en considération l’ensemble des dossiers et la complexité culturelle locale : Sartre, Maurice, D’Alexandre à Zénobie. Histoire du Levant antique, IV e siècle avant J.-C-III e siècle après J.-C., Paris, Fayard, 2001.Google Scholar

63- Blagg, Thomas et Millett, Martin (éds), The early Roman Empire in the West, Oxford, Oxbow Books, 1990 Google Scholar; D. Creighton, John et J. A. Wilson, Roger (éds), Roman Germany. Studies in cultural interactions, Portsmouth, Rhode Island, 1999.Google Scholar